Etude sur la sensitivité aux conflits du Programme PEAR Plus
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Etude sur la sensitivité aux conflits du Programme PEAR Plus
Etude sur la sensitivité aux conflits du Programme PEAR Plus Octobre, 2009 Search for Common Ground Valeria Izzi Christof Kurz Photos des mains travaillant, femmes avec casseroles, et enfants déplacés utilisé sur un Creative Commons License © Julien Harneis 2009. Tout autre photo © Search for Common Ground 2009. Izzi, V and Kurz C. ŖEtude sur la sensitivité aux conflits du Programme PEAR Plus.ŗ Search for Common Ground. Octobre 2009. Kinshasa, République Démocratique du Congo. Pour des informations ou des copies supplémentaires, veuillez contacter SFCG (www.sfcg.org) Résumé Exécutif L e Programme Elargi dřAssistance au Retour (PEAR) Plus représente la contribution de lřUNICEF à la Stratégie des Nations Unies pour le Soutien à la Sécurité et à la Stabilisation (UNSSSS) dans lřEst de la République Démocratique du Congo. Démarré au début 2009, le PEAR Plus vise à soutenir des solutions durables pour le retour des déplacés internes et leur réintégration dans leurs communautés dřorigine, dans les Provinces du Nord et du Sud Kivu, en Province Orientale (Ituri) et au Nord Katanga. Le programme adopte une approche multisectorielle, intervenant dans les secteurs de lřéducation, de lřeau et de lřassainissement, de la santé, et de la protection des enfants. Afin de renforcer la dimension de construction de la paix du PEAR Plus, lřUNICEF a proposé un partenariat à Search for Common Ground (SFCG). La présente étude a été commissionnée comme première étape de cette collaboration en vue dřévaluer la sensibilité aux conflits du PEAR Plus et dřorienter une deuxième phase du programme. Lřétude a été conduite sur une période de deux mois au total, commençant par une revue des documents programmatiques et de la littérature sur les conflits dans lřEst de la RDC. Une mission de terrain a eu lieu du 2 au 19 juillet 2009, avec des visites de Goma (Nord Kivu), Bukavu et Uvira (Sud Kivu), et Bunia (Ituri). Ce rapport est le résultat dřune analyse basée sur la revue documentaire et des interviews semi structurées avec 77 représentants de lřUNICEF, de SFCG, des partenaires exécutifs du PEAR Plus et des partenaires PEAR, des autorités de lřEtat, des agences internationales, et dřautres personnes ressources ainsi que des observations lors de deux visites sur le terrain dans les zones opérationnelles du PEAR Plus. Les conflits dans lřEst de la RDC sont complexes, caractérisés par une imbrication de plusieurs niveaux Ŕ local, provincial, national, et régional, avec une prolifération des acteurs et une complexité croissante au fil des années. Les actions des groupes armés sont les manifestations les plus visibles des conflits dans la région. Dřautres formes de violence existent au niveau local, même si elles ne sont pas aussi sanglantes et à moindre échelle comparées aux actions des groupes armés. Les problèmes dřaccès à la terre sont au cœur des conflits dans lřEst de la RDC à tous les niveaux, imbriqués dans une forte méfiance entre groupes ethniques, en particulier entre groupes qui se considèrent « autochtones » et ceux quřils considèrent non-autochtones. Les immenses richesses minières de lřEst de la RDC représentent un des facteurs clés qui favorisent la continuation des conflits. Lřabsence dřune bonne éducation et dřopportunités de travail rémunéré ou dřautres activités productives pour les jeunes a créé un Řréservoirř de main dřœuvre potentiel pour la violence. En même temps, lřEtat congolais est incapable de jouer son rôle de gestionnaire des affaires sociales et dřarbitre ou de médiateur efficace dans les conflits sociaux. A la base de la notion de « sensibilité aux conflits », il y a lřidée quřaucune intervention dans une situation conflictuelle ne peut être « neutre » : il y a forcément des effets, soit positifs, soit négatifs, sur les dynamiques conflictuelles. La définition de « sensibilité aux conflits » sřarticule donc autour de deux piliers : (i) lřimpératif de « ne pas nuire » et (ii) les efforts de saisir les opportunités pour contribuer à la construction de la paix et à la réconciliation. En utilisant ce cadre conceptuel, lřétude a analysé tous les aspects du PEAR Plus et en tire cinq conclusions principales : Etude sur la sensibilité aux conflits du Programme PEAR Plus Page |3 1. LA SENSIBILITE AUX CONFLITS NřA PAS ETE PRISE EN COMPTE DANS LA CONCEPTION DU PEAR PLUS. Le PEAR Plus est un programme de transition dřune situation dřurgence à des solutions plus durables pour faciliter la réintégration des rapatriés récents dans leurs communautés dřorigine. Par sa nature, il aborde donc les conséquences des conflits et non leurs causes. En particulier, il nřy a pas eu dřanalyse sur les risques des interventions à Řnuireř, ni de stratégie systématique pour gérer les conflits qui pourraient surgir lors de la mise en œuvre du programme. La contribution à la construction de la paix du PEAR Plus est indirecte, dans le cadre de lřUNSSSS. Alors que « réconciliation » et « construction de la paix » ont été identifiées comme thèmes transversaux dans le document originel du PEAR Plus, en dehors de quelques activités dřéducation à la paix les projets exécutés ne prévoient pas des activités concrètes de réconciliation ou de mitigation des conflits. 2. LE PEAR PLUS MANQUE DE DONNEES, DřINFORMATIONS ET DřOUTILS POUR UNE ANALYSE SYSTEMATIQUE DES CONFLITS DANS LES LOCALITES DřINTERVENTION. Les analyses du contexte sur lesquelles le PEAR Plus se fonde, notamment le « monitoring protection » et les évaluations multisectorielles du Programme PEAR, ne fournissent pas suffisamment dřinformations pour une compréhension approfondie des risques et opportunités par rapport aux conflits et à la construction de la paix. Bien que les partenaires du programme aient généralement travaillé dans ces localités depuis quelque temps et aient donc une bonne compréhension de la situation, cette connaissance reste anecdotique et nřest pas capturée et analysée de manière systématique. Par conséquent, il nřy a pas non plus une base solide de référence pour mesurer lřimpact (positif ou négatif) des programmes sur les conflits. 3. LE PEAR PLUS CONTOURNE LES ZONES A PLUS HAUT RISQUE DE CONFLITS POUR TRAVAILLER DANS LES ZONES LES PLUS TRANQUILLES, OU LE RISQUE DE CONFLITS EST MOINS ACCENTUE. La décision dans quelles zones le PEAR Plus devrait intervenir a été prise en considérant de multiples critères et en plusieurs étapes. Dans ce processus de prise de décision, on donne priorité aux critères de sécurité et de durabilité dans la sélection des localités. Ainsi, pendant la phase pilote, le programme contourne les zones aux conflits aigus et nřintervient que dans des zones qui sont ethniquement largement homogènes et qui ne connaissent pas de tensions majeures. 4. LES PARTENAIRES DE MISE EN ŒUVRE TRAITENT DES CONFLITS LOCAUX AU FUR ET A MESURE ET SANS APPROCHE SYSTEMATIQUE. Dans la mise en œuvre du projet, les partenaires ont reconnu que certaines activités ont créé quelques tensions dans les communautés ou risquent dřavoir des effets négatifs sur les conflits existants. Face à ces situations conflictuelles, les agents du terrain ont su trouver des solutions pragmatiques pour répondre à ces problèmes, grâce à leur expérience et une approche improvisée mais pragmatique de médiation. Toutefois, ces efforts, pour lřinstant, ont été seulement réactifs et les partenaires manquent dřune stratégie cohérente de « ne pas nuire » et de gestion des conflits quand ils surgissent. 5. LA MEFIANCE MARQUEE AUTOUR DE LřACTION HUMANITAIRE DANS LřEST DE LA RDC REND PLUS DIFFICILE LřINTEGRATION DřUNE PERSPECTIVE DE SENSIBILITE AUX CONFLITS. A priori, lřaction humanitaire est la bienvenue parmi les populations congolaises ravagées par les guerres et par les autorités de lřEtat. Pourtant, il y a un sentiment généralisé que lřassistance humanitaire est trop limitée et partiale, et souvent est au seul bénéfice des intervenants plutôt que des populations locales. Des rumeurs sur des desseins sinistres et secrets présumés de la communauté internationale circulent librement partout dans lřEst de la RDC et, au fil des années, surtout la MONUC mais aussi dřautres agences ou ONG internationales ont de temps à autre été ciblées par des manifestations violentes. Ceci rend lřintégration dřune dimension de sensibilité aux conflits plus difficile, mais, en même temps, encore plus nécessaire. Sur la base de cette analyse, trois scénarios et stratégies potentielles pour intégrer une dimension de sensibilité aux conflits de façon plus ou moins compréhensive dans le PEAR Plus sont esquissées : 1. SCENARIO ŘSTATU QUOř 4|Page UNICEF et Search for Common Ground Bien quřil nřy ait pas eu dřeffort systématique dřintégrer une dimension « ne pas nuire » dans les activités programmatiques, les risques pour le PEAR Plus dřexacerber les tensions existantes ou dřen créer de nouvelles sont plutôt limitées. Les critères de choix des localités excluent les zones les plus conflictuelles, et les activités sectorielles du PEAR Plus ne touchent, pour la plupart, pas directement aux Řnerfsř des conflits. Dans les cas où des risques de conflits ont été rencontrés dans les zones dřintervention, les partenaires de mise en œuvre ont pu gérer les tensions dřune manière improvisée et pragmatique. Autrement dit, dans sa forme actuelle, le risque des activités de « nuire » est suffisamment faible pour considérer le Řstatu quoř comme une option possible. Cependant, en ce moment, le PEAR Plus nřest pas en train de saisir les opportunités pour contribuer à la construction de la paix. Avec lřoption Řstatu quoř le PEAR Plus resterait un programme aux objectifs largement humanitaires et continuerait à contourner les conflits plutôt quřà travailler sur les conflits. 2. SCENARIO ŘSENSIBILITE AUX CONFLITS AUGMENTEEř. Le deuxième scénario envisagerait dřaugmenter la sensibilité aux conflits dans le cadre programmatique existant, sans des changements stratégiques profonds. Le scénario reposerait sur des modifications dans cinq domaines clés : (i) une capacité et des outils dřanalyse des conflits améliorée; (ii) une formation sur la sensibilité aux conflits pour les partenaires exécutifs et leur personnel; (iii) des interventions supplémentaires pour aborder les conflits et tensions locales; (iv) une stratégie de communication pour assurer la transparence dans la programmation et dans les relations entre les bailleurs, ONG internationales et les partenaires locaux; et (v) une stratégie de suivi et évaluation qui se concentre explicitement sur la sensibilité aux conflits. 3. SCENARIO ŘSENSIBILITE AUX CONFLITS APPROFONDIEř Ce scénario opterait pour la transformation du PEAR Plus en véritable programme de construction de la paix, ce qui exigerait une remise à plat fondamentale de la logique et de la stratégie du programme, y compris le choix des localités dřintervention. Ce scénario inclut une analyse des conflits en profondeur; lřadoption de la réconciliation et de la construction de la paix comme objectifs clés et une flexibilité dans la mise en œuvre du programme qui permettrait de répondre de manière systématique et stratégique aux conflits dans les zones dřintervention ; et la mise en place dřun système de suivi et d'évaluation qui utilise les résultats des analyses des conflits approfondies comme base de référence. Par conséquent, ce scénario aura un impact profond au niveau de la capacité du programme de ne pas nuire et de contribuer à la construction de la paix à deux niveaux, le micro et le macro. Ces changements nécessiteraient une volonté «politique de la part de lřUNICEF de manière profonde et systématique dans leur façon de gérer et de mettre en œuvre des programmes. Le deuxième et le troisième scénario offrent des opportunités intéressantes de collaboration entre lřUNICEF et SFCG. La philosophie de SFCG se base sur la notion de transformation des conflits, dont lřidée est de ne pas éliminer les différences entre les individus ou les groupes, mais de les aider à voir ce qu'ils ont en commun et de trouver des solutions aux problèmes communs. Lřexpérience de SFCG pourra donner un apport significatif et profond au travail au PEAR Plus, en particulier par rapport à lřanalyse des conflits ; à la promotion de la transparence et la gestion des rumeurs ; et à la mise en œuvre des activités spécifiques visant la promotion du dialogue et de la réconciliation. Etude sur la sensibilité aux conflits du Programme PEAR Plus Page |5 Table de matières RÉSUMÉ EXÉCUTIF 3 1. 8 INTRODUCTION 1.1 Objectifs de lřEtude 1.2 Raisonnement pour lřEtude 1.3 Processus et Méthodologie 1.4 Structure du Rapport 1.5 Remerciements 2. 8 8 9 10 10 PEAR PLUS, UNICEF ET SEARCH FOR COMMON GROUND 2.1 Aperçu du PEAR Plus 2.2 Aperçu des Programmes de Search for Common Ground en RDC 2.3 Quelques Réflexions sur des Synergies Potentielles entre SFCG et le PEAR Plus 11 11 12 14 3. CADRE CONCEPTUEL DE LřETUDE 15 4. ANALYSE DES DYNAMIQUES DES CONFLITS DANS LřEST DE LA RDC 19 4.1 4.2 4.3 4.4 5. Manifestations des Conflits Causes des Conflits Stratégies de construction de la paix dans lřEst de la RDC Implications pour le PEAR Plus RÉSULTATS DE LřETUDE 5.1 Synthèse des Principaux Résultats 5.2 La sensibilité aux conflits des activités sectorielles du PEAR Plus 5.3 Considérations opérationnelles 6. RECOMMANDATIONS 6.1 6.2 6.3 6.4 19 20 22 23 25 25 36 39 41 Scénario ŘStatu Quoř Scénario ŘSensibilité aux Conflits Augmentéeř Scénario ŘSensibilité aux Conflits Approfondieř Risques et défis 42 43 50 52 ANNEXE 1 : CAUSES ET MANIFESTATIONS DES CONFLITS 53 ANNEXE 2 : SYNTHESE DES RECOMMENDATIONS 57 ANNEXE 3 : PERSONNES CONSULTEES 59 ANNEXE 4 : BIBLIOGRAPHIE 62 6|Page UNICEF et Search for Common Ground Acronymes AVSI Associazione Volontari per il Servizio Internazionale CNDP Congres National pour la Défense du Peuple COOPI Cooperazione Internazionale CRS Catholic Relief Services FAO Food and Agriculture Organisation FDLR Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda HCR Haut Commissariat pour les Réfugiés IRC International Rescue Committee MONUC Mission de lřOrganisation des Nations Unies an Congo MSA Multi-Sectoral Assessment NRC Norwegian Refugee Council OCHA Office for the Coordination of Humanitarian Affairs ONG Organisation Non Gouvernementale PEAR Programme Elargi dřAssistance aux Retours PNUD Programme des Nations Unies pour le Développement RDC République Démocratique du Congo RRM Rapid Reaction Mechanism SFCG Search for Common Ground UNSSSS United Nations Security and Stabilization Support Strategy WASH Water, Sanitation and Hygiene Etude sur la sensibilité aux conflits du Programme PEAR Plus Page |7 1. Introduction L e Programme Elargi dřAssistance aux Retours (PEAR) Plus représente la contribution de lřUNICEF à la Stratégie des Nations Unies pour le Soutien à la Sécurité et à la Stabilisation (UNSSSS) dans lřEst de la République Démocratique du Congo. Le PEAR Plus a démarré au début 2009, dans lřintention de soutenir des solutions durables pour le retour des déplacés internes et leur réintégration dans leurs communautés dřorigine, dans les Provinces du Nord et du Sud Kivu, en Province Orientale (Ituri) et au Nord Katanga. Le programme adopte une approche multisectorielle, intervenant dans les secteurs de lřéducation, de la santé, de lřeau et assainissement et de la protection des enfants. Afin de renforcer la dimension de construction de la paix du PEAR Plus, lřUNICEF a établi un partenariat avec Search for Common Ground (SFCG). Il est prévu que SFCG travaille avec les partenaires de mise en œuvre du PEAR Plus pour intégrer une composante de construction de la paix (Řpeacebuildingř en anglais) dans les activités du programme. La présente étude a été commissionnée comme première étape de cette collaboration, dans le but de mieux analyser la sensibilité aux conflits du PEAR Plus actuel et dřorienter une deuxième phase du programme avec des activités concrètes. 1.1 OBJECTIFS DE LřETUDE Les trois objectifs suivants, élaborés dans les Termes de Référence, ont guidé lřétude : « Analyser le contexte des conflits dans les localités dřexécution du programme PEAR Plus (causes, acteurs, dynamiques, et catalyseurs) ; Evaluer la sensibilité aux conflits du programme PEAR Plus, en termes de son impact (positif ou négatif) sur les dynamiques des conflits ; Faire des recommandations pour accroître la sensibilité aux conflits des interventions du programme PEAR Plus. » 1.2 RAISONNEMENT POUR LřETUDE Le PEAR Plus est un programme formulé pour sřattaquer aux conséquences des conflits, notamment au déplacement des populations et à leur retour dans leur milieu dřorigine. Dans la formulation du programme et sa mise en œuvre jusquř à présent, il nřy a pas eu un effort pour sřattaquer aux causes des conflits. De la même façon, le risque que lřassistance humanitaire puisse Řnuireř, cřest-à-dire avoir un impact négatif sur les conflits, nřétait pas systématiquement pris en considération dans la formulation du programme, ni la possibilité de saisir des opportunités pour contribuer activement à la construction de la paix au delà des objectifs spécifiques du projet. Par conséquent, plusieurs questions sřimposent: Serait-il souhaitable dřintégrer cette perspective additionnelle dans le PEAR Plus? 8|Page UNICEF et Search for Common Ground Si oui, dans quel degré est-ce que lřon pourrait intégrer des éléments de sensibilité aux conflits dans le programme tel quřil est en ce moment? Quřest-ce que cette Ŗintégrationŗ signifierait en pratique? Quels changements conceptuels, programmatiques, et opérationnels pourrait-on envisager pour réaliser la sensibilité aux conflits du PEAR Plus? Lřétude vise à soutenir lřUNICEF, SFCG et ses partenaires PEAR Plus dans cette réflexion, en donnant un aperçu des opportunités et des avantages de lřintégration systématique dřune perspective de prévention des conflits et construction de la paix, ainsi que des risques potentiels. 1.3 PROCESSUS ET METHODOLOGIE Lřétude a été conduite entre fin juin et août 2009 sur une période de deux mois, avec une mission dans lřEst de la RDC qui a eu lieu du 2 au 20 juillet 2009. Le processus sřest déroulé en plusieurs étapes : Au début, une revue bibliographique (en anglais) a été élaborée, qui a pris en considération la documentation du PEAR Plus et des autres programmes pertinents, la documentation des activités de SFCG en RDC, ainsi que la littérature académique sur les conflits dans lřEst de la RDC (voir Annexe 4 Ŕ Bibliographie) ; Ensuite une série de consultations avec 77 acteurs humanitaires, dont les responsables et agents de terrains impliqués dans la formulation et la mise en œuvre du PEAR Plus, ainsi que les représentants dřautres agences et ONG internationales, des autorités locales, ainsi que des personnes ressources (voir Annexe 3 Ŕ Liste de personnes rencontrées). Les consultations ont eu lieu au Nord Kivu (Goma), au Sud Kivu (Bukavu, Uvira) et en Ituri (Bunia) et ont pris la forme dřentretiens semi-structurés1 ; Elles étaient complétées par des descentes sur le terrain pour observer directement la mise en œuvre des projets, en particulier : Deux jours de visites des zones dřintervention du projet PEAR Plus en Ituri (territoire de Djugu), avec lřONG de mise en œuvre COOPI ; o Observation du projet PEAR au Sud Kivu (territoire de Walungu) avec lřONG de mise en œuvre AVSI ; o Observations des sites dřintervention futurs du PEAR Plus au Sud Kivu (territoire de Walungu), avec lřIRC, lřONG de mise en œuvre. Finalement, une demi-journée de discussion (« brainstorming ») avec le personnel clé de Search for Common Ground à Bukavu. o Le processus a rencontré certaines contraintes et connu quelques limitations. En particulier, le temps passé par lřéquipe dřévaluation dans les sites dřintervention du programme a été très limité par rapport au temps passé dans les villes principales. Ceci a réduit la possibilité dřun vrai échange avec les bénéficiaires et des autres couches de la population locale et a rendu la vérification des informations données par les responsables des programmes et les partenaires et observateurs difficile. Le temps limité passé sur le terrain nřa également pas permis dřorganiser des groupes de discussion (Řfocus groupsř) comme initialement prévu. Dřaprès les Termes de Référence, lřétude sřest concentrée sur les provinces du Nord et du Sud Kivu, et sur le district dřIturi en Province Orientale, sans prendre en considération la situation au Nord Katanga, qui est également une zone de mise en œuvre du PEAR Plus. Les observations présentées dans ce rapport sont basées largement sur les opinions et les conclusions des acteurs consultés. Les individus consultés ont été assurés lřanonymat lors des entretiens. Leurs points de vue seront présentés comme des conclusions générales sans faire références aux individus consultés. 1 Etude sur la sensibilité aux conflits du Programme PEAR Plus Page |9 1.4 STRUCTURE DU RAPPORT Dans ce qui suit, le présent rapport donnera un aperçu des activités de lřUNICEF (en particulier le PEAR Plus) et de Search for Common Ground (SFCG). La troisième section introduit le cadre conceptuel de lřétude, en offrant une définition de travail de la notion de « sensibilité aux conflits » et une explication des enjeux et défis de son application dans le contexte de la RDC. La quatrième section vise à situer le PEAR Plus dans le contexte des dynamiques des conflits dans lřEst de la RDC, alors que la quatrième synthétise les résultats de lřétude. La dernière section avance des recommandations pour renforcer la sensibilité aux conflits dans les prochaines phases du programme et discute trois scénarios différents à considérer dans la formulation des étapes successives du PEAR Plus. 1.5 REMERCIEMENTS L'équipe tient à remercier tous les collègues de SFCG et de lřUNICEF qui ont offert assistance, conseils ou soutien logistique au cours de cette étude. Un remerciement particulier sera adressé aux responsables de cette étude, Lena Slachmuijlder et Annelies Claessens de SFCG, et Damian Lilly et Christian Michaud de l'UNICEF, pour les discussions stimulantes et pour leur assistance infaillible ainsi quřà Jean Pierre Ruhimbasa pour sa compagnie et sa participation dans la collecte de données. 