Marie-Hélène Lafon

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Marie-Hélène Lafon
Marie-Hélène Lafon
L’arrachement et l’attachement à la terre première qui s’en va
« Les vaches ruminent, moi aussi. » Album.
Ne rien oublier du pays premier qui disparaît, de l’univers du Cantal et de
la rivière Santoire, est sa démarche. Et par des courts romans, des
descriptions de la réalité paysanne en évoquant les gens, les arbres, les
bêtes, les objets, les odeurs, les brumes, les enfances et les choses
Marie-Hélène Lafon dans une écriture dense et superbe, dresse un
portrait sans nostalgie, mais irrigué de tendresse, de la pesanteur du
monde qui aura effacé le monde rural.
«Nous vivons des temps de terrible hâte, de hâte obscène et vulgaire»
constate Marie-Hélène Lafon, et elle oppose la lenteur de son écriture,
l’intime de ses sentiments. Son écriture précise et poétique à la fois,
douce et tranchante à la fois se revendique de l’influence de Pierre
Michon, Pierre Bergougnoux, Richard Millet. Leurs ombres tutélaires
planent sur ses mots, aussi celle de Flaubert, celui d’« Un Cœur
simple », et de Faulkner, mais l’ombre du Cantal est la plus prégnante.
Elle apporte en plus de cet univers commun de sensations et de la
description du jadis, d’un monde qui fut et qui s’en va, « à bas bruit »,une
approche vibrante où les odeurs, les bruits, les choses et les non-dits
forment la trame des émotions les plus intimes.
Il s’agit dans son écriture comme un effleurement du monde, et les failles
du silence y demeurent intactes, envahissantes.
La rudesse du pays perdu scintille d’éclats soudains, et Marie-Hélène
Lafon n’est pas dans une nostalgie élégiaque. Elle restitue ses
traversées intérieures, sa géographie intime entre les vallées, la rivière,
la maison et la mémoire et ses greniers et le dur apprentissage des
villes. Pour parler de ces gens, les siens, reclus dans le silence, elle a
pris la parole et le pouvoir des mots.
Son court récit Traversées nous fait revenir au pays d’origine, à ses
sources archaïques.
« Quand je commence d'être, je suis plantée au milieu de la vallée, au
bord du mouillé de la fente, plantée debout comme un arbre, et je sais, je
sens, ça s'impose, que tout ce vaste corps du pays souple et couturé,
avec la rivière, les prés, les bois, et par-dessus le ciel tiré tendu comme
un drap changeant, je sens que tout ça était là avant moi, avant nous, et
continuera après moi, après nous. La vallée, quand on l'envisage depuis
le sommet du puy Mary, est inéluctable et vaste, comme si elle avait
toujours déjà été là... ».
Marie-Hélène Lafon est « debout comme un arbre » qui se souvient,
obstinée, forte, sensuelle, elle est là. Elle est vivante depuis ce pays, sa
maison d’enfance, sa traversée des villes, et elle a su se créer une
langue originale et forte, dense, éclatante de simplicité, elle qui a su
dépasser condition sociale originelle.
Si elle a appris à faire la bourgeoise et à ne pas faire de bruit en
mangeant sa soupe, elle a aussi appris à faire du bruit en malaxant les
mots et en « restituant le monde », comme le titrait une émission d’Alain
Finkielkraut avec André Dussolier de février 2013, et qui fit découvrir à
beaucoup la langue et l’existence de Marie-Hélène Lafon.
« Faire rendre aux mots le plus de jus, une étreinte verbale. », est sa
volonté.
Et avec un côté artisanal, méticuleux, obsessionnel, elle nous rend une
sorte d’évidence par une longue et lente maturation.
« Les vaches ruminent, moi aussi. »
Par sensations, par odeurs elle redit sa vie et celle des autres
« Tous mes livres sont extrêmement autobiographiques, tous, je me
réinvente dans tous mes livres ». Et Les pays qui mêlent paysans et
paysages, gens du même pays dans une sorte de famille est le plus
autobiographique de tous. Il décrit au travers de Claire son passage
sans espoir de retour du monde du terreau, du monde premier, au
monde du bitume et des livres. La ferme étant réservée au mâle il faut
par nécessité économique devenir fonctionnaire paisible, ou être saisie
par l’écriture tardivement.
Cette nouvelle vie arrachée par les études, la volonté, même si les
codes des autres lui échappent, de parvenir à réussir absolument, car
les filles ne peuvent s’en aller du pays que par l’école. Et « les choses se
font en se faisant », volontairement, obstinément dans la vie et dans
l’œuvre de Marie-Hélène Lafon.
Acculée à la nécessité d’écrire, elle écrit, libérée par son métier de la
nécessité d’en vivre, elle peut sans cesse revenir fouiller le socle de la
terre, de sa terre et de la condition humaine. Ce monde premier usé à
force d’avoir été et de continuer à être sempiternellement.
Elle qui vient d’un monde infini et minuscule, restitue la maladie du
temps. Elle parle de son écriture comme d’une lutte au couteau et sait
restituer les rituels de son univers, où les choses se répètent au bout du
silence.
