Hemorragies meningees - psychologie - Psychologie
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Hemorragies meningees - psychologie - Psychologie
Encyclopédie Médico-Chirurgicale 17-152-A-10 17-152-A-10 Hémorragies méningées N Seiller IV Apostu A Pavy-Le-Traon P Arrue J Lagarrigue G Geraud Résumé. – L’hémorragie méningée est une sous-classe d’accident vasculaire cérébral, définie par la présence de sang dans les espaces sous-arachnoïdiens. Son incidence est globalement de 10/100 000 individus par an dans le monde occidental, variant avec le groupe ethnique considéré, et relativement stable au cours du temps. Son pic d’incidence, aux alentours de 50-60 ans, est à l’origine d’une perte importante d’années de vie potentielle compte tenu d’un taux de mortalité élevé. Ses facteurs de risque correspondent aux pathologies constitutionnelles du tissu conjonctif, mais principalement à des facteurs modifiables, en particulier l’hypertension artérielle (HTA) et l’usage de certains toxiques, licites ou non. Son étiologie principale est la rupture d’un anévrisme vasculaire intracrânien, mais d’autres pathologies malformatives ou dégénératives vasculaires, des pathologies infectieuses, inflammatoires ou traumatiques, ainsi que l’hémorragie périmésencéphalique d’étiologie indéterminée et de pronostic propre, sont à l’origine de 20 % des causes restantes. Toute céphalée inhabituelle doit faire évoquer ce diagnostic et faire mettre en place une prise en charge diagnosticothérapeutique rapide et adaptée, avec la réalisation d’un examen scanographique crânien, complétée par la réalisation d’une recherche de chromoprotéines sur le liquide cérébrospinal en cas de doute ou négativité, permettant de conduire au diagnostic positif. En parallèle, une prise en charge en structure de réanimation, un traitement antalgique et de prévention des complications est mis en place. La recherche étiologique et le traitement spécifique sont ensuite débutés, puis une prise en charge adaptée des séquelles est souvent nécessaire. L’évolution est péjorative d’une façon générale, les complications spécifiques (lésion parenchymateuse initiale, resaignement, ischémie cérébrale retardée par vasospasme et hydrocéphalie) et de réanimation sont à l’origine de séquelles, en particulier sur le plan neuropsychologique, avec une évolution en général favorable sur le plan des autres fonctions encéphaliques. © 2002 Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés. Mots-clés : anévrisme vasculaire intracrânien, angéite du système nerveux central, céphalée, chromoprotéines (recherche de), hémorragie méningée, périmésencéphalique, ischémie cérébrale retardée, malformation artérioveineuse, resaignement, vasospasme. Hémorragies méningées Introduction. Définition L’hémorragie méningée, ou hémorragie sous-arachnoïdienne, est une entité anatomoclinique, conséquence de la présence de sang dans les espaces sous-arachnoïdiens. Sur le plan nosologique, l’hémorragie méningée est une sous-classe d’accident vasculaire cérébral, aux côtés des accidents ischémiques et des hématomes intraparenchymateux ; c’est le sous-groupe le moins représenté en termes d’incidence sur la population générale, mais le premier en ce qui concerne la morbimortalité dans la population de moins de 50 ans. Anne Pavy-Le-Traon : Praticien hospitalier, service de neurologie-explorations fonctionnelles. Philippe Arrue : Praticien hospitalier, service de neuroradiologie. Jacques Lagarrigue : Professeur des Universités, praticien hospitalier, service de neurochirurgie. Nicolas Seiller : Interne des Hopitaux, DES de neurologie. Ioan-Vincentsu Apostu : Interne des Hôpitaux, DES de neurologie. Gilles Geraud : Professeur des Universités, praticien hospitalier. Service de neurologie, hôpital de Rangueil, 1, avenue Jean-Poulhès, 31403 Toulouse cedex 4, France. Sa principale étiologie est la rupture d’un anévrisme intracrânien dans près de 80 % des cas, ce qui détermine la prise en charge diagnostique et thérapeutique initiale compte tenu du risque de resaignement précoce. Néanmoins, l’individualisation du groupe des hémorragies périmésencéphaliques, de bon pronostic immédiat, tend à corriger la vision défavorable d’ensemble liée à cette pathologie. Épidémiologie INCIDENCE. PRÉVALENCE L’incidence mondiale de l’hémorragie méningée est de 10/100 000 individus, et varie avec le groupe ethnique étudié et la région géographique [6, 35, 82] (tableau I). ÂGE Le pic d’incidence de l’hémorragie sous-arachnoïdienne est situé à l’âge de 55 ans pour les hommes et de 60 ans pour les femmes. Cela contraste avec les autres types d’accidents vasculaires cérébraux, où Toute référence à cet article doit porter la mention : Seiller N, Apostu IV, Pavy-Le-Traon A, Arrue P, Lagarrigue J et Geraud G. Hémorragies méningées . Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés), Neurologie, 17-152-A-10, 2002, 17 p. Hémorragies méningées 17-152-A-10 Neurologie Tableau I. – Incidence mondiale de l’hémorragie méningée. Populations Occidentale 6-8/100 000 Incidences [82] Finlande [82] 21/100 000 l’incidence augmente de façon exponentielle avec l’âge [103] . L’hémorragie sous-arachnoïdienne est la forme la plus fréquente d’accident vasculaire cérébral survenant avant l’âge de 50-60 ans [103]. SEXE Contrairement aux autres types d’accidents vasculaires cérébraux, il existe une prédominance féminine de l’hémorragie sousarachnoïdienne, le risque relatif lié au sexe féminin étant situé entre 1,3 et 1,6 [70, 105]. L’excès de risque lié au sexe féminin s’accroît avec l’âge. On retrouve, au cours de la deuxième à la quatrième décennie un odds ratio à 1,5, lors de la cinquième décennie à 2, lors de la sixième décennie à 2,3 et dans les âges supérieurs à 2,7 [6]. RYTHMES CIRCADIENS ET CIRCANNUELS ¶ Rythmes circadiens Des auteurs ont mis en évidence l’existence d’un pic d’incidence en fin de matinée lié à une augmentation de la pression artérielle, qui n’est retrouvé que chez les patients présentant une HTA chronique et un anévrisme intracrânien [68, 70]. Une étude prospective italienne [37] met en évidence trois pics d’incidence, un matinal à 9 heures, un le soir aux alentours de 21 heures, et un pic moins important, nocturne, aux alentours de 3 heures du matin. ¶ Rythmes circannuels Il est retrouvé une incidence supérieure d’hémorragie sousarachnoïdienne durant la saison hivernale, et il existe une association avec des facteurs météorologiques (taux bas d’humidité, température basse, durée brève de l’ensoleillement) [37]. Cet excès de risque durant l’hiver est lié à un certain nombre de facteurs physiologiques en réponse au froid [88] : augmentation du taux de plaquettes et de globules rouges [67], augmentation de la pression artérielle [11, 48, 67], augmentation de l’activité nerveuse sympathique [48] , diminution du taux du facteur VIII, augmentation de l’activité fibrinolytique [16]. Néanmoins, ces variations saisonnières et nycthémérales d’incidence de l’hémorragie sous-arachnoïdienne restent un sujet de discussion non définitivement clos [6, 37, 135, 141, 155]. VARIATION DE L’INCIDENCE AU COURS DU TEMPS Une méta-analyse récente, sur trois décennies [82], retrouve un taux stable de l’incidence. Alors qu’il existe une diminution de l’incidence de l’accident vasculaire cérébral en général, liée à une réduction des facteurs de risque vasculaires, cela n’a pas été noté pour l’hémorragie sous-arachnoïdienne [14]. Facteurs de risques FACTEURS DE RISQUES MODIFIABLES ¶ Tabagisme Il existe un risque dose-dépendant supérieur chez les gros fumeurs (plus de 20 cigarettes par jour) où le odds ratio est de 11, moins important chez les fumeurs modérés (quantité inférieure ou égale à 20 cigarettes par jour) avec un odds ratio de 4 par rapport à un 2 Danemark [72] Nouvelle-Zélande [89] Canada [6] Blancs : 3/100 000 Blancs : 14/100 000 Hommes : 8/100 000 Inuits : 9/100 000 Autochtones : 25/100 000 Femmes : 11/100 000 risque de base défini chez les non-fumeurs [9, 62, 84]. D’autre part, le sexe intervient dans la susceptibilité au tabagisme. Les hommes fumeurs ont un risque relatif de 7,3 par rapport au risque de base, alors que les femmes fumeuses ont un risque relatif de 2,1 [17, 62, 70]. Chez les fumeurs, le risque d’hémorragie sous-arachnoïdienne est augmenté dans les 3 heures qui suivent la consommation d’une cigarette [84]. Il existe une controverse quant à savoir si le risque d’hémorragie sous-arachnoïdienne persiste après l’arrêt du tabagisme. A priori, cet excès de risque diminue progressivement dans les 2 à 4 ans après le sevrage, pour rejoindre le risque de base [17, 62, 70]. Le tabagisme favorise la survenue d’une hémorragie sousarachnoïdienne anévrismale chez des patients plus jeunes : l’âge moyen étant de 47 ans chez les femmes fumeuses, alors qu’il est de 55 ans chez les femmes non fumeuses. De même, chez l’homme, l’hémorragie a lieu 2 à 6 ans plus tôt chez les fumeurs [150]. Le risque d’hémorragie sous-arachnoïdienne attribuable au tabac est supérieur à celui attribuable à l’HTA [9, 150]. Le mécanisme par lequel le tabac contribue à la formation d’un anévrisme intracrânien et à l’hémorragie reste imparfaitement expliqué [17, 150]. ¶ Alcool Un excès de consommation de boissons alcoolisées est également un facteur de risque indépendant d’hémorragie sous-arachnoïdienne [6, 84] . Comme pour le tabagisme, il existe un effet dose-dépendant, avec probablement un effet bénéfique chez les personnes consommant moins de 40 g d’alcool par jour par rapport à un risque de base chez les sujets ne buvant pas, mais cela reste controversé. Ce risque est en revanche augmenté de façon certaine chez les personnes consommant plus de 40 g d’alcool par jour [84]. À l’inverse du risque tabagique, la susceptibilité des femmes vis-àvis du risque induit par l’alcool est supérieure à celle des hommes [62] . L’excès d’alcool est également lié à un plus mauvais pronostic [59], en augmentant l’incidence du resaignement sévère et du vasospasme [59, 150]. L’alcoolisation aiguë est également liée à un risque supérieur d’hémorragie sous-arachnoïdienne, par rapport à une consommation d’alcool régulière mais plus modérée [50, 51]. Les mécanismes physiopathologiques par lesquels la consommation d’alcool contribue à l’hémorragie méningée incluent l’HTA, l’altération des mécanismes de l’hémostase, la fibrinolyse excessive [60] . Le risque lié à la consommation d’alcool n’est pas uniquement lié à l’HTA chronique induite par cette dernière. L’augmentation transitoire de la pression artérielle au cours et dans les heures suivant la consommation d’alcool, qui s’associe à une vasoconstriction artériolaire cérébrale, peut jouer un rôle important dans la rupture des anévrismes intracrâniens ou des petites artères cérébrales [60]. ¶ Hypertension artérielle Il existe des résultats très hétérogènes quant à la prévalence de l’HTA chronique chez les patients présentant une hémorragie sousarachnoïdienne [6, 124, 130, 138]. Dans l’ensemble des études réalisées sur les 30 dernières années, les chiffres de prévalence de l’HTA chez les sujets ayant présenté une hémorragie sous-arachnoïdienne varient entre 15 et 92 % [6, 70]. Dans les études prospectives, le risque relatif d’hémorragie sous-arachnoïdienne chez le patient hypertendu chronique est de 3,4 [6, 117]. Neurologie Hémorragies méningées Il existe une synergie entre l’HTA et le tabagisme [6, 17, 138] ; l’association tabac et HTA conduit à un risque relatif de 15 [9]. La discordance dans ces résultats de prévalence est principalement liée à la difficulté à définir l’HTA chronique [138]. Il est difficile, dans une étude rétrospective, de pouvoir affirmer l’HTA. Une méthode satisfaisante est la recherche d’une hypertrophie ventriculaire gauche [138]. ¶ Contraception œstroprogestative Il s’agit d’un facteur controversé, puisque les études anciennes retrouvent une association positive entre l’hémorragie sousarachnoïdienne et la contraception œstroprogestative [105, 137], ce qui n’est plus le cas dans les études récentes, du moins chez les femmes de moins de 35 ans, mais il existe toujours un odds ratio positif de 2,5 chez les femmes plus âgées [4] . L’excès de risque lié à la contraception œstroprogestative agit de façon synergique avec le tabagisme et l’HTA [6]. Chez les femmes non ménopausées, l’incidence de l’hémorragie sous-arachnoïdienne est supérieure en période périmenstruelle [85]. Chez la femme ménopausée, le risque d’hémorragie sousarachnoïdienne anévrismale est supérieur [130], mais l’utilisation d’un traitement substitutif de la ménopause semble conduire à une diminution du risque de l’hémorragie sous-arachnoïdienne [85]. Une