fiche analyse capa
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GRILLE D'ANALYSE D'UNE ŒUVRE : MORT D’UN SOLDAT REPUBLICAIN DE ROBERT CAPA « Si vos photographies ne sont pas bonnes, c'est que vous n'étiez pas assez près du sujet » R. Capa 1/ IDENTIFIER -titre, auteur, date de création, nature de l'œuvre (dessin, peinture, sculpture, photographie, installation, architecture, film...) dimensions, lieu de production, puis d'exposition. - Endre Ernö Friedmann, dit Robert Capa ( 1913 - 1954 ), photojournaliste (photographe réalisant des reportages), juif américain d'origine hongroise. - Date de prise de vue : 5 septembre 1936. - Technique : Photographie - Dimensions : 31,8 x 45,5 cm - Genre : Reportage de guerre - Lieu d’exposition : Publié la première fois dans le magazine Vu, en 1936. Puis en France (Regards, Ce soir) à l’étranger (Weekly Illustrated à Londres ; Life aux ÉtatsUnis). -Sujet, thème de l'œuvre. Mort d’un soldat républicain, appelée aussi Mort d’un milicien est une photographie de reportage. Elle représente la mort, présentée comme réelle et prise sur le fait, de Federico Borrell García, un anarchiste combattant dans les rangs républicains durant la guerre d'Espagne. Cette photo a immédiatement provoqué des débats, notamment sur le fait de savoir si elle a été mise en scène. -Style (figuratif / abstrait / impressionniste/ cubiste…) Capa a réalisé ici l’une des premières photographies représentant la mort « en direct » avec une terrible proximité et sans mise à distance : c’est un instantané, qui produit un effet de réel. 2/ SITUER Contexte historique, politique : indiquer l'époque de création de l'œuvre : évènements culturels, politiques ; qui l’a commandée et pourquoi ; comment le public l’a reçu. Juillet 1936 : la guerre civile éclate en Espagne, elle oppose les Républicains à la junte militaire nationaliste du général Franco. Contexte artistique : appartenance à un courant, un mouvement...Quelques éléments de biographie de l’artiste. - Endre Ernö Friedmann est expulsé de Hongrie en raison de ses opinions politiques. - Arrivé à Paris en 1933 il adopte le pseudonyme de Robert Capa. Fréquentant le milieu artistique de Montparnasse, il se lie d’amitié avec André Kertész qui lui fait prendre conscience des extraordinaires possibilités offertes par un nouveau genre d’appareil photographique : le Leica. - Août 1936, il quitte Paris afin de photographier le conflit armé qui vient d’éclater en Espagne. Ce conflit marque à la fois la naissance du photoreportage de guerre – l’implication de l’opérateur au cœur même du combat, à ses risques et périls – et celle du style personnel de Capa qui se caractérise par des gros plans, un intérêt marqué pour les regards et une volonté de se trouver toujours au plus près de l’action, allant jusqu’à prendre part aux opérations militaires. Il soutient les républicains, son arme est son appareil-photo. Il perd sa compagne, Gerda Taro, en 1937, tuée lors de la guerre. - Par la suite, Robert Capa photographie d’autres conflits historiques toujours avec la même force visuelle et la même puissance psychologique : - La résistance chinoise à l’invasion japonaise (1938) - La seconde guerre mondiale en Europe (1939-1945) - La première guerre israélo-arabe (1948) - La guerre d’Indochine (1954) - Fuyant le nazisme, il s’installe aux États-Unis en 1939. Huit ans plus tard, il y fonde l’agence Magnum avec trois autres photographes dont son ami Henri CartierBresson. - Il est tué par l’explosion d’une mine au cours d’un reportage en Indochine en 1954. 