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UNIVERSITE MOHAMMED V FACULTE DE MEDECINE ET DE PHARMACIE - RABAT ANNEE: 2010 THESE N°: 222 LA gale chez l’enfant et le nourrisson THESE Présentée et soutenue publiquement le :…………………… PAR Mme Mariam AMACHOU Née le 09 Septembre 1984 à Salé Pour l'Obtention du Doctorat en Médecine MOTS CLES: Gale – Enfant – Nourrisson – Epidémiologie – Clinique - Traitement JURY Mr. A. BENTAHILA Professeur de Pédiatrie Mme. F. JABOUIRIK Professeur Agrégé de Pédiatrie Mr. T. BENOUACHANE Professeur de Pédiatrie Mr. M. ABDELHAK Professeur Agrégé de Chirurgie Pédiatrique PRESIDENT RAPPORTEUR JUGES « سبحانك ال علم لنا إال ما علمتنا إنك أنت العليم الحكيم سىزة البقسة :اآليت53 : Toutes les lettres ne sauraient trouver les mots qu’il faut… Tous les mots ne sauraient exprimer la gratitude, l’amour, le respect, la reconnaissance… Aussi, c’est tout simplement que Je dédie cette thèse … Au bon dieu Tout puissant Qui m’a inspiré Qui ma guidé dans le bon chemin Je vous dois ce que je suis devenue Louanges et remerciements Pour votre clémence et miséricorde A ma merveilleuse mère : Autant de phrases aussi expressives soient-elles ne sauraient montrer le degré d’amour et d’affection que j’éprouve pour toi. Tu m’as comblé avec ta tendresse et affection tout au long de mon parcours. Tu n’as cessé de me soutenir et de m’encourager durant toutes les années de mes études, tu as toujours été présente à mes cotés pour me consoler quand il fallait. Ta prière et ta bénédiction m’ont été d’un grand secours pour mener à bien mes études. Vous êtes pour moi l’exemple d’abnégation, de dévouement et de probité. En ce jour mémorable, pour moi ainsi que pour toi, reçoit ce travail en signe de ma vive reconnaissance et mon profond estime. Puisse le tout puissant te donner santé, bonheur et longue vie afin que je puisse te combler à mon tour. Je t’aime MAMAN !!! A mon très cher père Tu as été et tu seras toujours un exemple pour moi par tes qualités humaines, ta persévérance et ton perfectionnisme. Tu m’as appris, le sens du travail, de l’honnêteté et de la responsabilité. Ta bonté et ta générosité extrême sont sans limites. Aucun mot, aucune dédicace ne saurait exprimer mon respect, ma considération et l’amour éternel pour les sacrifices que tu m’as consenti pour mon éducation et mon bien être. Je souhaite que cette thèse t’apporte la joie de voir aboutir tes espoirs et j’espère avoir été digne de ta confiance. Puisse Dieu te garder et te procurer santé et longue vie. A mes très chères sœurs : Rjae et Fatima Azzarhae A notre fraternité qui m’est très chère. Avec mon grand amour et toute ma tendresse, je vous souhaite un avenir plein de joie, de réussite et surtout de santé. Je vous dédie ce travail en vous souhaitant beaucoup de bonheur et de succès. A ma chere soeur Rokaya . son mari Ibrahim lbahri et leur fille bissane Que ce travail soit le meilleur témoin de mon attachement, mon profond amour, mon affection et mes sentiments fraternels les plus sincères que j’ai pour vous. Puisse dieu vous procurer santé et longue vie pleine de succès et de bonheur et garde votre Trésor la Princesse Bissane A la mémoire de mes grands-pères et mes grands-meres Paternels et maternels Qui ont été toujours dans mon esprit et dans mon cœur, je vous dédie aujourd’hui ma réussite. Que Dieu, le miséricordieux, vous accueille dans son éternel paradis. A mes amies intimes de toujours : Naima , Hanan, Khadija , Jihane En souvenir de notre sincère et profonde amitié et des moments agréables que nous avons passés ensemble. vous étiez toujours là pour me réconforter et me soutenir dans les moments les plus durs. Merci, chers amies pour ce joli parcours que nous avons réalisé ensemble Veuillez trouver dans ce travail l’expression de mon respect le plus profond et mon affection la plus sincère A travers ce travail je vous exprime tout mon amour et mon affection. Sans vous ma vie n’aurait pas eu le même goût. Je vous remercie pour tout ce que vous êtes, et je vous souhaite à tous beaucoup de réussite dans vos études mais aussi dans tout le reste. A MON TRES CHER MARI, MON COMPAGNON DE VIE ET MON MEILLEUR AMI Mohamed Ta présence dans ma vie a donné sens à mon existence et m’a apporté la joie et la paix. Ton amour généreux est le baume à mes chagrins. Merci pour ton encouragement pour ton soutien et pour ton aide Merci de faire de chacun de mes jours une éternité de bonheur. Je t’aime et je t’aimerai toujours. Je vous souhaite une vie pleine de bonheur, de santé et de prospérité. A tous les membre de ma belle famille Mes beaux parents, Soraya, Jihane et son Mari ainsi que leurs merveilleux fils Mohamed Amine . Je vous ai toujours considéré ma famille. Vous m’avez donné de l’amitié et de l’amour en leur sens le plus fidèle. Que Dieu vous accorde joie et santé. A tous ceux qui me sont chers et que j’ai omis de citer. A tous ceux qui ont participé de près ou de loin à l’élaboration de ce travail. A tous ceux qui ont pour mission cette pénible tâche de soulager l’être humain et d’essayer de lui procurer le bien-être physique, psychique et social. A tous mes amis et camarades de promotions Salwa el kasmi,nawal sahel ; zineb botet ; saadia outemsa, Hind anwar ; houda elmoufid ;nariman ;safae. Salma;youssef kamal et tous les internes du CHP de salé de l’an 2010 Les mots ne sauraient exprimer l’entendue de l’affection que j’ai pour vous et ma gratitude. Je vous dédie ce travail avec tous mes vœux de bonheur, de santé et de réussite. Remerciements A notre maître et président de thèse Monsieur le professeur ABDELALI. BENTAHILA Professeur de pédiatrie Nous vous sommes infiniment reconnaissants du grand honneur que vous nous faites en acceptant de présider le jury de cette thèse. Votre grand savoir, votre dynamisme et votre amabilité ont toujours suscité en nous grande estime. Veuillez trouver ici, le témoignage de notre vive gratitude et haute considération. A notre Maître et Rapporteur de thèse Madame le Professeur FATIMA. JABOURIK Professeur agrégé de Pédiatrie Vous nous avez confié ce travail sans aucune réserve. Nous souhaitons être digne de cet honneur. Vous nous avez guidés tout au long de notre travail en nous apportant vos précieux et pertinents conseils. Nous vous remercions pour votre patience et votre soutien lors de la réalisation de cette thèse. Veuillez trouver ici l'expression de notre respectueuse considération et notre profonde admiration pour toutes vos qualités scientifiques et humaines. A notre maître et juge de thèse Monsieur le professeur TAHER.BENOUACHANE Professeur agrégé de pédiatrie. Nous vous remercions vivement de l'honneur que vous nous faites en siégeant dans ce jury. Nous vous sommes très reconnaissants de la spontanéité et de l'amabilité avec lesquelles vous avez accepté de juger notre travail. Veuillez croire, chère Maître, à l'assurance de notre respect et de notre reconnaissance. A notre maître et juge de thèse Monsieur le professeur M.ABDELHAK Professeur agrégé de chirurgie pédiatrique. Nous vous remercions d’avoir voulu répondre à notre souhait de vous voir siéger parmi nos membres de jury. En acceptant de juger notre travail, vous nous accordez un très grand honneur. Veuillez accepter l’expression de nos considérations les plus distinguées. Index alphabétique des abréviations SA : semaine d‟aménorrhée. Fig : Figure. MO : Microscopie optique. JDE : Jonction dermo-épidermique. AMM : autorisation à la mise en marché. OGE : organes génitaux externes. SOMMAIRE INTRODUCTION ................................................................................................................................................................. 1 HISTORIQUE DE GALE......................................................................................................................................................... 4 EPIDEMIOLOGIE ............................................................................................................................................................... 33 12- LE SARCOPTE SCABIEI ........................................................................................................................................................ 34 TRANSMISSION ............................................................................................................................................................... 36 DIAGNOSTIC POSITIF ....................................................................................................................................................... 38 I- Aspect clinique de la gale ………………………………………………………………………………………………………………………………………… 42 1LA GALE COMMUNE ......................................................................................................................................................... 39 2LA GALE NODULAIRE ......................................................................................................................................................... 46 3LA GALE PROFUSE ............................................................................................................................................................ 49 4LA GALE SANS LESION CUTANEE (GALE DU SUJET PROPRE) : ........................................................................................................ 51 II- Diagnostique positif ………………………………………………………………………………………………………………………………………………… 54 12- ELEMENTS CLINIQUES ET EXAMEN DE L’ENSEMBLE DE LA FAMILLE : ......................................................................... 52 EXAMENS BIOLOGIQUES : MISE EN EVIDENCE DE L’ACARE : ..................................................................................... 52 EVOLUTION - COMPLICATION .......................................................................................................................................... 55 1- LA GLOMERULONEPHRITE AIGUE : ....................................................................................................................................... 56 DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL .............................................................................................................................................. 58 12345678910- L’ACROPUSTULOSE INFANTILE : ........................................................................................................................................... 59 ECZEMA ATOPIQUE : ........................................................................................................................................................ 60 L’IMPETIGO :.................................................................................................................................................................. 61 L’URTICAIRE : ................................................................................................................................................................. 62 PRURIGO STROPHULUS : .................................................................................................................................................... 63 DERMATITE HERPETIFORME :.............................................................................................................................................. 64 DERMATITE DE CONTACT ................................................................................................................................................... 65 PIQURE D’INSECTE : ......................................................................................................................................................... 65 L’ HISTIOCYTOSE X ........................................................................................................................................................... 65 LYMPHOME : ............................................................................................................................................................. 66 TRAITEMENT.................................................................................................................................................................... 67 11234- TRAITEMENT PREALABLE AU TRAITEMENT ANTISCABIEUX.......................................................................................................... 68 PRINCIPAUX GENERAUX DE L’UTILISATION D’UN SCABICIDE ........................................................................................................ 68 LES DIFFERENTS AGENTS SCABICIDE PROPOSES CHEZ LE NOURRISSON ............................................................................................ 70 MESURES ADJUVANTES :............................................................................................................................................ 76 TRAITEMENT DE FORME PARTICULIERE DE LA GALE : ................................................................................................................. 77 MATERIEL ET METHODES ................................................................................................................................................. 78 DISCUSSION ..................................................................................................................................................................... 