Homélie du 2 décembre 2012 - 1er dimanche de l`Avent

Transcription

Homélie du 2 décembre 2012 - 1er dimanche de l`Avent
Homélie du 2 décembre 2012 - 1er dimanche de l'Avent
1ère lecture : du livre de Jérémie (33,14-16)
2ème lecture : de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Thessaloniciens (3,12-4,2)
Evangile : selon saint Luc (21,25-28.34-36)
« Quand ces événements commenceront, redressez-vous et relevez la tête, car votre
rédemption approche » Lc.21,28
L'évangile de Luc, ce matin, ouvre devant nous ce temps de l'Avent en nous parlant de la fin du
monde...
Mais, est-ce que vous y croyez, vous, à la fin du monde ? Vous savez, certains, appuyés sur la
fin du calendrier Maya, l'attendent déjà pour le 21 de ce mois-ci. Cest-à-dire dans moins de
trois semaines.
En tous cas, qu'on y croit ou pas, une chose est certaine : le monde, à un moment donné, finira
pour tous. Je pense là à la fin de ‘‘notre petit monde'' à nous, c'est-à-dire au moment de notre
mort. Oui, notre propre mort, cette réalité vous savez, qui nous accompagne dès notre
naissance et qui se montre très fidèle à notre égard, au point de ne jamais nous lâcher un seul
instant. Elle est là, par exemple, en ce moment, assise sur vos genoux, en train de vous fixer
droit dans les yeux.
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Ça vous fait peur ? Pourquoi ?! Qu'est ce qu'il y a de si effrayant, ou d'angoissant en tout cela
?!
Je crois que la raison d'un certain malaise à parler de la mort, c'est que trop souvent nous nous
imaginons la mort comme un squelette, habillé tout en noir et terrifiant, qui nous guette avec
une grande faucille à la main. Moi, je vous l'ai déjà dit, je préfère l'imaginer comme une petite
fille, habillée en blanc, avec de grands yeux pétillants et au sourire doux et serain. Saint
François d'Assise arrivera même à parler d'elle comme d'une ‘'sœur''.
La mort, vous savez, en principe n'est pas là pour nous faire peur. Bien au contraire. Elle est
là, paradoxalement, pour nous apprendre à vivre. Oui, à vivre ! Elle est une amie, peut-être la
seule vraiment honnête que nous ayons ; parce que la mort ne nous ment pas, même quand
ce qu'elle a à nous dire est peut-être difficile à entendre.
La mort est un peu ce miroir face auquel nous ne pouvons plus nous raconter des histoires ou
jouer un personnage, un personnage qui souvent se veut parfait, toujours à l'hauteur de la
situation. Nous ne pouvons pas tromper la mort. La mort nous ‘‘démaquille'' litteralement. Face
à la mort, nous ne pouvons pas nous cacher derrière nos masques, derrière nos diplômes,
derrière nos carnets d'adresses, derrière nos agendas hyper chargées, nos comptes en
banque, nos pédigrés, nos légumes bio, nos heures de bénévolat, notre bonne éducatoin ou
encore derrière notre jeune âge. Face à elle, nous sommes tous littéralement ‘‘à poil''.
Et heureusement, j'ai envie de dire, parce que c'est là toute sa force, c'est là toute sa raison
d'être !
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Mais s'il vous plait, ne réduisons pas la fin du monde, dont il est question dans l'évangile de ce
matin, simplement à une question de mort physique ?! Celle-ci n'est que la dernière mort, le
dernier passage. Mais cette mort ultime a été préparée et précédée par tellement d'autres
petites morts. Regardez par exemple combien de fois nous avons l'impression que le monde
s'écroule sous nos pieds : suffit d'un échec professionnel, une déception sentimentale, un
problème de santé, un souci avec un enfant... et voilà que nous sommes perdus. Si notre petit
monde à nous s'écroule -et il doit forcement s'écrouler à un moment donné- c'est pour laisser
la place à un autre monde, plus vrai, plus adapté non pas à la personne que nous voudrions
être, aux yeux des autres, mais plutôt à la personne que nous sommes en réalité, aux yeux de
Dieu.
