Saint Hippolyte sur le Doubs

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Saint Hippolyte sur le Doubs
Saint Hippolyte sur le Doubs
Petite cité comtoise de caractère, située à 376 m d’altitude, au confluent du Doubs et du Dessoubre, enclose
entre les deux rivières se blottit dans l’écrin vert des forêts qui la domine.
L’église Notre Dame a été fondée par Jean II, Comte de la Roche, au début du XIIIème S. Elle était appelée à
devenir :
- Eglise Collégiale pour le chapitre de 8 chanoines crée en 1303.
- Eglise paroissiale pour les habitants de Saint-Hippolyte et de ses environs.
Cette situation explique l’importance du chœur et du transept.
L’église a gardé le nom de Saint-Hippolyte, patron primitif de la ville. Saint-Hippolyte, écrivain et théologien est
mort déporté dans les ruines de Sardaigne au IIIème S. Il est fêté le 13 août.
Le bâtiment est solide : il a bravé les épreuves du temps, les incendies de la ville aux XVème et XVIème siècles, les
invasions qui se sont succédées au XVIème et XVIIIème siècles. Le clocher porche, le plus durement touché, dut
être reconstruit deux fois, dont la dernière au XVIIIème siècle.
Le mobilier de l’église, détruit totalement pendant la Révolution (sauf quelques stalles) à été remplacé au XIXème
ou XXème siècle : chapelles, retables, chaire en chêne sculpté avec les 4 évangélistes et leur symbole, table de
communion, vitraux du chœur et du transept, chemin de croix… vitrail de l’abside représentant la Sainte Trinité
et, en dessous, au centre Notre Dame du Mont avec, à sa droite, Humbert, Comte de la Roche tenant le Suaire
du Christ et, à sa gauche, Saint-Hippolyte.
Parmi le mobilier, une mention spéciale doit être attribuée à l’Aigle de bois doré (lutrin à double pupitre) sculpté
au XVIIème siècle.
A voir :
- Le pavement de l’église formé, en grande partie, des dalles funéraires du XIIIème au XVIème siècle : les plus
anciennes sont celles de Richard Comte de la Roche (entre la chaire et l’autel de Notre Dame), celles de
Marguerite de Neufchatel Bourgogne, veuve du fondateur de l’église (inhumé à Vaucluse) et de Mahaut de
Monfaucon, veuve de Richard sont toutes les deux devant la table de communion.
Les autres pierres tombales sont celles de chanoines du chapitre et de personnalités de Saint-Hippolyte dont on
peut observer celles des « gens de métier ».
- dans la chapelle de Notre Dame de Pitié, en haut de la nef de droite, une plaque rappelle que le « Linceul » ou
« Suaire » du Christ, actuellement à la chapelle royale de Turin, fut vénéré ici de 1418 à 1452 :
« Le Saint Suaire de Notre Seigneur Jésus-Christ envoyé en France à la IVème Croisade et confié au Comte
Humbert de la Roche Saint Hippolyte par les chanoines de Lirey en Champagne (Acte du 6 juillet 1418), a été
vénéré dans cette chapelle pendant trente quatre ans avant d’être cédé au Duc Louis de Savoie et à son épouse
Anne de Chypre par Marguerite de Charny veuve du Comte Humbert. » Lettres de Chambéry 1452.
D’après les documents historiques, le Saint Suaire a d’abord été conservé à Edesse, ville de Syrie actuelle, où il
était connu sous le nom de « mandylion ».
L’Empereur chrétien orthodoxe de Constantinople s’en empara en 944 et le transporta à Constantinople où il
placé dans la chapelle de Pharos.
D’après le jésuite Paul de Gail, qui en 1974 publia un livre intitulé Histoire religieuse du Linceul du Christ et pour
la période concernant Saint Hippolyte, il semble que Geoffroy Ier de Charny, gentilhomme champenois prit
possession du Linceul au cours de la campagne de Smyrne en 1346 et le confia aux chanoines de Lirey en
Champagne dont il était le suzerain. Son fils Geoffroy II en hérita.
Le Saint Suaire fut exposé dans l’Eglise Collégiale de Lirey de 1357 à 1418.
A cette date, les chanoines du Chapitre de Lirey, craignant les bandes qui dévastaient la région, confière le
linceul avec des vases sacrés et d’autres reliques, à Humbert Comte de la Roche-en-Montagne (Saint Hippolyte)
qui avait épousé en seconde noce Marguerite de Charny, petite fille de Geoffroy I (il était veuf de Marguerite
de Montbéliard). Humbert avait promis de rendre ce dépôt dès que la paix serait faite. Après sa mort (1438), le
fief de la Roche avec le Saint Suaire est revenu à son neveu par alliance François de la Palud (qui, malgré la
construction des chapelles de Consolation et du Mont, était un bien triste sire). Marguerite, veuve d’Humbert,
refusa de restituer la relique aux Chanoines de Lirey, qui intentèrent un procès devant le parlement de Dole,
alors chef-lieu du Comté de Bourgogne et devant l’officialité, juridiction ecclésiastique de Besançon.
C’est pendant cette période (1418-1452) que le Saint Suaire fut déposé en l’Eglise de Saint-Hippolyte. Le coffre
dans lequel il se trouvait était placé dans cette chapelle.
L’autel ne comportait pas alors les statues qui y figurent actuellement. Après l’enlèvement du Saint Suaire, un
panorama de Jérusalem avec l’image du Suaire fut peint sur le mur. Ces peintures ont été mutilées pendant la
révolution et sont actuellement cachées par le retable de l’autel de cette Chapelle.
Marguerite de Charny (+ 7/10/1460) fut condamnée à restituer le Saint Suaire aux chanoines de Lirey, mais elle
le céda à Louis de Savoie et à son épouse Anne de Chypre (de la famille des Lusignan) qui le placèrent à
Chambéry.
En 1532, un incendie s’est produit dans la Chapelle de Chambéry qui abritait le Saint-Suaire, celui-ci subit des
brûlures qui traversèrent de nombreux plis du Suaire, ce qui explique la présence de pièces de tissus cousues à
l’endroit des parties brulées.
Les Ducs de Savoie ayant transféré leur capitale à Turin, le Suaire fut transporté en 1578 dans la Chapelle
Royale.
Pendant la période où le Suaire fut conservé dans l’Eglise de Saint-Hippolyte, il fut exposé chaque année au
lieudit « le Clos Pascal », anciennement appelé « Pré du Seigneur ».
L’Eglise de Saint-Hippolyte a été inscrite en totalité à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques
par arrêté ministériel du 6 mars 1979. Cette Eglise de Saint-Hippolyte a été restaurée en 1994 sous la
responsabilité de la direction des monuments historiques de Franche-Comté. Ceci à permis de mieux faire
apparaitre dans le collatéral nord, entre deux vitraux, deux figures humaines se faisant face et dans le
collatérale sud, une tête de bélier et, au fond, une tête de bœuf.
A l’entrée de l’Eglise, à droite, une pierre gravée en 1634 rappelle la fondation d’une mission paroissiale prêché
par les religieux de Beaupré (Roche les Beaupré près de Besançon).