méta-analyse avec les œstroprogestatifs récents [57] a montré que le risque relatif sur la population de femmes en âge de procréer est de 1,5, conduisant à une hémorragie méningée de plus par an pour 20 000 femmes traitées ; s’il existe à l’échelle individuelle un risque élevé d’hémorragie méningée (anévrisme non rompu, histoire familiale, tabagisme, HTA), le risque de la contraception hormonale est à prendre en compte [57]. ¶ Indice de masse corporelle faible Il existe une relation statistique entre la rupture anévrismale et un indice de masse corporelle faible. Néanmoins, il est possible que cette relation ne soit pas indépendante, mais liée au tabagisme [70]. ¶ Drogues sympathicomimétiques La consommation de cocaïne est liée à un risque augmenté d’hémorragie sous-arachnoïdienne [6, 22, 31]. D’autre part, l’hémorragie a lieu de façon plus précoce (en moyenne au cours de la troisième décennie), et quand il s’agit d’un anévrisme, ce dernier est plus volumineux (en moyenne de 11 mm de diamètre, comparé à une taille moyenne d’un anévrisme rompu de 5 mm chez les patients ne consommant pas de cocaïne) [22]. ¶ Traitement anticoagulant Il s’agit d’un facteur de risque d’hématome intraparenchymateux, en particulier chez le patient âgé [6, 34, 129]. Néanmoins, il n’existe pas de relation entre un traitement anticoagulant et un risque supérieur d’hémorragie sous-arachnoïdienne [34, 60, 110]. ¶ Traitement inhibiteur des fonctions plaquettaires Une méta-analyse récente [1] a montré que l’aspirine entraîne un risque augmenté (odds ratio : 1,5) d’accident vasculaire cérébral hémorragique. Néanmoins, dans cette étude, l’hématome intraparenchymateux n’a pas été différencié de l’hémorragie sousarachnoïdienne. Il est de ce fait impossible de dire que ces drogues augmentent le risque d’hémorragie sous-arachnoïdienne [60, 61]. Les autres facteurs de risque vasculaire classiques (dyslipémies, diabète, cardiopathies) ne jouent aucun rôle dans le risque de l’hémorragie sous-arachnoïdienne [6]. FACTEURS DE RISQUE NON MODIFIABLES L’étiologie et la pathogénie de l’anévrisme intracrânien sont clairement multifactorielles : les éléments génétiques jouent un rôle 17-152-A-10 de plus en plus important avec la croissance de nos connaissances [49, 113, 114, 120, 121] . L’anévrisme intracrânien est associé avec un grand nombre de désordres du tissu conjonctif génétiquement déterminés, qui sont présents dans au moins 5 % des cas. La fréquence réelle d’anomalies du tissu conjonctif chez les patients développant un anévrisme intracrânien est probablement plus fréquente encore, ces troubles n’étant pour la plupart pas diagnostiqués du fait d’une grande variabilité phénotypique. La plupart de ces désordres sont transmis sur un mode autosomique dominant, mais une histoire familiale est rarement présente du fait de l’existence de néomutations [113, 114, 120]. ¶ Polykystose rénale autosomique dominante (PKRAD) Il s’agit de la pathologie monogénique la plus fréquente chez l’être humain, sa prévalence étant de 1/400 à 1/1 000. Elle conduit à une prédisposition à développer des kystes rénaux, hépatiques, spléniques, pancréatiques, des vésicules séminales ou des ovaires. Les anévrismes intracrâniens sont en général sacculaires. Néanmoins, des anévrismes fusiformes ou disséquants ont été décrits. Il s’agit de la seule pathologie génétiquement transmissible pour laquelle une augmentation du risque de formation d’anévrisme intracrânien a pu être formellement établie. Deux à 7 % des patients présentant un anévrisme intracrânien souffrent d’une PKRAD et 10 % des adultes présentant cette pathologie génétique ont au moins un anévrisme intracrânien à l’angiographie par résonance magnétique (ARM). La recherche systématique d’anévrisme par ARM chez ces patients reste controversée. Néanmoins, il existe un consensus pour la réaliser dans les familles où il existe une histoire familiale d’anévrismes intracrâniens. Par rapport à la population générale, la rupture de ces anévrismes survient à un âge plus précoce. Il existe une hétérogénéité génétique dans le cadre de cette pathologie. La forme la plus fréquente est liée à une mutation au niveau du gène de la protéine PKD1 qui joue un rôle stabilisateur dans le réseau matriciel extracellulaire [12, 13, 114]. ¶ Anévrisme intracrânien familial Il s’agit d’une pathologie transmissible génétiquement, non liée à des pathologies connues du tissu conjonctif. Elle concerne 7 à 20 % des patients présentant un anévrisme intracrânien. Sa définition est celle d’une hémorragie méningée d’origine anévrismale chez un patient ayant au moins un parent du premier ou du second degré ayant présenté une hémorragie sous-arachnoïdienne anévrismale [12, 13, 113, 120] . La rupture se fait en général à un âge plus jeune que dans la population générale, il existe une prédominance de localisation au niveau de l’artère cérébrale moyenne, également une légère prédominance féminine, et une proportion plus importante d’anévrismes multiples [12, 113, 114]. La recherche d’anévrismes asymptomatiques semble être intéressante dans ces familles, compte tenu du risque plus faible de morbimortalité en cas de traitement d’un anévrisme non rompu. Néanmoins, l’histoire naturelle de l’anévrisme intracrânien asymptomatique n’est pas clairement connue [2, 157], et le bénéfice d’un screening n’a pas été démontré. En outre, l’indication du traitement chirurgical d’un anévrisme asymptomatique n’est pas claire, en particulier sur la « taille critique » de l’anévrisme en dessous de laquelle le risque de rupture est négligeable [2]. Le traitement endovasculaire est peut-être une bonne alternative. Il existe un consensus pour réaliser une recherche systématique d’anévrisme intracrânien chez les apparentés du premier degré d’un patient atteint, dans les familles où au moins deux membres ont présenté une rupture anévrismale. L’âge du début de la surveillance et sa périodicité restent à définir. La formation d’anévrismes de novo se fait à un taux de 2 % par an. Des intervalles de surveillance allant de 6 mois à 5 ans ont été proposés [12, 13, 41, 113]. Les autres maladies génétiques du tissu conjonctif vasculaire (syndrome d’Ehlers-Danlos type IV, syndrome de Marfan, 3 Hémorragies méningées 17-152-A-10 neurofibromatose de type 1) n’ont pas fait la preuve d’une relation particulière avec les hémorragies sous-arachnoïdiennes [41, 120, 121]. Tableau II. Grade Facteurs précipitants ACTIVITÉ PHYSIQUE Dans 50 % des cas, la symptomatologie de l’hémorragie sousarachnoïdienne débute au cours d’une activité physique, en particulier lors d’un effort soutenu (soulèvement d’une charge...) ou de l’activité sexuelle. En revanche, les efforts à glotte fermée n’ont pas tendance à précipiter le saignement [28, 104]. Néanmoins, dans 40 % des cas, l’hémorragie méningée survient au repos, et dans 10 % des cas durant le sommeil [28]. Neurologie Score de Hunt et Hess [54] Score de la WFNS [3] 0 Anévrisme non rompu I Asymptomatique minime II Céphalée modérée à sévère, raideur de nuque, paralysie de nerf crânien GCS = 13-14, sans déficit focal III Somnolence, confusion, déficit focal minime GCS = 13-14, avec un déficit focal IV État stuporeux, hémiparésie modérée à sévère, ébauche de décérébration GCS = 7-12 V Coma profond, moribond GCS = 3-6 ou Anévrisme non rompu céphalée décérébration, Score de Glasgow (GCS) = 15 SÉJOUR EN HAUTE ALTITUDE Il existe une association entre un séjour en altitude (plus de 2 500 mètres) et la survenue d’une hémorragie méningée [83], passant possiblement par une diminution de la pression atmosphérique, et l’augmentation du débit sanguin cérébral [83]. PRISE AIGUË DE TOXIQUES La prise aiguë de drogues sympathomimétiques illicites [22, 31], mais également une intoxication éthylique aiguë [50, 51] ou la prise aiguë de tabac [84] sont associées au risque de survenue d’une hémorragie sous-arachnoïdienne. Présentation clinique et diagnostic TABLEAU CLINIQUE TYPIQUE Le tableau clinique typique est celui d’une céphalée brutale, d’intensité importante, fréquemment décrite par le patient comme le plus horrible mal de tête de son existence. Rapidement, s’associent des nausées et des vomissements [28]. L’examen clinique retrouve un syndrome méningé avec une raideur nucale, éventuellement des troubles de la vigilance, des signes neurologiques focaux dont certains orientent préférentiellement vers une étiologie : – une paralysie du nerf oculomoteur, vers un anévrisme de l’artère communicante postérieure ; – une faiblesse des membres inférieurs bilatérale ou une aboulie, vers un anévrisme de l’artère communicante antérieure ; – un nystamus ou un syndrome cérébelleux, vers une hémorragie de la fosse postérieure ; – une aphasie, une hémiparésie ou une négligence visuelle, vers un anévrisme de l’artère cérébrale moyenne [28]. On peut retrouver un syndrome de Terson (hémorragie vitréenne associée à l’hémorragie sous-arachnoïdienne) [93]. Différents scores (tableau II) ont été proposés pour classer les patients à la phase aiguë en fonction des symptômes et des signes cliniques, constituant un élément prédictif quant au pronostic. Deux scores pronostiques sont utilisés de préférence : le score de Hunt et Hess [54] et le score pronostique de la World Federation of Neurological Surgeons (WFNS) [3]. Si on réalise une revue des articles publiés, on constate que 70 % des auteurs utilisent le score de Hunt et Hess, environ 20 % le score de la WFNS, et moins de 10 % d’autres scores pronostiques [102, 132]. La plupart des auteurs reconnaissent également que le score de Hunt et Hess est le plus approprié pour prédire la mortalité, et que l’échelle de coma de Glasgow (GCS), de laquelle est dérivé le score de la WFNS, est le meilleur score pour prédire le pronostic fonctionnel [102]. 4 WFNS : World Federation of Neurological Surgeons. Dans le cadre du score de Hunt et Hess, les grades I à III, qui conduisent le plus fréquemment à un bon devenir, sont bien individualisables les uns des autres quant au pronostic. Néanmoins, la différenciation pronostique entre les grades III et IV n’est pas significative, et ceci constitue le principal désavantage de ce score [102] . En ce qui concerne les hémorragies sous-arachnoïdiennes entraînant un retentissement neurologique sévère, les scores basés sur le GCS sont d’un intérêt supérieur, le problème de ces scores étant que le pronostic au décours d’une hémorragie sous-arachnoïdienne est plus lié à la moins bonne réponse motrice qu’à la meilleure, alors que c’est cette dernière que comptabilise le score de Glasgow [102]. En dehors de ce tableau clinique, un certain nombre d’études ont démontré que le diagnostic n’était souvent pas fait, ou fait avec retard : dans l’étude coopérative internationale [64] , un délai supérieur à 3 jours avant le diagnostic a été constaté chez près de 50 % des patients incluables. Une des raisons principales de ce délai est la non-prise en compte de la céphalée sentinelle, présente chez environ 20 à 50 % des patients dans les jours ou semaines qui précèdent le saignement, et pouvant correspondre à une hémorragie méningée de faible abondance. Il s’agit d’une céphalée en « coup de tonnerre », se développant en quelques secondes, atteignant son maximum d’intensité sur 1 à quelques minutes, et diminuant sur une période allant de quelques heures à quelques jours [28, 83, 104]. AUTRES PRÉSENTATIONS CLINIQUES Environ 50 % des patients présentent des variations sémiologiques. La localisation de la céphalée peut être variable, soit localisée, soit généralisée. Elle peut être intense ou modérée. Elle peut se résoudre spontanément ou avec un traitement antalgique simple [28]. Il existe aussi des ambiguïtés diagnostiques chez des patients présentant une hémorragie sous-arachnoïdienne s’associant à une perte de connaissance, à une chute, et éventuellement à un traumatisme crânien. Le sang visualisé dans l’espace sousarachnoïdien au scanner ne doit pas être attribué à tort au traumatisme [28]. DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL Toute céphalée aiguë et inhabituelle doit faire rechercher une hémorragie sous-arachnoïdienne. Dans les cas de céphalées aiguës modérées ou minimes, on ne doit pas évoquer une arthrose cervicale, une encéphalopathie hypertensive, une étiologie psychiatrique..., avant d’avoir éliminé une hémorragie sous-arachnoïdienne [28, 119]. Les autres causes de céphalée aiguë sont traitées dans les chapitres correspondants de l’Encyclopédie Médico-Chirurgicale. Hémorragies méningées Neurologie 17-152-A-10 1 Absence de sang 2 Topographie diffuse ou couche inférieure à 1 cm d’épaisseur 34 Caillot sanguin localisé ou couche supérieure à 1 cm d’épaisseur Enfin, la sensibilité du scanner décroît au fur et à mesure que l’on s’éloigne de l’heure du saignement. La dynamique du liquide cérébrospinal, conduisant à une lyse spontanée des cellules sanguines, entraîne un nettoyage rapide du sang sous-arachnoïdien [28] . Chez un certain nombre de patients présentant une histoire clinique suggérant une hémorragie sous-arachnoïdienne, le scanner peut être parfaitement normal. Cela doit conduire à la réalisation d’une ponction lombaire [5, 28]. 