10 | P a g e UNICEF et Search for Common Ground 2. PEAR Plus, UNICEF et Search for Common Ground C ette section donne un aperçu des origines du PEAR Plus, de ses objectifs et activités prévues. Elle présente aussi lřopérât de Search for Common Ground (SFCG) en RDC, afin dřidentifier les synergies potentielles, et la contribution que SFCG peut offrir dans la mise en œuvre des prochaines phases du PEAR Plus. 2.1 APERÇU DU PEAR PLUS LřUNICEF en RDC 2 joue un rôle clé dans lřassistance aux déplacés et aux rapatriés, à travers des programmes de grande envergure Ŕ notamment le Mécanisme de Réponse Rapide en faveur des déplacés internes et le Programme Elargi dřAssistance aux Retours (PEAR) et le PEAR Plus en faveur des rapatriés. Alors que ces domaines tombent, en principe, sous la responsabilité mandatée du Haut Commissariat pour les Réfugiés (HCR), dans le contexte particulier de la RDC ces responsabilités sont partagées avec lřUNICEF au sein du système des « clusters » pour coordonner lřaction humanitaire. Le Mécanisme de Réponse Rapide (Rapid Reaction Mechanism, RRM) est un programme multisectoriel géré conjointement par lřUNICEF et OCHA depuis 2004. Le RRM assiste les populations affectées par les conflits, les désastres naturels et les épidémies, avec une attention particulière aux déplacés internes. Le programme est mis en œuvre à travers la collaboration avec deux ONG internationales Ŕ Solidarités et International Rescue Committee (IRC). Alors que le MRR s'est avéré un instrument pragmatique et utile pour répondre rapidement à des crises humanitaires, il sřest révélé progressivement quřil y avait une lacune par rapport à lřassistance systématique aux personnes rapatriées dans leurs zones d'origine. Surtout après les élections de 2006, un nombre important de déplacés ont commencé à rentrer, rencontrant souvent des conditions de vie précaires dans leurs villages dřorigine. Pour soutenir la réintégration des rapatriés dans les zones de retour lřUNICEF et ses partenaires ont lancé, en novembre 2006, le Programme Elargi d’Assistance aux Retours (PEAR). Originairement conçu comme une sorte de « RRM pour les rapatriés », le PEAR vise à apporter une assistance aux rapatriés qui présentent une vulnérabilité particulière. En particulier, le PEAR soutient les rapatriés comme première étape vers une solution durable en fournissant : (i) des informations approfondies sur la situation humanitaire dans les zones de retour, à travers les Evaluations Multisectorielles (Multi-Sectoral Assessments, MSA) ; (ii) une assistance matérielle comprenant des articles domestiques (non-vivres) aux familles rapatriées les plus vulnérables ; et (iii) un accès amélioré à l'école primaire dans les zones de retour. Les activités de lřUNICEF en RDC sont guidées par le Programme Pays 2008-2012, qui se focalise sur quatre secteurs : (i) éducation ; (ii) Eau, hygiène et assainissement (connu avec lřacronyme anglais WASH: Water, Sanitation et Hygiène) ; (iii) Survie et (iv) Protection des enfants. 2 Etude sur la sensibilité aux conflits du Programme PEAR Plus P a g e | 11 Dans le cadre de la Stratégie des Nations Unies pour le Soutien à la Sécurité et à la Stabilisation dans lřEst de la RDC (UNSSSS), lřUNICEF a été identifié comme lřagence chef de file pour la composante ŘRetour de IDPsř. Pour assumer ce rôle, lřUNICEF a formulé le PEAR Plus comme une extension du PEAR, avec lřobjectif de soutenir des solutions durables pour le retour des déplacés internes et leur réintégration dans les communautés dřorigine avec une assistance multisectorielle et à plus long terme que le PEAR , dans les provinces du Nord et Sud Kivu, en Province Orientale (Ituri) et au Nord Katanga. Tandis que le programme PEAR est Řhumanitaireř, le PEAR Plus est un programme de Řtransitionř entre lřassistance humanitaire dřurgence et le développement à long terme, et adopte une approche multisectorielle qui sřarticule autour de quatre composantes : (i) eau et assainissement, en suivant lřapproche « Villages Assainis » déjà utilisée dans le programme régulier de lřUNICEF; (ii) éducation de qualité ; (iii) santé primaire ; et (iv) protection des enfants. Comme dans le cas du PEAR, le PEAR Plus est mis en œuvre à travers des ONGs internationales (voir Tableau 1), qui ont un haut degré dřautonomie dans leur zone de responsabilité. Au moment de cette étude, lřimplémentation du PEAR Plus avait démarré seulement en Ituri, avec lřONG COOPI. Au Sud Kivu, lřIRC venait dřêtre sélectionné comme partenaire de mise en œuvre mais les activités nřont pas encore commencé. La planification de démarrage de PEAR Plus au Nord Kivu et au Katanga était également en cours Tableau 1: Aperçu comparatif des programmes RRM, PEAR et PEAR Plus RRM Population ciblée PEAR PEAR Plus Déplacés internes (et indirectement les communautés dřaccueil) Rapatriés (et indirectement leurs communautés) Rapatriés et leurs communautés Non vivres Non vivres Santé et nutrition Education Education Education Eau/assainissement Evaluations multisectorielles Eau/assainissement Secteurs d’activité Protection Ituri Partenaires de mise en œuvre Nord Kivu Sud Kivu Période 2.2 Solidarités Solidarités COOPI IRC et Solidarités NRC Oxfam IRC AVSI IRC 2004 Ŕ présent 2006 - présent 2008 Ŕ présent APERÇU DES PROGRAMMES DE SEARCH FOR COMMON GROUND EN RDC Search for Common Ground (SFCG) est une ONG internationale dont le siège se trouve à Washington aux Etats-Unis et à Bruxelles en Belgique. Ses programmes interviennent à Kinshasa ainsi que dans les provinces de Sud Kivu, Nord Kivu, et Katanga, à partir de ses bureaux opérationnels à Kinshasa, Bukavu, Uvira, Moba, Baraka et Goma. Pourtant, SFCG soutient des activités médiatiques et des partenariats avec des acteurs locaux dans le domaine de réconciliation et des médias dans toutes les 26 actuelles et futures 12 | P a g e UNICEF et Search for Common Ground provinces. Des émissions radiophoniques produites par SFCG sont diffusées sur 100 radios à travers le pays, y inclus dans les zones dřintervention du programme Pear Plus. Consacrées à lřorigine pour améliorer la communication autour du Dialogue Inter Congolais en 2001, les activités de SFCG ont ensuite été élargies pour inclure de nombreuses questions liées à la construction de la paix en RDC à de multiples niveaux. A travers la communication et le dialogue, les activités de SFCG visent à renouveler les relations sociales qui ont été brisées par des décennies de guerre. SFCG utilise un large éventail dřoutils, qui ont été formulés pour permettre la flexibilité dans le repositionnement stratégique selon les circonstances. SFCG estime que lřacceptation de lřautre commence par lřaccès aux bonnes informations. Dans lřEst de la RDC, pourtant, lřinformation est souvent partiale et manipulée à des fins politiques et propagandistes, ce qui empêche davantage une vraie connaissance mutuelle. Les zones les plus éloignées nřont souvent que peu dřaccès aux informations, une situation qui aide à créer un environnement où les rumeurs, mythes et les fausses croyances peuvent proliférer. Pour cette raison, le travail avec les médias est un élément fondamental de la Řboîte à outilsř de SFCG. Chaque semaine, SFCG produit 10 émissions radio en plusieurs langues congolaises, en collaborant avec plus de 90 radios partenaires à travers le pays, en synergie avec des autres acteurs. Dans ce contexte, SFCG donne une formation continue aux radios partenaires, en particulier pour promouvoir un journalisme responsable en vue dřaméliorer les reportages sur les questions conflictuelles et pour éviter que les radios contribuent à enflammer davantage les tensions (voir Encadré 1 pour un exemple). De même, SFCG travaille avec des émissions de télévision, utilisant une variété de formats. Les bandes dessinées sont un autre outil qui sert dřoutil efficace dans la sensibilisation sur des différents thèmes. Encadré 1 : Exemple de programme Radio de SFCG Lřémission Sisi Watoto (« Nous les Enfants ») est un programme produit par les enfants du moins de 18 ans, pour les enfants, et sur les enfants, qui accentue les droits et les défis des enfants dans la société congolaise. Cette émission hebdomadaire du 15 minutes en swahili fait une attention particulière aux expériences des enfants liés aux groupes armés qui réintègrent dans la vie civile, ainsi que les autres enfants vulnérables (chefs de ménage, orphelins, enfants sans abris). Le théâtre participatif est particulièrement important pour les zones qui ne sont pas desservies par les médias. SFCG a développé une méthodologie qui utilise les techniques du ŖForum Théâtreŗ avec une vision de transformation des conflits. Les acteurs, qui ont été formés dans lřanalyse des conflits, se mettent à lřécoute des communautés pour identifier les conflits les plus pertinents, et ensuite créent un scénario qui reflète cette situation. Pendant le spectacle, les spectateurs sont invités à remplacer les acteurs sur la scène. L'absence de toute forme de loisirs dans les villages rend ces séances de théâtre extrêmement populaires, et il y a même des indicateurs qui montrent que les gens prennent au sérieux les recommandations qui ressortent du théâtre participatif. SFCG a mis en place un système de suivi et d'évaluation pour analyser l'impact sur le changement dřattitudes dans le long terme. Depuis 2005, les comédiens de SFCG ont joué plus de 1,000 spectacles devant plus de 1,2 million de spectateurs dans le Sud Kivu et Nord Katanga. SFCG est aussi actif sur le thème des violences sexuelles. En collaboration avec Amnesty International, SFCG travaille pour une sensibilisation de masse sur la tragédie des violences sexuelles, à travers le cinéma mobile qui utilise des projections publiques du film ŖBriser le Silenceŗ. La version intégrale du film de 60 minutes est présentée à un large public alors que les trois versions courtes visent surtout les jeunes, les militaires et les couples. Après chaque projection, les animateurs facilitent des discussions pour renforcer les messages du film. Enfin, SFCG travaille sur le renforcement du dialogue et lřamélioration des relations entre les civils et les militaires, à travers une pluralité dřactivités, y compris des sensibilisations faites par des militaires pour des militaires de leurs unités, des activités sportives et de loisirs (ex: matchs de football) et des projets communs. Etude sur la sensibilité aux conflits du Programme PEAR Plus P a g e | 13 Ces activités de Řrapprochementř accompagnent des efforts de lutte contre lřimpunité, notamment à travers une base de données sur les infractions commises par les militaires et une action de plaidoyer. 2.3 QUELQUES REFLEXIONS SUR DES SYNERGIES POTENTIELLES ENTRE SFCG ET LE PEAR PLUS Alors que le PEAR Plus a été conçu dans une situation de conflit, surtout en vu dřaborder les conséquences des conflits, il nřa pas été conçu dans un esprit de prévention explicite des conflits ou de construction de la paix. Dans la formulation du programme, le facteur « conflit » a été considéré comme une variable externe, sur laquelle aucune influence nřest possible. Cette approche suppose, implicitement, que le PEAR Plus cible les facteurs contextuels comme le déplacement et la destruction des communautés, mais intervient une fois le conflit terminé. Lřhypothèse est que, en agissant sur le contexte, le programme diminuera éventuellement la possibilité dřune reprise du conflit. Au contraire, la philosophie de SFCG est basée sur la notion de transformation des conflits. Lřidée n'est pas d'éliminer les différences entre les individus ou les groupes, mais de les aider à voir ce qu'ils ont en commun, au-delà de ces différences. L'objectif de la programmation de SFCG est ainsi de fonder un dialogue sur ce qui est partagé et de définir des intérêts communs, sans ignorer ce qui les sépare et ce qui peut être conflictuel. Autrement dit, SFCG ne considère pas les conflits comme des variables externes, mais plutôt comme un ensemble de facteurs sur lesquels on peut avoir une influence directe. On peut déjà voir quřil y a des complémentarités intéressantes entre le PEAR Plus et SFCG, qui valident l'idée d'un partenariat. Sur la base de la revue de la documentation, lřéquipe avait formulé des hypothèses de travail qui ont été testées pendant la mission. Ces hypothèses concernaient le rôle de SFCG dans les domaines suivants : Analyse des dynamiques conflictuelles et des capacités de paix au niveau local. Il semble que le PEAR Plus ne soit pas fondé sur une analyse approfondie de la dynamique des conflits dans les zones de la mise en œuvre. L'équipe a voulu évaluer dans quelle mesure SFCG pourrait aider l'UNICEF et ses partenaires à avoir une meilleure compréhension de ces dynamiques, et des relations entre ces dynamiques et les activités du programme. Communication et gestion des rumeurs. Dans un environnement aussi chargé que celui de lřEst de la RDC, les perceptions sont aussi importantes que les faits. Un programme, même bien intentionné, peut avoir des effets négatifs sřil est perçu comme bénéficiant à un groupe plutôt qu'à un autre. Souvent, les programmes de développement font l'objet de discours démagogiques et de propagande. Il devient donc particulièrement important dřavoir une stratégie de communication claire et transparente, qui puisse contrebalancer ces rumeurs. Dialogue et promotion de la connaissance mutuelle. Finalement, lřéquipe a voulu explorer dans quelle mesure PEAR Plus pourrait être utilisé comme un «point d'entrée» pour des activités spécifiques de la promotion du dialogue et de la compréhension mutuelle, en utilisant la Řboîte à outilsř de SFCG. En dépit des synergies évidentes, deux points sont à aborder avec précaution. Le premier est dřordre conceptuel. Lřintégration dřune dimension de sensibilité aux conflits ne signifie pas simplement lřajout dřactivités de réconciliation. Typiquement, il faut des changements structurels à un programme pour le rendre sensible aux conflits. Ces changements pourraient concerner le choix des zones d'intervention, des groupes cibles, des partenaires, etc. Dans le cas de PEAR Plus, ces types de changements iraient au-delà de ce à quoi SFCG peut contribuer. Il faut néanmoins avoir une vision globale de la sensibilité aux conflits, afin d'éviter la tentation de définir un problème en fonction des solutions disponibles. Le deuxième avertissement est dřordre pratique. Considérant que la mise en œuvre du PEAR Plus est déjà faite par des ONGs, lřajout dřun nouveau partenaire pour une composante Ŗtransversaleŗ dans le domaine de la transformation des conflits soulève le risque de compliquer la situation organisationnelle du programme. Afin dřéviter ce risque, il est important de définir précisément les modalités de mise en œuvre (structure décisionnelle, budget, etc). 14 | P a g e UNICEF et Search for Common Ground 3. Cadre Conceptuel de lřEtude L řobjectif de cette étude est dřévaluer le PEAR Plus par rapport à sa « sensibilité aux conflits ». Dans ce qui suit, nous offrirons une définition de travail de cette notion, et identifierons plusieurs questions clés ainsi que les défis qui émergent dans les efforts de mise en place de la sensibilité aux conflits, en particulier dans le contexte de la RDC. 3.1. « SENSIBILITE AUX CONFLITS » : UNE DEFINITION DE TRAVAIL Au sens général, le terme Řconflitř signifie une divergence dřopinions perçues comme irréconciliables. En soi, les conflits ne sont pas forcément négatifs Ŕ au contraire, on peut affirmer que chaque société a besoin d'un certain niveau de conflit afin d'exister et d'évoluer. Il est naturel que les individus et les groupes aient des intérêts différents et quřils soient en compétition pour réaliser leurs intérêts. Quand on parle de sensibilité aux conflits dans le cadre de cette étude, on adopte une définition plus restrictive du conflit, correspondant aux conflits violents. En particulier dans le contexte de la RDC, on se réfère à tous les conflits qui ont conduit à des violences dans le passé, y compris la violence entre groupes armés et la violence au niveau communautaire (par exemple, les conflits violents autour de lřaccès la terre). Depuis la deuxième moitié des années 1990, la majorité des agences de développement se sont rendues compte de la nécessité dřintégrer la sensibilité aux conflits dans leurs interventions dans des zones de conflit ou de post-conflit. Par conséquent, beaucoup dřentre elles ont adopté des lignes directrices pour guider leurs agents de terrain et recruté des conseillers spécialisés dans lřanalyse et la résolution des conflits. Aujourdřhui, de nombreux organismes de développement ont leur propre méthodologie pour lřanalyse des conflits, tel que, par exemple, le CDA (Conflict-related Development Analysis) du PNUD 3 et le CAF (Conflict Analysis Framework) de la Banque Mondiale4. Il y a eu une augmentation significative de lřutilisation de ces 3 PNUD, 2003. 4 World Bank, 2005. Voir aussi DFID, 2002 ; GTZ, 2001 ; SIDA, 2006. Etude sur la sensibilité aux conflits du Programme PEAR Plus P a g e | 15 outils pour influencer la programmation 5 , ainsi quřun effort de développement des indicateurs qui sont « sensibles aux conflits » pour permettre un suivi et une évaluation plus rigoureux des programmes de construction de la paix. À ce jour, l'UNICEF n'a pas encore suivi cette tendance de manière systématique, et il ne dispose pas encore des lignes directrices pour intégrer la sensibilité aux conflits à travers ses programmes. A la base de la notion de sensibilité aux conflits (ou conflict sensitivity en anglais), il y a lřidée quřaucune intervention dans une situation conflictuelle ne peut être Řneutreř : il y a nécessairement des effets, soit positifs soit négatifs, sur les dynamiques conflictuelles. Dès que lřon injecte des fonds ou de lřassistance matérielle dans une situation conflictuelle, on affecte lřéquilibre entre les groupes en compétition. La définition de sensibilité aux conflits sřarticule donc autour de deux piliers : (i) lřimpératif de Řne pas nuireř et (ii) les efforts de saisir les opportunités pour contribuer à la construction de la paix et à la réconciliation.6 3.1.1 Ne pas nuire Il est aujourdřhui bien documenté quřen dépit des meilleures intentions, les interventions humanitaires ou de développement peuvent alimenter des tensions parmi des groupes opposés, ou renforcer les causes sousjacentes des conflits7. Les interventions ont le potentiel de « nuire » à deux niveaux : (i) au niveau micro, par rapport aux relations intra- et intercommunautaires, dans le site de mise en œuvre du projet, et (ii) au niveau macro, sur une échelle géographique et temporelle plus large. Le niveau micro est le plus évident, par exemple à travers le processus de ciblage des bénéficiaires. Comme il nřest pas possible pour un programme dřatteindre toutes les couches de la population, il est normalement nécessaire dřidentifier des groupes cibles, typiquement selon des critères de vulnérabilité. Ce processus pose un risque inhérent de créer des tensions entre ceux qui reçoivent lřassistance et ceux qui nřen reçoivent pas. Ce risque est beaucoup plus élevé dans des situations caractérisées par une histoire de conflits intracommunautaires, où le choix des bénéficiaires peut renforcer des perceptions de favoritisme au profit de certains groupes et de discrimination contre dřautres groupes. Dans de tels contextes, même les interventions qui paraissent apporter des bénéficies à la communauté entière pourraient involontairement créer des tensions entre des groupes opposés. Pour éviter de nuire au niveau micro, les intervenants doivent maîtriser les dynamiques au niveau local, à savoir lřhistoire des tensions et des violences entre communautés et groupes ethniques, et connaître les structures des autorités et leur rapport de forces ainsi que les mécanismes existants de gestion des conflits. Une fois que cette analyse a permis dřidentifier les risques, il est souvent possible de les minimiser à travers un processus de ciblage plus transparent et par une stratégie de communication plus efficace avec les groupes adverses. Le projet peut aussi envisager de soutenir et de renforcer des institutions existantes de gestion non-violente des conflits. Lřimpact de lřassistance sur les conflits au niveau macro est plus difficile à discerner et à atteindre. Cela nécessiterait une compréhension des conflits qui va au-delà des dynamiques locales, ainsi quřune compréhension des liens entre lřintervention et les efforts mis en place par dřautres acteurs. La dimension macro échappe souvent à ce quřon peut atteindre dans le cadre de la mise en œuvre dřun projet qui intervient au niveau local Ŕ communautés, groupements, province. Elle nécessiterait des interventions au niveau politico-stratégique qui sont hors de la portée des programmes à la base. Pour une analyse des progrès dans ce domaine, voir Barbolet et al, 2005; Paffenholz, T et Reychler, L, 2007; World Bank, 2006. 6 Pour une introduction à la notion de sensibilité aux conflits, voir FEWER, International Alert and Saferworld, 2003. 7 Sur la notion de Řne pas nuireř, voir en particulier Anderson, 1999. 5 16 | P a g e UNICEF et Search for Common Ground Les deux niveaux (micro et macro) sont liés, mais ils ne sont pas toujours complémentaires. Dans certaines situations, les efforts de ne pas nuire au niveau micro peuvent même augmenter le risque de nuire au niveau macro Ŕ et vice versa. Par exemple, un projet peut décider de travailler avec des communautés ethniquement homogènes, pour éviter quřil y ait des perceptions de favoritisme dřun groupe ethnique parmi les bénéficiaires. Cette stratégie sřattaque au niveau Ŗmicroŗ, mais risque de marginaliser des minorités ethniques, renforçant en effet des tendances discriminatoires et potentiellement conflictuelles sur une échelle plus large. De même, dans une situation où la faiblesse de lřEtat représente une cause structurelle de conflit, la création de structures parallèles de prise de décision Ŕ justifiée par les motifs de rendre la gestion et la résolution des conflits au niveau local plus efficace Ŕ pourrait affaiblir dřavantage la légitimité des structures étatiques, et donc indirectement contribuer à la perpétuation des causes du conflit. Enfin, il faut souligner que même les interventions qui visent spécifiquement la construction de la paix pourraient être nuisibles Ŕ par exemple, en sous-estimant lřampleur et la profondeur des divisions entre les groupes, en suscitant des attentes irréalistes, ou en créant un Ŗmarchéŗ dřactivités de construction de la paix Ŗà la modeŗ, qui ne sřattaquent pas vraiment aux causes des conflits 8 (voir Encadré 2). Encadré 2 : Sensibilité aux conflits des activités de construction de la paix ŖLes organisations de consolidation de la paix pourraient trouver particulièrement difficile de reconnaître la nécessité d'être sensible aux conflits. Cela peut être dû à plusieurs raisons, mais surtout au fait que leur mandat les amène à supposer que leurs activités contribuent automatiquement à la création dřun environnement pacifique. Cette hypothèse pourrait conduire à une analyse non systématique du contexte dans lequel lřorganisation opère; un manque de planification lors de l'exécution des projets de consolidation de la paix; un manque de coordination; ainsi que de réclamer le Ŗsuccèsŗ des interventions fondé sur des 9 relations contestables de cause-effetŗ. 