L`hiver, des animaux en plein air
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L`hiver, des animaux en plein air
L'hiver, des animaux en plein air Pourquoi sortir les animaux en hiver ? Pour libérer de la place en bâtiment, et réduire les problèmes sanitaires, Pour diminuer les besoins en stocks récoltés (réalisation d'une économie en foin mais pas en concentrés), ou palier à un stock fourrager insuffisant réservé en priorité à des animaux exigeants, Pour valoriser des surfaces de parcours, Pour nettoyer des surfaces embroussaillées (dans le cas d'un pâturage réalisé avec des animaux à faibles besoins et grâce à une complémentation, l'impact sur les refus peut être important). Q Quueellqquueess pprraattiiqquueess hhiivveerrnnaalleess rreennccoonnttrrééeess cchheezz ddeess éélleevveeuurrss :: 1 Des brebis dehors le plus longtemps possible jusqu’à la mise-bas (fin février) Animaux :130 brebis F1 46 qui agnellent fin février Période : du 5 janvier au 2 février (29 jours) Surfaces : • 2 parcs essentiellement composés de prairies à très faible potentiel (parcs n°1 et 5) • 3 autres parcs boisés plus ou moins denses (n°2,3et 4) L’éleveur prévoit à partir de l’automne des parcs réservés pour l’hiver. Cette séquence commence lorsque les animaux ont fini tous les autres parcours. Le parc central (parc n°1) est toujours ouvert, l’éleveur rajoute les autres parcs au fur et à mesure (à peu près tous les 5-10 jours). C'est l'observation de l'augmentation de la consommation de foin qui déclenche l'ouverture des autres parcs. Une quinzaine de jours avant la MB, les brebis partent sur un parc à proximité de la bergerie, et rentrent au fur et à mesure qu’elles agnellent. Les brebis reçoivent une complémentation : foin à volonté (râtelier déplacé à chaque nouvel apport de foin pour répartir la fumure et éviter de piétiner le sol), et 300g de luzerne déshydratée + 300g d’orge / brebis / jour (dans le parc d’agnelage : complémentation identique, sauf la luzerne augmentée à 600g). Au total, les brebis ont consommé 380 g de foin / brebis / jour (les 20 premiers jours seulement : 220g de foin / brebis / jour). Résultats de la MB de février : 1.46 de prolificité (5.7% de mortalité agneaux). Production de qualité et Entretien du territoire sur les Causses du Sud du Massif Central DOCUP objectif 2 Midi-Pyrénées 2001-2006, volet diffusion. Novembre 2003. LOT – AVEYRON TARN ET GARONNE 2 Laisser un lot de brebis vides dehors tout l’hiver Animaux : 60 brebis à l’entretien (agnelage d’automne). Période : 29 décembre au 15 mars (77 jours) Surfaces : 4 parcs boisés assez denses (65 ha au total). Les parcs utilisés pour l’hiver sont généralement pâturés l’été. Les animaux rentrent dans le premier parc lorsque l’agnelage d’un autre lot débute (pour libérer de la place en bergerie). Les brebis sont remises en état après la lactation, avant de commencer le pâturage hivernal. Sur pratiquement les deux premiers mois, il n’y a pas de complémentation. La complémentation sert de soudure en attendant la possibilité d’aller sur les premières pousses de prairies au printemps. "Sur les 17 derniers jours, j'ai distribué en moyenne moins de 50g d’orge + soja / brebis / jour et 1 kg de foin / brebis / jour (donné en 4 fois sur la période) et les brebis se sont maintenues en état ». Q Quueellqquueess rreeccoom mm maannddaattiioonnss ppoouurr ssoorrttiirr lleess aanniim maauuxx ddaannss ddee bboonnnneess ccoonnddiittiioonnss ll’’hhiivveerr :: Avoir des animaux avec un bon état corporel avant le début de la période de pâturage hivernal, il n’y a pas de possibilité de retape avec un pâturage hivernal. Prévoir une complémentation en quantité variable selon le stade physiologique des animaux. Les concentrés sont mieux adaptés à cette ration de base constituée principalement de stock sur pied riche en cellulose. L’apport de foin seul « concurrence » le pâturage de la vieille herbe d’hiver. Pour un des éleveurs « la qualité est assurée par la distribution de concentrés, et la quantité est sécurisée par l’apport de foin ». Choisir des parcs d’hiver : de bonne portance, avec des abris naturels contre les intempéries (bosquet, haies…) bien exposés (au sud) si possible à proximité du siège de l’exploitation pour limiter les déplacements, Prévoir les aménagements et les équipements nécessaires : petit parc de distribution, parc avec source qui ne gèle pas, ou citerne placée côté robinet vers les premiers rayons de soleil, râteliers mobiles pour éviter le piétinement et répartir la