The Cultural Transformation of the Public Sphere
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The Cultural Transformation of the Public Sphere
Projet de recherche postdoctorale à la Chaire MCD The Cultural Transformation of the Public Sphere. How the New Forms of Criticism Affect Our Time Jonathan Roberge, Ph. D. ; Postdoctorant, The Center for Cultural Sociology, Yale University Perspective et calendrier : La bourse postdoctorale MCD est octroyée pour une période de dix mois, soit de septembre 2010 à juin 2011. Essentiellement, le temps passé à la Chaire serait alloué à la rédaction d’un ouvrage intitulé The Cultural Transformation of the Public Sphere. How the New Forms of Criticism Affect Our Time qui devrait paraître chez Paradigm (Boulder\London ; coll. dirigée par J. C. Alexander). Les recherches pour ce livre sont complétées en grande partie ; un article intitulé « The Aesthetic Public Sphere and the Transformation of Criticism » est par ailleurs en évaluation dans la revue Social Semiotics. D’autres activités scientifiques sont prévues pour l’année scolaire 2010-2011 et devraient inclure la rédaction d’un article pour un numéro spécial de Sociologie et sociétés dirigé par J.-Y. Thériault et F.-G. Dufour (sur invitation). Enfin, le candidat entend enseigner un cours par semestre (le cours sur Weber lui a déjà été octroyé pour septembre 2010). Thématique de recherche : La manière spécifique dont la culture et le politique s’entrelacent et informent l’autointerprétation de la société est encore sous-exploitée par la théorie sociologique contemporaine i. Si, par exemple, le concept habermassien d’espace public ii sert de jalon pour ce type de réflexion, plusieurs critiques sont venues en diminuer l’importance — des critiques d’ordre politique et historique, entre autres iii. L’ouvrage proposé voudra prendre appui sur une critique peut-être moins connue, à savoir celle soulignant la réduction de la culture dans la thèse habermassienne iv. À partir des concepts d’« aesthetic public sphere » chez Jacobs ou de « cultural public sphere » chez McGuigan v, il s’agira alors de reconstruire et d’étendre les limites de la sphère publique à travers une série de tensions : proximité et distance, objectivité et subjectivité, positivité et négativité, etc. C’est ainsi que la critique culturelle prendra une place centrale. Comme espace de médiation, la critique est une institution avec son histoire et ses règles non-écrites de même qu’une forme d’interaction le plus souvent basée sur une lutte pour la reconnaissance vi. Aussi, ce qu’il y a de particulier et de révélateur à propos de la critique tient à ce qu’elle se perçoive toujours comme étant dans un état avancé de crise vii. Nombreux sont ceux, par exemple, à décrier aujourd’hui un repli de la critique intellectuelle derrière les portes closes de l’Université laissant, de ce fait, le champ libre à la commercialisation de la critique dans l’espace médiatique viii. Problèmes de frontière et de légitimité se croisent et s’entrechoquent ici, tout en créant des discours pour le moins pessimistes, sinon tragiques. Ceci étant, le principal but de l’ouvrage proposé est non seulement d’étudier ces discours sur l’état de la critique, mais de proposer une interprétation plus positive de la crise. Cette dernière est permanente ; ce qui revient à dire qu’elle n’est ni près de s’estomper ni incapable de se renouveler. Entre autres choses, il importe de comprendre l’ampleur des bouleversements entrainés par l’émergence d’internet, des « user generated contents » (UGC) et des « prosumers » ix. L’espace de la critique est ainsi de plus en plus virtuel, ce qui pose ou repose la question des régimes d’engagement, c’est-à-dire pourquoi les gens s’investissent dans ce type d’activité — le livre, à ce propos, procédera à une série d’études ethnographiques. Cela pose également des questions plus fondamentales qui devraient permettre de porter un regard neuf et nuancé sur ce qu’est la sphère publique aujourd’hui : question de la rationalité, question des rapports entre haute culture et culture populaire, question