HEC Executive
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Edouard Mathieu, Chercheur associé à HEC Executive Education, Conseiller Economique à l’AFII Bertrand Moingeon, Professeur au Groupe HEC et Directeur délégué en charge des programmes pour managers et dirigeants (HEC Executive Education) Les atouts et les faiblesses de l’économie française selon le World Economic Forum Les meilleures écoles de gestion, de mauvaises relations sociales dans l’entreprise… Avec son rapport « Global Competitiveness Report 2006-2007 », le World Economic Forum livre cette année une analyse de l’économie mondiale assez différente des années précédentes. Cette enquête d’opinion auprès de 11.000 managers et cadres d’entreprises dans "The Global Competitiveness Report 2006-2007 " 125 pays différents, est réalisée en World Economic Forum Septembre 2006 France par HEC. Classements 2006 et 2005 selon le "Global Competitiveness Index" Score 2006 Score 2005 Les économies européennes de taille Rang 2005 Pays Rang 2006 (entre 1 et 7) (entre 1 et 7) moyenne comme la Suisse, la Finlande, Suisse 1 5,81 4 5,67 la Suède et le Danemark sont mises en 2 5,73 Finlande 2 5,76 exergue - plutôt que les Etats-Unis qui 7 5,55 Suède 3 5,74 ne viennent qu’à la 6ème position. La 3 5,73 Danemark 4 5,70 France passe de la 12ème à la 18ème place. 5 5,67 Singapour 5 5,63 Ce recul apparent doit toutefois être 1 5,85 Etats-Unis 6 5,61 10 5,50 Japon 7 5,60 relativisé. En effet, son « score » 6 5,56 Allemagne 8 5,58 demeure peu éloigné de celui des pays 11 5,39 Pays-Bas 9 5,56 leaders, et son évolution s’explique 9 5,51 Royaume-Uni 10 5,54 principalement par les variables France 18 5,31 12 5,39 d’opinion. On peut probablement y 38 4,47 Italie 42 4,46 déceler le pessimisme régnant au 43 4,38 Pologne 48 4,30 moment de la réalisation de l’enquête – 48 4,26 Chine 54 4,24 au printemps 2006. Les variables ns ns Angola 125 2,50 statistiques (macroéconomiques) au contraire sont stables ou contribuent positivement à l’évolution du score. Le rapport confirme les atouts et les faiblesses du territoire français relativement à l’ensemble des pays développés : la France peut compter sur un très bon système de santé et d’éducation primaire et sur d’excellentes infrastructures. Le dynamisme de ses entreprises et le niveau de son éducation supérieure sont exceptionnels comparativement à la moyenne des pays développés. Les faiblesses concernent les institutions, les marchés – dont celui du travail – et les déficits macro-économiques. Ces faiblesses sont celles qui lui sont habituellement reprochées, et elles ne semblent pas si exceptionnelles dans cette comparaison avec la moyenne. Page 1 sur 2 C’est plutôt dans une comparaison de la France avec les meilleurs que ses atouts et ses faiblesses apparaissent nettement. Le graphique ci-dessous la compare avec l’Allemagne, le Royaume-Uni et les Etats-Unis, lesquels font partie du « top 10 », et également avec la Chine, pays qui compte dans l’économie mondiale mais n’est qu’à la 54ème position dans le classement du WEF. La santé et l’école, deux fiertés françaises, paraissent ici d’un niveau assez comparable à ce qui existe dans les autres pays riches. La Chine, pays émergent, obtient aussi un bon classement sur ce critère.. En termes d’infrastructures, par contre, seule l’Allemagne se permet de rivaliser avec la France, tandis que la Chine reconnaît ici son retard. Quant aux entreprises, tous les grands pays sont également satisfaits de leurs champions respectifs. Là encore les réponses sont un peu plus positives en Allemagne. En matière d’éducation supérieure, ces indicateurs synthétiques ne laissent pas apparaître d’inégalités entre les pays développés. Les faiblesses de la France en matière d’institutions et de marchés – en fait tout ce qui a trait au marché du travail et à un environnement pro-business – paraissent plus nettes. L’avantage des Etats-Unis et de l’Allemagne sur leurs concurrents français, anglais et chinois en termes de technologie et d’innovation paraît également confirmé par l’enquête. Les Chinois prennent leur revanche dans le domaine de la macro-économie (taux de croissance et surplus financiers). Si l’on s’intéresse à l’ensemble des 90 indicateurs utilisés dans le modèle du WEF, on constate que la Les atouts compétitifs de la France relativement à quatre autres pays Réponses de 1 à 7 7 6 France Etats-Unis 5 Allemagne Royaume-Uni Chine 4 M ac ro -é co no m ie In no va tio n M ar ch és In st itu tio ns E nt re pr E du is es ca tio n su pé rie ur e In fra st ru ct ur es S an té et éc ol e 3 Source : Global Competitiveness Report 2006-2007, enquête et rapport du WEF seule première place mondiale obtenue par la France concerne ses écoles de gestion. Ses rivaux immédiats sont la Suisse, l’Inde, le Canada, le Royaume-Uni et un peu plus loin les Etats-Unis. Ce classement mondial est confirmé par le palmarès européen des business schools présenté tout récemment par le Financial Times, dans lequel les écoles françaises trustent les premières places avec HEC en tête. Ces classements, plus généralement, entretiennent l’image des grandes écoles sélectives françaises, à l’encontre du classement des universités par l’Université de Shanghai qui met en avant fortement un critère de taille. La France est par contre lanterne rouge (125ème) en ce qui concerne les rapports entre employeurs et employés, lesquels revêtiraient un caractère de confrontation plus souvent que dans tout autre pays au monde. La résolution des conflits par la grève plutôt que par le dialogue serait une exception française, écho persistant d’une culture de luttes des classes. Cette perception est probablement à nuancer : les statistiques du Bureau International du Travail montrent que le nombre de conflits du travail dans les entreprises privées n‘est guère supérieur en France qu’aux Etats-Unis par exemple. Page 2 sur 2