Quand les communautés du bas Nord
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Quand les communautés du bas Nord
Pale...Aji ! Numéro 6, Avril 2014, Bas Nord-Ouest, Haïti Crédits : Photothèque ADEMA Quand les communautés du bas Nord-Ouest prennent à coeur le développement des routes et la souveraineté alimentaire ! À LA UNE DE CE NUMÉRO Editorial Page 2 Zoom sur un programme : Education Commémoration de la journée internationale des droits de l’enfant Page 3 Ce bulletin d’informations est financé par : Réflexion autour de la sécurité alimentaire Page 4 Dans le bas Nord-Ouest... Mobilisation intercommunale pour les routes Page 9 Brèves de programme Page 11 Editorial Editorial Editorial Aujourd’hui, l’économie du bas Nord-Ouest s’appuie essentiellement sur des aides venant de l’extérieur. Alors que les exportations restent anecdotiques, le système local est en partie alimenté par des transferts non-marchands d’argent ou de nourriture provenant des ONG, de la diaspora… Tant que cette situation perdurera, les avancées en matière de développement dans la zone resteront précaires et dépendantes d’un soutien externe, contraignant les populations à rester plus ou moins spectatrices des actions menées. Le passage d’une économie aidée à une économie autosuffisante, voire exportatrice, requiert un engagement sur le long terme, touchant différents domaines : le système éducatif, les infrastructures, le soutien aux autorités locales, l’apport de capitaux et la formation des entrepreneurs. ADEMA agit sur la plupart des leviers pouvant aider les populations du bas Nord-Ouest à subvenir elles-mêmes à leur besoin. Après l’appui au développement touristique du Môle Saint Nicolas, ADEMA s’engage maintenant dans le soutien à la production agricole et halieutique au sein de la commune de Bombardopolis. Le programme Sécurité Alimentaire d’ADEMA se différencie d’autres programmes en cours dans la zone par le fait qu’il se concentre entièrement sur le soutien à la production de nourriture dans le bas Nord-Ouest, et non sur la fourniture de nourriture gratuite aux populations les plus vulnérables. La conviction qui soustend ce projet est que seul l’accroissement des ressources de la région permettra de sortir durablement les populations du bas Nord-Ouest de l’insécurité alimentaire. Par ailleurs, un des handicaps principaux de l’économie du bas Nord-Ouest est l’isolement dont souffre la zone, du fait d’un réseau routier de mauvaise qualité. Le manque d’accessibilité du bas Nord-Ouest a ainsi été identifié par les quatre communes qui composent l’Arrondissement du Môle-Saint-Nicolas comme un enjeu majeur et nécessitant une mise en commun des moyens des différentes mairies. A la demande des élus locaux, le programme d’appui au développement local d’ADEMA a apporté son soutien à la rédaction d’un Schéma de Déplacement du bas Nord-Ouest, document qui vise à définir une stratégie concertée pour la gestion du réseau routier dans les années à venir. L’objectif du projet est double : la réalisation de travaux routiers, mais aussi la structuration et le renforcement des compétences des acteurs locaux, afin qu’ils puissent pleinement jouer leur rôle dans la décentralisation voulue par la Constitution haïtienne. Les méthodes employées pour la réalisation de ces deux projets reflètent la philosophie d’ADEMA : un fort accent mis sur la formation et la structuration des acteurs en association, des investissements ciblés, ainsi qu’une une aide ponctuelle et limitée en matière de frais de fonctionnement. Tout cela n’est évidemment possible que si les bénéficiaires de l’action sont considérés comme des partenaires au sein d’une collaboration impliquant dialogue et confiance réciproque. Mausert FRANÇOIS Directeur Exécutif 2 Construisons notre territoire avec des idées Zoom sur un programme ÉDUCATION : Commémoration de la journée internationale des droits de l’enfant Le programme Education d’ADEMA, en partenariat avec les écoles