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Physio-Géo - Géographie Physique et Environnement, 2009, volume III
113
ÉVOLUTION DU LITTORAL DE LA BAIE DE SAÏDA :
DYNAMIQUE NATURELLE ET IMPACT DES
AMÉNAGEMENTS (MAROC ORIENTAL)
Mostafa BOUABDALLAH et Jean-Pierre LARUE (1)
(1) : Géodynamique des milieux naturels et de l'environnement, Université de Paris XII - Val de Marne,
94010 CRÉTEIL cedex. Courriels : [email protected] ; [email protected]
RÉSUMÉ : L'analyse des photos aériennes de plusieurs missions, couplée à l'étude des minéraux
lourds des sables de plage, a permis d'évaluer les variations du trait de côte, de reconstituer la
dynamique des environnements sédimentaires du littoral de la baie de Saïdia et de dégager les
processus hydrologiques et hydrodynamiques qui contrôlent ce littoral méditerranéen. La
détermination des minéraux lourds nous a fourni des indications sur l'origine des sédiments, la
lithologie du bassin versant fournisseur, et a permis de caractériser la dynamique morphosédimentaire
de deux secteurs situés de part et d'autre de l'embouchure de la Moulouya. Á l'est, on trouve un secteur
en démaigrissement, alors qu'un secteur en accrétion est situé dans la partie ouest. L'évolution
morphodynamique de chacun de ces deux secteurs résulte de l'interaction entre les facteurs naturels et
les effets des aménagements réalisés sur le littoral et dans le bassin versant de la Moulouya.
MOTS-CLÉS : littoral, dynamique sédimentaire, minéralogie, morphodynamique, impacts des
aménagements, Maroc.
ABSTRACT: The analysis of aerial photographs (of several missions) coupled with the study of
heavy minerals made it possible to show the shoreline changes, to reconstitute the dynamics of the
various sedimentary environments of the Saïdia littoral and to underline the factors, the hydrological
and hydrodynamic processes which control this Mediterranean coastline. The study of heavy minerals
provided indications on the origin of the sediments, the lithology of the catchment supplier area, and
made it possible to put two morphosedimentary sectors obvious on both sides of the mouth of
Moulouya. The morphodynamic evolution of each one of these two sectors results from the
interactions between the natural factors and the impact from the installations carried out on this littoral
and in the Moulouya catchment.
KEY-WORDS: coastline, sedimentary dynamics, mineralogical, morphodynamics, impact from the
installations, Morocco.
I - INTRODUCTION
Les forçages naturels et anthropiques sur l'évolution morphosédimentaire mi-séculaire
d'un linéaire côtier ont fait l'objet de multiples études (J. JIMENEZ et al., 1997 ; S. SUANEZ,
1997 ; I.B.N. FAYE et al., 2008 ). Certaines insistent principalement sur les forçages naturels
qui ont des effets morphologiques très discontinus dans le temps et dans l'espace (R. MORTON
et A. SALLENGER, 2003 ; D.L. FORBES et al., 2004 ; O. FERREIRA, 2006 ; G. ANFUSO et al.,
2007). Par exemple, une seule tempête, en submergeant les cordons littoraux, peut provoquer
des reculs locaux brutaux, mais la cicatrisation progressive qui suit annule en général ces
formes, sauf si une nouvelle tempête survient avant la fin de la régénération : l'efficacité
géomorphologique dépend ainsi de la fréquence des tempêtes. D'autres études soulignent
surtout l'impact des activités humaines. Les digues portuaires et les ouvrages de défense du
littoral perturbent la dynamique littorale et font que certains secteurs progradent alors que
114
d'autres reculent (P. DURAND, 2001 ; M. CESARACCIO et al., 2004 ; J.E. EL ABDELLAOUI et
A. OZER, 2007 ; N. HALAOUANI et al., 2007). Les barrages réduisent les transports
sédimentaires fluviaux et favorisent de ce fait l'érosion de la marge deltaïque, mais le recul
n'est pas continu, car l'action des dérives littorales engendre la progradation de certains
secteurs (D. PONT et al., 2002 ; F. SABATIER et S. SUANEZ, 2003 ; F. SABATIER et al., 2009).
L'analyse du littoral de la baie de Saïdia permet de montrer les impacts d'aménagements,
effectués à des dates différentes et à la fois dans le bassin versant de la Moulouya et sur le
littoral, sur une portion de côte résultant d'un équilibre instable entre les apports fluctuants de
la Moulouya et les actions marines. Soumise à une forte pression anthropique, cette côte basse
d'accumulation enregistre des modifications rapides du trait de côte depuis une cinquantaine
d'années et devient vulnérable aux inondations marines, dans un contexte de montée récente
du niveau marin (A. CAZENAVE et al., 2008 ; M. SNOUSSI et al., 2008).
Pour préciser et comprendre l'évolution de ce littoral, nous avons couplé l'analyse
diachronique de photographies aériennes et l'étude minéralogique des dépôts littoraux.