4 Caillot sanguin intraparenchymateux ou intraventriculaire avec ou sans hémorragie sous-arachnoïdienne diffuse PONCTION LOMBAIRE Tableau III. Grade de Fisher [33] Aspect scanographique EXAMEN SCANOGRAPHIQUE La réalisation d’un scanner encéphalique, sans injection de produit de contraste, est l’examen initial dont doit bénéficier tout patient présentant une céphalée suggérant une hémorragie sousarachnoïdienne [28]. Quand il est réalisé le premier jour, il met en évidence le saignement et sa localisation, dans 92 % des cas d’hémorragie sous-arachnoïdienne [5] . Il permet d’autre part d’exclure d’autres étiologies de céphalées sévères : masse intracrânienne, hématome sous-dural, obstruction ventriculaire. La présence de sang localisé au niveau de l’espace sous-arachnoïdien, dans un contexte non traumatique, est liée à la rupture d’un anévrisme intracrânien jusqu’à preuve du contraire [143]. Bien que les imageries angiographiques soient l’investigation de choix dans la détermination du site d’un anévrisme rompu après une hémorragie sous-arachnoïdienne, en cas d’anévrismes multiples (12 à 45 % des patients présentant une hémorragie sousarachnoïdienne), l’examen scanographique permet d’apporter des éléments pour déterminer lequel a été symptomatique [143]. Les études de distribution du sang à l’examen scanographique pour localiser l’anévrisme rompu ont une sensibilité variant de 45 à 80 % [143] . L’existence d’un hématome intraparenchymateux est un très bon prédicteur du site de la rupture anévrismale, mais n’est présente que dans 15 % des cas [143]. La distribution du sang au niveau de la fissure interhémisphérique antérieure chez un patient présentant une rupture anévrismale sur l’artère cérébrale antérieure ou l’artère communicante antérieure, a une valeur prédictive positive supérieure à 0,75 [143]. La valeur prédictive de la topographie du sang au scanner, lors de la rupture d’un anévrisme de l’artère cérébrale moyenne, de la terminaison carotidienne interne, ou de la circulation postérieure, est relativement faible [143]. La présence de sang au niveau des scissures ou des citernes doit faire évoquer la rupture d’un anévrisme intracrânien. La présence de sang au niveau d’un sillon est plus souvent liée à un traumatisme, à une vascularite [143]. En outre, le scanner sans injection de produit de contraste, dans le cadre d’une hémorragie sous-arachnoïdienne, permet de visualiser la taille des ventricules, l’extension de l’hémorragie au niveau du parenchyme cérébral, des espaces sous-duraux, un éventuel effet de masse sur la ligne médiane, un éventuel infarctus cérébral associé [143] . Le volume de sang au niveau de l’espace sous-arachnoïdien, déterminé par la classification scanographique de Fisher (tableau III), permet d’estimer le risque de développer un vasospasme. ¶ Limitation de l’examen scanographique Il est tout d’abord conseillé de réaliser des coupes fines (d’épaisseur égale à 3 mm) au niveau de la fosse postérieure. En effet, des coupes d’une épaisseur supérieure (10 mm) peuvent passer à côté d’une collection de sang limitée [28]. Le sang ayant une densité proche de la densité osseuse, il est parfois difficile de le distinguer de l’os, en cas d’hémorragie de faible importance [28]. Les artefacts osseux ou liés aux mouvements peuvent rendre l’interprétation du scanner difficile, en particulier au niveau de la fosse postérieure [28]. Cette dernière doit être réalisée chez un patient ayant une histoire clinique suggérant une hémorragie sous-arachnoïdienne, avec un examen scanographique négatif, équivoque ou de mauvaise qualité technique [5, 28, 123]. Quand une ponction est réalisée, il existe une piqûre vasculaire dans environ 20 % des cas, qu’il importe de distinguer d’une véritable hémorragie sous-arachnoïdienne. L’incidence des anévrismes intracrâniens asymptomatiques dans la population générale se situant entre 0,5 et 6 %, la mauvaise interprétation d’une piqûre vasculaire peut conduire à un diagnostic erroné d’hémorragie méningée anévrismale, et de ce fait à un traitement précipité et plus risqué, dans le cadre d’un anévrisme jusqu’alors asymptomatique [2, 28, 147, 151] . Ni l’impression du praticien réalisant la ponction, ni la méthode des trois tubes (consistant à vérifier la diminution du taux d’hématocrite de tube en tube) ne sont valables pour identifier une piqûre traumatique. De même, la recherche d’éythrocytes crénelés est sans intérêt. Les érythrophages au niveau du liquide cérébrospinal mettent plusieurs jours à apparaître ; de ce fait, leur recherche est de peu d’intérêt. Le dosage du taux des D-dimères dans le liquide cérébrospinal est également de faible valeur prédictive. En revanche, la réalisation d’une ponction au niveau d’un interespace supérieur, permettant de retrouver un liquide clair, peut affirmer le diagnostic de piqûre traumatique, mais n’est d’aucune valeur si la présence d’un liquide hémorragique est retrouvée [28]. L’histoire naturelle de la présence d’hématies au niveau du liquide cérébrospinal se caractérise par une dissémination rapide des érythrocytes dans tout l’espace sous-arachnoïdien, où ces derniers persistent plusieurs jours à plusieurs semaines, en étant graduellement lysés. L’hémoglobine libérée est métabolisée en oxyhémoglobine (pigment rouge) puis en bilirubine (pigment jaune), conduisant à un aspect xanthochromique du liquide. L’oxyhémoglobine au niveau du liquide céphalorachidien (LCR) peut être détectée dans les heures suivant l’hémorragie. La présence de bilirubine, conséquence d’une dégradation enzymodépendante de l’hémoglobine, d’un intérêt diagnostique supérieur, ne peut être mise en évidence qu’au moins 12 heures après le saignement. La recherche de ces pigments au niveau du LCR nécessite tout d’abord une interprétation en fonction de l’horaire écoulé par rapport au saignement, ensuite un bon conditionnement du prélèvement, avec une centrifugation et un examen précoce pour que les érythrocytes résultant d’une ponction lombaire traumatique ne puissent pas être lysés in vitro [28]. La plupart des auteurs considèrent que la présence d’un liquide xanthochromique à la ponction lombaire est un élément diagnostique majeur dans le cadre de l’hémorragie sousarachnoïdienne, chez les patients à examen scanographique négatif. L’examen à l’œil nu ne détecte pas 50 % des liquides cérébrospinaux xanthochromiques ; il est nécessaire de recourir à un examen spectrophotométrique du prélèvement [28, 147]. ANGIOSCANOGRAPHIE Cette technique permet de mettre en évidence des anévrismes de plus de 2 à 3 mm, avec une sensibilité allant de 77 à 97 %, et une spécificité de 87 à 100 % en fonction des équipes [5]. Les autres intérêts de la technique sont la mesure exacte de la taille d’un anévrisme partiellement thrombosé, et les rapports anatomiques exacts de l’anévrisme [5]. 5 17-152-A-10 Hémorragies méningées Le développement du scanner avec acquisition hélicoïdale a permis de réduire nettement le temps d’acquisition, et de ce fait les artefacts liés aux mouvements. Pour l’étude des anévrismes intracrâniens, on limite l’étude à l’acquisition d’un volume englobant le tronc basilaire, le polygone de Willis et la bifurcation sylvienne. Cela permet d’obtenir des données tridimensionnelles sur le réseau artériel. Ces dernières permettent des reconstructions pouvant être visualisées sous n’importe quel angle de rotation [5]. Cet examen est devenu l’examen de référence dans l’exploration en urgence des hémorragies sous-arachnoïdiennes. Le traitement chirurgical peut être réalisé sur cette seule base dans la plupart des cas. Neurologie Dans 15 et 20 % des hémorragies sous-arachnoïdiennes, l’artériographie ne visualise pas d’anévrisme [5, 10] . En effet, l’anévrisme peut être thrombosé au moment du saignement, complètement détruit, ou masqué par un spasme ou un hématome [5, 10] . La répétition d’angiographies sélectives permet de mettre en évidence la présence d’un anévrisme chez des patients initialement à angiographie négative, entre 0 et 21 % des cas selon les études [5, 10, 27] . Le second examen peut être réalisé 7 à 10 jours après la visualisation initiale, et un troisième examen est proposé par certains à 4 semaines en cas de négativité du second [10]. Complications ANGIOGRAPHIE PAR RÉSONANCE MAGNÉTIQUE L’imagerie par résonance magnétique (IRM) encéphalique est un mauvais examen pour mettre en évidence une hémorragie sousarachnoïdienne à la phase aiguë. En revanche, l’acquisition en séquence FLAIR a une sensibilité supérieure au scanner pour mettre en évidence le sang sous-arachnoïdien à la période subaiguë du saignement (après le cinquième jour). Le saignement va augmenter la protéinorachie, conduisant à une hyperintensité au niveau des citernes et sillons [5]. Dans le cadre de l’ARM, différentes techniques sont possibles : – le time of flight tridimensionnel (3D-TOF) est utilisé pour identifier des anévrismes au niveau du cercle de Willis, mais ne permet pas de mettre en évidence la présence de sang dans les espaces extravasculaires ; – la phase de contraste tridimensionnelle (3D-PC) permet de visualiser un saignement aigu, contrairement au TOF, mais nécessite une connaissance des vitesses circulatoires au niveau du réseau vasculaire étudié. Toutes ces méthodes requièrent un temps d’acquisition long (8 à 12 minutes). On peut reconstruire une image tridimensionnelle qui peut être visualisée sous différents degrés de rotation et, d’autre part, isoler chaque vaisseau pour éviter les projections. La sensibilité de cet examen est de 86 %, en comparaison à l’angiographie conventionnelle [5, 112]. Dans la plupart des équipes, la quasi-totalité des anévrismes de plus de 2,5 mm de diamètre est mise en évidence [5, 112]. ANGIOGRAPHIE CÉRÉBRALE CONVENTIONNELLE C’était la méthode de référence avant l’angioscanner, mais elle garde l’intérêt d’une définition d’image de très haute qualité [5, 32, 123]. Réalisée sous contrôle fluoroscopique avec en général un accès par voie fémorale, un cathétérisme sélectif des artères carotides puis vertébrales est réalisé. Il est nécessaire, pour que la technique soit fiable, de visualiser les deux artères carotides internes et les segments intracrâniens des deux artères vertébrales, ainsi que l’origine des deux artères cérébelleuses postéro-inférieures (PICA). On réalise ensuite une acquisition digitale des images, qui permet de réduire le temps d’examen et la quantité de rayons X administrée. L’examen angiographique permet de mettre en évidence l’ensemble des anévrismes présents, et d’identifier l’anévrisme responsable de l’hémorragie méningée, avec une sensibilité d’au moins 95 % en cas d’anévrisme unique et conjointement à l’examen scanographique, quand il s’agit d’anévrismes multiples. Le collet de l’anévrisme est identifié, ainsi que l’anatomie vasculaire. Quand une artère communicante postérieure n’est pas visualisée, il y a lieu de réaliser des vues sous compression carotidienne bilatérale par manœuvre d’Alcock. Quand l’artère communicante antérieure ne l’est pas, la réalisation de vues sous compression carotidienne unilatérale est indiquée [5]. Le risque de déficit neurologique permanent lié à l’examen varie entre 0,3 et 0,5 %, d’hématome pariétal autour de 7 %, d’insuffisance rénale aiguë également autour de 7 % [5]. Les techniques d’angiographie en rotation ont trouvé un intérêt dans le cadre d’anévrismes géants, d’anévrismes multiples, dans les cas où le collet est difficile à situer, et dans ceux où le réseau artériel est dense dans la région de l’anévrisme [5]. 