du programme, met un point d’honneur à célébrer chaque année, le 20 novembre, la journée internationale des droits de l’enfant. Dans le bas Nord-Ouest, force est de constater l’état de précarité dans lequel vivent les enfants vulnérables se retrouvant souvent en condition de domesticité (« restavèks »). Ces enfants, pour la plupart des orphelins ne savent même pas qu’ils ont des droits et sont privés de leurs droits les plus fondamentaux notamment le droit à l’éducation, le droit à la protection, le droit à la santé, le droit aux loisirs et bien d’autres encore. Les enfants au coeur de la promotion et de la défense de leurs droits Préparation de l’émission de radio Réunis autour du thème de cette année : « Enfants et jeunes, acteurs pour leurs droits », cette journée de fraternité mondiale et de partage nous a permis à nous, encadrants et enfants dans le bas NordOuest de conduire des activités autour d’une perspective réflexive sur les enfants eux-mêmes et sur les autres enfants, en particulier ceux dont les droits sont bafoués et piétinés jour après jour. De nombreuses activités ont été menées comme par exemple des ateliers de réflexion et de rédaction de messages, un concours de dessin, des conférences et émissions radiodiffusées en rapport avec l’événement. A travers toutes ces activités, les enfants n’ont pas caché leur ignorance quant au respect et l’application de leurs droits au sein des foyers dans la communauté. Les enfants et jeunes qui ont réalisé et participé aux diverses activités ont montré qu’ils pouvaient se responsabiliser pour le respect de leurs droits et notamment qu’ils pouvaient aider les autres enfants et jeunes à connaître leurs droits et à s’engager pour les faire respecter et appliquer en faveur de leur épanouissement individuel et social. Ils ont aussi plaidé pour une plus grande vulgarisation afin que la promotion et le respect des droits de l’enfant deviennent une réalité au quotidien et que le nombre d’enfants victimes de maltraitance, d’irrespect et de violence soit diminué. Dans la lutte pour la promotion, le respect et l’application de leurs droits, les enfants du bas NordOuest misent beaucoup sur l’implication des autorités locales et religieuses, des institutions éducatives, des associations et organisations nationales et internationales. Pour que les droits de l’enfant ne soit pas seulement l’objet d’une journée de commémoration annuelle, mais une réalité vécue dans tous les aspects de la vie quotidienne de la communauté, il s’avère nécessaire de passer de la parole aux actes. Enregistrement de l’émission de radio Les enfants en sont bien conscients et se proposent d’être proactifs dans la vulgarisation des informations relatives à leurs droits afin de devenir réellement des acteurs pour la défense et la promotion de leurs droits et de ceux de leurs pairs. Construisons notre territoire avec des idées 3 Réflexions autour de... La sécurité alimentaire dans le bas Nord-Ouest : enjeux, défis et perspectives L’insécurité alimentaire en Haïti a fortement diminué au cours de l’année 2013 : selon les chiffres de la CNSA (Coordination Nationale pour la Sécurité Alimentaire) publiés en janvier 2014, le nombre de personnes vivant dans l’insécurité alimentaire est passé de 6,5 millions en 2012 à 3 millions en 2013. Néanmoins, treize communes du pays n’ont pas bénéficié de cette amélioration et sont victimes d’une crise alimentaire. Baie de Henne, Bombardopolis, Môle Saint Nicolas et Jean Rabel, qui composent le territoire du bas Nord-Ouest, sont identifiées comme les communes où la situation est la plus précaire. Le premier trimestre de l’année 2014 a été particulièrement meurtrier pour la population du Bas Nord-Ouest qui a tout perdu de la campagne agricole d’hiver du fait de la période de sécheresse qui s’est prolongé jusqu’au mois d’avril. Cette situation affecte le secteur agricole de façon générale et les éleveurs en particulier qui ont fait face à un manque