Dans Liturgie il est dit qu’il faut « pousser la neige des jours avec son
ventre », et Marie-Hélène Lafon sait arracher son « droit » et ses jours
avec le corps de ses mots.
Elle « ne lâche pas », elle sait ses racines, elle porte avec ténacité avec
elle « son terrier ».
« Il ne fallait d’ailleurs pas faire attendre, de manière générale, dans la
vie; faire sans attendre, faire mais pas attendre. » Les Pays.
Elle a placé en exergue de ses livres cette citation : « Nous ne
possédons réellement rien; tout nous traverse. » Eugène Delacroix,
(Journal). Ceci est une explication de bien de ses romans.
Et sans nostalgie, elle sait « réchapper » de son enfance, de son pays
sans oublier les arbres et les livres, les nuits et les rivières, le vent et les
maisons. Ceci est son lien nourricier.
Fidélité toujours au pays :
« Le Cantal existe. Il est incontestable. Il est accroupi au centre de la
mêlée des terres et tient bon. On le quitte, on y revient, on n’en revient
pas, on le découvre, on le redécouvre, on l’espère et on l’attend, on le
suppute, on le suppose, il désarme et désempare, il attendrit, il
décourage, mais ne désespère point.
On étreint le Cantal, à plein bras, on le regrette, on le récite, on le flaire,
on ne l’avale pas, on le déglutit, on le suinte, on le suppure, il s’avère
virulent, il s’accroche, il résiste, il persiste, il s’exaspère, il demeure…
J’en suis. De là-haut. J’en descends. Comme d’une lignée profonde.
Ligne de vie, ligne de sens. Je n’en reviens pas de cette grâce insigne
que c’est d’en être. Je n’en reviens pas et n’en veux pas finir de n’en pas
revenir. » Album.
Marie-Hélène Lafon refuse tout exil d’elle-même, mais par ses mots,
d’une totale fidélité à l’endroit d’où elle vient, elle sait faire savoir, faire
sentir. Elle a su avoir le courage de « transgresser » l’usage de la parole
des mots utiles de son milieu, les valeurs familiales, pour faire œuvre
d’écrivain et opérer un travail au corps à corps avec le langage. Elle aura
réussi à faire une langue à partir du monde enfui et du monde présent.
Elle aura édifié des romances rugueuses
« J’écris par vocation pour une nouvelle vie ».
L’apprentissage des villes
Mon rapport au monde passe par le corps et mon écriture aussi.
La biographie de Marie-Hélène Lafon se doit d’être discrète et attentive,
comme elle. Aussi on mentionnera juste ceci :
Marie-Hélène Lafon est née en 1962 à Aurillac dans le Cantal. Agrégée
de grammaire, professeur de Lettres, et écrivain, elle vit à Paris où elle
enseigne les lettres classiques.
Elle écrit depuis 1996 et publie depuis 2001 chez Buchet-Chastel des
romans et des nouvelles.
Elle a obtenu en 2001 le prix Renaudot des Lycéens pour Le soir du
chien.
Et quelques autres parcelles de son existence glanées sur ses quelques
interviews où elle parle de son arrachement à la terre-mère et au dur
apprentissage des villes, là où elle se sent irrémédiablement gauche et
étrangère.
Marie-Hélène Lafon raconte de livre en livre ces années de passage, de
cette fille de paysans du Cantal, née dans un monde qui disparaît. Son
père le dit et le répète depuis son enfance : ils sont les derniers. Très tôt,
elle comprend que le salut viendra des études et des livres et s'engage
dans ce travail avec énergie et acharnement. Elle doit être la meilleure.
Grâce à la bourse obtenue, elle monte à Paris, étudie en Sorbonne et
découvre un univers inconnu. Elle n'oubliera rien du pays premier, et
apprendra la ville où elle fera sa vie, qu’elle devra apprivoiser avec ses
autres odeurs, ses autres paysages et codes.
Les Pays est son roman le plus autobiographique et en même temps un
roman d’initiation, son initiation à la ville sans oublier la terre d’enfance.
Marie-Hélène Lafon dit que sa vie, donc son écriture, est une tentative
têtue « d’épuiser le réel et de lui faire rendre gorge, et de le faire passer
par le tamis des mots », pour le restituer aux autres, le faire ressentir
presque physiquement, et elle, toujours lourd du pays premier, rend
celui-ci frémissant et proche par mille petits détails.
« Il faut que tout s’incarne, y compris le vent dans ce que j’écris. »
Apprendre sa nouvelle vie sans désapprendre l’autre, celle arrimée aux
herbes folles, aux grands yeux humides des vaches, à l’amitié des
chiens, à la belle rudesse des gens, voici son travail.
Ses romans recomposent son enfance, sa vie, ses lieux, ses milieux, ses
souvenirs.
« Je suis toujours autobiographique, même si je raconte l’histoire d’un
poisson » (Fellini), est une citation chère à Marie-Hélène Lafon qui parle
du côté « violemment autobiographique » de ses romans.
