L`actualité de l`Agence Française de Lutte contre le Dopage
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L`actualité de l`Agence Française de Lutte contre le Dopage
CNOSF L’actualité de l’Agence Française de Lutte contre le Dopage Robert BERTRAND Secrétaire général de l’AFLD L’AFLD, autorité publique indépendante, définit et met en œuvre les actions de lutte contre le dopage. À cette fin, elle collabore avec l’Agence mondiale antidopage, avec les organismes reconnus par celle-ci et avec les fédérations sportives internationales. L’article 232-5-I du Code du sport fixe le cadre légal de l’activité de l’Agence. Son action en 2011 et 2012 est en adéquation totale avec le cadre fixé. S’agissant de sa compétence générale d’harmonisation en matière disciplinaire, les choix fait par la loi du 5 avril 2006 ont été confirmé à l’occasion de l’examen d’une récente proposition de loi. Etait concernée la répression distincte des trafiquants et des réseaux - qui est de nature pénale - et des sportifs - qui est de nature disciplinaire. En matière disciplinaire, l’Agence exerce une compétence subsidiaire et complémentaire de celle dévolue aux fédérations. Le passeport biologique a été inséré le 12 mars 2012 dans notre législation pour entrer en application le 1er juillet 2013. C’est une avancée essentielle qui donnera à l’Agence des moyens adaptés à l’évolution des nouvelles formes de dopage. Un comité sera chargé de définir les modalités d’instauration du profil biologique dans le délai d’un an. Sur le plan financier, l’Agence a bénéficié en 2011 et 2012 du même montant de subvention qu’en 2010, ce qui lui a permis de maintenir son niveau d’activité. L’Agence a cependant dû faire appel à son fonds de roulement pour faire face à l’augmentation de ses coûts. Sa situation demeure donc précaire dans une période où des contraintes budgétaires importantes pèsent sur les finances publiques. L’instauration par l’État d’une ressource affectée pérenne serait un gage de la continuité des efforts consentis par la France dans la lutte antidopage. L’affectation d’une part du produit de la taxe sur les droits de retransmission télévisée des événements sportifs serait une bonne solution. S’agissant de la mission de l’AFLD en matière de contrôle, le Collège de l’Agence a adopté le programme annuel de contrôle le 6 janvier 2011. Le Département des contrôles avait pour objectif de doubler, voire tripler les contrôles sanguins. En 2011, plus de 2 600 prélèvements de ce type ont été effectués. Les profilages qui ont été réalisés préfigurent le passeport biologique sur la base de la détection indirecte du dopage. En 2011, l’Agence a renoué avec la Fédération cycliste internationale et elle a ainsi contrôlé le Tour de France et plus de soixante compétitions cyclistes. Cette collaboration devrait se poursuivre en 2012. Paris, les 2 et 3 mars 2012 42 CNOSF En matière de localisation, l’Agence a appliqué les nouvelles règles nationales harmonisées avec celles du code mondial étendant les contrôles de localisation des sportifs du groupe cible (450 sportifs), et à eux seuls, à la période des vacances annuelles. En matière d’analyses, l’AMA a envisagé de détacher administrativement de l’Agence française le laboratoire d’analyse de Châtenay-Malabry. Cette exigence a finalement été écartée étant donné que l’indépendance scientifique et technique du laboratoire suffit, selon le nouveau standard international des laboratoires, à garantir son impartialité. Le 14 avril 2011, le collège de l’Agence a pris une délibération pour aménager le délai de conservation de huit ans des échantillons prélevés Ce délai est désormais modulé entre trois mois et huit ans suivant l’importance des compétitions et l’appartenance ou non au groupe cible des sportifs sur lesquels ils ont été prélevés. Le coût de la conservation des échantillons a conduit à définir une politique de destruction raisonnée des échantillons. S’agissant de sa mission disciplinaire, l’activité de l’Agence a augmenté de 50 % en 2011. Le rapport d’activité contient une synthèse des décisions intervenues. En ce qui concerne les autorisations d’usage à des fins thérapeutiques (AUT), le décret du 16 décembre 2010 prévoit qu’à compter du 1er janvier 2011, l’AFLD n’enregistre plus les AUT concernant le salbutamol, le salmétérol et les glucocorticoïdes par voie locale. Les sportifs qui bénéficient de traitements contenant ces substances sont invités à conserver leurs justifications thérapeutiques. Quant aux déclarations d’usage reçues depuis 2011, une lettre rappelant qu’elles n’ont plus d’existence légale est systématiquement envoyée aux intéressés. En matière d’avis, l’activité de l’Agence s’est fortement