EXPOSITIONS FlorenceLE PRINTEMPSDE LA

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EXPOSITIONS FlorenceLE PRINTEMPSDE LA
Date : 01/06/2013
Pays : FRANCE
Page(s) : 4-5
Diffusion : (29832)
Périodicité : Mensuel
Surface : 177 %
EXPOSITIONS
FlorenceLE PRINTEMPSDE LA RENAISSANCE
Organisée en collaboration avec le musée du Bargello et celui du Louvre,l'exposition
Renaissance"
"Le Printempsde la
qui setient actuellement à Florence au palais Strozzi
livre un regard passionnant sur la première Renaissance dans la cité toscane,
la révolution qu'y introduisit la sculpture et ses liens avec les autres arts.
Florence devint dès le milieu du XIIIe siècle l'une des cités les plus
prospères d'Europe, grâce à l'introduction de sa propre monnaie d'or
et au déclin de sa rivale Pise qu'elle occupa en 1406. La puissance de
ses marchands lui permit de se doter d'un gouvernement oligarchique,
et d'éviter ainsi l'instauration d'une seigneurie. Malgré les ravages de
la peste noire et la révolte des Ciompi, elle s'affirma ainsi tout au long
du XIVesiècle, puis à l'aube du XVesiècle, comme une république fière
de son indépendance et de sa richesse. Ce fut dans ce contexte favo
rable que se diffusèrent les écrits des premiers grands humanistes
florentins : Coluccio Salutati (1331-1406), Leonardo Bruni [13701444), surnommé l'Arétin, et Poggio Bracciolini [1380-1459). Tous
devinrent chanceliers de la République ; ils se réunissaient pour dis
cuter des
œuvres de Pétrarque et de Boccace, avec l'érudit Niccolô
Niccoli qui constitua l'une des plus prestigieuses bibliothèques de la
Renaissance italienne. Ils contribuèrent à la diffusion des textes
antiques (Salutati créa la première chaire d'enseignement du grec
ancien dans la ville), et forgèrent le mythe d'une cité florentine héri
tière de la Rome antique, ou nouvelle Athènes.
Donatello
vers138G-14GB),
(Florence,
SaintLouisde Toulouse,
1422-1425.
Bronzedoré,argent,émauxet
cristauxde roche,285 x 101x ?8cm.
Museodell'Opera
di Santa
Florence,
Croce.
Photoservicede presse.
Il Photograph
byAntonioOuattrone.
BypermissionofFondoEdificidi
Culto,Ministerodell'lntemoperleLibertéCivilie
Dipartimento
l'Immigrazione-Direzione
Centraleper
l'Amministrazione
delFEC
Les pères du printemps
À l'exemple
de ces illustres cités
antiques, Florence chercha au
début du XVesiècle à célébrer sa
grandeur à travers celle de ses
monuments publics et de leurs
sculptures. Elle disposait d'une
longue tradition
de modèles
grecs et romains, rassemblés
dans le Camposanto (le cime
tière) de Pise. Des générations de
sculpteurs toscans
s'y formèrent. Présenté au palais Strozzi, le cra
tère orné de scènes dionysiaques du Ier siècle après J.-C, dit aussi
"cratère aux Talents", placé à l'extérieur de la cathédrale de Pise, fut
dès le XIIIe siècle l'une des œuvres romaines les plus admirées. À l'in
fluence antique tant mise en avant dans l'éclosion de ces prémices
renaissantes, s'ajoutait aussi celle du gothique international - souli
gnée par l'exposition -, en particulier celle des ateliers parisiens et du
nord de la France, diffusée par les petites statuettes en bois ou en
ivoire, elles aussi exposées, qui circulaient facilement au-delà des
Alpes. La première salle du parcours est ainsi consacrée aux pères de
ce printemps de la Renaissance, avec les figures clés de Nicola et
Giovanni Pisano, d'ArnoIfo di Cambio et de Tino di Camaino et de leurs
successeurs qui travaillèrent au chantier de Santa Reparata, la pre
mière cathédrale de Florence, remplacée à la fin du XIIIe siècle par
celle plus vaste de Santa Maria del Fiore, propre à satisfaire les ambi
tions nouvelles de la ville.
1401, le concours pour la porte nord du baptistère
Autour du chantier de Santa Maria del Fiore, qui dura plus d'un siècle et
LorenzoGhiberti[Florence,1378ou 1381-1455),LeSacrificedlsaac,1401.Bronze
enpartiedoré,44 x 38x 10,5 cm.Florence,
MuseoNazionaledelBargello.
Photo
servicedepresse.0 Photograph
of Ministero
byAntonioOuattrone.
Bypermission
peri BénieleAttivilàCulturati
demi (la première pierre fut posée en 1296) se concrétisèrent les
formes d'expression qui allaient véritablement faire de Florence le ber
ceau du renouveau. L'acte de naissance de cette Renaissance fut, s'il
faut mettre en avant une date dans cette longue maturation stylis
tique, le concours lancé en 1401 pour la porte nord du Baptistère, la
Tous droits de reproduction réservés
Date : 01/06/2013
Pays : FRANCE
Page(s) : 4-5
Diffusion : (29832)
Périodicité : Mensuel
Surface : 177 %
LucadéliaRobbia(Florence,
1399/1400-1482),
Viergeàl'Enfant,1445-1450.Terre
cuite,émailléeetdorée,49,5x 36,8 cm.Détroit,DétroitInstituteofArts,Cityof
of
DétroitPurchase.