81 1234- LE SEXE ......................................................................................................................................................................... 82 L’AGE : ......................................................................................................................................................................... 82 L’INCIDENCE : ................................................................................................................................................................ 82 TRAITEMENT : ................................................................................................................................................................ 83 CONCLUSION ................................................................................................................................................................... 84 RESUMES ......................................................................................................................................................................... 84 BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................................................................ 84 INTRODUCTION 1 La gale humaine est une affection contagieuse qui se transmet par contact humain direct. Elle est due à un parasite qui pénètre la couche superficielle de la peau. Contrairement à certaines idées reçues, elle touche toutes les tranches d‟âge, toutes les populations et tous les milieux socio-économiques. On estime qu‟environ 300 millions de personnes sont concernées dans le monde. La gale humaine ou gale sarcoptique, est due à la contamination de la peau par un acarien, c'est-à-dire un parasite de petite taille, appelé Sarcoptes scabiei hominis. Il s‟agit d‟une maladie contagieuse qui se transmet généralement par des contacts humains directs, intimes et prolongés comme il en existe au sein d‟un couple ou d‟une famille. Du fait de la possible contamination sexuelle, la gale est aussi considérée comme une infection sexuellement transmissible. Elle touche tous les âges, toutes les ethnies et toutes les catégories sociales, contrairement à certaines idées faussement répandues. Elle peut survenir également sous forme d‟épidémie au sein de collectivités médicalisées, de foyers pour personnes âgées, chez des sujets aux moyens de défense diminués (immunodéprimés) ou encore dans des milieux sociaux défavorisés dès lors qu‟il existe une forte promiscuité. La réaction de l‟organisme à la présence de l‟acarien dans la peau et à ses déjections explique l‟ensemble des symptômes. Outre la forme typique, il existe différents tableaux cliniques possibles, comme, la gale des « gens propres », la gale profuse, la gale hyperkératosique et les formes compliquées. Il faut enfin souligner l‟existence d‟une gale animale qui peut être transmise à l‟homme, mais dont l‟homme constitue une impasse parasitaire, c'est-à-dire qu‟il ne peut la transmettre à son tour à un autre homme. Il peut en revanche présenter des symptômes à type de démangeaisons et de lésions de grattage. 2 Nous nous proposons d‟étudier la gale chez les nourrissons et les jeunes enfants, Chez lesquels les signes cutanés sont souvent très atypiques, avec une topographie caractéristique et la survenue fréquente d‟eczématisation ou de surinfection aboutissant à des diagnostics erronés et tardifs, responsables d‟une augmentation de la diffusion de la maladie. 3 Historique de gale 4 Le terme de gale, longtemps écrit avec deux "l" est d'étymologie obscure. Les Grecs l'appelaient psora (de pso je frotte), les Latins scabiès (de scabere gratter), terme conservé par les Anglais, les Allemands Krätze, les Espagnols sarna ou rona, les Provençaux rogne et en langage vulgaire gratelle. La maladie fut classée tour à tour dans les cachexies, les vices, les phlegmasies, les oxygénoses, les pustules, les vésicules et les infundibulées. Rare dans les années 50, la gale humaine a vu sa fréquence augmenter de façon considérable depuis le milieu des années 60. Connue depuis la Haute antiquité, ce n‟est qu‟en 1687 que Bonomo découvre l‟origine parasitaire de la gale, confirmé par Simon François Renucci qui met en point une technique de prélèvement et de diagnostic : Celse de Vérone attribue la psora à un vice interne des humeurs, Galien de Pergame à des humeurs mélancoliques, Avicenne à un mélange de sang, d'atrabile et de pituite. Les médecins occidentaux n'ont pas fait beaucoup mieux jusqu'à la fin du 18è siècle Avenzoar au 12è siècle dans le "kitab elTaisir fi elmedaouat oua eltedbir" décrit le "souab" qui existe dans la peau et dont il sort un animal très petit que l'oeil a de la peine à découvrir. Mais on ignore s'il s'agissait du sarcopte ou de poux et attribue la maladie à des altérations humorales. Scaliger en 1580 nomme l'acarus ou ciron, petite espèce de pou existant sous l'épiderme où il creuse des galeries. Thomas Mouffet en 1634, à Londres décrit dans son "Théatre des insectes" l'acarus ou ciron qui est différent du pou et que l'on peut retrouver dans la peau à distance des pustules. August 5 Hauptmann, en 1657, à Leipzig puis Ettmüller en 1682 utilisent les premiers microscopes pour faire des dessins encore très imparfaits de l'acarus. Une grande étape de l'histoire du sarcopte est franchie avec Cosimo Giovanni Bonomo et Diacinto Cestoni, le premier médecin, le second pharmacien, dans une lettre adressée au poète naturaliste Francesco Redi datée de Livourne le 18 Juillet 1687 et publiée à Florence. Bonomo fort de l'expérience populaire des pauvres femmes et des galériens de Livourne qui extraient de leur peau galeuse avec une aiguille des animalcules et les écrasent sur leurs ongles, écrit un très beau traité sur la gale dans lequel on trouve déjà une description moderne et exacte de la maladie et de l'agent pathogène. Citons le dans "l'Osservazioni intorno a pellicelli del corpo umano" : "avec la pointe d'une aiguille, nous eûmes la chance de retirer et d'observer au microscope un petit globule à peine visible, vivant et agile, ressemblant à une tortue blanche avec un peu de noir sur le dos, de longs poils, six pattes et une tête pointue avec deux cornes". L'expérience faite sur un galeux puis sur d'autres malades était fort concluante. La créature était observée avec un équipement optique primitif dans une goutte d'eau. Elle creuse des sillons dans la cuticule, rampe sous la peau, grignote, pond des oeufs, persiste 2 à 3 jours dans les vêtements. La maladie est très contagieuse. La théorie parasitaire de la gale a, contre elle, les préjugés que le siècle des lumières n'arrivera pas à vaincre. Allen, en 1741, dans son traité des Maladies de la peau reconnaît "la démangeaison insupportable qui accompagne toujours la gale a fait soupçonner quelques auteurs que cette maladie soit produite essentiellement par de petits animaux, ce qui selon eux, la rend si facilement contagieuse mais nous n'avons rien de bien clair la-dessus que ce que l'on trouve du Dr Bonomo dans ses transactions philosophiques". Au cours du 18è siècle, assez peu de progrès sont réalisés. Les défenseurs de la théorie de Bonomo, en particulier Linné, classent tour à tour l'acarien de la gale dans les insectes, les poux pour enfin l'assimiler à l'acare du fromage (1734). Les descriptions de Schwiebe (1722) sont encore très approximatives de même que celles de Geoffroy (1764) qui crée le terme d'Acarus humanus subcutaneus. 6 Johann Ernest Wichmann (Hanovre 1786) améliore dans "l'Aetiologie der Krätze : l‟étiologie de la gale" encore la qualité des représentations du sarcopte et émet une doctrine acarienne parasitaire de la gale, très moderne. Un peu plus tard, à Philadelphie, Joseph Adams (1807) rajoute encore des détails anatomiques qui complétent l'exactitude de la description du sarcopte. Les plus modernes, ceux qui croient en l'acarien, le regardent non comme la cause mais comme le produit de la maladie. Même Joseph Adams qui a fait de belles descriptions du parasite différencie la gale sarcoptique de la véritable gale, humorale nécessitant la correction des vices internes. Pinel et Bateman adoptent ces mêmes théories. Un traitement externe isolé serait même dangereux car repousserait la maladie au dedans, aggravant le vice intérieur des humeurs; c'était déjà l'idée de Celse au 1er siècle avant Jésus-Christ! Ainsi, au début du 19è siècle, si Alibert, Biett et Willan croient mordicus à l'existence du parasite, celui-ci était de nouveau perdu et malgré des tentatives multiples restait introuvable. Ce qui n'empêche nullement les femmes corses, les paysans des Asturies et les vieilles indiennes de l'Orenoque (Humbolt 1800), plus malins que les doctes médecins de l'Hôpital Saint-Louis, d'extraire l'acarien à l'aiguille et de guérir la maladie. Définition de Bazin dans le dictionnaire Dechambre de 1880 : La gale est une maladie de la peau produite par un parasite animal, le sarcopte ou Acarus scabiei et caractérisée par une lésion spécifique, l'éminence acarienne et le sillon. Les traitements découlent directement de ces théories et jusqu'à la fin du 19è siècle, les traitements à visée interne seront systématiquement associés aux topiques. Ils vont, cependant, se simplifier considérablement avec le temps. Parmi les traitements externes les plus utilisés, se trouve le soufre, dont l'efficacité dans la gale est connue depuis Celse. 7 La pommade sulfo-alcaline de Helmerich (1812) contenant de l'axonge, du carbonate de potassium et du soufre ou ses équivalents est appliquée après des frictions énergiques au savon noir pendant 15 jours par Alibert, également par Cazenave, chef du service des galeux (1838), qui est partisan comme Hebra de badigeons localisés aux zones atteintes . La durée d'hospitalisation n'est plus que de six jours avec Bazin, Chef du service des galeux en 1850 et Hardy en 1852 fait fermer son service des galeux en recommandant une seule application d'une heure trente "(la frotte)". Des progrès substantiels seront réalisés plus tard avec le Baume du Pérou (1860) puis les pyréthrines (1930), le Benzoate de benzyle (1937). [1] 8 RAPPEL EMBRYOLOGIQUE ET HISTOLOGIQUE DE LA PEAU 9 La peau est l‟enveloppe du corps, elle est en continuité avec les muqueuses recouvrant les cavités naturelles de l‟organisme. C‟est le plus gros organe de l‟être humain, représentant le tiers du poids de l‟organisme et une surface de l‟ordre de 2 m² chez un adulte. La peau et ses annexes ont de multiples fonctions. Figure 1: Photo rapprochée de la peau humaine 10 1- Embryologie [2] La peau se compose d‟une couche stratifiée superficielle, l‟épiderme, qui repose sur un tissu de soutien, le derme, et une couche profonde, ou l‟hypoderme. Son organisation en trois étages résulte de l‟embryologie de la peau. Figure 2 : Coupe histologique de la peau Aussitôt après la fécondation, la « morula » se forme, par division cellulaire, puis évolue rapidement en « blastula ». Pendant la troisième phase dite « gastrula » se produit l‟ébauche de trois feuillets. L‟ectoblaste forme la peau et les phanères à partir du feuillet épiblastique externe. 11 Trois structures embryonnaires sont impliquées dans l‟embryologie de la peau (fig.3); l‟ectoblaste est à l‟origine des kératinocytes, des cellules de Merkel, des annexes et de l‟épiblaste. Figure 3 : Structures embryonnaires de la peau à la 2ème SA Les crêtes neurales, d‟où dérivent ; les mélanocytes et les nerfs. Et le mésoblaste (fig.4), qui est à l‟origine des cellules de Langerhans, du derme et de l‟hypoderme. Le développement de la peau se fait selon des gradients temporaux et spatiaux. Pour le gradient antéropostérieur ; on a d‟abord le cuir chevelu, puis le reste du corps avec un décalage de 3 à 7 jours. Et selon le gradient sagittal ; se développe d‟abord le dos, puis l‟abdomen. 1.1- Epiderme *L‟épiderme, de nature épithéliale, se forme à partir de l‟ectoderme. * A la 4ème SA ; l‟embryon est délimité par l‟épiblaste formé par une seule assise cellulaire, puis à la 7ème SA le futur épiderme comporte 2 assises cellulaires : les cellules de la couche superficielle, aplaties, forment le périderme jusqu‟à la 23ème SA et la jonction dermo-épidermique sera plate. 12 * A la 10ème SA ; l‟aspect ondulé de la jonction dermo-épidermique est due au début de la formation des crêtes épidermiques et des papilles dermiques. * A la 24ème SA ; la couche intermédiaire va s‟épaissir pour atteindre 4 à 5 assises et le périderme est remplacé par la couche cornée. Figure 4 : Structures embryonnaires de la peau à la 3ème SA 13 1.1.1 - Les Mélanocytes *les mélanocytes ont pour précurseurs les mélanoblastes, cellules issues de la crête neurale (fig.5). Ces cellules ont des précurseurs communs totipotents qui se différencient progressivement durant leur migration des crêtes neurales jusqu‟à territoires cibles. Figure 5 : Formation des mélanocytes à partir des crêtes neurales au cours de la 3ème SA * dès la huitième semaine de la vie embryonnaire, les mélanoblastes vont pénétrer et proliférer dans le mésoderme sous épidermique. Puis se coloniser l‟épiderme et les 14 follicules pileux. Ils vont alors rapidement se différencier en mélanocytes matures, avec apparition d‟expansions cytoplasmiques appelées dendrites méalnocytaires et début de synthèse des mélanines. * En empruntant des voies de migration identiques, des mélanoblastes vont aussi coloniser certains structures oculaires (choroïde), auditives (organe vestibulaire) et nerveuses (leptoméninges). 