fumure, équipements éloignés les uns des autres et du lieu de chôme (auge, abreuvoir, pierre à sel)… Production de qualité et Entretien du territoire sur les Causses du Sud du Massif Central DOCUP objectif 2 Midi-Pyrénées 2001-2006, volet diffusion. Novembre 2003. LOT – AVEYRON TARN ET GARONNE Accroître la vigilance vis-à-vis du troupeau car les conditions sont moins favorables en hiver (chiens errants, battues). Parfois, il est nécessaire d'alimenter les animaux pendant un laps de temps (intempéries prolongées). Réserver des parcs spécialisés pour le pâturage d’hiver pour avoir suffisamment de stock sur pied. Il est possible d’utiliser des parcs déjà pâturés au printemps ou en été. Comme toute surface de parcours, il est nécessaire de maîtriser la végétation, surtout si le parc est spécialisé pour l’hiver. Dans ce cas, la complémentation peut aider à réussir la finition du parc (avec des concentrés seulement, ou des concentrés et du fourrage). Il est particulièrement important de sécuriser la fin de période hivernale car la date d'arrivée du printemps est aléatoire, d'autant que pour ces animaux on approche souvent de la lutte ou de la mise bas. Si la surface de parcours est insuffisante, on apporte une complémentation (en fourrage et concentrés) pouvant aller jusqu’à une ration complète (y compris une rentrée en bergerie). Des résultats expérimentaux sur le pâturage hivernal : 1 Essais à la ferme expérimentale de Carmejane (04) de 1999 à 2002 Comparaison de différents résultats zootechniques et économiques pour des brebis en fin de gestation sur parcours, et en bergerie. Le lot sur parcours (50 brebis) reçoit une complémentation à base de luzerne déshydratée (400g) et de maïs (200g). Le lot de bergerie (50 brebis) reçoit de l’ensilage d’herbe, du foin, et 350 g de maïs. Résultats hiver 2001/2002 (32 jours) BERGERIE PARCOURS (7 ha) -0.09 -0.15 7.3 kg 7 kg 1.9 1.8 Fourrages distribués (kg MS) 2.8 kg/jour / Concentrés distribués (Kg Brut) 350 g/jour 625 g/jour LOTS Evolution de la NEC (note d’état corporel) Poids de portée Prolificité 0.42 € / jour (2.76 F) 0.12€/ jour (0.79 F) *Foin et ensilage : 0.11€/kg brut – Maïs et Luzerne déshydratée : 0.17€/kg – location parcours : 2.30€/ha Coût alimentaire* (brebis / jour) 2 Essais à la ferme expérimentale de Glane (24) A la différence de l’expérience menée à Carmejane, il s’agit ici de la comparaison entre un lot de brebis en pâturage tournant sous taillis avec une complémentation en céréales, et un lot de brebis dans un parc d’hivernage (type bergerie plein air) avec une complémentation de foin + céréales. Expérience réalisée de 98 à 2001 avec un troupeau prolifique (1 lot à l’entretien et 1 lot en gestation). Le tableau suivant compare les résultats des essais réalisés avec des lots de 86 brebis en gestation. Production de qualité et Entretien du territoire sur les Causses du Sud du Massif Central DOCUP objectif 2 Midi-Pyrénées 2001-2006, volet diffusion. Novembre 2003. LOT – AVEYRON TARN ET GARONNE Résultats hiver 99/2000 (46 jours) du 21/01 au 07/03 LOTS En gestation PARC HIVERNAGE PATURAGE SOUS TAILLIS 1 ha 34.6 ha (7 parcs) - 0.15 - 0.30 Poids de portée 8.9 8.7 Prolificité 2.3 2.3 1.36 kg/jour / 240 g/jour 240 g/jour 0.20 €/jour(1.29F) 0.04 €/jour (0.27F) Surface totale Evolution de la NEC (note d’état corporel) Fourrages distribués (kg MS) Concentrés distribués (kg Brut) Coût alimentaire* (brebis / jour) *Foin : 0.11€/kg brut – Maïs : 0.17€/kg A l’image de ces résultats, les essais précédents ou suivants ne montrent aucune différence significative malgré des conditions climatiques hivernales très diverses. Globalement, ces essais montrent que les parcours peuvent donner des ressources alimentaires aussi satisfaisantes que des distributions en bergerie à partir du moment où l’on respecte des règles de conduite (complémentation en concentrés adaptée aux besoins des animaux, pilotage de l'état corporel, pâturage en tri, âge des animaux, etc…). Le pâturage hivernal a permis de réaliser : Des économies importantes en fourrages conservés, ainsi qu’en paille, Des performances animales identiques. Pour information, quelques références documentaires : Le pâturage hivernal des ovins en zones Préalpes, Denis Gautier, Institut de l'Elevage 2002. Renouvellement des références fourragères régionalisées. Institut de l'Elevage 2000. L'élaboration de ce document a bénéficié d'un financement du FEOGA-Garantie-2001-2006 Illustrations de Bernard Nicolas (Nouvel almanach – GIE ovin PACA) et A. Chrétien (dans Pâtre)