Les additions conjuguées
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Les additions conjuguées
Chapitre 2. Addition sur les systèmes conjugués. Systèmes conjugués O O N O X R O N Esters, amides Aldéhydes et cétones Comment expliquer le résultat suivant ? OH O 1. MeLi H 2. H2O Addition 1,2 H O O Addition 1,4 1. Me2CuLi H 2. H2O H Dans l’exemple précédent, il n’y a aucun facteur stérique qui puisse expliquer une telle différence de sélectivité. Il faut donc introduire un nouveau concept de réactivité. Concept dur et mou ou HSAB : hard and soft acids and bases nucléophile dur OH O Electrophile dur 1. MeLi Dur reagit avec dur… H H 2. H2O Nucléophile mou O O 1. Me2CuLi … et mou avec mou. H 2. H2O H 1 Electrophile mou Principales caratéristiques Polarisabilté : c’est la capacité de déformation d’un nuage électronique lorsqu’il est soumis à un champ électrique provoqué par l’approche d’un atome ou d’un ion. Dur = peu polarisable / Mou = polarisable Nucléophiles (bases) dur : petit, charge concentrée, électrons pres du noyau, HOMO basse énergie : OH-, RO-, Cl-, F-, H2O, RMgBr, RLi; Nucléophile mou : gros, charge dispersée ou neutre, HOMO de haute énergie : charge négative délocalisée, I-, RS-, RSe-, R3P, alcène, noyau aromatiques. Electrophile dur : petit, charge concentrée, LUMO haute énergie : H+, BF3, BCl3, Li+, Na+, K+, R3O+,… Electrophile mou : gros, charge dispersée ou neutre, LUMO de basse énergie. BH3, Br2, I2, R-Br, R-I, RSO3R’,… 2 Petite explication orbitalaire : l’equation de KlopmanSalem ΔE=ΔE1+ΔE2+ΔE3 Δ1 = répulsions électroniques dues a l’interaction entre les orbitales remplies, toujours positif Δ2 = interactions électrostatiques (attraction ou répulsion) entre des espèces chargées ou fortement polarisées. Δ3 = interactions HOMO-LUMO 2(∑ cra csb β ab ) 2 QkQl occ. unocc. occ. unocc. ΔE = −∑ (qa + qb ) β ab S ab + ∑ +∑ ∑ −∑ ∑ ε Rkl ab k <l r s s r ab Er − Es qa et qb populations d’électrons dans les orbitales atomiques a et b β et S intégrales de résonance et de recouvrement Qk et Ql charges totales sur les atomes k et l ε constante diélectrique locale Rkl distance entre les atomes k et l cra coefficient de l’orbitale atomique a dans l’orbitale moléculaire r csb coefficient de l’orbitale atomique b dans l’orbitale moléculaire s Er énergie de l’orbitale moléculaire r Es énergie de l’orbitale moléculaire s Extrait du rapport de master de Myriam April, Université de Sherbrooke, 2007 Quand dur réagit avec dur, ce sont des espèces chargées ou fortement polarisées qui réagissent. Les interaction électrostatiques sont importantes et ainsi c’est le terme Δ2 qui devient important. Quand mou réagit avec mou, ce sont les interactions HOMO-LUMO qui dominent et ainsi le terme Δ3 devient important. 3 Differents exemples de sélectivité. HO Addition d’un nucléophile dur. BuLi Bu X = Cl Substitution (An +E) Addition 1,2 Bu O HO BuLi Bu X H X=H Simple addition 1,2 BuLi O Me2N X = NMe2 Addition 1,4 Bu O O Cas de NH3 NH3 H2N Cl O O NH3 MeO MeO NH2 Addition d’un nucléophile mou : les thiols. O PhSH X = Cl Sn (An + E) PhS O O PhSH X H X =H Simple addition 1,4 PhSH O SPh Me2N X = NMe2 Simple Addition 1,4 SPh 4 Addition sur la double liaison C=O O O Cl O H O R O RO R2N Addition sur la double liaison Le carbonyle des chlorures d’acides est extremement reactif au contraire du carbonyle des amides. Les cuprates : organométalliques mous préparés a partir d’organométalliques durs. CuX RM DUR RCu + MX X = Cl, Br, I MOU CuX 2 RM Organo-cuivre Cuprate R2CuM + MX X = Cl, Br, I RM = R-MgBr, R-Li Autres facteurs influents sur la sélectivité: L’encombrement stérique Ph Ph O 1. PhMgBr 2. H2O Ph Ph Ph O Ph Ph L’activation des énones et énals avec des acides de Lewis H O H+, MeOH - H+ OH O MeOH MeO O MeO La protonation du carbonyle active celui-ci et rend la double liaison encore 5 plus électrophilique. MeOH peut aussi s’additioner en 1,2, mais cette addition est reversible au contraire de l’addition 1,4 Pour conclure… -Les additions conjuguées sont des additions de nucléophiles mous (bases moles) sur la double liaison des dérivés carbonylés α,β