Elle qui aura vécu dans sa ferme isolée à mille mètres d’altitude jusqu’à
l’âge de 18 ans, et elle va de façon tenace, obstinée, appliquée,
paysanne, se créer un autre pays par les voies étranges de la
grammaire, du latin et du grec. Sorbonne, Paris, ceci deviendra son
second pays sans que jamais le pays premier ancré en elle ne s’oublie.
Et elle devra « apprivoiser » le corps animal de la ville. Et comme
boursière, lutter pour ne pas redoubler, avec « la peur au ventre »
d’échouer, car elle n’a pas le choix, pour enfin réussir à devenir « une
fonctionnaire. Et avec acharnement, comme elle ferait les travaux des
champs elle étudie laborieusement, méticuleusement, sillon après sillon.
« Elle étudia comme on laboure, pour manger. »Liturgie.
Et Marie-Hélène Lafon, farouche et solitaire, parle pour tous ceux à qui
l’on n’a pas donné la parole, ou qui ne savent pas la prendre, figés dans
leur silence.
Maintenant libre de contraintes de succès commercial, elle continue à
enseigner : « Je ne vis pas de mon métier d´écrivain, car je vends
modestement. J´enseigne en collège, et pas seulement pour des raisons
financières, mais j´aime mon métier d´enseignante. Cela a du sens pour
moi, d´enseigner le français, le latin et le grec. »
Marie-Hélène Lafon, Claire dans le livre, sait que son ancien monde est
un monde finissant, donc tout retour est impossible. Elle laisse derrière
elle autant son enfance que son monde fini, passant du paysan à
l’entreprise agricole.
« La paysanne de Paris », la fille à jamais du pays, sans mièvrerie
aucune, parle de la vie réelle, dure, les yeux ouverts, les mots ouverts, le
Haut-Cantal au cœur, ce « monde premier, ancien, antédiluvien, et voué,
à ce titre, à la mort lente de ce qui a trop vécu ».
Écrire pour rendre compte de la pesanteur du monde
L’écriture me jette dans le monde et est traversée par le monde.
Marie-Hélène Lafon est entrée en écriture comme en transhumance
intérieure.
Elle tard venue, à trente quatre ans à l’écriture, en 2001, pour une
publication à 39 ans, en aura fait sa nouvelle vie, osant transgresser les
bribes et les lieux d’origine, et l’usage habituel de la langue.
Une dizaine de livres après elle aura balisé son passage terrestre.
« Écrire ça commence comment ?
J’ai attendu longtemps. J’avais trente-quatre ans, c’était à l’automne
1996, et j’ai eu le sentiment de manquer ma vie, de rester à côté ; j’étais
comme une vache qui regardait passer le train et les vaches ne montent
pas dans les trains. Je me suis assise à ma table et j’ai commencé à
écrire « Liturgie », le texte court qui donne son titre à mon deuxième livre
publié. Je suis montée dans le train de ma vie, et n’en suis pas
redescendue depuis. Non pas qu’écrire soit toute la vie, toute ma vie ;
mais je dis volontiers qu’écrire est pour moi l’épicentre du séisme vital ;
ou que je ne me sens jamais exister aussi intensément que quand
j’écris.
Je dis aussi que j’écris à la lisière, en lisière. C’est d’abord sociologique ;
je viens de loin, d’un monde, une famille de paysans du Cantal, où le
livre existait peu, où, à l’exception d’une grand-tante restée vieille fille, la
tante Jeanne, personne, jusqu’à ma sœur et moi, n’avait fait d’études,
où, en d’autres termes, il n’allait pas du tout de soi d’entrer en littérature,
d’abord avec les livres lus, ensuite avec ceux que l’on tend à écrire et
que, je le constate, on écrit et publie, on étant indéniablement moi. Lire
des livres pour étudier, pour avoir un métier, pour devenir par exemple
fonctionnaire, professeur, comme ma sœur et moi l’avons fait, est licite,
voire encouragé ; un tel parcours, bien que courant dans les années
soixante-dix, peut même passer pour un objet de fierté ; mais écrire des
livres, c’est une autre affaire, ça sépare, ça échappe. Je suis dans cette
échappée, cette séparation du lieu d’origine sociale et culturelle, Par ce
fait même, je suis à distance, je reste à distance aussi du milieu
d’accueil, dirais-je, celui dans lequel se passe ma vie, ici et maintenant ;
c’est l’apanage des transfuges sociaux, d’où qu’ils viennent. C’est ce que
j’appelle être à la lisière, entre deux mondes, en tension entre deux
pôles, tension féconde et constitutive, je le crois, de l’écriture. » (MarieHélène Lafon pour la Bibliothèque de Saint-Étienne le 09 février 2009).
Elle est en tension perpétuelle entre son pays de jadis et son pays
actuel, Paris.
