Fraternité, bienfaisance et solidarité, en Franc-Maçonnerie
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Fraternité, bienfaisance et solidarité, en Franc-Maçonnerie
Fraternité, bienfaisance et solidarité, en Franc-Maçonnerie Dès sa fondation, au 18e siècle, la Franc-Maçonnerie a développé une action caritative et de bienfaisance. Elle est représentée dans chaque loge par un frère (ou une sœur selon les obédiences) appelé Hospitalier, qui joue un rôle essentiel dans la vie maçonnique. Ce maçon reçoit comme mission spécifique d’être à l’écoute de toutes les formes de détresse auxquelles ses frères et sœurs peuvent être confrontés dans leur vie quotidienne et s’efforce, en leur compagnie, de les résoudre, que celles-ci soient d’ordre moral, médical, matériel, familial ou autre. Il doit également aider les personnes les plus défavorisées, symbolisées par le terme de “veuves”, afin qu’elles ne se sentent ni rejetées, ni sans ressource. Ainsi, traditionnellement, à la fin de chaque réunion, l’Hospitalier est invité par le Vénérable Maître de la loge, à faire circuler un tronc destiné à recueillir les oboles des maçons présents, d’où le nom de “Tronc de la Veuve”. Il faut différencier cette action de solidarité de la notion de pitié, issue de nos obligations religieuses ou philosophiques qui, hélas, cache souvent le fait, fort peu glorieux, de se désintéresser d’un drame humain par un don qui déculpabilise “à bon marché” ou couvre des fautes… L’Hospitalier, parfois nommé Elémosinaire, du latin “aumône – aumônier”, occupe cette fonction pendant un temps déterminé, puis un autre maçon lui succède, démontrant ainsi que tous les frè- Jacques HOSTETTER, diplômé de l’Institut d’Etude des Religions et de la Laïcité (ULB) res et toutes les sœurs sont des hospitaliers en puissance, étant donné que parmi les valeurs que prône la Franc-maçonnerie, celles de la fraternité et de la solidarité sont centrales. Certes, la fraternité peut se comprendre comme un partage de la démarche intellectuelle et initiatique demandée à chaque maçon, mais il n’en est pas moins vrai que le parcours maçonnique s’effectue dans un cadre collectif et que cette collectivité peut difficilement se concevoir sans une forme de solidarité, qui ne peut se manifester que dans des actes de fraternité. Dans chaque obédience des fonds de secours, le plus souvent sous formes d’Associations Sans But Lucratif, ont été fondées. Ces fonds recouvrent deux aspects bien différents. Le premier est conçu comme une aide caritative, le second est plutôt philanthropique. Les deux sont perçus sous l’angle des besoins et des nécessités de l’homme, tant social que matériel. Le premier, indiqué comme caritatif, fonctionne “intra muros”. Autrement dit, il est orienté vers les frères et les sœurs qui sont temporairement en difficulté et qui peuvent de cette façon être aidés. Le deuxième, nommé philanthropique, se déploie “extra muros” et consistera en l’apport d’une aide significative à des associations où à des frères et des sœurs qui s’investissent bénévolement en faveur de jeunes défavorisés ou en s’occupant d’enfants ou d’adultes atteints d’un handicap ; ceci n’étant que deux exemples parmi bien d’autres. La discrétion maçonnique empêche que l’identité et le montant des interventions soient dévoilés mais les frères et les sœurs affirment avec conviction que la solidarité est une condition maçonnique essentielle. Dès les textes fondateurs, ces buts philanthropiques apparaissent dans les préceptes “of freemasonry” et, jusqu’à aujourd’hui, sont communiqués à tous les nouveaux adhérents partout dans le monde. Ces préceptes imposent aux hommes et aux femmes probes et libres, qui accèdent à la Maçonnerie, quelques principes de vie auxquels ils ne peuvent se dérober. Ainsi, en ce qui concerne les relations entre les maçons et les faibles, trois instructions sont universellement connues : “Soutiens les faibles, parle tendrement avec les pauvres… et soulage-les”. A la fin de chaque réunion, on répète ce devoir, somme toute sacralisé pour chaque maçon, de prêter secours à ses frères et sœurs, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du temple. Dans la littérature anglaise, le mot “charity” acquit durablement la signification de la très spécifique “masonic charity” (les obligations d’assistance étaient nommées invariablement charity…) et on insistait sur le fait qu’elle était déjà reconnue comme amour fraternel dans sa signification la plus large, un des plus importants idéaux chez les “prédécesseurs opératifs”. Elle est décrite comme le “brightest ornament that can adorn masonry”, car elle est déjà Reliures 30 Printemps-Eté 2013 21