de la fragmentation de l’espace public, question de la division du travail intellectuel et de la déconstruction-reconstruction de la légitimité, etc. In fine, ces questions sont à la fois d’ordre culturel, social et politique; ce qu’elles mettent à jour est rien de moins que l’indépassable tension démocratique des collectivités humaines. Un intérêt croissant se montre cependant. Cf. entre autres Mabel Berezin, « Politics and Culture: A Less Fissured Terrain », Annual Review of Sociology, vol. 23, 1997, pp. 361-383; Margaret Somers, « What’s Political or Cultural about Political Culture and the Public Sphere? Toward an Historical Sociology of Concept Formation », Sociological Theory, vol. 13, no. 2, 1995, pp. 113-144; Daniel Cefaï (dir.), Cultures politiques, Paris, PUF, 2001; Isaac Reed & Jeffrey C. Alexander (eds), Culture, Society and Democracy. The Interpretative Approach, Boulder\London, Paradigm Publishers, 2007. i Cf. Jürgen Habermas, The Structural Transformation of the Public Sphere. An Inquiry into a Category of Bourgeois Society, Cambridge, Polity Press, [1962] 1989; Jürgen Habermas, « Further Reflections on the Public Sphere », in Craig Calhoun (ed.), Habermas and the Public Sphere, Cambridge, The MIT Press, 1992, pp. 421461. ii iii Pour la critique politique, cf. entre autres Jean-François Lyotard, The Post-Modern Condition, Minneapolis, University of Minnesota Press, 1984; Nancy Fraser, « Rethinking the Public Sphere —A Contribution to the Critique of Existing Democracy », in Craig Calhoun (ed.), Habermas and the Public Sphere, op. cit., pp. 109-143; Mary R. Ryan, « Gender and Public Acces: Women’s Politics in Ninetenth-Century America » in Craig Calhoun (ed.), Habermas and the Public Sphere, ibid, pp. 259-289. Pour une critique historique, cf. par exemple Craig Calhoun, « Introduction: Habermas and the Public Sphere », in Craig Calhoun (ed.), Habermas and the Public Sphere, ibid., pp. 1-51; Paul Jones, « Beyond the Semantic ‘Big Bang’ : Cultural Sociology and an Aesthetic Puclic Sphere », Cultural Sociology, vol. 1, no. 1, 2007, pp. 73-95. Cf. Craig Calhoun, Habermas and the Public Sphere, op. cit.; Peter Uwe Hohendahl, The Institution of Criticism, Ithaca \ London, Cornell University Press, 1982; Margaret Somers, « What’s Political or Cultural about Political Culture and the Public Sphere? Toward an Historical Sociology of Concept Formation », op. cit.. iv Cf. Ronald N. Jacobs, « From Mass to Public. Rethinking the Value of the Culture Industry », in Isaac Reed and Jeffrey C. Alexander (eds), Culture, Society and Democracy. The Interpretative Approach, op. cit., pp. 176-209; Jim McGuigan, Culture and the Public Sphere, London, Routledge, 1996; Jim McGuigan, « The Cultural Public Sphere », European Journal of Cultural Studies, vol. 8, no.4, pp. 427-443. v Sur l’idée d’institution, cf. Peter Uwe Hohendahl, The Institution of Criticism, op. cit; Valentin Cornero, « Is There Something Between You and Me? Critics and Their Role as Cultural Mediators, Doxa Communication, vol. 6, pp. 207-235. En ce qui touche cette fois à l’idée de lutte pour la reconnaissance, cf. entre autres Howard Becker, Art Worlds, Berkeley, University of California Press, [1979] 2008; Pierre Bourdieu, « The Production of Beliefs: Contribution to an Economy of Symbolic Goods », Media, Culture and Society, vol. 2, [1977] 1980, pp. 261-293. vi vii Cf. surtout Maurice Berger (ed.), The Crisis of Criticism, New York, The New Press, 1998. Cf. entre autres William Bate, « The Crisis in English Studies », Harvard Magazine, vol. 85, no. 1, pp. 46-53; Ronan MacDonald, The Death of the Critic, London, Continuum, 1999. viii Cf. par exemple Zizi Papacharissi, « The Virtual Sphere: The Internet as a Cultural Forum », New Media and Society, vol. 4, no. 1, pp. 9-27; José Van Dijck, « Users Like You? Theorizing Agency in User-Generated Content », Media, Culture and Society, vol. 31, no. 1, pp. 41-58; David Beer, « Power Through the Algorithm? Participatory Web Culture and the Technological Unconscious », New Media and Society, vol. 11, no. 6, pp. 9851002. ix