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N° 8
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Animaux de compagnie
Médecine et chirurgie
Gestion des kystes folliculaires
chez la chienne
D.R.
Unité de reproduction
Ecole vétérinaire d’Alfort
>> Reproduction
Un allongement du pro-œstrus sera
observé lors d’un kyste produisant seulement des œstrogènes. En revanche, les
kystes sécrétant des œstrogènes et de la
Photo n° 1
Alopécie sur
une chienne
présentant
un kyste
folliculaire.
Les kystes folliculaires sont des structures
sphériques à paroi fine (de taille variable),
persistant dans l’ovaire et produisant des
œstrogènes (photo n° 1).
Kyste folliculaire sur une chienne.
Image échographique d’un kyste folliculaire. CERCA/ENVA
Les signes cliniques
lors de kystes folliculaires
Les signes cliniques découlent de l’imprégnation œstrogénique continue.
Le principal motif de consultation lors de
kystes folliculaires est une modification
du cycle œstral et plus particulièrement
un allongement de la durée des chaleurs.
Le kyste folliculaire entre donc dans le
diagnostic différentiel lors d’une imprégnation œstrogénique continue chez une
chienne (lire encadré).
Photo n° 2
CERCA/ENVA
De nouvelles techniques
médicales et chirurgicales ont fait leur
apparition dans la gestion des kystes
folliculaires de la chienne. Une meilleure
prise en charge des chiennes reproductrices présentant ce type d’atteintes ovariennes est ainsi possible.
Qu’est-ce qu’un kyste
folliculaire ?
progestérone (kyste folliculaire dont la
paroi s’est partiellement lutéinisée) peuvent induire, selon la proportion de ces
différentes hormones, un pyomètre, un
CERCA/ENVA
Aurélien GRELLET
Photo n° 3
>> GROS PLAN
Diagnostic différentiel d’une imprégnation
œstrogénique continue chez la chienne
Apport exogène en œstrogènes
Œstrogènes d’origine endogène
- Léchage ou contact avec des crèmes
pour ménopause
Causes fréquentes
- Substituts hormonaux à base d’œstrogènes, utilisés dans le traitement
de l’incontinence de castration
- Sécrétion œstrogénique persistante
par les ovaires
- Tumeur ovarienne
- Kyste folliculaire
- Ovaire rémanent
Les Cahiers Pratiques
Causes rares
- Shunt porto-systémique
- Oophorite lymphocytaire idiopathique
(inflammation ovarienne)
- Monosomie chromosomale (77, XO)
(anomalie au niveau des chromosomes
sexuels : femelle d’aspect normal mais
avec un appareil génital non développé). A.G.
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Animaux de compagnie
Conduite à tenir devant un kyste ovarien (D’après [2])
Le traitement des
kystes folliculaires
nécessite la prise
en compte de l’état
général de la chienne,
de son statut reproducteur ainsi que du
nombre de kystes
présents.
Kyste ovarien
Chienne non reproductrice
Chienne reproductrice
Ovariectomie
Ponction-aspiration folliculaire
Contrôle une fois par semaine pendant trois semaines
Frottis vaginal
Œstrus persistant
Metœtrus
Contrôle aux chaleurs suivantes
Récidive
Traitement chirurgical : hémi-ovariectomie
Exérèse chirurgicale du kyste
Récidive
œstrus ou un anœstrus apparent. D’autres
modifications du cycle œstral, comme un
intervalle inter-œstrus anormalement court
ou une progestéronémie entre 1,5 et 6
ng/ml (valeur de l’ovulation) qui n’évolue
pas pendant 3-4 jours au cours d’un suivi
de chaleurs doivent faire penser à un kyste
folliculaire.
Les œstrogènes bloquant la phase de
croissance folliculaire pilaire, une alopécie non prurigineuse symétrique bilatérale
du cou, du tronc et de la zone périnéale,
associée à une hyperkératose et une lichénification de la peau, peut être observée
lors d’une imprégnation œstrogénique
anormalement prolongée dans le temps
(photo n° 2).
