[avign - 4] blp/vaucluse/depart/30.pages 21/02/13

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VAUCLUSE
Jeudi 21 Février 2013
www.laprovence.com
Tous à cheval sur la qualité
SCANDALE ALIMENTAIRE Producteur de bœuf bio ou boucher chevalin, ils dénoncent le système des circuits
BIO EXPRESS
BIO EXPRESS
Installé à la ferme des Blancas,
au Thor, et dans le Cantal, Frédéric Croizet, est le seul éleveur
de bœuf "bio" du Vaucluse. Au
Thor, il produit l’alimentation
(foin, luzerne et céréales) nécessaire pour engraisser son cheptel : 90 vaches, bœufs et génisses, veaux de race Aubrac. La
viande qu’il produit est vendue
en direct au consommateur.
Chez lui la traçabilité du produit est totale.
Benjamin Gemilly (27 ans), rêvait d’être... graphiste. Par dépit, puis par plaisir, il est devenu boucher, reprenant la boutique du 15, bd Jules-Ferry à Avignon. Il n’a pas ôté l’enseigne
"boucherie chevaline", même
s’il vend majoritairement du
bœuf ou de l’agneau. Dernier
"chevalin" de la ville, il a une
clientèle fidèle, vend en moyenne, 100kg en une dizaine de
jours et se sert dans le Gard.
"Je trouve malheureux
que Findus n’achète
pas sa viande en France
(...) Comme si l’Arabie
Saoudite achetait son
pétrole en Iran."
LE TÉMOIGNAGE
Frédéric Croizet éleveur de bœuf "bio" au Thor et dans le Cantal comme Benjamin Gimelli, dernier boucher chevalin d’Avignon réclament
davantage de traçabilité.
/ PHOTOS ARCHIVES A.E. ET VALÉRIE SUAU
de Frédéric Croizet, éleveur de bœuf "bio" au Thor
"On espère que cette affaire aura un effet
positif sur la promotion de la vente directe"
❚ Que pensez-vous du scandale actuel ?
C’est une bonne chose pour nous les éleveurs
"bio" qui faisons de la vente directe. ll montre les
aberrations de ce marché international de
l’agro-alimentaire. C’est fou qu’une entreprise française commande des plats cuisinés à base de bœuf
à une société luxembourgeoise qui elle-même commande à une autre entreprise française (NDLR :
Spanghero) passant par des traders pour trouver la
matière première. Il ne faut pas s’étonner que le
bœuf vienne de pays étrangers, de l’Est notamment, qui n’ont pas les contraintes des exploitations françaises soumises à une réglementation
très sévère. Je trouve malheureux que Findus
n’achète pas sa viande en France. C’est un peu comme si l’Arabie Saoudite achetait son pétrole en Iran.
Vous réclamez plus de transparence dans
l’étiquetage ?
L’origine de la viande devrait être connue et marquée très visiblement sur les produits transformés.
Les consommateurs feraient leur achat en connaissance de cause. Les producteurs de viande "bio",
espèrent que cette affaire aura des conséquences
positives sur la promotion de la vente directe. En
réduisant les intermédiaires, nous arrivons à propo-
ser une viande de très bonne qualité à des coûts
accessibles. Nous vendons le kilo de bœuf à 13,90¤,
sous forme de colis de 6 kg comprenant des morceaux sur toute la bête : des steaks, du rosbif, du
bourguignon, du pot-au-feu... Nous sommes moins
chers qu’en boucherie et même qu’en grande surface, car notre seul intermédiaire c’est l’abattoir.
L.P. : La viande de cheval a mauvaise presse surtout en Angleterre ou le scandale a été révélé.
Je ne suis pas comme les Anglais qui font du sentimentalisme. Quand on aime le cheval, il faut en manger
pour sauver des races comme les chevaux de trait.
Mais l’évolution des habitudes alimentaires fait
qu’on consomme de moins en moins la viande de cheval et les prix ont tendance à baisser. En Roumanie,
ils se sont effondrés depuis que les chevaux ont
l’interdiction de circuler sur les routes. La différence
de prix entre le bœuf et le cheval a attisé des convoitises de gens sans scrupule qui ont trompé les consommateurs. Dans cette affaire, les producteurs de viande n’y sont pour rien. Ce scandale éclabousse les grandes marques qui font appel à des traders pour trouver leurs matières premières à moindre coût. C’est le
monde de la finance qui est concerné.
ZOOM SURLesétudiantssolidaires
Propos recueillis par O.LEMIERRE
LE COMMENTAIRE
"Ils ont dû mettre
beaucoup de produits
chimiques dans ces
plats, parce que la
viande de cheval (..) a
un goût identifiable."
de Benjamin Gimelli, boucher chevalin à Avignon
"À force de vouloir baisser
les prix de revient, ça devait arriver"
❚ Que pensez-vous du scandale actuel ?
Franchement ? Ca devait arriver ! Vous allez comprendre très vite : les usines (comme Spanghero
Ndlr), sont contraintes par la filière, à avoir des
prix de revient toujours plus bas. Alors fatalement,
quand on sait que le cours du bœuf ne cesse
d’augmenter et que celui du cheval s’est effondré,
on comprend qu’à un moment, quelqu’un soit tenté
de mettre un peu de cheval. Évidemment c’est choquant, mais je suis sûr qu’il y en aura d’autres. Ce
qui me dérange surtout, c’est qu’ils ont dû mettre
beaucoup de produits chimiques dans ces plats, parce que la viande de cheval, qui a un PH un peu supérieur à celle du bœuf, a un goût identifiable, très
net. Et puis, entre nous : les bons morceaux sont à
l’arrière, et ils se négocient environ 7¤ le kg. S’ils
l’ont eu à 2¤, c’est donc l’avant et des bas morceaux.
