Devenir chercheur en Espagne : le parcours du

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Devenir chercheur en Espagne : le parcours du
Devenir chercheur en Espagne : le parcours du combattant !
Extrait du Collectif PAPERA
http://www.collectif-papera.org/spip.php?article1577
Devenir chercheur en Espagne
: le parcours du combattant !
- L'actu - L'ESR dans le monde - Espagne -
Date de mise en ligne : jeudi 30 octobre 2008
Description :
Un des défauts majeurs du système de recherche espagnol est la difficulté pour les chercheurs à trouver un poste fixe une fois la thèse terminée. Certains
chercheurs font remarquer amèrement qu'un doctorant espagnol ayant fini sa thèse, pourra ne trouver un poste fixe qu'à 40 ans.
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Devenir chercheur en Espagne : le parcours du combattant !
Un des défauts majeurs du système de recherche espagnol est la difficulté pour les chercheurs à trouver un poste
fixe une fois la thèse terminée. Certains chercheurs font remarquer amèrement qu'un doctorant espagnol ayant fini
sa thèse, pourra ne trouver un poste fixe qu'à 40 ans. En effet, les chercheurs espagnols ont tendance à enchaîner
CDD sur CDD, en attente du poste de leur rêve. A leur disposition, deux grands programmes de CDD proposés par
le Ministère de la Science et de l'Innovation (Ministerio de Ciencia e Innovación -MICINN [1]) : le programme "Juan
de la Cierva" pour une durée de trois ans ou bien le programme "Ramón y Cajal" pour cinq années. Les bénéficiaires
mènent alors des recherches dans des centres publiques ou privés de R&D (universités, organismes publiques de
recherche, centres technologiques). Ces derniers doivent avoir postulé au préalable à l'appel d'offres du MICINN
pour obtenir des postes de recherche cofinancés. Faisons remarquer au passage, la disparité de l'offre pourvue à
l'échelle du territoire espagnol. L'Université d'Oviedo par exemple, n'a couvert en 2008 que 3 postes sur les 11
offerts tandis que d'autres centres de recherche très prisés n'ont aucun mal à recruter. Ces deux programmes
ouverts aussi aux chercheurs du monde entier, quelque soit leur nationalité, peuvent éventuellement intéresser de
jeunes docteurs français : toute l'information pratique est sur le site du MICINN [2] [3].
Le programme "Juan de la Cierva", du nom de l'inventeur de l'autogire dans les années vingt, est un contrat de
recherche de trois ans pour de jeunes chercheurs ayant terminé leur doctorat depuis moins de trois ans. L'appel
d'offres de 2008 proposait 345 bourses. L'aide du MICINN pour chaque contrat est de 33 660 euros par an, sur trois
ans.
Le programme "Ramón y Cajal" du nom de l'histologiste espagnol Santiago Ramón y Cajal, Prix Nobel de
physiologie et de médecine en 1906, est le programme phare du gouvernement. Lancé en 2001, ce contrat de travail
a pour but de favoriser le retour de chercheurs espagnols de haut niveau basés à l'étranger et tente de remédier à la
fuite des cerveaux espagnols encore présents sur le territoire national. Ce programme s'intègre dans une démarche
de consolidation de la politique de R&D espagnole, notamment par le biais d'un financement attractif, d'un montant
minimum de 33 250 euros par an sur cinq ans. Le MICINN gère ce programme de bourse et prend conjointement en
charge le financement de la bourse avec le centre de recherche offrant le poste. L'aide inclut 15.000 euros pour la
mise en marche de la recherche. Les chercheurs doivent être en possession du doctorat depuis moins de 10 ans. Le
chercheur doit :
•
•
soit posséder une expérience d'au moins 24 mois au sein d'un centre de R&D, différent de celui qu'il veut
intégrer au moyen du programme "Ramón y Cajal" ;
soit avoir étudié intégralement et obtenu le doctorat dans une université étrangère et y avoir passé au moins 24
mois.
Le dernier appel d'offres du programme de bourses "Ramón y Cajal" de 2008, concernait 245 offres de bourses. Les
demandes sont évaluées par la commission d'évaluation de l'Agence Nationale d'Évaluation et Prospective (Agencia
Nacional de Evaluación y Prospectiva - ANEP) formée par des experts espagnols et étrangers.