Elle n’est en rien un écrivain régionaliste, elle n’embellit pas le réel âpre,
dur, c’est « une écriture de la terre, une écriture du monde paysan, mais
sans jamais être une écriture du terroir ou même régionaliste. Car si je
suis issue de ce monde rural, je n´ai jamais été un écrivain de terroir. Je
suis aux antipodes de cela ».
Sa lucidité lui permet de redonner les aspects de son monde en voie de
disparition. Ce monde qui n’en finit pas de finir à petit feu.
Elle reste fidèle à sa terre, et sa langue forte, dense sans complaisance ;
est « un tombeau » vibrant pour son pays. Elle traque avec ses mots ce
qui est à peine dit dans ce territoire de taiseux. Elle sait rendre compte
du « silence rugueux », du refus de parler de soi, de se dire, de ceux qui
vivent au ras du réel. Presque jamais de dialogues dans ses livres, car
on ne se parle que pour le concret et l’utile et non pour échanger.
Elle doit rebâtir sa demeure loin de sa demeure natale, mais toujours
irriguée par elle.
Elle refuse toute nostalgie, toute volonté de retour, elle écrit une langue
qui « fait honneur » à ce monde et ses habitants. Elle conserve ce
qu’elle nomme « le lien nourricier » avec ce pays.
Elle a un rapport charnel, sensuel, organique avec les éléments, les
saisons, les choses, les sensations qui irriguent le corps. Et elle sait le
restituer, elle qui a laissé son enfance terrienne pour affronter et vivre en
ville, « univers minéral, sans silence, avec la promiscuité des autres »
alors que l’on connaissait les espaces et le silence enroulé aux jours ;
Ainsi dans Album « qui est un abécédaire choisi, où l’on irait de Arbres à
Vaches en passant par Chiens, Journal, ou Tracteurs.
Ce serait l’os des choses, leur velours ; et comme une déclaration
d’amour répétée vingt-six fois. ». Et cela sous forme d’un bouquet de
prose poétique, et qui forme, d’après elle, « le socle de son écriture ».
Cet inventaire que ce qui la tien au monde, des arbres, des choses, des
êtres est le plus lumineux de ses mots.
Ses romans ont tous un lien de filiation entre eux et disent l’histoire de ce
monde à bas bruit, avec amour, et lucidité. Comment on les vit, comment
on les quitte (Les pays). Si elle est partout dans ses mots, elle sait les
détourner, les transformer, les métamorphoser pour atteindre à un
certain universel.
Par les petits rituels énoncés : le journal La Montagne, ses pages
froissées, et sa lecture en commençant par les annonces de décès,
reliant les gens à la mort et au temps des autres, par les « choses
vertes » -vent, rivière, vallée-, par les odeurs et les bêtes, tout est dit.
Et dit dans une sorte de langue granitique, battue par les herbes de la
solitude, de la lumière des arbres, et du mystère des êtres. Et surtout et
encore les vaches qui sont son repère fondamental.
« Je suis un écrivain «de lisière» et un écrivain «de sillon». Relativement
en marge Marie-Hélène Lafon laboure inlassablement son territoire.
« Je travaille comme on laboure. C’est d’abord une question de matériau
: l’enfance et les origines sont paysannes, plantées dans la terre, et,
jusqu’à présent, sans que je sache pour combien de temps encore,
j’éprouve la nécessité d’écrire à partir de là. »
Elle écrit sans notes préliminaires, ou de projet préalable de romans.
Puis humble artisane, très obsessionnelle, elle rédige une première
version papier, puis sur ordinateur et commence un lent travail de
maturation. Elle lit à voix haute ses pages pour faire passer ses mots
« au tamis du corps. », l’entendre sonner pour savoir si les phrases
tiennent, sinon elle les rabotent sans cesse, le s polit et les repolit.
« Ensuite j’émonde, j’élague, je taille dans la matière, je fouille dans le
terreau du verbe pour exhumer, extirper le mot précis, le rythme juste, au
souffle près, à la virgule, au point-virgule près. Le travail d’écriture est
une étreinte avec la matière verbale, c’est de l’empoignade, c’est long,
ardent, parfois violent ; et c’est, à mon sens, organique parce que c’est
une patiente affaire de matière et de corps. Mon rapport au monde
passe par le corps et mon écriture aussi : je ne lâche jamais un texte
pour publication éventuelle sans l’avoir au préalable mâché, ruminé, et
dit, prononcé, proféré à voix haute, ce qui implique de passer
littéralement mot après mot par le corps, le ventre, la bouche. » » (MarieHélène Lafon pour la Bibliothèque de Saint-Étienne le 09 février 2009).
Marie-Hélène Lafon dit qu’elle n’invente rien, qu’elle restitue jusqu’à
l’infime les détails vus, vécus, sentis.
« Je n’ai aucune imagination » avoue-t-elle. Aussi elle va puiser sa place
dans la vie dans l’écriture en puisant ses traces et ses témoignages chez
les « derniers des indiens ». Sans mensonge aucun, mais avec toute sa
chair pour que son écriture « nous traverse ».
Aussi tous ses récits sont issus de son socle géographique : « Tous les
motifs de mes livres sont traçables. ».
