I. Le découpage du système productif
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I. Le découpage du système productif
LE SYSTEME PRODUCTIF (4) 1 I. Le découpage du système productif Un système productif peut être défini comme l’ensemble structuré des unités de production qui créent des biens et des services destinés à satisfaire les besoins individuels ou collectifs. Pour obtenir une représentation du système productif, il faut au préalable regrouper les unités de production en ensembles homogènes selon un ou plusieurs critères : activité, taille… A. L’analyse par activité L’analyse par activité peut être menée de manière plus ou moins fine selon le degré de regroupement. 1. Les trois grands secteurs de l’économie Depuis Colin Clark et Jean Fourastié, les économistes ont l’habitude de regrouper les activités en trois grands secteurs. Secteurs Description Primaire Activités de l’agriculture et de la pêche, Secondaire Industrie, bâtiments et travaux publics Tertiaire Commerce, transports et télécommunications, services marchands (réparations automobiles, hôtellerie…), services non marchands (rendus par les administrations publiques). Depuis le début de la révolution industrielle, et plus encore de puis la fin de Seconde Guerre mondiale, la contribution des trois secteurs en termes de valeur ajoutée et d’emplois s’est considérablement modifiée dans tous les pays développés. Les services marchands et non marchands réalisent ensemble plus de 68 % de la valeur ajoutée, avec une progression importante des services marchands. L’industrie connaît une régression régulière et contribue pour moins d’un tiers à la richesse produite. L’agriculture ne représente plus que 2,5% de la valeur ajoutée. 2. Les secteurs et branches au sens de la comptabilité nationale Ces deux notions recouvrent également un regroupement d’activités, mais avec un découpage plus fin que le précédent. La comptabilité nationale distingue ainsi des nomenclatures à seize ou quarante catégories de produits. Un secteur regroupe l’ensemble des entreprises qui ont la même activité principale, même si les entreprises sont diversifiées et ont des activités secondaires. La notion de secteur est plutôt utilisée lorsqu’il s’agit d’analyser le comportement des entreprises en termes de performances ou de mode de financement (rentabilité, taux d’autofinancement…), c’est à dire d’analyser des domaines où il est nécessaire d’appréhender l’entreprise dans sa totalité. Une branche regroupe des unités de production (fraction d’entreprise, en général des établissements) qui fabriquent la même catégorie de produits. La branche a donc, par définition, un contenu homogène et convient aux analyses en terme de production (connaître la valeur ajoutée créée par la branche automobile a un sens, alors que connaître celle créée par le secteur automobile en a peu, puisqu’elle comprend également de la valeur ajoutée concernant d’autres activités). 3. La tertiarisation de l’économie Cette expression exprime l’importance du secteur tertiaire dans l’économie. certains auteurs emploient la notion de « société postindustrielle » pour situer cette évolution sur le plan historique et insister sur le déclin de l’industrie. pourtant la réalité ainsi décrite est très hétérogène, et le secteur tertiaire regroupe des activités fort diverses : coiffure, restauration, spectacles, vacances, transports, télécommunications, services informatiques, éducation, crèches… B. L’analyse par la taille Il s’agit de regrouper des entreprises en trois catégories dénommées « petites », « moyennes » et « grandes ». ce découpage permet de fournir une certaine image du système productif : quelles sont la place et l’évolution des PME, des grands groupes dans le système productif français ? LE SYSTEME PRODUCTIF (4) 2 1. Les critères de taille Le choix d’un critère de taille n’est pas évident, car une entreprise peut être plus grande qu’une autre selon un critère, le CA par exemple, mais être plus petite si l’on se réfère au nombre d’emplois. Les critères de taille généralement utilisés sont les suivants : - L’emploi : c’est un des critères les plus répandus. Il sert par exemple à définir les PME et à fixer les seuils sociaux (obligation d’avoir des délégués du personnel pour les entreprises de plus de dix salariés). Il présente cependant plusieurs inconvénients. Il n’est pas homogène : l’emploi de cinquante ouvriers ou de cinquante cadres n’a pas la même signification. Il est faussé par l’intensité capitalistique : deux entreprises peuvent produite une quantité égale de biens avec un rapport capital/travail très différent. - Le chiffre d’affaires : il représente le montant de la production vendue par l’entreprise. Toutefois, il intègre les consommations intermédiaires nécessaires à la production qui sont fabriquées par d’autres firmes. - La valeur ajoutée : elle correspond à la richesse créée par l’entreprise. la valeur ajoutée est généralement considérée comme le critère le plus pertinent. - Les capitaux propres : ils sont composés du capital, des réserves et du résultat de l’exercice. Mais, selon les activités et la stratégie de la firme (politique d’endettement), le montant des capitaux propres peut être très variable. 2. Le poids des PME dans la structure productive Il n’existe pas de définition normalisée des PME, le seuil généralement retenu est de cinq cent salariés. Trois traits principaux peuvent les caractériser : - Poids économique : les PME représentent 99% du nombre d’entreprises, 56% de la valeur ajoutée et 66% du nombre d’emplois. - Dynamisme : les PME disposent de structures plus souples permettant une réponse plus efficace et plus rapide aux variations du marché. Elles sont créatrices d’emplois, alors que les grands groupes ont tendance à licencier. - Des faiblesses spécifiques : les PME sont plus sensibles aux variations de la conjoncture (baisse de la demande…) et souffrent de problèmes de gestion (notamment en matière de trésorerie). Les PME forment un ensemble très hétérogène qui comprend à la fois des filiales de grands groupes et de toutes petites entreprises, des firmes fortement exportatrices ou centrés sur un marché local, de haute technologie ou traditionnelles… II. Le système productif