L'analyse diachronique de photographies aériennes est un outil efficace pour mettre en
évidence les variations sur le moyen terme qui résultent des interactions entre les forçages
naturels et les impacts d'aménagements successifs (M. CROWELL et al., 1993 ; P. DURAND,
1998). La composition en minéraux lourds des sables de plage donne non seulement des
indications sur les sources des sables littoraux, mais permet aussi de distinguer les secteurs en
accrétion et ceux en recul. En étudiant le littoral du delta du Nil, O.E. FRIHY et al. (1995),
puis H.M. EL-ASMAR et K. WHITE (2002) ont montré que les secteurs en érosion enregistrent
une concentration en minéraux lourds de forte densité, alors que les zones d'accrétion
comportent surtout des minéraux moins denses. Comme les minéraux de faible densité sont
plus facilement entraînés par les vagues et les courants que les minéraux de forte densité, ils
sont évacués des secteurs qui subissent un fort brassage des sables sous l'action érosive des
vagues et vont s'accumuler dans les secteurs où l'accumulation progressive les protège des
actions marines.
II - CADRE DE L'ÉTUDE
Le littoral de la baie de Saïdia s'étire sur 22 km de long entre le Cap de l'Eau, à l'ouest, et
l'Oued Kiss, à l'est, et suit un tracé quasi rectiligne (Fig. 1). Les plages sableuses qui le
forment ne sont interrompues dans sa partie médiane que par l'embouchure du plus grand
fleuve du Nord du Maroc, la Moulouya (R. RAYNAL, 1961). Cette embouchure étroite n'est ni
un estuaire ni un delta du fait de son évolution tectonique et morphodynamique : le lent
soulèvement à l'Holocène moyen et supérieur (H. ZARKI, 1999 ; H. ZARKI et al., 2004), la
réduction des apports de la Moulouya et l'efficacité de l'érosion marine (M. SNOUSSI et al.,
2002) ont limité la sédimentation et empêché la formation d'un delta, sans pour autant
permettre le fonctionnement d'un estuaire. Les 3000 ha marécageux, situés à l'est de l'embouchure à l'arrière du cordon sableux, sont classés site d'intérêt biologique et écologique en
raison de leur richesse floristique et faunistique. Long de 520 km, l'oued Moulouya prend sa
source dans le Haut Atlas à 2000 m d'altitude et draine le plus grand bassin versant du Maroc
(57500 km2 ). Soumis à un climat méditerranéen semi-aride, l'oued a un régime d'autant plus
irrégulier qu'il traverse des régions montagneuses plus humides (plus de 600 mm de
précipitations annuelles) et de vastes plateaux et plaines semi-désertiques (200 mm de pluies
en moyenne annuelle) (G. MAURER, 1980 ; J.J. BARATHON, 1989). 18 % du bassin versant
dépassent 1500 m d'altitude et 11 % sont inférieurs à 500 m (Fig. 2). Les roches sédimentaires
115
(calcaires, marnes, grès et conglomérats) occupent 97 % de la surface du bassin versant, alors
que les roches magmatiques et métamorphiques n'en couvrent que 3 % (R. RAYNAL, 1961).
Les débits lors des crues de printemps et d'automne peuvent dépasser 6000 m3/s dans la basse
Moulouya. Plus à l'est, l'oued Kiss, qui sert de frontière avec l'Algérie, n'atteint plus la
Méditerranée, car son embouchure est obturée par une flèche sableuse de 20 m de largeur
(M. BOUABDALLAH, 2008). Au pied de la falaise morte des Oulad Mansour, la plaine du
Sareg, qui s'étend entre la Moulouya et l'oued Kiss, est formée de systèmes de cordons
sableux qui sont recoupés par le trait de côte actuel (J.J. BARATHON, 1989).
Figure 1 - Carte de localisation, morphologie et occupation du sol.
Le littoral est soumis à des marées semi-diurnes dont l'amplitude n'excède guère 0,2 m
(B. EL MOUMNI, 1995). L'élévation actuelle du niveau marin n'est qu'un facteur aggravant qui
ne joue qu'un rôle mineur dans l'érosion littorale (C. BRUNEL et F. SABATIER, 2009). Le
régime des vents est caractérisé par une double orientation : les vents d'est-nord-est sont plus
fréquents mais moins forts que ceux d'ouest-sud-ouest (J.J. BARATHON, 1987). Pendant la
saison hivernale, les tempêtes viennent essentiellement de l'ouest. Il en résulte deux directions
de houle (nord-ouest et nord-est) et deux dérives littorales de sens opposés (ouest et est) qui
ont contribué à l'arasement de l'avancée deltaïque formée avant la mise en service des
barrages sur la Moulouya, à partir de 1956 (B. ZOURARAH, 1994). La dérive vers l'est est
actuellement la plus efficace, ainsi qu'en témoigne la forme des flèches orientées vers l'est à
l'embouchure de la Moulouya. Deux barres sableuses d'avant-côte, qui ont été alimentées par
les apports sédimentaires de la Moulouya avant la construction des barrages, existent à l'ouest
de l'embouchure, entre 3 et 6 m de profondeur.
