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L’Orient –Le Jour 6 novembre 2015 Mario Saradar : « Il y a de la place pour un nouvel acteur dans le secteur bancaire » Le groupe Saradar a annoncé mi-octobre la finalisation d'une procédure d'échange de titres pour faire entrer les actionnaires de la Near East Commercial Bank (NECB) au capital de la Banque de l'industrie et du travail (BIT), avant-dernière étape avant la naissance d'une nouvelle banque libanaise au printemps prochain. Son président, Mario Saradar, revient pour « L'Orient-Le Jour » sur cette opération. Philippe HAGE BOUTROS | OLJ06/11/2015 Pouvez-vous nous fournir plus de détails sur l'échange de parts conclu par les actionnaires de la Near East Commercial Bank (NECB) et leur entrée au capital de la Banque de l'industrie et du travail (BIT) ? Cette opération s'inscrit dans le cadre d'un processus de fusion-acquisition entre ces deux banques. Elle a entériné l'acquisition par les actionnaires de la NECB de 51 % des parts de la BIT, créant ainsi un nouveau groupe au sein de l'actionnariat de cette société. En échange, la BIT a acquis l'ensembledes parts de la NECB. Aujourd'hui, les deux établissements sont consolidés sous l'enseigne de la BIT, en attendant l'étape de la fusion et le nom de la nouvelle entité. Jusqu'à cet instant, NECB et BIT existeront encore sur le plan juridique. Nous devons maintenant obtenir l'autorisation de la Banque du Liban (BDL) pour la dernière étape de la fusion – une procédure purement administrative. Nous serons en mesure de formuler cette demande d'ici à la fin de l'année, ce qui nous laisse espérer une réponse d'ici à avril 2016. La nouvelle entité disposera de plus de 200 millions de dollars de fonds propres et de près de 1,6 milliard de dollars d'actifs. Elle fera partie de la catégorie des banques beta – NDLR : qui désigne les banques dont les dépôts compris entre 500 millions et 2 milliards de dollars, selon la classification établie par Bankdata Financial Services – et proposera les services d'une banque commerciale. Son actionnariat sera réparti entre les familles Boustani et Khazen, Carlos Ghosn, le groupe Mecattaf, le groupe Mikati, le groupe Saradar, Shammas Economic Institute ainsi que le groupe Wiederkehr – qui détenait la majorité des parts de la NECB.Qu'est-ce qui a décidé le groupe Saradar à se lancer dans cette opération dont les contours ont commencé à se dessiner quelques mois seulement après votre démission de l'actuel groupe Audi en 2014 ? Pourquoi avoir choisi NECB et BIT en particulier ? Comme lors de la fusion-acquisition qui a donné naissance en 2004 à Bank Audi sal-Audi Saradar Group, le groupe Saradar a estimé que cette opération servirait les intérêts de ses actionnaires et a saisi cette opportunité. Les banques NECB et BIT faisaient partie de la catégorie d'établissements aux finances saines, avec un actionnariat partageant la même vision, ce qui explique pourquoi notre choix s'est porté sur ces deux établissements. Je suis convaincu qu'en dépit du nombre élevé de banques opérant au Liban, il y a encore de la place pour un nouvel acteur dans le secteur. Il ne s'agit pas ici de créer une banque capable de rivaliser avec les plus grands acteurs du marché au Liban en termes de taille, mais certainement en termes de qualité de services et de produits à la clientèle, tout en créant de la valeur pour les actionnaires. Nous espérons également, à long terme, attirer d'autres établissements qui seront eux-mêmes intéressés par la perspective d'intégrer notre actionnariat. La BDL est particulièrement favorable à ce type d'opération qui lui permet de diminuer le nombre de banques de petite taille au Liban. Dans un petit pays comme le Liban, la taille des établissements bancaires est devenue un élément essentiel pour améliorer leur rentabilité. La création de cette nouvelle banque s'inscrit-elle dans une stratégie plus globale du groupe Saradar ? Le groupe Saradar a entrepris depuis quelques années une diversification de ses investissements par secteur d'activité au Liban et à l'étranger. En cinq ans, la part de nos investissements à l'étranger est passée d'environ 10 % à 40 %. Pour ne parler que de Conseil et Gestion immobilière (CGI) – l'immobilier devenant l'un de nos principaux secteurs d'investissement local et international : nous participons actuellement au développement de trois projets sur Beyrouth pour une valeur totale de 225 millions de dollars et de deux à l'international, pour lesquels nous avons pu lever 45 millions de dollars de fonds propres et 50 millions de financement. Le groupe Saradar comprend également Saradar Family Office (SFO), qui est une institution spécialisée dans la gestion de fortune de familles dont les avoirs sont supérieurs à 100 millions de dollars. La nouvelle banque née de la fusion entre la NECB et la BIT va quant à elle grossir les rangs des sociétés financières du groupe qui lui permettront de se positionner sur le marché des banques commerciales.Le groupe Saradar pourra ainsi proposer tous les types de services bancaires et financiers à travers ses diverses entités.