Le Laboratoire de langue des signes de Belgique

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Le Laboratoire de langue des signes de Belgique
Le Laboratoire de langue des signes
de Belgique francophone
Le Laboratoire de langue des signes de Belgique francophone (LSFB-Lab) est unique en
Fédération Wallonie-Bruxelles. Il a été reconnu comme entité de recherche en janvier 2014, mais
la recherche consacrée à la Langue des signes de Belgique francophone (LSFB) existe à
l’Université de Namur depuis 2000. La même année, un enseignement bilingue (langue des signes
et français) inédit en Belgique francophone a ouvert ses portes au cœur de Namur, au sein de
l’école Sainte-Marie, grâce au soutien de l’association École et Surdité. En 15 ans, les travaux
linguistiques sur la LSFB se sont multipliés, l’équipe des chercheurs s’est largement développée et
la collaboration entre l’UNamur et les classes bilingues n’a cessé de s’enrichir, faisant naître une
synergie féconde pour chacun. Aujourd’hui, le défi à relever est celui de la création d’une spin-off
pour stabiliser les compétences développées dans cette équipe et capitaliser sur elles au service
des enfants sourds, des parents, des enseignants et de la recherche.
Laurence, Aurélie, Ingrid et Silvia peuvent entendre...
Théo, Louis, Emma et Lola ne le peuvent pas.
Pourtant, ils communiquent tous ensemble.
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Recherche fondamentale en linguistique
L’Université de Namur est la seule université de Belgique francophone à investir dans la
recherche linguistique sur la LSFB. Cette initiative a démarré en 2000 avec les premiers travaux de
Laurence Meurant. Après avoir étudié le rôle du regard, elle développe les premières études sur
l’organisation linguistique des discours à partir d’un premier large échantillon de données, le
« Corpus LSFB ». En 2007, la voie ouverte par Laurence a permis à Aurélie Sinte de commencer
des recherches consacrées au temps et à l'aspect en LSFB. Quelques années plus tard, Aurore
Paligot (2011), Sílvia Gabarro-Lopez (2012) et Ingrid Notarrigo (2012) ont également rejoint
l'équipe. Leurs recherches doctorales concernent respectivement les registres de langue, les
balises et marqueurs de discours et les marqueurs de fluence et disfluence ; les résultats seront
présentés en 2016 et 2017. Depuis 2010, Bruno Sonnemans travaille à la réalisation d'un
dictionnaire de LSFB accessible en ligne (http://www.lsfb.be/?lsfb=SignABC=A). Et tout
récemment (2014), il a réalisé un DVD contenant des explications signées (et sous-titrées) sur la
grammaire de la LSFB.
Par l’intermédiaire du LSFB-Lab, l’UNamur est l’un des trois partenaires fondateurs (avec l’Institut
Marie Haps et l’Association belge des interprètes en langue des signes – ABILS) de la première
formation universitaire en Traduction/interprétation en LSFB. Cette formation ouverte en
septembre 2014 permet d’entrevoir à moyen terme une amélioration de la situation de pénurie
extrême dont la communauté des sourds subit les conséquences dans tous les domaines de leur
vie privée (enseignement, santé, justice, etc.) et professionnelle.
I Première bibliothèque de « référence »
En 2012, l’équipe du LSFB-Lab a entamé la constitution d'un vaste corpus représentatif de la
LSFB. Il rassemble une centaine de locuteurs de tous âges, originaires de différentes régions de
Belgique francophone et de différents profils. Cette "bibliothèque" de langue des signes constitue
la base de la recherche linguistique dédiée à la LSFB mais elle est aussi une empreinte du
patrimoine culturel et linguistique de la communauté de Sourds et un support pédagogique
pour les enseignants et formateurs. Cinq personnes (4,3 ETP) sont impliquées dans ce
projet financé par le F.R.S.-FNRS : Sibylle Fonzé, Susana Sanchez et Christophe De Clerck
(modérateurs et annotateurs), Bruno Sonnemans (consultant) et Raphaël Volon (responsable
vidéo). Fin 2015, le corpus de vidéos sera accessible en ligne à la communauté des Sourds, aux
chercheurs, aux enseignants, aux interprètes et au grand public.
Enseignement bilingue pour les enfants sourds et malentendants
Le principe des classes bilingues par immersion en langue des signes et français est celui de
l’inclusion, dès les maternelles et jusqu’à la fin des secondaires, d’enfants sourds ou
malentendants dans les classes ordinaires de l’école Sainte-Marie. Pour que ces élèves puissent
accéder aux mêmes compétences que les enfants entendants, les apprentissages leur sont
dispensés en français - langue de la majorité et langue de l'écrit - et en langue des signes langue accessible sans entrave et primordiale pour le développement cognitif, émotionnel,
intellectuel et culturel des enfants sourds et malentendants. L’enseignement est donc bilingue :
français (écrit et/ou oral) et langue des signes (LSFB). Les exigences scolaires sont les mêmes
pour tous les élèves de l’école, qu’ils soient entendants, malentendants ou sourds, et respectent
strictement les prescrits légaux.