116
Figure 2 - Géologie du bassin versant de la Moulouya et localisation des barrages.
Depuis les années 1950, la pression anthropique s'est accentuée sur le littoral et dans le
bassin de la Moulouya. Trois grands barrages ont été édifiés dans ce bassin : sur la Moulouya,
Mechra Hamadi en 1956 et plus en amont Mohamed V en 1967, plus récemment, sur l'oued
Za, Hassan II en 1996 (Fig. 2). De nombreux aménagements littoraux ont été réalisés. Le port
de Cap de l'Eau, situé à 7 km à l'ouest de l'embouchure de la Moulouya (Photo. 1) a été
construit en 1983 avec une première entrée orientée vers l'est. La construction du port de
plaisance de Saïdia, localisé à 5 km à l'est de l'embouchure de la Moulouya, a démarré en
1998 et s'est achevée en 2002. Deux grands complexes touristiques ont été mis en place près
du port de plaisance. Une société d'aquaculture (SAM) et un canal d'évacuation ont été
implantés en 1997, puis abandonnés en 2002 (Fig. 1). L'urbanisation, qui a progressé
rapidement, a conduit à l'arasement des dunes du haut et d'arrière plage et à des prélèvements
massifs de sables pour la construction.
Il convient donc d'évaluer et d'expliquer les modifications de tracé du littoral induites par
les interactions complexes entre la dynamique naturelle et les impacts des aménagements
successifs.
III - CINÉMATIQUE DU TRAIT DE CÔTE
1 ) Méthodes d'analyse des photographies aériennes
La définition d'une ligne de référence du trait de côte est un problème essentiel
(M. CROWELL et al., 1991 ; E.M. BOAK et I.L. TURNER, 2005). Nous avons choisi la ligne de
rivage instantanée qui est très souvent utilisée lorsque l'on travaille dans un contexte
microtidal comme celui de la Méditerranée, vu le faible marnage (20 cm) (P. DURAND, 1998).
117
Photo 1 - L’effet du port de Cap de l’Eau sur le transit sédimentaire.
[vue extraite de la mission aérienne Saïdia 2004]
a. Acquisition des données
L'analyse diachronique de l'évolution du littoral de la baie de Saïdia repose sur la
comparaison de quatre missions aériennes échelonnées de 1958 à 2004, à l'échelle 1/20000
(Tab. I). Comme document de référence pour servir de base à la correction, nous avons dû
utiliser la seule carte disponible, celle des Triffa de 1958 à l'échelle 1/50000. Les photos
aériennes et les cartes topographiques sont gérées par l'administration de la conservation
foncière du cadastre et de la cartographie (Rabat-Maroc).
Tableau I - Documents utilisés pour l'analyse diachronique.
Documents
Échelle
1/50000
Cartes topographiques
Date
1958, carte Les Triffa (carte de
référence)
1/50000
Mission
Mission
Mission
Mission
1956, carte Saïdia du Kiss
Photographies aériennes
1958
1988
1995
2004
Saïdia
Saïdia
Saïdia
Saïdia
1/20000
1/20000
1/20000
1/20000
b. La correction des photographies aériennes
Le traitement des documents a été effectué par informatique. Toutes les photographies
aériennes verticales et les cartes topographiques ont été numérisées. La correction et le géoréférencement des photographies ont été réalisés grâce à des logiciels (ERDAS imagine et
Arc GIS 9.1). Il s'agit de créer des orthophographies, c'est-à-dire des photographies
superposables à la carte de référence, afin d'avoir la même valeur métrique, en l'occurrence la
118
projection conique conforme de LAMBERT, ellipsoïde CLARKE 1880.
c. Les limites de la méthode
Nous distinguons trois erreurs possibles. Les deux premières sont engendrées par la
précision des documents (cartes et photos) alors que la troisième est une erreur liée au
processus de corrections des photographies.
- Erreurs dans la détermination des amers : Le géo-référencement des photographies aériennes
sur un tel document est une source d'erreur, car il sera extrêmement difficile de déterminer
avec exactitude sur la carte la position réelle des amers, et cela d'autant plus que ces amers
correspondent à des croisements de routes, autant d'éléments qui sont surdimensionnés sur
une carte. On a donc là un risque d'erreur, qu'il est difficile d'estimer avec précision.
Cependant les différents chercheurs qui ont travaillé sur ce sujet (R. DOLAN et al., 1980 ;
M. CROWELL et al., 1991 ; R. THIELER et W.W. DANFORTH, 1994-a, 1994-b ; I.B.N. FAYE
et al., 2008) estiment que la superposition des caractéristiques terrestres observées sur les
photographies aériennes et sur une carte à cette échelle peut engendrer une erreur de ± 10
mètres par rapport à la réalité. Toutefois cette erreur a un caractère systématique et ne doit
donc pas être répercutée sur l'évolution du trait de côte entre deux photographies.