Le programme "Ramón y Cajal" s'est initialement imposé comme porteur de beaucoup d'espoir pour les chercheurs
bénéficiaires car on avait laissé entendre aux premiers bénéficiaires de ce contrat qu'ils obtiendraient un poste en
contrat à durée indéterminé. Ces espoirs ont cependant rapidement laissé place à la désillusion car sur le terrain, la
réalité est différente. L'idée s'inspirait du modèle "tenure track" c'est-à-dire la titularisation conditionnelle, à la suite
d'une évaluation positive du chercheur. Cinq ans après, une fois leur contrat terminé, un certain nombre de
chercheurs "Ramón y Cajal" de la première vague n'a pas eu de propositions de poste à long terme.
La presse a rapporté de nombreux témoignages de chercheurs, désillusionnés par le manque de perspectives ou
critiques face à leur statut. La revue internationale "Nature" avait durement critiqué en 2006 le manque de
planification de l'Espagne en matière scientifique car au bout des cinq années de recherche, il n'y a pas d'issue
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concrète pour ces chercheurs. Certains d'entre eux, se sont regroupés dans l'Asociación Nacional de Investigadores
Ramón y Cajal (ANIRC) créée en 2003. Cette association sert de plateforme d'informations et de protection des
droits de ces chercheurs ainsi que d'interlocuteur auprès des institutions concernées. L'ANIRC donne l'exemple de l'
Universidad de Extramadura qui n'a recruté aucun de ses 6 chercheurs "Ramón y Cajal" arrivés en fin de contrat. L'
Universidad Pública de Navarra a stabilisé seulement un de ses huit chercheurs "Ramón y Cajal". L'association
estime que près de 80 chercheurs "Ramón y Cajal" (30 au Consejo Superior de Investigaciones Científicas CSIC, 40
au sein des universités et le reste dans des organismes publiques de recherche.) sont dans une situation
professionnelle critique ne sachant pas si ils vont être gardés ou non dans la structure d'accueil. Toutefois, notons
que si la première génération "Ramón y Cajal" a pu être lésée en ce qui concerne la gestion du manque de postes,
la seconde génération peut se réjouir que le MICINN a écrit noir sur blanc dans les appels d'offres de 2007 et 2008,
que les centres de R&D accueillant ces chercheurs doivent créer avant la fin de leur contrat des postes permanents
même si cela ne sera effectif qu'en 2012 et 2013.
De même, les chercheurs organisés dans la Fédération des Jeunes Chercheurs - Précaires (Federación de Jóvenes
Investigadores- Precarios) dénoncent la précarité du statut de chercheurs. La Fédération signale aussi l'endogamie
du système de recherche espagnol qui tend à l'auto-recrutement. En 2006, seulement 5,4% des postes de
professeurs fonctionnaires des universités espagnoles avaient été pourvus par des candidats externes alors que ce
pourcentage est de 83% au Royaume-Uni et de 50% en France.
Pour conclure, le programme "Ramón y Cajal" constitue un bon outil d'attractivité pour le système espagnol de R&D
qui a besoin d'incorporer des chercheurs de qualité. Cet objectif a été atteint puisque le MICINN vient de clôturer le
8ème appel d'offres. Cependant, le processus d'intégration des chercheurs dans les centres de recherche reste
certainement à améliorer ainsi que les modalités de recrutement.
par Anissa Habane
Post-scriptum :
•
La Nueva España, 10/09/2008.
•
ADN, 16/06/2008
•
La Voz de Asturias, 01/06/2003.
•
El Mundo, 10/10/2006.
•
Asociación Nacional de Investigadores Ramón y Cajal (ANIRC) - http://centauro.ii.uam.es/twiki-cgi-bin/view/Cajal/WebHome
•
Federación de Jóvenes Investigadores- Precarios - http://www.precarios.org/
Illustration by Robert Gonsalves
[1] Le Ministerio de Ciencia e Innovación (MICINN) dirigé par la ministre Cristina Garmendia est un des nouveaux ministères crées lors de la
seconde législature du gouvernement de M. Zapatero. Web : http://www.micinn.es/
[2] Le programme "Juan de la Cierva" : http://redirectix.bulletins-electro... [http://redirectix.bulletins-electroniques.com/a2ZL7]
[3] Programme "Ramón y Cajal" : http://redirectix.bulletins-electro... [http://redirectix.bulletins-electroniques.com/hFO8a]
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