criant de nourriture pour le bétail. Isolé du fait d’un accès routier difficile avec le reste du territoire haïtien, le bas Nord-Ouest est régulièrement exposé aux sécheresses et aux inondations en raison notamment d’une couverture végétale extrêmement faible (en cause la production de charbon de bois et l’élevage libre). De plus, il s’agit d’une zone dans laquelle les infrastructures d’irrigation sont peu développées (moins de 5 % des terres agricoles). Ainsi, on estime qu’un bon niveau de rendement de la production agricole n’est acquis que tous les quatre ou cinq ans. En conséquence, le revenu annuel de la population du bas Nord-Ouest est très faible comme l’indique un rapport de la CNSA : 8,3 % des ménages vivent en insécurité alimentaire élevée et 37,9 % en insécurité modérée. Le rapport entre le poids et l’âge des enfants du territoire fournit aussi un indicateur pertinent : le rapport poids/âge des enfants de 6 à 59 mois est de 12,5 %, contre 10,6 % au niveau national, pour l’insuffisance pondérale modérée, et de 3,9 % (contre 3,2 %) pour l’insuffisance pondérale sévère, selon l’enquête nutritionnelle nationale réalisée par l’UNICEF en mars 2012. Si des efforts ont été consentis par le Ministère de l’Agriculture et les ONG intervenant sur le territoire du bas Nord-Ouest dont ADEMA et Initiative Développement (aménagement de routes, mise en place de vergers, actions sur les périmètres irriguées, sur la zone côtière…), et malgré des résultats positifs constatés dans ce secteur, il est évident que le processus d’amélioration de la sécurité alimentaire de la population est loin d’être achevé et est régulièrement remis en cause par des évènements naturels. Face à des programmes d’aide alimentaire récurrents sous forme de « Food for Work » qui permettent seulement d’apporter une réponse ponctuelle, ADEMA se propose, depuis janvier 2013 et grâce à un financement de l’Union Européenne, d’apporter une réponse plus durable au problème d’insécurité alimentaire à partir du développement des potentialités agricoles locales. 4 Construisons notre territoire avec des idées Il s’agit d’améliorer la quantité et la qualité des productions et produits de trois filières agricoles (élevage caprin, manioc et pêche) et de leur permettre d’accéder aux marchés locaux et/ ou nationaux. Un développement par et pour les acteurs du bas Nord-Ouest... Compte tenu des nombreuses contraintes liées à la zone d’intervention et dans le but de générer des impacts plus durables, nous avons choisi de travailler en étroite collaboration avec les acteurs locaux (associations de planteurs, d’éleveurs et de pêcheurs) déjà impliqués dans cette dynamique. Tout un dispositif est en cours de mise en place afin d’accompagner, piloter, suivre et évaluer le travail à travers notamment des actions de formations, appui matériel et financier aux associations locales ; la mise en place d’un observatoire sur la sécurité aliRéunion du comité de pilotage du projet à mentaire et l’élaboration d’un plan de sécurité aliBombardopolis mentaire pour le bas Nord-Ouest. Un choix respectueux des priorités de développement local Le choix du développement de trois filières déjà existantes localement a été défini comme une priorité dans le PCD (Plan Communal de Développement) 2011-2016 de Bombardopolis. Ce programme contribuera à la lutte contre la malnutrition du fait de la diversification de la production agricole, à l’augmentation de revenus des producteurs et de la présence sur le marché local de produits agricoles toute l’année, à la protection de l’environnement (par la promotion de pratiques culturales respectueuses de l’environnement) et à la meilleure gestion des richesses halieutiques. Il concerne toutes les composantes d’une filière, de la production à la commercialisation : • la production : amélioration de l’offre Informations générales sur le projet qualitative et quantitative, en respectant une exploitation durable des ressources Titre