- Erreurs de mesure sur les photographies aériennes corrigées : Sur certaines photographies
aériennes, le trait de côte n'est pas toujours parfaitement visible. Lorsqu'elles ne sont pas de
très bonne qualité, il peut y avoir un léger flou au niveau de la limite entre le plan d'eau et le
sable, d'où une incertitude pour repérer précisément le trait de côte. Cette erreur a été
estimée à ± 1 mètre pour chaque photographie.
- Erreurs dans le calcul des modèles polynomiaux par le logiciel : Le logiciel (ERDAS
imagine) offre une très grande fiabilité dans le calcul des modèles polynomiaux, mais il
subsiste parfois une erreur résiduelle. Cette erreur est évaluée par le logiciel. Elle est
extrêmement faible, puisqu'elle a été au maximum de 0,2 pixel par amer. Mais comme le
pixel est la plus petite parcelle visible à l'écran de l'ordinateur, il convient de porter cette
erreur à un pixel au niveau des amers et du trait de côte, ce qui représente une distance de un
mètre compte tenu de la définition de l'image. Le risque d'erreur qui en découle sur la
position du trait de côte, est donc de ± 2 mètres pour chaque photographie.
Pour la détermination du trait de côte à partir des photographies aériennes verticales
couvrant la période allant de 1958 à 2004 à l'échelle 1/20000, on a considéré directement la
ligne de contact mer-terre. Vu le faible marnage (20 cm), la faible pente de la plage de Saïdia
(1 %) et l'état de la mer lors de la prise de vue (calme), l'erreur maximale possible sur la
position réelle des traits de côte est de l'ordre de ± 26 m. Toutefois, celle sur la variation du
trait de côte entre deux photographies est de ± 6 m seulement.
2 ) Résultats
L'analyse de l'évolution du trait de côte montre d'importants changements entre 1958 et
2004 (Fig. 3 et 4). L'étude diachronique sur plus de 40 ans menée pour la frange côtière de la
Moulouya – par superposition des photographies aériennes couvrant la période allant de 1958
à 2004 à l'échelle 1/20000 – permet de dégager les tendances suivantes :
a. Pour le secteur côtier ouest (transect 1)
Par rapport au trait de côte de 1958, le trait de côte s'est situé à +74,7 m en 1988,
+78,2 m en 1995 et +96,5 m en 2004 (à ± 6 m).
119
MER MÉDITERRANÉE
Dérive littorale dominante
Figure 3 - Évolution du trait de côte du littoral de part et d’autre de la Moulouya
de 1958 à 2004.
20
15
1958-1988
1988-1995
1995-2004
m/an
10
Moyenne1958-2004
5
0
-5
-10
-15
Tansect 1
Tansect 2
Tansect 3
Tansect 4
Tansect 5
Figure 4 - Cinématique du trait de côte : vitesses d'évolution (m/an)
enregistrées sur les 5 transects.
De 1958 à 2004, le littoral de la rive gauche de la Moulouya a donc connu une
progradation certaine, avec des vitesses de : 2,5 m/an (± 0,2 m/an) de 1958 à 1988 ; 0,50 m/an
(± 0,9 m/an) de 1988 à 1995 ; et 2,0 m/an (± 0,7 m/an) de 1995 à 2004.
120
b. Pour le secteur côtier Est (transects 2 à 5)
Les mesures ont été faites perpendiculairement à la route côtière (Fig. 3).
Sur le transect 2, de 1958 à 1988 le trait de côte a reculé de 357 m (± 6 m). En 1995, par
rapport à la position de 1958, il se positionnait à -377 m et en 2004, à -393 m. Entre 1958 et
1988, le recul a été rapide (11,9 ± 0,2 m/an). Ensuite, l'avancée deltaïque ayant été
entièrement arasée, le littoral devenu rectiligne a évolué moins rapidement : 2,9 m/an
(± 0,9 m/an) de 1988 à 1985, puis 1,8 m/an (± 0,7 m/an) de 1995 à 2004.
Sur le transect 3, immédiatement à l'ouest du port de Saïdia, la progradation a été très
forte entre 1958 et 2004, la vitesse moyenne atteignant 10,6 m/an (± 0,1 m/an). Par rapport à
1958, le trait de côte se situait à +217 m en 1988 (+7,2 ± 0,2 m/an depuis 1958), +314 m en
1995 (+13,9 ± 0,9 m/an depuis 1988) et +478,5 m en 2004 (+18,3 ± 0,7 m/an depuis 1995).
Sur le transect 4, immédiatement à l'est du port de Saïdia, la progradation a également
été manifeste, la position du trait de côte par rapport à 1958 étant à +260 m en 1988
(+8,7 ± 0,2 m/an), +311 m en 1995 (+7,3 ± 0,9 m/an par rapport à 1988) et +360 m en 2004
(+5,4 ± 0,7 m/an depuis 1995).