1.1.2 - les cellules de Langerhans et les cellules de Merkel *l‟hématopoïèse fœtale est la source des cellules de Langerhans colonisant l‟épiderme. *les cellules de Merkel dérivent des kératinocytes basaux, elles apparaissent à la 7ème SA en même temps que la 3ème couche de l‟épiderme. 1.2- Derme et hypoderme Ce sont des tissus conjonctifs avec tous leurs constituants habituels, richement vascularisés et innervés. Ils ont pour origine le mésoblaste intra-embryonnaire. 1.3- Annexes Les premiers poils visibles sont ceux des sourcils, de la lèvre supérieure et du menton ; ailleurs ils apparaissent et contribuent à former le Lanugo vers la 22ème SA (fig.6). 15 Figure 6 : Fœtus à la 22SA : formation du Lanugo 2- Structure normale de la peau : [2] Le revêtement cutané comporte la peau et ses annexes. La peau est constituée, de l‟extérieur vers l‟intérieur par 3 zones distinctes : 2.1- L’épiderme : L‟épiderme, couche superficielle de la peau, est un épithélium malpighien pluristratifié kératinisé, composé de 5 couches cellulaires, dans la constitution duquel entrent 4 populations cellulaire différentes ; les kératinocytes, les mélanocytes, les cellules de Langerhans, les cellules de Merkel (fig.7). L‟épiderme ne contient aucun vaisseaux sanguin ni lymphatique, mais renferme de nombreuse terminaison nerveuse libres. 16 Figure 7 : Les 4 populations cellulaires de l’épiderme : 1= kératinocytes, 2=mélanocytes, 3=cellules immunocompétentes, 4= cellules de Merkel. 2.1.1- kératinocytes -cellules principales de l‟épiderme assurent trois grandes fonctions : * la cohésion de l‟épiderme en rapport avec le cytosquelette et les systèmes de jonction des kératinocytes entre eux. * la fonction de barrière entre les milieux intérieur et extérieur. * la protection contre les radiations lumineuses. - les molécules des filaments intermédiaires des kératinocytes sont des kératines. Les filaments de kératine sont attachés aux desmosomes et aux hémidesmosomes. -les kératinocytes subissent en permanence une évolution morphologique. Cette évolution se fait de la profondeur vers la superficie et permet de distinguer sur une coupe d‟épiderme quatre couches superposées de la profondeur vers la superficie : la couche germinative (ou basale), la couche à épines (ou spineuse), la couche granuleuse et la couche cornée (compacte, puis desquamante) (fig.8). 17 -dans la couche cornée, les kératinocyte est complètement aplati, le noyau est les organites cytoplasmiques ont totalement disparu et le cytoplasme est rempli de trousseaux fibrillaires formés à partir des filaments de kératine et des grains de kératohyaline. En superficie de la couche cornée, les cornéocytes, se détachent de l‟épiderme (par desquamation) après la lyse du cément intercellulaire et des cornéodesmosomes. Figure 8 : Coupe d’épiderme en microscopie optique : couche basale [1], couche épineuse de Malpighi [2], couche granuleuse [3], couche cornée [4]. 2.1.2- les mélanocytes Dans l‟épiderme, les mélanocytes sont situés principalement dans la couche basale. Ils ont un aspect étoilé et leurs prolongements cytoplasmiques s‟insinuent 18 entre les kératinocytes. Ils sont dépourvus de système de jonction intercellulaire avec les cellules voisines. En microscope optique, les mélanocytes ne sont identifiables qu‟avec des colorations argentiques ou par des techniques immunocytologiques. En coupe horizontale, les mélanocytes apparaissent comme des cellules arrondies claires à noyau rond. Figure 9 : En MO, après fixation et colorations standards, les mélanocytes ( ) apparaissent comme des cellules arrondies, claires, à noyau rond et dense, situées entre les kératinocytes basaux et faisant parfois saillie dans le derme. La mélanine est un pigment produit par les mélanocytes au niveau d‟organites cytoplasmiques, les mélanosomes, ovoïdes mesurent 0.2 à 0.6 um. Les mélanosomes résultent de la fusion entre des vésicules, contenant de la tyrosinase, de la doplachrome tautomérase (ou TRP2) et de la DHICA oxydase, dérivés de l‟appareil de Golgi et des vésicules contenant les composants structurels des mélanosomes produits par le réticulum endoplasmique granulaire. Quatre 19 stades de différenciation sont classiquement décrits pour les mélanosomes. Les stades 1 et 2 correspondent à des organites non mélanisés (parfois appelés prémélanosomes). Les mélanosomes de stade 1 ont un contenu dont la structure filamentaire est encore assez mal définie. Au contraire, les mélanosomes de stade 2 se remplissent d‟une structure interne filamenteuse. La mélanine commence à s‟accumuler dans les mélanosomes de type 3. Dans les mélanosomes de type 4, l‟accumulation de pigments est telle la structure interne n‟y est plus visible. Les mélanosomes sont des vésicules apparentées aux lysosomes (fig.10). La biochimie de la synthèse de la mélanine n‟est pas encore parfaitement connue. On décrit deux types de pigments mélaniques : l‟eumélanine et la phaeomélanine. 2.1.3- les cellules de Langerhans Les cellules de Langerhans font partie du groupe des cellules dendritique. Elles sont en particulier dispersées entre les kératinocytes de la couche à épines de l‟épiderme. La microscopie électronique permet de distinguer les cellules de Langerhans des mélanocytes, en mettant en évidence dans leur cytoplasme d‟une part, la présence de petits organites discoïdes pathognomonique (granules de Birbeck). Les cellules de Langerhans initient et propagent les réponses immunes dirigées contre les antigènes appliqués sur la peau. Après avoir capté l‟antigène, les cellules de Langerhans activées quittent l‟épiderme et gagnent les ganglions lymphatiques satellites où elles présentent les déterminants antigéniques aux lymphocytes T. 20 Figure 10 : Maturation des mélanosomes 2.1.4- les Cellules de Merkel Situées, de façon dispersée, dans la couche germinative, entre les kératinocytes basaux, au contact d‟une terminaison nerveuse libre, les cellules de Merkel sont 21 caractérisées en microscopie électronique par la présence dans leur cytoplasme de très nombreuses vésicules à centre dense entouré d‟un halo clair. Les cellules de Merkel sont des cellules neuroendocrines qui expriment des marqueurs neuronaux et des marqueurs épithéliaux. Les cellules de Merkel sont des mécanorécepteurs qui auraient également des fonctions inductives et trophiques sur les terminaisons nerveuses de l‟épiderme et sur les annexes cutanées. 2.2- Le derme - C‟est un organe conjonctif constitué d‟une substance fondamentale, de fibres et d‟éléments cellulaires (fibroblastes, fibrocytes). - Le derme comporte deux régions dont seule la première a une individualité histophysiologique. * la zone superficielle entre les crêtes épidermiques ou « derme papillaire » formée de tissu conjonctif lâche. * la zone plus profonde ou « derme réticulaire » est formée d‟un tissu conjonctif lisse. * le derme réticulaire contient aussi de petites aréoles et veinules, des petits nerfs, des follicules pilo-sébacés et les canaux excréteurs des glandes sudorales (fig11). 22 Figure 11 : Vascularisation et Innervation du derme et l’hypoderme. 2.3- la jonction dermo-épidermique - La JDE est une lame continue intercalée entre les cellules de la couche basale de l‟épiderme et le derme. Elle est visible à la coloration au PAS car elle est riche en polysaccharides. - A la microscopie optique, elle apparait comme une ligne ondulée, fine et homogène, de 0.5 à 1 um d‟épaisseur, ou alternant les saillies de l‟épiderme dans le derme dites crêtes épidermiques. Elle se prolonge sans solution de 23 continuité autour des annexes cutanés, follicules pilosébacés et glandes sudoripares. - En microscopie électronique la structure de la JDE est plus complexe, Examinée vers le derme, elle comprend : La membrane cytoplasmique des cellules basales de l‟épiderme. La lamina lucida, claire aux électrons, de 20 à 40 nm. La lamina densa, dense aux électrons, d‟épaisseur variable avec l‟âge (30 à 60 nm). - En plus de cette ultra structure basique similaire à celle des autres lames basales de l‟organisme, la JDE présente des complexes d‟ancrage de l‟épiderme sur le derme au niveau des kératinocytes basaux. Ainsi que des systèmes d‟adhésion focale au niveau des mélanocytes. - Les complexes d‟ancrage de l‟épiderme sur le derme comprennent : Les hémidesmosomes. Les filaments d‟ancrage. Les fibrilles d‟ancrage. Les études immunohistochimiques ont montré qu‟il existait au niveau de la JDE des constituants spécifiques, différents des constituants des membranes basales, particulièrement importants dans le maintien de l‟intégrité dermo-épidermique. - L‟antigène BP230 au niveau de la plaque d‟ancrage des tonofilaments des hémidesmosomes. - L‟intégrine alfa6beta4 et l‟antigène BP180, molécules transmembranaires des hémidesmosomes. 24 - La laminine 5 et laminine 4 au niveau des filaments d‟ancrage. - Le collagène 6 au niveau des fibrilles d‟ancrage. 2.5- l’hypoderme - C‟est un tissu adipeux divisé en lobules par des travées conjonctives. Dans le derme et l‟hypoderme cheminent les formations vasculaires et nerveuses. - l‟hypoderme est constitué de lobes eux même subdivisés en petits lobules graisseux séparés par des septums inter lobulaires conjonctivo-élastiques servant de passage aux vaisseaux et nerfs destinés au derme. - l‟abondance du tissu adipeux varie avec les habitudes alimentaires, mais aussi les régions du corps et le sexe : chez l‟homme, il se situe préférentiellement en position abdominale, alors que chez la femme, il est prédominant sous la ceinture, au niveau des hanches, des cuisses, des fesses ou de la partie basse de l‟abdomen (fig.12). 2.6- les annexes * la peau renferme diverses formations dites annexes qui dérivent de l‟épiderme : le follicule pilo-sébacé formé du poil et de la glande sébacée appendue au canal pilaire et les glandes sudorales exocrines et apocrines. 25 Figure 12 : Coupe histologique de l’hypoderme en MO. 2.6.1- Poils et follicules pileux * Le poil, produit par le follicule pileux, est constitué de cellules fortement kératinisées. Chaque poil se compose d‟une moelle centrale, d‟un cortex et d‟une cuticule externe ; il comprend aussi une racine et une tige. La couleur du cheveu indique la quantité et la variété de la mélanine produite. * Le follicule pileux est formé d‟une graine de tissu épithélial renfermant la matrice et d‟une graine de tissu conjonctif, dérivée du derme. Le follicule pileux est abondamment vascularisé et riche en neurofibres. 26 * La vitesse de croissance des cheveux varie selon les diverses parties du corps, l‟âge et le sexe. Les poils n‟ayant pas tous la même longévité, ils n‟ont pas la même longueur sur les diverses parties du corps. Figure 13 : Schéma d’une annexe cutanée 27 2.6.2- Ongles L‟ongle est une modification écailleuse de l‟épiderme qui recouvre la face dorsale du bout du doigt ou de l‟orteil. La région de croissance se situe dans la matrice de l‟ongle. 2.6.3- Glandes sudoriques a- Les glandes sudoriques eccrines : Sont réparties sur la surface entière du corps. Leur principale fonction consiste à maintenir au même niveau la température de l‟organisme (thermorégulation). En microscopie optique, elles apparaissent comme des glandes tubuleuses contournées, formées d‟une seule assise de cellule glandulaires cylindriques autour d‟une lumière étroite. Des cellules myoépithéliales sont présentes à la périphérie ; leur rôle est d‟exprimer le contenu des cellules glandulaires et de le rejeter dans la lumière du tube. Le canal excréteur des glandes sudorales eccrines chemine dans le derme perpendiculairement à la surface cutanée puis traverse l‟épiderme pour déboucher à la surface par l‟intermédiaire d‟un pore. 28 Figure 14 : Coupe histologique des glandes sudorales eccrines à la MO. b- Les glandes sudoripares apocrines : Se trouvent principalement dans les régions axillaires et ano-génito-périnéale. Les glandes apocrines commencent à fonctionner au moment de la puberté sous l‟influence des androgènes : leur rôle n‟est pas encore clairement établi. A la microscopie optique, elles sont tubuleuses, contournées et sont constituées d‟une portion et d‟un canal excréteur. 29 La portion sécrétrice siège dans l‟hypoderme, plus profondément que les glandes sudoripares eccrines. Leur lumière est large. Elles comportent un seul type de cellules glandulaires cylindriques ; entre la membrane basale et les cellules glandulaires se trouve également une assise discontinue de cellules myoépithéliales. Le canal excréteur est formé de deux assises de cellules cubiques. Il vient déboucher dans le conduit pilo-sébacé, en aval de la glande sébacée. Le produit de sécrétion est opaque, gras et alcalin. Il est sécrété sur un mode apocrine : élimination du pole apical des cellules mais les parties basales et moyennes restent e place pour régénérer les éléments perdus. 