CP V.Teychene_BrightandSweet copie

Transcription

CP V.Teychene_BrightandSweet copie
VIRGINIE TEYCHENÉ
VIRGINIE TEYCHENÉ
Bright and Sweet
SORTIE LE 6 NOVEMBRE 2012
JazzVillage - harmonia mundi
CHOC (Jazz Magazine/Jazz Man) / ÉLU (Citizen Jazz)
TOP 6 (Jazz News) / «Oh Oui!» (Culture Jazz)
BRIGHT AND SWEET, par Virginie Teychené
Cet album le confirme, Virginie Teychené est une musicienne de la voix.
Elle se promène dans son musée
imaginaire, consacré ici aux chanteurs de jazz qui sont également
auteurs, en apportant sa lumière à
chacune de ses pièces ; une lumière
rase (Familiar Dream) ou éclatante
(Tight), de l’aube (I’m Gonna Go
Fishing) ou du crépuscule (Goodbye
Pork Pie Hat). Quant aux contributions de ses compagnons, elles tirent
leur intensité de leur retenue… Les
arrangements comme en apesanteur du contrebassiste Gérard Maurin, le piano clair-obscur de Stéphane Bernard, le jeu dansant du
batteur Jean-Pierre Arnaud, sans
oublier la trompette inspirée d’Éric Le
Lann, font de Bright and Sweet un
disque de jazz exemplaire, où, chacune à son tour, les miniatures qui le
composent ne sont en vérité que
des commencements.
Ce disque est un « songbook » d’un genre inhabituel, consacré aux chanteurs de jazz qui
sont également auteurs. Dix-sept titres qui s’articulent comme les deux faces d’un même
album: une première face, plus classique (jusqu’à Tight), suivie d’une seconde, de facture
plus « sophistiquée», de par le choix des thèmes et/ou par celui des arrangements.
Avec précaution et précision, ces auteurs-interprètes ont ciselé des textes auxquels leurs
voix ont ensuite donné vie. Nombre d’entre eux leurs sont pour toujours attachés; Rat Race
revient à Mimi Perrin aussi sûrement que Don’t Explain porte la marque de Billie Holiday.
Quand les chanteurs écrivent eux-mêmes leurs textes, les histoires qui naissent alors sous
leur plume collent de manière intime à leur réalité, leurs préoccupations, à leur imagination; ils donnent à voir et à entendre une part secrète d’eux-mêmes, capturée à un moment précis de leur vie.
Chanter leurs “paroles”, c’est ouvrir la boîte magique, être ainsi au plus près d’eux, non
seulement grâce aux thématiques, images, figures de styles qu’ils utilisent, mais aussi parce
que la sélection de tel ou tel mot plutôt que tel autre révèle leur rapport au rythme, aux
sons, crée une musique dans la musique, une musique avant la musique. Ce choix met
l’accent sur leur sensibilité à telle ou telle sonorité, qui entre plus ou moins en relation, en
vibration, avec celle de l’interprète.
Car ce dernier communie avant tout avec l’auteur dans cet aspect matériel des mots, en
affinité avec leurs sonorités, leurs combinaisons. Ils éclosent puis se déploient dans son espace buccal, son corps tout entier, jusqu’à leur libération pour venir toucher l’auditeur.
Le choix des titres de cet album tient autant à la signification et aux aspects sonores des
textes, qu’aux mélodies sur lesquelles ils reposent. J’espère que vous prendrez autant de
plaisir à les écouter que nous en avons eu à les enregistrer.