Le transect 5, enfin, à 3 km à l'est du port de Saïdia, se distingue par la stabilité du trait de
côte durant les 46 années de 1958 à 2004.
Ces évolutions du trait de côte, très différentes dans l'espace et dans le temps, ont des
conséquences sur la composition minéralogique des sables de plage.
IV - LES MINÉRAUX LOURDS DES SABLES DE PLAGE DE PART
ET D'AUTRE DE LA MOULOUYA
Nous avons prélevé, en surface, 5 échantillons de sable sur le bas de plage dans la zone
d'action du jet de rive et de la nappe de retrait (Fig. 5). Il s'agit de sables moyens dont la
médiane varie entre 220 µm près de l'embouchure de la Moulouya et 185 µm à Saïdia. La
diminution de taille vers l'est atteste de transports dominants dans cette direction. Concentrés
selon la méthode densimétrique de séparation au bromoforme (A. PARFENOFF et al., 1970),
les minéraux lourds ont été déterminés au microscope optique. Les pourcentages de minéraux
transparents ont été calculés à partir de l'analyse d'environ 200 grains de la fraction III dont la
taille varie entre 0,125 et 0,04 mm.
Les pourcentages de minéraux lourds sont d'une manière générale très faibles, variant
entre 2 et 4 %, avec une domination des minéraux opaques qui représentent de 55 à 85 % des
minéraux lourds. Parmi les minéraux transparents, l'augite domine largement (34 à 49 %). La
dolomite, dont les pourcentages sont compris entre 23 et 49 %, arrive en deuxième position.
Le sphène est présent avec une proportion non négligeable (8 %). Les autres minéraux lourds
(hornblende verte, hornblende brune, zircon, grenat, staurotide, tourmaline et zoïsite) sont
représentés avec des proportions allant de 1 à 5 % (Fig. 5). Les camemberts de répartition de
ces minéraux lourds montrent des pourcentages identiques à ceux des sédiments de la
Moulouya (M. BOUABDALLAH, 2008), ce qui laisse supposer que les dépôts qui alimentent
les plages de part et d'autre de l'embouchure de la Moulouya proviennent principalement de la
charge sédimentaire transportée par ce fleuve. Au vu de l'abondance de l'augite et du sphène,
121
MER MÉDITERRANÉE
2 km
Figure 5 - Composition en minéraux lourds des sables superficiels
le long des plages de part et d’autre de la Moulouya.
cette charge sédimentaire est probablement issue des formations magmatiques localisées dans
le Haut Atlas. En revanche, la faible représentation des hornblendes brune et verte (moins de
2 %) peut être expliquée par une très faible alimentation sédimentaire par les cordons de la
plaine de Sareg qui en contiennent davantage, environ 5 % (M. BOUABDALLAH, 2008).
La distinction des minéraux lourds selon leur densité (Fig. 6) montre une dominance des
minéraux de faible densité, qui sont aussi les plus fragiles (augite, dolomite, hornblende verte,
hornblende brune), au niveau des plages du secteur ouest (Port de Cap de l'Eau) et d'une partie
du secteur est (Port de Saïdia). Il s'agit de secteurs de faible érosion marine. Les plages
subissent ici un engraissement matérialisé par un ensablement du port de Cap de l'Eau et une
progradation continue du trait de côte de la plage de Cap de l'Eau. Ce secteur, protégé par la
jetée du port de Cap de l'Eau, subit des vagues moins agressives. L'engraissement et la forme
arquée des plages du secteur ouest sont dus à la diffraction de la houle autour de l'extrémité de
cette jetée principale, ce qui se traduit par la modification de sa direction et par une
diminution de son énergie vers la zone protégée. L'augmentation des proportions des
minéraux lourds de densité supérieure à 3,5 g/cm3, qui sont aussi les plus résistants (zircon,
grenat, staurotide, tourmaline et zoïsite), au détriment des minéraux de densité inférieure à
3,5 g/cm3 (augite, dolomite, hornblende verte, hornblende brune) au niveau de la plage en rive
droite de la Moulouya et de la plage de la ville de Saïdia, prouve bien que ces plages subissent
une forte agitation.
122
MER MÉDITERRANÉE
18 %
Port de
Cap de l'Eau
72 %
21 %
14 %
21 %
79 %
86 %
Embouchure
de la Moulouya Port de Saïdia
25 %
79 %
2 km
75 %
Oued
Kiss
Secteur en érosion
Secteur en accrétion
Minéraux lourds de faible densité
Minéraux lourds de forte densité
Figure 6 - Minéraux lourds de faible et de forte densités (fragiles et résistants
respectivement) des sables superficiels de part et d'autre de la Moulouya.