développée. Celle-ci est entrée dans une ère de consolidation de son assise juridique. Le 14 avril 2011, le Collège a donné un avis pour proposer d’ouvrir une voie de recours devant la juridiction administrative compétente à un organisme sportif international dans les mêmes conditions qu’à l’AMA. Le 26 mai 2011, le Collège a donné deux avis. Le premier concernait la coopération de l’Agence avec les autres agences nationales et les fédérations internationales. Le second portait sur l’extension des échanges d’informations avec ses homologues étrangers. Les avis de l’Agence ont été entendus par le Ministre et par le Parlement. Ainsi, l’Agence dispose d’un fondement juridique légal pour échanger des informations avec les ONAD et contrôler, si nécessaire, des manifestations sportives se déroulant hors de France. Le 27 octobre 2011, le Collège avait donné un avis sur l’intérêt d’introduire dans notre législation le passeport biologique sous réserve de garanties appropriées. L’AMA ayant en effet mis en évidence les limites des contrôles directs, elle a invité les ONAD à détecter, non pas tant les substances prohibées, que leurs effets sur l’organisme. Paris, les 2 et 3 mars 2012 43 CNOSF Le Parlement a inscrit ce principe dans la loi sur l’organisation des manifestations sportives. Comme cela a déjà été noté, le passeport biologique sera donc bientôt mis en œuvre. Le 14 avril 2011, le Collège a donné un avis sur l’arrêté fixant la liste des substances de nature à modifier les capacités des animaux participant à des compétitions sportives. Le 29 septembre, le Collège a donné un autre avis sur le projet de décret relatif à la coopération en matière de lutte contre les trafics. Le 15 décembre enfin, un avis a été rendu sur le projet de formulaire destiné à l’obtention d’une autorisation parentale pour tous les prélèvements invasifs lors du contrôle antidopage d’un mineur. En matière de prévention et de recherche, la nouvelle rédaction du 12° du I de l’article L. 232-5 donne pleine compétence à l’Agence. Pour autant, aucun budget supplémentaire ne lui est encore associé. S’agissant des contenus, le Comité d’orientation scientifique (COS) a proposé de financer dix nouveaux projets de recherche. Sur le plan international enfin, l’Agence s’est associée aux activités internationales, notamment pour l’élaboration de la liste des méthodes et substances. Elle a également collaboré avec certaines fédérations internationales (rugby, natation, athlétisme, etc.) dans l’organisation des contrôles lors des compétitions. L’année 2011 a bien montré qu’une efficacité accrue est atteinte en matière de contrôle lorsque les parties unissent leurs efforts. Chaque année, le rapport d’activité de l’Agence est remis au gouvernement et au Parlement et rendu public. À ce stade, nous pouvons nous féliciter que la lutte antidopage fasse l’objet d’un large consensus politique. L’entrée de la lutte antidopage dans le paysage audiovisuel devrait contribuer à élargir au grand public les préoccupations de la représentation nationale. Questions-réponses avec l’amphithéâtre Docteur Jean-Michel SERRA, Fédération française d’athlétisme Quelle est la position de l’Agence par rapport aux contrôles qui se déroulent pendant des compétitions ? Je pense notamment aux prélèvements sanguins réalisés juste avant un cross et qui peuvent être problématiques pour les athlètes. Je m’interroge par ailleurs sur les risques de contrôles positifs liés à la disparition des déclarations d’usage à des fins thérapeutiques. Robert BERTRAND Je précise que les sportifs qui suivent des traitements autrefois couverts par les déclarations d’usage n’ont pas fait l’objet de sanctions. L’important est que les sportifs conservent leurs justificatifs thérapeutiques et puissent ainsi lever tout soupçon en cas de contrôle positif. Il est possible que des fédérations aient de leur côté engagé des poursuites, mais rien de tel ne nous est remonté. Paris, les 2 et 3 mars 2012 44 CNOSF S’agissant des contrôles sanguins, nous évitons de contrôler juste avant le début d’une compétition des sportifs qui seraient sensibles à de tels prélèvements. Cependant, les quantités prélevées sont si faibles qu’elles ne peuvent pas avoir d’impact sur la performance des sportifs. Il est admis que de tels prélèvements puissent dans certaines disciplines avoir des répercussions sur le plan psychologique. Dans le parachutisme par exemple, nous préconisons qu’aucun test ne soit effectué avant le départ car les sportifs ont besoin de se concentrer. Néanmoins, cette position relève seulement de la recommandation car le Code mondial antidopage n’interdit pas les prélèvements avant le départ. Paris, les 2 et 3 mars 2012 45