Rapport de synthèse de l`atelier « L`Agriculture au Nord
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Rapport de synthèse de l`atelier « L`Agriculture au Nord
#JobsForTunisia #NekhdemTounes #نخدم تونس Rapport de synthèse de l’atelier « L’Agriculture au Nord-Ouest : Spécificités, Défis et Attentes » 30/06/2016, Office de Développement Sylvo-Pastoral (ODESYPANO), Béjà Résumé Dans le cadre de son projet Jobs For Tunisia, le Maghreb Economic Forum –MEF- a démarré un cycle d’ateliers de travail sur l’agriculture. Une première rencontre a été organisée le 30 juin 2016 à l’Office de Développement Sylvo-Pastoral (ODESYPANO) de Béjà sur le thème : « L’Agriculture dans la région du Nord-Ouest : Spécificités, Défis et Attentes ». Lors de ce premier atelier, qui a réuni des représentants de la société civile et d’organismes publics locaux, des autorités locales et de jeunes entrepreneurs du secteur agricole, il a été question du potentiel agricole de la région du Nord-Ouest et des obstacles l’empêchant de jouer son rôle dans la réduction du chômage, l’aménagement du territoire et la lutte contre la pauvreté. Ont également été évoqués les projets potentiellement créateurs d’emplois et de croissance. Les participants ont mis en lumière la variété et l’enchevêtrement des problèmes existant dans le secteur agricole de la région, tout en insistant essentiellement sur les difficultés touchant la filière des grandes cultures, les activités d’élevage et de production laitière, ainsi que le domaine forestier. Les débats se sont focalisés sur les défis auxquels les agriculteurs font face. Il s’agit notamment des problèmes de dégradation des sols, de pénurie hydrique, des lacunes au niveau du système d’incitations ainsi que des insuffisances en matière de réglementation, de formation et de vulgarisation des nouveaux savoir-faire et des modes de production. Les principales recommandations ayant émergé de cette rencontre soulignent l’importance d’un amendement des textes juridiques, la nécessité de développer une agriculture biologique soucieuse de l’environnement et l’obligation pour l’Etat d’intervenir en amont et en aval du processus de production. Enfin, certains projets potentiels pouvant offrir des opportunités d’emplois dans la région ont été identifiés par les participants, en l’occurrence les métiers verts ainsi que les industries de transformation, surtout dans les filières laitière et céréalière. 1 #JobsForTunisia #NekhdemTounes #نخدم تونس Introduction : En Tunisie, le secteur agricole est un secteur stratégique et sa place dans l’économie n’est pas négligeable. En effet, il contribue à hauteur de 12% au PIB et emploie plus de 16% de la population active. Il attire 10% des investissements totaux et contribue à hauteur de 11% aux exportations de biens [1]. La superficie globale des terres agricoles est estimée à 10,4 millions d’hectares dont 4,1 millions de terres cultivées. Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le pays dispose d’une surface assez importante de terres arables, estimée à 258 hectares pour 1000 habitants. D’autre part, la Tunisie dispose de 4,88 milliards de m3 de réserves hydriques renouvelables, dont près de 2,7 milliards de m3 d’eau de surface, soit un peu plus de la moitié du potentiel. Les ressources en eaux souterraines sont quant à elles évaluées à 2,14 milliards de m3. La structure de la production agricole en Tunisie est dominée par l’élevage, l’arboriculture (notamment les olives, les dattes, les agrumes et les amandes) et le maraîchage. La politique agricole avait traditionnellement deux objectifs principaux : la consolidation de la sécurité alimentaire du pays à travers la mobilisation et la gestion des ressources naturelles ainsi que l’amélioration de la compétitivité des produits agricoles via la promotion de l’exploitation agricole et la modernisation du secteur. Pourtant, les résultats atteints sont toujours insatisfaisants et l’agriculture demeure confrontée à des défis majeurs liés à des facteurs endogènes et exogènes. La région du Nord-Ouest est une zone stratégique pour l’agriculture