3.1.2 Contribution à la construction de la paix Le deuxième pilier est lřintégration dřune composante de construction de la paix dans toutes les interventions, quel que soit leur domaine dřintervention spécifique. Dans ce cas, on peut également distinguer entre le niveau micro et le niveau macro. Au niveau micro, un projet peut viser à renforcer la cohabitation pacifique parmi les différents groupes dans la localité Ŕ par exemple, en donnant la priorité aux activités qui apportent des bénéfices concrets aux communautés. Les projets peuvent aussi incorporer des activités additionnelles qui ciblent la construction de la paix dřune manière plus directe, par exemple en contribuant à dissiper les préjugés et les mythes en vue de contribuer à une meilleure compréhension parmi les groupes. Par rapport au niveau macro, les conflits dans les milieux locaux sont liés aux enjeux politiques et économiques plus larges ou aux causes structurelles qui ne sont pas facilement affectées par les interventions locales. Il serait important de choisir des interventions de développement qui contribuent à aborder les causes des conflits (et pas seulement leurs conséquences). Parmi les multiples besoins humanitaires et de développement, il conviendrait donc de donner la priorité à ceux qui ont une influence majeure sur les conflits, non seulement au niveau local, mais aussi par rapport aux intérêts plus larges. Comme déjà pour le Pour des exemples de la façon dont les activités de construction de la paix peuvent nuire, voir Anderson et Olson, 2003. 9 FEWER, International Alert and Saferworld, 2003:9, traduction par les auteurs. 8 Etude sur la sensibilité aux conflits du Programme PEAR Plus P a g e | 17 pilier Ŗne pas nuireŗ, la sensibilité aux conflits au niveau macro nécessite souvent un changement complet de stratégie de la part des intervenants pour impliquer des acteurs et sřattaquer aux intérêts à des niveaux différents. Tableau 2 : Les dimensions de la “sensibilité aux conflits”. Ne pas nuire Niveau “micro” Niveau “macro” 18 | P a g e Construction de la paix Eviter de créer/renforcer des conflits dans le(s) localité(s) de mise en oeuvre du projet (ex: entre bénéficiaires et non bénéficiaires ; prise de décision inclusive) Contribuer à faire avancer la cohabitation pacifique dans les localités de mise en œuvre du projet (par ex. dialogue local entre communautés ; activités de solidarité ; bonne communication autour des actions menées) Eviter de renforcer les causes sous-jacentes du conflit (par ex. éviter de cibler une zone et un groupe ethnique au détriment des autres) Contribuer à aborder la résolution des causes sous-jacentes du conflit (par ex. faciliter des dialogues intercommunautaires ; donner une information exacte et impartiale qui pourrait encourager du plaidoyer et des prises de décisions favorisant la transformation de ces conflits) UNICEF et Search for Common Ground 4. Analyse des dynamiques des conflits dans lřEst de la RDC L e PEAR Plus, pour lřinstant, manque dřoutils et de capacités analytiques pour recueillir systématiquement des données sur les causes des conflits et les analyser. La présente section offre une analyse de base des causes des conflits dans lřEst de la RDC, qui pourrait servir de toile de fond au développement dřoutils analytiques pouvant capturer la complexité des dynamiques conflictuelles, sans trop compliquer la tâche des intervenants PEAR Plus. Les conflits dans lřEst de la RDC sont caractérisés par une imbrication de plusieurs niveaux Ŕ local, provincial, national, et régional, avec une prolifération des acteurs et une complexité croissante au fil des années. Dans les reportages médiatiques, mais également dans quelques analyses académiques, on constate souvent une confusion entre les causes, cřest-à-dire les conditions structurelles et les motivations profondes des acteurs qui ont contribué aux conflits, et les manifestations, cřest-à-dire les symptômes ou signes visibles des conflits. Les analyses mélangent également souvent les différents niveaux de conflits. En réalité, malgré de nombreux liens, les conflits locaux connaissent souvent des dynamiques et des causes différentes de celles des conflits à lřéchelle provinciale ou nationale. Il faut bien démêler les conflits et séparer analytiquement les différents niveaux pour éclaircir leurs causes. Car, sans analyse propre des causes des conflits, on nřarrivera pas facilement à trouver des stratégies dřapaisement ou de résolution. Cette section ne prétend pas donner un traitement exhaustif de lřhistoire des conflits en RDC. Elle essaie plutôt dřavancer un certain nombre de facteurs clés Ŕ en termes de causes et de manifestations des conflits Ŕ qui sont particulièrement pertinents pour analyser lřimpact du PEAR Plus sur les dynamiques conflictuelles. 10 4.1 MANIFESTATIONS DES CONFLITS Les actions des groupes armés (combats, accrochages, barrages, tracasseries de la population, violences sexuelles, travaux forcés) sont les manifestations les plus visibles des conflits dans la région. Leurs origines et 10 Pour une vue dřensemble de lřhistoire des conflits en RDC, voir Prunier, 2009 ; Turner, 2007. Etude sur la sensibilité aux conflits du Programme PEAR Plus P a g e | 19 résident dans des griefs basés sur des intérêts et des revendications concrets, pour la plupart liés au contrôle des ressources économiques et politiques. Bien que chaque groupe armé ait sa propre raison dřêtre, tous poursuivent aussi des activités lucratives dřexploitation des ressources et dřautofinancement, ainsi que lřimposition rampante de Řtaxesř informelles aux populations, ou des pillages et intimidations, viols systématiques et tracasseries si les civils résistent. 11 Le recrutement des enfants soldats est pratiqué par tous les groupes armés, ciblant souvent des enfants de moins de dix ans, les plus jeunes nřayant que six ans. Souvent drogués pour les soumettre aux autorités des groupes armés, ils ne sont pas seulement utilisés pour le combat, mais également comme porteurs et cuisiniers ou comme esclaves sexuels. La présence des groupes armés a aussi provoqué des déplacements massifs de population : on estime que le chiffre global de déplacés en RDC était de 2,1 millions en juin 2009, dont 1 130 000 au Nord Kivu, environ 500 000 au Sud Kivu, et presque 170 000 en Ituri. 12 Aujourdřhui, officiellement, tous les groupes armés qui ont participé à la Conférence de Goma, début 2008, et au processus Amani (cřest-à-dire, le CNDP et la majorité des groupes Mai-Mai) nřexistent plus, car leurs membres sont censés avoir été intégrés dans les FARDC ou démobilisés et réinsérés dans la vie civile. Deux cérémonies de Řdésengagementř ont marqué la fin officielle de leur existence: en avril 2009 à Goma, pour le Nord Kivu, et en juillet 2009 à Bukavu, pour le Sud Kivu. Sur le terrain, pourtant, les groupes armés sont toujours présents dans de nombreuses localités. Et même pour les groupes intégrés dans les FARDC, le manque dřencadrement propre crée souvent des situations où les ex-miliciens nřont changé que dřuniforme et continuent de suivre les ordres de leurs commandants rebelles. Alors que les conflits impliquant des groupes armés sont les manifestations les plus évidentes et les plus sanglantes des conflits, ce serait une erreur de les considérer comme la seule forme de violence dans lřEst de la RDC. Plusieurs autres formes de violence existent au niveau local. Par exemple, les conflits localisés autour de l'accès à la terre ou du pouvoir traditionnel provoquent de temps en temps des violences, surtout dues à lřabsence de mécanismes efficaces de gestion non-violente des conflits. 4.2 CAUSES DES CONFLITS Les causes des violences récentes et de lřexistence de groupes armés et donc les causes des conflits dans lřEst du Congo, sont en revanche complexes et pas toujours faciles à discerner. Les facteurs principaux sont cités ci-dessous, mais de manière relativement schématique. En réalité, les facteurs interagissent les uns avec les autres de manière extrêmement complexe. Problématique foncière. Les problèmes dřaccès à la terre sont au cœur des conflits dans lřEst de la RDC à tous les niveaux - à commencer par les disputes au sein dřune même famille autour de lřhéritage foncier, et qui ont de temps à autre provoqué des violences. Les conflits entre agriculteurs et éleveurs sur lřutilisation des terres fertiles limitées sont très répandus. Le problème foncier est, principalement, un problème de gouvernance : de grandes quantités de terres sont dans les mains des grands propriétaires fonciers, alors que la majorité des agriculteurs nřont aucun titre sur la terre quřils cultivent.13 Crise de légitimité de l’autorité coutumière. Comme lřaccès au pouvoir coutumier est devenu un des rares moyens pour sřassurer le contrôle des terres, la question de la terre joue aussi dans les conflits Les conséquences de la présence de groupes armés au Nord Kivu sont bien connues et documentées. Voir Human Rights Watch, 2002 ; 2004 ; IRC, 2008. 12 OCHA, 2009. 13 Sur la problématique foncière dans lřEst de la RDC, voir Pottier, 2003 ; Van Acker 2000, 2005 ; Vlassenroot et Huggins, 2004. 11 20 | P a g e UNICEF et Search for Common Ground internes à lřautorité coutumière. Il y a typiquement une pluralité de prétendants, chacun ayant ses propres arguments pour revendiquer sa légitimité, et souvent ils utilisent la violence. Une perception répandue parmi la population est quřil y a aujourdřhui une dégradation prononcée des pratiques coutumières, un affaiblissement du pouvoir coutumier et une incapacité des autorités coutumières à jouer leur rôle dřarbitre dans la résolution des conflits communautaires. Méfiance interethnique. Pratiquement tous les groupes armés dans l'Est de la RDC sont constitués autour dřune identité ethnique, sřopposant à une menace, réelle ou perçue, venant des Ŗautresŗ groupes. La méfiance entre groupes ethniques, même quand elle ne devient pas violente, constitue un facteur omniprésent dans toutes les relations sociales et politiques dans lřEst de la RDC. Cette méfiance se manifeste surtout vis-à-vis de groupes considérés comme « étrangers », tels que les Banyarwanda au Nord Kivu et les Banyamulenge au Sud Kivu, mais également au sein du groupe des rwandophones, en particulier entre Hutu et Tutsi au Nord Kivu 14. Malgré leurs causes de départ, notamment lřautodéfense de leurs communautés et de leurs intérêts, dans les années passées les groupes armés ont souvent relégué cette mission initiale au second plan et sont devenus des organisations armées autosuffisantes et génératrices de revenu : souvent, ils attaquent et pillent les mêmes communautés quřils sont censés protéger, et établissent des alliances opportunistes avec dřautres groupes armés de différentes origines ethniques, si cela sert leurs intérêts. Trois éléments sont fondamentaux à cet égard. Richesses minières. Tous les groupes armés, à des degrés divers, sont impliqués dans l'exploitation des immenses ressources minières de l'Est de la RDC, formant souvent des alliances volatiles avec un autre groupe, et souvent avec lřappui des pays voisins qui ont aussi leurs propres intérêts dans lřexploitation minière. Bien que lřexploitation minière ne soit pas une motivation originale pour le déclenchement de ces guerres, elle est devenue aujourdřhui plus importante, pour certains acteurs, que les motivations originelles des conflits, comme lřa reconnu le Groupe dřExperts des Nations Unies.15 Main d’œuvre pour la violence. Dans lřEst de la RDC, il nřy a pratiquement aucune possibilité d'emploi salarié, sauf pour les organisations internationales et les ONGs. Les seules options qui s'offrent aux jeunes sont, pour la plupart, l'agriculture de subsistance, elle-même rendue très difficile par la rareté des terres et par les méthodes archaïques de production, ainsi que le travail dans les mines, travail souvent laborieux et peu lucratif pour les petits ouvriers ou journaliers. Dans ce contexte, le coût dřopportunité de rejoindre les groupes armés est minime. Pour les jeunes désœuvrés, rejoindre un groupe armé peut être une stratégie de survie parfaitement logique, surtout quand elle est liée à un certain prestige et à la légitimité du combat pour la Řbonneř cause de la défense de sa communauté ethnique. Dans un climat où les enfants sont déjà inculqués de stéréotypes et de préjugés ethniques, il est dřautant plus facile de mobiliser les jeunes autour de revendications ethniques. Faiblesse de l’Etat. Lřincapacité de lřEtat congolais à jouer son rôle de gestionnaire des affaires sociales et dřarbitre impartial dans les conflits sociaux représente un leitmotiv dans la littérature et dans les analyses politiques. Souvent surnommé « Etat fantôme » ou « prédateur», lřEtat congolais nřa, depuis lřindépendance, jamais été capable dřétablir des institutions solides qui pourraient aujourdřhui agir comme un contrepoids aux groupes armés. L'armée et la police ne sont pas suffisamment formées, équipées ou payées, et sont souvent les responsables de tracasseries plutôt que les protecteurs de la population. On observe une « privatisation » généralisée des fonctions de lřEtat, et les services sociaux sont fournis presque exclusivement par des agences onusiennes ou des Sur la question identitaire, voir en particulier Jackson, 2006 ; Vlassenroot, 2002 ; Willame, 1997. Sur le rôle des richesses minières dans le financement des conflits au Congo, voir Kippin, 2008 ; Global Witness, 2005, 2006, 2009 ; Human Rights Watch, 2005 ; Pourtier, 2004 ; United Nations, 2001, 2002, 2008. 14 15 Etude sur la sensibilité aux conflits du Programme PEAR Plus P a g e | 21 ONG internationales. Dřune certaine manière, les groupes armés jouent une fonction quasi-étatique dans leurs zones de contrôle et comblent ainsi le vide créé par lřabsence de lřEtat.16 Soutien des pays voisins. Le « facteur régional » est une des dimensions les plus analysées des conflits dans lřEst du Congo Ŕ en particulier le rôle joué par le Rwanda et lřUganda, et, dans une moindre mesure, le Burundi. Des individus influents au sein du gouvernement rwandais sont soupçonnés dřavoir de forts intérêts politiques et économiques et miniers au Nord et au Sud Kivu, tandis quřils justifient leur assistance par leur devoir de défendre la population Tutsi des attaques des autres communautés et de prévenir un nouveau génocide. 17 Alors que lřhistoire des conflits diffère quelque peu dans les trois provinces qui ont fait lřobjet de cette étude, les principaux facteurs sont très similaires: une compétition constante et croissante pour lřaccès à la terre, imbriquée avec une manipulation des identités ethniques à lřépoque coloniale et postcoloniale. Dans tous les cas, la situation a été déstabilisée encore davantage par les intérêts politiques et économiques des pays voisins.18 4.3 STRATEGIES DE CONSTRUCTION DE LA PAIX DANS LřEST DE LA RDC Lřaccord de paix conclu en 2002 à Sun City, Afrique du Sud, a mis fin à la guerre de 1998, dite « deuxième guerre du Congo », et a ouvert la voie à une transition démocratique, sans cependant arrêter la violence dans les provinces de lřEst du pays. A partir de la fin 2007, une série de stratégies de construction de la paix ont été adoptées et mises en œuvre (voir Encadré 3 pour une synthèse). Encadré 3 : Initiatives politico-diplomatiques pour la paix dans l’Est de la RDC Communiqué conjoint de Nairobi (Novembre 2007). Adopté par le Gouvernements de la RDC et du Rwanda, le Communiqué engage les deux pays à collaborer contre les « groupes armés dřorigine étrangère » et notamment les FDLR. Conférence pour la Paix, la Sécurité et le Développement (Janvier 2008). La Conférence, tenue à Goma avec la participation des principaux groupes rebelles actifs dans le Nord et le Sud Kivu (à l'exception des FDLR), a abouti à lřadoption dřun Acte dřEngagement, qui engage les parties à une cessation immédiate des hostilités sur toute l'étendue des deux provinces, le Nord et le Sud Kivu, et à s'abstenir de commettre des actes nuisibles à la paix et à la sécurité. Programme Amani (lancé en Janvier 2008). Le Programme Amani (ou Ŗpaixŗ en Swahili) est une initiative du gouvernement congolais ayant comme objectif dřaccompagner le processus politique et de jeter les bases pour la sécurisation, la pacification et la reconstruction des provinces du Nord et du Sud Kivu. United Nations Security and Stabilization Support Strategy (UNSSSS, initié en Juillet 2008). LřUNSSSS, dont lřidée originelle était conçue même avant la Conférence de Goma comme « stratégie de sortie » de la MONUC, constitue un programme intégré des Nations Unies pour renforcer la sécurité, promouvoir la restauration de lřEtat et créer les conditions dřun développement durable dans des endroits clés de lřEst de la RDC affectés par les conflits, notamment dans le district de lřIturi, dans les provinces du Nord et du Sud Kivu, dans la province du Maniema et dans le Nord de la province du Katanga. LřUNSSSS sřarticule autour Pour une analyse récente du rôle de lřEtat congolais, voir Trefan, 2009. Sur le poids de la dimension régionale dans les conflits au Congo, voir Eriksen, 2005 ; Mathieu-Willame, 1999 ; Prunier, 2009. 18 Voir lřannexe 1 pour un aperçu des causes des conflits dans lřEst de la RDC. Voir aussi PNUD/CPAP, 2008a ; 2009. 16 17 22 | P a g e UNICEF et Search for Common Ground de 4 composantes Ŕ la sécurité, la restauration de lřautorité de lřEtat et le retour des réfugiés et déplacés et la relance communautaire. Plan de Stabilisation et Reconstruction de l’Est de la RDC (STAREC, lancé en juin 2009). Le STAREC vise à la consolidation des acquis des opérations militaires, le rétablissement de lřautorité de lřEtat, la sécurisation des populations civiles, lřintégration des déplacés et réfugiés et la relance économique à lřEst. Le plan, avec une durée initiale de six mois, comprend 3 composantes (sécuritaire, humanitaire et sociale, et de stabilisation et relance économique). Il couvre le Haut Uele, lřIturi, le Nord et Sud Kivu, le Maniema et le Nord Katanga. Le STAREC prend comme point de départ lřUNSSSS, dans une perspective dřappropriation nationale. Les priorités de lřUNSSSS sont étendues pour couvrir dřautres zones géographiques au delà des « axes prioritaires » et dřautres secteurs dřintervention au delà des composants de lřUNSSSS. LřUNSSSS va être ajusté pour devenir un cadre dřappui au STAREC. Ces initiatives politico-diplomatiques nřont pas pour autant arrêté les conflits dans lřEst de la RDC. Au Nord Kivu, la violence a de nouveau éclaté en août 2008, et encore en novembre de la même année, lorsque le CNDP a saisi de larges terrains dans les territoires de Masisi et Rutshuru et a avancé jusquřaux portes de la ville de Goma. Le lancement d'une opération militaire conjointe de la RDC et du Rwanda contre les FDLR (opération Umoja Wetu, ou « notre unité » en swahili) au début de lřannée 2009, et l'arrestation par les forces rwandaises du leader du CNDP, Laurent Nkunda, ont une fois de plus suscité l'espoir d'un avenir plus pacifique. Toutefois, dřaprès de nombreux observateurs, lřopération Umoja n'a pas résolu le problème des FDLR, mais lřa simplement déplacé ailleurs. La majorité des forces des FDLR se sont éparpillées dans les forêts de Walikale et du Lubero et surtout au Sud Kivu, provoquant une augmentation de l'insécurité dans la partie nord de la province (surtout dans les territoires de Shabunda et Kalehe, et dans une moindre mesure au Mwenga et Walungu). Lřimpact de ces initiatives a été limité pour lřinstant en raison de deux contraintes majeures. En premier lieu, les stratégies de construction de la paix à ce jour se sont penchées presque exclusivement sur la question des groupes armés. Elles prônent une solution militaire et comptent sur les alliances avec les puissances régionales (Rwanda et Uganda), adoptant de facto leurs intérêts dans la poursuite des FDLR. Pourtant, les conflits dans lřEst de la RDC sont beaucoup plus complexes et profondément enracinés dans des enjeux locaux liés à la compétition pour le contrôle des terres et dřautres ressources ainsi que le pouvoir politique. Deuxièmement, l’attention portée à ces conflits au niveau local a été insuffisante, et les efforts dans ce domaine ont été sur une moindre échelle et de façon peu systématiques. En ce qui concerne les programmes de réconciliation et de construction de la paix, le niveau local ou « micro » des conflits est resté largement le domaine des organisations de base locales, parfois soutenues par des acteurs internationaux. Toutefois, ces interventions sont typiquement menées à petite échelle, avec peu de perspectives de durabilité, et sans structure organisationnelle stable ou stratégie de long terme. Par exemple, alors quřil y a une pluralité dřefforts de « médiation » et de « résolution informelle des conflits » autour des questions foncières, on ne retrouve pas de stratégie cohérente à travers les provinces pour aborder ces conflits. Il est donc révélateur que lřon vienne juste de commencer, en 2009, à travers quelques programmes du PNUD et de lřUNHCR en collaboration avec lřUN Habitat, à aborder les questions épineuses des conflits autour de lřaccès à la terre, ou pour la succession au pouvoir coutumier. 4.4 IMPLICATIONS POUR LE PEAR PLUS Sur la base de cette analyse des causes des conflits en RDC, nous pouvons entamer une réflexion sur le rôle que le PEAR Plus pourrait jouer et comment il pourrait se situer par rapport aux deux niveaux, le micro et le macro, et aux deux dimensions du Řne pas nuireř et de la construction de la paix. Le tableau suivant offre une telle réflexion sur la contribution potentielle du PEAR Plus dans les tentatives de mitigation ou de résolution des conflits : Etude sur la sensibilité aux conflits du Programme PEAR Plus P a g e | 23 Tableau 3 : Causes des conflits et impact potentiel des interventions PEAR Plus Contribution Niveau ŘMicroř Causes Problématique foncière Crise de l’autorité coutumière Méfiance interethnique Richesses minières Main d’œuvre pour la violence Faiblesse de l’Etat Soutien des pays voisins potentielle du PEAR Plus Niveau ŘMacroř Ne pas nuire Construction de la paix Ne pas nuire Construction de la paix Impact direct Impact indirect Impact direct Impact indirect Non Non Impact direct Non Impact direct Impact direct Impact direct Impact indirect Non Non Non Non Impact direct Impact direct Impact indirect Impact indirect Impact direct Impact indirect Impact direct Impact indirect Non Non Non Non Comme indiqué dans le tableau, le PEAR Plus (en vertu de son mandat et de ses domaines d'activités) n'a pas d'impact lřesprit direct sur plusieurs dimensions clés concernant les conflits en RDC. Il faut garder à cette considération, pour être conscients de ce qui est réaliste dans le cadre du PEAR Plus. 24 | P a g e UNICEF et Search for Common Ground 5. Résultats de lřEtude C ette section donnera un aperçu des principaux résultats de cette étude dřévaluation du programme PEAR Plus et discutera leurs implications pour la sensibilité aux conflits du programme dans lřavenir. 