V - IMPACT DES AMÉNAGEMENTS DUR LA DYNAMIQUE
LITTORALE DE LA BAIE DE SAÏDIA
1 ) Le rôle des barrages sur la Moulouya
Les barrages construits sur la Moulouya ont fortement réduit les débits et la charge
sédimentaire du fleuve, mais il faut aussi tenir compte des longues périodes de sécheresse,
comme celle des années 1980, qui ont fortement accentué les étiages dans le bassin versant.
Par exemple, de 1980 à 1984, tous les mois ont enregistré des pluies inférieures à deux fois
les températures, alors que le nombre annuel des mois secs n'excède pas 9 en moyenne
(M. RHANEM, 2009). Selon M. SNOUSSI et al. (2002), la réduction du débit de la Moulouya
atteindrait 47 % et celle de l'apport sédimentaire 93 %. Avant l'installation des barrages, les
apports sédimentaires au littoral s'élevaient à 12×106 tonnes par an en moyenne, soit une
dégradation spécifique de 240 t/km2 /an dans le bassin versant. Ils ne dépasseraient guère
0,84×106 tonnes par an depuis leur mise en service. Toutefois ces apports sédimentaires sont
probablement plus importants, car les barrages subissent un envasement croissant qui limite le
stockage et favorise l'expulsion d'une quantité croissante de sédiments fins. En outre, la forte
variabilité interannuelle de la charge rend les mesures difficiles et les résultats imprécis
(D. PONT et al., 2002).
La diminution des apports est responsable de l'érosion de l'apex deltaïque qui existait
avant la mise en place des barrages et de la réduction de la largeur du chenal de la basse
Moulouya (B. ZOURARAH, 1994). Le transect 3 a montré que 30 ans de recul rapide avaient
suffi pour pratiquement régulariser le littoral. Durant la période 1958-1988, 165000 m3 de
sédiments ont été érodés en moyenne chaque année puis transportés par les dérives littorales
alternantes, tantôt vers l'est pour la plus grande part, tantôt vers l'ouest pour une moindre part,
ainsi que l'attestent les rythmes différents d'accrétion mesurés sur les transects 3 (7,2 m/an) et
123
4 (8,6 m/an) et dans le secteur ouest (seulement 2,5 m/an pour le transect 1). La réfraction des
vagues sur la forme arquée de l'avancée deltaïque a favorisé l'érosion marine. Après 1998, le
fort ralentissement de la progradation se produit après la disparition du stock sableux
deltaïque. Le recul du secteur central s'arrête à partir de 1995, mais l'accrétion se poursuit de
part et d'autre. Les sables de ces zones progradantes proviennent principalement des barres
pré-littorales et très secondairement des apports, réduits, de la Moulouya. En effet, il n'y a pas
encore de pénurie sédimentaire, car les sédiments en mouvement restent pour la plupart dans
la baie de Saïdia, en raison de sa forme très légèrement concave et des caps qui la délimitent à
l'est et à l'ouest.
2 ) L'impact des aménagements littoraux
a. Les digues portuaires
Elles interrompent le transit sédimentaire des dérives littorales (M. LONGUET-HIGGINS,
1970) et peuvent favoriser l'ensablement des ports, comme l'a montré L. CHARROUF (1989)
pour de nombreux ports de la côte atlantique marocaine. D'après cet auteur, tous les ports
construits après les années 1980, avec ce type de jetée, connaissent un ensablement important
et nécessitent un entretien par des dragages très coûteux.
Le port de Cap de l'Eau (Photo. 1) est soumis à un ensablement important du fait de sa
situation et de l'orientation de son entrée. Le port et le Cap jouent un rôle d'obstacle pour les
transits sédimentaires en provenance de l'oued Moulouya dont l'embouchure est située à 9 km
à l'est. Par ailleurs, le littoral entre l'embouchure de l'oued Moulouya et Ras Kebdana est
linéaire et de direction ENE-OSO, sauf à l'ouest, près du port de Cap de l'Eau, où il devient
arqué. Les transits sédimentaires liés à la dérive de sens est-ouest sont donc dirigés vers
l'entrée de ce port.
L'entrée du port de plaisance de Saïdia est orientée vers l'ouest (Photo. 2). Le choix de
cette orientation a été justifié par l'existence d'un transit sédimentaire de sens est-ouest et par
l'ensablement auquel est soumise la passe d'entrée du port de Cap de l'Eau (Rapport CID,
1996) ; cependant les observations de terrain et l'étude des photographies aériennes, montrent
que dans ce secteur, les transits sédimentaires dominants sont plutôt effectués par la dérive de
sens ouest-est. En effet, les vents de secteur ouest, qui sont trois fois plus forts que les vents
de secteur est, génèrent une houle qui produit une dérive vers l'est, plus puissante et efficace
que celle orientée vers l'est. Cela est d'ailleurs attesté par le développement d'une large flèche
sableuse sur la rive gauche des embouchures de l'oued Moulouya et par le comblement et la
fermeture de l'embouchure du canal artificiel de la SAM (Société d'aquaculture) (Fig. 1).