Soit, mais sans la splendeur et l’honneur de sa langue cela ne serait que
documentaire, souvenirs ou anecdote, or c’est une œuvre. Elle prend
ses distances, par pudeur, par recréation de l’écriture, toujours entre ses
deux mondes. Elle « s’abrite » ainsi, du poids autobiographique toujours
présent, latent. Elle scrute, elle ne juge pas.
Marie-Hélène Lafon est un écrivain à la langue limpide et dense, une
voix essentielle et originale dans la littérature française. Son écriture
concise, épurée, précise, ouvre bien des espaces intérieurs, laboure les
mots violemment, documente le réel.
Elle veut « écrire comme un poing serré. » Sa ponctuation très
particulière, avec un grand usage des points-virgules, ses mots précis et
lapidaires parfois, construisent une langue hypnotique et noueuse.
« J’avance à tâtons, je malaxe la phrase, pour moi c'est sensuel et
terrien. »
Elle ravaude sans cesse les pièces de son « terreau constitutif. »
Elle semble se méfier de tout lyrisme débordant, de tout pathétique,
qu’elle hait, elle murmure, suggère inlassablement, et la beauté discrète
ruisselle de ses romans.
Une musique douce et feutrée, parfois tranchante aussi, monte comme
une incantation.
Et son écriture sonne comme des vérités perdues et retrouvées.
L’écriture de Marie-Hélène Lafon ne ment pas, et veut garder « un ton
juste » par-dessus tout. Son écriture lentement ruminée vous saisit, ne
vous quitte plus. Elle semble résurgence.
Elle sait faire s’incarner, nous rendre tangible, immédiatement proche
son monde, celui « des derniers indiens », accablés de « besogne
homérique et d’emprunts qui ne le sont pas moins. »
Les romans de Marie-Hélène Lafon nous tiennent chaud, sentent bon
comme la fenaison.
Il faut placer Marie-Hélène Lafon tout près de Pierre Michon, donc très
haut.
« Je suis là. Je me tiens là, à cette place ; j’essaie de le faire. On
continue ; ça continue. »
Gil Pressnitzer
Sources : les interviews de Marie-Hélène Lafon et son texte pour la
Bibliothèque de Saint-Étienne le 09 février 2009.
Choix d’extraits
La maison est grande. On n'habite pas toutes les pièces. Certaines, à
l'étage, sont abandonnées après un temps plus ou moins long où elles
ont eu un usage précis. Les objets s'y entassent Dans la chambre dite
des hommes les ouvriers agricoles ont jadis couché. Deux lits sont
disposés tête-bêche le long du mur de gauche. La fenêtre donne sur le
pré et la rivière. On ne l'ouvre plus. L'hiver on rentre là les géraniums. Ils
sont rouges et roses et luisent contre la cloison de planches larges. Il y a
aussi la chambre des fromages et la chambre à jouer, devenue chambre
de la chaîne, dite ensuite chambre des oiseaux, chambre à donner ou
chambre bleue. La liaison est un grand corps de pierre et de bois. La nuit
on l'entend craquer. Il vit, il meurt.
Personne ne fait l'amour dans la maison. Parfois il lui le fils reste les
yeux ouverts, raide dans sa peur. Ensuite il s'endort. Il entend les
mouches. Dans la chambre des sœurs elles se cognent contre le papier
de l’abat-jour, un papier orange imprimé de feuillages vert sombre.
L'abat-jour est piqueté de chiures de mouches. L'été la fenêtre reste
ouverte, la rivière entre dans la chambre avec le bruit du vent dans les
feuilles de l'arbre. La chambre des sœurs est pleine aussi de l'odeur de
l'herbe et des aboiements des chiens quand les phares jaunes des
voitures trouent la nuit sur la route de l'autre côté de la rivière.
Les volets de la maison sont blancs. On les voit de loin. On voit la
maison de loin. Elle est grosse et presque carrée. Elle a sept fenêtres en
façade, trois au rez-de-chaussée, quatre à l'étage. L'arbre est un érable.
Il mange la façade. Il la tutoie. Il est dans la maison, il fait corps avec
elle. L'arbre et la maison vivent ensemble. On ne sait plus qui a planté
l'arbre qui a construit la maison. On ne sait pas si ce sont les mêmes
personnes qui l'ont fait La maison et l'arbre n'ont pas d'histoire. Ils ne
sont pas nobles, mais ils ont beaucoup d'orgueil. (Sur la photo)
Ma rivière d'enfance a nom Santoire. Elle borna le monde, c'est définitif,
elle fut l'été, la plage d'ardoise, et l'immobile après-midi d'août, le temps
arrêté dans le babil lumineux de son lit de cailloux. Elle fut de chaque
hiver, et des printemps brefs, haute, pressée d'en finir, se hâtant,
tournoyant à bout de gris, cinglant les branches nues et penchées.