tunisienne. Elle jouit en effet d’une importante richesse en eaux profondes et en ressources naturelles et dispose d’un fort potentiel en matière de productions céréalière et laitière ainsi que dans le domaine de l’élevage et des forêts. Au niveau national, elle assure 55% de la production céréalière, 50% de la production maraîchère et 30% de la production laitière [2]. Ses ressources forestières s’étendent sur une superficie de 483 175 hectares et la région produit 40 000 tonnes de viandes rouges par an, soit 40% de la production nationale. Le potentiel de la région dans le domaine de l’agriculture biologique est également important grâce à une multitude de produits et sous-produits pouvant être étiquetés « Bio » (miel, champignons, escargots, etc.). Rien que pour le gouvernorat de Béjà, on estime à 1300 hectares la superficie de terres consacrée aux cultures biologiques, essentiellement à l´arboriculture (oliviers) [3]. Conscient de l’importance de cette région pour l’agriculture tunisienne et considérant que le potentiel agricole du Nord-Ouest est encore mal exploité et mis à rude épreuve, le Maghreb Economic Forum –MEF- a organisé un atelier de travail au siège de l’Office de Développement Sylvo-Pastoral (ODESYPANO) de Béjà pour débattre de ce potentiel et des moyens de l’optimiser. L’objectif était d’identifier les véritables opportunités de créations d’emplois, de réduction du chômage et de réduction de la pauvreté. 2 #JobsForTunisia #NekhdemTounes #نخدم تونس Objectifs de l’atelier : L’atelier s’inscrit dans le cadre d’un cycle d’ateliers de travail organisés par le MEF. Ce cycle entre à son tour dans le cadre d’un projet intitulé « Jobs for Tunisia »et mené en partenariat avec le ministère allemand des Affaires étrangères. L’objectif de ce projet est d’identifier des créneaux porteurs en Tunisie tels que l’agriculture, les énergies renouvelables et les technologies de l’information et de la communication afin d’élaborer et de promouvoir des recommandations pour chacun de ces secteurs. Cet atelier visait donc à discuter des problèmes rencontrés par les acteurs du secteur agricole dans la région du Nord-Ouest et des solutions éventuellement applicables afin d’améliorer la situation de l’emploi dans ce secteur et la gestion durable des ressources naturelles. A cet effet, il a été question du potentiel agricole de la région du Nord-Ouest et des obstacles l’empêchant de jouer son rôle dans la réduction du chômage, l’aménagement du territoire et la lutte contre la pauvreté. Ont également été évoqués les projets potentiellement créateurs d’emplois et de croissance. Les principales questions auxquelles les participants ont essayé de répondre étaient les suivantes : Quelles sont les spécificités du secteur agricole dans la région du Nord-Ouest ? Le secteur agricole, considéré comme prioritaire pour le Nord-Ouest, a-t-il bénéficié des plans de développement basés sur une vision synergique du territoire régional aussi bien que sur l’amélioration de la qualité et la création de la valeur ajoutée ? Quelles sont, dans une approche de développement durable et global, les démarches à suivre par les différents acteurs du secteur agricole afin de préserver les ressources naturelles (hydriques, édaphiques et génétiques) ? Quelles sont les solutions à mettre en œuvre pour résoudre les problèmes de financement, de formation, de vulgarisation et de coopération entre les acteurs ? Entre la modernisation du secteur agricole et le développement de l’agriculture biologique, quels sont les compromis adéquats à mettre en place pour assurer la durabilité de l’agriculture, sa compétitivité économique et le maintien de la sécurité alimentaire ? Comment expliquer le faible niveau d’industrialisation dans le secteur agroalimentaire et, par conséquent, la faible employabilité du secteur malgré le fort potentiel de la région dans ce domaine ? 