du projet : naturelles Actions sur les causes de l’insécurité alimentaire • la transformation : diversification de pour une amélioration durable de la sécurité alil’offre de produits issus du manioc et de mentaire dans le bas Nord-Ouest la chèvre • la commercialisation, les opérations de Budget global : 96 012 000 HTG marketing et le transport : création de Financement : Union Européenne (74 304 000 HTG) Zone d’intervention : Bombardopolis débouchés Les actions menées par ADEMA sur les causes de l’insécurité alimentaire pour une amélioration durable de la sécurité alimentaire dans le bas Nord-Ouest s’inscrivent dans la politique nationale haïtienne. Ainsi, le document de la Politique de Développement agricole 2010-2025 publié par le MARNDR (Ministère de l'Agriculture, des Ressources Naturelles et du Développement Rural) en mars 2011 précise la priorité accordée au développement des filières agricoles et la promotion des marchés. Construisons notre territoire avec des idées Durée : 36 mois Démarrage : Janvier 2013 Groupes-cibles : - 3 associations de pêcheurs regroupant environ 400 pêcheurs et marchandes de la zone côtière - 3 associations d’éleveurs de chèvres regroupant environ 150 éleveurs et vendeurs de chèvres - 750 planteurs de manioc, soit 4 500 personnes Bénéficiaires finaux : 30 000 habitants de Bombardopolis 5 Axes d’intervention La mise en oeuvre du projet est articulée autour de 3 axes fondamentaux ou volets : • un volet manioc • un volet caprin • un volet pêche Volet manioc • Distribution de 20 pulvérisateurs aux associations • Formation des producteurs de manioc sur les techniques d’aspersion et de préparation de sols • Sensibilisation des producteurs sur la plantation sur courbe de niveau • Formation des producteurs de manioc sur le lombricompostage et mise en place d’une unité de lombricopost de démonstration • Acquisition d’outils pour le renouvellement de l’outillage des producteurs (houes, pinces, pelles, râteaux...) Séance pratique d’utilisation des pompes à Bombardopolis • Création de 6 champs écoles de producteurs de manioc • Acquisition de 20 000 boutures de manioc CMC 40 Volet caprin Préparation de fourrages à Bombardopolis • Formation des éleveurs sur les techniques de production de foin et la conduite de l’élevage • Réalisation d’une visite inter-échange à Désarmes au profit de 9 éleveurs • Acquisition de 12 boucs améliorés • Construction de chèvreries ou bâtiments d’élevage • Sensibilisation des membres des associations locales sur les changements de pratique d’élevage • Organisation de rencontres avec les acteurs de la santé animale autour de l’installation de la pharmacie vétérinaire Volet pêche • Installation de 3 kits freezers au niveau de la Plate forme, Jean Macoute et Anse-à-chatte • Diagnostic des activités (crédit, état des stocks et des matériels) • Appui à la mise en place d’une poissonnerie à Bombardopolis • Crédit de nasses octroyé à 16 pêcheurs (9 Anse-à-chatte, 7 Jean Macoute) Installation des Dispositifs de Concentration de Poissons (DCP) 6 Construisons notre territoire avec des idées Rencontre avec... M. Herméus EXCEUS Président de l’Association des Planteurs de Manioc de la Première section de Bombardopolis (APMPB) Pale…Aji : M. Exceus, pourriez-vous nous présenter votre association ? Herméus Exceus : L’APMPB (Association des Planteurs de Manioc de la Première section de Bombardopolis) a été créée le 5 juin 2013 à Bombardopolis. Elle a pour mission d’aider les planteurs à se regrouper et mieux s’organiser pour le développement de la production agricole dans la première section. Actuellement, l’APMPB compte une centaine de membres parmi les producteurs de manioc des 9 habitations de la Commune de Bombardopolis. Pale…Aji : Quel est jusqu’à présent le travail réalisé par votre association dans la lutte contre l’insécurité alimentaire dans la zone ? Herméus Exceus : Depuis sa création, notre association joue un rôle moteur dans la prise de conscience