Site web Denis SAVARD - TrajectoiresHockey.com

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Le fabuleux destin de Denis Savard Dès son plus jeune âge, la vie de Denis Savard a défilé comme un long fleuve tranquille. Joueur de hockey adulé, sa longue carrière et ses « spinorama » ont été acclamés, puis célébrés par une nomination au Temple de la Renommée. L’ancienne vedette du hockey est aujourd’hui ambassadeur de son équipe, homme d’affaires, entrepreneur et très heureux de son sort. Entretien avec un homme pour qui tout a réussi. ….. Denis Savard – Ma famille a quitté Pointe Gatineau pour Valleyfield alors que j’avais 5 ans. Mon père était chargé de la distribution du Journal de Montréal entre Ottawa et Montréal. Nous avons ensuite déménagé à Verdun. C’est là que j’ai commencé à jouer au hockey dans les petites ligues. Je suis le bébé de quatre garçons, et tous les autres jouaient au hockey. C’était naturel pour moi de suivre la voie. Dans les années 1960, on était comme tout le monde dans notre voisinage. On écoutait religieusement le hockey en famille le samedi soir. Jacques -­‐ Une passion dès votre jeune âge? C’est sûr que j’aimais ça beaucoup. Me retrouver entre amis. Mais je ne pensais jamais à aller plus loin. Je jouais beaucoup et souvent avec mes amis Denis et Denis et nous avions beaucoup de plaisir. L’ambition d’aller plus loin ne m’est pas venue avant l’âge de 16 ans. Donc votre amitié avec les Denis date de loin. A quel moment vous êtes vous trouvés et à quel moment avez-­‐vous surtout réalisé que vous aviez un gros point commun? On jouait ensemble depuis l’âge de 7 ans. Je ne saurais dire à quel moment c’est arrivé mais un jour quelqu’un a dit … « Ces trois Denis jouent ensemble depuis deux ans et ils sont nés le même jour … » Et c’est là, je pense, qu’ils ont commencé à nous faire jouer ensemble sur la même ligne. Et vos performances se mariaient bien? Oui, vraiment. Il faut dire qu’on avait aussi une bonne équipe. Et un bon coach du nom de Aldo Giampaolo, aujourd’hui président de Québécor. C’est sûr que les parents te donnent un support mais au jeu, il a été celui qui nous a donné un sens de la discipline. Une influence déterminante? Absolument. Aucun doute là-­‐dessus. Dans la ligne des 3 Denis, comment perceviez-­‐vous vos performances et talents respectifs? C’est certain que dans un trio de hockey, les trois gars ne peuvent être pareils. Denis Tremblay (aile gauche) était costaud et avait un bon lancer. S’il avait la chance de compter, il ne la manquait pas. C’était surtout son rôle. Denis Cyr était un joueur complet. Il jouait bien à la défensive et même s’il ne se battait pas souvent, il pouvait être assez « tough ». Moi ma force c’est mon coup de patin. Je n’étais pas gros mais je savais faire des jeux … Comme vous dites, un bon technicien. Des dépisteurs se sont alors manifestés? Bien, vers l’âge de 16 ans, tu commences à penser à l’avenir et te dire que … peut-­‐être … la LNH pourrait être une chose possible. Dans la Ligue Junior majeure du Québec, nous étions l’un des meilleurs trios et, en regardant les parties de hockey à la TV tu te dis, ben « coudonc », peut-­‐être qu’un jour ce sera nous autres. Je ne peux parler pour mes amis mais c’est certain que moi j’ai commencé à y penser. Au Junior, nous avions fait une très bonne première saison et, malgré notre jeune âge (16 ans) nous nous sommes rendus en finale. Et tous les trois vous caressiez le même rêve? Tout à fait. Et je suis convaincu que si nous avions eu la chance de poursuivre ensemble dans la LNH, ça aurait pu donner d’excellents résultats. Mais à 18 ans, Tremblay s’est retrouvé à Shawinigan. Le trio n’existait plus. Il n’a pas non plus connu une bonne saison. Denis Cyr a été repêché par les Flames de Calgary. Repêché 3e par Chicago n’est pas une petite affaire quand même. Pour vous, c’était donc parti! C’est certain. Un mois avant, les journalistes spéculaient beaucoup sur mon sort mais le Canadien a