L'UNamur se situe « dans les coulisses de cet
enseignement bilingue* » à plusieurs titres. Depuis
septembre 2004, L. Meurant assure une formation
continuée pour les enseignants et les interprètes
travaillant au sein des classes bilingues. Cette formation
permet aux enseignants de renforcer leurs compétences
linguistiques (en LSFB pour les entendants et en français pour les sourds, en général) et
d’échanger leurs expériences et leurs questions linguistiques et pédagogiques avec leurs pairs et
avec les experts du LSFB-Lab (linguistes et collaborateurs de recherche). Régulièrement, des
experts étrangers (Paris, Montréal, Stockhom, Toulouse) viennent enrichir les pratiques des
enseignants. Une trentaine de personnes se réunissent ainsi mensuellement dans les locaux de
l’UNamur pour creuser des questions linguistiques inédites concernant l’enseignement du
programme ordinaire de l’enseignement en Fédération Wallonie-Bruxelles dans un cursus
bilingue français – LSFB. Hormis cette formation continuée, d’autres activités lient l’Université de
Namur et les classes bilingues : des recherches et publications communes, la traduction des
épreuves externes comme le CEB et le CE1D, la réalisation d’un film, des expertises diverses. Des
échanges de compétences font également voyager les enseignants entre les classes et
l’Université.
L’initiative de l’asbl École et Surdité, sa réalisation au sein de la Communauté scolaire SainteMarie et sa collaboration scientifique avec l’Université de Namur ont déjà été récompensées par
plusieurs prix prestigieux (Prix de la Fondation Van-Goethem-Brichant en 2004, Prix Reine Paola
en 2006, Prix Clinique de Beloeil en 2004 et 2013 notamment) et ont été encouragées par un
projet européen Comenius Regio (2011-2013). En juillet 2015, Ecole et Surdité et l’Université de
Namur présenteront à Athènes, au 22e colloque international sur l’éducation des sourds (ICED
2015) les résultats de leurs recherches sur les enjeux pédagogiques de l’enseignement en classes
bilingues par immersion en langue des signes.
* Meurant, L. et Zegers de Beyl, M. (éds). 2009. Dans les coulisses d'un enseignement bilingue (langue des signes - français) à Namur, PUN.
Perspectives : création d’une spin-off
Pour développer la recherche fondamentale sur la LSFB et la recherche appliquée dans le
domaine de l’enseignement et de la formation des interprètes, les chercheurs ne peuvent se
passer de collaborateurs sourds dont la LSFB est la langue première (pour la qualité des
contacts avec la communauté des sourds, pour l’annotation des vidéos, pour certains pans de
l’analyse, pour la diffusion des travaux en LSFB) et d’un support technique dans le domaine du
traitement vidéo (enregistrement, éclairage, montage, archivage, diffusion, etc.). Or, ces deux
profils (collaborateurs sourds et technicien vidéo) sont exclus des financements de recherche
accessibles pour les projets en sciences humaines (essentiellement FNRS).
Pour remédier à cette difficulté et pour ne pas perdre l’expertise des personnes qui ont été
formées durant 3 ans (via un Mandat d’Impulsion scientifique du FNRS, non renouvelable) au
LSFB-Lab, L. Meurant et A. Sinte étudient la faisabilité et l’opportunité de la création d’une
spin-off issue du laboratoire. Cette entreprise proposerait des productions en LSFB (au sens
large), pour des clients variés comme des services publics, des entreprises privées, des
écoles, des familles : p.ex. informations d’une mutualité sur ses services ou ses procédures à
destination des sourds, consignes de sécurité d’une compagnie aérienne ; mais aussi supports
didactiques pour les enseignants ; contes, comptines et histoires à partager entre parents
(entendants ou sourds) et enfants sourds, supports linguistiques pour encadrer les parents
entendants souhaitant apprendre la LSFB pour communiquer avec leur enfant sourd, etc.
Le produit phare que l’entreprise souhaite mettre à la disposition du grand public consiste,
sur le modèle de Linguee, en un dictionnaire bilingue en ligne (LSFB-e). Il s’agira d’un outil
informatique de pointe et inédit, rendu accessible à tous et contribuant notamment au
perfectionnement des élèves sourds et malentendants en français écrit.
Pour fonctionner, la spin-off devrait disposer d’un budget de 240 000 €/an et inclure au
minimum un technicien vidéo (75 000 €/an), 2 collaborateurs sourds experts en LSFB (2 x
40 000 €/an) et un responsable d’entreprise (85 000 €/an). L’engagement d’un interprète
LSFB-français (50 000 €/an) permettrait en outre à l’entreprise d’ajouter la
traduction/interprétation à ses compétences et donc de multiplier avantageusement ses
services.
À court terme, cette entreprise non seulement répondra aux besoins croissants de
productions en LSFB (notamment liés aux obligations des services publics en matière
d’accessibilité aux personnes sourdes et malentendantes), mais aussi permettra de créer des
emplois qualifiés pour des personnes sourdes dont les compétences sont rarement mises en
valeur sur le marché de l’emploi. En stabilisant ses employés, la spin-off garantira par ailleurs
la disponibilité des compétences essentielles à la qualité de la recherche menée au sein du
LSFB-Lab. Depuis leur début, l’UNamur et les classes bilingues de Sainte-Marie sont voisines,
solidaires et complémentaires dans leurs besoins et leurs compétences. La création de cette
entreprise sera un soutien considérable à leur collaboration, une voie idéale pour le transfert
entre recherche fondamentale, recherche appliquée et besoins du terrain.
Le lancement de la spin-off est conditionné à la possibilité de réunir les fonds nécessaires
pour engager les personnes décrites ci-dessus. Plus tôt elle sera créée, moindre sera le risque
de rompre la dynamique qui lie actuellement les chercheurs, le technicien, les
collaborateurs sourds et les enseignants des classes bilingues à Namur.
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