des producteurs quant à la nécessité d’augmenter la production du manioc. C’est ainsi qu’elle s’implique par exemple dans l’amélioration des pratiques d’aspersion (en vue de lutter contre les pestes telles que les chenilles qui constituent un véritable problème pour la culture du manioc). Depuis quelque temps, nous travaillons aussi dans les différents champs-écoles en étroite collaboration avec ADEMA pour faire évoluer les pratiques locales. En ce sens, des actions de formations sur les techniques d’aspersion, de préparation de sol et de fabrication du lombricompostage ont été proposées aux planteurs. En plus de ces formations, nos membres reçoivent des outils de travail (houes, machettes, pelles, brouettes…) sous forme de prêt ainsi que des boutures de manioc CMC40 . Pale…Aji : Quelles sont vos plus grandes satisfactions à ce stade du projet ? Herméus Exceus : Je peux signaler l’éradication du problème lié aux insectes qui ont longtemps ravagé nos plantations. Je peux également mentionner les changements significatifs dans le comportement des producteurs en matière de pratiques culturales locales : désormais, les planteurs préparent mieux leur champ en utilisant les nouvelles techniques expérimentées lors des formations et sont plus attentifs quant à l’utilisation des ressources et aux impacts de leur action sur l’environnement. Pale…Aji : Quelles sont les perspectives de l’association à court, moyen et long terme ? Herméus Exceus : Nos perspectives à court terme consistent à étendre l’expérimentation des champs-écoles, à poursuivre l’encadrement des planteurs et des commerçants de manioc. A moyen terme, nos efforts se concentrent sur la mise en place d’une unité de transformation et de commercialisation du manioc (cassaverie). Enfin, à long terme, nous souhaitons renforcer les capacités de notre association, l’APMPB, en vue d’en faire un acteur incontournable de la filière manioc et ainsi, participer au développement d’une Haïti autosuffisante et souveraine dans son alimentation. Construisons notre territoire avec des idées Quid variété de manioc CMC 40 : C’est une variété de manioc de typer amer déjà testée dans la zone et dont le rendement et la précocité constituent un avantage intéressant pour les producteurs de manioc de Bombardopolis. 7 Rencontre avec... M. Ceifenel DEVULIEN Président de l’Association de la Première Section de Bombardopolis Pale…Aji : Parlez nous un peu de votre association Ceifenel Devulien : L’AAPB (Association de la Première Section de Bombardopolis) a été créée le 17 décembre 2012, et est issue de l’Association Agent de production pour la Santé Animale. Elle a pour mission d’encadrer les éleveurs dans le domaine de production et de la santé animale et regroupe actuellement 70 membres. Pale…Aji : Quel travail réalise votre association au sein de la communauté bombardopolitaine ? Ceifenel Devulien : Considérant les conditions difficiles dans lesquelles l’élevage est pratiqué dans la commune de Bombardopolis, l’AAPB articule son travail autour des trois axes suivants : • La formation des agents de santé (au niveau des différentes habitations) en matière de prise en charge des animaux ; • Le renforcement des capacités des éleveurs dans une optique de modernisation de l’élevage dans le territoire ; • L’amélioration des pâturages sur le plateau de Bombardopolis. Nous avons d’ores et déjà mené plusieurs actions avec les éleveurs locaux, notamment une visite d’échange effectuée dans la vallée de l’Artibonite (à Desarmes) et une série de formations sur les techniques modernes de préparation et conservation des foins et des fourrages pour le bétail. A travers ces actions, il s’agit pour nous de mettre les différentes filières de l’élevage à contribution dans le processus de développement local. Ainsi, nous œuvrons quotidiennement pour rendre les produits alimentaires, et notamment la viande, disponibles dans le territoire du bas Nord-Ouest. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous travaillons depuis quelques temps avec des races améliorées de caprins afin de diversifier et renforcer le potentiel génétique de la race locale. Pale…Aji : Quelles sont les perspectives de l’association à court, moyen et long terme ? Ceifenel Devulien : A court terme, notre association entend poursuivre le travail de préparation du terrain de « Nan halle » pour la construction d’un hangar pilote devant servir d’abri au troupeau lors des intempéries, à conserver les fourrages, à contrôler et suivre notre troupeau. A moyen terme, nous envisageons de mettre en place un calendrier de travail annuel impliquant les différents membres de notre association afin d’établir un mode de gestion plus efficace du troupeau global. A long terme, nous prévoyons la construction d’un hangar dans d’autres habitations pour reproduire le projet pilote et permettre à d’autres éleveurs de s’impliquer dans la logique de modernisation de l’élevage dans la zone. 8 Construisons notre territoire avec des idées Dans le bas Nord-Ouest... Mobilisation intercommunale pour les routes du bas Nord-Ouest Carte du réseau routier du bas Nord-Ouest Les quatre communes de l’Arrondissement du Môle Saint Nicolas (Jean Rabel, Bombardopolis, Môle Saint Nicolas et Baie de Henne) soutenues par ADEMA, ont décidé de travailler ensemble sur l’amélioration du réseau routier et des moyens de déplacement sur le territoire. En effet, tous font le constat de la mauvaise qualité des routes et des grandes difficultés de déplacement rencontrées par la population. Par ailleurs, le manque d’accessibilité du bas Nord-Ouest apparaît comme le principal frein au développement du territoire, aussi bien en matière d’économie que de tourisme. Ainsi, dans le cadre du programme de renforcement des collectivités locales, soutenu par l’AFD (Agence Française de Développement), il a été décidé d’élaborer un Schéma de Déplacement du bas Nord-Ouest. Il s’agit d’un document qui vise à définir une stratégie concertée pour la gestion du réseau routier dans les années à venir. Il comprendra un diagnostic de l’état des infrastructures, leurs utilisations, les besoins et les potentialités. En ce sens, l’identification des enjeux prioritaires et la définition d’orientations stratégiques (concernant les aménagements à réaliser, l’entretien, la gestion…) doit nécessairement déboucher sur un programme d’actions définissant les projets à mettre en œuvre (en fonction des priorités et des moyens). Le diagnostic technique est actuellement en cours de finalisation et doit être validé courant 2014 par les élus du bas Nord-Ouest. Une démarche concertée Pour bien connaître les routes de l’Arrondissement, il était impératif de consulter leurs usagers quotidiens. Dans cette logique d’approche participative, ADEMA vient d’organiser un cycle de réunions de concertation thématiques intitulé « Routes et transports dans le bas Nord-Ouest ». Au cours des cinq réunions, une centaine de professionnels du transport (chauffeurs et propriétaires de véhicules, commerçants, mécaniciens) ont ainsi Lancement de la concertation à Jean Rabel participé. L’objectif de cette concertation était de connaître avec précision l’état actuel des routes dans l’Arrondissement du Môle, d’identifier les besoins prioritaires à court et moyen terme, et d’initier une réflexion sur le rôle que peut jouer une organisation de transport local dans l’amélioration de la qualité des routes. En introduisant la réunion à Jean Rabel, le 5 décembre 2013, le Directeur de la Mairie de Jean Rabel, Louis-Marie Voltaire a souligné « l’intérêt d’une coopération intercommunale, notamment en ce qui concerne la qualité des routes dans le bas Nord-Ouest » et a ajouté que « les transporteurs sont les premiers concernés par la qualité des routes et sont les mieux à même de trouver des solutions aux difficultés qui existent ». Construisons notre territoire avec des idées 9 Les réunions de concertation ont permis