et les structures de marché Le système productif n’est pas un système figé. Il connaît au contraire un mouvement perpétuel de transformation, impulsé principalement par les jeux du marché et la stratégie de croissance des entreprises. A. Les structures de marché Elle constituent une caractéristique essentielle du système productif. Entre la concurrence, l’oligopole, le monopole et tous les niveaux intermédiaires, les secteurs connaissent des situations très diverses Tableau de Stackelberg OFFREURS Un seul vendeur Un seul acheteur Monopole bilatéral Quelques uns Un très grand nombre Monopsone contrarié Monopsone Monopole contrarié Oligopole bilatérale Oligopsone Quelques uns Un très grand Monopole Oligopole Concurrence parfaite nombre La concentration économique est un bon indicateur de la structure des marchés. Elle représente le poids des plus grandes entreprises dans leur secteur. DEMANDEURS LE SYSTEME PRODUCTIF (4) - - 3 Les secteurs les plus concentrés : ces secteurs représentent non seulement la distribution de l’électricité et du gaz (monopole nationaux), mais aussi les secteurs de l’extraction de fer et métaux non ferreux, du charbon, des fils et fibres artificiels et synthétiques, su tabac et de l’armement, dont les quatre premières entreprises réalisent plus de 90% du CA du secteur. Les secteurs les moins concentrés : ce sont principalement le bâtiment, l’imprimerie, le textile, l’ameublement, la viande et la boulangerie. D’ailleurs, les quatre premières entreprises réalisent moins de 10% du CA du secteur. B. L’influence des concentrations et restructurations d’entreprises La stratégie de croissance des firmes est fondamentale pour expliquer l’évolution des structures de marché. 1. Les modalités juridiques Ces modalités sont de deux natures : - Des accords de regroupement d’actif : ils concernent les opérations de fusion, d’absorption et de prise de participation. - Des accords contractuels : accords de partenariat (impartition), ententes, cartels… La superposition de ces modalités aboutit aujourd’hui à la constitution de véritables « firmes réseaux ». 2. Les motifs de la concentration Les motivations qui inspirent les regroupements d’entreprises sont nombreuses. Leur logique est le plus souvent de trois ordres. Logique Objectifs Rationaliser la production Industrielle Contrôler la distribution ou l’approvisionnement, diversifier la production et réduire Commerciale les risques, conquérir des parts de marché par croissance externe. Dégager des ressources financières, profiter d’une opportunité « conglomérale ». Financière 3. Les effets sur le système productif Les opérations de concentration aboutissent à un renforcement de la taille moyenne des entreprises, nécessaire pour affronter la concurrence internationale. De nombreuses restructurations affectent particulièrement les secteurs faiblement concentrés comme le commerce, le transport routier ou les services informatiques. Sous l’effet des stratégies de recentrage des grands groupes, c’est toutefois dans le secteur des biens d’équipement que les restructurations sont les plus nombreuses. L’internationalisation de la production et de la concurrence a accru le poids des entreprises étrangères. Le premier résultat de l’accentuation des mouvements de concentration et de restructuration est de réduire la concurrence. C. Le secteur public Le poids du secteur public en France est particulièrement important et représente une spécificité du système productif par rapport à ceux des autres pays industrialisés. Cette importance s’est forgé dans l’histoire par des vagues successives de nationalisation puis de privatisations. 1. Les nationalisations Le processus de constitution du secteur public s’est largement opéré par vagues brutales à la suite de bouleversements historiques. LES GRANDES VAGUES DE NATIONALISATIONS Après la Première Guerre Mondiale Gestion des biens allemands confisqués par le traité de Versailles, Création de sociétés d’économie mixte dans certains secteurs essentiels (Compagnie française des pétroles) Participation au financement de l’économie (Crédit national, Crédit Agricole). Crise des années trente Participations dans les grandes entreprises touchées par la crise (compagnie générale transatlantique, Air France, SNCF) LE SYSTEME PRODUCTIF (4) Front populaire (1936) Contrôle des grands secteurs clés de l’économie (banque de France, industrie d’armement). Après la seconde guerre mondiale (1946) Contrôle des secteurs clés de l’économie (nationalisation des quatre grandes banques, des assurances, des Charbonnages, EDF et GDF). Confiscation de biens pour collaboration (Renault) 1981-1982 Contrôle des grandes entreprises occupant une position dominante (CGE, Thomson-Brandt, St Gobain…) Contrôle du financement de l’économie (nationalisation de trente huit banques et compagnies financières). L’objectif principal des dernières nationalisations était de constituer un puissant ensemble bancaire et financier appuyant un fort secteur industriel, présent dans les technologies de pointe, pour mener une politique industrielle volontariste. Les entreprises publiques devaient être un moteur de la croissance économique et préserver l’emploi. 2. Les privatisations La présence de l’État dans le secteur productif est remise en cause à partir des années quatre-vingt : que ce soit aux États-Unis, en GB, au japon et même dans les pays en développement, d’importants programmes de privatisations sont mis en chantier. En France, les privatisations sont entamées en 1986-1987 (St Gobain, Paribas, TF1…), mises partiellement en sommeil de 1988 à 1992, puis relancées à partir de 1993 (BNP, UAP, ELF, Renault…) Les privatisations présentent les avantages suivants : - Une stratégie déterminée par le marché et non par l’État, - Un financement plus aisé par le recours au marché des capitaux, - Une internationalisation facilitée. La présence de l’État dans le secteur productif en France reste élevée toutefois la poursuite du programme de privatisation devrait encore la réduire. III. L’internationalisation du système productif Le système productif connaît un mouvement d’internationalisation croissant. Ce mouvement emprunte deux directions : les exportations et les délocalisation 4