6 RESAIGNEMENT Environ 40 % des patients présentant une hémorragie sousarachnoïdienne décèdent de l’hémorragie initiale [108]. Pour les patients qui survivent à l’accident initial, le risque de resaignement durant les 2 premières semaines est de l’ordre de 25 % si l’anévrisme est resté non traité [35, 108]. La mortalité du resaignement est de l’ordre de 75 %, et les survivants présentent en général un état clinique péjoratif et un plus mauvais devenir, que les patients n’ayant présenté que l’épisode de saignement initial [108]. Dans 17 % des cas, le resaignement survient dans les 12 premières heures, entraînant une mortalité importante [36, 43]. D’autre part, en cas de resaignement, il existe un risque supplémentaire d’hémorragie intracérébrale associée. De l’ordre de 5 % en cas de saignement unique, sa fréquence passe à 30 % en cas de resaignement, ce qui contribue à l’évolution clinique plus péjorative de ces patients [36, 43]. Le mécanisme de cet excès de risque passe vraisemblablement par la formation d’une cicatrice au niveau de l’espace sous-arachnoïdien après le saignement initial, ce qui favoriserait l’effraction de l’hémorragie au niveau du parenchyme cérébral lors de la nouvelle rupture anévrismale [36, 43]. Ces éléments apportent des arguments forts pour le traitement précoce des anévrismes au décours d’une hémorragie sous-arachnoïdienne. L’investigation par angiographie conventionnelle, méthode d’investigation plus longue et à l’origine de plus de stress sur le plan vasculaire, entraîne un risque de resaignement très précoce plus élevé que les techniques non invasives [36]. VASOSPASME Il se traduit par un déficit neurologique retardé, défini par les critères de Kassell [66] : début insidieux, en général entre le quatrième et le neuvième jour après l’hémorragie sous-arachnoïdienne, se caractérisant par des troubles de la vigilance précédant un déficit neurologique focal, et cela à l’exclusion d’autres causes (resaignement, hématome intracérébral, hydrocéphalie, troubles métaboliques, complications chirurgicales) [66]. ¶ Physiopathologie Après la rupture anévrismale, les artères cérébrales situées dans la région de l’hémorragie vont présenter une vasoconstriction soutenue, conduisant éventuellement à un infarctus cérébral dans leur territoire vasculaire [125, 149]. Le vasospasme débute en général autour du troisième jour après l’hémorragie, et le risque maximal est atteint entre le sixième et le huitième jour. Le mécanisme du vasospasme est encore controversé. L’hémoglobine au contact de l’adventice des artères cérébrales est le principal médiateur de la genèse de ce dernier. En effet, la quantité de sang située au niveau de l’espace sous-arachnoïdien est le facteur principal de sévérité du vasospasme. Le taux d’hémoglobine au niveau du LCR augmente parallèlement à la lyse des globules rouges, et ceci explique la nature retardée du vasospasme par rapport à l’hémorragie [125]. Le mécanisme d’action de l’hémoglobine, en particulier de l’oxyhémoglobine, passerait : Hémorragies méningées Neurologie – par l’inactivation du monoxyde d’azote (NO) au niveau de l’espace sous-arachnoïdien ; – par la production de radicaux libres comme l’anion superoxyde, le peroxyde d’hydrogène ou les radicaux hydroxylés. L’anion superoxyde est généré par l’auto-oxydation de l’hémoglobine en méthémoglobine, conduisant également à la destruction du NO. Des études récentes ont d’autre part montré que l’administration locale de superoxyde dismutase réduisait l’amplitude du vasospasme ; – par l’activation de la protéine phosphokinase C, enzyme qui est impliquée dans la contraction du muscle lisse vasculaire en stimulant la production de diacétyl-glycérol (DAG) qui agit comme un second messager intracellulaire ; il a été démontré que le taux de DAG augmente progressivement au niveau des vaisseaux cérébraux après hémorragie sous-arachnoïdienne ; – par stimulation des cellules endothéliales et des cellules musculaires lisses vasculaires pour produire et libérer de l’endothéline, puissant peptide vasoconstricteur présentant un effet prolongé [107, 125, 149]. ¶ Épidémiologie Le risque de vasospasme est lié : – à la présence et à la durée d’une perte de connaissance à la phase initiale de l’hémorragie sous-arachnoïdienne (une perte de connaissance supérieure à 1 heure est corrélée à un risque multiplié par 6 de présenter un vasospasme). Cette durée de la perte de connaissance reflète probablement une ischémie cérébrale globale, liée au défaut de perfusion durant la rupture anévrismale [53]. En effet, à la phase initiale de l’hémorragie sous-arachnoïdienne, il existe une diminution très nette du flux sanguin, liée à la croissance rapide de la pression intracrânienne. Cela a pu être démontré chez des patients ayant présenté une hémorragie sous-arachnoïdienne avec un resaignement au moment duquel il existe un arrêt de la circulation cérébrale durant environ 1 minute [43] ; – à la quantité de sang présente au niveau de l’espace sousarachnoïdien, également corrélée au risque de vasospasme [53] évalué par l’indice de Fisher [33]. Aucun autre facteur n’a démontré un risque supplémentaire d’ischémie cérébrale retardée [43, 53], hormis la chirurgie anévrismale elle-même [45, 128, 156]. ¶ Diagnostic Doppler transcrânien Le doppler transcrânien est utilisé après une hémorragie sousarachnoïdienne pour rechercher des vitesses circulatoires élevées, suggérant l’existence d’un vasospasme, et ainsi identifier les patients à risque d’ischémie cérébrale retardée. Initialement, la détection du vasospasme était basée sur l’augmentation absolue des vitesses circulatoires (supérieure à 120 cm/seconde pour le tronc de l’artère cérébrale moyenne) [42, 46]. Plus récemment, l’équipe de Schaller [118] a proposé différents seuils de vélocités correspondant à des vasospasmes d’intensité différente : – vasospasme modéré : 120-160 cm/seconde ; vitesse circulatoire égale à – vasospasme sévère : vitesse circulatoire supérieure à 160 cm/seconde. L’utilisation d’une augmentation absolue des vitesses circulatoires et de valeurs-seuils est basée sur le principe d’une relation directe entre la réduction du diamètre de l’artère et l’augmentation des vitesses circulatoires, mais des variations du débit sanguin cérébral influent également sur ces vélocités ; or, des changements hémodynamiques complexes suivent l’hémorragie sousarachnoïdienne. C’est pourquoi l’équipe de Lindegaard [80, 81] a proposé, afin de réduire les variations des vitesses circulatoires au niveau des artères intracérébrales liées aux modifications du débit 17-152-A-10 sanguin cérébral, d’utiliser un « index hémisphérique » : Vmca/Vica (V : vitesse circulatoire ; mca : artère cérébrale moyenne ; ica : artère carotide interne extracrânienne), un index hémisphérique supérieur à 3 suggérant l’existence d’un vasospasme, un index supérieur à 6 celle d’un vasospasme sévère. Les vitesses circulatoires augmentent rarement avant le deuxième jour, et c’est à la fin de la première et au cours de la deuxième semaine qu’elles sont les plus importantes [79]. Les augmentations de vélocité persistent durant des jours pour ensuite diminuer plus lentement. Des études ont montré une association entre des vitesses circulatoires très élevées et la survenue d’un déficit ischémique retardé, l’augmentation des vitesses circulatoires précédant toujours de 1 ou 2 jours l’ischémie cérébrale [79]. Plusieurs études ont pu montrer l’intérêt du doppler transcrânien en préopératoire dans la détection du vasospasme et l’aide à la décision chirurgicale, ainsi qu’en postopératoire dans le suivi du traitement et le bilan des complications. Néanmoins, l’utilisation du doppler transcrânien en clinique a des limites : les vaisseaux au niveau desquels on retrouve les vélocités les plus élevées ne se situent pas forcément dans les territoires correspondant aux symptômes d’ischémie. D’autre part, l’ischémie symptomatique ne se développe pas toujours au niveau des artères situées à proximité des zones où se situe le saignement le plus important [45, 79]. Une autre limite du doppler transcrânien est le fait que les artères cérébrales distales ne peuvent être correctement explorées ; or, une part importante de patients présente un vasospasme limité aux segments vasculaires distaux [79, 148]. De ce fait, les résultats du doppler transcrânien doivent être interprétés avec prudence et dans leur globalité (ensemble des artères explorées) et, malgré une utilisation depuis plus de 15 ans dans le suivi et la prise en charge de l’hémorragie sous-arachnoïdienne, son intérêt reste toujours discuté. Angiographie cérébrale conventionnelle Le terme de vasospasme se réfère aux diminutions du calibre artériel visualisé sur l’angiographie, et cette technique reste de ce fait la méthode de référence dans le diagnostic de cette complication [79]. Le diamètre des artères cérébrales présente une variabilité interindividuelle. Il est néanmoins réaliste de comparer une artère à l’artère controlatérale, en considérant que des différences de diamètre supérieures à 20 % doivent être prises en compte. Cette estimation est compliquée par l’existence de vasospasme diffus [79]. D’autre part, l’évaluation de la présence ou non d’un vasospasme à l’angiographie conduit à des différences d’interprétation importantes selon les investigateurs. De plus, même si un vasospasme est évident, le fait de déterminer son caractère sévère ou modéré conduit également à des interprétations variables [79, 148]. Mesures du débit sanguin cérébral Après une hémorragie sous-arachnoïdienne, le débit sanguin cérébral peut être considérablement réduit, même en l’absence de vasospasme. Différentes techniques peuvent être utilisées pour cette investigation, incluant des techniques en tomographie avec émission de positrons (PET) ou en tomographie en émission monophotonique (SPECT). Ces techniques sont très sensibles pour la détection précoce d’une diminution du débit sanguin cérébral, permettant de déterminer la localisation et la sévérité de l’hypoperfusion parenchymateuse liée au spasme. Les techniques de PET ont d’autre part permis de démontrer que le vasospasme peut s’accompagner d’une augmentation de l’extraction d’oxygène et d’une augmentation du volume sanguin cérébral par vasodilatation artériolaire distale, ce qui permet le maintien pendant un temps d’une perfusion cérébrale normale [79]. Techniques d’IRM de diffusion (DWI) Elles peuvent mettre en évidence les régions d’ischémie précoce (40 minutes après le début de l’ischémie), et les techniques d’IRM de perfusion (HWI), les régions infarcies. Ces techniques peuvent avoir un intérêt important pour le diagnostic et les décisions thérapeutiques dans le cadre du vasospasme [116, 133]. 7 Hémorragies méningées 17-152-A-10 HYDROCÉPHALIE En cas d’hémorragie sous-arachnoïdienne importante avec une composante ventriculaire, il existe un risque d’hydrocéphalie aiguë. Cette complication est présente chez environ 15 à 20 % des patients présentant une hémorragie sous-arachnoïdienne [131]. D’autre part, elle conduit à un pronostic plus péjoratif (mortalité au cours du premier mois supérieure) [131]. Le tableau clinique se caractérise par un déclin progressif du niveau de conscience, l’apparition d’un myosis bilatéral, avec la préservation des autres réflexes du tronc. Le scanner cérébral retrouve une augmentation de la taille des ventricules. Les facteurs corrélés à l’hydrocéphalie aiguë sont : – facteurs généraux : âge avancé, HTA préexistante ; – évaluation clinique à l’admission : HTA, diminution du niveau de conscience, déficit neurologique focal ; – évaluation biologique : hyponatrémie ; – évaluation scanographique : hémorragie intraventriculaire, présence d’une topographie diffuse du saignement sous-arachnoïdien, présence de collections focales au niveau de l’espace sous-arachnoïdien ; – topographie anévrismale : anévrismes de la circulation vertébrobasilaire ; – attitudes thérapeutiques : utilisation d’un traitement antifibrinolytique préopératoire [131]. COMPLICATIONS MÉDICALES EXTRANEUROLOGIQUES La proportion de décès liés à des complications médicales est de l’ordre de 23 % [44]. Cette valeur est comparable aux trois causes de mortalité spécifiques de l’hémorragie sous-arachnoïdienne : hémorragie initiale (19 %), resaignement (22 %), vasospasme (23 %). Le traitement anticonvulsivant prophylactique n’a pas prouvé son efficacité au décours de l’hémorragie sous-arachnoïdienne. Il est néanmoins recommandé en cas d’hématome ou d’ischémie corticale [32] . Inhibiteurs calciques Ils diminuent le risque de déficit neurologique de cause ischémique, et dans ce groupe, la nimodipine améliore le pronostic à 3 mois au décours d’une hémorragie sous-arachnoïdienne [30, 32, 91]. Néanmoins, les facteurs intermédiaires par lesquels cette drogue exerce son effet bénéfique restent incertains. Il semble que l’effet de la nimodipine ne soit pas lié à sa forme galénique ni à un dosage particulier. Néanmoins, son efficacité n’a été prouvée que dans l’utilisation de la forme per os à une dose de 60 mg toutes les 4 heures [30]. Dès que cette voie d’administration est possible, il convient donc de la privilégier. La voie intraveineuse, hormis le surcoût qu’elle