3/ DECRIRE Qu’est-ce qui est représenté avec précision : sujet, personnages, objets (combien, qui, où, en bas, en haut, à droite, au centre, à gauche, au premier plan, à l’arrière-plan…) et comment ? (Format , composition, techniques et matériaux utilisée par l'artiste, composition, plans, cadrage, couleurs, touche...) Sujet : fauché par une balle, un soldat espagnol s’écroule dans un pré, sur le front de Córdoba (à une dizaine de kilomètres au nord de Cordoue). C’était le 5 septembre 1936, il s’appelait Federico Borrell García et était âgé de 24 ans. À cette même seconde, Robert Capa, jeune photoreporter de 23 ans, vraisemblablement couché dans une tranchée à quelques mètres de lui, saisit la scène, transformant ce soldat anonyme en une icône des martyrs de la Guerre. Ce cliché représente le soldat, en chemise blanche, s’effondrant après avoir été touché par une balle. L’homme armé est arrêté net. Prêt à lâcher son fusil, il va tomber en arrière, les bras en croix. Le paysage à l’arrière-plan est désert. Les trois-quart de l’image sont occupés par un ciel légèrement nuageux, en bas s’étendent des plaines. L'ombre portée permet de situer la prise du cliché en début ou fin de journée. L'homme est photographié seul, en pied, en légère contre-plongée, ce qui indique la proximité du photographe. Le cadrage : l’homme n’est pas centré, ce qui montre que Robert Capa a été surpris et qu’il a déclenché son appareil rapidement, par réflexe, sans désir de composer la scène. C’est un instantané. L'effet de flou peut renvoyer aux conditions de la prise de vue, à l'histoire vivante en train de se faire. Le flou du paysage devient rapidement la signature esthétique du photojournalisme. L’émotion liée à l'événement vécu devient supérieur à la valeur esthétique. 4/ INTERPRETER Quel est le message lié à l'œuvre ? La démarche de l'artiste ? L'effet dramatique : C'est le spectacle de la mort en direct, dramatisé par l'effet de temps suspendu. Le personnage anonyme devient le héros de la cause républicaine : cette dimension de martyr est soulignée par la légende de l'image. Les intentions du reporter sont nettes : il est un artiste engagé qui dénonce. Implicitement, on montre aussi l'exploit du reporter qui va au front et prend les mêmes risques que le soldat… L’instant saisi est décisif ; l’homme est à jamais « immortalisé » dans sa chute dans une parfaite coïncidence entre le coup fatal et le déclenchement de la prise de vue. Il apparaît seul face à la mort, symbolisée par le grand vide du ciel à sa droite. Mais c’est surtout sa très large diffusion dans la presse illustrée de l’époque qui a fait de ce cliché une véritable icône. La mort du soldat républicain est l’une des photographies de guerre les plus mythiques et les plus reproduites de l’histoire et sa puissance d’évocation rejoint celle du Guernica de Picasso (1937). Elle a fait le tour du monde et est devenue, audelà de son sujet, le symbole des ravages de la guerre et des conflits armés mondiaux. Du fait de sa force et de sa célébrité, cette photographie suscita de nombreux débats : tout semble trop vrai. De plus l’homme n’a pas de trace de balle sur le corps…serait-ce une mise en scène ? Le journal catalan « El Periodico » affirme que la photo a été prise dans un lieu où il n’y avait pas de combat. En outre, il existe une autre photo de Capa représentant la mort d’un autre soldat exactement dans la même zone. Mais Federico Borell Garcia fut bien tué le 5 septembre 1936… L’artiste a peut-être arrangé la réalité pour donner de la force à son œuvre. Mais la guerre a été bien réelle, ainsi que les morts et l’engagement de Capa auprès des républicains. Robert Capa ne leva pas totalement le mystère sur les conditions de sa réalisation. En 1937, il résuma son engagement de photoreporter en ces termes : « En Espagne, on n’a pas besoin de trucs pour faire des photos. Les images sont là, on les capture simplement. La vérité est la meilleure des images… ». 5/ CONCLURE En quoi cette ouvre témoigne-t-elle d'une époque ? En quoi est-elle importante aujourd'hui ? Cette photographie, qui immortalise un instant fugitif, symbolise la guerre d'Espagne et est gravée dans la mémoire collective. Elle nous parle aussi de la photographie de reportage. Un nouveau sens du mot icône est apparu : l'icône, c'est une photographie de presse devenue « la » photo, celle qui a une notoriété internationale et une grande force de symbole. Tres de Mayo, Francisco Goya, 1814 Robert Capa Guernica, Pablo Picasso, 1937 Débarquement. Omaha Beach, Robert Capa, 6 juin 1944