Une fois construit, ce port de plaisance a donc été soumis à un ensablement. Si l'entrée de
ce port avait été orientée vers l'est, l'ensablement aurait été moins important. En effet, d'une
part, le Cap de Milionia joue un rôle de barrière qui stoppe les transits sédimentaires en
provenance de la côte algérienne, d'autre part, il n'y a plus actuellement d'apports
sédimentaires à partir de l'oued Kiss. La dérive littorale induite par les vents d'est, moins
puissants que ceux d'ouest, ne peut donc entraîner qu'une charge sédimentaire minime à partir
de la remobilisation des barres d'avant côte. L'entrée du port de Saïdia s'est donc trouvée
ensablée avant même que le port ne soit fonctionnel.
Le port de Saïdia, situé au centre de la plage de Saïdia, forme une barrière au transit des
matériaux réalisés par les deux dérives (Photo. 2). L'engraissement observé de part et d'autre
des jetées présente des proportions inégales (164,5 m sur le côté ouest) et (44,9 m sur le côté
124
Engraissement
Port Saïdia
2004
1995
Photo 2 - L’effet du port de plaisance de Saïdia sur le transit sédimentaire.
[vues extraites des missions aériennes Saïdia 2004 et 1995]
est), ce qui confirme l'existence de deux directions de transit sédimentaire et donc de deux
dérives de sens opposés (Fig. 3). Cette inégalité dans l'accrétion atteste aussi de la
prépondérance de la dérive de provenance ouest par rapport à celle d'est.
Le port de Saïdia, situé au centre de la plage de Saïdia, forme une barrière au transit des
matériaux réalisés par les deux dérives (Photo. 2). L'engraissement observé de part et d'autre
des jetées présente des proportions inégales (164,5 m sur le côté ouest) et (44,9 m sur le côté
est), ce qui confirme l'existence de deux directions de transit sédimentaire et donc de deux
dérives de sens opposés (Fig. 3). Cette inégalité dans l'accrétion atteste aussi de la
prépondérance de la dérive de provenance ouest par rapport à celle d'est.
b. L'aménagement touristique et les prélèvements de sable
La destruction des dunes côtières au profit de projets immobiliers ou de l'exploitation des
sables en tant que matériaux de construction fait disparaître la réserve des sédiments
nécessaire à l'équilibre des côtes (R. PASKOFF, 1996 ; M. CESARACCIO et al., 2004). Le
déficit sédimentaire entraîne un démaigrissement et un abaissement de la plage, rendant plus
vulnérable la base du cordon à l'action du jet de rive (D.J. SHERMAN et K.F. NORDSTROM,
1985).
La frange côtière de la baie de Saïdia a fait l'objet de plusieurs projets d'aménagements
touristiques intenses, surtout après la rénovation de l'ancienne route côtière et la réalisation de
l'ouvrage d'art de la traversée de la Moulouya, qui représente la première tranche de la rocade
méditerranéenne. La ville de Saïdia, qui s'est développée sur le front de mer, était et est
toujours le lieu d'implantation de nombreux centres de vacances et de campings, et ce tout le
long de la plage. À la recherche d'une vue imprenable sur la mer, l'urbanisation de la ville a
pris une forme d'occupation linéaire (Photos 3 et 4). Les constructions réalisées directement
sur les dunes bordières affectent les échanges sédimentaires entre la dune, d'une part, et
l'ensemble haute plage-bas de plage-estran, d'autre part (Photos 5 et 6). Cela est dû au fait que
la bande d'inconstructibilité est toujours de 6 m et que le projet de loi du littoral, qui stipule
une bande de 100 mètres, n'est pas encore approuvé. Ce développement touristique a permis
125
Dune bordière
Photo 3 - Urbanisation linéaire : projet FADESA (2007).
[cliché : M. BOUABDALLAH]
Zone des dunes remplacées
par le jardin de la corniche
Ancienne largeur
de la corniche
Photo 4 - Élargissement de la corniche au sein des dunes bordières (2007).
[cliché : M. BOUABDALLAH]
la mise en valeur économique de la ville, mais il a également déstabilisé les cordons littoraux
qui commencent à être érodés.
On observe aussi une privatisation progressive du littoral, du fait de l'acquisition de
résidences par des particuliers. L'espace touristique qui est en cours d'aménagement par la
société FADESA, recouvre 713 hectares. Pour cela, cette société n'a pas hésité à exploiter
d'une manière anarchique les sables des plages et des dunes côtières pour ses constructions
(fabrication de béton) (Photos 7 et 8). La réglementation interdisant de telles pratiques depuis
2001 n'est pas encore accompagnée de moyens suffisants pour son application stricte. Cette
extraction massive et abusive des sables a sans doute déséquilibré le budget sédimentaire de
126
Le mur interrompt les
échanges sédimentaires
entre la dune bordière
et la plage
Photo 5 - Destruction de l’équilibre sédimentaire entre la haute plage et la dune (2007).