entraîne, est à l’origine d’un risque substantiel d’induire une hypotension artérielle, et ne doit de ce fait être réservée qu’aux patients pour lesquels la prise per os est impossible [30, 32]. La durée du traitement par nimodipine est de 21 jours. Néanmoins, plusieurs équipes neurochirurgicales arrêtent ce traitement 7 jours après le clippage de l’anévrisme chez les patients ayant un score de Hunt et Hess faible [140]. Ces patients regagnent leur domicile sans poursuivre le traitement, cela étant basé sur le fait que les patients ayant un score de Hunt et Hess faible sont peu propices à développer un vasospasme, en particulier après le dixième jour suivant l’hémorragie sous-arachnoïdienne [140]. Les études cliniques ont démontré que la nimodipine entraînait le maximum de bénéfice chez les patients présentant une hémorragie sévère. La nimodipine est en général bien tolérée. Néanmoins, il est bon de prendre des précautions chez les patients présentant une insuffisance cardiaque congestive ou une insuffisance hépatique [30, 32, 64, 65, 115]. ¶ Anomalies cardiaques ¶ Traitement du vasospasme La présence d’une arythmie mettant en jeu le pronostic vital est notée dans environ 5 % des hémorragies sous-arachnoïdiennes. Des troubles du rythme ou des troubles de la repolarisation moins sévères sont présents chez 30 % des patients. Il existe un risque augmenté d’arythmie cardiaque le jour de l’opération et le lendemain du traitement chirurgical d’un anévrisme [23, 126]. Un œdème pulmonaire aigu survient chez environ 25 % des patients. Ce dernier est sévère dans 6 % des cas. Il survient en général entre le troisième et le septième jour. Il faut préciser d’autre part qu’il n’existe pas d’association significative entre le risque d’œdèmes pulmonaires et un traitement de type triple-H (hémodilutionhypertension-hypervolémie) [44, 126]. Hypervolémie. Hémodilution ¶ Autres troubles Troubles infectieux, hématologiques, hépatiques et rénaux sont ceux que l’on rencontre chez tous les patients cérébrolésés graves nécessitant une réanimation lourde [44, 126]. Traitement Notre propos est limité aux traitements des problèmes communs à toutes les hémorragies sous-arachnoïdiennes et aux stratégies de prise en charge. Pour les traitements étiologiques, il y a lieu de se référer aux chapitres correspondants de l’Encyclopédie Médico-Chirurgicale. MOYENS ¶ Moyens généraux Traitement anticomitial La mise en route d’un traitement anticonvulsivant est recommandée chez tout patient ayant présenté une crise comitiale à la phase aiguë de l’hémorragie sous-arachnoïdienne, et doit être poursuivie au moins durant une période brève [32]. Cela revient à traiter environ 25 % des patients. 8 Neurologie Les patients présentant des symptômes précoces d’ischémie cérébrale et/ou présentant une élévation significative des vélocités sanguines artérielles au doppler transcrânien doivent bénéficier de l’administration intraveineuse de solutés de remplissage afin d’obtenir une hypervolémie (solution d’albumines humaines ou macromolécules). À l’heure actuelle, l’administration de molécules synthétiques n’est pas recommandée chez des patients ayant présenté une hémorragie sous-arachnoïdienne, du fait du risque accru d’induire une coagulopathie [95, 96, 98, 139]. Cette expansion volémique risque d’entraîner une natriurèse excessive, et nécessite de ce fait l’administration de sodium et d’eau en quantité importante. Malgré cela, il existe fréquemment une hyponatrémie résultant en partie du syndrome de perte de sel d’origine cérébrale. L’inhibition de la natriurèse par la fludrocortisone permet de réduire la quantité de sodium et d’eau administrée, et prévient de plus l’hyponatrémie [91, 95, 139]. L’hémodilution excessive risque d’altérer la délivrance d’oxygène aux tissus, et de ce fait, il est recommandé de surveiller l’hématocrite en évitant une chute de cette dernière à un taux inférieur à 35 % [32, 139]. Hypertension artérielle induite L’utilisation de drogues inotropes positives comme la dobutamine à une dose faible permet d’obtenir une hypertension thérapeutique, afin d’obtenir un index cardiaque entre 3 et 3,5 L/min/m2 et une tension artérielle systolique augmentée de 20 mmHg par rapport à la tension prémorbide (pression artérielle [PA] systolique entre 18 et 20 cmHg) [139]. S’il y a une nécessité à augmenter la posologie de ces drogues, il est nécessaire de réaliser une mesure de pression capillaire pulmonaire (PCP) qui doit être maintenue autour de 14 à 16 mmHg [32, 90, 91, 139]. L’utilisation de cette triple-H thérapie n’a néanmoins jamais confirmé son efficacité dans les études cliniques de pronostic, bien qu’elle ait prouvé une efficacité dans le traitement et la prévention Neurologie Hémorragies méningées du vasospasme [32]. On ne sait pas d’autre part lequel des trois composants de ce traitement joue le rôle le plus important dans la correction de l’ischémie cérébrale [139]. Quand ce type de traitement est instauré, cela nécessite une surveillance très rapprochée des patients afin d’éviter les complications [32, 98]. Angioplastie Si ces mesures ne conduisent pas à une correction du déficit neurologique lié à l’ischémie, il est recommandé d’utiliser directement le traitement endovasculaire, les études ayant mis en évidence un bénéfice de ce dernier dans le cadre du traitement du vasospasme clinique [ 3 2 ] . Il consiste en une angioplastie transluminale au ballon des artères cérébrales spasmées, parfois combinée à l’injection intra-artérielle de papavérine [7, 29, 92] . Néanmoins, il est difficile de guider le cathéter au niveau de certains vaisseaux, en particulier au niveau du segment A1 de l’artère cérébrale antérieure, et d’autre part de traiter des vaisseaux spasmés en distalité. C’est dans ces cas particuliers que l’on a recours à une injection intra-artérielle de papavérine [92]. Il existe un risque de transformation hémorragique après l’angioplastie. Néanmoins, la présence d’infarcissements de petite taille ne contre-indique pas cette technique [7, 29]. Les mécanismes d’action de l’angioplastie sur le vasospasme ne sont pas connus, de même que les effets à long terme. Cette méthode permet de corriger un déficit neurologique ischémique chez environ 75 % des patients [7, 29] . Elle est contre-indiquée chez les patients qui ont présenté une hémorragie sous-arachnoïdienne par rupture d’anévrisme encore non traité, du fait d’un risque nettement accru de resaignement, et chez les patients avec présence d’un infarcissement visualisé au scanner, du fait du risque hémorragique [7, 29, 86]. Néanmoins, là encore, il n’a pas été démontré un bénéfice sur le pronostic [32]. ¶ Traitement de l’hémorragie intraventriculaire 17-152-A-10 ¶ Prise en charge des autres complications Troubles de l’hydratation Des troubles de l’hydratation, liés en général à une hyponatrémie modérée, consécutive à un syndrome de perte de sel plus qu’à un syndrome de sécrétion inappropriée d’hormone antidiurétique (SIADH), sont également présents fréquemment. Le traitement par restriction hydrique, efficace en cas de SIADH, est inadapté dans le cadre du syndrome de perte de sel. D’autre part, l’hypovolémie risque d’entraîner une ischémie cérébrale en favorisant le vasospasme. Si l’hyponatrémie est modérée, elle doit être uniquement surveillée [32] ; si la natrémie chute en dessous de 125 mmol/L ou devient symptomatique, il est recommandé d’administrer du sérum salé hypertonique (à 3,5 ou 7 %) [32]. Apparition d’un diabète insipide Elle peut également survenir au décours d’une hémorragie sousarachnoïdienne ou du traitement chirurgical d’un anévrisme. Le diabète insipide est reconnu par une diurèse supérieure à 300 mL/heure ; le bilan entrée-sortie doit alors être surveillé de près et la diurèse contrôlée par des injections sous-cutanées de 1-désamino-8-D-arginine vasopressine (dDAVP) [32]. ¶ Traitements étiologiques Chirurgie, radiologie interventionnelle : nous renvoyons dans ces cadres aux articles correspondants de l’Encyclopédie Médico-Chirurgicale. STRATÉGIES THÉRAPEUTIQUES ¶ Évaluation de la gravité Il convient, au terme de l’examen clinique initial, de déterminer le score de la WFNS ou de Hunt et Hess. et de l’hydrocéphalie ¶ Prise en charge initiale Dérivation ventriculaire Pour les patients présentant un bon état clinique à l’admission (grades I à III de Hunt et Hess) : La mise en place d’un drain ventriculaire doit être associée à un traitement antibiotique prophylactique, et à un trajet sous-cutané long du cathéter afin d’éviter le risque infectieux. Si le drainage externe est nécessaire plus de 7 à 10 jours, il est nécessaire de remplacer le cathéter par une dérivation ventriculopéritonéale, ou de mettre en place un cathéter externe du côté controlatéral [32, 131]. Il est recommandé de maintenir tout drain ventriculaire mis en place avant ou au moment de la chirurgie aussi longtemps que ce drain est nécessaire pour maintenir une pression intracérébrale (PIC) optimale [32], le but principal étant de diminuer l’hypertension intracrânienne, ce qui permet d’augmenter la pression de perfusion cérébrale. La pression intracrânienne doit être maintenue autour de 15 mmHg, car une diminution excessive entraîne un risque accru de resaignement [32, 131]. Fibrinolyse intraventriculaire En cas d’hémorragie intraventriculaire avec une hydrocéphalie obstructive conduisant à l’augmentation de la pression intracrânienne, après le traitement étiologique de l’hémorragie sousarachnoïdienne, il a été proposé un traitement par fibrinolytiques (rt-PA) à une faible dose (4 mg) injecté directement dans les ventricules latéraux, suivi par un drainage alterné ou continu du liquide cérébrospinal sous une faible résistance (2 cmH 2 O de pression), la réalisation d’un scanner cérébral et l’administration de rt-PA devant être répétées journalièrement, jusqu’à obtenir un nettoyage du système ventriculaire, ce qui se produit en général entre 1 et 3 jours [32]. En revanche, la thrombolyse intracisternale dans le cadre de la prévention du vasospasme, qui a prouvé une efficacité dans la prévention du vasospasme artériographique, ne l’a pas démontré dans le vasospasme clinique, et d’autre part est associée à un risque élevé de resaignement en cas de traitement étiologique incomplet [32] . – traitement antalgique adapté ; – nimodipine ; – hydratation. Pour les patients présentant un grade IV et V de Hunt et Hess : – mesures de réanimation (intubation, ventilation, sédation) ; – monitorage de la pression intracrânienne et drainage ventriculaire ; – analgésie ; – nimodipine ; – hydratation. Il est recommandé que les patients d’une part de grade Hunt et Hess à V et d’autre part âgés (une limite d’âge est fixée à 70 ans), ou ayant une destruction cérébrale importante à l’examen scanographique, ne reçoivent qu’un traitement palliatif. ¶ Traitement étiologique Traitement des complications – Ischémie : triple-H thérapie. Si échec : traitement endovasculaire. – Hypertension intracrânienne : mannitol, sédation, dérivation ventriculaire. Pronostic FACTEURS PRONOSTIQUES Une analyse de la littérature suggère que quasiment tous les facteurs étudiés, excepté le sexe, ont un impact sur le devenir [25, 74, 100, 101]. 