TRACKLISTING
www.virginieteychene.com/
www.jazzvillagemusic.com
1 Don’t Get Scared (Jon Hendricks/Stan Getz)
2 Angel Face* (Abbey Lincoln/Hank Jones)
3 Rat Race (Mimi Perrin/Quincy Jones)
4 Bless My Soul (Eddie Jefferson/Charlie Parker)
5 The Dry Cleaner From Des Moines* (Joni Mitchell/Charles Mingus)
6 Goodbye Pork Pie Hat (Joni Mitchell/Charles Mingus)
7 Don’t Explain* (Billie Holiday/Billie Holiday)
8 Tight* (Betty Carter/Betty Carter)
9 Familiar Dream (The Seductress) (Wynton Marsalis)°
10 Shiny Stockings (Ella Fitzgerald/Frank Foster)
11 Living Room* (Abbey Lincoln/Max Roach)
12 Pra Que Discutir com Madame (Janet de Almeida/Haroldo Barbosa)
13 Midnight Fair (Virginie Teychené/Gérard Maurin)
14 Por Toda a Minha Vida* (Vinicius de Moraes/Tom Jobim)
15 I’m Gonna Go Fishing (Peggy Lee/Duke Ellington)
16 I Don’t Know Enough About You (Peggy Lee/Dave Barbour)
17 La Chanson de Maxence (Jacques Demy/Michel Legrand)
http://www.youtube.com/user/JazzVillageMusic
r
https://www.facebook.com/jazzvillagemusic
© Yves Colas
MUSICIENS
Virginie Teychené chant
Gérard Maurin contrebasse,
guitare°, arrangements
Stéphane Bernard piano
Jean-Pierre Arnaud batterie
Eric Le Lann trompette*
Promotion - JazzVillage
Céline Breugnon [email protected] 01 53 80 37 98
Miles Yzquierdo [email protected] 01 53 80 38 01
Booking
[email protected]
VIRGINIE TEYCHENÉ
Bright and Sweet
ELOGE DE LA LUMIÈRE, par Alain Gerber
« Bright and sweet » confirme de la plus belle manière ce que tour à tour nous avaient révélé « Portraits » et « I Feel So
Good » : Virginie Teychené est à travers tout une musicienne de la voix. Constat qui apparaîtrait d’une banalité affligeante si, au sein de la corporation, cet idéal détenait la majorité. Au contraire, la récente prolifération des vocalistes
dans le jazz souligne avec éclat le fait que les priorités de la plupart d’entre eux se trouvent ailleurs. Il ne faut pas s’en
étonner, car un sort contraire s’attache depuis toujours aux entreprises exigeantes : pour qui ne l’aurait pas remarqué, il
est plus difficile de les mener à bien que les autres… L’usage du microphone a libéré l’art vocal dit « populaire » d’une contrainte qui était aussi son péché originel : celle de la
performance athlétique. Avec Billie Holiday, avec Maxine Sullivan ou avec Blossom Dearie, avec Joâo Gilberto comme
avec Frank Sinatra et Chet Baker, pour ne prendre que ces exemples, c’est sur un tout autre terrain que se joue l’essentiel.
Décalages infimes, déplacements furtifs, inflexions millimétrées, subtiles variations du vibrato — la part d’interprétation
d’une mélodie, c’est-à-dire la métamorphose par quoi le chanteur se l’approprie, peut reposer désormais sur une stratégie qui, pour être terriblement efficace, n’en demeure pas moins infiniment discrète. Le presque rien y complote avec le
je-ne-sais-quoi. La paraphrase qui transcende cette mélodie, au contraire du scat qui, à d’autres moments, la transmue,
devient affaire de nuances non seulement ténues, mais presque clandestines, dans la mesure où beaucoup d’auditeurs
en enregistrent les effets sans en avoir perçu les causes (ce qui explique, au passage, qu’on ait parfois refusé à Sinatra le
statut de jazz singer).
Ainsi, et c’est tout le piquant de la chose, une approche qu’il faut bien qualifier de minimaliste est-elle mise au service
d’un projet esthétique ambitieux. Or, l’illustration du fameux « less is more » réclame dans tous les domaines des artistes
consommés. En musique tout particulièrement, si les prolifiques inconsistants courent les rues, on ne croise guère de minimalistes médiocres — comme si l’expression impliquait une contradiction dans les termes. Il faut, en tout cas, une singulière témérité pour parier sur un savoir-faire qui, tout à la fois, ne s’acquiert qu’au prix fort et ne quémande pas les bravos
sans pudeur. Le courage n’est pas ce qui manque à Virginie Teychené. Mais elle ne veut pas le savoir. Je suppose même
que rien ne lui répugnerait davantage que de mettre en scène cette vertu, comme d’ailleurs chaque mérite, chaque
performance qui détournerait l’auditeur des enjeux qu’elle se fixe et qui ne sont pas ceux des bateleurs. La grâce, bien
plutôt, est ce à quoi elle vise.