3 #JobsForTunisia #NekhdemTounes #نخدم تونس Quels sont les projets porteurs dans la région et quel est le degré de faisabilité de chaque projet ? Il est à noter que cet atelier est le premier d’une série consacrée à l’agriculture, d’autres ateliers devant être organisés par le MEF dans d’autres régions et suivis d’une table ronde thématique adressée aux différents acteurs du secteur agricole (ministère de tutelle, organismes publics agricoles, société civile, experts, entrepreneurs, etc.). Déroulement de l’atelier : L’atelier s’est déroulé comme suit : Un mot de bienvenue a d’abord été adressé aux participants par Ines Amri, Secrétaire Général adjointe du MEF, suivie d’une présentation du projet « Jobs for Tunisia ». Au cours de cette présentation, Ines Amri a insisté sur le fait que ce projet constitue une opportunité permettant aux personnes et aux acteurs économiques de faire valoir leurs solutions et leurs projets, notamment dans les secteurs stratégiques tels que l’agriculture. Une présentation de la « Background Note » a ensuite été effectuée par le docteur Aram Belhadj, Directeur de recherche du MEF, afin de donner aux participants un avant-goût des travaux de la journée. Au cours de cette présentation, il a dressé l’état des lieux du secteur agricole en Tunisie et identifié les défis conjoncturels et structurels auxquels ce secteur fait face, avant d’en tracer les perspectives de développement. Les travaux ont ensuite commencé, le docteur Aram Belhadj jouant le rôle de modérateur et rappelant aux participants l’objectif de l’atelier, les règles de déroulement des travaux et la méthodologie de travail adoptée. L’atelier a été divisé en deux sessions successives suivies d’un récapitulatif. La première session fut consacrée à l’état des lieux et aux spécificités du secteur agricole dans la région du Nord-Ouest ainsi qu’aux principaux problèmes qu’il rencontre. La seconde fut plutôt centrée sur les solutions à mettre en œuvre ainsi que les projets potentiellement créateurs d’emplois et de croissance dans la région. Participants : L’atelier du MEF s’est déroulé à l’ODESYPANO et a réuni divers participants venant essentiellement de Béjà, mais aussi du Kef et de Jendouba (voir annexe 1). Des représentants de la société civile et d’organismes publics locaux, des autorités locales et de jeunes entrepreneurs du secteur agricole ont essayé d’échanger leurs idées et leurs expériences respectives dans le domaine agricole mais aussi et surtout de débattre des problématiques identifiées dans l’Agenda préparé par le MEF (voir annexe 2). 4 #JobsForTunisia #NekhdemTounes #نخدم تونس Cet atelier a été organisé en partenariat avec l'Union Régionale de l'Agriculture et de la Pêche de Béjà (URAP), le Commissariat Régional au Développement Agricole (CRDA), l’Office de l'Elevage et des Pâturages (OEP), l’Office de Développement SylvoPastoral du Nord-Ouest (ODESYPANO) et l’Association de Sauvegarde de la Nature et de l’Environnement et du Développement Durable de Nefza. Synthèse des sessions : Les discussions ont été conduites sur deux sessions : Session I : Agriculture au Nord-Ouest : spécificités et contraintes : La discussion a été entamée par une question du modérateur : Quelles sont les spécificités du secteur agricole dans la région du Nord-Ouest ? Les réponses étaient variées mais se sont néanmoins accordées sur le fait que le potentiel agricole de la région du Nord-Ouest reste important et que l’agriculture est à même de jouer un rôle de levier en matière de développement économique. Malgré l’hétérogénéité qui caractérise la région, où chaque gouvernorat a sa propre spécificité, les participants ont convergé sur l’idée qu’il existe désormais des caractéristiques communes aux différents gouvernorats, à savoir : La prédominance de quelques filières clés en matière de production agricole qui sont stratégiques pour la sécurité alimentaire et l’employabilité des jeunes. Ces diverses filières peuvent être schématisées en trois grandes filières : les grandes cultures ; l’élevage et la production laitière ; l’exploitation forestière. Ces dernières demeurent encore peu compétitives, étant principalement basées sur un mode de production paysan et à faible valeur ajoutée ; La multiplicité des types d’exploitations prenant la forme d’une pyramide. Au