❚ Vous réclamez plus de transparence dans
l’étiquetage ?
Oui. C’est toujours important. Mais c’est très
compliqué : dans les supermarchés où j’ai travaillé par exemple, on mélange pour certains produits, les origines. On ne va pas énumérer sur
l’étiquette toutes les races ! Il est vrai que le
contact direct, avec le boucher, permet tout de
même, davantage de clarté. Mais je ne suis pas
optimiste pour les produits qui ont causé le scandale : ce sont des usines qui font vivre des villes.
On ne va pas les fermer comme ça au risque de
mettre 300 personnes au chômage ! Moi, avec
mes trois emplois, en cas de problème sanitaire,
pas de discussion : un souci et je ferme !
❚ La viande de cheval a mauvaise presse surtout en Angleterre où le scandale a été révélé.
C’est vrai. D’ailleurs, ici, ça a été longtemps une
viande de pauvre, parce qu’elle était moins chère.
Mais c’est une viande de qualité, que je vends
d’ailleurs, tenez pour la tranche de tende, 4 cts de
moins que la même pièce de bœuf (19,95¤ le kg).
Ici, franchement, ça a fait plutôt rire : il y a tellement de scandales alimentaires de nos jours ! Vous
savez, on a une clientèle fidèle, de gens qui savent
que le cheval est une très bonne viande, et de plus
en plus, je me dis que le fait d’avoir gardé mon enseigne "chevaline", n’est pas un souci. D’abord parce que je suis le dernier en ville. Ensuite parce que
la clientèle, dans un quartier, sait qu’on vend de
tout. Et qu’on connaît l’origine.
Propos recueillis par S.ARIÈS
69eCONGRÈS DE LA FDSEA AUJOURD’HUI À ORANGE
Une nouvelle réforme de la Politique
Agricole Commune inquiète les agriculteurs
Aline, Carole, Adrien et Marie tous étudiants de l’université d’Avignon
en licence professionnelle "Tourisme et Économie Solidaire" ont prêté main-forte à Matthieu Méniolle, agriculteur à Venelles pour le montage de deux serres. Une opération effectuée dans le cadre des chantiers solidaires "éco-paysan".
/ PHOTO DR
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LA PROVENCE
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Prendra-t-il la présidence de
la Chambre d’Agriculture de
Vaucluse ? Ou pas. Telle est la
question qui hante aujourd’hui
bien des consciences paysannes. Derrière cette interrogation se cache un homme, un
des leaders du syndicalisme
agricole qui, sur près de trente
années d’actions, de tractations et de négociations a sérieusement fait bouger les lignes de l’agriculture vauclusienne. Cet homme, ce professionnel n’est autre qu’André Bernard, l’actuel président de la
FDSEA de Vaucluse.
À l’occasion du 69e congrès
du syndicat agricole qui se tiendra ce jeudi après-midi à Orange (salle Alphonse-Daudet), toute la profession attend une réponse. Car, selon certaines indiscrétions, le leader de la tête
de liste FDSEA (liste arrivée en
tête aux dernières élections de
la chambre d’agriculture) serait
partagé entre opter pour la présidence de la Chambre départementale, ou choisir la présidence de la Chambre régionale
d’agriculture à Aix-en-Provence. Réponse, peut-être, ce jeudi
après-midi...
Dans l’attente, on ne devrait
pas assister à de grandes révolu-
UNE MÉDAILLE
La chute du nombre d’exploitations de fruits et légumes au cœur
des préoccupations du 69 e Congrès de la FDSEA.
/ PHOTO LP
tions de palais au sein du bureau de la FDSEA. André Bernard (sauf surprise) devrait
conserver la présidence.
L’agriculture
méditerranéenne
et la PAC
En revanche, et là, la patte André Bernard, une nouvelle fois
s’exprime. Autour d’une table
réunissant diverses personnalités du monde agricole dont
Jean-Michel Lemétayer, ancien
président de la FNSEA, Thomas
Montagne, président de la
Confédération Européenne des
Vignerons Indépendants ou encore Gérard Roche, vice-président de "Légumes de France", il
sera question de l’avenir de la
Politique Agricole Commune
(PAC).
Un sujet hautement sensible
qui est aujourd’hui en pleine
phase de négociation avec une
nouvelle réforme appelée à
s’appliquer pour la période
2014-2020. Un dossier d’une telle sensibilité que les agricul-
À l’issue du congrès, André Bernard, président de la FDSEA de
Vaucluse, sera décoré de la médaille de Chevalier de l’Ordre
National du Mérite. C’est
l’ancien président national de
la FNSEA, Jean-Michel Lemetayer qui lui remettra la décoration. Avant cette remise de médaille, le préfet de Vaucluse,
Yannick Blanc, devrait intervenir. Interviendra également à
cette occasion le maire
d’Uchaux, Joseph Saura qui prononcera un petit discours en
l’honneur de son concitoyen.
teurs méditerranéens ne cachent plus leurs inquiétudes. À
commencer par le bureau vauclusien de la FDSEA et plus particulièrement les branches maraîchères et arboricoles, qui rappellent : "Lors du recensement
général de l’agriculture en 2010,
les chiffres sont sans appel. Alors
qu’en 10 ans, les exploitations céréalières ont progressé de 30 %,
en Vaucluse, le nombre
d’exploitations fruits et légumes
a chuté de 30 % !"
Hervé AUJAMES

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