Les kystes folliculaires peuvent être responsables d’infertilité. En effet, la sécrétion d’œstrogènes durant les premiers
jours suivant l’ovulation perturbe le mouvement des ovocytes au sein des oviductes ainsi que leur implantation dans
l’utérus. Une involution utérine insuffisante
résultant d’un intervalle interœstrus court
peut être également responsable de l’infertilité.
Une aplasie médullaire liée au caractère
myélotoxique des œstrogènes peut survenir lors d’une imprégnation œstrogénique
prolongée. Une anémie non régénérative,
une leucopénie ou une thrombocytopénie
liées à cette myélotoxicité peuvent entraîner cliniquement une pâleur des muqueuses,
de la léthargie, des pétéchies, de l’épistaxis, de l’hématémèse, du méléna et/ou
une hématurie.
Pas de récidive
Contrôle aux chaleurs suivantes
Récidive
Diagnostic des kystes folliculaires
Le frottis vaginal est le premier examen à
pratiquer lors de suspicion de kyste folliculaire. Une imprégnation œstrogénique,
même modérée, se traduit par une différentiation et une kératinisation (cornification), au moins partielle, des cellules de
l’épithélium vaginal. La réalisation d’une
cytologie vaginale permet de mettre en
évidence ces cellules kératinisées et donc
de confirmer l’imprégnation œstrogénique.
La visualisation d’au moins 20 % de cellules superficielles kératinisées suffit à
Photo n° 4
CERCA/ENVA
Pas de récidive
Examen échographique des ovaires
Les Cahiers Pratiques
Pas de récidive
prouver que l’organisme est soumis à une
imprégnation œstrogénique.
L’échographie ovarienne est le principal
examen non invasif dans le diagnostic du
kyste ovarien. Les follicules pré-ovulatoires
normaux mesurent entre 4 et 9 mm de
diamètre, les kystes fonctionnels sont
généralement de plus grande taille et ainsi
plus facilement visualisables. La présence
d’une cavité anéchogène de grande taille
(généralement supérieure à 8 mm) dans
le stroma ovarien ou d’une structure anéchogène plus petite mais persistante dans
le temps permet de poser un diagnostic
de kyste ovarien (photo n° 3).
Multiples kystes ovariens.
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Animaux de compagnie
Les kystes folliculaires étant dans
32 % des cas bilatéraux, une échographie
des deux ovaires est nécessaire. L’utérus
sera également visualisé afin d’exclure les
complications éventuelles de pyomètre ou
d’hyperplasie glandulokystique de l’utérus.
Comment traiter
Chez certaines chiennes, le traitement du
kyste n’est pas nécessaire. En effet, dans
certaines situations, une atrésie spontanée
ou une lutéinisation complète peut être observée. Cette régression spontanée doit être
objectivée via la réalisation de frottis vaginaux, d’échographies abdominales et de
dosages de progestérone. Si une régression
spontanée n’est pas rapidement observée,
la mise en place d’un traitement médical ou
chirurgical s’avère alors nécessaire.
Traitement médical
L’administration d’hormone gonadotrope
(hCG) (30 UI/kg IM) a longtemps été utilisée
sur les chiennes de reproduction de manière
à lutéiniser les kystes folliculaires. Une lutéolyse secondaire à l’aide de cloprosténol
(Estrumate ND 1 µg/kg IM) était réalisée 48
heures après.
Médecine et chirurgie
Certains auteurs ne recommandent plus leur
utilisation. En effet, la lutéinisation du kyste
folliculaire est souvent partielle, entraînant
souvent une imprégnation concomitante en
œstrogène et en progestérone de l’utérus.
Les effets de la progestérone sur l’endomètre étant amplifiés lors d’hyperœstrogénisme, il existe une augmentation accrue de
l’incidence d’hyperplasies glandulokystiques
et de pyomètres dans les semaines qui suivent ce traitement.