Horizontale, insolente et enfuie. (Album)
ARBRES
Les arbres sont. Dans le ciel et contre lui. Épandus, écartelés en
dentelles savantes. La terre les porte, ils dessinent sur elle, sur sa peau
ancienne, des signes, des architectures; la terre les nourrit, ils puisent et
fouillent en elle, enfoncés; ensuite ils sont dans le ciel et contre lui se
tendent.
Ils s'affolent parfois, quand l'orage d'été les prend, quand les pluies
froides de novembre hachent les dernières feuilles cuivrées. Eperdus ils
ploient et voudraient s'arracher. Des voix sourdes montent d'eux. Rien
ne sera possible. Les arbres demeurent, ils ne désertent pas, ils ne
peuvent pas le faire. Ils habitent. Ils ont vocation de patience.
L'arbre dressé seul se laisse embrasser de loin, prendre par le regard, il
est sur le bord de la route, dans le troisième tournant après la sortie du
bourg, ou dans le pré, derrière la grange, à droite. On le connaît par les
yeux, de loin. On peut aussi aller jusqu'à lui, marcher, s'approcher, le
toucher, s'accoter, et faire avec lui le tour muet de son horizon immobile.
Plus qu'une visite, ce serait un rendez-vous, et un hommage rendu, hors
les mots. La langue de l'arbre s'invente dans ses mille bouches feuillues.
Les chants du monde commencent là.
Les écorces sont autant de peaux à parcourir. À voir, à toucher, à sentir.
Veinées, diaprées, gaufrées, corsetées de plaques, d'écaillés, creusées
de sillons. Elles ont tous les visages. Elles cachent des bêtes plates et
des continents engloutis. Elles ont un âge.
L'hiver serait la grande saison des arbres. Tout est à venir. Ils bruiront
dans la lumière neuve de juin, caressés, traversés. Tout est à
venir; ils attendent, nous attendons, j'attends, au coin d'eux quand le feu
craquetant est mis. L'arbre est encore là, en bûches fendues, il fleure
doux, se dissipe et monte au ciel en volutes souples, c'est une vocation
ultime. (Album)
Dans la maison Santoire on baisse pas, on part d'un coup ou en trois
mois le temps d'engraisser les docteurs et les infirmières qui empêchent
pas de mourir. C'est la maison qui veut ça, partir d'un coup, net propre
sec… Sortir, ouvrir les volets des deux fenêtres, acheter trois bricoles au
camion, prendre le journal du jour dans la boite, le déplier sur la table à
la page des avis d'obsèques pour si quelqu'un vient et entre, il verra, il
pourra dire aux gens de la Mairie que le vieux Santoire fait bien son
train, qu'il se suffit, qu'il s'intéresse, que c'est pas la peine, qu'il a pas
besoin. » (La maison Santoire)
Elle respire sa ville aimée, sa seconde peau, elle hume le fumet familier
qu'elle ne parvient pas tout à fait à démêler ; c'est, tout entassé, machine
et chair, rouages et sueurs, haleines suries et parfums fatigués sur
poussière grasse, c'est animal et minéral à la fois ; c'est du côté du sale
et elle se coule dans cette glu, elle prend place s'insère dans le flot. Son
pas résolu claque sur le sol dur, ses bottines à lacets et talon bobine
sont lustrées comme de petits sabots de cavale d'apparat. La ville
s'apprend par le corps et retrouve par lui, le pas sonne et claque comme
il ne saurait le faire sur la terre souple de l'autre pays. (Les pays)
« L’enfance était là, ses étés ardents, le foin coupé, la touffeur des
granges, et les maillots éblouissants de coureurs dont elle n’avait pas
oublié le nom, Anquetil Merckx Poulidor Hinault. ». (Les pays)
Claire ne voulait pas de toile cirée; qui était pourtant bien pratique et
facile à nettoyer, elle n'aimait pas non plus les bouteilles en plastique sur
la table, l'eau était servie dans une carafe bleue, elle tolérait la limonade,
mais il sentait que cela ne lui plaisait pas, elle faisait l'effort, pour trois
jours elle supportait. Elle avait aussi la manie de changer les assiettes
pendant les repas, elle disait que le lave vaisselle était là pour ça, se
levait, allait, venait [...] C’était des façons, des manières qu'elle avait
prises dans sa belle-famille et gardées ; il sentait ça allaient plus ou
moins avec les bottines, les manteaux en velours, les gants serrés, le
vinaigre marron et l'écrivain italien ; elle avait toujours été un peu comme
ça, même petite, déjà, quand elle avait huit ans, il l'avait bien vu, et il le
lui disait des fois à table, elle était une bourgeoise, elle faisait pas de
bruit en mangeant la soupe. » (Les Pays).