4- Glandes sébacées : Les glandes sébacées sont présentes sur toue la surface du corps à l‟exception de la paume des mains et de la plante des pieds. Ce sont des glandes exocrines holocrines : leur sécrétion holocrine huileuse est appelée sébum. Il est déversé dans le canal excréteur de la glande sébacée puis le conduit pilo-sébacé. Le sébum lubrifie la peau et les poils, empêche la déperdition d‟eau par la peau et agit comme agent bactéricide. Les glandes sébacées sont activées à la puberté et régies par les androgènes. 30 Figure 15 : Coupe histologique des glandes sébacées. 31 Figure 16 : Schéma montrant les différentes annexes de la peau 32 EPIDEMIOLOGIE 33 1- Le sarcopte scabiei Le sarcopte scabiei variété hominis, parasite responsable de la gale humaine, encore appelé mite de la gale sarcoptique, fait partie de la classe des arachnidés et de l‟ordre acariens. Figure 17 : Sacrcopte Sabiei male et femelle. Adulte, le sarcopte femelle mesure 300 à 400 micromètres, le male 200 micromètres seulement. le parasite adulte possède 4 paires de pattes et un corps aplati, translucide. Chez la femelle, les pattes antérieures sont munies de ventouses. Le dos de l‟acare est garni de spicules. 34 Figure 18 : Femelle de Sarcoptes scabiei (à gauche). Œufs de Sarcoptes scabiei (à droite). La copulation se fait à la surface de l‟épiderme ; le male meurt un ou deux jours après. La femelle fécondée pénètre alors dans la couche cornée de l‟épiderme et creuse un tunnel à la vitesse de 0.5 à 5 mm par jour, surélevant le revêtement cutané et formant ainsi un petit sillon sinueux. Elle continue cette activité pendant toute la durée de sa vie, 30 jours environ. C‟est dans cette galerie qu‟elle va pondre, 48 heures plus tard, une vingtaine d‟œufs, à raison de 2 à 3 par jour. 3 à 5 jours plus tard, ils éclosent ; les larves deviendront adultes en 2 à 3 semaines. Du fait de leur fragilité, 10 % seulement atteindront l‟âge adulte [3] ; par conséquent, le nombre de femelle retrouvées chez un adulte contaminé n „est que 11 ou 12 (seulement 4 % des sujets atteints sont porteurs de 50 femelles) [3]. la population de mites serait limitée en partie par des facteurs tels que l‟hygiène, le grattage et les phénomènes inflammatoires. 35 Le sarcopte male creuse lui aussi de petits sillons de 1 mm de longueur mais reste à la surface en progressant à la vitesse de 1.5 mm par jour. [4] L‟espérance de vie di sarcopte est très courte, c‟est la femelle adulte que l‟on trouve le plus souvent lors de prélèvement. Le sarcopte se loge préférentiellement dans les zones ou la peau est glabre, au niveau de ce que l‟on appelle les « sites d‟élection ». (2/3 des acariens sont retrouvés au niveau des mains et des poignets chez l‟adulte). La topographie de l‟éruption n‟est pas superposable à celle de ces sites d‟élection, car l‟éruption est provoquée en partie par les larves et en partie par des phénomènes de type allergique. [3] Ces descriptions du cycle biologique du sarcopte sont tirées d‟études faites chez l‟adulte. Aucune étude comparable n‟a été réalisée chez l‟enfant à l‟heure actuelle permettant d‟apporter une explication à la physiopathologie particulière de la gale dans cette tranche d‟âge. Cependant, selon NIGUEZ-CARBONELL [5], la période d‟incubation semble plus courte que chez l‟adulte, oscillant entre 7 à 20 jours, et n‟est que de 1 à 4 jours s‟il y a eu une contamination précédente. 2- Transmission La transmission interhumaine du sarcopte se fait le plus souvent par contact direct. Elle est due habituellement aux acariens adultes, bien que les larves et les œufs puissent aussi être responsables. Elle nécessite un contact cutané étroit et prolongé avec un sujet atteint. La transmission par contact indirect, par l‟intermédiaire de la literie et de vêtements, serait rare [6] mais possible [7]. Les cas de gale surviennent habituellement en foyers, le plus souvent chez l‟adulte jeune et l‟enfant, bien qu‟aucun groupe ne soit épargné. La prévalence relativement élevée de la maladie chez les enfants s‟explique par le contact prolongé intime entre eux et les autres membres de la famille [4] La gale est fréquente chez les enfants d‟âge scolaire, mais elle est rarement transmise dans les écoles [3]. Les enfants peuvent être contaminés des activités simples telles que les poignets de mains, les jeux mais surtout par l‟intermédiaire de la literie. 36 Plus un individu est parasité, plus grand sont les risques de transmission. Les épidémies de la gale surviendraient par cycles de trente ans avec un intervalle libre de quinze ans entre la fin d‟une épidémie et le début de la suivante. EPSTEIN [8] à retrouvé dans les cas recensés dans sa clientèle et dans l‟armée, une recrudescence de la gale toux les 15 ans. Il a constaté un pic d‟endémicité en 1920, 1934, 1946, jusqu‟en 1963, on observe une augmentation des cas de gale recensés dans tous pays [7]. Et la raison fondamentale du caractère cyclique des épidémies reste évasive [9]. En fait toutes les conditions qui contribuent à une augmentation des contacts, les guerres, la promiscuité sexuelle, le manque d‟hygiène, le déplacement des populations, la surpopulation, la pauvreté constituent des facteurs favorisant les fluctuations de l‟incidence de cette dermatose. La cause de la pandémie actuelle de la gale reste obscure [3]. L‟immunité pourrait avoir un rôle. Une épidémie se produiserait lorsqu‟un grand pourcentage de gens n‟ont pas été sensibilisés et inversement, elle s‟arrêterait lorsqu‟un grand nombre de gens ont eu un contact. [10] LARREGUE attribue la recrudescence actuelle à l‟afflux de travailleurs extramétropolitains ; l‟atteinte est , en effet plus importante chez les travailleurs étrangers et leur famille, en particulier à cause des mauvaises conditions de logement. Dans cette catégorie de population, il existe une grande proportion de gale infantile. La gale, en fait touche toutes les catégories socio-économiques. Un bon niveau d‟hygiène ne constitue pas une protection. Un aspect particulier de l‟épidémie actuelle est que l‟on observe moins fréquemment les lésions classiques de la gale ; certaines formes cliniques, comme les formes frustres observées chez les gens propres, sont très fréquemment rencontrées et le diagnostic en est beaucoup plus difficile [3]. 37 DIAGNOSTIC POSITIF 38 I- Aspects cliniques de la gale chez l’enfant 1- La gale commune 1.1 les signes de certitude 1.1.1 le prurit Dans la forme classique de la gale, le prurit est le premier signe d‟appel qui motive la consultation. Symptôme principal de la maladie, y compris chez le nourrisson et le nouveauné, il se traduit le plus souvent par une agitation de l‟enfant parfois considérable et non par le grattage classique. Durant l‟examen, l‟enfant frotte ses pieds l‟un contre l‟autre, se gratte avec les mains, frotte ses fesses sur le drap. Cependant, chez le petit nourrisson, l‟absence de prurit est fréquente lors des premiers mois de la vie [11]. Le prurit de la gale est intense, permanent, à recrudescence nocturne et familial. Il débute habituellement en peau saine, mais très rapidement vont apparaitre les lésions spécifiques scabieuses ou non spécifiques, telles qu‟un impétigo. Il apparait 2 à 4semaines après une primo-infection. Cette période de latence correspond au temps nécessaire à la sensibilisation à l‟acare et à ses déjections. Cependant, en cas de réinfestation, le prurit sera plus intense et plus précoce, dans les 24 heures environ, ce qui suggère la notion d‟une réaction d‟hypersensibilité, et ne doit en aucun cas, conduire à répéter les traitements antiscabieux, en raison du risque d‟irritation et d‟eczématisation. Le grattage vigoureux qu‟il induit aboutit à la destruction de nombreux sillons ; ainsi, il interviendrait de façon positive en entrainant une limitation du nombre de parasites. 39 1.1.2 - Le sillon Au sein des excoriations liées au grattage, des lésions de surinfection microbienne et les lésions inflammatoires d‟eczématisation, il faut rechercher un sillon ; il est pathognomonique de la gale. Il correspond à la galerie sous-cornée creusée par le sarcopte femelle à l‟aide de son rostre. Il réalise une courte ligne sinueuse, de 3à 15 mm de long, légèrement acuminée et kératosique au palper, de coloration grisâtre tranchant sur la peau. Une des extrémités est parfois marquée par une vésicule nacrée qui correspond à l‟éminence acarienne ; à ce niveau, se trouve le sarcopte. Dans le cas ou le sillon est peu visible, il peut être individualisé avec un peu d‟encre qui pénètre par capillarité dans le tunnel, ou par grattage à la curette de la lésion qui laisse apparaitre un petit sillon sanglant et sinueux. La recherche attentive du sillon permettra de confronter l‟impression clinique. Malheureusement, celui-ci n‟est présent que chez 5 à 10 % des adultes et des grands enfants, et on l‟observe beaucoup moins lors de l‟épidémie actuelle. Beaucoup de sillons peuvent être détruits par le grattage vigoureux induit par le prurit ou à cause d‟une hygiène très importante. Chez les nouveau-nées et les nourrissons, les sillons sont souvent cutanées surajoutées. Chez l‟enfant, leur localisation est très différente de celle de l‟adulte. Leur découverte au niveau de la paume des mains et de la plante des pieds permet d‟affirmer le diagnostic de la gale. 40 Figure 19 : Des Sillons de gale typiques, siégeant sur une plante du pied chez un nourrisson. 1.1.3- Les vésicules perlées Les vésicules perlées sont des vésicules transparentes, cristallines, saillantes, de 1 à 3 mm de diamètre. C‟est là que s‟effectuerait la mue du sarcopte. On les retrouve au nouveau de la paume des mains et de la plante des pieds chez le nourrisson. Elles peuvent être importantes au point de réaliser des bulles. Leur surinfection donne un tableau clinique de dermatose pustuleuse. 41 Figure 20 : Lésions plantaires à type de vésiculopustules excoriées chez un nourrisson. Sans avoir le caractère pathognomonique du sillon, ces vésicules perlées ont une grande valeur diagnostique chez le nourrisson. 1.2- Lésions cutanées moins spécifiques : 1.2.1- Le prurigo Cliniquement, pendant l‟enfance, les lésions cutanées ne sont pas suffisamment caractéristiques pour pouvoir poser un diagnostic. Les lésions spécifiques, sillons, vésicules perlées, sont le plus souvent accompagnées et modifiées par un prurigo profus formé d‟éléments punctiformes, papuleux ou papulo-vésiculeux très prurigineux. A l‟examen, il 42 existe des éléments d‟âge différent modifiés par le grattage et qui se présentent sous forme d‟érosions punctiformes ou de lésions microcroûteuses. Ces éléments sont visibles su le tronc et sur les membres, les paumes et les plantes. Le cuir chevelu est respecté. 1.2.2- La gale eczématisée Les lésions scabieuses classiques peuvent être modifiées en raison d‟une eczématisation secondaire qui est le fait du grattage et de l‟utilisation de traitement locaux non adaptés. Cette eczématisation est très fréquente chez le nourrisson. Le tableau clinique est celui d‟une dermatose aigue, érythémato-vésiculeuse et suintante, très prurigineuse. Contre le diagnostic de poussée d‟eczéma, on note le respect du visage, l‟atteinte des plis axillaires. En faveur de la gale, il faut rechercher des lésions typiques aux paumes et aux plantes et la notion d‟un prurit ou d‟une éruption cutanée dans la famille [10]. GUREWITCH, en 85, rapporte le cas d‟un nourrisson de 6 mois hospitalisé pour une éruption prurigineuse qui évoluait depuis 3 semaines. A l‟examen, on retrouvait une peau eczématisée en particulier au niveau du tronc, des aisselles, des pieds accompagnée de papules érythémateuses dispersées sur l‟abdomen et sur la face. Le diagnostic de dermatose atopique a été posé et l‟enfant a reçu un traitement à base de TRIAMCINOLONE* per os. Il a été revu 3 semaines plus tard ; l‟éruption eczématiforme avait considérablement diminué mais le prurit persistait de façon importante avec de multiples lésions papulaires et vésiculaires visibles sur les pieds, le tronc, la face. 43 Un interrogatoire plus poussé a retrouvé un prurit chez la mère. Des prélèvements cutanés ont alors mis en évidence, chez la mère, un sarcopte adulte et deux œufs, chez l‟enfant, des déjections d‟acares. 1.2.3- La gale impétiginisée La forme commune de la gale peut également être modifiée par une surinfection secondaire. A l‟examen, l‟enfant présente des lésions bulleuses, pustuleuses et croûteuses d‟impétigo souvent accompagnées de volumineuses adénopathies. Cependant, la localisation pustuleuse aux paumes et aux plantes, au niveau du sillon interfessier, et le caractère de cet impétigo sont inhabituels et font suspecter une gale surinfectée. Cette gale impétigineuse peur se compliquer de glomérulonéphrite aigue post-infectieuse lorsque le germe responsable est un streptocoque néphritogène. La recherche d‟une protéinurie est alors indispensable ainsi que la mise en route d‟une antibiothérapie systématique antistreptococcique. Cette complication est très rare avant 3 ans. 1.3- La topographie des lésions : alors que chez le grand enfant et l‟adulte, l‟atteinte scabieuse tend à se localiser principalement au niveau des espaces interdigitaux, des zones de flexion, des coudes, des poignets, au niveau des aisselles, du pénis chez l‟homme, des aréoles chez la femme, la distribution est très différente chez le nourrisson et le jeun enfant ; les paumes des mains et les plantes des pieds communément, ainsi que la tête et le cou. Les lésions papulo-nodulaires prédominent sur les creux axillaires, le scrotum, le pénis. 