[cliché : M. BOUABDALLAH]
Jardin
Dunes bordières
Photo 6 - Zone des dunes bordières remplacées par un jardin (2007).
[cliché : M. BOUABDALLAH]
cette plage, si bien que l'érosion marine s'accélère, comme l'atteste l'abaissement du profil de
la plage et sa vulnérabilité croissante au risque d'inondation (M. SNOUSSI et al., 2008).
VI - SYNTHÈSE ET CONCLUSION
L'étude diachronique de photographies aériennes du littoral de part et d'autre de la
Moulouya et l'analyse des minéraux lourds des sables de plage sont deux outils
complémentaires pour cartographier les secteurs en accrétion et en érosion, et pour préciser le
127
sens des transits sédimentaires. Ils ont permis de mettre en évidence un secteur en érosion,
deux secteurs en accrétion et un secteur stable.
Le secteur en démaigrissement est localisé dans la partie est du littoral de la Moulouya. Il
se situe à la place de l'ancien delta de la Moulouya qui a été déblayé par l'érosion marine et
l'action des dérives littorales. Il est constitué essentiellement de sables moyens, avec des
proportions non négligeables de minéraux lourds denses et résistants. Cette zone, directement
exposée à l'action des houles, est caractérisée par une forte amplification et convergence des
vagues et correspond à une zone de forte agitation (zone d'érosion).
Un secteur en engraissement est situé dans la partie ouest du littoral de la Moulouya. Il a
été alimenté par les sables de l'apex deltaïque transportés par la dérive est. Les plages de ce
secteur (plage Cap de l'Eau, port de Cap de l'Eau) sont constituées de sables fins, avec une
prédominance de minéraux lourds peu résistants et de faible densité. La partie la plus à
l'ouest, protégée de l'action directe des vagues par la jetée du port, reçoit des vagues réfractées
et correspond à une zone de faible agitation (zone d'ombre).
Vers l'est, en direction de Saïdia, une deuxième zone a progradé vers la mer de 309,3 m
entre 1958 et 2004 (Fig. 3 et 4). Le recul du delta a fourni le matériel qui a été déplacé par la
dérive littorale principale vers l'est, participant ainsi à l'engraissement de cette plage. Depuis
1998, les jetées du port Saïdia provoquent une accrétion plus rapide à l'ouest qu'à l'est, en
rapport direct avec le degré d'efficacité de chaque dérive littorale.
Le dernier secteur, le plus à l'est, est caractérisé par une certaine stabilité du trait de côte
sur les 46 années de 1958 à 2004. Il en résulte un bilan sédimentaire nul, dans lequel les
entrées, bien que peu abondantes, ont équilibré les sorties.
L'évolution du littoral dans cette partie du Maroc oriental souligne le rôle prédominant
des barrages installés dans le bassin versant de la Moulouya. Comme sur les autres cours
d'eau méditerranéens aménagés, ils ont réduit les apports sédimentaires, la valeur obtenue,
0,84×106 tonnes par an, est un peu supérieure à celle de l'Èbre : 0,45×106 t/an, qui a perdu
98 % de sa charge solide arrivant à la mer (D. VERICAT et R.J. BATALLA, 2006), mais
nettement inférieure à celles du Sebou : 1,6×106 t/an (M. SNOUSSI et al., 2002), du Pô :
13,0×106 t/an (U. SIMEONI et C. CORBAU, 2009), du Rhône : 7,4×106 t/an (D. PONT et al.,
2002) ou du Nil : 2,1×106 t/an (M.M. EL BANNA et O.E FRIHY, 2009) qui ont perdu environ
70 % de leurs apports sédimentaires.
Le déficit sédimentaire créé par cette réduction des apports a permis aux agents météomarins de déblayer en 30 ans la totalité de l'apex deltaïque de la Moulouya. Les sédiments
redistribués par les deux dérives ont engendré une accrétion généralisée des plages
encadrantes. Une fois le stock deltaïque épuisé, la morphodynamique s'est fortement ralentie,
mais les aménagements littoraux récents génèrent de nouvelles perturbations : les jetées du
port de Saïdia provoquent des atterrissements rapides, tandis que le déficit sédimentaire des
plages causé par l'arasement des dunes et les prélèvements de sable augmente le risque
d'érosion et de submersion de la frange littorale. Les aménagements touristiques prévus dans
le futur proche devront tenir compte de ce risque d'érosion des plages. Par ailleurs, les
changements morphologiques observés représentent un facteur important de perturbation du
fonctionnement de l'écosystème du site d'intérêt biologique et écologique de l'embouchure de
la Moulouya.
128
Remerciements : Cet article a bénéficié des suggestions et critiques constructives d'Aïcha
BENMOHAMMADI, Alain MARRE, Catherine MEUR-FEREC et Serge SUANEZ.
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Article soumis le 18 décembre 2008.
Accepté après révision le 11 octobre 2009.
Mis en ligne le 17 octobre 2009.