9 Hémorragies méningées 17-152-A-10 Un facteur qui présente un intérêt de plus en plus important, en particulier pour des raisons épidémiologiques, est l’âge avancé [74]. Toutes les études confirment que ce dernier est un facteur prédictif important d’un pronostic péjoratif. La fréquence des bonnes récupérations après une hémorragie méningée passe de 86 % dans la tranche d’âge de 18 à 29 ans, à 26 % dans la tranche d’âge de 70 à 87 ans [74]. En outre, un nombre important de facteurs pronostiques indépendants est associé au vieillissement (état clinique à l’admission défavorable, hémorragie sous-arachnoïdienne importante, présence d’une hydrocéphalie ou d’une hémorragie intraventriculaire à l’admission, présence de tares médicales antérieures) [74, 110]. Néanmoins, le taux de mortalité opératoire n’augmente pas de façon significative avec l’âge, et de fait, ce dernier ne peut être un facteur d’abstention thérapeutique [32, 38, 74]. MORBIDITÉ POSTHÉMORRAGIE SOUS-ARACHNOÏDIENNE Le Glasgow Outcome Scale (GOS) [56] a été validé sur des études interobservateurs, et corrélé avec le devenir neuropsychologique des patients [56, 99, 102]. Il est recommandé par la WFNS comme le score de quantification idéal de l’état clinique après une hémorragie sousarachnoïdienne [102]. D’autres scores de quantification de l’état clinique sont fréquemment utilisés : le score de Rankin modifié [109], la mesure d’indépendance fonctionnelle (MIF) [40] et l’index de Barthel [87], ou encore des scores de qualité de vie qui permettent d’évaluer les séquelles sur le plan psychosocial, peu prises en compte dans les autres scores qui évaluent principalement les séquelles physiques [39, 52, 99]. Par rapport au début des années 1980, l’instauration de traitements plus agressifs (artériographie et traitement étiologique précoce, nimodipine puis triple-H thérapie) n’a pas significativement augmenté la survie après une hémorragie sous-arachnoïdienne, mais a apporté un bénéfice important sur le pronostic fonctionnel de façon globale [18, 21, 25, 73, 77]. On retrouve néanmoins une diminution du taux de mortalité et un meilleur pronostic chez les patients ayant un score de Hunt et Hess à I ou II ou une hémorragie intraventriculaire, mais pas de modification pronostique chez les patients présentant un score de Hunt et Hess situé entre III et V [146]. Les patients ne succombant pas à l’hémorragie initiale ou à ses complications ont, dans 60 % des cas, une bonne évolution sur le plan clinique, étant indépendants dans les activités de la vie quotidienne avec un handicap jugé minimal [25, 99, 108]. Les études plus Neurologie fines mettent néanmoins en évidence que les séquelles concernent plus les capacités cognitives ou comportementales que les capacités physiques [25, 99]. Sur le plan thymique, 10 semaines après l’hémorragie sousarachnoïdienne, 25 % des patients présentent un syndrome dépressif modéré, et moins de 1 % un syndrome dépressif majeur [99]. Quatre à 7 ans après l’hémorragie sous-arachnoïdienne, environ 50 % des survivants considèrent que leur personnalité a changé, en général de façon défavorable (la modification la plus souvent rapportée étant une irritabilité excessive), 40 % présentent des troubles mnésiques, 35 % souffrent d’une somnolence diurne, 25 % d’insomnie [99]. Il existe également une sensation d’asthénie qui passe de 86 % 1 an après l’hémorragie, à 35 % de 4 à 7 ans plus tard [99]. En revanche, en ce qui concerne les céphalées fréquentes ou sévères, elles concernent 16 % des patients ayant présenté une hémorragie sous-arachnoïdienne, et cela est proche de l’incidence rapportée dans la population générale [99]. Ces chiffres sont possiblement sous-estimés du fait de la difficulté à mettre en évidence certains de ces troubles sans une recherche systématique par des tests appropriés. MORTALITÉ Bien que l’hémorragie sous-arachnoïdienne soit relativement peu fréquente par rapport à d’autres sous-types d’accidents vasculaires cérébraux (accident ischémique, hématomes intraparenchymateux), l’hémorragie sous-arachnoïdienne affecte une population jeune et conduit à une mortalité de 30 à 50 %, dont environ 90 % dans le premier mois, constituant de ce fait une étiologie importante de la mortalité des adultes jeunes [14, 15, 58, 103, 108]. L’hémorragie méningée est responsable d’un taux de mortalité estimé à 3/100 000 individus par an en Amérique du Nord ou en Europe de l’Ouest [58, 103]. D’autre part, alors que l’incidence est supérieure chez la femme, les taux de mortalité sont similaires dans l’un ou l’autre des sexes [58]. Chez la femme, la mortalité avant l’âge de la ménopause est deux fois supérieure à celle liée à l’accident vasculaire cérébral ischémique [58]. L’âge moyen de décès est de 59 ans, c’est-à-dire 10 ans plus tôt que dans le cadre de l’hématome intracérébral, et 20 ans plus tôt que dans le cadre de l’accident ischémique [58]. L’hémorragie sousarachnoïdienne est responsable d’un tiers des pertes d’années de vie potentielle avant l’âge de 65 ans, liées aux accidents vasculaires cérébraux [58]. Étiologie et particularités des hémorragies sous-arachnoïdiennes Hémorragie sous-arachnoïdienne d’origine anévrismale Ce sujet est développé dans l’article n° 17-490-B-10, « Anévrismes artériels intracrâniens » (KL Mourier, G Lot, E Houdart, JC Cophignon, 1994) de l’Encyclopédie Médico-Chirurgicale. Anévrismes inhabituels ANÉVRISMES ET MALADIE DE MOYA-MOYA Les anévrismes sont présents chez 5 à 15 % des patients présentant une maladie de moya-moya [122]. Les anévrismes sacculaires ont tendance à se développer au niveau des artères devenues larges et à haut débit de la circulation postérieure [122]. Des anévrismes plus distaux, de petite taille, se développent sur des artères anastomotiques pathologiques au niveau de la circulation antérieure [122]. ANÉVRISMES DISSÉQUANTS ANÉVRISMES ASSOCIÉS À UNE MALFORMATION ARTÉRIOVEINEUSE L’incidence d’anévrismes associés à une malformation artérioveineuse varie entre 10 et 18 % selon les équipes chirurgicales, mais dans le cadre d’études en angiographie suprasélective, cette association est présente dans près de 60 % [122]. Une malformation artérioveineuse associée à un anévrisme a un risque supérieur d’hémorragie. Ce risque apparaît encore supérieur dans le cadre d’anévrismes multiples [122]. 10 Sur une étude de 10 ans réalisée au Japon [97], on retrouve un anévrisme disséquant pour 30 anévrismes sacculaires dans le bilan étiologique d’une hémorragie sous-arachnoïdienne. Les anévrismes disséquants intracrâniens, par opposition aux anévrismes extracrâniens, se manifestent fréquemment par une hémorragie sous-arachnoïdienne [75, 97], et leur propension au resaignement est élevée [97] . Par contraste avec les dissections extracrâniennes, l’hématome pariétal se développe entre la lamina interne et la média ; l’absence de tissu élastique favorise la dissection, et l’absence Hémorragies méningées Neurologie de limitante élastique externe conduit à la rupture dans l’espace sous-arachnoïdien [75, 97]. Le diagnostic se fait par angio-IRM, ou angiographie cérébrale conventionnelle. L’IRM peut retrouver une double lumière, et éventuellement un hématome subaigu dans la fausse lumière. L’angiographie cérébrale sélective peut retrouver la double lumière pathognomonique, la présence d’une rétention de produit de contraste au niveau de la fausse lumière lors de la phase veineuse, une sténose irrégulière ou une lumière rétrécie au-delà d’une dilatation segmentaire proximale avec un élargissement poststénotique irrégulier, une occlusion complète [75, 97]. ¶ Anévrismes disséquants au niveau de la circulation antérieure Ils ont pour étiologies les artérites, les dysplasies fibromusculaires, les traumatismes, ou enfin une origine spontanée [75, 97] . Ils surviennent en général chez des sujets normotendus [75] . La dissection peut également se compliquer d’une occlusion artérielle ou d’embolies distales [75]. 17-152-A-10 importante, l’absence de collet défini, et concernent toute la circonférence du vaisseau porteur. Il existe fréquemment des vaisseaux perforants naissant de leur dôme [122]. Ce type particulier d’anévrisme se constitue au niveau de défauts congénitaux, acquis ou d’origine iatrogène. Ils peuvent également se développer après une rupture intimale par dissection [122]. Ils se révèlent plus volontiers par des compressions du tronc cérébral, des atteintes des nerfs crâniens, des lésions ischémiques, que par une hémorragie qui est exceptionnelle dans ce cadre [122]. ¶ Serpentins Ils se définissent comme des anévrismes larges, partiellement thrombosés, entourant un vaisseau porteur tortueux qui correspond à un canal intrathrombotique non endothélialisé. Sur le plan anatomopathologique, ils correspondent à une masse globuleuse de thrombus expansifs, laminés, se calcifiant avec le temps [122]. Ils se manifestent en général par un déficit progressif ou un effet de masse, et très rarement par une hémorragie [122]. ¶ Anévrismes disséquants de la circulation postérieure Ils surviennent plus fréquemment au niveau de la portion intracrânienne de l’artère vertébrale (portion V4). On peut néanmoins retrouver ces anévrismes en n’importe quelle autre situation, en particulier au niveau du tronc basilaire ou des artères communicantes postérieures. La plupart des anévrismes de la circulation postérieure surviennent chez des patients hypertendus ou athéroscléreux, une étiologie possible de l’hématome intramural étant la rupture d’un vasa vasorum ou d’une formation néovasculaire développée en réponse à une nécrose de la média ou à un athérome [75]. Les manifestations ischémiques sont plus fréquentes que les hémorragies sousarachnoïdiennes dans ce cadre. Le taux de resaignement dans le cadre des anévrismes disséquants de la circulation postérieure est de l’ordre de 30 % [75, 97, 122]. ANÉVRISMES GÉANTS ¶ Sacculaires Ils sont définis comme des lésions anévrismales de plus de 25 mm de diamètre. Ils représentent environ 5 % de tous les anévrismes intracrâniens [106, 122]. On les retrouve en général chez les patients de 40 à 60 ans. Néanmoins, dans 5 à 10 % des cas ils concernent les enfants [122]. La plupart de ces anévrismes (60 %) surviennent au niveau de la carotide interne, et ont une configuration sacculaire [122]. L’évolution du sac anévrismal se fait par un agrandissement à la fois au niveau du fundus et du collet, conduisant à une incorporation au sein du sac des vaisseaux adjacents et de leurs branches. Au stade ultime, il n’existe aucune portion d’anévrisme clippable. L’étude histologique de ce dernier retrouve un mur de fibres collagènes, sans tissu musculaire, associé à une thrombose intraluminale incomplète [106, 122] . Au scanner, on retrouve une composition intrasacculaire hétérogène. Il existe un rehaussement du mur anévrismal après injection de contraste iodé. L’IRM permet de visualiser cela avec plus de détails [122] . Ces anévrismes se manifestent en général par un déficit neurologique, des troubles des fonctions cognitives, des crises comitiales ou des céphalées [106, 122]. Dans 30 % des cas, ils sont révélés par une hémorragie qui est de mauvais pronostic [106]. ¶ Fusiformes Il s’agit d’élargissement, d’élongation ou de tortuosité au niveau des segments artériels. Le terme de dolicoectasie définit la présence de vaisseaux géants de ce type. Les anévrismes fusiformes se caractérisent par une longueur ANÉVRISMES ASSOCIÉS AUX PATHOLOGIES SYSTÉMIQUES ¶ Inflammatoires Le lupus érythémateux disséminé (LED), la panartérite noueuse (PAN) ou l’artérite à cellule géante de Horton entraînent une nécrose fibrinoïde vasculaire focale, avec une interruption du tissu élastique des vaisseaux cérébraux touchés. Ces lésions subaiguës ou chroniques au niveau des bifurcations artérielles conduisent en général à la formation d’ectasies, mais peuvent également faciliter la formation d’anévrismes sacculaires au niveau des vaisseaux de moyen calibre [122]. En revanche, dans le cadre des artérites aiguës, les anévrismes sont en général multiples, périphériques au niveau des vaisseaux de petit diamètre, et non sacculaires [122]. ¶ Hémoglobinopathie Les anévrismes dans le cadre de la drépanocytose surviennent à l’âge adulte, consécutifs aux occlusions artérielles se développant au cours de l’enfance, qui conduisent par des dilatations vasculaires focales à la formation d’anévrismes [122]. Leur évolution après rupture est similaire à celle des anévrismes intracrâniens rompus [111] . ANÉVRISMES INTRACRÂNIENS INFECTIEUX ¶ Bactériens Les anévrismes « mycotiques » représentent 2,5 % des anévrismes intracrâniens. Ils sont en général méconnus et responsables d’hémorragies dévastatrices [122]. Dans la plupart des cas, ils résultent d’embolisation intravasculaire de végétation cardiaque dans le cadre d’une endocardite infectieuse, cette dernière entraîne un risque de 5 à 10 % de formations anévrismales intracrâniennes [122]. Les anévrismes infectieux intracrâniens peuvent également résulter de la diffusion d’infections de voisinage incluant les méningites, les thrombophlébites du sinus caverneux, les ostéomyélites du crâne, les pharyngites, les infections sinusiennes [122]. Sur le plan anatomopathologique, il existe une perte de l’intima qui est caractéristique, la dilatation anévrismale résultant directement de l’infection, ou des lésions adventicielles liées à l’inflammation [122]. Il n’est pas recommandé de réaliser une angiographie cérébrale chez tous les patients présentant une endocardite. Seul un scanner cérébral, sans puis avec injection de contraste, est indiqué à la phase initiale du traitement. Si on retrouve alors la présence de sang au niveau du liquide cérébrospinal ou du parenchyme cérébral, une angiographie cérébrale sélective est indiquée [122] ; cette dernière 11 17-152-A-10 Hémorragies méningées méconnaît environ 10 % des anévrismes mycotiques [111] . La topographie de ces anévrismes est en général distale au niveau des branches de l’artère cérébrale moyenne, conduisant lors de leur rupture à un hématome intracérébral. Néanmoins, des vaisseaux