44 Figure 21 : Lésions érythémateuses papulo-nodulaires au niveau des OGE chez un enfant. Les vésicules perlées et les sillons se voient sur le tronc et les membres. L‟atteinte du visage est possible à cet âge, probablement en raison du contact prolongé de l‟enfant avec les draps contaminés. HURWITZ [12] rapporte 3 cas d‟atteinte du visage dans la gale chez le nourrisson. HAAS en 87 [13], décrit le cas d‟un nourrisson de 3 mois contaminé à partir des mamelons de la mère au-cours de l‟allaitement et qui a d‟abord développé des lésions papulaires de la face puis une gale généralisée. Cette localisation à la face ne se voit pratiquement pas chez l‟adulte. La différence topographique de la gale chez le nourrisson s‟expliquerait par le fait que la femelle de l‟acare se loge préférentiellement dans les zones ou la peau est glabre. La localisation à la paume des mains et à la plante des pieds chez le nourrisson et le jeun enfant constitue un important indice pour le diagnostic. 45 2- La gale nodulaire La fréquence de la gale nodulaire est, selon ORKIN [3] et GURVITCH [9], de 1 cas pour 15 cas des autres formes de gale. C‟est une forme relativement fréquente du nourrisson alors qu‟elle atteint rarement l‟adulte. 2.1- Clinique Les lésions constituées d‟éléments arrondis, papulo-nodulaires, les nodules scabieux, infiltrés, de coloration violacée, de 3 à 5 mm de diamètre, parfois plus volumineux. L‟épiderme qui les recouvre en surface est finement eczématiforme ou parakératosique. 46 Figure 22 : Lésions du tronc à type de papulonodulaire chez un nourrisson. 47 Les nodules cuivrés siègent préférentiellement au niveau des parties couvertes du corps, creux axillaires, scrotum, périnée, pénis, abdomen, ombilic. Chez le nourrisson, les éléments nodulaires des plis sont nombreux. Leur date d‟apparition est importante à connaitre : chez les enfants, ils apparaissent 1 semaine à 18 mois après l‟installation de la gale. Selon CAMBAZARD [11], ces nodules sont retrouvés dans les cas de gale évoluée et BARALE [14] pense qu‟ils pourraient être dus à la persistance d‟acares morts ou d‟œufs. Ils peuvent persister plusieurs mois un an ou plus, malgré un traitement antiscabieux efficace, laissant place à des nodules post-scabieux de coloration bistre et de surface lisse. (ils peuvent régresser après injection intra-lésionnelle de corticoïde). Il est rare que l‟on puisse retrouver le parasite au niveau des nodules plus d‟un mois après leur apparition. Le diagnostic est souvent porté avec retard. On évoque plutôt une histiocytose X ou un lymphome devant ce tableau clinique. Le diagnostic est facilité par l‟existence concomitante d‟éléments plus typiques de la gale. 2.2- histologie L‟examen histologique du nodule révèle l‟image d‟un pseudo-lymphome, (plus particulièrement une maladie de hodgkin) avec un infiltrat lymphohistiocytaire associé à des polynucléaires éosinophiles, avec un épiderme hyperplasique. L‟histologie des nodules post-scabieux est différente ; l‟épiderme n‟est pas hyperplasique, il existe un infiltrat sous-jacent pauvre en éosinophilies, tandis que dominent des histiocytes monstrueux [15], [16]. 48 En conclusion, la gale nodulaire atteint plus fréquemment les nourrissons et les enfants que les adultes, mais cette forme de gale reste bien mystérieuse quant à son étiopathogénie. 2.3- plusieurs théories ont été proposées * Pour certains, ils s‟agiraient de la persistance d‟un sarcopte très résistant [17]. * Ppour d‟autres, ce serait un acare plus virulent qui pourrait pénétrer plus profondément que d‟habitude et qui serait difficilement atteint par le traitement antiparasitaire. * Ou bien, il existerait une réaction tissulaire persistante à un organisme éliminé par le traitement [18]. * Enfin, il pourrait s‟agir d‟œufs déposés pour certains raisons profondément dans l‟épiderme et qui, de temps en temps, pourraient se transformer en sarcoptes adultes, ce qui expliquerait la récidive de certains nodules. Cette théorie ne peut être retenue car on ne trouve pas de signe de pénétration profonde de l‟acare. Pour PIERARD [4], la gale nodulaire serait le reflet d‟un état d‟hypersensibilité à l‟acare, à ses formes immatures, ou à ses sciballes (déjections). ORKIN [3] constate dans ses observations une augmentation importante du taux des IgE sériques ainsi que LARREGUE [19] qui retrouve dans les gales nodulaires du nourrisson une éosinophilie sanguine fréquente et un taux élevé des IgE plasmatiques. 3- La gale profuse La gale peut être modifiée par une corticothérapie (locale ou générale) qui peut améliorer les symptômes mais ne supprime en rien l‟infection et la contagiosité. 49 Sous traitement stéroïde, la dermatose perd ses aspects spécifiques, elle s‟étend avec profusion des lésions, l‟hyperkératose devient très importante. Le prurit est très discret, voir même absent. Il s‟agit d‟une forme riche de plusieurs contraintes de parasites, très contagieuse. La corticothérapie locale longtemps poursuivie en raison du doute diagnostic joue un rôle dans l‟abaissement de la résistance et dans la prolifération des acares [20]. Associé à cette symptomatologie cutanée, il peut exister des adénopathies disséminées et une hyperéosinophilie sanguine. Cette aspect de gale que l‟on retrouve chez les sujets immunodéprimés ou dans les cas d‟hémiplégie est décrite sous le nom de la gale incognito ou gale inapparente [3]. Elle est à rapprocher de la gale norvégienne ou gale crouteuse (décrite pour la première fois par DANIELSEN et BOECK, en 1948) qui atteint les sujets atteints de maladies hématologiques malignes. Dans le premier âge, la gale norvégienne a été observée essentiellement chez les mongoliens et dans les hôpitaux psychiatriques d‟enfants [3]. 3.1- Clinique Elle se caractérise par des lésions crouteuses et hyperkératosiques qui siègent au niveau des mains, des pieds, des coudes, des genoux, des fesses avec une atteinte dystrophique des ongles. Très vite, apparaissent des lésions érythémato-squameuses psoriasiformes sur le visage, le cou, le cuir chevelu, le tronc. Les lésions peuvent être plus diffuses et réaliser un tableau d‟érythrodermie avec adénopathies. Il existe souvent une hyperéosinophilie avec élévation des IgE [10]. 50 4- La gale sans lésion cutanée (gale du sujet propre) : La gale du sujet propre est une variante de la gale classique qui se voit chez les sujets qui ont des soins d‟hygiène répétés. Sa fréquence est en augmentation au cours de l‟épidémie actuelle. Les bains fréquents contribuent probablement à se débarrasser de nombreux acariens. Il faut rappeler que le savon tue de nombreux acariens adultes. 4.1- Clinique Les signes cliniques peuvent être alors mineurs par conséquent les erreurs de diagnostic sont fréquentes. Les sillons sont très rares, les lésions peuvent passer inaperçues. L‟examen cutané ne montre que quelques macules rouges, punctiformes. Le diagnostic est alors facilité par l‟examen des autres membres de la famille. En cas de doute, l‟efficacité d‟un traitement antiscabieux permet de trancher. 51 II- Diagnostic positif de la gale 1- ELEMENTS CLINIQUES ET EXAMEN DE L’ENSEMBLE DE LA FAMILLE : L‟examen clinique permet de faire d‟emblée le diagnostic de gale lorsque des signes typiques sont retrouvés tels que les sillons palmo-plantaires, les vésicules perlées ou les nodules axillaires, associés à un prurit sévère à recrudescence nocturne. Si l‟examen n‟est pas probant, on doit alors examiner l‟ensemble des membres de la famille ou des sujets en contacts avec l‟enfant, de façon à retrouver la notion d‟un prurit familial contagieux et la présence de sillons scabieux ou autres lésions évocatrices de la gale. Cependant, les signes typiques peuvent manquer ou être modifiés comme c‟est très souvent le cas chez le nourrisson et le jeun enfant, et l‟on doit alors confirmer le diagnostic par l‟identification de l‟acare, de ses œufs ou de ses déjections. 2- EXAMENS BIOLOGIQUES : MISE EN EVIDENCE DE L’ACARE : 2.1- Visualisation des sillons : L‟identification de l‟acare, de ses déjections ou de ses œufs suppose la mise en évidence des sillons scabieux. Lorsque ces derniers n‟apparaissent pas de façon évidente, on peut s‟aider de différentes techniques pour les visualiser. En dehors de la loupe, la méthode la plus précise est le « test à l‟encre ». Elle consiste à appliquer une goutte d‟encre d‟un stylo à plume sur une lésion suspecte 52 et d‟essuyer ensuite rapidement l‟excédent avec un tampon alcoolisé ; l‟encre pénètre par capillarité dans le sillon, faisant apparaitre ainsi une ligne noirâtre. Une autre technique, plus lourde, utilise une solution de tétracycline déposée sur une zone suspecte et laissée en place pendant environ 5 minutes. On lave ensuite à l‟alcool isopropylique. La lésion ainsi traitée est observée à la lumière de Wood ; les sillons deviennent alors fluorescents. 2.2- Visualisation du parasite : a- Une fois que l‟on trouve un sillon intact, le diagnostic définitif nécessite la mise en évidence du parasite. b- L‟acare peut être prélevé au niveau de la partie terminale du sillon à l‟aide d‟une aiguille ou de la lame d‟un bistouri. C‟est une technique très efficace mais qui requiert une certaine expérience. Les grattages cutanés sont plus facilement réalisables mais c‟est une technique beaucoup moins sure. On repère à l‟aide d‟une loupe des papules ou des sillons récents non excoriés. On place sur une lame de bistouri une goutte d‟huile de paraffine ou d‟huile minérale que l‟on fait couler sur les lésions cutanées. On gratte ensuite vigoureusement 6 à 7 fois la papule ou le sillon avec la lame du bistouri. De petites gouttes de sang apparaissent quand le grattage est complet. On place ensuite l‟ensemble, huile et tissus grattés, sur une lame de microscope. Il faut en moyenne étudier 4 ou 5 lésions pour obtenir les meilleurs résultats [9]. La découverte de l‟acare, quel que soit son stade d‟évolution, ou d ses déjections confirme le diagnostic. La biopsie de surface (« scotch test ») est une technique qui peut être réalisée chez le nourrisson et les enfants non coopératifs. Elle consiste à déposer une goutte de cyanoacrylate sur la zone à prélever et à appliquer fermement pendant 30 secondes 53 sur une lamelle de verre ou de matière plastique. 2 ou 3 biopsies de surface répétitive au même site permettent alors de récolter le matériel recherché [4]. 2.3- Les biopsies cutanées : Les anatomopathologistes ont de plus en plus l‟occasion de faire le diagnostic de gale en retrouvant les acariens sur des coupes tissulaires même lorsque le diagnostic n‟était pas soupçonné. Il est souvent nécessaire de pratiquer plusieurs coupes. Les caractéristiques histo-pathologiques des principales formes de gale ont été récemment définies par ACKERMAN. 2.4- Traitement d’épreuve : Malheureusement, dans quelque cas (soins d‟hygiène+++, grattage et excoriations importantes), aucune de ces méthodes ne permet de mettre en évidence l‟acare, et devant la suspicion clinique, un traitement d‟épreuve antiscabieux pourra trancher. 54 Evolution - complication 55 L‟évolution de la maladie après traitement adéquat est bénigne. Il est à noter que certains sujets peuvent se « débarrasser » de l‟infection et guérir spontanément [3]. Cependant, quelque soit l‟agent antiscabieux employé, la persistance du prurit pendant quelque jours est normale et ne doit, en aucun cas, conduire à répéter les applications, en raison du risque d‟irritation et d‟eczématisation. 1- La glomérulonéphrite aigue : En dehors de l‟impétiginisation et de l‟eczématisation, la glomérulonéphrite aigue post-streptococcique reste la complication classique de la gale. Elle est rare avant 3 ans. Les lésions scabieuses peuvent en effet se surinfecter secondairement (toujours faire un prélèvement cutané). La pyodermite qui en résulte tend à détruire les acariens qui survivent mieux sur une peau relativement normale. Mais des souches de streptocoques néphritogènes (béta hémolytique groupe A) peuvent coloniser les lésions scabieuses et provoquer ainsi une glomérulonéphrite aigue. C‟est pourquoi, on vérifiera systématiquement dans de telles complications, l‟absence d‟albuminurie. (faire une protéinurie des 24 heures en cas de surinfection). HERSCH, en 1967, notait que sur 155 enfants qui présentaient une glomérulonéphrite aigue en Afrique du sud, (29 %) avait contracté la gale auparavant [22]. TAKIGUCHI, en 1987 [24], constate que les cas de gale compliquée de glomérulonéphrite aigue ne sont pas très fréquents dans les régions tempérées ; quelque cas sporadiques ont étés décrites à EDINBURGH et en France. Il suggère que le climat tropical et subtropical serait un facteur qui augmenterait la prévalence de la gale dans la glomérulonéphrite. 56 En ce qui concerne les causes de glomérulonéphrite chez les patients atteints de gale, trois hypothèses ont été mises : - La première est partagée par de nombreux auteurs : les souches de streptocoques pyogènes néphritogènes surinfectent les lésions scabieuses seraient particulièrement favorables à la croissance et au développement des souches de streptocoques [5],(24) - Le sarcopte scabiei pourrait, lui-même, être responsable glomérulonéphrite [25]. - Enfin, les agents antiscabieux employés seraient toxiques pour le rein. la première hypothèse semble être la plus probable. 