5.1 SYNTHESE DES PRINCIPAUX RESULTATS Cinq observations majeures sont ressorties de cette étude: la non-prise en compte de la sensibilité aux conflits dans la conception du PEAR Plus ; le manque de données et dřanalyse systématique des conflits ; le contournement des zones conflictuelles; la manière improvisée du PEAR Plus de traiter les conflits locaux ; et les défis liées à une méfiance généralisée de lřaction humanitaire de la part de la population et des autorités. Résultat 1: La sensibilité aux conflits n’a pas été prise en compte dans la conception du PEAR Plus Le PEAR Plus est un programme de transition dřune situation dřurgence à des solutions plus durables pour faciliter la réintégration des rapatriés récents dans leurs communautés dřorigine. Par sa nature, il aborde donc les conséquences des conflits et non leurs causes. Dřaprès les acteurs impliqués dans la conception du programme, la question de comment le programme pourrait aborder les conflits ou si le programme serait sensible aux conflits nřa pas explicitement fait lřobjet des discussions programmatiques initiales. Par conséquent, au niveau du principe de Řne pas nuireř, la formulation du projet nřa pas prise en considération la possibilité que le PEAR Plus puisse avoir des conséquences négatives sur les dynamiques des conflits, ni au niveau micro ni au niveau macro. Même si quelques interlocuteurs lors des interviews ont mentionné le concept de Řne pas nuireř, ils ont admis que le concept nřavait pas été pris en compte dans la conception du programme. La réconciliation et la construction de la paix ont été identifiées comme objectifs transversaux dans le document programmatique originel du PEAR Plus. 19 Le document indique également que lřUNICEF utiliserait les analyses des conflits déjà menées par dřautres acteurs (par ex. le PNUD) pour identifier des activités qui pourraient contribuer de manière significative aux objectifs de construction de la paix et de la réconciliation communautaire. Au cours des consultations, il nřy avait pas dřindication quřune analyse approfondie des 19 Voir UNICEF, 2008b: 20. Etude sur la sensibilité aux conflits du Programme PEAR Plus P a g e | 25 conflits ait été systématiquement utilisée dans lřélaboration du PEAR Plus. Le document programmatique précise également que l'UNICEF utilisera des groupes de bénéficiaires (ex : femmes, jeunes) comme « agents de paix », avec des interventions programmatiques ciblées. Ainsi, lřéducation à la paix reste la seule activité dans le PEAR Plus qui vise spécifiquement la construction de la paix, attaché au volet éducation. La contribution à la mitigation voire résolution des conflits du PEAR Plus est indirecte, à travers son apport à la construction de la paix globale dans le cadre de lřUNSSSS. Selon la logique de lřUNSSSS, le pilier Řrelèvement précoceř (Řearly recoveryř) est un des quatre éléments clés pour arriver à la stabilisation de la RDC, notamment les volets politique, sécuritaire, et la restauration de lřautorité de lřEtat. La logique derrière ce raisonnement est simple : sans retour dans leurs zones dřorigine et sans quřils y trouvent des moyens de survie et une infrastructure de base incluant lřaccès à lřeau potable, une éducation pour leurs enfants et une couverture médicale minime, les rapatriés ne vont pas rester dans leurs milieux dřorigine, mais plutôt migrer vers dřautres zones ou ces services de base existent, ce qui accroîtrait les tensions dans ces zones, souvent déjà fortement peuplées et permettrait aux groupes armés de contrôler les zones rurales plus facilement. Tableau 4 : Le PEAR Plus et la Sensibilité aux Conflits Ne pas Nuire Niveau « micro » Pas systématique dans la conception du programme Improvisée dans lřaction du terrain Niveau « Macro » Résultat 2 : Pas dřattention explicite au principe « ne pas nuire » Construction de la Paix Pas systématique Seule intervention de construction de la paix : Education à la paix Supposition dřune relation « automatique » entre réintégration et construction de la paix Le PEAR Plus manque de données et d’analyse systématique des conflits Les informations pertinentes sur les dynamiques conflictuelles dans les communautés dřintervention recueillies par le monitoring protection ainsi que par les MSA ont été suffisantes pour informer les responsables et agents du terrain du programme PEAR Plus pour une exécution efficace de leurs activités. Pourtant, même si le PEAR Plus opérait dans les zones de tensions intercommunautaires, les informations récoltées actuellement sur les conflits dans le cadre du monitoring protection et des MSA ne seraient pas suffisantes pour un engagement actif dans la construction de la paix. Pour cela, il faudrait des informations plus détaillées à tous les niveaux : sur les acteurs Ŕ individus et groupes Ŕ leurs intérêts, les localités, la nature exacte des conflits, une brève histoire des tensions existantes ainsi que des tentatives précédentes de résolution des conflits. Le monitoring protection, qui sřest concentré sur les manifestations des conflits, notamment la situation sécuritaire, la présence de groupes armés, et les incidents de violations des droits humains, et les MSA sur la situation humanitaire, ne sont pas en position de fournir des renseignements détaillés sur les causes des conflits. La façon dont les informations sont recueillies et la qualité des données qui sont disponibles pour les responsables des programmes et qui influencent la stratégie programmatique et la mise en œuvre des programmes PEAR et PEAR Plus, ont un impact sur la sensibilité aux conflits desdits programmes sur plusieurs niveaux. Dřabord, si les informations sur les dynamiques conflictuelles sur place ne sont pas correctes, soit parce quřelles sont incomplètes, soit parce quřelles ne sont plus dřactualité, lřassistance peut facilement mettre les bénéficiaires en danger, en faisant des cibles pour les groupes armés. Cette situation mettrait également 26 | P a g e UNICEF et Search for Common Ground en danger les agents de terrain des ONG partenaires. De plus, le ciblage de certaines zones et populations à lřexclusion des autres est souvent interprété comme une prise de position en faveur dřune communauté au détriment des autres groupes et pourrait entraîner des hostilités contre les ONGs ou leurs employés. En tout état de cause, il nřest jamais avantageux pour une ONG humanitaire ou de développement dřêtre perçue comme partiale, car cela rend son aide moins efficace, et rend également la tâche des organisations à contribuer à la construction de la paix plus difficile, voire impossible. Encadré 4 : Instruments clés de collecte des données sur les conflits Les évaluations multisectorielles Ŕ mieux connues sous leur acronyme anglais MSAs (Multi-Sectoral Assessments) Ŕ sont une des composantes-clé du programme PEAR. Elles offrent une description détaillée des besoins humanitaires dans les zones concernées. Les résultats des MSA sont partagés avec les organisations membres du Cluster retours et relance communautaire au niveau provincial et national pour mieux cibler les interventions des acteurs humanitaires et pour fournir une base pour le suivi de lřassistance donnée. La plupart des MSA sont disponibles en ligne sur la page web du PEAR et ainsi sont accessibles à tous les autres acteurs humanitaires (www.pear.cd) . En dehors des MSA « standards », les partenaires du PEAR mènent aussi des évaluations rapides, dans la foulée dřune crise, dès que la situation sécuritaire permet lřaccès à la zone. Les partenaires du PEAR ont mené 862 évaluations rapides et 198 évaluations multisectorielles dans 940 localités de lřEst de la RDC depuis novembre 2006. Le monitoring protection est un outil de renseignement et de collecte des données sur la situation sécuritaire et le respect des droits des déplacés sous lřégide du Haut Commissariat pour les Réfugiés pour le compte du Cluster protection du système des Nations Unies. Le HCR a contracté plusieurs ONG internationales et congolaises pour la mise en œuvre de la collecte systématique et continue de données sur la protection des civils, surtout des enfants et des femmes (voir tableau ci-dessous). Les zones évaluées sont choisies par le Cluster en fonction des besoins dřinformation sur la situation sécuritaire et des droits humanitaires dans des secteurs spécifiques, y compris les zones de déplacement et de retour. Chaque analyse est composée dřun « scoring » quantitatif, mais aussi dřune analyse narrative. Les données sont collectées sur la base dřun questionnaire qui, en quelques questions, essaie de donner un aperçu global de la situation sécuritaire actuelle et de lřéventualité que la contrée reste calme à lřavenir. Le score de Řdurabilitéř (entre 0 et 16) comprend des informations sur la présence des autorités de lřEtat, des groupes armés, sur les relations entre les groupes armés et sur la possibilité dř opérations militaires. Organisations chargées de collecte des données : Ituri PEAR – MSA Solidarités Monitoring Protection Oxfam Quebec Nord Kivu NRC NRC Sud Kivu AVSI Arche dřAlliance Pain pour les Déshérités. Cette information sur les conflits existe, cependant, souvent auprès des agents de terrain des organisations partenaires du PEAR et PEAR Plus, certains dřentre eux, surtout ceux dont la base opérationnelle est proche ou dans les communautés dřintervention, étant familiers des dynamiques conflictuelles locales. Il faudrait donc créer un forum ou un mécanisme pour mieux capturer cette information de manière systématique et analytique pour instruire la conception et la mise en exécution des programmes de réconciliation ou de mitigation des conflits locaux. Dans ce contexte, certains aspects du programme CDR/Tuungane de lřIRC au Sud Kivu pourraient servir de modèle pour une collecte de données rigoureuse avec la collaboration des communautés dřintervention et sous supervision de chercheurs internationaux. Pourtant, même le programme CDR se concentre principalement sur lřimpact des interventions sur les Etude sur la sensibilité aux conflits du Programme PEAR Plus P a g e | 27 indicateurs humanitaires et de développement socio-économique et non sur les dynamiques conflictuelles locales. Résultat 3 : Le PEAR Plus contourne les zones des conflits pour travailler dans les zones sans conflits majeurs Le processus de prise de décision pour sélectionner les zones dřintervention du programme est tel quřune combinaison des priorités de sécurité et de durabilité triomphe sur les critères humanitaires et sur dřautres critères, comme la gravité des tensions intercommunautaires. Par conséquent, un des résultats cruciaux de cette étude est la conclusion que le PEAR Plus « contourne » (voir encadré 5 ci-dessous pour une explication du concept) les zones aux conflits aigus et travaille dans des zones largement pacifiées, sans tensions interethniques majeures. Une exception à cette stratégie actuelle qui évite les zones conflictuelles pourrait être lřaxe FiziMinembwe dans le Sud Kivu. Lors des consultations menées par lřéquipe au Sud Kivu en juillet 2009, lřUNICEF entretenait des réflexions sur la possibilité de choisir cet axe prioritaire de lřUNSSSS comme zone dřintervention du PEAR Plus. Depuis, selon les responsables de lřUNICEF, des discussions ont eu lieu avec lřIRC au Sud Kivu pour explorer comment intervenir dans ces zones. Ceci serait un développement significatif, car la zone comprend une population importante de Banyamulegwe qui, jusqu'à présent, a été largement exclue de l'assistance humanitaire. Encadré 5 : Conflits et Interventions Le chercheur britannique Jonathan Goodhand propose un schéma de trois façons dont les interventions extérieures pourraient agir sur les dynamiques conflictuelles : Contourner les conflits («working around conflict») : Les bailleurs évitent de traiter des conflits ou les traitent comme une externalité négative quřils ne peuvent pas influencer… Dans les lieux où il y a conflit ouvert, les bailleurs retirent leur soutien et arrêtent les programmes dřassistance au développement. Travailler dans les conflits («working in conflict») : Les bailleurs acceptent quřil est nécessaire dřêtre plus sensible aux dynamiques conflictuelles et adoptent des stratégies et programmes appropriés…Ces programmes ne sřattaquent pas aux conflits à court terme, mais pourraient réduire la prédisposition aux conflits du pays dřintervention. Travailler sur les conflits («working on conflict») : Cela nécessiterait une concentration explicite sur la gestion et la résolution des conflits. Cela entraînerait également des programmes qui sřattaquent en même temps à la cupidité des individus et aux injustices qui motivent les rébellions, par le biais de programmes qui limitent les opportunités de sřenrichir comme les lois et régulations internationales, des conditions attachées à lřassistance extérieure ou la création dřopportunités de générer des revenus alternatifs pour ceux qui ont profité des conflits. Goodhand, Jonathan. 2001. Violent Conflict, Poverty and Chronic Poverty. Manchester,UK: Chronic Poverty Research Center Working Paper 6, May 2001. Disponible au http://www.chronicpoverty.org/uploads/ publication_files/WP06_Goodhand.pdf Critères de sélection des zones dřintervention du PEAR Plus Les zones dřintervention du PEAR Plus ont été choisies en fonction de plusieurs critères et en plusieurs étapes. Au cours de cette étude, il est apparu que les opinions sur la hiérarchisation des critères de sélection des zones divergent parmi les différents acteurs du PEAR Plus. 28 | P a g e UNICEF et Search for Common Ground Parmi les critères de sélection des zones dřintervention mentionnées lors des entretiens avec les acteurs du PEAR Plus, on trouve les suivants : Situation sécuritaire Localisation sur les axes prioritaires de lřUNSSSS ; Fort degré de Ŗdurabilitéŗ des retours Retours nombreux, vulnérabilité de la population et besoins humanitaires urgents Précédentes activités du PEAR y compris MSA et distribution NFI Même sřil est vrai que tous ces critères jouent un rôle dans la prise de décisions sur les milieux dřintervention du PEAR Plus, il nřy a pas de hiérarchisation claire entre les critères, ce qui a contribué à la priorisation de critères divergents entre les provinces et les zones PEAR Plus. Situation sécuritaire Evidemment, les zones potentielles dřintervention doivent être accessibles physiquement et, surtout, au niveau de la sécurité. Etant donné lřinstabilité latente ou ouverte dans plusieurs régions de lřEst de la RDC, les interventions PEAR Plus (et même les interventions PEAR) ne sont envisageables que dans les zones largement sécurisées, cřest-à-dire sans combats ou groupes armés actifs et sans hostilités récentes ouvertes. Il faut noter que lřUNICEF a été très consciente du risque que lřétablissement du PEAR Plus dans un endroit en particulier pourrait donner à la population déplacée une fausse assurance de sécurité, et donc encourager les retours dans des zones encore très dangereuses pour la population. Ce risque a été particulièrement présent au Nord Kivu, par rapport au Sud Kivu et à lřIturi. Pendant les entretiens conduits à Goma, plusieurs représentants des agences humanitaires ont déploré la tendance du gouvernement et de la MONUC à déclarer « sécurisées » des zones qui sont encore à haut risque de violence. Selon plusieurs interlocuteurs, cette tendance serait aussi le résultat de la volonté des bailleurs de passer à une phase « post-conflit », en dépit de la persistance de tensions et de la présence de groupes armés dans de nombreuses contrées du Nord Kivu. Localisation sur les axes prioritaires de l’UNSSSS Dřaprès le document programmatique du PEAR Plus, le programme sřinscrit explicitement dans le cadre du plan de stabilisation des Nations Unies, et il y a une perception parmi les différents acteurs du PEAR Plus que le choix des zones dřintervention du programme serait prédéterminé dans le sens où elles devraient être localisées sur les axes prioritaires définies par lřUNSSSS. 20 Dans le même temps, il y a un souci de la part de lřUNICEF de maintenir un Ŗespace humanitaireŗ pour le programme, sans dépendre dřune manière trop directe des priorités politiques et diplomatiques et de sřassurer que lřassistance est donnée aux rapatriés seulement quand la situation est durable. Cette tension crée une certaine confusion en ce qui concerne la sélection des sites d'intervention. En réalité, la quatrième composante de lřUNSSSS (Retour et Réintégration) nřest pas forcément liée aux axes prioritaires. Parmi les critères de sélection des lieux dřintervention énumérés dans le document UNSSSS, on trouve les suivants21 : Zones pacifiées sans combats ; Les axes prioritaires définies par lřUNSSSS sont les suivants : Ituri : axe Bunia-Gety-Boga ; Nord Kivu : axes Masisi-Sake et Rutshuru-Ishasa ; Sud Kivu Ŕ axes Bukavu-Hombo, Bukavu-Walungu-Shabunda, et FiziMinembwe. 21 Voir UNSSSS Integrated Strategic and Programmatic Framework - Component 4: Return, Reintegration and Recovery, Draft of 14 June, 2008, p. 5. 20 Etude sur la sensibilité aux conflits du Programme PEAR Plus P a g e | 29 Zones déclarées Řdurablesř par le «monitoring protection » ; Zones dans lesquelles les conflits risquent de rebondir à cause de la circulation continue des armes, dřun fort taux de criminalité et des tensions entre groupes ethniques ; Zones à proximité des conflits en cours (à moins de 100km) ; Zones qui font parties des localités prioritaires identifiées par le Cluster Retour et Relance Communautaire. LřUNSSSS permet donc aux agences de lřONU de choisir des zones qui correspondent à une multitude de critères. Ce sont des critères assez similaires aux principes établis par le PEAR Plus, avec un accent plus prononcé sur lřimportance de choisir des zones « à risque » dans lesquelles les conflits pourraient rejaillir dans lřavenir sans intervention de réconciliation et de construction de la paix. Si on regarde les zones dřintervention de la phase pilote du PEAR Plus, cřest seulement dans le Sud Kivu quřelles se trouvent autour des axes prioritaires de lřUNSSSS. En Ituri et au Nord Kivu, les zones dřintervention du PEAR Plus sont très éloignées des axes prioritaires. Fort degré de “durabilité” des retours Lřévaluation rapide de monitoring protection est, la plupart du temps, la première étape dans le processus de détermination des zones où intervenir dans le cadre des programmes PEAR et PEAR Plus. Les zones évaluées par les agences de monitoring protection sont choisies par le cluster en fonction des besoins dřinformation sur la situation sécuritaire, des droits humains et humanitaires dans des secteurs spécifiques, y compris dans les zones de déplacement et les zones de retour. Chaque évaluation est composée en partie du « scoring » quantitatif, mais aussi dřune analyse narrative pour donner plus de détails sur la situation sécuritaire et de protection non capturée par les indicateurs numériques. Au Nord Kivu, le monitoring protection est utilisé de manière systématique pour la détermination des zones dřintervention du PEAR et par conséquent du PEAR Plus 22 . Au Sud Kivu, à cause du système de monitoring protection sur la base de rapports continus des agents de terrain, les décisions sur la priorisation des zones dřintervention sont basées moins sur des critères numériques que sur des jugements subjectifs des agents de terrain et des partenaires de protection. Par rapport à la sensibilité du PEAR Plus aux conflits, les zones priorisées par le PEAR sont les zones les plus Řdurablesř. Par exemple, au Nord Kivu, les interventions PEAR de la NRC se sont concentrées tout dřabord sur le territoire de Beni, qui a été pacifié depuis 2003 et nřa pas été touché par la campagne du CNDP depuis 2007 et nřest pas non plus un refuge important pour les FDLR. Le territoire est majoritairement Nande et ne connaît pas de conflits autour de lřoccupation des terres ou du contrôle des ressources minérales comme les territoires du ŘPetit Nordř (Masisi, Rutshuru, Walikale). Par conséquent, le territoire de Beni a également été choisi comme première zone cible du PEAR Plus. Evidemment, dans un programme de transition qui est bâti sur un engagement des communautés comme le PEAR Plus, il faut un degré de stabilité dans les communautés ciblées qui permette la réalisation dřune vision à moyen ou plus long terme. La mise en œuvre dřun programme de relance communautaire comme le PEAR Plus serait difficile ou même impossible dans des zones aux tensions aiguës. Pourtant, en évitant non seulement les zones Řchaudesř, cřest-à-dire les zones de tensions accrues ou de présence des groupes armés, mais aussi dans des zones où on trouverait des tensions intercommunautaires ou des conflits fonciers, le PEAR Plus sřest privé dřune opportunité dřavoir un impact positif sur la mitigation des conflits et la réconciliation intercommunautaire. Plus précisément, le programme PEAR interviendra dans les zones qui auront au moins un score de durabilité de 9. Les zones aux scores entre 9 et 12 recevront une intervention PEAR light et les zones aux scores entre 13 et 15 auront une intervention PEAR. Seulement les zones les plus durables, cřest-à-dire qui atteignent un score de 16, seront considérées pour une assistance dans le cadre du Programme PEAR Plus. 22 30 | P a g e UNICEF et Search for Common Ground Retours nombreux, vulnérabilité de la population et besoins humanitaires urgents Pour les cadres de lřUNICEF impliqués dans la conception du PEAR Plus, la priorité dans le choix des zones dřintervention avait été donnée aux zones à forts retours récents et aux zones ayant des indicateurs humanitaires préoccupants, sur la base dřinformations fournies par les MSA existants. Pourtant, malgré les efforts pour donner priorité aux critères de retour et de besoins humanitaires urgents, il reste un certain nombre de questions sur la mise en application de ces critères à définition souple. Premièrement, le concept de Řretourř est un concept bien flou dans un contexte dřinstabilité récurrente, où les déplacements sont fréquents et où les civils sont des déplacés internes un jour et deviennent des rapatriés le lendemain quand la situation sřest calmée. Les concepts de Řdéplacésř et de Řrapatriésř sont particulièrement difficiles à appliquer dans les cas où les déplacés restent dans les alentours de leurs communautés dřorigine ou dans des familles dřaccueil dans les milieux urbains. De la même manière, il nřest pas toujours évident de savoir si on peut classer comme Řrapatriésř les personnes qui ont migré dřun endroit de déplacement dans une localité près de leur communauté dřorigine, mais quřon empêche de rentrer dans leur village dřorigine à cause de lřoccupation de leurs maisons ou de leurs terres ou même à cause de la présence persistante de groupes armés. Dans de telles situations, le ciblage des ménages de « retours récents » par rapport à dřautres ménages peut être controversé et peut provoquer de nouvelles tensions entre les rapatriés récents et ceux qui sont restés sur place ou qui sřétaient réinstallés il y a plus longtemps. Ainsi la situation que lřéquipe dřévaluation a rencontré sur le terrain dans les zones PEAR Plus actuelles (en Ituri) ou prospectives (au Sud Kivu) reflètent cette ambiguïté du concept de retour. Tandis que les responsables de lřUNICEF nous ont assuré que les zones ont été choisies en grande partie à cause de la présence importante de rapatriés récents, les interlocuteurs dans les communautés déclaraient que la majorité de la population était rentrée il y a deux ou trois ans déjà. Cette information était également en contradiction avec les renseignements trouvés dans les MSA. Deuxièmement, la question de lřacuité des besoins humanitaires est marquée par la même ambiguïté. Malgré les affirmations des responsables du PEAR Plus que les zones ciblées étaient choisies en fonction des besoins humanitaires accrues, la réalité sur le terrain ne semble pas toujours valider ces propos. Même une analyse superficielle de la totalité des MSA menés dans lřEst de la RDC démontre clairement quřil y a des besoins humanitaires plus urgents dans dřautres groupements et territoires que ceux choisis par le PEAR Plus.23 Cela indique quřil y a bien dřautres critères, notamment les questions de sécurité et de durabilité, qui ont guidé la prise de décision sur les lieux dřintervention. On peut donc conclure que parmi toutes les zones dřintervention du PEAR, celles où coïncident un environnement politique et militaire stable, un fort taux de retour et des besoins humanitaires urgents ont été sélectionnées pour les interventions du PEAR Plus. Lřargument ici nřest pas de trancher sur la question si une région mérite des interventions plus quřune autre, mais juste de démontrer que lřautomatisme invoqué par les acteurs du PEAR Plus dans la sélection des zones dřintervention sur la base de critères apparemment objectifs cache un choix plus ou moins précis dřintervenir dans certaines zones et non dans dřautres. Activités PEAR précédentes Le PEAR Plus nřintervient que dans les zones dans lesquelles le PEAR a déjà été actif. Par conséquent, le premier triage des zones dřintervention possibles a déjà eu lieu lors du programme PEAR initial, cřest-à-dire des évaluations multisectorielles ainsi quřune distribution des non-vivres ont déjà eu lieu au moment où le PEAR Plus commence ses activités dans une communauté. Par exemple, il faudrait juste comparer les indicateurs humanitaires des MSA menés dans les territoires de Shabunda ou de Fizi et le territoire de Walungu. 