sommet de cette pyramide se trouvent les firmes agricoles à fort potentiel de production et d’exportation s’appuyant sur la modernisation des techniques et des processus de production. Au milieu se trouvent plutôt les exploitations familiales et patronales centrées autour d’un produit de terroir ou d’une filière souvent à forte valeur ajoutée. A la base se trouvent enfin les exploitations familiales à caractère paysan, insérées dans une économie rurale diversifiée. La vocation des terres fertiles qui sont, en majeure partie, des terres domaniales avec une forte aptitude des sols pour les exploitations diversifiées. Il 5 #JobsForTunisia #NekhdemTounes #نخدم تونس est à noter que les exploitations restent encore de petite taille (75% d’entre elles ont une taille inférieure à 10 hectares), ce qui pose un problème de morcellement agricole et de manque de compétitivité sur les marchés internationaux ; Le secteur de l’élevage et des productions animales dispose d’un fort potentiel d’amélioration, surtout au niveau des petites et moyennes exploitations agricoles. La demande est en pleine augmentation du fait de l’ouverture de nouveaux marchés. Néanmoins, la production laitière et la production de viandes rouges restent soumises à de nombreuses contraintes techniques et sa rentabilité demeure tributaire de la politique de soutien qui a été mise en place. La production laitière est échelonnée dans le temps et étroitement liée à la présence saisonnière du pâturage issu des cultures de céréales. Le mode de production basé sur l’élevage mixte (lait-viande) et l’intégration agricultureélevage laitier, pour les petites exploitations ayant accès à l’irrigation restent encore limités. Ce mode de production prometteur en matière de développement et compétitif reste encore monopolisé par de grandes exploitations de production qui contrôlent l’offre et le prix sur le marché. L’industrialisation n’est pas très développée dans cette région et n’est pas orientée vers l’industrie agroalimentaire à haute valeur ajoutée, particulièrement pour les produits du terroir, et ce malgré le potentiel existant. Après avoir débattu de ces spécificités, les participants ont discuté des contraintes empêchant le secteur agricole de jouer le rôle qui devrait être le sien en matière de créations d’emplois dans la région du Nord-Ouest. Dans ce cadre, les participants ont mis en lumière la variété et l’enchevêtrement des problèmes existant dans cette région, tout en insistant essentiellement sur les difficultés touchant les trois grandes filières identifiées. Grandes cultures : Dans ce domaine, les principaux obstacles mentionnés sont : Le degré de vulnérabilité des sols à l’érosion. Cette vulnérabilité est en effet très élevée dans la région du Nord-Ouest. Cette situation est en partie le résultat des pratiques culturales, caractérisées par le labour fréquent du sol au moyen d’outils non appropriés, l’utilisation massive d’engrais chimiques et de produits phytosanitaires, la prédominance de la monoculture céréalière et l’augmentation spectaculaire des effectifs bovins et ovins dans des zones non contrôlées voire forestières, qui ont engendré une forte pression sur le couvert végétal et un appauvrissement des sols en matières organiques. 6 #JobsForTunisia #NekhdemTounes #نخدم تونس L’assolement non équilibré qui forme une menace sérieuse pour la durabilité des systèmes de production et constitue l’une des principales raisons de la faible teneur en matières organiques des sols, jadis très riches. Les problèmes enregistrés au niveau des cultures maraîchères, notamment les aléas de l’offre et de la demande sur le marché national ainsi que les importations anarchiques. L’absence d’une stratégie nationale de transfert d’eaux dans les barrages de la région entraînant une mauvaise gestion des ressources hydrauliques. Cette mauvaise gestion affecte à son tour la productivité et l’efficacité des exploitations maraîchères. Elevage et production laitière : Les contraintes qui ont été soulevées sont les suivantes : L’absence de diversification des races élevées et le manque de main