57 de la DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL 58 La gale est, comme l‟écrit ORKIN, un « grand imitateur », terme utilisé autrefois pour la syphilis. Devant des formes cliniques si variables, on peut évoquer toutes les dermatoses prurigineuses mais les erreurs de diagnostic les plus fréquentes de l‟enfant sont : 1- L’acropustulose infantile : C‟est une dermatose rare et peu connue qui atteint le jeune enfant et le nourrisson (dont le début survient surtout dans la 1ere semaine de vie); c‟est une affection bénigne évoluant par poussées, occasionnant parfois un prurit invalidant. Cliniquement il s‟agit de lésions vésiculopustuleuses prurigineuses localisées de manière caractéristique au niveau des paumes et des plantes. Pour certains cette maladie est considérée comme une réaction postscabieuse. Figure 23 : L’acropustulose infantile: vésicules et hyperpigmentation brunatre au niveau latéral de la plante du pied. 59 2- Eczéma atopique : La forme typique de dermatite atopique débute vers 3 mois : Dans 50 à 70% des cas, un parent au 1er degré est atopique (antécédents d'eczéma atopique chez le papa par exemple) La première manifestation d'eczéma atopique du bébé est souvent la sécheresse cutanée , ensuite survient un eczéma des convexités du visage (joues notamment) et des membres. Environ un eczéma atopique du bébé sur deux guérit vers 2 ans. A partir de 2 ans : L'eczéma atopique de l'enfant après 2 ans se transpose plutôt dans les plis (cou, coudes, genoux), les mains et les poignets... Figure 24 : Exemple d'eczema du pli du genou chez un enfant 60 3- L’impétigo : Est une infection superficielle de la peau due le plus souvent à un staphylocoque, parfois à un streptocoque, dans certains cas aux deux bactéries. Il touche le plus souvent des enfants de moins de dix ans en particulier en fin de période estivale. il est souvent situé autour de la bouche et du nez parfois sur les fesses (chez le nourrisson), sur le cuir chevelu, sur les mains et pieds ; se présente d‟abord par des “pustules», généralement de petite dimension, remplies d‟un liquide blanc-jaunâtre , en se desséchant, elles sont remplacées par des croûtes brunjaunâtres, Ces lésions sont souvent groupées en formations arrondies, parfois celles du centre guérissent plus rapidement qu‟en périphérie réalisant un aspect en “anneau”. Figure 25 :Impétigo autour de la commisure labiale droite chez un enfant Figure 26 : Impétigo d’origine streptococcique. 61 4- L’urticaire : Est une dermatose extrêmement fréquente, s'observant à tout âge. Elle se définit comme une éruption papulo-oedémato-prurigineuse fugace dont le diagnostic est facilement posé par l'examen clinique. Figure 27 : Urticaire généralisée chez un nourrison suite à une intolérance au lait de vache Deux grandes variétés sont à distinguer : 1. L‟urticaire commune (superficielle) est de diagnostic facile. C'est une papule œdémateuse ortiée, érythémateuse, de taille variable, fugace, disparaissant en quelques heures, très prurigineuse et réparties sans ordre sur tout le tégument. 62 2. L'urticaire profonde (œdème de Quincke) Le diagnostic différentiel de la gale se fait dans sa forme commune. 5- Prurigo strophulus : Dermatose banale du jeune enfant caractérisée par la survenue de papules urticariennes extrêmement prurigineuses surmontées ou non d'une petite vésicule. Des lésions bulleuses peuvent également se rencontrer. Celles-ci ont tendance à se regrouper et induisent des lésions excoriées. Cette éruption extrêmement prurigineuse est considérée comme une réaction de sensibilité aux piqûres d'insectes et, plus particulièrement, de puces, moustiques et poux ; elle se localise avec prédilection sur les parties découvertes jambes et bras à la fin du printemps et en été. 63 Figure 28 : C’est un prurigo strophulus chez un enfant de 2 ans 6- Dermatite herpétiforme : C‟est une forme particulière de la maladie cœliaque caractérisée par un infiltrat à polynucléaires avec dépôts granuleux d'IgA et de C3 Comprenant : une atteinte cutanée : papules vésiculaires siégeant de préférence à la face d'extension des membres, une atteinte de l‟intestin grêle : atrophie villositaire réversible par le régime sans gluten. 64 7- Dermatite de contact (y compris les dermatites médicamenteuses) 8- Piqure d’insecte : Rarement la maladie de Darier :( ou dyskératose folliculaire) Qui est une maladie héréditaire autosomique dominante, caractérisée par le développement de papules kératosiques dans les régions séborrhéiques et par des anomalies unguéales caractéristiques ; Les sites de prédilection sont les zones séborrhéiques du tronc et du visage : le haut du buste, le dos, les côtés du cou, le front, les oreilles et le cuir chevelu. Souvent, les zones de flexion sont également atteintes (l'aine, les creux axillaires, la région anogénitale). Des papules discrètes peuvent aussi être présentes sur les paumes et les plantes. 9- L’ histiocytose X: Constituent un groupe hétérogène de lésions rassemblant l'ensemble des pathologies du système réticulo-endothélial et qui sont caractérisées par la prolifération et/ou l'activation des cellules histiocytaires. L'histiocytose langerhansienne se rencontre essentiellement chez l'enfant et l'adulte jeune. Le polymorphisme de la maladie est très varié, allant de la forme locale, dont l'aspect le plus typique correspond au granulome éosinophile de l'os, à des lésions généralisées multiviscérales mettant en jeu le pronostic vital. L'atteinte cutanée est fréquente chez le petit enfant. Elle est responsable d'un rash prédominant au niveau du périnée, des plis inguinaux et axillaires, du cou, de la région lombo-sacrée. Le diagnostic avec une dermatite atopique peut être difficile cliniquement. Il peut exister également des lésions papulaires plus discrètes, une atteinte du cuir chevelu. Dans les formes diffuses, il existe des lésions érythémateuses confluentes, parfois surinfectées. 65 10- Lymphome : Nodule avec infiltrat lymphocytaire évoque un lymphome. Ces deux derniers peuvent faire penser à la forme nodulaire de la gale. 66 TRAITEMENT 67 1- Traitement préalable au traitement antiscabieux En cas de complications cutanées, impétigo ou eczématisation, dans un premier temps, un traitement préalable est indispensable ; l‟application directe de la solution antiparasitaire serait trop irritante. Le traitement décapant fait appel aux bains et aux savons antiseptiques (SEPTIVON*BETADINE Scrub) L‟impétigo nécessite un traitement approprié de 8 jours comprenant une antibiothérapie par voie générale( PENICILLINE* ou ERYTHROMYCINE* à la dose de 50mg/kg/jour) et localement , matin et soir , un bain de permanganate au 1/10 000,puis application d‟Eosine* Aqueuse à 2 pr 100 Traitement préalable au traitement antiscabieux et , après séchage , tant que persistent les croutes application de crème BACITRACINE* [10]. L‟eczématisation nécessite les mêmes soins locaux mais en remplaçons l‟EOSINE* par le NITRATE D4ARGENT à 1 pr 100 si les lésions sont suintantes [10]. En 6 à 10 jours , les téguments ne sont plus inflammatoires et le traitement antiscabieux spécifique peut etre appliqué, ( durant cette période, un traitement antiparasitaire par voie générale serait possible (type THIABENDAZOLE :MINDAZOLE* à 25mg/kg/jour pendant 10 jours). 1- Principaux généraux de l’utilisation d’un Scabicide MAIBACH et ORKIN [3] ont défini le scabicide idéal comme devant : « Être efficace en une seule application sur le sarcopte et les œufs. -avoir un pouvoir irritant et sensibilisant le plus faible possible même lors d‟applications répétées. 68 -être rapidement éliminé s‟il franchit la barrière cutanée de façon à avoir une toxicité générale négligeable. -être facile à appliquer, avec un protocole d‟emploi précis. -être agréable sur le plan cosmétique, sans odeur, non salissant pour les vêtements. » Pour que le traitement soit efficace, il doit toujours comprendre trois principes directeurs : -il faut traiter en même le malade et toute la famille. -il faut traiter le parasite et la dermatose [26]. -il faut traiter la peau, les vêtements et la literie. De nombreux produits sont proposés dans le traitement de la gale. Le choix d‟un scabicide doit tenir compte du rapport entre les risques et les bénéfices à attendre du produit choisi. Or le problème se pose en pédiatrie. Du fait des caractéristiques histologiques de la peau de l‟enfant, finesse de la couche cornée de l‟épiderme mais surtout rapport surface/poids, le risque de passage transcutané des substances appliquées est plus important, en particulier au niveau de la région périnéale et du scrotum [27], [28]. Le passage transcutané est d‟autant plus important que l‟enfant est plus jeune [27]. Il existe, de plus, pendant les premières années de la vie, une susceptibilité du système nerveux central, qui explique les effets secondaires neurologiques observés avec certains scabicide. Les modalités d‟application du traitement sont aussi importantes que le choix du produit scabicide lui-même, (qui doit être fonction de l‟âge de l‟enfant et de l‟état cutané) ; elles conditionnent en effet son passage à travers la peau. La plupart des scabicide sont appliqués après une douche ou un bain chaud dans le but d‟hydrater la couche cornée de l‟épiderme ce qui favorise la pénétration du produit. Faut-il suivre la même prescription ? 69 En ce qui concerne la durée de chaque application, elle est classiquement de 24h, LARREGUE et BRESSIEUX conseillent de la limiter à 12h chez l‟enfant [10]. Une seule application serait suffisante en pédiatrie ; c‟est seulement en cas d‟échec, de réinfestation ou de résistance apparente que l‟on pourra alors en prescrire une deuxième. Beaucoup d‟auteurs préfèrent attendre 30jours avant de recommencer un nouveau traitement. Enfin, il faut informer les parents que le prurit peut persister plusieurs semaines voir un mois malgré un traitement efficace, ceci en rapport avec le maintien d‟un état d‟hypersensibilité. Cette persistance ne doit, en aucun cas, conduire à prolonger ou à reprendre les applications. La prescription doit être rigoureuse pour éviter l‟automédication et le surdosage. 2- Les différents agents scabicide proposés chez le nourrisson Nous envisagerons les produits disponibles actuellement en pédiatrie. En France, le traitement de la gale repose pratiquement sur deux produits en raison de leur efficacité et de leur tolérance : l‟Ascabiol*(BENZOATE DE BENZYL) et le SPREGAL (Pyrétnrinoide de synthèse) [11]. En dehors de l‟étude comparative de 5 scabicides faite par AMER chez 85 enfants âgés de 3 semaines à 1 an [29], les données concernant l‟efficacité et la toxicité des produits actuellement commercialisés sont souvent insuffisantes. 3.1- LES PRODUITS SOUFRES : Le soufre a été employé pendant des siècles ; la pommade de HEILMERICH est une des premières préparations utilisées. Il est habituellement prescrit sous forme de préparation à base de vaseline (5 à 10%). C‟est le traitement scabicide proposé par ORKIN chez le nourrisson et le jeun enfant. Cependant l‟emploi de la vaseline soufrée est particulièrement abandonnée en raison de la mise en question de son efficacité et de ses modalités d‟emploi difficile. 70 La préparation est effectivement salissante et son odeur est désagréable. Les effets indésirables sont essentiellement cutanés : irritation et eczéma. Le soufre ne doit pas être utilisé en association avec des composés antiseptiques mercuriels en raison de la formation de sulfure d‟hydrogène, irritant et formant des dépôts noirâtres. 3.2- LE BAUME DU PEROU : Ce produit d‟origine végétale est extrait de l‟écorce de MYROXYLON PERUIFER (légumineuse). Sa composition est complexe et les principes actifs ne sont pas tous identifiés : les éthers benzylciannamique et benzylbenzoique. Les effets secondaires sont actuellement locaux : dermites de contact très fréquentes par sensibilisation à l‟un des constituants. Par ailleurs les applications sur des grandes surfaces présenteraient un risque de toxicité rénale [27], [30]. Le Baume de Pérou* est peu utilisé avant 2 ans. 3.3- LE BENZOCHLORYL* (CLOFENOTANE OU DDT) : Le DDT ou CLOFENOTANE est un des insecticides organochlorés les plus toxiques. Il est utilisé comme antiscabicide depuis 1948 à 6% dans le phtalate d‟éthyle. Son utilisation a été abandonnée aux Etats-Unis en raison de la survenue de nombreux cas d‟intoxication. Une toxicité rénale, hématologique, myocardique et surtout neurologique par stimulation du système nerveux central est possible. Lors d‟exposition chronique, les solvants s‟accumulent dans les graisses et entraient une toxicité hépatique. Il existe, de plus, une possibilité de passage transcutané, bien établie chez l‟animal. Chez le jeun enfant, les risques de toxicité systémique par ingestion ne sont pas négligeables. 71 LANFRANCHI conseil d‟éviter son emploi chez l‟enfant [27]. 