23 Etude sur la sensibilité aux conflits du Programme PEAR Plus P a g e | 31 Activités existantes des partenaires exécutifs Dans certaines régions, il y a dřautres critères qui ont été invoqués pour, entre autres, justifier le choix des zones dřintervention. Notamment, au Sud Kivu, les zones dřintervention proposées par lřIRC figurent parmi les zones dřactivités du programme Community-Driven Reconstruction/Tuungane déjà en cours. Selon les responsables de lřIRC, les communautés les plus performantes pendant les étapes précédentes du programme ont été choisies pour les interventions du PEAR Plus. Cela veut dire que, malgré le fait que les zones choisies semblent plus ou moins conformes aux critères multiples de sélection des zones dřintervention du PEAR Plus, le choix des zones dřintervention suit une logique propre aux programmes de lřIRC plutôt quřune logique imposée par lřUNICEF ou le PEAR Plus. Conclusion On en conclut donc que la sélection des zones dřintervention du PEAR Plus est issue de multiples logiques suivant une chaîne de prise de décision illustrée ci-dessous : 1ère étape: sécurité 2ème étape: durabilité • Zone déclaré sécurisé par MONUC/ FARDC 3ème étape: besoins humanitaires • Protection monitoring: • score de durabilité • si durable recommandation pour MSA 4ème étape: préférence de l'ONG exécutive • PEAR • MSA (évaluation multi-sectorielle) • gravité des besoins humanitaires • PEAR Plus A la fin de cette chaîne de prise de décision, le choix des zones a été réduit aux zones les plus sécurisés et les plus durables, cřest-à-dire au final des zones dans lesquelles on ne trouve pas de conflits intercommunautaires ni dřautres conflits ouverts. La perception exprimée par plusieurs acteurs clés du PEAR Plus lors de cette étude que le choix des zones est plus ou moins prédéterminé par les contraintes extérieures et par le cadre de concertation de lřUNSSSS et la concertation humanitaire nřest donc guère correcte. Comme illustré par le tableau 5, la logique et les critères de sélection des zones ont varié dřune province à lřautre, au moins dans la phase pilote du PEAR Plus : Tableau 5 - Les aires d’intervention du PEAR Plus Site PEAR Gravité des besoins humanitaires Zones d’activités existantes des ONG 1 - 2 ans Oui Elevée Non Oui > 2 ans Oui Moyen (inconnu) Oui > 2 ans Oui Moyen Oui Axe UNSSSS Score de durabilité de 16 Retour récent Ituri Non Oui Nord Kivu Non Sud Kivu Oui Ce qui est commun à toutes les zones choisies pour la phase actuelle du PEAR Plus, est que les zones sont toutes affectées par les conséquences des guerres et violences, sans être les lieux où lřon trouverait les dynamiques conflictuelles les plus profondes au cœur des guerres récentes dans lřEst de la RDC. 32 | P a g e UNICEF et Search for Common Ground Pourtant, cette sélection des zones dřintervention nřest guère figée. Elle est, au moins en partie, un choix de la part du bailleur et des organisations de mise en œuvre. Il semblerait quřils disposent dřune marge de manœuvre plus significative quřils ne le croient dans la sélection des lieux ciblés par le programme. Résultat 4 : Les organisations de mise en œuvre du programme traitent des conflits locaux au fur et à mesure et sans approche systématique Etant donnée lřabsence dřune approche systématique pour traiter les conflits, les quelques conflits qui ont surgis dans les zones dřintervention PEAR Plus actuelles ont été abordés par les partenaires de mise en exécution dřune manière réactive et improvisée. Utilisant leur compréhension des milieux locaux et leur expérience dřagents de terrain pragmatiques, ils étaient bien capables de gérer la grande majorité des cas et de résoudre les différends dřune manière acceptable pour tous (voir lřencadré 6 pour un exemple tiré de lřexpérience du PEAR en Sud Kivu, et lřencadré 7 pour un exemple du PEAR Plus en Ituri). Il nřy avait que quelques cas dans lesquels il paraissait difficile, voire impossible, dřenvisager une solution, parce que les problèmes allaient au delà de ce qui pouvait être contrôlé par le projet. Encadré 6 : Distribution des NFI au Sud Kivu Au Sud-Kivu, une distribution de NFI ciblait deux communautés, dont une qui habite à proximité d'une route principale, et l'autre, qui habite loin de la route. A cause du manque d'accessibilité des villages en voiture, la distribution devait se faire sur la route principale. La communauté située plus loin devait passer par le village de la communauté proche de la route principale. Le personnel du PEAR craignait que cela puisse mettre la population en danger, alors qu'ils retournaient à leur village avec les NFI. C'est pourquoi ils ont décidé de mener les deux distributions en même temps plutôt que l'une après l'autre. Ainsi, tout le monde était occupé par la collecte de leurs articles et le risque d'attaques était réduit. Encadré 7: Création des points d’eau en Ituri Les partenaires du PEAR Plus en Ituri ont signalé plusieurs cas de tensions au cours des activités de lřaménagement des points dřeau. En particulier, ils ont fait état de plaintes par les familles qui vivaient trop loin des points dřeau, et ne pouvaient donc pas en bénéficier. Dřaprès le personnel du PEAR Plus, ces tensions ont toujours été calmées sans beaucoup de difficultés, avec un recours aux autorités coutumières, qui ont convaincues les familles à accepter la localisation des points dřeau. Il nřy a, cependant, aucun moyen de savoir si ces tensions ont été effectivement résolues ou simplement temporairement étouffées. Etude sur la sensibilité aux conflits du Programme PEAR Plus P a g e | 33 Résultat 5 : Il y a une méfiance généralisée entre la population, les autorités et les associations humanitaires Lors des discussions avec les autorités, bénéficiaires, et les associations humanitaires on constate une profonde crise de confiance entre les différents acteurs de lřaction humanitaire dans lřEst de la RDC. 24 A priori, lřaction humanitaire est bienvenue parmi les populations congolaises ravagées par la guerre et les violences successives. Pourtant, il y a un sentiment généralisé que lřassistance humanitaire est trop limitée, partiale, et souvent ne sert que les intérêts des organisations humanitaires et de leurs employés eux-mêmes. Parmi les bénéficiaires et la population générale, on se plaint constamment que, comparée au nombre significatif des ONG qui opèrent dans les zones de déplacement et dřinsécurité dans les deux Kivus et en Ituri, lřassistance qui arrive auprès des populations sur place est très limitée. Parmi les victimes des guerres il y a une perception que cřest les organisations humanitaires eux-mêmes qui créent ou contribuent à la création des déplacés. Lřadage Řno Nkunda, no jobř que lřon entend souvent au Nord Kivu suggère quřil y aurait même une symbiose essentielle entre les actions du CNDP et les intérêts présumés des organisations humanitaires à maintenir un climat dřinsécurité pour créer de nouvelles vagues de déplacements, qui, à leur tour, aident à mobiliser davantage de fonds pour une expansion dřune véritable industrie de lřhumanitaire. Encadré 8 : Rumeurs autour de l’assistance humanitaire en Ituri Au début de la crise en Ituri, en 1999, il y avait des rumeurs, mises en circulation par certains membres de la communauté Hema, que lřorganisation Médecins sans Frontières (MSF) avait introduit le cholera dans le but de tuer les enfants Hema. La situation a dégénéré rapidement, et des véhicules de MSF ont été pris en embuscade et attaqués à coups de pierres. En conséquence, lřorganisation avait décidé de se retirer du district en Janvier 2000. Encadré 9 : Conclusions de l’exercice participatif d’analyse des conflits et capacités de paix dans la province du Nord Kivu, conduit par le PNUD et la Cellule Provinciale d’Appui à la Pacification en 2008 Les consultations menées au cours de cet exercice ont porté à la surface un manque de confiance de la population vis-à-vis de la communauté internationale (par exemple : les allégations de complicité entre la MONUC et les groupes armés ; les accusations contre les ONG de gérer le problème des déplacés comme « fonds de commerce » ; la méfiance vis-à-vis de la communauté internationale par rapport à lřemploi du personnel local, etc.). Indépendamment de la fiabilité ou non de ces allégations, cette méfiance est un obstacle qui empêche une véritable collaboration entre les acteurs internationaux et les communautés à la 25 base. Partout dans les zones à forte action humanitaire les bénéficiaires font état des cas de corruption ou de népotisme dans la gestion des fonds ou des biens et matériaux destinés aux populations vulnérables par les De nombreuses manifestations populaires contre la MONUC, surtout lřexplosion de colère violente occasionnelle, comme par exemple en novembre 2007 à Goma, ne sont que lřexpression la plus ouverte de cette méfiance. IRIN. DRC: Peacekeepers wounded during North Kivu protest, 5 novembre 2007; en ligne au http://www.irinnews.org/PrintReport.aspx?ReportId=75158, accédé le 15 août 2009. 25 PNUD, 2009: 55. 24 34 | P a g e UNICEF et Search for Common Ground agents du terrain des grandes ONG internationales ou nationales. Selon ces témoignages, les abus prennent des formes diverses. Parfois les vivres, non-vivres, ou matériaux de construction seraient divertis et vendus sur les marchés locaux par les employés des ONG eux-mêmes ; parfois il y aurait connivence entre les agents des ONG et les autorités coutumières pour une distribution aux groupes loyaux aux chefs locaux plutôt quřaux plus démunis. Dans dřautres cas, il y aurait même un Řrecrutementř des bénéficiaires pour un partage de lřassistance entre les humanitaires et ces bénéficiaires non-légitimes. Dans un tel climat de méfiance, les rumeurs sur les desseins malveillants présumés de la communauté internationale circulent librement (voir lřEncadré 8).26 A cela sřajoute un train de vie de quelques travailleurs expatriés des organisations internationales perçu comme outrageux par les populations locales. Il y a une perception que les expatriés se promènent dans leur Land-cruisers 4x4 pour leur propre plaisir et font la fête le soir dans les restaurants, bars, et boîtes de nuit de Goma ou Bukavu. Dans ce climat de méfiance généralisée, il est difficile, voire impossible pour tout programme dřassistance humanitaire dřopérer sans contribuer aux perceptions que lřassistance humanitaire soutient souvent les inégalités existantes et crée de nouvelles tensions plutôt que de contribuer à leur diminution ou leur résolution. Bien que l'élimination complète de cette méfiance soit impossible, il y a cependant une certaine marge de manœuvre pour améliorer progressivement les perceptions de la population vis-à-vis de la communauté internationale, notamment en améliorant la transparence et la communication dans la fourniture de l'assistance. Il y a également un clivage profond entre les autorités de lřEtat et les acteurs humanitaires partout dans lřEst de la RDC. Les autorités se plaignent régulièrement du manque de transparence de la part des agences humanitaires dans la gestion de leurs budgets et souvent même dans les activités concrètes. Plusieurs représentants de lřEtat rencontrés dans le cadre de cette enquête ont vivement critiqué les organisations humanitaires de vouloir tout contrôler, leur propres budgets, leur programmes, les lieux dřintervention et quřils ne sřassocient aux autorités quřau moment de lřinauguration dřune école ou dřautres infrastructures finies mais pas dans la planification ni dans lřexécution des programmes. Même si les autorités ont fait état des bonnes relations avec les agences internationales, ils déploraient le déséquilibre dans la distribution de fonds entre les ONG internationales et les autorités officielles, mais également le manque de progrès visible même dans les zones où de multiples agences internationales sont actives. Les autorités, en général, partagent lřopinion de la population quřil y a beaucoup de gaspillage de fonds dans les agences internationales et quřil y a un problème de détournement de fonds et enrichissement de leur personnel. On note aussi des cas dans lesquels les agences humanitaires deviennent les Řboucs émissairesř faciles lors des rivalités entre les différentes autorités étatiques. Ces sentiments sont certainement partagés du côté des acteurs humanitaires, qui nřont souvent que peu de regard pour les autorités, quřils jugent corrompues et peu compétentes et desquelles ils ont peur quřelles souhaitent sřimmiscer dans leurs affaires pour exercer un contrôle sur leurs programmes. Cet état des choses est préoccupant surtout par rapport au rôle clé que la reconstruction de lřEtat joue dans la stratégie de construction de la paix de la communauté internationale. Il est difficile dřassister au renforcement de lřautorité de lřEtat quand ses représentants sont écartés et quand ce sont les agences internationales qui tiennent apparemment les rênes de toutes les activités de reconstruction des infrastructures et des services de base. 26 Voir aussi IRIN, 2007. Etude sur la sensibilité aux conflits du Programme PEAR Plus P a g e | 35 5.2 LA SENSIBILITE AUX CONFLITS DES ACTIVITES SECTORIELLES DU PEAR PLUS 5.2.1 Education Dřaprès le document originel du PEAR Plus, lřobjectif du secteur éducation est « [dř]améliorer la qualité de lřéducation et lřaccès à lřéducation dans les zones de retour ». Lřaccès à lřéducation est essentiel dans une perspective de reconstruction et relèvement précoce, considérant que les déplacés fondent souvent leur décision de rentrer sur les opportunités disponibles pour leurs enfants de fréquenter lřécole. En même temps, lřéducation joue un rôle important dans la prévention des conflits et dans la construction de la paix dans lřEst de la RDC à deux niveaux : En premier lieu, lřéducation peut contribuer à réduire le « réservoir de main-dřœuvre» des jeunes nonqualifiés et désenchantés, sans espoir dřun meilleur avenir et prêts à se rendre aux mains des seigneurs de guerre. Pour ce faire, cependant, il est nécessaire que les programmes dřéducation réussissent à toucher les enfants « à risque », comme les enfants démobilisés et les enfants non accompagnés. Il est aussi nécessaire que lřéducation reçue soit de bonne qualité et débouche sur des opportunités de travail. En deuxième lieu, lřéducation peut, à long terme, aider à atténuer la méfiance au sein des communautés, à inculquer aux enfants un sentiment nationaliste et à contrecarrer les mythes et stéréotypes qui, jusquřà présent, ont nourri les tensions intercommunautaires. De même, lřéducation peut combattre les croyances qui alimentent les violences sexuelles - par exemple, la croyance diffuse que les rapports sexuels avec une fille vierge pourraient guérir le SIDA - ainsi que les préjugés contre les victimes de violences sexuelles. Cependant, ces résultats positifs ne sont pas automatiques : des expériences dans des autres pays montrent que les écoles peuvent également être au premier plan dans la promotion des discours ethniques exclusifs et discriminatoires. Ces éléments « préventifs » se retrouvent, dřune certaine manière, dans le document originel du PEAR Plus. En sřappuyant sur lřexpérience de lřUNICEF en éducation à la paix, le PEAR Plus prévoit des interventions pour accroître la sensibilisation des jeunes et adolescents sur les thèmes liés à la paix (à travers des activités de formation, de soutien aux médias, etc.), et pour la promotion des « leaders de la paix » parmi la jeunesse. Cependant, ces éléments nřont été repris que de manière très limitée dans le document du programme de COOPI en Ituri, et n'apparaissent pas du tout dans la proposition de projet de l'IRC dans le Sud Kivu.27 On constate ainsi un écart important entre lřintention originale du programme PEAR Plus et sa mise en œuvre sur le terrain. Alors que les documents évoquent dans des termes généraux, les enfants « vulnérables », il nřy a pas de stratégies spécifiques pour cibler certains types de vulnérabilités et risques que lřon retrouve dans les différentes zones de mise en œuvre, comme, par exemple, les enfants dans les carrières minières du territoire de Djugu, en Ituri (voir encadré 9). Cette lacune risque de compromettre ou même effacer complètement la seule composante du projet qui vise explicitement la « construction de la paix ». Surtout, en ne sřattaquant pas aux tensions et conflits dřune manière délibérée et systématique, le projet risque de créer un écart plus profond entre les enfants qui ont accès aux écoles et ceux qui ne sont pas en mesure dřaccéder à lřéducation (encadré 10). Encadré 9: Ecoles et centres de rattrapage dans le Sud Kivu La visite dřun site du programme PEAR dans le Sud Kivu (aire de santé de Chierano) a bien démontré que même une activité qui est apparemment simple comme la reconstruction des écoles peut renforcer lřexclusion Le terme « éducation à la paix » nřest pas mentionné du tout dans le document de lřIRC. Voir International Rescue Committee, 2009. 27 36 | P a g e UNICEF et Search for Common Ground de certains groupes, comme dans ce cas les enfants démobilisés et dř autres enfants qui nřont pas accès à lřéducation formelle, si le programme ne fait pas un effort délibéré pour inclure tous les groupes parmi les bénéficiaires du programme et sřil nřy a pas une attention parallèle sur les centres de rattrapage ou sur dř autres activités pour les enfants hors de lřécole. Pendant la visite dans lřaire de santé de Chierano, on nous a montré lřécole PEAR, qui vient dřêtre construite près dřun centre de rattrapage. Les deux institutions ont le même directeur, mais les financements du PEAR ne couvrent que lřécole régulière, qui est en ciment, alors que le centre de rattrapage est en paille. Le directeur a exprimé sa crainte que cette différence puisse créer du mécontentement parmi les enfants démobilisés qui fréquentent les cours professionnels dans la structure en paille comme ils ont déjà, dans le passé, été déçus par des promesses dřassistance non-tenues : une ONG internationale avait commencé un programme de formation professionnelle pour les enfants démobilisés, qui aurait dû être suivi par la distribution de Ŗkitsŗ pour le démarrage des activités professionnelles. Le projet a été interrompu pour des raisons inconnues après la fin de la phase de formation sans fournir les kits, ce qui a provoqué la colère des bénéficiaires, qui ont exprimés leur colère vis-à-vis du personnel du centre. Encadré 10 : Les enfants des carrières minières en Ituri Dans les zones dřopération du PEAR Plus en Ituri, le travail des enfants dans les mines dřor est non seulement un obstacle au développement de lřenfant et aux efforts de promouvoir une éducation de qualité, mais également un risque pour la sécurité. Alors que plusieurs de ces enfants viennent des territoires avoisinants, attirés par la chimère de la richesse facile, il y en a beaucoup qui sont originaires des localités de mise en œuvre du PEAR Plus et qui ont quittés lřécole car leur famille nřétait pas en position de payer leurs frais de scolarité. En dehors des conséquences graves du travail dans les mines, les enfants sont également exposés aux crimes, aux violences, aux drogues, à lřexploitation sexuelle et à la prostitution. Plus grave, pourtant, est le potentiel de mobilisation pour des causes néfastes que présente ce véritable réservoir de main dřœuvre des jeunes déshérités. Dřaprès des témoignages, nombreux dřentre eux seraient des anciens enfants-soldats ou jeunes combattants. À l'heure actuelle, le PEAR Plus nřa pas abordé ce problème spécifique des enfants des mines, ni dans ses interventions dans le domaine de lřéducation ni dans les activités de protection. L'équipe dřévaluation a appris qu'il existe un autre programme qui est en train dřêtre lancé par l'UNICEF pour aider ces enfants et sensibiliser les communautés contre le travail des enfants. Bien quřil soit bienvenu, il est important qu'une attention sur la question des enfants des mines d'or soit également incorporée dans le PEAR Plus. Il sřagit dř un des défis clés pour la protection des enfants et pour la sécurisation du pays, surtout dans les communautés où se trouvent les mines ou les groupements avoisinants. 5.2.2 Eau, Hygiène, Assainissement (WASH) et Santé28 Dřaprès le document du PEAR Plus, lřobjectif de la composante « WASH » est « dřaméliorer la santé publique à travers la promotion de bonnes pratiques hygiéniques, et un meilleur accès à lřeau potable et aux infrastructures sanitaires », en utilisant une version plus rapide et simplifiée du modèle « Villages Assainis » de lřUNICEF. Lřobjectif de la composante Santé est de réduire la mortalité maternelle et Il sřagit de deux composantes distinctes du PEAR Plus, mais elles sont traitées ensemble ici parce quřelles soulèvent des questions similaires par rapport à la sensibilité aux conflits. 