Photoservicede presse.B DétroitInstituteofArts,USA/City
DétroitPurchase/The
BridgemanArt
Library
aussi l'exceptionnelle WergePazzi [vers 1420-1425) du BodeMuséum
à Berlin ; le sculpteur y fixe un des modèles les plus célèbres et les plus
imités de l'art florentin du début du Quattrocento. L'affirmation du nou
veau style en sculpture ne secantonnait alors plus seulement aux com
mandes monumentales, mais se diffusait aussi avec la production de
ces Viergesà l'Enfant, copiées sur les modèles des plus illustres sculp
teurs et destinées à la dévotion privée. Peuà peu la douceur et la grâce
l'emportèrent sur le luxe des matériaux : les Vierges émaillées de Luca
délia Robbia,qui en mit au point le procédé un peu avant 1440, d'un
coût moindre que les œuvres en bronze ou en marbre, connurent un
succès extraordinaire et permirent la diffusion du nouveau langage de
porte sud ayant été réalisée par Andréa Pisano entre 1330 et 1338.
Le thème en est le Sacrifice d'Isaac. Deuxjeunes artistes se présen
tèrent, Filippo Brunelleschi, lefutur architecte du célèbre dôme de la
cathédrale, et Lorenzo Ghiberti. Ce dernier présenta une plaque fon
due d'un seul tenant, où fluidité de l'espace, élégance du gothique et
réminiscences antiques prévalaient : on y remarque en particulier la
parenté entre le torse d'Isaac et celui, antique, d'un centaure en mar
bre rouge, emprunté au Metropolitan de New York. Brunelleschi cita
quant à lui expressément Le Tireur d'épine (venu aussi au palais
Strozzi), dans une composition tout aussi audacieuse mais utilisant
quatre morceaux de bronze au lieu d'un. Ghiberti l'emporta donc.
La fierté civique de Florence était aussi empreinte d'un profond senti
ment chrétien dont témoignèrent les statues monumentales des
saints héros et des prophètes de la nouvelle cathédrale. Avec lecam
panile de Giotto, l'église d'Orsanmichele fut aussi un autre haut lieu
se manifestait l'orgueil de la cité toscane devenue le point de mire
de l'Italie : c'étaient là que les Art/, les corporations d'arts et métiers
où
qui faisaient la prospérité de la ville, exposaient les statues de leurs
saints patrons dans les niches à l'extérieur de l'édifice (des copies
les ont remplacées aujourd'hui), ou dans les tabernacles qui leur
étaient consacrés à l'intérieur ; elles étaient l'œuvre des meilleurs
sculpteurs du Quattrocento florentin, Nanni Di Banco, Donatello,
Verrochio, Ghiberti ou encore Pietro di GiovanniTedesco.
Donatello et Luca délia Robbia
Cette florescence de la sculpture s'accompagna d'une innovation
majeure qui devança, explique Béatrice Paolozzi Strozzi, directrice du
musée du Bargello et commissaire de l'exposition avec MarcBormand
au Louvre, les recherches des peintres contemporains : l'introduction
de la perspective linéaire avec un seul point de fuite pour suggérer la
profondeur de champs. C'est Donatello, l'élève de Brunelleschi, qui l'in
troduisit pour la première fois vers 141? dans la prédelle du Saint
Georgesdestiné au tabernacle d'Orsanmichele, prêtée par le Bargello,
figurant lesaint combattant le dragon.L'artiste y inaugure aussi savir
tuose technique du stiacciato, où le relief du panneau sculpté traité en
méplat s'atténue progressivement vers le lointain en de subtils dégra
dés d'épaisseur à peine perceptibles. C'est à Donatello que l'on doit
la sculpture à grande échelle.
La dernière page de ce printemps se tourna quand, vers la moitié du
Quattrocento, l'esprit républicain qui avait suscité la floraison de
grandes fresques et d'oeuvressculptées monumentales, céda le pas au
mécénat privé qui vit l'irrésistible ascension des Médicis. Les palais
des riches familles, dont le palais Strozzi, le plus prestigieux à être édi
fié dans la Florence du XVesiècle, devinrent alors les nouveaux écrins
de l'art renaissant, tandis qu'un genre propre à exalter les particularités
individuelles apparaissait, le buste-portrait ; les sculpteurs Mino da
Fiesole et Desiderio da Settignano s'en firent les premiers représen
tants : ils closent le riche parcours de l'exposition. JeanneFaton
Donatello
(Florence,
vers1386-1466),
Viergeàl'Enfantdite
ViergePazzi,
vers1420-1425.
Marbre,
?4.5x?3
x 6,5 cm.Berlin,
Skulpturensammlung
undMuséum
fur
Byzantinische
Kunst.
Photoservice
depresse.
IslAntjeVoigt.SMBSkulpturensammlug
zu
Staatliche
Museen
Berlin-Preuftischer
Kulturbesitz
Skulpturensammlung
undMuséum
fur
Byzantinische
Kunst.
"Le Printemps de la Renaissance.La sculpture et les arts à Florence,
1400-1460", jusqu'au 18 août 2013 au palais Strozzi, piazza Strozzi,
50123 Florence. Ouvert tous les jours, de 9h à 20h, jusqu'à 23h le jeudi.
Tél. 00 39 05 52 64 51 55 www.palazzostrozzi.org
Catalogue, sous la direction de Béatrice Paolozzi Strozzi et Marc
Bormand. Mandragora, 2013, 552 p., 39 C.
L'exposition sera présentée au Louvre à partir du 26 septembre 2013.
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