d’identifier plusieurs zones prioritaires, telles que Morne Chien (entre Baie de Henne et Bombardopolis), Morne Catinette (Jean Rabel), ou encore, le secteur de Petite-Rivière, sur l’axe Mare Rouge – Anse Rouge. Elles ont aussi été l’occasion de mieux cerner plusieurs questions liées aux activités de transport, comme par exemple le nombre excessif de moto-taxis, les problèmes de sécurité, les risques liés à la pluie et aux franchissements de rivières ou le manque de compétences locales en mécanique. Malgré l’existence d’initiatives louables (associations de moto-taxis à Jean Rabel et Mare Rouge, association de camionneurs à Mare Rouge), le manque de coordination entre les différents acteurs de la route dans l’Arrondissement du Môle a été souligné. Cycle de réunions de concertation thématique « Routes et transports dans le bas Nord-Ouest » • Réunion de Mare Rouge du 15 novembre 2013 • Réunion de Jean Rabel du 5 décembre 2013 • Réunion de Bombardopolis du 13 décembre 2013 • Réunion du Môle Saint Nicolas du 18 décembre 2013 • Réunion de Baie de Henne du 14 janvier 2014 Localisation des problèmes de circulation avec les transporteurs de Mare-Rouge La coopération intercommunale dans le domaine des déplacements apparait comme une première étape : il s’agit, à terme, d’élaborer un véritable Schéma d’Aménagement du bas Nord-Ouest, document de référence traitant de l’ensemble des thèmes liés au développement du territoire (agriculture, tourisme, accès aux services…). La démarche engagée de renforcement et de formalisation des relations entre les communes de l’Arrondissement du Môle, en étroite concertation avec les services de l’Etat, permettra, par la mise en place de rencontres et de communications régulières, d’assurer une meilleure cohérence et complémentarité entre les actions menées par chaque collectivité et offrira un cadre pour la mutualisation des moyens et le développement de projets plus ambitieux. Une première expérience de coopération concrète sera menée en 2014 dans la continuité du Schéma de Déplacement, avec la création d’une Brigade d’Intervention Routière dotée de moyens pour appuyer la mise en œuvre de travaux sur les routes du territoire. 10 Brève présentation du réseau routier du bas Nord-Ouest • Plus de 550 km de pistes potentiellement carrossables, dont 220 km de voies à vocation départementale ou intercommunale • Moins de 25 km de pistes bétonnées, dont la majorité est endommagée ; aucune route asphaltée • Un terrain difficile et de fortes déclivités qui rendent la circulation difficile • Un entretien insuffisant • Des transports en commun internes au territoire peu développés et chers • Un transport de marchandises marqué par de fortes pertes liées à l’état des routes et au temps de parcours Construisons notre territoire avec des idées Brèves des programmes Développement Local • Poursuite des travaux d’aménagement et d’entretien au parc municipal du Morne Pasteur et au village nan Vincent : pose de 8 bancs ; installation de 4 lampadaires et 1 mini-centre de recharge ; construction de 12 seuils et 3 terrasses ; aménagement de 95 mètres linéaires de chemins ; construction d’un mur de soutènement de 50 mètres linéaires à l’entrée principale du site ; plantation et embellissement des rues (350 plantules de 12 espèces sont déjà choisies pour être distribuées aux habitants du village). Place publique aménagée à Jean Rabel • Appui à la définition d'une stratégie locale pour le développement des transports ("Schéma de Déplacement du BNO") : Près de 600 km de routes et pistes parcourus et cartographiés. Schéma de Déplacement du Bas Nord-Ouest en cours de finalisation. • Appui à la définition du mode de création d'un service local pour l'aménagement et l'entretien des routes ("Brigade d’Intervention Routière") : Réalisation de plusieurs réunions de concertation avec les acteurs locaux (commerçants, professionnels du transport…) • Achat de matériels lourds de travaux publics en cours (camion, tractopelle, nivelleuse...). Éducation • Poursuite des initiatives d’introduction des nouvelles technologies de l’information et la communication dans les Ecoles Fondamentales d’Application/ Centres d’Appui Pédagogiques (EFACAP) du NordOuest avec un nouveau financement WISE-FOKAL. • Rédaction de guides d’accompagnement thématiques : Rédaction et mise en ligne d’un guide sur la vulgarisation de la Stratégie Nationale d’Action d’Education Pour Tous (SNA/EPT), un guide sur la carte scolaire et un guide provisoire sur le plan disSéance de TNI à l’école Panou de Jean Rabel trictal d’éducation et de la formation (en cours). • Suivi et accompagnement personnalisés des enfants démunis : Mise à jour de la base de données sur les enfants démunis, distribution de 113 kits de santé, 620 kits scolaires (contenant 19 176 livres) et subvention des tissus d’uniformes pour 356 élèves des écoles du programme. • Réalisation de la carte scolaire des 4 communes : 4 cartes (préscolaires, 1er-2e cycle, 3e cycle et secondaire) sont finalisées. Le document de diagnostic statisEcoliers ayant bénéficié de kits scolaires tique est rédigé et mis en ligne. • Réalisation d’une mallette à outils destinée aux comités de gestion : 90 exemplaires distribués auprès des acteurs locaux concernés par la gestion éducative (écoles, mairies, EFACAP, Inspection Scolaire… • Partenariat PARTAGE-ADEMA : Mission de formation de Claudine Paraire pour la mise en place du « parrainage nominatif » pour les enfants des écoles Panou de Jean Rabel et de Bombardopolis. Construisons notre territoire avec des idées 11 Eau, Assainissement & Hygiène Construction de latrine • Poursuite des travaux de réhabilitation des moyens chantiers et des infrastructures d’assainissement. • Activités de sensibilisation et de promotion à l’hygiène dans les écoles, centres de santé et marchés publics. • Appui à la création d’entreprises de fabrication de dalles et soubassement des latrines familiales : Plus d’une soixantaine d’entreprises locales sont déjà mises en place dans les communes de Baie de Henne, de Bombardopolis et du Môle Saint Nicolas. Sécurité Alimentaire Construction des canots de pêche sur la zone côtière de Bombardopolis • Amélioration des pratiques culturales locales : formation au profit de 40 producteurs de manioc sur les techniques de préparation de sols et les techniques d’entretien de parcelles. • Renforcement et amélioration des matériels et équipements de pêche : Installation de 2 dispositifs concentrateurs de poissons semi-lourds et distribution de 3 canots à moteurs aux associations de pêcheurs. • Appui à la création et à la structuration des associations et fédérations de producteurs : structuration de 3 associations d’éleveurs de chèvres. • Appui à la CNSA dans la mise en place de l’observatoire de la sécurité du bas Nord-Ouest et à l’élaboration d’un plan de sécurité alimentaire pour le bas Nord-Ouest. EDUCATION A VENIR... • Un lot de 10 ordinateurs a été offert par la firme d’audit et de conseil Deloitte France pour le fonctionnement du laboratoire informatique des écoles Panou de Jean Rabel et de Bombardopolis. Ces matériels sont en cours d’acheminement vers la zone. • Réalisation d’une mission de formation sur les TNI et la pédagogie différenciée par l’ONG GREF en avril et mai 2014. DEVELOPPEMENT LOCAL Démarrage en avril 2014 d’un nouveau projet autour de l’ « intégration des initiatives de la société civile rurale et urbaine aux politiques locales et au dialogue national » avec le financement de l’Union Européenne. Comité de rédaction : Pauline VENET & Mausert FRANÇOIS Pour infos et suggestions, écrivez-nous à : [email protected] Télécharger la version électronique du bulletin sur notre site web : www.ademahaiti.org ADEMA Ansanm pou yon Demen Miyò an Ayiti Siège : Blvd du 15 octobre, Tabarre 76, Haïti Terrain : Bois d’or, Jean Rabel, Haïti Tel : (509) 37.11.11.49 / 31.23.21.38 Construisons notre territoire avec des idées