28 Etude sur la sensibilité aux conflits du Programme PEAR Plus P a g e | 37 infantile29, principalement à travers la réhabilitation des centres de santé, des campagnes de vaccination et de nutrition, et la distribution de moustiquaires. Bien quřil nřy ait pas de lien direct entre ces composantes et les causes des conflits, il y a un risque de Ŗnuireŗ au niveau micro. La présence dřinfrastructures dans certains villages peut facilement créer des attentes (et donc des frustrations) dans dřautres villages. Ces problèmes peuvent être atténués si la couverture des infrastructures (ex : centres de santé) est élargie pour servir les villages voisins. De telles solutions ont été adoptées « de facto » sur le terrain à Ituri, mais il nřy a pas des directives explicites et systématiques à ce propos. En dehors des tensions qui peuvent surgir entre les villages, il y a aussi un risque de créer des tensions au sein des communautés dřinterventions. Ces tensions se manifestent en particulier lors de la localisation des points dřeau. Par exemple, dans la zone de mise en œuvre du PEAR Plus à Ituri, il y a une prolifération de conflits autour du bornage entre localités, et même des revendications de sécessions de certaines communes qui aspirent à devenir indépendantes. La présence dřun point dřeau est très important à cet égard parce que il pourrait légitimer lřexistence indépendante dřune localité. Même dans les cas où il nřy a pas de conflits de frontières ou des revendications sécessionnistes, la mise en place de points dřeau a le potentiel dřêtre à la base de nombreuses tensions. Dans certaines localités, les habitations sont dispersées et certains ménages nřont pas accès aux points dřeau aménagés, même sřils figurent, en principe, parmi les bénéficiaires. Actuellement, les partenaires exécutifs du PEAR Plus nřont pas dřapproche systématique pour aborder ce genre de conflit. Pour lřinstant, la localisation des points dřeau se fait sur la base de critères techniques, cřest-à-dire on choisit dřaménager des points dřeau qui puissent servir le plus de personnes possible, ainsi que sur lřopinion des autorités coutumières. Cette approche improvisée a été utile pour résoudre un certain nombre de tensions, mais il y a aussi un risque dřabus et dřinstrumentalisations par les chefs, autorités, ou dřautres élites locales en leur faveur. Pour rendre les activités WASH plus sensibles aux conflits, on pourrait réviser les critères de ciblage pour assurer que tous les ménages au sein dřune localité aient accès aux points dřeau aménagés. Ceci peut signifier avoir plus dřun point dřeau aménagé dans certaines localités pour que tous les groupes au sein de la communauté en bénéficient. Il sera donc important dřavoir des critères objectifs et fixes pour déterminer le nombre et la localisation des points dřeau, et de les communiquer clairement aux bénéficiaires. Il faudrait également avoir une politique cohérente par rapport aux tensions liées aux divisions profondes entre des groupes au sein dřune même communauté pour ne pas attiser les revendications de sécession pour éviter que ces revendications soient utilisées pour obtenir des points dřeau supplémentaires. 5.2.3 Protection Dřaprès le document du PEAR Plus, lřobjectif de cette composante est de « renforcer les mécanismes de protection pour créer un environnement propice pour la prévention de toutes formes de violence, exploitation et abus contre les femmes et les enfants ». Comme déjà noté dans le volet éducation, on constate quřil y a des différences entre la formulation initiale dans le document conceptuel et la réalisation par les partenaires. Par exemple, tandis que le document PEAR Plus originel préconise une attention spécifique aux enfants démobilisés on ne la trouve pas dans les documents programmatiques des partenaires de mise en œuvre. Il y a une perception généralisée dans les milieux humanitaires en RDC, dont les agences impliquées dans le PEAR et dans le PEAR Plus, que la protection et la prévention ou la résolution des conflits sont des concepts similaires. Lřindice le plus visible de ce point de vue est que la composante Protection traite des questions liées aux origines et à la résolution des conflits. Ainsi, lors de lřévaluation, les interlocuteurs ont « To reduce facility based maternal mortality ratio to less than 1% and under 5 mortality rates to less than 2/10,000/day in IDP returnee areasŗ. 29 38 | P a g e UNICEF et Search for Common Ground souvent mis sur le même pied les activités de protection et de résolution des conflits, supposant quřassurer la protection des bénéficiaires contribue automatiquement à la mitigation ou bonne gestion des conflits. Il faut ainsi garder à lřesprit que les deux termes ne sont pas synonymes, en particulier : 5.3 La protection comme concept est concernée par un état final Ŕ la réalisation des droits individuels Ŕ tandis que la résolution des conflits doit être concernée par un processus de négociation pour satisfaire les intérêts de toutes les parties ; La composante protection touche surtout aux conséquences des conflits plutôt quřaux causes ; La composante protection vise les individus vulnérables, alors quřune composante de prévention des conflits et construction de la paix devrait cibler toutes les catégories, dont les auteurs des violences ; La composante protection cible exclusivement les femmes et les enfants Ŕ considérées comme les plus vulnérables Ŕ pourtant, la composante de construction de la paix devra aussi adresser le rôle des hommes ; La composante « protection » nřaborde pas spécifiquement les identités communautaires ou les conflits fonciers ou de distribution des ressources. CONSIDERATIONS OPERATIONNELLES La sensibilité aux conflits ne concerne pas seulement les activités mises en place, mais aussi les pratiques opérationnelles utilisées. Un programme peut apparaître pertinent aux dynamiques des conflits au niveau de ses objectifs et des activités prévues, et pourtant il peut avoir un impact négatif sur les conflits parce que les modalités de recrutement et dřachat de biens des agences exécutives sont perçues comme discriminatoires contre certains groupes ou injustes en général. Le sujet du recrutement est particulièrement sensible dans lřEst de la RDC, où il nřy a pratiquement pas dřopportunités de travail salarié sauf pour les agences et ONGs internationales. Il y a eu plusieurs incidents dans lesquels les ONGs ont suscité la colère populaire, des fois même des protestations violentes, contre les acteurs internationaux, coupables, aux yeux de la population, dřutiliser des pratiques non transparentes pour le recrutement de leur personnel (voir lřEncadré 11) Dans le contexte de cette étude, lřéquipe nřa pas pu examiner en détail la question des procédures de recrutement des partenaires, actuels et futurs, du PEAR Plus. Toutes les organisations PEAR et PEAR Plus interviewées nous ont assuré que leurs procédures sont transparentes et justes. Pour la plupart dřentre elles, les qualifications étaient beaucoup plus importantes dans le choix du personnel du programme que dans les critères ethniques. Pour autant, en général, leur stratégie paraît être de ne pas embaucher des personnes issues du milieu dřintervention pour les positions de gestion et de supervision, tandis que les agents de terrains, dont les mobilisateurs communautaires, les ingénieurs, les infirmières sont pour la plupart originaires de ces zones dřintervention. Il est clair, toutefois, quřil nřy a pas de stratégie formalisée pour assurer la sensibilité aux conflits dans le recrutement ou lřachat des biens. La décision des modalités de recrutement est laissée aux partenaires de mise en œuvre. Même si lřéquipe dřévaluation nřa pas observé de problèmes évidents dans les pratiques actuelles, il est conseillé d'adopter une démarche cohérente pour aborder ces questions d'ordre opérationnel dans la mise en œuvre de PEAR Plus. Encadré 11: Recrutement du personnel des ONGs en Ituri Lorsque la crise en Ituri a éclaté en 1999, peu dřagences humanitaires étaient présentes dans la zone. A la suite de la crise, il y a eu une arrivée importante dřONGs (tel que lřOxfam ou COOPI) qui ont amenées du personnel congolais originaire dřautres provinces. L'arrivée des Congolais Ŗnon originairesŗ de la zone nřa pas bien été perçue par les locaux. Leur appartenance ethnique est devenue une question d'agitation politique. Surtout, des leaders dřopinion Hema accusaient ouvertement la communauté humanitaire Etude sur la sensibilité aux conflits du Programme PEAR Plus P a g e | 39 dřimpartialité. Par exemple, un intellectuel Hema a déclaré en 2004 que la communauté internationale était en train de mener un "génocide" contre les Hema en recrutant du personnel d'ailleurs: L'ONU et les ONGs internationales sont impliquées dans le génocide des Hema, et dans la déstabilisation d'Ituri. Les ONGs se comportent comme si elles vivaient dans un pays conquis, comme si Ituri était le terrain de crypto-colonialisme. Les ONGs continuent à amener des travailleurs congolais du Kinshasa ou des Kivus, prétendant qu'ils ne peuvent pas recruter des gens locaux parce qu'ils ont besoin dřun personnel neutre. Dites-moi, comment quelqu'un de Kinshasa peut- être neutre lorsque le gouvernement Kabila est entièrement 30 responsable du conflit en Ituri? Bien que ces déclarations soient clairement motivées par un agenda politique identitaire, elles peuvent avoir une influence considérable, en particulier sur les jeunes désœuvrés. 30 Entretien avec Professor Karimagi Pilo, citée par Pottier, 2006 : 162. 40 | P a g e UNICEF et Search for Common Ground 6. Recommandations S ur la base de lřanalyse précédente et des résultats de lřévaluation, cette dernière section donnera un aperçu des stratégies possibles pour intégrer une perspective de prévention des conflits dans le programme PEAR Plus. Dřabord, revenons rapidement à lřanalyse des conflits et à la description de lřexpertise de SFCG citée au-dessus pour une exploration du potentiel dřun mariage entre les activités PEAR Plus avec les interventions de SFCG dans le contexte de lřEst de la RDC. Le tableau 6 donne un aperçu des recommandations qui suivront. Tableau 6 : Changements et interventions potentiels pour rendre le PEAR Plus plus sensible aux conflits31 Causes Contribution potentielle du PEAR Plus Niveau Řmicroř Ne pas nuire Construction de la paix Problématique foncière Analyse des conflits Facilitation du dialogue Théâtre participatif Programmes de radio locaux Crise de l’autorité coutumière Méfiance interethnique Analyse des conflits Facilitation du travail des autres agences/institutions Non Théâtre participatif Analyse des conflits Education à la paix Théâtre participatif Théâtre participatif Ciblage des groupes Activités de solidarité Communication des choix des bénéficiaires Programmes de radio Niveau Řmacroř Ne pas nuire Construction de la paix Analyse de lřimpact des conflits locaux sur les conflits macros et les intérêts politiques Sensibilisation à une échelle régionale/ nationale sur le droit foncier Programmes de radio Non Non Choix des zones ciblées Programmes de radio sur lřentente interethnique à une échelle régionale/ nationale Bonne communication du choix des bénéficiaires Bonnes relations avec tous les groupes Rappel : couleur verte indique des activités qui pourraient avoir un impact direct ; couleur jaune indique un impact indirect. 31 Etude sur la sensibilité aux conflits du Programme PEAR Plus P a g e | 41 Richesses minières Main d’œuvre pour la violence Non Non Non Non Analyse des conflits Théâtre participatif Ciblages des groupes dřenfants Sensibilisation Programmes de radio locale Ŕ Sisi Watoto Education appropriée pour tous les enfants Cours de rattrapage Assistance aux autorités pour mieux communiquer avec la population Analyse des conflits macros Coordination avec dřautres agences qui assistent les jeunes Programmes de radio régionaux/ nationaux Impliquer les autorités à tous niveaux et transparence Non Non Non Non Faiblesse de l’Etat Inclusion des autorités dans les décisions Analyse des conflits Théâtre participatif Soutien des pays voisins Non Les bases ainsi jetées pour une réflexion profonde sur les options dont lřUNICEF et les partenaires PEAR disposent, dans ce qui suit, trois scénarios et stratégies potentielles sont esquissés avec une discussion des avantages et risques que chaque option présente : 6.1 Scénario ‘statu quo’, qui examine les conséquences et les risques de continuer avec le PEAR Plus exactement comme il est maintenant. Scénario ‘sensibilité aux conflits augmentée’, avec une intégration systématique des éléments Řne pas nuireř et lřajout de quelques activités de réconciliation et construction de la paix, mais sans changements radicaux dans la stratégie globale ou lřampleur des interventions; Scénario ‘sensibilité aux conflits approfondie’, qui repense et restructure radicalement le choix des zones dřintervention et lřapproche programmatique de l'intervention afin de transformer le PEAR Plus en un véritable programme de construction de la paix. SCENARIO ŘSTATU QUOř Le PEAR Plus, tel quřil a été conçu et dans la façon dont il est mis en œuvre en ce moment contourne les conflits et évite de travailler dans des zones aux conflits Řchaudsř. Ainsi, lřévaluation nřa pas repéré un impact néfaste du programme existant sur les dynamiques conflictuelles, et, bien quřil nřy ait pas eu dřeffort systématique dřintégrer une dimension « ne pas nuire » dans les activités programmatiques, les risques pour le PEAR Plus dřexacerber les tensions existantes ou dřen créer de nouvelles sont plutôt limités pour plusieurs raisons, à savoir : Les critères de choix des localités excluent les zones les plus conflictuelles, et par conséquent limitent la possibilité dřavoir un impact négatif au niveau « micro ». Les zones dřintervention du PEAR Plus en Ituri sont ethniquement homogènes (peuplées presque exclusivement par les communautés Alur) et les zones sélectionnées au Sud Kivu, qui sont presque exclusivement peuplées par les membres de lřethnie Bashi, nřaffichent pas de fortes tensions intercommunautaires non plus. Certes, l'homogénéité ethnique n'est pas une garantie de paix sociale. Toutefois, étant donné que dans l'Est de la RDC les tensions sont souvent liées aux identités ethniques, les communautés ethniquement homogènes sont généralement moins à risque de violence. Les activités sectorielles du PEAR Plus ne touchent, pour la plupart, pas directement aux Řnerfsř des conflits dans lřEst de la RDC. Par exemple, le PEAR Plus ne traite pas de manière directe la question des terres (sauf dans le choix des sites des écoles ou des centres de santé à reconstruire dans les cas oú le site 42 | P a g e UNICEF et Search for Common Ground nřa pas été prédéterminé). Par conséquent, dans la grande majorité des sites, il est peu probable que le PEAR Plus ait un impact négatif sur les causes des conflits. Dans les cas où des risques de conflits ont été rencontrés dans les zones dřintervention, les partenaires de mise en œuvre ont pu gérer les tensions dřune manière pragmatique et improvisée et ils ont ainsi su éviter une escalade des conflits ou lřéruption des violences32. Le risque de nuire, au moins au niveau micro, est donc suffisamment faible pour considérer le Řstatu quoř comme une option possible. Cependant, en ce moment, le PEAR Plus nřest pas en train de saisir les opportunités pour contribuer à la construction de la paix. Autrement dit, avec lřoption Řstatu quoř le PEAR Plus continuerait à travailler Řautourř des conflits plutôt que Řsurř les conflits. 6.2 SCENARIO ŘSENSIBILITE AUX CONFLITS AUGMENTEEř Le deuxième scénario vise à augmenter la sensibilité aux conflits, dans le cadre programmatique existant. Pourtant, dans ce scénario, tout le programme, à commencer par la collecte de données et lřanalyse contextuelle jusquřaux interventions devra tenir compte des deux éléments de la sensibilité aux conflits, de la dimension « ne pas nuire » et de la dimension « construction de la paix ». Par conséquent, ce scénario renforcerait la capacité analytique des partenaires PEAR Plus et introduirait des outils spécifiques pour que les interventions soient en mesure de répondre aux conflits localisés et pourraient saisir les opportunités de contribuer à la construction de la paix, ce qui assurerait une sensibilité aux conflits accrue de toutes les interventions sans, pour autant, nécessiter des changements profonds de choix des zones ou communautés ciblés ou de la stratégie dřintervention générale. Le scénario prévoit donc une sensibilité aux conflits augmentée dans la mesure où il reposerait sur cinq volets de modifications clés : 1. 2. 3. 4. 5. Une capacité dřanalyse des conflits améliorée Une connaissance approfondie de la sensibilité aux conflits parmi les partenaires exécutifs et leur personnel Des interventions supplémentaires pour aborder les conflits et tensions locales Une stratégie de communication pour assurer la transparence dans la programmation et dans les relations entre les bailleurs et ONG internationales et les partenaires locaux Une stratégie de suivi et dřévaluation qui se concentre explicitement sur la sensibilité aux conflits En détail, les changements proposés seraient les suivants : 6.2.1 Sélection des Zones dřIntervention Ce scénario ne prévoit pas de changement par rapport à la sélection des zones dřintervention. Le programme continuera donc à opérer dans des zones dans lesquelles il nřy a pas des tensions intercommunautaires particulièrement prononcées. 6.2.2 Analyse des conflits et du contexte améliorée Incorporer une composante d’analyse des conflits dans les outils existants (protection monitoring, MSA) Comme décrit ci-dessus, bien que les acteurs humanitaires dans lřEst de la RDC collectent déjà de riches informations sur la situation dans les communautés dřintervention lors du « protection monitoring » et des Cette réflexion se base sur lřobservation de la mise en œuvre du PEAR Plus en Ituri, ainsi que sur lřobservation du PEAR. 32 Etude sur la sensibilité aux conflits du Programme PEAR Plus P a g e | 43 MSA, ces documents ne contiennent souvent que peu ou pas dřinformations sur les dynamiques conflictuelles locales. Il nřest guère possible de rendre un programme humanitaire ou de développement plus conscient des conflits qui existent dans leurs milieux dřopération sans disposer de renseignements spécifiques et qui sont mis à jour fréquemment sur les causes, acteurs, et dynamiques conflictuelles, ainsi que sur les mécanismes existants dřarbitrage ou de gestion des conflits. Les éléments suivants seront surtout importants à tenir en compte, par rapport à lřhistoire et à la nature des conflits locaux : Est-ce que quřil y a une histoire de violences entre groupes ethniques ou autres communautés? Est-ce que ces tensions influencent le processus de retour ? Quels sont les enjeux des conflits : o Est-ce quřil y a des conflits fonciers ? Est-ce que les conflits fonciers sont entre individus ou entre communautés ou groupes ? o Est-ce quřil y a des conflits pour le contrôle des ressources naturelles/minérales ? o Est-ce quřil y a des conflits autour de la succession au pouvoir coutumier ? Est-ce que la légitimité du pouvoir coutumier est contestée ? Dans le passé, quels ont été les déclencheurs de la violence communautaire ? Est-ce quřil y a des mécanismes locaux de résolution des conflits ? Est-ce que ces mécanismes fonctionnent comme prévu ? Si non, pourquoi pas ? Parfois ces questions font déjà partie des enquêtes des MSA ou du « protection monitoring », mais il nřexiste pas de cadre dřanalyse systématique des conflits locaux commun à tous les partenaires du PEAR Plus. Ce scénario propose ainsi dřintégrer une section dédiée spécifiquement aux conflits dans les MSA suivant grosso modo les questions esquissées ci-dessus. Les informations sur les tensions existantes dans les communautés dřintervention serviront de base pour la planification dřune stratégie qui cible spécifiquement les tensions repérées dans les MSA. Collecte d’informations continue A lřheure actuelle, une des limites sérieuses du PEAR Plus est lřabsence dřune analyse constante de lřévolution de la situation sur le terrain. A lřEst de la RDC, la situation est très fluide et change souvent rapidement : une localité peut paraître pacifique un jour, puis rapidement devenir instable. Il est donc problématique que les évaluations de sécurité et stabilité utilisées par le PEAR Plus soient effectuées sporadiquement ou soient rarement mises à jour. Cela rend aussi difficile, voire impossible, de suivre et d'évaluer efficacement l'impact du programme sur les dynamiques de conflits. Il serait ainsi essentiel de mettre à jour régulièrement lřanalyse des conflits dans chaque lieu dřintervention et de continuer à recueillir autant dřinformations que possible sur les causes et dynamiques conflictuelles pour assurer que les interventions nřexacerbent pas les tensions et pour ajuster lřapproche de mitigation des conflits. Cette collecte de données sur les conflits régulière et continue pourrait se faire sur base de deux modèles opérationnels différents : A. Modèle « Arche d’Alliance » : LřONG congolaise Arche dřAlliance (AA) est partenaire de lřUNHCR au sud du Sud Kivu pour le « protection monitoring ». Contrairement aux autres partenaires du « protection monitoring » dans lřEst de la RDC qui collectent des données sur la protection et les conflits de manière occasionnelle, AA a adopté un modèle de collecte de données permanente à lřaide des informateurs issus de et basés dans les communautés dřintervention à plein temps qui envoient des mises à jour sur la situation conflictuelle ou politique constamment par téléphone. Ainsi, AA dispose toujours dřune vision exacte et actuelle des faits et dynamique dans les communautés. Ainsi, le modèle AA permettrait aux partenaires PEAR Plus dřajuster leurs stratégies dřintervention pratiquement au jour le jour et de réagir rapidement au cas où les informateurs rapporteraient un accroissement des tensions ou lřexacerbation des conflits existants. 