proximaux peuvent être concernés [111]. La mortalité consécutive à la rupture d’un anévrisme infectieux intracrânien est de l’ordre de 75 % [122]. ¶ Anévrismes fongiques et parasitaires Les véritables anévrismes mycotiques sont rares, mais leur fréquence augmente avec l’utilisation d’antibiotiques puissants et de traitements immunosuppresseurs. Ces lésions prennent leur origine au niveau d’infections craniofaciales contiguës dans le cadre des lésions liées à l’Aspergillus ou aux phycomycètes [122]. Elles peuvent être d’origine embolique intravasculaire dans le cadre des endocardites à Candida. Leur évolution est lente, sur plusieurs mois. Ce sont en général des anévrismes proximaux, fusiformes. La thrombose artérielle y est fréquente. Leur rupture conduit à des hémorragies massives au niveau des citernes de la base, avec une évolution en général létale [110] , concernant des patients qui en général présentent des tares associées. Des cas d’hémorragies méningées liées à la rupture d’un anévrisme inflammatoire dans le cadre d’une neurocysticercose ont été rapportés [127]. ANÉVRISMES D’ORIGINE NÉOPLASIQUE OU INDUITS PAR LE TRAITEMENT RADIOTHÉRAPIQUE ¶ Anévrismes métastatiques Ils résultent de l’embolisation encéphalique de cellules néoplasiques, conduisant à une infiltration du sous-endothélium des parois vasculaires. La plupart de ces anévrismes se développe au niveau des branches périphériques des artères cérébrales antérieures ou cérébrales moyennes. Néanmoins, des anévrismes proximaux fusiformes ont été décrits. Des hémorragies sous-arachnoïdiennes ou intraparenchymateuses peuvent en être la conséquence. L’angiographie cérébrale retrouve en général des lésions multiples, de morphologie fusiforme. Les étiologies de ce type d’anévrisme sont le myxome cardiaque, le choriocarcinome, le carcinome bronchogénique et enfin les carcinomes indifférenciés. Les symptômes peuvent se développer, même après la résection de la tumeur-mère, en particulier dans le cadre du myxome cardiaque [122]. ¶ Anévrismes liés à la radiothérapie Ce sont des anévrismes fusiformes se développant après une irradiation encéphalique. Ils sont en général proximaux, au niveau de la ligne médiane ou parasellaire, souvent multiples. Leur accroissement est en général rapide et leur tendance à la rupture importante [122]. ANÉVRISMES POST-TRAUMATIQUES Ces derniers se développent après un traumatisme direct de la paroi vasculaire ou un traumatisme en décélération [122]. Les traumatismes pénétrants sont responsables de lacération vasculaire avec un risque de formation anévrismale. Ils sont plus fréquents au niveau des portes d’entrée orbitobasales ou frontales. Les fractures du crâne peuvent léser des vaisseaux superficiels au niveau de leurs sites d’attachement dural ou en provoquant des lacérations corticales. Dans les traumatismes crâniens fermés, les vaisseaux peuvent être endommagés par impaction au niveau du bord rigide de la faux du cerveau (artères péricalleuses), de la région de la tente du cervelet (artères cérébrales postérieures) ou au contact de l’os sphénoïde (artères cérébrales moyennes, artères méningées moyennes). Des lésions iatrogéniques peuvent compliquer des chirurgies transsphénoïdales, paranasales ou carotidiennes [122]. 12 Neurologie L’anévrisme traumatique se développe dans les heures suivant le traumatisme. Il se constitue en général un faux anévrisme lié à un amincissement du mur artériel, au niveau duquel un hématome va se constituer et former un sac fibreux, pauvre en éléments cellulaires [122] . La plupart de ces anévrismes traumatiques sont situés au niveau des branches distales de l’artère cérébrale moyenne ou de l’artère cérébrale antérieure. Leur évolution se fait vers la régression, la thrombose, l’élargissement ou la rupture [122]. Des hémorragies sous-arachnoïdiennes ou intraparenchymateuses dévastatrices surviennent dans environ 50 % des cas à distance du traumatisme, avec un taux de mortalité qui est alors de 50 % [122]. D’autres symptômes peuvent se voir dans ce cadre, comme un déclin neurologique progressif, une épistaxis, une hypertension intracrânienne non expliquée. ANÉVRISMES OCCULTES Un anévrisme doit être suspecté, même après plusieurs angiographies négatives, dans le cadre d’un saignement au niveau de la fissure interhémisphérique antérieure ou de la scissure sylvienne. Un anévrisme est retrouvé dans ces cadres, après une première angiographie négative, respectivement dans 70 et 30 % des cas [111]. Chez ces patients, même une seconde angiographie négative ne doit pas exclure une hémorragie anévrismale. Hémorragie sous-arachnoïdienne traumatique Une hémorragie sous-arachnoïdienne est présente dans 40 % des cas au décours d’un traumatisme crânien sévère [63]. Elle est liée à un risque accru de développer une hydrocéphalie aiguë obstructive [63]. Les patients ayant une hémorragie sous-arachnoïdienne traumatique visible au scanner ont un taux de mortalité deux fois supérieur à ceux n’en présentant pas. Ce risque est indépendant d’autres facteurs pronostiques, comme l’âge et la GCS [47, 63]. La topographie du saignement la plus fréquente est au niveau de la convexité des hémisphères [111]. Les citernes de la base sont rarement concernées par ce type d’hémorragie [111]. En revanche, on peut retrouver la présence de sang au niveau de la région tentorielle, ce dernier ayant une propension à s’accumuler dans cette localisation [63] . Des études en doppler transcrânien ont mis en évidence une accélération des vitesses circulatoires chez les patients présentant un saignement étendu [90]. Les courbes de vitesse circulatoire chez ces patients sont très proches de celles retrouvées chez les patients présentant une hémorragie sous-arachnoïdienne spontanée, avec un pic de fréquence à la fin de la deuxième semaine après le traumatisme [90]. Le risque d’évolution défavorable chez les patients ne présentant pas de telles accélérations est faible. Il existe un lien épidémiologique entre la présence d’une accélération des vitesses circulatoires (de type vasospasme) et un excès de mortalité au décours d’un traumatisme crânien grave [47, 63, 90]. Malformations vasculaires intracrâniennes Parmi les quatre types de malformation vasculaire intracrânienne (malformations artérioveineuses, malformations capillaires [télangiectasies], malformations veineuses [angiomes], cavernomes), seule la malformation artérioveineuse peut être responsable d’une hémorragie sous-arachnoïdienne [136]. Il existe néanmoins des cas où l’imputabilité d’une hémorragie sous-arachnoïdienne à des malformations capillaires ou veineuses a été rapportée dans le cadre de l’hémorragie périmésencéphalique [76, 152]. Hémorragies méningées Neurologie Il existe en moyenne dans la population une malformation artérioveineuse pour dix anévrismes saculaires. Elle est de fréquence égale dans l’un ou l’autre sexes. L’histoire naturelle de la malformation artérioveineuse conduit à une hémorragie dans environ 40 % des cas [76], dont la moitié sont une hémorragie sousarachnoïdienne [76]. La malformation artérioveineuse étant située à l’intérieur du tissu cérébral, son saignement est en général également intraparenchymateux et, sur le plan clinique, alors responsable de déficit neurologique. Un cas particulier est représenté les malformations artérioveineuses durales au niveau du tentorium, qui peuvent se révéler par une hémorragie sous-arachnoïdienne en tout point semblable à celle d’une rupture anévrismale [111]. Le saignement peut survenir à tout âge ; il est surtout localisé au niveau des citernes de la base. Il existe en général des antécédents de fracture du crâne, conduisant à la formation d’un shunt dural. L’angiographie cérébrale sélective est presque toujours normale. La visualisation du réseau carotidien externe est nécessaire pour les mettre en évidence [111]. Artérites Les angéites, en particulier la PAN, le LED, la maladie de moyamoya, l’artérite de Churg et Strauss, la granulomatose de Wegener [20] , la maladie de Behçet, les artérites postzoostériennes, l’artérite associée à la borréliose de Lyme [19], l’artérite liée au virus de l’immunodéficience humaine (VIH), l’artérite liée à la consommation de cocaïne, sont parfois compliquées d’une hémorragie intracrânienne. Le saignement se fait en général dans le tissu cérébral plutôt qu’au niveau de l’espace sous-arachnoïdien [111]. MALADIE DE WEGENER Il existe une hémorragie sous-arachnoïdienne dans environ 2 % des cas [20]. Les petits vaisseaux, non visualisables sur une angiographie standard, sont principalement affectés. En outre, dans un certain pourcentage des cas, il existe une topographie périmésencéphalique de l’hémorragie [20]. Drépanocytose Environ 30 % des hémorragies sous-arachnoïdiennes de l’enfant surviennent dans le cadre d’une drépanocytose, et l’étiologie est en général non anévrismale [111, 122]. Le scanner retrouve la présence de sang au niveau des sillons corticaux. L’artériographie conventionnelle ne met pas en évidence d’anévrisme, mais retrouve la présence d’occlusions multiples de branches distales du réseau intracrânien et des collatérales leptoméningées [111] . L’étude anatomopathologique de ces lésions retrouve une fibrose et une dégénérescence de l’intima, une diminution de l’épaisseur de la limitante élastique, une atrophie, une hyalinisation, ou une absence de musculeuse [122]. Ces lésions sont initiées par une atteinte de l’endothélium liée à des flux turbulents et à l’adhérence des érythrocytes en « faucille ». L’évolution est péjorative [111]. Dysplasie fibromusculaire intracérébrale La dysplasie fibromusculaire est une pathologie vasculaire non athéromateuse, non inflammatoire, segmentaire, multifocale, d’étiologie inconnue, qui atteint en général les collatérales primaires de l’aorte, mais peut également atteindre des vaisseaux plus distaux [8] . Au niveau intracrânien, cette pathologie est en général limitée à l’artère carotide interne intrapétreuse ou au siphon carotidien. Plus rarement, elle peut atteindre de façon extensive l’ensemble des artères intracrâniennes. Du point de vue angiographique, on retrouve des dilatations fusiformes larges et des anévrismes multiples. Dans 50 % des cas, la dysplasie fibromusculaire se manifeste par des hémorragies sous-arachnoïdiennes ou des hémorragies intracérébrales récurrentes [8]. Dissection vasculaire BORRÉLIOSE DE LYME Il peut exister une vascularite inflammatoire du système nerveux central responsable d’hémorragies sous-arachnoïdiennes [19]. ANGÉITE DU POST-PARTUM Elle est impliquée dans certains accidents vasculaires cérébraux ischémiques ou hémorragiques chez la femme jeune, avec un risque de récidive minime [142]. Cette angéite se manifeste initialement au décours d’une grossesse normale par des céphalées soudaines, des vomissements, des crises comitiales, éventuellement des déficits neurologiques focaux. À l’angiographie cérébrale, on retrouve des zones de sténose et d’ectasie multiples, suggérant la présence d’une vascularite ou d’un processus vasospastique diffus [142]. Dans un faible pourcentage des cas, cela conduit à une hémorragie intracrânienne. La résolution de cette pathologie est en général rapide. Néanmoins, dans certains cas, les vaisseaux conservent des modifications irréversibles. 17-152-A-10 VERTÉBRALE L’incidence exacte de l’hémorragie méningée dans le cadre d’une dissection vertébrale est inconnue. Il semble qu’environ 5 % des décès dans le cadre d’une hémorragie sous-arachnoïdienne surviennent dans ce contexte [111]. Un resaignement survient dans 30 % des cas et est létal dans 50 % des cas [111]. CAROTIDIENNE L’hémorragie sous-arachnoïdienne est beaucoup plus rare dans cette topographie. Seuls quelques cas ont été décrits [94, 111]. La clinique et l’examen scanographique ne permettent pas de la distinguer d’une rupture anévrismale. Ce diagnostic doit être évoqué quand on retrouve un rétrécissement de la lumière vasculaire ou une occlusion à l’artériographie [94, 111]. L’IRM a un intérêt diagnostique bien moindre que dans le cadre d’une dissection vertébrale [94]. Un resaignement a lieu dans 30 % des cas [94]. AUTRES FORMES D’autre part, il existe des formes d’angéite dites « bénignes » du système nerveux central, survenant en absence de grossesse et en dehors de la période du post-partum ou de tout contexte pathologique, chez des femmes en bon état général, se caractérisant par des céphalées aiguës, des crises comitiales, des déficits neurologiques focaux, avec la mise en évidence à l’angiographie cérébrale de lésions vasospastiques ou de vascularite [142] . Le pronostic est favorable dans la plupart des cas, mais des complications identiques peuvent survenir. Toxicomanie L’intoxication par la cocaïne ou les amphétamines peut conduire à la formation et la rupture précoce d’anévrismes intracrâniens, liées aux hypertensions et tachycardies transitoires. L’intoxication chronique à la cocaïne conduit à une rupture plus précoce d’anévrismes intracrâniens chez les patients en présentant [22, 31]. En outre, l’hémorragie sous-arachnoïdienne, lorsqu’elle survient dans ce contexte, est associée à un pronostic plus défavorable [22, 31]. 