d’œuvre spécialisée qui se répercutent sur la productivité de la filière élevage. Ajoutons à cela les problèmes externes liés à l’insécurité et les lacunes au niveau du système de subventions adopté par l’Etat. La faible organisation en aval du processus de production au sein de la filière élevage. En effet, à l’autre bout de la chaîne, il n’y a ni plan national de structuration, ni plan de suivi adapté aux différents types d’exploitations. Aussi, la mise à niveau et l’assistance aux projets d’investissements manquent d’organisation et de juste répartition des rôles entre l’Etat et le secteur privé. L’absence de mécanismes de financement appropriés. Les agriculteurs (en l’occurrence les petits exploitants), déjà confrontés à un surendettement, souffrent d’énormes difficultés d’accès aux crédits bancaires pour développer leur cheptel. L’imperfection enregistrée au niveau de la gestion de la filière laitière, essentiellement liée à l’incapacité de stockage des excédents de production et à la faiblesse de la transformation d’une bonne partie de la production laitière (à cause d’une absence de centrales laitières dans la région). L’inexploitation des terres domaniales dans la définition des stratégies régionales. En effet, l’Etat ne semble pas jouer cette carte pour inciter les exploitants et les investisseurs à développer la filière élevage. 7 #JobsForTunisia #NekhdemTounes #نخدم تونس Domaine forestier : Les problèmes soulevés sont liés au fait que : Les exploitations forestières suivent un modèle anarchique. En effet, en dépit de l’existence de législations rigoureuses, les normes spécifiques d’exploitation ne sont pas respectées (techniques de coupe, régénération, préservation, etc.). La forêt, supposée être un espace de vie pour pas moins de 34 500 habitants, est exploitée de manière non structurée, ce qui entraine des risques supplémentaires sur l’écosystème et la diversité biologique. La réglementation en la matière est stricte et empêche l’accès des petits usagers et jeunes investisseurs aux produits forestiers (article 18 du code forestier). Hormis les problèmes liés à chaque filière, les intervenants ont évoqué un certain nombre de contraintes transversales, notamment : Une absence de plan de coopération entre les différents intervenants. Le niveau de relation des agriculteurs avec les différents intervenants, qu’il s’agisse des pouvoirs publics, des organismes sous tutelle, des organisations professionnelles, du secteur privé ou des institutions financières est de ce fait globalement très faible. Un problème de formation où une grande partie de la population opérante dans le domaine agricole est analphabète et où la moyenne d’âge est très élevée (plus de 50 ans). Un manque de vulgarisation des connaissances et des savoir-faire reflétant une insuffisance dans la valorisation de la recherche appliquée et une insuffisance des ressources humaines existantes allouées à l’agriculture. Session II : Agriculture au Nord-Ouest : solutions et attentes : Le modérateur a introduit la deuxième session en posant la question suivante : quelles solutions proposez-vous pour chaque problème soulevé ? Voici les réponses avancées par les participants pour chaque domaine. Les grandes cultures : La principale idée avancée est que l’objectif de modernisation des grandes cultures commence avant tout par la réorientation du modèle agricole en passant d’un mode de production paysan à un mode s’appuyant sur les firmes agricoles et à fort potentiel de productivité. A cet effet, les pistes d’action doivent concerner : 8 #JobsForTunisia #NekhdemTounes #نخدم تونس La priorisation de l’irrigation d’appoint des grandes cultures et l’augmentation des périmètres irrigués. L’augmentation des surfaces agricoles en changeant principalement la vocation des terres domaniales. La démarche d’attribution de ces terres pour les petits et moyens agriculteurs doit être avantagée et facilitée. L’application de nouvelles technologies et l’intensification de l’utilisation de nouveaux appareillages, et ce avec une assistance de l’Etat (à travers les coopératives agricoles