Après le départ des enfants, les femmes arrivaient ; les femmes vieilles,
ou celles qui le devenaient Les jeunes n'avaient pas le temps. Les
femmes allaient seules, ou par groupes chuchotants, de deux ou trois
têtes penchées, permanentées. Elles s'apprêtaient comme pour la
messe, la messe d'un dimanche ordinaire, pas celle d'un enterrement ou
des communions solennelles; mais on n'allait pas au bibliobus comme à
l'épicerie ou au camion du boucher-charcutier, en blouse et veste de
grosse laine ; le bibliobus, c'était autre chose. Certaines femmes n'iraient
jamais. Les livres étaient enveloppés dans un sac en plastique. Elles en
prenaient soin. Elles faisaient peu de commentaires, se conseillaient
entre elles à voix basse, et ne posaient pas de questions à
Mademoiselle Cadou, qui, d'ailleurs, d'un passage à l'autre, ne se
souvenait pas de leurs noms. C'était curieux, chez une personne qui
avait étudié, cette absence de mémoire. Il fallait pourtant lui rendre cette
justice, qu'elle était toujours aimable ; et patiente, tendre, avec les
enfants. On le savait ; ils le racontaient, les enfants, et que leurs
prénoms à eux, elle les retenait tous dès la première fois…
Les vieilles avaient des yeux de poule. Elles notaient pas méchantes.
Elles avaient vécu autrement. Elles savaient comment il faut vivre. Elles
le croyaient Elles avaient tenu les maisons, de leurs mains diligentes et
tôt usées ; tenu les maisons et élevé les enfants. Elles avaient dû
compter avec l’homme et servir sous lui dans les travaux de la nuit.
Quelques-unes avaient eu des amants, ou un amant, le même,
longtemps; les plus ardentes de ventre, sans doute ; ou les plus mal
mariées ; ou celles qu'une mère n'avait pas dressées comme les autres,
dressées à rester dans le rang, à y tenir sa place, sous le regard de tous
et de chacun, reconnues et admises parce que semblables et
conformes. Ma mère aurait pu me raconter les histoires des autres
femmes. On s'en souvenait encore, mais on n'en parlait plus. Ça s'était
élimé. On s'était habitué et on n'avait plus rien à en dire.
…..
L'après-midi, Marlène marchait. Elle remontait le cours de la rivière ; elle
allait au long des plateaux d'herbe rase. Cette marche hors les routes,
hors les sentiers des hommes, par tous les temps, pour rien, sans fusil,
sans chien, seule, suffisait à la signaler à l'attention de tous, à l'isoler ;
plus encore que le reste, que l'extrême pâleur de la peau, le noir des
vêtements, l'exubérance des cheveux fauves, l'appartenance à un
lointain pays de bord de mer, et ma dévotion. On ne se donnait pas ainsi
à une femme. On tenait la barre ; on gardait le contrôle. On ne se
donnait pas ainsi à une jeune femme, très jeune, qui ne parlait à
personne, ou si peu, et se promenait seule. Se promenait-on dans la
commune ? Non. C'était affaire de retraités oisifs ou de citadins
désœuvrés ; affaire de soirs tièdes, ou, à l'extrême rigueur, de digestions
dominicales. Alors les femmes allaient en grappes, au bord des ; routes,
précédées de chiens, flanquées d'enfants \ robustes aux jambes torses.
Visiblement, ostensiblement, elles jouissaient ensemble, sœurs, mères,
filles, belles-filles, belles-sœurs, d'un repos arraché \ au harassement
des besognes continuelles. On î disait : « Ils ont quelqu'un aujourd'hui ;
les femmes se promènent.» Mais personne n'allait ainsi, seul, au long
d'une rivière tortueuse, ou à la| lisière mauve des bois nus. Ça n'avait
pas de sens, j L'électricien avait ramené là une drôle de cliente. La mère
n'en disait rien parce qu'elle était bonne femme. Il paraît que la fille était
excellente cuisinière. Ça ne fait pas tout, mais elle le tenait par le ventre.
Et l'épicière de ponctuer d'un coup de menton décisif cette appréciation
lâchée à mi-voix, j aussitôt ma mère sortie, dans le tintinnabulement
poussif de la sonnette. (Un soir le chien)
Annette regardait la nuit. Elle compre-nait que, avant de venir vivre à
Fridières, elle ne l'avait pas connue. La nuit de Fri-dières ne tombait pas,
elle montait à l'as-saut, elle prenait les maisons les bêtes et les gens,
elle suintait de partout à la fois, s'in-sinuait, noyait d'encre les contours
des choses, des corps, avalait les arbres, les pierres, effaçait les
chemins, gommait, broyait. Les phares des voitures et le réverbère de la
commune la trouaient à peine, l'effleuraient seulement, en vain. Elle était
grasse de pré-sences aveugles qui se signalaient par force
craquements, crissements, feulements, la nuit avait des mains et un
souffle, elle fai-sait battre le volet disjoint et la porte mal fermée, elle
avait un regard sans fond qui vous prenait dans son étau par les
fenêtres, et ne nous lâchait pas, vous les humains réfugiés blottis dans
les pièces éclairées des maisons dérisoires. (L’annonce)
Annette voulait espérer que ceux d'en bas finiraient par s'endormir, par
les oublier, pour mieux se rendre compte un jour, ensuite, que les deux,
eux, la femme et l'enfant, les recueillis, faisaient désormais partie du
paysage, avaient creusé le sol sous eux, pris corps et racine, au point
que l'on ne saurait leur retirer ce qui était acquis pour les renvoyer au
rien, à ce flottement des petites villes hagardes où des femmes élimées
élèvent seules les enfants dans des logements de hasard. Annette
gardait au fond d'elle sa peur ancienne et s'appliquait à lui tenir tête tant
il fallait à Fridières tout apprivoiser. Les bruits de la nuit étaient une
aventure. Elle ne les avait ni supposés ni redoutés, n'ayant vécu
auparavant que dans des espaces confinés et chiches, avec son père et
sa mère d'abord, dans la maison étroite collée à la rue et à d'autres
maisons, avec Didier ensuite, ou Éric, dans divers appartements sans
mystère. Les bruits de la nuit n'appartenaient pas aux vivants. Ils avaient
partie liée avec d'autres forces qui, à Fridières plus que partout ailleurs,
se cachaient derrière l'apparence des choses. La lumière du jour, fût-elle
en hiver avare et sans aménité, tenait à distance ce qui, aux premières
poussées de nuit, se déployait pour tout prendre. Annette avait réfléchi ;
des hommes, des femmes étaient nés et morts dans cette maison, dans
les chambres du bas dont on apercevait, l'été, quand les fenêtres étaient
ouvertes, les entrailles encombrées de meubles luisants.