On peut le voir dans le cas du papillon. Le papillon ne peut pas apparaître, dans toute sa
splendeur et dans toute sa liberté de voler, tant que la chrysalide ne fait pas le deuil de son
cocon et de son mode de vie précédent. C'est pourquoi, pour y arriver elle doit accepter de
renaître à autre chose, totalement nouvelle et poutant restant fondamentalement elle-même.
Au fond, elle est appelée à mourir à l'image qu'elle s'est faite d'elle-même, en temps que
chenille d'abord et de chrysalide par la suite, pour renaître à l'image que Dieu porte en ellei de
ce qu'elle doit être : un papillon ! Alors, je vous en prie, ne restons pas des chenilles ou ne
nous contentons pas de devenir les meilleures chrysalides du monde ; Dieu nous appelle à
nous transformer en papillon !
Comment cela se traduit dans notre vie?
Et si par exemple, toutes ces petites morts, qui sont représentées par nos échecs scolaires ou
par les humiliations dans le monde du travail étaient là, qui sait, non pas pour nous blesser ou
nous rabaisser mais plutôt pour nous apprendre l'humilité, en nous délivrant de ce cocon qui
est l'obligation de devoir réussir à tout prix ou en nous délivrant de la tentation de juger et
mépriser tous ceux qui ne réussisent pas comme nous, ou qui parfois s'autorisent à vivre des
échecs sans trop s'en vouloir?! Et si nos erreurs, par exemple, ou nos maladresses, étaient
l'occasion qui nous est offerte pour apprendre à nous excuser, à demander pardon, tout
simplement, plutôt que de devoir étouffer dans le cocon du perfectionisme, condamnés à
chercher la faille toujours chez l'autre au lieu de l'admettre et l'accueillir chez nous ?! Et si nos
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problèmes de santé étaient là comme une délivrance face à cette fâcheuse tendance que nous
avons tous de vouloir toujours tout maîtriser, tout porter sur nos seules forces sans demander
de l'aide ?! Quand arrêterons-nous, enfin, de voir notre corps, peut-être trop rond, comme un
obstacle plutôt que de le voir comme un allié qui nous aide à nous fixer des limites
raisonnables dans la nourriture, par exemple ?! Et, encore, si les rides étaient un secours au
piège de tomber dans le mythe de l'éternelle jeunesse ? Ou la vieillesse, une aide pour nous
délivrer de la tentation de s'enfermer dans une forme d'autosuffisance froide et cynique ?!
Alors, sommes-nous encore si certains que quand Jésus parlait de sa venue à la fin du monde,
il parlait forcement de la ‘‘dernière'' fin du monde ? Et s'il imaginait aussi, par là, toutes nos
petites fins du monde, toutes les fois où notre monde à nous semble s'écrouler sous nos pieds,
suite à un échec amoureux, au premier ‘‘non'' prononcé par notre petit ange d'enfant, aux
premiers cheveux blancs sur notre tête... ?!
C'est quelque part ce que nous dit Luc « Quand ces événements commenceront,
redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche ». Si vous voulez, un ancien
proverbe arabe dira cela avec d'autres mots ; il dira : « Rappelles-toi que quand tu trébuches
tu as le choix entre tomber ou... faire un bond en avant ! ».
Le temps de l'Avent, c'est un peu ça ; c'est faire ce bond en avant, vers Noël, vers cette
renaissance, cette transformation intérieure. Ça n'a rien à voir avec une attente passive et
infantilisante. Bien au contraire. Rentrer dans ce temps de l'Avent, c'est plutôt, quelque part,
arrêter d'attendre : arrêter d'attendre d'avoir mal pour décider d'aller mieux ; arrêter d'attendre
que ça soit trop tard pour choisir de vivre, de prendre le temps d'aimer ! Arrêter, dans toute
confrontation au changement, de ne voir que ce que nous perdons au lieu de contempler ce
que ce changement nous propose et ce qu'il nous apporte, pour douloureux qu'il soit ! Mais
pour cela il faut faire confiance !
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Alors, en ce premier dimanche de l'Avant, apprenons du papillon à faire confiance à Dieu, à
avoir confiance en la vie !
Abbé Pietro CASTRONOVO - Vicaire à Saint-Martin
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