13 17-152-A-10 Hémorragies méningées Mais 50 % des hémorragies sous-arachnoïdiennes chez les toxicomanes à la cocaïne ou aux amphétamines ne sont pas d’origine [78, 111] anévrismale . Le resaignement, malgré une angiographie normale, est fréquent. Il est rarement retrouvé une vascularite à l’angiographie, et l’origine du saignement reste méconnue [111]. Le pronostic est péjoratif [111]. Dans le cadre des vascularites cérébrales liées à l’usage de drogues illicites, et en particulier à la cocaïne, les lésions vasculaires retrouvées à l’angiographie sont similaires à celles de la PAN [22, 31, 69, 78] , mais il est difficile de faire la distinction entre une vascularite et des lésions plus transitoires, vasospastiques focales, liées à l’usage de ces toxiques [69]. Apoplexie pituitaire Le tableau clinique est comparable à celui de l’hémorragie méningée, mais y sont souvent associées une baisse de l’acuité visuelle ou une diplopie (présente dans près de 90 % des cas) [111]. Le scanner ou l’IRM font le diagnostic en retrouvant une prédominance de sang dans la fosse pituitaire, et mettent en évidence l’adénome [111] . Neurologie deux artères vertébrales. Des fistules artérioveineuses durales ou des malformations artérioveineuses peuvent être retrouvées lors de cet examen [24], cela d’autant plus que la fistule artérioveineuse durale de la région cervicale, localisation rare de ce type de malformation, se révèle fréquemment par une hémorragie sous-arachnoïdienne [24]. Troubles de la coagulation Exceptionnellement, chez des patients sous traitement anticoagulant ou présentant une coagulopathie sévère, il existe une hémorragie intracrânienne confinée à l’espace sous-arachnoïdien, et aucune autre cause de saignement mise en évidence [34, 111]. Ce saignement est souvent associé à un saignement périphérique, ou à un traumatisme crânien minime. Hémorragie sous-arachnoïdienne d’étiologie indéterminée. Hémorragie périmésencéphalique Saignement d’origine spinale Environ 15 % des patients présentant une hémorragie sousarachnoïdienne ne présentent pas de lésion décelable après la réalisation d’une angiographie cérébrale sélective des quatre axes. Ce sous-groupe de patients bénéficie d’un meilleur pronostic, et ceci de façon significative [27]. Un certain nombre de ces patients ayant une angiographie négative présentent des anévrismes occultes ou des malformations artérioveineuses passés inaperçus du fait de l’hémorragie, d’un vasospasme ou d’une thrombose [134, 145]. Ces lésions peuvent être également ignorées du fait d’une technique inadéquate, ou d’une petite taille les rendant difficilement visualisables. La répétition des angiographies conduit à l’identification d’une lésion pathologique dans 2 à 25 % des cas selon les équipes [145]. Néanmoins, un nombre substantiel d’hémorragies sousarachnoïdiennes restent d’origine indéterminée au terme du bilan. Leur étiologie la plus fréquente est une entité nosologique appelée « hémorragie sous-arachnoïdienne périmésencéphalique », qui représente environ 70 % des cas d’hémorragies sous-arachnoïdiennes à angiographie négative [27, 111, 134, 154, 158]. Les premières études ayant postulé le fait qu’une répartition particulière du sang sur le scanner initial était corrélée à une angiographie cérébrale des quatre axes normale datent du début des années 1980, par l’équipe de Van Gijn [144] . L’hémorragie sous-arachnoïdienne spinale est relativement rare. Il s’agit de moins de 1 % des causes d’hémorragie sousarachnoïdienne. Cette hémorragie peut être liée à des causes multiples incluant les traumatismes, les lésions vasculaires (malformation artérioveineuse, fistule artérioveineuse, anévrismes), les lésions néoplasiques, mais encore des angéites (PAN, LED, maladie de Behçet). Une coarctation de l’aorte peut également être impliquée [ 2 4 , 7 1 ] . Une hémorragie sous-arachnoïdienne, se manifestant initialement par une douleur interscapulaire ou cervicale brutale prédominante, doit faire suspecter la présence d’une cause spinale. Le diagnostic doit faire appel à une angiographie spinale sélective ou à l’IRM. L’hémorragie sous-arachnoïdienne spinale liée à une malformation artérioveineuse peut simuler une hémorragie sous-arachnoïdienne intracrânienne [71]. En l’absence de diagnostic, dans un délai allant de quelque heures à plusieurs années, un syndrome de compression médullaire peut apparaître [111]. L’hémorragie sous-arachnoïdienne est le mode de présentation de cette pathologie dans 10 % des cas [111] , survenant dans 50 % des cas avant l’âge de 20 ans. Le diagnostic se fait par IRM médullaire [111]. Il faut d’autre part préciser qu’un certain nombre de pathologies vasculaires de la jonction cervicomédullaire peuvent être ignorées lorsque l’angiographie cérébrale sélective réalisée au décours d’une hémorragie sous-arachnoïdienne n’est pas réalisée au niveau des Les citernes périmésencéphaliques incluent la citerne interpédonculaire, la citerne ambiante et la citerne quadrigéminale. L’hémorragie sous-arachnoïdienne périmésencéphalique se définit par la présence du centre de l’hémorragie, localisé immédiatement en avant du tronc cérébral, avec ou sans extension du sang à la partie antérieure de la citerne ambiante, et au niveau de la partie basse de la scissure sylvienne, la présence de sang ne remontant pas au-delà du tiers inférieur de la fissure interhémisphérique antérieure, ni dans la vallée sylvienne ou au niveau intraventriculaire [134]. En général, l’hémorragie périmésencéphalique inclut également la citerne prépontique qui peut être le seul site de l’hémorragie. Il n’existe jamais d’extension de saignement au niveau de la citerne chiamastique. La partie antérosupérieure de la citerne interpédonculaire est fermée par un tissu arachnoïdien, la « membrane de Liliequist », qui s’étend jusqu’aux corps mamillaires et à la membrane diencéphalique. Cette membrane s’étend ensuite latéralement jusqu’à la face mésiale du lobe temporal, réalisant une frontière entre la citerne interpédonculaire et les citernes carotidiennes latéralement, entre la citerne interpédonculaire et la citerne chiasmatique médialement. Elle s’étend vers le bas, prenant le nom de « membrane mésencéphalique », formant la frontière entre les citernes Endométriose Les céphalées récurrentes associées aux menstruations sont fréquentes. L’endométriose peut concerner l’ensemble des tissus du corps humain. Néanmoins, l’endométriose du système nerveux central est extrêmement rare [26]. Les cas décrits sont anecdotiques. Ils concernent des patientes avec une longue histoire de céphalées menstruelles, éventuellement associées à d’autres manifestations neurologiques [26]. Néoplasies Les hémorragies intracrâniennes associées à des cancers systémiques ou des tumeurs intracérébrales primitives sont en général parenchymateuses, et exceptionnellement sous-arachnoïdiennes isolées [111]. 14 POINT DE VUE ANATOMIQUE Hémorragies méningées Neurologie interpédonculaires et les citernes prépontiques. Cette membrane est en général fine et non performée, ce qui empêche le passage du sang des citernes interpédonculaires à la citerne chiasmatique, mais la limite entre les citernes interpédonculaires et prépontiques est incomplète, la « membrane mésencéphalique » étant traversée par l’artère basilaire. Ainsi, le sang retrouvé au niveau des citernes carotidiennes ou prépontiques n’est pas incompatible avec la présence d’un saignement à faible pression au niveau de la citerne interpédonculaire, alors que la présence de sang au niveau de la citerne chiasmatique l’est [134]. PRÉSENTATION CLINIQUE DE L’HÉMORRAGIE SOUS-ARACHNOÏDIENNE Les patients présentant une hémorragie sous-arachnoïdienne à angiographie négative sont en général plus jeunes, moins fréquemment hypertendus, et sont plus fréquemment des hommes [134, 154] . La présentation clinique est globalement similaire à celle des patients présentant une hémorragie sous-arachnoïdienne d’origine anévrismale. Néanmoins, la céphalée sentinelle y est beaucoup plus rare. Une autre particularité est un début souvent plus progressif de la symptomatologie céphalalgique [123, 154]. Sur le plan clinique, tous les patients ont un score de Hunt et Hess à I ou II à l’examen initial [123]. DIAGNOSTIC PARACLINIQUE La sensibilité et la spécificité du scanner pour un diagnostic d’hémorragie sous-arachnoïdienne d’origine périmésencéphalique chutent de façon significative 2 jours après le saignement initial. D’autre part, un anévrisme est à l’origine d’une hémorragie de topographie périmésencéphalique dans 3 % des cas [27, 111, 123, 145, 153]. Il s’agit en général d’anévrisme du tronc basilaire ou de la communiquante postérieure, qui se présente comme une hémorragie périmésencéphalique dans respectivement 10 % et 1 % des cas [145]. Quatre éléments sont de ce fait importants pour le diagnostic correct d’hémorragie périmésencéphalique [123, 154] : 17-152-A-10 plus récentes avec inclusion uniquement de patients présentant une hémorragie périmésencéphalique ne retrouvent aucun épisode de resaignement après un suivi de 4 ans [123]. ¶ Hydrocéphalie L’incidence de l’hydrocéphalie nécessitant une intervention chirurgicale est de l’ordre de 7 % chez les patients présentant une hémorragie sous-arachnoïdienne avec angiographie négative de façon générale. Chez les patients présentant une hémorragie périmésencéphalique, cette incidence est de 1 % [123]. Néanmoins, une augmentation transitoire de la taille des ventricules est relativement fréquente [123]. ¶ Vasospasme Il est retrouvé chez 15 % des patients présentant une hémorragie sous-arachnoïdienne avec angiographie négative. Chez les patients présentant une hémorragie périmésencéphalique, il varie entre 1 et 5 % selon les études [123]. La raison de cette moindre fréquence n’est pas claire. ¶ Hyponatrémie et anomalies cardiologiques Elles surviennent à une fréquence identique dans le cadre de l’hémorragie périmésencéphalique. En revanche, les autres complications extraneurologiques, liées à la gravité de l’état clinique général, sont inexistantes. PRONOSTIC Il existe a priori un bon pronostic chez l’ensemble des patients ayant présenté une hémorragie sous-arachnoïdienne périmésencéphalique [123, 154] . Néanmoins, la plupart de ces patients présentent encore plusieurs années après l’épisode des troubles mnésiques, une sensation d’asthénie, et seul un petit nombre a repris son activité professionnelle antérieure [123]. – une présentation clinique appropriée ; – un scanner cérébral réalisé précocement (avant la 24e heure suivant le début des symptômes) ; – une distribution caractéristique du sang sur le scanner initial ; – la réalisation d’une angiographie cérébrale sélective adéquate négative. La réalisation d’une IRM dans le cadre du diagnostic étiologique de l’hémorragie périmésencéphalique n’a pas d’intérêt en pratique courante [153]. ÉTIOLOGIE L’étiologie de l’hémorragie périmésencéphalique est pour l’instant encore débattue. Sur des cas isolés, il a été mis en évidence une télangiectasie ou un angiome de petite taille situé au niveau du pont [55, 152, 153] . Mais il existe des arguments suffisants pour penser que l’hémorragie périmésencéphalique est liée à un saignement d’origine veineuse ou capillaire [55, 152]. COMPLICATIONS TRAITEMENT L’ensemble des hémorragies sous-arachnoïdiennes à angiographie négative a un taux de resaignement situé entre 2 et 5 %. Des études Le traitement de l’hémorragie périmésencéphalique ne se distingue actuellement pas de celui des autres étiologies d’hémorragie sousarachnoïdienne à la phase initiale, il ne comporte pas de traitement étiologique [123]. ¶ Resaignement Références ➤ 15 17-152-A-10 Hémorragies méningées Neurologie Références [1] Anonymous. Antiplatelet trialists’collaboration: collaborative overview of randomised trials of antiplatelet therapy, I: prevention of death, myocardial infarction, and stroke by prolonged antiplatelet therapy in various categories of patients. Br Med J 1994 ; 308 : 81-106 [2] Anonymous. International study of unruptured intracranial aneurysms investigators. 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