44 | P a g e UNICEF et Search for Common Ground B. Modèle « savoir existant non exploité » : Le deuxième modèle potentiel pour la collecte de données continue dans les lieux dřintervention ne nécessiterait pas de recrutement des informateurs sur place, mais profiterait au maximum des connaissances des dynamiques de conflits qui existent déjà parmi le personnel des partenaires de mise en œuvre. Les agents du terrain lors de leur travail quotidien et de leurs visites dans les milieux dřintervention ont souvent une connaissance des dynamiques de conflits assez détaillée et nuancée prise directement à la source, notamment lors de leurs interactions directes et fréquentes avec les autorités locales et les bénéficiaires. Pour le moment, ce savoir nřest pas systématiquement recueilli ou analysé par les partenaires exécutifs. Ce deuxième modèle de collecte de données continue proposerait donc dřorganiser des séances régulières (mensuelles ou bimensuelles) de discussions facilitées avec le personnel du terrain pour réfléchir à une manière méthodique sur les évolutions de la situation conflictuelle et sur lřinteraction de ces dynamiques avec la mise en œuvre du projet. Théâtre participatif comme moyen de collecte de données La méthodologie du théâtre participatif, qui est déjà utilisée avec succès par Search for Common Ground (voir description détaillée ci-dessus) au Sud Kivu, pourrait, en dehors de son rôle dans la construction de la paix locale, servir de complément indispensable à une analyse continue des dynamiques conflictuelles. Les équipes théâtrales ont été formées en méthodologie dřanalyse des conflits et, au moins en partie, les spectacles théâtraux ont pour but dřavoir une meilleure connaissance des conflits existants, des enjeux et des acteurs. Le théâtre participatif est un outil créatif et non-menaçant pour aborder des sujets délicats qui ne ressortiraient pas naturellement dans des réunions formelles dans les communautés. Les acteurs tiennent également des réunions régulières avec les autorités et autres acteurs pour s'informer sur les principaux problèmes dans chaque communauté, et, sur cette base, ils interprètent des pièces théâtrales pertinentes. Il est donc recommandé dřintégrer le théâtre participatif systématiquement dans tous les sites de mise en œuvre du PEAR Plus non seulement comme outil de mitigation des tensions existantes, mais également en tant quřoutil de collecte de données. 6.2.3 Formation en vue dřune connaissance approfondie de la sensibilité aux conflits parmi les partenaires exécutifs et leur personnel Former les partenaires de mise en œuvre sur les notions de « ne pas nuire » et de la construction de la paix et de leur mise en application dans l’action humanitaire Il sera nécessaire dřinvestir dans la formation du personnel pour leur donner le savoir et les outils nécessaires pour identifier les risques dans le PEAR Plus dřexacerber les tensions existantes ou dřen créer de nouvelles pour ensuite être en mesure de concevoir des stratégies adéquates pour minimiser ce risque. Actuellement, même quand les agents du terrain se rendent compte que les activités ont un impact négatif sur les tensions locales, ils ne disposent pas de moyens pour soulever ces questions et pour y répondre systématiquement. La formation proposée devra adopter une approche participative qui valorise et profite de lřexpérience concrète des agents du terrain. Nous recommandons en particulier les actions suivantes : Organiser des séances de formation approfondie des employés de lřUNICEF et des partenaires de mise en œuvre sur les notions de « ne pas nuire » et de la construction de la paix et de leur application dans la programmation humanitaire ; Mener des séances de planning avec les responsables des programmes de PEAR Plus (UNICEF et partenaires) sur la réalisation du principe de « ne pas nuire » dans la gestion et dans les activités du PEAR Plus et de la paix ; Organiser des ateliers trimestriels avec tous les employés des agences de mise en œuvre du PEAR Plus, surtout avec les agents du terrain, pour évaluer lřimpact sur les conflits des activités et des pratiques. Ces ateliers pourraient être suivis dřune réflexion au niveau des responsables des programmes de tous les partenaires exécutifs pour encourager une réflexion dans les provinces et les organisations sur les défis rencontrés et sur des modifications programmatiques potentielles; Etude sur la sensibilité aux conflits du Programme PEAR Plus P a g e | 45 6.2.4 Sur la base des résultats des ateliers, il sřagirait de codifier les leçons apprises et les bonnes pratiques dans la gestion des risques de « nuire ». Interventions qui abordent les tensions locales contribuant à la construction de la paix Théâtre participatif autour des dynamiques conflictuelles existantes au niveau local Le théâtre participatif est un outil polyvalent pour aborder les questions jugées trop sensibles par les communautés et qui sont ainsi rarement discutées dans un forum formel et en public. Il est donc un instrument idéal pour encourager des discussions sur les questions liées aux tensions et aux conflits locaux, notamment les conflits fonciers, les animosités intercommunautaires ou entre des groupes divers ou même les différends entre les autorités et la population. Il est également un instrument efficace pour les messages de sensibilisation. SFCG a une expérience de longue date avec le théâtre participatif dans lřEst de la RDC, notamment au Sud Kivu. Les acteurs sont formés en analyse et stratégies de résolution des conflits ainsi que dans dřautres sujets importants à leur travail comme les lois foncières ou les droits de lřhomme. Avant leurs séances dans les communautés, ils font souvent des recherches dans les communautés pour mieux connaître et anticiper les problématiques sur place. Les spectacles théâtraux sont extrêmement populaires dans les communautés, surtout dans les communautés rurales où les opportunités de divertissement sont rares. Dans la méthodologie employée par les théâtres communautaires soutenus par SFCG, les acteurs essaient de discuter les points de vue différents sur les questions conflictuelles lors des spectacles et démontrent les conséquences néfastes de lřescalade des conflits et de la violence et prônent les moyens de résolution des conflits pacifiques à travers des instruments ou des cadres de concertation différents. Nous recommandons lřutilisation du théâtre participatif surtout dans les communautés dans lesquelles les MSA ou les autres interactions des agents du terrain avec les acteurs locaux indiquent des tensions ouvertes ou latentes. Le théâtre participatif pourrait également être utilisé pour la sensibilisation sur les thèmes de protection des enfants ou des femmes. Le théâtre participatif pourrait être soit mis en œuvre sous la supervision de SFCG sur demande et en étroite collaboration avec les partenaires exécutifs, soit avec une implication plutôt indirecte de SFCG au niveau de la formation et de lřassistance technique aux organisations de mise en œuvre du PEAR Plus qui recruteraient eux-mêmes des acteurs et géreraient les activités des troupes théâtrales. Fonds flexibles pour des activités de construction de la paix au niveau communautaire Les interventions du PEAR Plus sont bien prédéterminées déjà au moins au niveau de la nature des projets. Cela veut dire que les communautés nřont pas dřopportunité dřimposer leurs propres priorités. Le programme a déjà pris la décision pour eux. Comme dans un contexte de conflit, il faut souvent réagir avec flexibilité et parfois rapidement pour sřattaquer aux tensions existantes ou montantes. Il serait donc souhaitable que le PEAR Plus considère un outil de financement de projets communautaires additionnel qui rendrait le programme plus souple et mieux placé pour répondre aux dynamiques conflictuelles. Ces fonds additionnels devraient être utilisés soit pour augmenter des projets communautaires dans les domaines établis par le programme : Eau et assainissement ; éducation ; et santé, soit pour financer des autres initiatives de construction de la paix dans les communautés dřintervention. Feuilletons de radio et discussions radiophoniques sur les conflits fonciers, le droit foncier, et les moyens de résolution pacifique des conflits fonciers Développer des émissions de radio organisées autour dřun ou de plusieurs feuilletons radiophoniques sur les problèmes fonciers, les stipulations du droit foncier, et les moyens de résolution pacifique des différends autour de la terre. Les feuilletons seront produits par SFCG ou un de ses partenaires et distribués aux stations de radio locales. Les journalistes locaux seront formés dans la matière pour ensuite organiser des séries dřémissions sur la radio locale avec des experts en droit foncier ou en résolution des conflits qui répondront aux questions des auditeurs. Ces émissions devraient être développées en étroite collaboration 46 | P a g e UNICEF et Search for Common Ground avec les partenaires PEAR Plus ainsi que les organisations travaillant sur les conflits fonciers, comme UN Habitat et UNHCR dans le Nord et le Sud Kivu et la Commission foncière et RCN en Ituri pour ne pas doubler ou contrecarrer les efforts existants dans ce domaine. Les agents de terrain des partenaires PEAR Plus faciliteraient la remise des questions aux experts dans les communautés ciblées par le programme. Ils feront le suivi après chaque émission pour faciliter la médiation des problèmes fonciers par les structures appropriées et pour assurer leur suivi par ces structures ou par les autorités. Ces efforts devront être appuyés également par les séances de théâtre participatif. Au cas où un cas concret serait résolu pendant la durée du programme, les émissions de radio devraient discuter les éléments qui ont contribués à sa résolution pacifique. Activités de solidarité intercommunautaire Des activités supplémentaires pourraient être organisées pour soutenir les efforts de résolution de conflits locaux pourraient être organisées pour améliorer la compréhension entre les communautés et pour les encourager à identifier leurs intérêts communs et à les poursuivre et les traduire en actions communes au bénéfice de toutes les communautés. Ces activités pourraient cibler les relations entre les communautés ethniques autant que les relations entre autorités et certains groupes sociaux ou les militaires et la population. Une meilleure compréhension entre les communautés dans des domaines dřintérêt communs pourrait préparer le terrain pour aborder des sujets plus sensibles, mais elle aide aussi à contrer les rumeurs et les informations erronées qui surgissent facilement dans les situations de tensions et les rendent plus résistantes à la résolution. Renforcement de la composante d’éducation à la paix du PEAR Plus Dans la formulation actuelle du PEAR Plus, la composante dřéducation à la paix représente la seule activité de « construction de la paix » proprement dite. Pourtant, ce volet du PEAR Plus nřa pas été priorisé pour lřinstant dřaprès les observations en Ituri, et ne joue pas un rôle majeur dans la proposition de projet pour la mise en œuvre du programme au Sud Kivu. Ainsi, dans le cadre du programme existant, cette composante pourrait être renforcée par les actions suivantes : Former les enseignants de manière approfondie sur lřéducation à la paix, et mettre à leur disposition des matériels variés 33 pour promouvoir des messages de paix et de non-violence pertinents et adéquats au contexte. Former des jeunes animateurs et leur donner une assistance supplémentaire pour organiser des séances extrascolaires dřéducation à la paix animés par les jeunes pour les jeunes autour des questions de lřidentité et de lřaccès aux ressources. Organiser des échanges culturels et sportifs entre les enfants des zones ciblées et les enfants des zones environnantes, afin d'accroître la connaissance mutuelle et combattre les préjugés. Organiser des activités de dialogue et de rencontre entre les enfants des écoles régulières et les enfants des centres de rattrapage (ex : activités sportives, projections vidéo, théâtre, musique et danse). Programmes de radio pour la jeunesse Les programmes de radio pour la jeunesse soutenus par SFCG, surtout le programme Sisi Watoto, des émissions produites par les jeunes pour les jeunes sur des sujets qui concernent les enfants et les jeunes congolais, ont connu une popularité énorme dans toute la RDC. Ces programmes pour la jeunesse seront un complément utile pour les activités dřéducation à la paix dans les écoles et les communautés. Le programme devrait aborder les questions liées au rôle que les jeunes pourraient jouer dans la réconciliation En dehors du guide pour les enseignants du Ministère de lřéducation distribué actuellement par les partenaires PEAR Plus. Le guide officiel ne semble pas couvrir toute la gamme des sujets liés à lřéducation à la paix. 33 Etude sur la sensibilité aux conflits du Programme PEAR Plus P a g e | 47 intercommunautaire et dans la construction de la paix, ainsi que les questions du travail des enfants dans les carrés miniers et la protection et les droits des enfants en général. Ces programmes pourraient être complétés par des échanges intercommunautaires ou des dialogues entre jeunes des divers groupes ethniques pour renforcer les liens entre les communautés autour des intérêts communs entre les jeunes ou des activités sportives ou sociales des jeunes. 6.2.5 Communication et transparence dans lřaction humanitaire Renforcement de la communication pour augmenter la transparence dans la gestion du programme Dans une large mesure, le risque de nuire est lié à une méfiance généralisée, parmi les populations de lřEst de la RDC, vis-à-vis des acteurs humanitaires, qui sont soupçonnés dřêtre corrompus et de tirer profit de la souffrance de la population. Pour contrebalancer cette méfiance et pour prévenir et gérer les perceptions et les rumeurs qui sèment le doute et le mécontentement contre lřassistance internationale, il est recommandé dřadopter une stratégie de communication qui cible les acteurs clés dans les groupements et communautés dřintervention utilisant des radios locales. Cette stratégie de communication renforcée incluerait les activités suivantes : Soutenir les stations de radio locales avec des formations en gestion et techniques pour organiser des émissions sur lřassistance humanitaire, sa logique, ses défis, ses modalités dřaction ; Former les journalistes locaux sur le système dřaide internationale, critères de bonne conduite, transparence et comptabilité dans lřaction humanitaire ; Organiser des émissions en direct avec les responsables des ONG partenaires du PEAR Plus pour mieux expliquer aux communautés locales leur logique dans le choix des localités et des bénéficiaires et le volume et la nature exacte de lřaide apportée.34 Utiliser les radios pour mettre à jour la population sur la mise en œuvre du PEAR Plus, y inclure des informations sur lřutilisation des fonds du programme. Renforcement de la transparence des actions des autorités de l’Etat Pour améliorer les relations entre les autorités et les populations, il faudrait promouvoir des débats et discussions publiques qui impliquent les responsables politiques et administratifs dans les groupements communautaires. Il faudrait, progressivement, établir un partage dřinformation régulier et habituel et une collaboration plus étroite pour réaliser les intérêts communs entre les communautés et leurs gestionnaires. En plus, les autorités sont des acteurs centraux dans la gestion à long terme des conflits locaux, mais ils ne seraient en position de servir de médiateurs dans les conflits localisés que si la population leur fait confiance. Des forums réguliers, pour discuter des sujets ayant traits aux tensions dans les zones dřinterventions suivant le modèle des Tribunes dřExpression Populaires (TEP) que SFCG a déjà utilisés dans dřautres régions de la RDC, pourraient au cours des interventions, contribuer à une plus grande transparence dans la gestion des affaires locales. Des programmes de radio devraient ensuite faire le suivi et reprendre les sujets discutés lors des TEP pour assurer que le dialogue entre les responsables de lřEtat et les communautés perdure.35 6.2.6 Suivi et évaluation Afin de suivre et évaluer l'impact du PEAR Plus dans son ensemble sur les dynamiques de conflit, il est indispensable dřavoir, au départ, une véritable analyse des conflits, qui permettrait de construire une base de référence et des indicateurs de progrès. En l'absence dřune telle analyse (qui nřest pas prévue dans ce scénario), il faudrait créer une stratégie de suivi et évaluation sur la base des informations et analyses Il faudrait noter que ces émissions risquent de devenir des outils de propagande pour les agences du PEAR Plus ou pour leur bailleur. Il faudrait donc que lřengagement en faveur de la transparence soit sérieux et compréhensif de la part du bailleur et de la part des organisations responsables pour sa mise en œuvre. 35 Il est évident que la participation des autorités dans de tels forums ou des émissions de radio nřest guère garantie. Les partenaires qui exécutent les programmes devront prendre faire des efforts pour créer des bonnes relations de travail avec les autorités dès le début. 34 48 | P a g e UNICEF et Search for Common Ground existantes. Toutes les activités de collecte et dřanalyse de données décrites ci-dessus (voir 7.2.2) ont également une dimension de suivi et dřévaluation quřil faut capturer et développer systématiquement. Ainsi, SFCG pourrait travailler avec les partenaires exécutifs du PEAR Plus dans le développement des indicateurs pour évaluer régulièrement la sensibilité aux conflits des activités humanitaires et en même temps lřimpact des activités de construction de la paix. Lřimpact repéré, positif ou négatif, des interventions doivent être discutées lors des réunions trimestrielles avec tous les partenaires du PEAR Plus (voir 7.2.3) et formeront la base des décisions programmatiques ou des ajustements de stratégie subséquents. 6.2.7 Coordination Il est essentiel que les activités décrites ci-dessus soient bien intégrées dans une stratégie globale de sensibilité aux conflits du PEAR Plus et non pas que quelques activités additionnelles qui opéreraient à côté des activités originelles de nature humanitaire du PEAR Plus. Cela veut dire que le scénario 2 envisage une intégration autant que possible des activités proposées de Search for Common Ground et les partenaires exécutifs des volets « traditionnels » du PEAR Plus. Etant donné les cultures différentes des organisations humanitaires et des organisations qui travaillent sur la réconciliation et la résolution des conflits, cela nécessitera que les partenaires exécutifs du PEAR Plus deviennent plus sensibles aux conflits et incorporent une perspective de « ne pas nuire » dans toutes les activités programmatiques et même dans les procédures opérationnelles, tandis que, en même temps, le partenaire de résolution de conflits (SFCG) devient plus capable de travailler dans lřhumanitaire et dřintégrer leurs méthodes dans la programmation humanitaire. Il paraît évident quřune bonne et étroite coordination sous la direction de lřUNICEF doit être de rigueur pour réaliser cette vision. Plan illustratif des interventions : Mois Activités Préalables Formation du personnel des MSA en méthodologie dřanalyse de conflits et collecte de données sur les conflits Mois 1 MSA avec analyse des conflits abrégée Formation de tous les employés des partenaires en analyse de conflits et en principes de base de mitigation et gestion des conflits Revue des pratiques opérationnelles, surtout par rapport au recrutement et à la fourniture et à lřachat des matériels Planification de la stratégie de mitigation des conflits spécifique à chaque zone dřintervention avec tous les partenaires exécutifs de la zone Mois 2 Formation de toutes les équipes du terrain dans la méthodologie du théâtre participatif Premières séances de théâtre participatif dans les communautés dřintervention sous la supervision des formateurs/experts de SFCG Emissions de radio des partenaires de PEAR Plus sur le choix des communautés et des bénéficiaires, la logique du programme et sa mise en œuvre Mois 3-12 Théâtre participatif mensuel dans les communautés oú les tensions sont plus sérieuses pour aborder les conflits les plus aigus et bimensuel dans les autres communautés Consultations exhaustives avec les communautés et tous les acteurs influents sur les priorités humanitaires et la contribution de lřassistance de PEAR Plus à la résolution Etude sur la sensibilité aux conflits du Programme PEAR Plus P a g e | 49 des conflits Mise en œuvre des projets de PEAR Plus Feuilletons et programmes de radio sur les conflits fonciers, la loi foncière et la gestion des conflits Education à la paix et des programmes pour les jeunes Tribunes dřExpression Populaires Suivi régulier pour évaluer lřimpact des projets sur les conflits : réunions trimestrielles de tout le personnel des partenaires exécutifs pour évaluer la sensibilité aux conflits en groupe 6.3 SCENARIO ŘSENSIBILITE AUX CONFLITS APPROFONDIEř Ce scénario opte pour la transformation du PEAR Plus en véritable programme de construction de la paix, ce qui exige non seulement des changements au niveau des activités, mais aussi une remise à plat fondamentale de la logique et de la stratégie du programme. Ces changements sont tout à fait réalisables, mais ils nécessiteraient une volonté politique de la part de lřUNICEF de modifier plus profondément leur façon de gérer et de mettre en œuvre des programmes. Ce scénario inclut une analyse des conflits en profondeur; une flexibilité accrue pour adapter la mise en œuvre du programme aux résultats de l'analyse des conflits; et un système de suivi et d'évaluation qui utilise ces résultats comme une base de référence. Par conséquent, ce scénario aura un impact profond au niveau de la capacité du programme de « ne pas nuire » et de contribuer à la construction de la paix aux deux niveaux, micro et macro. 6.3.1 Sélection des zones dřintervention Si le PEAR Plus envisage de devenir un véritable programme de construction de la paix, cela devra se refléter dans le choix des localités dřintervention dans lesquelles le programme est actif. À ce jour, le programme a travaillé dans des collectivités qui sont le plus souvent ethniquement homogènes, qui nřont pas une histoire de conflits locaux importants, et ont des mécanismes locaux de gestion des conflits qui fonctionnent relativement bien. Cela ne signifie pas, bien entendu, qu'il n'y ait aucun risque de conflit. Toutefois, par rapport à la plupart des autres endroits de la région, ce risque est relativement limité. Il existe une perception répandue parmi les observateurs que les partenaires et la sélection des zones d'intervention est déjà «fixée» par lřUNSSSS et ne peut pas être modifiée. Comme on lřa montré dans la section précédente, cependant, ce n'est pas le cas: le lien avec lřUNSSSS est interprété différemment dans les différentes provinces, et en Ituri et au Nord Kivu les sites dřintervention du PEAR Plus sont hors des axes prioritaires de lřUNSSSS. Dans ce scénario, la sélection des aires dřintervention devra: Adopter une approche de Ŗne pas nuireŗ au niveau macro, avec lřinclusion de groupes quřont été, jusquřici, laisse de cote, y compris pour des raisons logistiques et dřinaccessibilité (comme les Banyamulenge au Sud Kivu); Favoriser les sites où le projet peut avoir une valeur ajoutée particulière pour promouvoir la réconciliation entre les communautés. 