choisi Doug Wickenheiser, un gars plus gros que moi. Mais à Chicago, je savais que l’équipe avait plus de séniors et je savais que je pourrais jouer plus rapidement. Ne pas être retenu par le Canadien a-­‐t-­‐il été une déception ou un soulagement, compte-­‐tenu de la pression médiatique et des fans à Montréal? Mon but était de jouer pour la LNH. Pas de déception, non. Certaines personnes ont été plus déçues que moi. En outre, je savais qu’il aurait fallu un certain temps avant de percer à Montréal. Mais ce ne fut pas une grosse surprise de ne pas être retenu. Même mon père était du même avis. Chicago est loin de Verdun. Une adaptation difficile? Vous étiez déjà bilingue? Je ne parlais pas Anglais du tout. Je pouvais un peu comprendre mais sans plus. J’ai pu apprendre la langue en partie lors de ma première année. Mais l’adaptation s’est bien faite. J’étais entouré de bons amis tels que Keith Brown, Doug Wilson. Ils m’ont bien encadré. Vos performances n’ont sans doute pas nui à votre intégration …? Pas de doute. Ça m’a aidé. Mais ces gars-­‐là sont demeurés des amis depuis. Le hockey à Chicago, c’était « hot » ou pas à l’époque? Plus ou moins, l’équipe était vieillissante, un peu sur le déclin. Au début de ma première saison, à peine 5 ou 6 mille personnes se retrouvaient dans les gradins. En fin de saison, c’était beaucoup mieux. « SOLD OUT » à certains moments. L’année suivante, les billets étaient tous vendus ! Sans vous « pêter » les bretelles, diriez-­‐vous que vous avez contribué un peu à cet engouement des amateurs de Chicago ? Sans doute oui mais il faut dire que d’autres bons joueurs, plus jeunes sont arrivés au même moment. Brown, Wilson, Steve Larmer, Al Secord … quand je pense à ça aujourd’hui, Savard, Secord, Larmer … en fait de trio, ça ressemblait beaucoup au trio Savard, Cyr et Tremblay. Ça se ressemble beaucoup. Vous retrouver à Montréal 10 ans plus tard vous donnait-­‐il le goût de célébrer? Bien après un certain nombre d’années, il est bien de changer. Oui, j’ai bien aimé. Et gagner une Coupe Stanley demeure pour moi un évènement inoubliable. J’en reparle aujourd’hui avec encore une certaine émotion (Note. Savard s’est blessé à la première partie des finales et ne jouait pas ce soir-­‐là). Mais la transition n’a pas été facile. La barre était haute. Elle ne pouvait pas être plus haute! Les médias font leur job mais la pression était là. Mais ce fut une belle expérience. J’ai ensuite signé comme agent libre à Tampa. A l’âge que j’avais, je souhaitais avoir un contrat et ils m’ont offert trois ans. C’était une très jeune équipe et nous avons relativement bien fait dans les circonstances. Mais à ma deuxième année, Chicago a manifesté un intérêt à me ramener avec eux. Phil Esposito, notre gérant, m’a dit que si je voulais retourner, il me laisserait aller. J’avais commencé là et mon souhait était d’y finir ma carrière. C’est ce qui s’est passé deux ans plus tard. J’espérais une 2e Coupe Stanley et nous avions de bonnes chances mais ce n’est pas arrivé. J’ai lu quelque part que de retourner à Chicago a été pour vous un peu comme revenir à la maison … Tout à fait. Je me sentais bien. Confortable. A ma place. Dans le même entretien, vous indiquez qu’avant chaque match dans votre carrière, vous étiez envahi d’un sentiment que vous associez à … la peur. Je trouve ça un peu étonnant … Même aujourd’hui je ne saurais l’analyser mais c’est vrai. J’avais peur de décevoir … comment dire … peur de ne pas performer à mon max … je ne sais pas … Nous ne demanderons pas à un psy de l’expliquer … Non. Mais aujourd’hui ils ont des psy. Ça aurait peut-­‐être été une bonne chose d’en consulter un. Mais il reste que c’était un sentiment intérieur qui m’envahissait et que je ne pouvais mettre en mots. Je me disais le match va durer trois heures, alors il faut donner mon maximum … Certains en auraient été ralentis mais dans votre cas, il semble que ça vous donnait du « spring » … Je pense que cela m’a aidé