Dans ces lits où dormaient les oncles, où ils mourraient peut-être, par
surprise, du moins le demandaient-ils, affirmant leur refus de l'hôpital, de
la vieillesse parquée en collectivité et de l'acharnement médical, dans
ces lits hauts des oncles étaient morts ceux et celles de leur sang.
Annette sentait des présences, la maison frémissait, des frissons
couraient d'un bout à l'autre. Derrière la cloison dérisoire de la chambre
s'ouvraient le gouffre de la grange, et, sous elle, celui de l'étable, qui, la
nuit venue, malgré l'éclairage sommaire, cessait d'appartenir au ' monde
connu, sombrait coulait à pic dans le noir. Elle n'avait pas eu vraiment
peur, même au début. La maison de pierre et de bois était un bon
refuge, un lieu sûr, elle le devinait, et pas seulement grâce à Paul. Cette
maison ne voulait pas de mal, elle avait certes ses humeurs et parlait, la
nuit ; mais on pouvait s'y tenir au chaud. Les vieux morts ne mordraient
pas, leurs noms et prénoms étaient gravés sur la plaque au cimetière…
(L’annonce)
Elle le trouvait beau. Il ne ressemblait à personne. Il avait les yeux bleus.
Il était pâle, il était clair, il était doux. Son pas était glissant et léger. Son
corps ne sentait pas, ne pesait pas. On ne l'entendait pas, et il était là,
dans le carré de lumière de la porte, silencieux et lisse. Parfois, il
souriait. Il lui souriait. Il ne donnait pas de coups de pied au chien sous la
table ; il ne crachait pas, il ne rotait pas, il ne lapait pas bruyamment sa
soupe ; il ne riait pas fort avec les autres, qui beuglaient de toutes leurs
dents, gorges ouvertes, quand le maître était d'humeur à plaisanter.
Il connaissait les travaux des femmes. Il savait le prix d'un sol bien frotté,
d'un drap bien tiré sur des couvertures rafraîchies. Il respectait.
Elle eut pour lui de menues attentions de bête furtive, une framboise
velue cueillie en cachette au jardin, tiède contre la langue, une feuille de
menthe froissée près de la fontaine, qui parfumait les doigts et qu'il
humait avant de la glisser dans la poche de son pyjama où elle
accompagnait son sommeil dans la paix des nuits. (Alphonse, Liturgie)
Bibliographie :
Nouvelles/Romans
– Liturgie, nouvelles, Buchet Chastel, 2002.
– Le soir du chien, roman, Buchet Chastel, 2001, en poche Points Seuil
2003.
– Sur la photo, roman, Buchet Chastel, 2003, en poche Points Seuil
2005.
– Ma créature is wonderful, photographies de Bernard Molins, textes de
Marie-Hélène Lafon, Filigranes, 2004.
– Mo, roman, Buchet Chastel, 2005.
– Cantal, photographies de Pierre Soissons, textes de Benoît Parret,
Fabienne Faurie, Marie-Hélène Lafon, Quelque part sur terre, 2005.
– Organes, nouvelles, Buchet Chastel, 2006.
– La maison Santoire, nouvelle, Bleu Autour, 2007.
– Les derniers Indiens, roman, Buchet Chastel, 2008.
– L’annonce, roman, Buchet Chastel, 2009
– Les derniers Indiens, roman, Folio, 2009
– Gordana, roman vu par Nihâl Martli, éd. du Chemin de Fer, 2012
– Les Pays, roman, Buchet Chastel, 2012
– Album, abécédaire, Buchet Chastel, 2012
-Tensions toniques, Archipel 2012
- Traversées, Créaphis, 2013

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