3.4- LE LINDANE ( ELONTOLE*-ELENOL*-APHTIRA*) Le gamma benzéne hexachloride ou LIDANE (isomére de l‟éxachlorocyclohexane) est un insecticide organochloré. Il est utilisé en France depuis 1945, seul dans ma poudre ELENTOL* (pour le traitement des phtiriases) ou en association avec l‟amyleine (anesthésique local) dans l‟ELENOL* crème a 1% Son efficacité et sa facilité d‟emploi e en ont fait le scabicide le plus populaire au USA Cepandant de nombreux cas d‟intoxications ont été publiés chez l‟animal comme chez l‟homme. FELDMAN et MAIBACH [30] ont démontré qu‟il existait un passage cutané important. Des études d‟intoxication aigue chez l‟animal et d‟intoxication expérimental chez l‟homme ont mis en évidence une toxicité particulière pour le système nerveux central. [3] PRAMANIK et HANSEN rapportent un cas de convulsions chez un enfant de 4 mois après 24 heures d‟application d‟une crème à 1% de LIDANE [31]. Il existe de plus un risque de toxicité hépatique hématologique et rénale En fait dans les conditions normales d‟utilisation, le LIDANE serait peu toxique. Il n‟existe dans le littérature que peu d‟exemples de toxicité du LIDANE utilisé à dose pharmacologique chez l‟homme. La prudence conseille cependant d‟éviterson emploi en pédiatrie. [32], [27] En cas d‟utilisation, il est impératif de se limiter à une seule application d‟une durée inférieure à 12h Localement, l‟application du LIDANE provoque des dermites de contact et des eczémas. 3.5- L’ASCABIOL* (BENZOATE DE BENZYLE) 72 Le BENZOATE DE BENZYLE se présente sous forme de lotions, soit spécialité (ASCABIOL*), soit préparations magistrales dont les formules sont très diverses. La formule 1/3 de benzoate, 1/3 d‟alcool, 1/3 de savon noir est la plus utilisé et semble etre la plus efficace. Localement le BENZOATE de BENZYLE est irrirant et son application peut etre suivie d‟une sensation de cuisson. Des dermatites allergiques ont été signalées. Sur le plan systémique, l‟atteinte du système nerveux central après ingestion accidentale est possible et se traduit par une hyperxcitabilité et des convulsions. Il n‟existe pas de cas de toxicité par passage cutané chez l‟homme, cependant, il a téé été trouvé que les risques systémiques augmentent lors de l‟application sur une peau excoriée. La présence d‟alcool éthylique en quantité variable dans les préparations n‟est pas négligeable en raison de son passage trans-cutané possible chez les nourrisson. L‟application d‟ASCABIOL* ne sera pas précédée d‟un bain chaud chez le nourrisson (pour ne pas favoriser une pénétration trop importante). Une seule application durée inférieure à 12 heures est suffisante. 3.6- EURAX* Crème (CROTAMITON) Le CROTAMITON a souvent été recommandé comme le scabicide de choix chez le nourrisson, les enfants en bas âges, les femmes enceintes et les patients atteints de maladie du système nerveux. 73 BURNS et HANSEN ont établi les propriétés anti-scabétique du CROTAMITON [33]. Le produit a également des propriétés antiprurigineuses Localement des dermatoses de contact ainsi que des irritations ont été rapportées. Sur le plan systémique ont connais peu de choses sur les effets toxiques chez l‟enfant et sur la possibilité de pénétration transcutanée. ARDITTI et JOUGLARD ont publié un cas de méthémoglobinémie chez le nourrisson de 2 mois (la structure chimique de la molécule qui est un dérivé de la toluédine expliquerait cet accident) [34] Aucun effet secondaire n‟a été rapporté. 3.7- Le SPRAGAL* : Le SPREGAL* est une préparation scabicide à base d‟un pyréthrinoide de synthèse (L‟Esdépalléthrine) (neurotoxique pour les arthropodes, et le Buroxyde de Pipéronyle (inhibiteur des enzymes responsables de l‟élimination des pyréthrinoides chez le parasite). Son excipient permet aux principes actifs de franchir la couche superficielle de l‟épiderme pour atteindre dans son sillon le sarcopte femelle et ses œufs. Il est présenté sous forme d‟aérosol et commercialisé depuis 1984. Il est d‟emploi facile ; pas de bain chaud avant application et une seule pulvérisation suffit (en évitant le visage) ; laissée en place 12 heures, elle permet habituellement de guérir la parasitose. Une publication portant sur 63cas a été réalisée par BELAUBE et LARREGUE [28]; elle a conclu à la bonne tolérance du produit qu‟à son efficacité quasi-constante chez les petits enfants, les grands enfants avec cependant une fréquence de guérison moindre chez les nourrissons. Selon les auteurs, les qualités du produit (bonne tolérance-protocole d‟emploi facile-facilité d‟application) en font une spécialité proche du scabicide idéal défini par ORKIN et MAIBACH. Le SPREGAL* reste cependant cher non remboursé par la sécurité sociale. 74 3.8- LE MINTEZOL* (THIABENDAZOL) : Le THIABENDAZOL est actif per os, et il est intéressant lorsqu‟un traitement local n‟est pas applicable du fait de l‟irritation des téguments. Il a été utilisé avec succès en Amérique latine par HENRIQUE PEREZ [35]. LARREGUE a fait l‟étude chez 12 enfants âgés de 18 mois à 6ans de 10mg/kg/jour pendant 10 jours. Le prurit, sans disparaitre complètement, s‟est estompé à partir du 15ème jour. Dans 3 cas, le THIABENDAZOL n‟a eu aucune action. Le produit permet d‟attendre l‟amélioration de l‟état cutané et l‟application ultérieure d‟un traitement spécifique. 3.9- L’Ivermectine (Stromectol®): À côté de ces traitements topiques conventionnels, le traitement moderne de la gale est représenté par l‟ivermectine (Stromectol®) par voie orale. En France, ce médicament a obtenu récemment l‟AMM dans la gale en prise unique chez l‟adulte et l‟enfant de plus de 15 kg. En cas de poids inférieur, sa sécurité d‟emploi n‟a pas été établie. Ce traitement occasionne très peu d‟effets indésirables dans cette indication, en dehors de cas d‟exacerbation transitoire du prurit en début de traitement. Aucun effet indésirable grave n‟a été décrit dans cette indication. Une étude concluait à une augmentation du nombre de décès chez des personnes âgées [36], mais il y existait des facteurs de confusion et ces résultats n‟ont pas été confirmés par d‟autres études [37]. Aucun effet indésirable grave n‟a été rapporté chez l‟enfant de plus de 15 kg [38]. Deux études, réalisées chez l‟enfant, ont conclu à une efficacité de l‟ivermectine comparable à celle du benzoate de benzyle, avec une meilleure tolérance [39,40]. La première étude randomisée et contrôlée était réalisée chez110 enfants de l‟archipel de Vanuatu. Les taux de guérison étaient de 56 % pour l‟ivermectine versus 51% pour le benzoate de benzyle [39]. La seconde étude [40], qui n‟était pas randomisée, était réalisée chez 58 patients comprenant13 enfants. La résolution du prurit était obtenue chez 93 % des patients ayant été traité par l‟ivermectine versus 48 pour le benzoate de benzyle. L‟ivermectine a également été comparée à la perméthrine. Son efficacité serait inférieure, et cela, en raison de l‟absence d‟effet ovicide de l‟ivermectine [41,42]. Deux études randomisées, réalisées respectivement chez85 et 210 adultes, ont montré qu‟en cas de 75 seconde prise à 15 jours d‟intervalle (schéma hors AMM), l‟efficacité de l‟ivermectine devenait alors équivalente à celle du perméthrine [42] et supérieure au benzoate de benzyle [43]. Quant à l‟association benzoate de benzyle/ivermectine, elle a été peu étudiée : le Vidal la recommande dans la gale profuse ou croûteuse, éventuellement, en association à une seconde prise d‟ivermectine. Une étude non randomisée, réalisée chez 39 patients adultes, VIH positifs, porteurs d‟une gale sévère et croûteuse, a montré que l‟association d‟ivermectine et de benzoate de benzyle était plus efficace (100 % de guérison) que le benzoate de benzyle seul (36 % de rechute et 18 % d‟échec) ou l‟ivermectine seule (57 % de rechute et 33 % d‟échec) [44]. À l‟inverse du traitement local, l‟ivermectine a l‟avantage d‟être remboursée à 65 %. Son prix est de 20,8 D pour une boîte de quatre comprimés (un comprimé pour un enfant de 15 kg minimum). En conclusion : Le traitement de la gale chez le nourrisson et le jeun enfant pose un problème en raison du risque non négligeable de passage cutané des scabicides utilisés et de leurs effets systémiques potentiels. Actuellement, le LINDANE et le BENZOCHLORYL* semblent être les produits à éviter chez le nourrisson ainsi que les préparations de BENZOATE de BENZYLE dont les concentrations sont supérieurs à 10% [27]. Cependant, les risques sont probablement faibles si le traitement est correctement conduit et respecté d‟où l‟importance de la clarté de l‟ordonnance. Il est nécessaire de bien expliquer les modalités du traitement ainsi que la quantité du produit à utiliser. Il n‟existe pas actuellement d‟attitude thérapeutique uniforme. Le tableau résume les différentes modalités de traitement de la gale chez le nourrisson en fonction des auteurs. 3- MESURES ADJUVANTES : Les mesures de prévention personnelle et sociale sont aussi très importantes et sont de deux ordres : 76 -d‟une part, la désinfection soigneuse du linge et de la literie. Un lavage en machine suivi d‟un repassage au fer chaud peut suffire. En cas d‟impossibilité, les habits doivent être saupoudrés de poudre DDT ou de LINDANE (APHTIRIA), et laissée pendant 12 heures dans un sac fermé hermétiquement. On peut également utiliser une pulvérisation d‟APAR* aérosol (pyréthrinoide de synthèse) qui a l‟intérêt d‟être efficace au bout de deux heures seulement. -d‟autre part, traiter tous les membres d‟une communauté dans le même temps, même s‟ils ne présentent aucune symptomatologie apparente. La période de latence avant l‟apparition des symptômes pouvant se prolonger jusqu‟à deux mois, les personnes n‟ayant jamais présenté de gale auparavant peuvent être porteuses d‟acariens bien avant qu‟apparaissent le prurit ou les lésions typiques. Elles peuvent ainsi transmettre la maladie [3]. 4- Traitement de forme particulière de la gale : A- La gale nodulaire : Les nodules scabieux peuvent disparaitre spontanément ou persister plusieurs mois. La plupart des traitements anti-inflammatoires sont inefficaces mais l‟injection intralésionnelle de corticoïdes peut entrainer leur régression. BERG et KROOK rapportent l‟action favorable des injections in sitiu de TRIAMICINOLONE (45). Il est parfois nécessaire de recourir à leur ablation chirurgicale [3]. B- La gale transmise par les animaux : Elle est autolimitée si le contact avec l‟animal ne se prolonge pas. le traitement antiparasitaire suffit. Il est inutile de traiter les sujets non symptomatiques en contact (il n‟existe habituellement pas de transmission interhumaine). 77 MATERIEL ET METHODES 78 Série de 54 cas Sexe : Garçons : 30 cas Filles : 24cas Age : Entre 6mois et 14 ans Origine : Rural : 36cas Urbain : 18cas Niveau socioéconomique : Bas : 34cas Moyen : 17cas Haut : 03cas Aspect de la gale : Gale simple : 18cas Gale surinfectée : 36cas Traitement : A) Médical : 1/Traitement de la surinfection : 79 *antiseptique avec antibiotique par voie local *antibiothérapie par voie générale Durée : 2semaines 2/traitement de la gale : Pour les nourrissons : Ascabiol Pour les petits et les grands enfants : Sprégal B) Hygiène corporel et de la literie C) Eviction scolaire et protection des autres membres de la famille L‟évolution était favorable sous traitement. 80 DISCUSSION 81 La gale est une ectoparasitose due à un acarien Sarcopte Scabiei, cette dermatose contagieuse est très fréquente surtout en milieu Scolaire. Notre étude s‟intéresse spécifiquement à la gale chez l‟enfant ainsi que le nourrisson à travers une série de 54 cas vus à l‟hôpital d‟enfants de rabat avec revue de littérature. 1- Le sexe Les garçons sont plus touchés que les filles. Ce que confirme notre série ou le nombre des garçons atteints dépasse celui des filles : 30 garçons contre 24 filles. 2- L’âge : La gale peut survenir à tout âge ; elle est surtout rencontrée parmi les écoliers âgés de 5 à 12 ans, après 12 ans l'atteinte est plus faible. Plus le niveau scolaire est élevé, moins il y a de cas de gale. Une hygiène corporelle et vestimentaire défectueuse est retrouvée dans 78,81% des cas chez les écoliers atteints avec un partage de couchette à plus de 2 dans 60,47% des cas L‟atteinte des nourrissons (1 à 30 mois) n‟est pas exceptionnelle, en particulier en raison de la fréquence des transferts de populations et des adoptions d‟enfants en provenance de pays en voie de développement. Tout dermatologue, s‟occupant d‟enfants, voit habituellement plusieurs cas de gale du nourrisson par an. L‟âge de nos malades varie entre 6mois et 14 ans. 3- L’Incidence : Le nombre d‟individus infestés dans le monde est estimé à 300millions. Dans certains pays comme l‟inde ou le Bengladesh la prévalence de la gale chez les enfants a pu atteindre 100 % dans certains études, elle est retrouvée jusqu‟à 56 % de la population pédiatrique d‟un service de Dakar, dans les iles Solomon un programme de lutte contre l‟endémie de gale a permis de réduire la prévalence de la gale de 25 à 1%, Aux États-Unis et 82 dans d'autres régions développées du monde entier, la gale se produit dans des épidémies dans les maisons de soins infirmiers, les hôpitaux, les établissements de long séjours, et d'autres institutions. Il est fréquemment observé dans les populations sans-abri, mais se produit épisodiquement dans d'autres populations ainsi Dans les pays développés, comme la France, les cas de gale observés sont des cas sporadiques. Des épidémies peuvent néanmoins survenir dans des milieux sociaux défavorisés ou dans des institutions. La prévalence dans la population générale est basse, à l‟inverse de celle observée dans le groupe des enfants adoptés mal soignés où elle peut atteindre 10 % Dans ce cas, elle varie en fonction de l‟orphelinat et du Pays d‟origine. 