par exemple). L’adoption de traitements biologiques face à la dégradation des sols, via notamment l’utilisation de produits d’amélioration biologique des sols ou le recours à des importations ciblées de ce type de produits. Le choix des semences autochtones à fort potentiel productif et principalement adaptatif par rapport aux conditions climatiques et écologiques spécifiques de la région. Ceci pourra garantir une agriculture durable, réduira la dépendance vis-àvis de l’étranger et assurera la sécurité alimentaire. La mise en valeur de la formation continue de l’agriculteur et de la main d’œuvre, cette dernière devant être spécialisée et non passagère ou saisonnière, afin de garantir la stabilité de l’emploi dans le secteur. La mise en place de nouveaux programmes d’aménagement des bassins versants et des terres agricoles qui les entourent. Ces programmes doivent porter sur le traitement intégral ou partiel des superficies menacées par la dégradation des sols. Différentes actions doivent être élaborées dans ce cadre afin de préserver la richesse en matières organiques des sols de la région (alternances maraichère et céréalière, fertilisation par des déchets organiques, techniques de labour favorisant la stabilité organique des sols, etc.). L’adoption de mécanismes spécifiques d’incitations financières au profit des agriculteurs qui appliquent un paquet technologique préservant les ressources naturelles (sols, eaux, etc.) et l’orientation des subventions agricoles vers les petits et moyens agriculteurs les moins aisés afin d’améliorer leur compétitivité sur les marchés national et international. Le ciblage d'autres créneaux jugés porteurs, notamment les pépinières d'arbres fruitiers, les cultures maraichères sous serres, l'agrumiculture et la myciculture (champignons) dont la production est très demandée sur le marché européen. L’élevage et la production laitière : Etant donné que l’élevage et la production laitière sont des piliers pour l’agriculture dans la région, il est indispensable de repenser l’organisation de ces filières. Les participants ont insisté sur les points suivants : 9 #JobsForTunisia #NekhdemTounes #نخدم تونس L’importance d’une structuration des services en amont et en aval de la production, notamment par la création de structures de services ou de coopératives centrales possédant des centres de collecte et d’approvisionnement en lait qui pourraient faire l’objet d’un essaimage. Ces coopératives ou sociétés doivent être au profit des agriculteurs locaux et de la main d’œuvre y travaillant. La nécessité d’une participation efficace et directe de l’Etat pour créer un environnement propice à l’investissement dans l’industrie de transformation laitière à haute valeur ajoutée. La libéralisation commerciale pourrait être favorable aux exploitations spécialisées dans les systèmes d’élevage (spécialisation laitière) mais son impact pourrait s’avérer particulièrement négatif sur les revenus des petites et moyennes exploitations. L’importance d’encouragements à l’investissement, surtout dans de nouveaux projets agricoles ciblant une forte demande sur le marché international comme l'héliciculture (escargots), la cuniculture (lapin), l'élevage de volailles (poulets fermier, oies, canards, autruches), et une meilleure structuration de l’exportation des produits agricoles. Au niveau de la production des viandes rouges, l’importance d’une mise en place d’une stratégie de développement et d’une résolution des problèmes majeurs liés à la disponibilité et au coût du fourrage. La promotion et le développement des génisses de qualité, commercialisables et destinées au renouvellement et à l’accroissement du cheptel. La maîtrise et la diversification des cultures fourragères dans un objectif d’augmentation de l’effectif du bétail. L’identification des animaux et le contrôle de leurs performances afin de préserver et améliorer le potentiel génétique. Les exploitations forestières : Les régions forestières du Nord-Ouest constituent une richesse agricole très mal exploitée et menacée de dégradation. Les participants ont insisté sur le fait que ce domaine écologique est un élément essentiel du maintien social de la population rurale et que, sur le plan économique, les exploitations forestières peuvent améliorer l’employabilité dans la région. Il est dans ce cadre indispensable : D’instituer une gestion rationnelle et durable des écosystèmes, notamment à travers le reboisement de la forêt. Sensibiliser les différents acteurs nationaux et internationaux (les organisations, la société civile et différents ministères) étant donné que le maintien de l’équilibre écologique est une vaste responsabilité. 