Dans son art — une pièce telle que Rat Race suffirait à en convaincre — la maîtrise passe comme en contrebande et
l’effort, quel que soit l’obstacle à lever, a la courtoisie de se travestir. Pour l’élégance du geste, bien sûr, mais, tout
d’abord, afin que rien d’autre ne soit misé par l’artiste que l’émotion, et que celle-ci reste pure lorsque, de notre côté,
nous la recevons. Qu’elle reste nue comme au premier jour. Je veux dire affranchie des codes de l’émotion, que d’aucuns n’affichent que pour faire l’économie de la chose elle-même. C’est un bon calcul de leur part. Les télécrochets
d’aujourd’hui en fournissent la preuve : tout un public n’est friand que de signes. Complice de son propre estampage, il
manifeste son soulagement quand on substitue la pantomime, qui ne menace personne, à la franche expression des sentiments, par laquelle il risque d’être intimement impliqué. Si apprécié serait-il, ni Virginie ni ses compagnons ne font à ceux
qui les écoutent le cadeau d’une parodie rassurante. Ils ne parient que sur l’intégrité, conscients de ce qu’il en coûte. Et
même s’ils savent, avec quel raffinement ! se montrer légers, leur légèreté, comme chez Gilberto, ne s’autorise pas la désinvolture. Payer comptant est leur impératif : celui du jazz depuis toujours. Question de tact.
Il est significatif que la chanteuse, à aucun moment, ne masque son propre visage derrière les grandes figures auxquelles,
ici, elle rend hommage : entre autres Ella (Shiny Stockings), Lady Day (Don’t Explain), Abbey Lincoln (Angel Face et Living
Room), Betty Carter (Tight), la très regrettée Mimi Perrin (Rat Race), Eddie Jefferson (Bless My Soul), Jon Hendricks (Don’t
Get Scared) ou encore Peggy Lee dont sa version de I Don’t Know Enough About You nous livre l’un des grands secrets
sans avoir l’air d’y toucher. Tant de fois mort et ressuscité, le jazz n’a plus peur de son ombre. Virginie se promène dans son
petit musée imaginaire sans craindre que la porte ne se referme sur elle. Là comme ailleurs, elle apporte sa lumière, le
matériau fragile, le produit au maniement périlleux qu’elle a choisi de travailler. Lumière de l’aube (I’m Gonna Go Fishing)
ou lumière du crépuscule (Goodbye Porkpie Hat), lumière rase (Familiar Dream) ou lumière éclatante (Tight), il porte, plus
qu’aucun autre, sa marque de fabrique. C’est ce qu’ont très bien compris ses compagnons. Rien de moins opaque, rien
de moins invasif que leur contribution, laquelle tire son intensité de sa retenue et n’a pas besoin de parler fort pour dire
beaucoup.
Gérard Maurin, dont la contrebasse est une confidente en tout sens du terme attentive, a conçu des arrangements si
aérés qu’ils semblent comme en apesanteur. Posté en embuscade, familier du clair-obscur, le piano de Stéphane Bernard, quand il quitte le couvert, n’oublie jamais de se faire poète. Jean-Pierre Arnaud compte parmi ces batteurs, trop
rares, qui font danser les choses sans les exposer pour cela à de grands tremblements ; la lumière, il sait la faire pétiller.
Quant à Eric Le Lann, guest star de l’aventure, comme toujours il rend au centuple, à l’auditeur autant qu’à ses partenaires, l’inspiration qu’il reçoit d’avoir longtemps fréquenté les songes, les yeux bien ouverts. Tous ont œuvré pour que rien ne
soit joué d’avance. C’est à nous maintenant de reprendre le flambeau. Si « Bright and sweet» est un disque de jazz exemplaire, c’est parce que, aussi achevées soient les miniatures qui le composent, il ne propose en vérité que des commencements.
À l’occasion de la sortie de Bright and Sweet,
réédition de Portraits et I feel so good
sous le titre Double Rainbow