50 | P a g e UNICEF et Search for Common Ground Il convient de noter que le fait de travailler "sur" les conflits ne signifie pas, nécessairement, intervenir dans des localités instables et non sécurisées. Il signifie plutôt sélectionner des zones où la coexistence intercommunautaire peut être problématique, et viser à mitiger ces tensions par le programme. 6.3.2 Analyse des conflits Conduire régulièrement des analyses participatives des conflits dans les localités de mise en œuvre du PEAR Plus. Afin de devenir un véritable programme de construction de la paix, le PEAR Plus devrait être fondé sur une analyse approfondie des dynamiques conflictuelles dans les localités de mise en œuvre. Contrairement au scénario précédent, il ne se sřagirait pas simplement de collecter les informations sur les types de conflits existants et leur histoire, mais aussi dřanalyser leurs causes structurelles, le rôle joué par les différents acteurs, et les relations entre les dynamiques locales et les conflits au niveau Ŗmacroŗ. Les modalités de collecte dřinformation vont au-delà des simples questionnaires et adoptent des approches plus participatives. 6.3.3 Formation Mise en œuvre d’un programme de formation systématique et approfondi sur les thèmes pertinents pour la sensibilité aux conflits En plus des recommandations déjà avancées pour le scénario précédent, cette formation se focalisera sur lřanalyse des conflits, et sur le développement de compétences spécifiques (médiation, négociation, écoute active, gestion des traumatismes) pour la gestion du programme dans des situations potentiellement conflictuelles. 6.3.4 Communication Renforcer la communication pour augmenter la transparence dans la gestion du programme et en vue de gérer les perceptions et les rumeurs qui sèment le doute et le mécontentement contre l’assistance internationale La recommandation est la même que dans le scénario précédent, mais l'accent sur la transparence et l'échange d'informations peut être encore plus fort. Il sera important, en particulier, dřavoir un mécanisme de gestion des plaintes, auquel les bénéficiaires et les autres membres de la communauté peuvent se référer pour dénoncer des cas de corruption ou mauvaise gestion du projet. Cela donnera un signal sans précédent de transparence et d'appropriation locale. 6.3.5 Activités de construction de la paix Identifier et mettre en œuvre des activités de construction de la paix particulièrement nécessaires sur la base de l’analyse des conflits. Contrairement au scénario précédent, les activités de construction de la paix ne sont pas identifiées « à priori », mais elles dépendent directement des types de conflits qui ressortent de lřanalyse. Sur cette base, Search for Common Ground pourra identifier les outils qui sont plus adéquats. En général, le théâtre participatif est proposé comme outil dřanalyse et en même temps comme base pour lřidentification participative dřactivités de construction de la paix pertinentes. 6.3.6 Suivi et évaluation Incorporer la sensibilité aux conflits dans le cadre du Suivi et Evaluation du projet, sur la base de l’analyse des conflits. Autrement dit, le S&E du projet devra mesurer non seulement le succès du projet vis-à-vis de ses objectifs en matière dřéducation, WASH, santé et protection, mais aussi son incidence sur les dynamiques des conflits. Est-ce que le programme était en mesure de sřattaquer et de mitiger les causes des conflits? Est-ce Etude sur la sensibilité aux conflits du Programme PEAR Plus P a g e | 51 que le programme a été capable de renforcer les systèmes et les mécanismes pour la résolution non-violente des conflits? À cet effet, des indicateurs devront être élaborés sur la base de l'analyse des conflits, ainsi que des méthodologies de vérification. 6.4 RISQUES ET DEFIS L'adoption des scénarios de sensibilité aux conflits Ŗaugmentéeŗ ou Ŗapprofondieŗ nřest pas sans risques et défis. En premier lieu, il pourrait être difficile dřassocier les partenaires concernés, en particulier par rapport à lřexpansion des outils dřanalyse et lřévaluation pour inclure les dynamiques conflictuelles. Cette recommandation va, en effet, dans la direction contraire par rapport à lřorientation courante : le HCR, OCHA et lřUNICEF sont en train de discuter comment modifier le Ŗprotection monitoringŗ et les MSA pour les rendre plus Ŗlégersŗ, et les fonder dřavantage sur des données quantitatives, ce qui rendrait plus facile la comparaison et le classement des différentes situations, ainsi que la surveillance des tendances au fil du temps. Au contraire, ce scénario demande plus dřinformations qualitatives, qui ne peuvent pas toujours être capturées par des indicateurs quantitatifs. Il est important pour l'UNICEF de prendre note de ce dilemme. Un plaidoyer sera nécessaire vis-à-vis des partenaires pour promouvoir lřidée dřune analyse qualitative, pour compléter la collecte des données quantitatives. Si les partenaires sont opposés à approfondir et systématiser leur analyse sur les conflits, lřUNICEF pourrait décider de créer une capacité dřanalyse des conflits au sein de ses programmes. Similairement, lřutilité dřune formation sur les thèmes de la sensibilité aux conflits pourrait ne pas être initialement évidente pour les partenaires, surtout si cela vient sřajouter à un programme de travail déjà surchargé. Il est donc important de commencer par une sensibilisation sur ces questions, en se fondant, autant que possible, sur les expériences réelles du staff du terrain. Enfin, les activités de communication risquent de devenir (ou dřêtre perçues comme) des outils de propagande par les agences de PEAR Plus ou par leur bailleur. Il faut donc que lřengagement soit aussi transparent que possible, et quřil soit complet et sérieux de la part du bailleur et des agents de mise en œuvre. 52 | P a g e UNICEF et Search for Common Ground Annexe 1 Causes et manifestations des conflits dans les Provinces du Nord et du Sud Kivu et dans le district de l’Ituri Nord Kivu Sud Kivu Ituri Enjeux de fond Contrôle des terres Terres fertiles dans les montagnes du Masisi et Rutshuru Immigration des Banyarwanda organisée par le pouvoir colonial Belge depuis les années 30 Pouvoir politique et instrumentalisation des identités ethniques Favoritisme de Mobutu pour les Banyarwandas, surtout des Tutsis dans les années 70 Ŕ de larges concessions foncières sont données aux Banyarwandas Remise en question de la nationalité congolaise des Banyarwandas par les autres groupes ethniques (Nande, Hunde, Nyanga, Tembo…) et par le gouvernement (loi sur les nationalités de 1981) Etude sur la sensibilité aux conflits du Programme PEAR Plus Terres fertiles dans les montagnes du Sud Kivu, surtout dans les hauts plateaux dřItombwe Existence et expansion des communautés Rwandophones connues sous le nom de Banyamulenge à partir des années 1950 suite aux crises successives au Rwanda et au Burundi Terres fertiles dans les montagnes et hauts plateaux de lřIturi, surtout dans les territoires de Djugu et Irumu Priorité donnée aux Hemas dans lřadministration coloniale et lřaccès aux ressources au détriment des Lendus Favoritisme de Mobutu pour les Banyamulenges dans les années 1970 Ŕ contrôle des pâturages et terres fertiles Favoritisme de Mobutu pour les Hemas ; les Hemas acquièrent encore plus de terres lors de la zaïrianisation des années 1970 Remise en question de la nationalité congolaise des Banyamulenges par les autres groupes (Bashi, Bembe, Warega…) et par le gouvernement (loi sur les nationalités de 1981) Tensions accrues épisodiques entre les grands propriétaires fonciers Hemas et les communautés Lendus en 1966, 1973, 1990, 19997 P a g e | 53 Déclencheurs Exclusion des Banyarwandas de la conférence nationale de 1990 Exclusion des Banyamulenges de la conférence nationale de 1990 Rébellion du RCD en 1998, soutenu par lřOuganda, qui entraîna un afflux dřarmes et légitima la violence comme mode de gestion des conflits Guerre civile au Rwanda depuis 1990 Ŕ implication des Hutus et Tutsis congolais dans la crise Rwandaise Création des groupes armés dřauto-défense Banyamulenge dans les années 1980 Disponibilité des armes à feu à cause des guerres des rébellions de 1996 et 1998 Eruption des violences locales entre les groupes ethniques se considérant autochtones (au début surtout Hundes et Nyangas) au Walikale et Masisi en mars 1993 Guerre civile au Rwanda depuis octobre 1990 et implication de quelques Banyamulenges du côté du Front Patriotique Rwandais (FPR) Effacement de lřautorité de lřEtat avec la guerre de 1998 Génocide au Rwanda et déferlement dřun million de réfugiés Rwandais du Nord et du Sud Kivu y compris des responsables du génocide et des milices interahamwes en avril 1994 Génocide au Rwanda et déferlement dřun million de réfugiés Rwandais du Nord et du Sud Kivu y compris des responsables du génocide et des milices interahamwes en avril 1994 Attaques contre le territoire Rwandais et contre les communautés Tutsis au Nord Kivu par les milices Hutus formées et entraînées dans les camps de réfugiés Attaques contre le territoire Rwandais et contre les communautés Tutsis au Nord Kivu par les milices Hutus formées et entraînées dans les camps de réfugiés Déclenchement des violences lors dřun conflit local autour de lřextension dřune concession par un propriétaire Hema contre la résistance de la communauté Lendu dans le territoire de Djugu en juin 1999 Conflagration des violences et émergence des groupes armés ethniques soutenus par lřOuganda, le Kinshasa, ou le Rwanda Manifestations Combats continus 54 | P a g e Guerre de lřAFDL et campagne Rwandaise pour la rentrée des réfugiés et traque des interahamwes en 1996 Guerre de lřAFDL et campagne Rwandaise pour la rentrée des réfugiés et traque des interahamwes en 1996 avec une forte participation Banyamulenge UNICEF et Search for Common Ground Lutte féroce militaire entre de multiples groupes armés pour le contrôle de Bunia et les riches terres et mines dřor du district Exactions contre les civils Guerre du RCD soutenu par le Rwanda et lřOuganda depuis août 1998 Ŕ multiplication des groupes rebelles et des groupes armés MaiMai Guerre du RCD soutenu par le Rwanda et lřOuganda depuis août 1998 Ŕ multiplication des groupes rebelles et des groupes armés Mai-Mai Six groupes armés majeurs et de nombreux groupes locaux sřaffrontent entre 1999 ; les violences se concentrent sur Djugu et Irumu mais se répandent sur toute lřétendue du district Présence continue de exinterahamwes (nommés FDLR depuis 2000) surtout dans les territoires de Lubéro, Walikale et Rutshuru Fuite massive de la population en Tanzanie, y compris des Banyamulenges Les principaux groupes armés : lřUnion des Patriotes Congolais (UPC) (Hema, dřabord soutenus par lřOuganda, depuis 2002 par le Rwanda) ; Le Parti de lřUnité et de la Sauvegarde de lřIntégrité du Congo (PUSIC) (Hema du Sud) ; le Front Révolutionnaire Patriotique en Ituri (FRPI) (Lendu, GOC) ; et le Front National dřIntégration (Lendu, Ouganda) Emergence du CNDP et de Laurent Nkunda en 2004 Présence continue des FDLRs au nord et ouest de la province du Sud Kivu Contrôle de larges parties du Masisi et du Rutshuru par le CNDP entre 2005 et 2008 La collaboration des gouvernements congolais et rwandais pour la traque des FDLRs depuis 2008 a entraîné un dispersement des FDLRs vers le centre et le sud du Sud Kivu Arrêt de Laurent Nkunda en janvier 2009 Collaboration des gouvernements congolais et rwandais pour la traque des FDLR depuis 2008 Présence continue des groupes armés MaiMai et Banyamulenge non-démobilisés et entraînement militaire continu Recrutement des enfants dans les groupes armés Recrutement des enfants dans les groupes armés Les combats en Ituri entre 1999 et 2004 ont causé plus de 50,000 morts Viols de filles et femmes sur une grande échelle Viols de filles et femmes sur une grande échelle De graves massacres ethniques entre Hemas et Lendus Etude sur la sensibilité aux conflits du Programme PEAR Plus P a g e | 55 Pillages, tracasseries, « taxes » illégales et travaux forcés contre les civils Pillages, tracasseries, « taxes » illégales et travaux forcés contre les civils Destruction et incendies des villages entiers comme rétribution ethnique Enfants travaillants dans les carrés miniers Enfants travaillants dans les carrés miniers Viols massifs, pillages, tracasseries, travaux forcés, recrutement forcé des enfants Dynamiques conflictuelles actuelles locales 56 | P a g e Occupation des terres par les groupes armés et leurs affiliés, surtout au Masisi et au Rutshuru Occupation des terres par les groupes armés et leurs affiliés Occupation des terres par les affiliés des anciens groupes armés, dans quelques contrées dans les territoires de Djugu et Irumu Contrôle des ressources minières contesté entre les groupes armés, militaires, et les autorités coutumières et autorités de lřEtat surtout au Walikale, mais aussi au Masisi et Rutshuru Contrôle des ressources minières contesté entre les groupes armés, militaires, et les autorités coutumières et autorités de lřEtat, surtout dans les territoires de Shabunda et Kalehe, mais aussi Walungu et Uvira Présence de quelques groupes armés nondémobilisés au sud du territoire dřIrumu Contrôle politique et économique contesté entre les groupes armés, le pouvoir traditionnel, et le pouvoir de lřEtat surtout au Řpetit nordř Contrôle politique et économique contesté entre les groupes armés, le pouvoir traditionnel, et le pouvoir de lřEtat Contrôle des ressources minières contesté entre les groupes armés, militaires, et les autorités coutumières et autorités de lřEtat surtout dans le territoire de Djugu Contestation du pouvoir coutumier entre les familles prétendantes ou entre les représentants de clans ou ethnies différentes surtout au Řpetit nordř Contestation du pouvoir coutumier entre les familles prétendants ou entre les représentants de clans ou ethnies différentes Contestation du pouvoir coutumier entre les familles prétendantes ou entre les représentants de clans ou ethnies différentes UNICEF et Search for Common Ground Annexe 2 Synthèse des recommandations et scénarios proposés Logique Choix des zones d’intervention Scénario 1 Scénario 2 Scénario 3 Statu quo Sensibilité aux conflits augmentée Sensibilité aux conflits approfondie Part de l’hypothèse que l’approche existante est suffisamment sensible aux conflits sans devoir s’insérer aux efforts de peacebuilding Augmentation des éléments clés pour renforcer la dimension ‘ne pas nuire/do no harm’ à travers tous les aspects du programme Révision fondamentale du Programme en vue de s’attaquer d’une manière directe et délibérée aux conflits sur tous les niveaux conflictuels Priorité à l’action humanitaire, c-a-d que les critères humanitaires sont clés pour déterminer les zones d’interventions Identifier des domaines dans lesquels le PEAR Plus peut contribuer à la construction de la paix Zones ‘durables’ sans tensions ou conflits interethniques graves Zones ‘durables’ sans tensions ou conflits interethniques graves Etude sur la sensibilité aux conflits du Programme PEAR Plus P a g e | 57 Choix délibéré des zones aux conflits fonciers et interethniques pour apporter un soutien à leur résolution Collecte de données et analyse Continuation de l’approche actuelle Augmenter la fréquence des évaluations de protection avec un élément d’analyse des conflits élargi Ajustement des instruments de collecte de données avec un module d’analyse de conflits intégré aux MSA Formation approfondie des enquêteurs des MSA dans l’analyse des conflits Collecte de données régulière soit par des agents de terrain, soit par des informateurs communautaires ; contribution du théâtre participatif à une meilleure compréhension des conflits Ateliers trimestriels d’analyse des données sur les conflits pour informer la planification et la mise en œuvre du PEAR Plus 58 | P a g e UNICEF et Search for Common Ground Collecte de données continue Adopter le modèle d’Arche d’Alliance des informateurs indépendants de terrain pour assurer une analyse constante des dynamiques conflictuelles Analyse constante des données sur les conflits pour informer la stratégie programmatique et les activités de mitigation des conflits Annexe 3 Liste des personnes consultées Province du Nord Kivu Agences des Nations Unis Félix Ackebo Célestin Mirindi Robert Lussier Alphonse Siteke Félicien Molima Guillaume Sauval Marie Dimond Angela Murru Holly Berman Christine Goyer Spyros Demetriou Chargé de protection, UNICEF Chargé dřéducation, UNICEF Chargé de communication, UNICEF Chargé de communication, UNICEF Program Specialist et Chef de Bureau, Nord Kivu, UNICEF Emergency Specialist, UNICEF Chef de Bureau Nord Kivu, PNUD Administratrice Chargée de Protection, UNHCR Administratrice Principale Chargée de la Protection, UNHCR Administratrice Chargée de la Protection (Kinshasa), UNHCR Stabilization Team Leader (Eastern Coordination), MONUC Goma Goma Goma Goma Goma Goma Goma Goma Goma Goma Goma 3 juillet 2009 3 juillet 2009 3 juillet 2009 3 juillet 2009 4 juillet 2009 4 juillet 2009 4 juillet 2009 17 juillet 2009 17 juillet 2009 17 juillet 2009 4 juillet 2009 Médias Magloire Paluku Directeur, Radio Kivu One Goma 5 juillet 2009 Goma 4 juillet 2009 Goma Goma 11 juillet 2009 13 juillet 2009 Goma 13 juillet 2009 Bukavu Bukavu 6 juillet 2009 6 juillet 2009 Bukavu 6 juillet 2009 Bukavu Bukavu Bukavu Bukavu Bukavu Uvira Uvira Uvira 6 juillet 2009 6 juillet 2009 6 juillet 2009 6 juillet 2009 8 juillet 2009 10 juillet 2009 10 juillet 2009 10 juillet 2009 Bukavu Bukavu 6 juillet 2009 6 juillet 2009 Bukavu 7 juillet 2009 Organisations Non-Gouvernementales Passy Amani Réseau dřéducation civique au Congo (RECIC)/Save the Children Bavon Mwabila Emergency Food Security and Coordinator Specialist, NRC Jean Emmanuel Mihigo Coordinateur de Projet Informations, Conseil et Assistance Mupfuni Légale (ICLA), NRC Jules Mbokani Officier ICLA, NRC Province du Sud Kivu Agences des Nations Unis Michel Dubois Harouna Dan-Malam Cyprien Maheshe Jean-Claude Chigwrhe Jean Bisimwa Danielle Keulen Alex Bertrand Ilaria Carpen Bernard Leloup Tahirou Diao Jackie Keegan Chef de Bureau (Sud Kivu), PNUD Coordinateur Provincial dřappui à la lutte contre la Pauvreté, PNUD Responsable de suivi et évaluation (Programme Pauvreté) , PNUD Chargé de Programme, PNUD Emergency Officer, UNICEF Chef de Bureau, Sud Kivu, UNICEF Chargé dřinformation , UNICEF Conseillère de stabilisation, MONUC Chef de Sous-Office, MONUC Chargé dřinformation, MONUC Chargée de protection, UNHCR Organisations Non-Gouvernementales Filippo Mazzarelli Chef de Base et Coordinateur Programme PEAR, AVSI Richard Bwiru Responsable local du Programme PEAR PLUS, AVSI Musharamina Jean Paul Munganga Coordonnateur a.i., ADI-Kivu Etude sur la sensibilité aux conflits du Programme PEAR Plus P a g e | 59 Severin Mirindi Ingénieur, AVSI Christian Stangel Muriel Tschopp Chef de Bureau, IRC Coordinatrice du Programme Community-Driven Recovery/Tuungane, IRC Chef de bureau, IRC Dieudonné Kalala Tshiswabantu Jean-Baptiste Mukungiwa-Kabizi Eric Mufungizi Léon Masirka Chancelle Furabanu Baudouin Kipaka Léon Baruani Pacifique Ngombwa Dupont Ntererwa Alfred Bulakali Nestor Nkuruziza Aldegonde Kyakimwa Autorités Locales Demilie Andre Kibala Mariette Chirume Severin Mugangu Ecoles Simon Bulonzu Kazungu Marie-Claire Ntanabwijira Nshokano Nestor Bukeduce Albertine Shabulionzenze Rwabashosi Boyimkembe Bukavu Cierano Ruhoko Bukavu Bukavu 6 juillet 2009 6 juillet 2009 Walungu 8 juillet 2009 Technicien génie civile, IRC Walungu 8 juillet 2009 Technicien en développement rural, IRC Ingénieur, IRC Animatrice de terrain, IRC Coordonnateur, Arche dřAlliance Directeur du Bureau de Bukavu, SFCG Coordonnateur DME, SFCG Assistant Producteur Médias, SFCG Coordonnateur Théâtre, SFCG Coordonnateur Médias, SFCG Coordonnatrice Cinéma Mobile, SFCG Walungu Walungu Walungu Uvira Bukavu Bukavu Bukavu Bukavu Bukavu Bukavu 8 juillet 2009 8 juillet 2009 8 juillet 2009 10 juillet 2009 7 juillet 2009 7 juillet 2009 7 juillet 2009 7 juillet 2009 7 juillet 2009 7 juillet 2009 Conseiller Chargé des Questions des Grands Lacs, Gouvernement Provincial Conseillère Chargée des questions sociales et Humanitaires, Gouvernement Provinciale Administrateur de Territoire dřUvira Bukavu 7 juillet 2009 Bukavu 7 juillet 2009 Directeur, Ecole Primaire de Chierano Enseignante et animatrice, Ecole primaire de Chierano Walungu Walungu 8 Juillet 2009 8 juillet 2009 Vice Président du Comité des Parents, Ecole Primaire de Chierano Directrice Adjointe, Ecole Primaire de Ruhoko Président du Comité des Parents, Ecole Primaire de Ruhoko Walungu 8 Juillet 2009 Walungu Walungu 8 Juillet 2009 8 Juillet 2009 Charge de planification, suivi, évalution, UNICEF Chargé hygiène et assainissement, UNICEF Chargé de la protection, UNICEF Chargé dřéducation, UNICEF Chargé des Affaires Humanitaires, OCHA Chargée des Affaires Humanitaires Adjointe, OCHA Bunia Bunia Bunia Bunia Bunia Bunia 14 juillet 2009 14 juillet 2009 14 juillet 2009 14 juillet 2009 16 juillet 2009 16 juillet 2009 Bunia Bunia et Djougou Djougou Bunia 13- 16 jl 2009 13-16 jl 2009 Bunia 15 juillet 2009 Bunia 14 juillet 2009 Uvira 8 juillet 2009 10 juillet 2009 District d’Ituri Agences des Nations Unis Roots Bondowe Virihi Leandre Nyangezi Félix Monga Antoine Maleka Willy Lukemba Magalie Salazar Organisations Non-Gouvernementales Andrea Burelli Coordinateur, COOPI Benjamin Kane Responsable Volet « Protection » du PEAR Plus, COOPI Nelson Mandundu Eric Mpolesha Cedric Mokuku-Mambola Société Civile Jean-Bosco Lalo 60 | P a g e Psychologue/formateur, COOPI Chargé évaluation rapide et multisectorielle et de plaidoyer, Oxfam Québec Assistant a la coordination, monitoring et protection, Oxfam Québec Président, Société de lřIturi 15 juillet 2009 15 juillet 2009 UNICEF et Search for Common Ground Commission foncière de lřIturi Roger Mgule Commissaire permanent Théobald NřGulo Président adjoint Louise Tajeki Membre Zheobald Nkulo Membre Guillaume Manganga Membre Gilberte Manzima Membre Ngule Roger Membre Autorités et services publiques Hon. Pierre Claver Député Provincial (Province Orientale) Bedidjo Chef de Groupement de Zengo Unega Waga Chef de Groupement de Londroma Aliker Unega Lodda Chef de Groupement de Lodda Pitua Administrateur, PPSSP Dr. Justin Mukonkole Medicin chef de zone, Aire de Santé de Zengo Etude sur la sensibilité aux conflits du Programme PEAR Plus Bunia Bunia Bunia Bunia Bunia Bunia Bunia 15,16 jl 2009 15,16 jl 2009 16 juillet 2009 16 juillet 2009 16 juillet 2009 16 juillet 2009 16 juillet 2009 Djougou 14 juillet 2009 Djougou Djougou Djougou Djougou Djougou 14 juillet 2009 14 juillet 2009 14 juillet 2009 14 juillet 2009 14 juillet 2009 P a g e | 61 Annexe 4 Bibliographie Amnesty International, 2005, République Démocratique du Congo: Nord-Kivu: Les Civils Paient le Prix des Rivalités Politiques et Militaires, New York : Amnesty International. Amnesty International, 2005, Democratic Republic of Congo: Arming the East, New York: Amnesty International. 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