numéro 48 de septembre 2005, page 49 - 115

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numéro 48 de septembre 2005, page 49 - 115
DOSSIER
DU TRIMESTRE
Expérimentation d’une halte de nuit à Nice.
Le projet de halte de nuit a été conçu afin d’offrir un lieu d'hébergement à des publics en
grande exclusion (notamment ceux accompagnés d'animaux) qui souvent se plient difficilement aux règles de fonctionnement de structures plus traditionnelles. Cette halte se voulait un
lieu d’accueil convivial, affranchi des conditions d’accès trop contraignantes, où ces publics
auraient pu accéder librement entre 21h00 et 6h00 du matin, en leur proposant des prestations d’hygiène et une alimentation d’appoint, ainsi que des petits soins médicaux.
l s’agit d’une expérience novatrice,
fruit d’une opération partenariale
exemplaire. Initiée par la DDASS
avec l’appui de la mairie de Nice, elle a
été portée par l’association ACTES qui
a relevé le défi en libérant un local et
en constituant des équipes en un temps
record. A saluer aussi le concours de
Médecins du monde qui a apporté une
service supplémentaire en termes
d'accès aux soins.
I
Cette structure, prévue pour 30 places,
a fonctionné du 10 janvier au 1er avril
2005 et a été remplie dès les
premières nuits.
Les principaux constats, qui ont été
faits, ont parfois surpris. Ainsi, peu
de personnes se sont présentées avec
des animaux et si des problèmes d’alcoolisme étaient évidents en revanche
des états d’ébriété ont été rarement
constatés. Par ailleurs, contrairement
à notre attente, la grande majorité des
personnes accueillies restaient toute
la nuit, ne se contentant pas d’une
simple pause de quelques heures.
Cette réponse est donc apparue
comme une véritable alternative d’hébergement de nuit.
Enfin, le public reçu avait en général
moins de trente ans et parfois il s’est
agi de travailleurs sans abri qui ont pu
faire l’objet d’une réorientation vers du
logement pérenne.
Pour ce qui est de la pertinence de l'action, on peut donc s'accorder à dire
qu'a été couvert un besoin évident et
qu’a été élaboré un véritable «outil de
lien social». Il apparaît, en effet, que
ces publics ont trouvé au travers de la
halte à la fois un lieu où se poser en
sécurité mais aussi un espace de convivialité leur apportant une chaleur qui
leur fait défaut dans la journée et
qu’offrent plus difficilement d’autres
structures. Preuve évidente de cette
adhésion et de l'appropriation de cet
espace par ces publics, certains ont pu
refuser des places en accueil de nuit
mais aussi en hôtel, quand les capacités
de la halte étaient atteintes, allant
jusqu'à préférer passer la nuit dehors.
Le succès de cette opération tient en
grande partie d'une part à l'équipe
extrêmement soudée et volontaire qui
s'est constituée autour de ce projet et
d'autre part, et à la convivialité de cet
espace qui permet l'instauration d'un
dialogue difficile à nouer en d'autres
lieux.
La question du renouvellement de
cette opération pendant l'hiver
2005/2006 est bien sûr posée. Son
indéniable succès ne doit pas occulter
certaines questions:
aréfléchir sur une meilleure coordination et complémentarité avec
d'autres structures
aprendre en compte le coût très élevé
de l'opération (en fonctionnement
environ 50 ¤ par jour et par
personne assurés par la DDASS
pour cette période expérimentale),
qui nécessitera l’intervention de
partenariats complémentaires.
D’autant qu’il faut envisager d’étendre :
aLa capacité de la structure compte
tenu de l’affluence constatée (40
places au lieu de 30) ;
aLa tranche horaire d’ouverture (20
h / 7 h, au lieu de 21 h. / 6 h.) pour
limiter le temps d’attente devant la
porte de la halte, situation dénoncée
par les riverains et permettre une
sortie un peu plus tardive le matin ;
aet la période à couvrir (à partir du
mois de décembre) pour mettre à
disposition cet accueil dès les
premiers froids.
Roger AUBLET
DDASS des Alpes Maritimes
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