10 #JobsForTunisia #NekhdemTounes #نخدم تونس Encourager les projets de mise en valeur des produits du territoire forestier (tels que les projets de culture et de transformation de plantes aromatiques et médicinales ainsi que la floriculture). Ces domaines sont très compétitifs sur le marché international. Réviser l’article 18 du code forestier dans un objectif d’ouverture des exploitations forestières aux nouveaux investisseurs, organisations communautaires et petits exploitants ayant un minimum de formation dans le domaine. Cette deuxième session fut clôturée par l’identification des projets potentiels pouvant créer des emplois dans la région du Nord-Ouest. Les participants ont dans ce cadre insisté sur la variété des idées de projets pour chaque filière. Il s’agit notamment de : La création d’un projet de séchage du lait qui pourra résoudre le grand problème de la production laitière non échelonnée. Un tel projet ne devra pas être monopolisé par l’Etat et il faudra trouver le support des bailleurs de fonds, surtout au profit des jeunes diplômés spécialisés. La création de centres de collecte et d’approvisionnement en lait. La création d’une centrale laitière. La création d’unités industrielles de transformation de céréales telles que les minoteries, les unités de traitement de semences sélectionnées, etc. La création d’une usine de fabrication de pâte alimentaire. La création d’un centre de séchage des plantes aromatiques et médicinales. La création d’une usine d’extraction des huiles essentielles. Conclusion : Au terme de la deuxième session, le modérateur a essayé de récapituler les idées avancées. La synthèse des contraintes et des principales solutions ainsi que des projets potentiels pour chaque filière a été faite. Le tableau suivant en constitue un résumé : 11 Contraintes * Vulnérabilité des sols * Assolement non équilibré Grandes cultures *Aléas de l’offre et de la demande * Mauvaise gestion de l’eau Solutions * Priorisation de l’irrigation d’appoint * Changement de la vocation des terres domaniales #JobsForTunisia #NekhdemTounes #نخدم تونس Projets potentiels * Minoteries * Unités de traitement des semences sélectionnées * Traitement biologique des sols * Mécanismes spécifiques et ciblés des incitations financières * Ciblage d’autres créneaux porteurs (agrumiculture, myciculture, etc.) * Absence de diversification des races * Absence de main d’œuvre spécialisée * Absence d’un plan de structuration national Elevage et Production laitière * Absence d’un plan de suivi adapté aux différents types d’exploitations. * Absence de mécanismes de financement appropriés * Imperfection dans la gestion de la filière lait * Création de structures de services ou coopératives centrales possédant des centres de collecte et d’approvisionnement en lait * Incitations à l’investissement, surtout dans de nouveaux projets (héliciculture, cuniculture, etc.) * Promotion et développement des génisses de qualité commercialisables destinées au renouvellement et à l’accroissement du cheptel Maîtrise et diversification des cultures fourragères *Identification des animaux et contrôle de leurs performances 12 * Centrale laitière * Centre de collecte et d’approvisionnement en lait Exploitation Forestière * Anarchie dans le mode d’exploitation * Reboisement des forêts * Réglementation très stricte (article 18) * Ouverture des exploitations forestières aux nouveaux investisseurs, organisations communautaires et petits exploitants ayant un minimum de formation #JobsForTunisia #NekhdemTounes #نخدم تونس * Centre de séchage des plantes aromatiques et médicinales * Usine d’extraction des huiles essentielles Pour conclure les travaux de l’atelier, Ines Amri et Aram Belhadj ont adressé des messages de remerciements aux partenaires et aux participants tout en saluant la richesse et la profondeur des débats et en insistant sur l’engagement du MEF à assurer le suivi des recommandations formulées durant la journée. Références : [1] Données de l’APIA ; [2] Données de l’Office de développement du Nord-Ouest ; [3] Rapport de la République Tunisienne, Ministère du Développement Régional et de la Planification : Stratégie du Développement du Gouvernorat de Béja ; 13 #JobsForTunisia #NekhdemTounes #نخدم تونس Annexes : Annexe 1 : liste des participants # 1 Name Ali El Aouji Institution / Company Contacts Pôle Régional de Recherche et de 78 238.012 Développement Agricoles du Nord Ouest semi-aride à El Kef 2 Ali Mastouri 3 Anissa Mnasria 4 5 6 7 8 9 10 GDA Nefza - Cap Negro UNION LOCALE D'AGRICULTURE ET DE PECHE, BEJA (ULAP) Abdelaziz El Directeur, Association de Protection Baccari de l’Environnement Beja Basma Ben OFFICE DE L'ELEVAGE ET DES Youssef PATURAGES, BEJA (OEP) Faouzi Fakhfakh Fethi Mekni Directeur de la pépinière et rapporteur du comité de pilotage et Commissariat régional développement agricole, Beja (CRDA) Directeur régional de l'Office de Toukabri l'Elevage et des Pâturages ( OEP) Hosni Abdelkarim [email protected] 21.230.029 [email protected] [email protected] 78451652 directeur régional à Beja de l’APIA Houcine Hosni Ghraibia 20.965.195 [email protected] Office de Développement Sylvo [email protected] / [email protected] 78451631 [email protected] 78 450 681 78 450 500 Pastoral du Nord-Ouest, Beja Directeur, Association de 97.217.645 Développement Intégré et Durable, Beja 11 Hassan Aloui Directeur, CRDA Beja 12 Kamel Aloui ODESYPANO, Beja 14 55 475 246 #JobsForTunisia #NekhdemTounes #نخدم تونس Mohamed BaccarDjebbi 14 Mohamed Salah AZIZI 15 Mohamed Nejib Hosni 16 Mohamed Kacem Baccouche Mohsen Djebbi UTICA, Beja Directeur, URAP 19 Naceur Amdouni Rania Jbir 20 Radhia Dridi CRDA, Beja 21 Ridha Taboubi [email protected] 98446796 22 Sofiene Rezgui Association de Sauvegarde de la Nature et de l’Environnement et du Développement Durable à Nefza URAP, Beja 23 Zied Ben Youssef GDA Sicilo Sarde [email protected] 17 18 Directeur, Association pour la protection de l’environnement à Béja, sauvegarde des parcs et des zones vertes, éducation à l’environnement, sauvegarde des ressources naturelles Président de l'Association tunisienne de protection et du développement des écosystèmes forestiers (Ain Drahem) UGTT, Beja 98.565.426 13 [email protected] 50 60 98 77 + 20 511 611 78 456 536 78 45 34 93 78.450.092 [email protected] Chef CTV Beja Nord [email protected] [email protected] MEF Fellow 15 29590314 Annexe 2 : agenda du Workshop #JobsForTunisia #NekhdemTounes #نخدم تونس L’Agriculture dans la région du Nord-Ouest : Spécificités, Défis et Ambitions Date : 30 Juin 2016 Lieu : Salle de conférence de l’ODESYPANO 9:00 – 09:15 : 09:15 – 09:30 : Accueil et enregistrement des participants Mot de bienvenue et présentation du MEF 09:30 – 09:45 : Session plénière :« L’agriculture en Tunisie : défis et perspectives » Dr. Aram Belhadj, Directeur de recherche, MEF 09:45 –10:30 : Thème I : L’agriculture au Nord-ouest : Etat des lieux Poids de l’agriculture dans le Nord-ouest Structure de la production agricole au Nord-ouest Spécificités du secteur agricole dans la région 10:30 - 11:15 : Thème II : Les défis du secteur agricole dans la région Nord-ouest et les moyens d’en sortir Les principales contraintes dans le domaine agricole Le rôle de l’Etat La place de la société civile Les solutions à mettre en œuvre face aux contraintes 11:15 –12:00 : Thème III : Les projets agricoles potentiels dans la région Nordouest Identification des projets porteurs dans la région Le degré de faisabilité de chaque projet Les mécanismes de financement disponibles Innovation, productivité et compétitivité 12:00–12:15 : Synthèse et clôture des travaux 16