NÉPHROPATHIE DIABÉTIQUE

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NÉPHROPATHIE DIABÉTIQUE
NÉPHROPATHIE DIABÉTIQUE
NÉPHROPATHIE DIABÉTIQUE
CONTRÔLE DU DIABÈTE ET
RISQUE DE MALADIE RÉNALE
IL EXISTE DIFFÉRENTS STADES DE GRAVITÉ DE L’ATTEINTE
RÉNALE LIÉE AU DIABÈTE ET TOUS LES SUJETS DIABÉTIQUES
NE DÉVELOPPERONT PAS LES STADES LES PLUS GRAVES DE
LA MALADIE RÉNALE, NOTAMMENT GRÂCE AU CONTRÔLE DU
TAUX DE SUCRE ET DE LA PRESSION ARTÉRIELLE.
SAMY HADJADJ
CHU de Poitiers
Service d’endocrinologie,
diabétologie – Poitiers
RONAN ROUSSEL
1) Introduction, définitions
1.1) Introduction
La néphropathie diabétique correspond à l’atteinte rénale liée à l’augmentation du taux de glucose dans le
sang, qui définit le diabète sucré. Il
s’agit d’un véritable modèle humain
de maladie rénale ; en effet, la plupart des maladies rénales se développent à bas bruit et/ou font irruption de manière bruyante, par une
altération de la capacité des reins à
filtrer le sang (insuffisance rénale)
ou par un syndrome oedémateux
avec protéinurie (grosses jambes, ou
oedèmes et hypertension). Il s’agit
déjà là d’un stade avancé de maladie. A l’inverse dans le diabète, on
peut suivre progressivement l’apparition des lésions depuis la normalité complète jusqu’à la possible
« mort rénale », ou insuffisance
rénale terminale nécessitant dialyse
ou greffe. On peut donc aussi mieux
comprendre comment évoluent les
lésions rénales et tenter de bloquer leur progression, voire les faire
régresser !
représentent même plus de la moitié des nouveaux dialysés, et parmi
eux, plus de la moitié sont des diabétiques de type 2 (2). En Europe, la
tendance est similaire avec une ou
deux décennies de retard. L’augmentation de la prévalence du diabète de type 2 et l’augmentation de
l’espérance de vie des diabétiques
tous types confondus conjuguent
leurs effets dans ce sens.
Tous les diabétiques de type 1 mal
équilibrés ne semblent pas exposés
au risque de néphropathie, à la différence du risque de rétinopathie. Environ 30% des diabétiques de type 1
présenteront une néphropathie. L’incidence de cette complication dans le
diabète de type 1 déclinait depuis des
décennies, et s’est stabilisée depuis
10-20 ans. Cette baisse est en rapport avec l’amélioration de l’équilibre
glycémique et avec l’introduction des
traitements anti-hypertenseurs.
Nous nous concentrerons ici sur l’hyperglycémie chronique comme déterminant de la néphropathie diabétique,
et comme cible thérapeutique.
Le diabète est une co-morbidité
retrouvée dans la majorité des nouveaux cas d’insuffisance rénale terminale dans les pays occidentaux(1).
Aux États-Unis, les diabétiques
1.2) Définitions
1.2.1) définition anatomique
Kimmestiel et Wilson ont décrit en
1936 les glomérules de 8 patients diabétiques : ils étaient de grande taille,
CHU X Bichat
Service d’endocrinologie,
diabétologie, nutrition –
APHP – Paris
avec un matériel abondant prenant
le PAS (Periodic Acid Schiff) dans le
mésangium, et un épaississement de
la membrane basale glomérulaire (3).
L’hypertrophie glomérulaire est précoce, ainsi que l’épaississement de
la membrane basale, que l’on peut
constater quelques mois après le
début du diabète (4). En revanche
l’hypertrophie mésangiale est plus
lente à s’installer, faite à la fois de
matériel matriciel et cellulaire. Au
fur et à mesure de l’oblitération de
glomérules par cet encombrement
matricio-cellulaire, la perte néphronique progresse (Figure 1).
Pour résumer, on retiendra que
l’atteinte rénale liée au diabète
affecte en premier le glomérule,
structure de filtration, qui s’altère progressivement et ne peut
plus remplir normalement sa
fonction.
avril - octobre 2010 - Reins-Échos n°8 /// 11