mais en fin de carrière, je pense que ça m’a nui. Parce que je dépensais beaucoup d’énergie à cause de ça. Je continuais d’être pogné-­‐en-­‐dedans. Pendant tout ce temps, quels étaient vos liens avec les deux autres Denis ? Je ne vois pas souvent Tremblay. Mais c’était bien de se retrouver à Québec l’an dernier lors d’une compétition de jeunes. Mais je vois souvent Cyr puisqu’il habite pas tellement loin d’ici et qu’il rencontre parfois des clients à Chicago. D’accrocher vos patins (97) a-­‐t-­‐il été un choix bien mûri? Oui et non. Lors de ma dernière session d’entraînement, je n’avais plus la même énergie. J’ai choisi d’attendre avant de décider mais je sentais un changement. Au bout d’un mois, je me suis dit qu’il était temps de passer à autre chose. J’étais en bonne santé mais ce n’était plus pareil. Et puis après 17 ans, je me suis dit que je pourrais consacrer plus de temps à ma famille et à ma fille. J’ai pris ma décision sereinement. L’année suivante, on vous nomme au Temple de la renommée. Ça se compare à une Coupe Stanley? Ouais. Ce fut un moment très spécial. Tout un honneur. Mais la peur m’est revenue ce jour-­‐là. Quand tu dois prononcer une allocution devant un groupe de 250 personnes réunies pour l’évènement … je te dis que le trac m’a envahi toute la journée. Assistant-­‐entraineur des Black Hawks a probablement été intéressant comme sortie de carrière? Oh oui. Lorsqu’on avait gagné la Coupe en 93 (Montréal), Jacques Demers m’avait invité dans un salon avec d’autres coachs et j’ai beaucoup aimé les entendre. Lorsqu’on m’a offert ce poste, j’ai accepté sans hésiter. Il reste qu’il y a beaucoup à apprendre dans cette job-­‐là. Mais c’était quand même exigeant. Mais mon poste préféré est celui d’être devenu ambassadeur de mon équipe. J’adore ça, beaucoup. Même si on en a une petite idée, un ambassadeur d’équipe à Chicago ça fait quoi? Nous sommes présents dans une foule d’activités communautaires, visitons les écoles, rencontrons des représentants d’associations. Lors des matchs, nous sommes là pour côtoyer nos « sponsors » qui veulent aussi promouvoir leurs entreprises, sessions de photo, etc … Parallèlement à vos activités semi-­‐sportives, il semble que vous ne chômez pas non plus … C’est vrai. Je suis un « food broker ». Je représente des entreprises comme Chiquita (bananes, 400 magasins), Fresh Express (salade, filiale de Chiquita) et quelques autres lignes. Et les pizza Savy’s? Effectivement. Savy, c’est mon surnom. Et ma photo est sur les boîtes. Le fait est que j’adore la pizza. Mon épouse fabrique une sauce à spaghetti exceptionnelle. Nous avons donc créé une sauce épicée et nous offrons trois types de pizza. Au cours de ma carrière, je me suis fait beaucoup d’amis dans les réseaux d’épiceries. Un d’entre eux a 17 magasins et m’a suggéré un jour de fabriquer mon produit et il se chargerait de le mettre en tablettes. Il m’a fallu investir un certain montant mais je trouvais que le risque était calculé. Environ 400 épiceries vendent maintenant ma pizza dans la région de Chicago. Les pizzas sont d’un format de 6 pouces et sont présentées comme « pizza pucks » car je voulais associer pizza et rondelles. Je songe aussi à lancer une gamme de cornets de crème glacée qui se nommera « Ice-­‐cream pucks ». Pour mettre en évidence votre photo sur les boîtes de pizza, j’imagine que vous devez encore être connu et reconnu par M. et Mme Tout-­‐le-­‐monde à Chicago? Bien sûr. Le nouveau président du club insiste pour que nos visages soient affichés publiquement et partout. Je pense qu’on me reconnait davantage maintenant qu’il y a dix. -­‐-­‐-­‐-­‐-­‐-­‐-­‐-­‐-­‐-­‐-­‐-­‐-­‐-­‐-­‐-­‐-­‐-­‐-­‐-­‐-­‐-­‐-­‐-­‐-­‐-­‐-­‐-­‐-­‐-­‐-­‐ Denis Savard est marié et a une fille de 26 ans qui travaille dans le milieu du cinéma. Elle est assistante réalisatrice en ce moment pour le show Chicago PD. «Je suis très fière d’elle. Elle a de belles valeurs, elle est travailleuse, et a une très belle personnalité»