Une nouvelle stratégie thérapeutique a fait
son apparition : la ponction-aspiration échoguidée du kyste. Cette technique consiste
à réaliser une ponction échoguidée du kyste
(aiguille 18G) sous anesthésie générale ou
sous tranquillisation et à aspirer l’ensemble
de son contenu. Elle est efficace et peu invasive mais une réapparition du kyste dans
les jours qui suivent ou au prochain cycle
est à prévoir dans 40 à 60 % des cas.
La réalisation d’un dosage de l’œstradiol
contenu dans le liquide de ponction ainsi
qu’une analyse histologique est conseillée
de manière à confirmer que le kyste ponctionné était bien un kyste folliculaire sécrétant et d’exclure une cause tumorale.
CERCA/ENVA
CERCA/ENVA
Photo n° 6
Photo n° 5
Photo n° 7
Ponction du kyste folliculaire. Suture de la bourse ovarique.
Conclusion
Le traitement des kystes folliculaires
nécessite la prise en compte de l’état
général de la chienne, de son statut reproducteur ainsi que du nombre de kystes
présents. De nouvelles techniques médicales (ponction aspiration échoguidée) et
chirurgicales (kystectomie) permettent
actuellement le traitement des kystes ovariens tout en conservant le potentiel reproducteur de la chienne. ■
CERCA/ENVA
Visualisation de l’ovaire.
Traitement chirurgical
Une imprégnation œstrogénique persistante pouvant engendrer une anémie centrale (arégénérative, caractérisée par l’absence de réticulocytes) par destruction de
la mœlle osseuse, la réalisation d’une formule sanguine est nécessaire avant toute
intervention chirurgicale curative.
Le traitement de choix pour une chienne
non destinée à la reproduction lors de
kystes folliculaires est l’ovariectomie ou
l’ovariohystérectomie quand l’utérus est
endommagé (hyperplasie glandulokystique-pyomètre). Ce traitement sera également préconisé sur toute chienne présentant de multiples kystes ovariens
bilatéraux (photo n° 4 page 3).
Le traitement chirurgical le plus couramment utilisé sur les chiennes de reproduction présentant un kyste unilatéral est
l’hémi-ovariectomie.
Actuellement, une nouvelle technique chirurgicale est utilisée sur les chiennes de
reproduction : la kystectomie [1]. L’ovaire
est abordé par le flanc de manière à limiter les tensions sur le pédicule ovarien et
permettre une manipulation plus facile.
Une incision aux micro-ciseaux de Bonn
de la face médiale de la bourse ovarique
est réalisée de manière à visualiser l’ovaire
(photo n° 5). Le kyste est alors ponctionné
à l’aide d’une aiguille 23 G (photo n° 6)
puis disséqué par son plan de clivage à
l’aide d’une loupe, aux ciseaux de Bonn.
L’ovaire est ensuite replacé dans sa bourse
et une suture de celle-ci est réalisée à
l’aide d’un ou deux points simples d’un
monofilament résorbable non tressé
(Biosyn ND 4-0 ou 5-0) (photo n° 7).
Cette approche permet de préserver les
deux ovaires et donc le plus grand nombre de follicules possibles. Elle nécessite
cependant une plus grande expérience
chirurgicale du fait de la petite taille des
structures anatomiques et du risque
hémorragique important.
Les Cahiers Pratiques
[1] Lévy X, Fontaine E, Grellet A et al. Surgical cysts
removal: a new technique for the treatment of ovarian
cysts in the bitch. In proceeding of the 5th Annual symposium of EVSSAR, Estoril, Portugal, 2007, pp 120.
[2] Fontbonne A, Levy X, Fontaine E, et coll. Guide pratique de reproduction clinique canine et féline. Paris :
Med’Com, 2007 : 272pp.

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