4- Traitement : En France, le benzoate de benzyle (Ascabiol) en lotion est le plus utilisé contrairement aux états unis ou le lindane était le traitement de choix, Le traitement repose sur trois volets simultanés : Le traitement du sujet contaminé, des sujets contacts (symptomatiques ou non) et de l‟environnement Chez le nourrisson, les traitements disponibles sont le benzoate de benzyle (Ascabiol®), la pyréthrine (Sprégal aérosol®) et le crotamiton (Eurax crème®). Le limdane (Élenol®) est non recommandé chez l‟enfant de moins de dix ans, du fait d‟un risque de convulsions Quant à la perméthrine, elle n‟est pas disponible en France. Concernant la désinfection du linge et la literie, les mesures sont les mêmes que chez l‟adulte. Ils doivent être changés 24 heures après l‟application d‟Ascabiol® et décontaminés par un lavage en machine à 60◦. Pour le linge non lavable, il est possible de le pulvériser avec un insecticide en poudre, à laisser agir pendant quatre heures ou de Le ranger sept jours dans des sacs hermétiques. Ces pratiques restent peu évaluées. En cas d‟impétiginisation, un traitement antibiotique par voie orale pendant une Semaine est nécessaire (Pénicilline M, Céphalosporine de 1ère génération …) 83 Dans la gale eczématisée, l‟application d‟émollients doit être préférée aux dermocorticoïdes. On note une bonne évolution sous traitement dans tous les cas de notre série, le traitement a reposé essentiellement sur : -les antiscabicides ( Ascabiol et Sprégal) - Antibiothérapie orale et locale pour les cas de gale surinfactée pendant 2 semaines. -l‟Hygiène corporel ainsi que la literie. -l‟Eviction scolaire pour les enfants scolarisés. Et traitement de tous les membres de la famille. 84 CONCLUSION 85 La gale est une maladie contagieuse, se manifestant par des démangeaisons intenses, provoquée par un ectoparasite, Sarcoptes scabiei. C'est une affection très répandue dans le monde (le nombre d'individus infestés est estimé à 300 millions). La transmission par contact humain direct est la plus fréquente, favorisée par la promiscuité. Les nourrissons et les enfants sont particulièrement vulnérables, en raison des contacts physiques étroits qu‟ils entretiennent dans la vie quotidienne avec leurs parents ou avec d‟autres membres de l‟entourage. Du fait de la survie limitée mais possible du parasite en dehors de son hôte, quelques cas peuvent être dus à une contamination indirecte par la literie, les vêtements, ou autres objets en contact avec les personnes infectées. La gale survient par épidémies cycliques dans les collectivités. Les sujets infestés, mais non symptomatiques, sont contagieux en période d'incubation. Les tableaux cliniques sont variables selon l‟âge : Chez le nourrisson Le prurit se traduit initialement par une agitation et des mouvements de contorsion du bébé pour se frotter le dos, puis surviennent les lésions de grattage. Elles peuvent s'étendre sur tout le corps. Les lésions palmo-plantaires sont caractéristiques. Les lésions secondaires par surinfections sont souvent au premier plan, atteignant le visage, et sont en général polymorphes : prurigo, impétigo croûteux, eczéma. Chez l‟enfant : la scabiose est surtout prévalente chez l‟enfant de moins de 2ans, au-delà le tableau clinique se rapproche à celui de l‟adulte ; les sillons scabieux les vésicules perlées des mains et les nodules scabieux des organes génitaux ou des creux axillaires peuvent manquer, les lésions secondaires non spécifiques sont en fait plus fréquentes : stries de grattage, papules excoriées, lichénification, eczématisation, impétigo. Le diagnostic essentiellement clinique est souvent difficile. Le prurit, la notion de contage, et l'emplacement des lésions sont les éléments majeurs du diagnostic de gale commune. 86 Dans les formes cliniques atypiques et/ou en l'absence de contexte épidémique évocateur, l'examen parasitologique au laboratoire pour mettre en évidence le parasite, répété si nécessaire, est la référence : un grattage à la curette ou au vaccinostyle, sur plusieurs sites, sillon, papule, nodule, permet de recueillir des sérosités ou des squames, que l'on dépose entre lame et lamelle pour examen microscopique. Les sarcoptes adultes, les œufs et les larves, peuvent ainsi être repérés. Des résultats faussement négatifs sont fréquents quand les lésions ont été grattées. Il ne faut pas craindre de répéter l'examen plusieurs fois. Le traitement de la gale concerne le malade, sa literie, ses vêtements, et son entourage proche Le sarcopte restant localisé dans la couche cornée de l'épiderme, le traitement est local au moyen de pesticides. Le benzoate de benzyl (Ascabiol*) lotion à 10% prescrit en badigeon sur la peau encore humide, après un bain tiède. Certains auteurs recommandent deux badigeons à 10 min d‟intervalle, ou encore 2 applications à 24 heures d‟intervalle voire à 1 semaine d‟intervalle. Selon l‟âge de l‟enfant on proposera : Chez le nourrisson : une application unique de 6 à 12h maximum, du produit pur ou éventuellement dilué dans deux ou 3 volume d‟eau. Chez l‟enfant de plus de 2 ans : une application à garder 12-24h puis à renouveler à 24h d‟intervalle. La pyréthrine (Sprégal* aérosol) est pulvérisée une seule fois, puis rincée 12h plus tard, ce produit peut être utilisé à partir de l‟âge de 6mois, il est contre indiqué en cas d‟asthme connu et doit être utilisé dans un endroit ventilé Le lindane (scabecid* crème fluide) est utilisé sur une peau froide et sèche, puis rincé 6h après chez l‟enfant, ce produit est contre indiqué avant l‟âge de 2ans et chez la femme enceinte ou allaitant, le traitement peut être renouvelé 1 semaine plus tard. 87 Le crotamiton (EURAX*) crème appliqué pendant 24h, 2jours de suite et moins efficace que les autres traitements, mais pourrait être utile dans les nodules scabieux de l‟enfant de plus de 30 mois. L‟Ivermectine (Stromectol®) est hors AMM actuellement et doit étre réservée aux échecs thérapeutiques. Dans la gale impétiginisée de l‟enfant, un traitement antibiotique est impératif, actif sur le streptocoque et le staphylocoque doré, pour réduire le risque de survenue de glomérulonéphrite postscabieuse. Un traitement émollient après la fin des applications du produit scabicide permet de réduire le prurit. La gale eczématisée est traitée par une corticothérapie locale courte (4-5jours). Un traitement par antihistaminique (anti-H1) peut être utile en cas de prurit insomniant. Le patient doit être traité, ainsi que les personnes de son entourage proche, même en l'absence de signes cliniques. Les vêtements et la literie devront être lavés à 60'C, voire à l'eau bouillante. Les vêtements et objets non lavables (oreillers, matelas, coussins etc.), devront être traités avec un désinfectant antiparasitaire sous forme d'aérosol. (A-Par, par exemple, qui est un produit à base de pyréthrine). Notre travail se base sur l‟étude d‟une série de 54 cas notifiée à l‟hôpital d‟enfant de Rabat avec revue de littérature. L‟âge de nos malades variait entre 6mois et 14 ans, les garçons étaient plus touchés que les filles (30 garçons contre 24 filles). Les malades présentaient de la gale surinfectée sont plus nombreux que ceux qui sont atteints de gale simple (36 cas de gale surinfectée contre 18 cas de gale simple) 88 On note une bonne amélioration sous Scabicides (Sprégal* ou Ascabiol) et sous antibiothérapie pour ceux qui souffraient de gale surinfectée, en association avec un traitement des autres membres de la famille, désinfection des vêtements de la literie et l‟éviction scolaire pour les enfants scolarisés. 89 RESUMES 90 RÉSUMÉ Titre : la gale chez l’enfant et le nourrisson. Auteur : Mariam AMACHOU Mots clés : gale, enfant, nourrisson, épidémiologie, clinique et traitement. La gale est une dermatose cosmopolite prurigineuse et contagieuse due à un acarien Sarcoptes scabiei, C'est une affection très répandue dans le monde, La transmission est directe lors d’un contact cutané ou par l’intermédiaire de vêtements ou de la literie. La gale de l’enfant et du nourrisson se caractérise cliniquement par des grains perlés et de sillons sur les paumes des mains et les plantes des pieds ou par la présence de lésions nodulaires axillaires. Les prélèvements sont difficiles à réaliser et le diagnostic repose le plus souvent sur la clinique et la notion de contage familial. Les scabicides modernes sont particulièrement efficaces mais il faut tenir compte chez le nourrisson du risque bénéfice ; le passage transcutané n’est en effet pas négligeable. L'éradication passe par une prise en charge correcte, avec traitement de toutes les personnes susceptibles d'être contaminées et la désinfection de l'environnement proche. Notre étude porte sur 54cas de gale : 18 cas présentent une gale simple, et 36 cas gale surinfectée. L’évolution sous scabicides et antibiothérapie (pour la gale surinfectée) a donné des résultats satisfaisants chez tous les malades. 91 ABSTRACT Title: Scabies in children and infants. Author: Mariam AMACHOU Key Word: Scabies, children, infant, epidemiology, clinical and treatment. Scabies is an itchy, contagious skin disease cosmopolitan due to a mite Sarcoptes scabiei, it’s a widespread condition in the world, the transmission is direct from contact with skin or through clothing or bedding. Scabies of infants and children is characterized clinically by a pearled grain and furrows on the palms and soles of the feet or the presence of nodular lesions axillary. The samples are difficult to perform and the diagnosis is usually based on clinical findings and the notion of contagion family. The modern scabicides are particularly effective but must be considered in infants risk benefit, the transcutaneous passage is indeed not negligible Eradication requires a correct treatment, with treatment of all persons likely to be contaminated and disinfect the surrounding environment. Our study treat 54 cases of scabies: 18 cases have simple scabies, and 36 cases have superinfected scabies. The evolution under scabicides and antibiotics (for superinfected scabies) gave satisfactory results for all patients. 92 ملخص العنوان :الجرب عند األطفال الكاتب : والرضع. اماشو مريم كلمات البحث : الجرب ،األطفال ،الرضع ،علم األوبئة ،األعرض السريرية ،العالج. الجرب مرض جلدي معد منتشر على الصعٌد العالمً مسبب للحكة ،تسببه طفٌلٌة تدعى سوس الجرب . ٌنتقل بطرٌقة مباشرة عبر الجلد أو عبر المالبس واألسرة. ٌتمٌز الجرب عند األطفال والرضع بوجود مدورة وأخادٌد على الراحتٌن وأخمس القدمٌن أو بوجود آفات عقدٌة ابطٌة. ٌعتبر إجراء عٌنات صعبا فً حٌن أن التشخٌص ٌتركز أساسا على األعراض السرٌرٌة وإنتقال المرض داخل نفس األسرة . أدوٌة الجرب الحدٌثة فعالة ولكن ٌجب األخذ بعٌن االعتبار نسبة الفوائد و المخاطر عند الرضع وال ٌجب االستهانة بإمكانٌة المرور عبر الجلد . ٌتطلب القضاء على الجرب التكفل السلٌم ،مع عالج جمٌع األفراد القابلة للعدوى وتعقٌم المحٌط المحلً تتعلق دراستنا ب 45-حالة جرب منها 81حالة جرب عادي و 63-جرب متطورة . بالنسبة ( تم الحصول على نتائج مرضٌة عند المرضى ألدٌن خضعوا للعالج عن طرٌق مكافحة الجرب والمضادات الحٌوٌة ) للجرب المتطور 93 BIBLIOGRAPHIE 94 [1] - Michel JANIER , Hist.Sci.Méd., 1994 , 28 . histoire du sarcopte da la gale [2]-LAMCHAHAB FATIMA EZZAHRA, DERMATITE ATOPIQUE DANS SA FORME COMPLIQUEE CHEZ L'ENFANT, thèse de médecine de la faculté de médecine et de pharmacie de Rabat, Num de thèse : M1272008 . 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Je maintiendrai par tous les moyens en mon pouvoir l'honneur et les nobles traditions de la profession médicale. Les médecins seront mes frères. Aucune considération de religion, de nationalité, de race, aucune considération politique et sociale ne s'interposera entre mon devoir et mon patient. Je maintiendrai le respect de la vie humaine dés la conception. Même sous la menace, je n'userai pas de mes connaissances médicales d'une façon contraire aux lois de l'humanité. Je m'y engage librement et sur mon honneur. قضٌ أبقراط بسن هللا السحواى السحين أقسن باهلل العظين فً ٕذٓ اىيحظت اىتً ٌتٌ فٍٖا قب٘ىً عض٘ا فً اىَْٖت اىطبٍت أتعٖذ عالٍّت: بأُ أمرس حٍاتً ىخذٍت اإلّضاٍّت. ٗأُ أحترً أصاتذتً ٗأعترف ىٌٖ باىجٍَو اىذي ٌضتحقّ٘ٔ. ٗأُ أٍااا س ٍْٖتااً باا٘اضم ٍااِ رااٍَري ٗصاارفً ضاااعال ااحت ٍرٌضااً ٕااذفً األٗه. ٗأُ ال أفشً األصرا اىَعٖ٘دة إىً. ٗأُ أحافظ بنو ٍا ىذي ٍِ ٗصائو عيى اىشرف ٗاىتقاىٍذ اىْبٍيت ىَْٖت اىطب. ٗأُ أعتبر صائر األطباء إخ٘ة ىً. ٗأُ أقااً٘ باا٘اضبً ّحاا٘ ٍرراااي بااذُٗ أي اعتبااا دٌْااً أٗ ٗطْااً أٗ عرقااً أٗ صٍاصً أٗ اضتَاعً. ٗأُ أحافظ بنو حزً عيى احتراً اىحٍاة اإلّضاٍّت ٍْذ ّشأتٖا. ٗأُ ال أصااتعَو ٍعيٍ٘اااتً اىطبٍاات بطرٌااب ٌضاار بحقاا٘ه اإلّضاااُ ٍَٖااا القٍا ٍااِ تٖذٌذ. بنو ٕذا أتعٖذ عِ ماٍو اختٍا ٍٗقضَا بشرفً. وهللا على ها أقىل شهيد. جامعة محمد الخامس كلية الطب والصيدلة بالرباط أطسوحت زقن222: سٌـت 4232 : الجرب عند األطفال والرضع أطروحة قدهت وًىقشت عالًيت يىم ..............................: من طرف السيدة : مريم أماشو املزدادة يف 90 :شتنرب 4091بسال لـنـيـل شـهـادة الـدكـتـوراه فــي الطب الكلمات األساسية :جرب – طفل ورضيع – إبدميولوجيا – سريرية – عالج . تحت إشساف اللجٌت الوكىًت هي األساترة اىضٍذ :عبذ اىعاىً بْتٍٖيت ئٍش أستاذ في طب األطفال اىضٍذة :فاطَت ضابٌ٘رٌل ٍشرف أستاذة هبسشة في طب األطفال اىضٍذ :اىتٖاًٍ بْ٘صاُ أستاذ في طب األطفال اىضٍذ :اٍبا ك عبذ اىحب أستاذ هبسش في جساحت األطفال أعضاء