insaturés (électrophile mou) -Le concept de dur/mou est limité aux énals et énones; la réactivité du système conjugué doit toujours être prise en compte. Par exemple, un chlorure d’acide est très réactifs et tous les nucléophiles (durs ou mous) réagiront avec ce groupe plutôt qu’avec la double liaison. -De même, l’encombrement stérique et la présence de catalyseur changent considérablement la réactivité du système conjugué. Les énolates sont des nucléophiles mous O MeO O O OMe MeO O O R R O O OMe O MeO R OMe R R R N N Enamines Enolates La délocalisation de la charge négative rend l’atome de carbone plus mou et l’atone d’oxygène (ou d’azote) plus dur. 6 O O O O R H2O O R O R N H2O R O N O R D’un point de vue orbitalaire, il s’agit encore d’une intéraction gros lobe/gros lobe Un exemple particulier de d’addition conjuguée : l’addition de Michael. O O MeO O Pyridine MeO2C OMe H O H CO 2Me N Py-H O O MeO 2C O O CO 2Me MeO OMe Les composés α,β insaturés sont des accepteurs de Michael. Les additions 1,4 sont généralement appelées addition de Michael. 7 Une application particulière : la construction des polycycles avec l’annélation de Robinson O O O O O O O MeOH MeONa O OH O crotinasation R Me Me A C O O D On se sert de l’annélation de Robinson pour construire les cycles A et B des stéroides. B O Motif des steroides 8 Dans un solvant protique et en presence d’une source de protons (même en petite quantité) , la formation d’énolates est réversible. O O O O MeOH MeOH MeONa MeONa O MAJORITAIRE O O O O O O MeOH MeOH MeONa MeONa Enolate thermodynamique = le plus substitué, plus stable, moins réactif Enolate cinétique = le moins stable,plus réactif Une variante : la double addition de Michael O O O O O CO2Me K2CO3 OMe OMe CH2Cl2 O H CO2Me O O O O O O K2CO3 OMe OMe OMe O O CO2Me H CO2Me O CO2Me O 9 Chapitre 3 : La formation des enolates O MeONa, MeOH LDA, THF O O O O H Quelques valeurs de pKa de base H O 20 H NaNH2 37, LDA 35, OLi H H LDA, THF BuLi N -78°C H Me H H LDA (0.9 equi) H O H H -78 a 25°C ONa H NaH, THF Me Li N 0°C, THF OLi H H H Plus la charge de l’enolate peut être délocalisée, plus le proton est acide. Me O 11 OMe CO32- 10 H O O OMe MeONa 16, OH- 15.7 O 9 O H Alkyl-Li 45 a 50 H O ONa O H Me Les 0.1 equi. restants servent de source de proton Les hydrures sont suffisamment petits pour déprotoner des sites encombrés. Le choix de la base, la temperature et la quantite introduite sont les facteurs déterminants pour la formation de l’énolate. 10 Quelle difference cela fait-il en terme d’energie ? E Ea thermo Ea cin. Reactif Produit cinetique Produit thermodynamique Coordonnees de la reaction Produit cinétique : l’énergie d’activation est petite. Le produit cinétique se forme plus rapidement. Produit thermodynamique : l’énergie d’activation est plus grande. Il faut donc apporter plus d’énergie et il se forme plus lentement. Le produit cinétique possède une énergie relative plus élevée que celle du produit cinétique : il est donc moins stable mais il est aussi plus réactif. Pour les énolates : -Conditions cinétiques : base forte, basse température, excès de base; solvant aprotique. -Conditions thermodynamiques : bases faible, température de la pièce ou chauffage, base en défaut; solvant protique. On les appelle aussi conditions équilibrantes. 11 Le controle stérique : configuration de l’énolate 1er cas : le groupement R est peu encombré O Me R Li LDA H N R O R Li Me H N H La dprotonation fait intervenir un etat de transition chaise. La configuration de l’enolate depend de la nature des substituants (formation de la chaise la plus stable) O H Me OLi OLi Me R R Me Enolate E : major Enolate Z : minor 2eme cas : le groupement R est volumineux O O O Me Li LDA H N N O O N O O N Li O Me N H H La encore, l’enolate majoritaire est celui qui provient de l’etat de transition chaise le plus stable. O H Me OLi O O OLi O Me N O N Me O Enolate E : minor. H O N Oxazolidinone Enolate Z : major 12 Comment ces differents enolates s’additionnent-ils sur les aldehydes ? O O O Me 1. LDA N O O OH R R Ph 2. PhCHO Anti 2% R R OLi Li O O N O H H Me O Ph Me Me Syn 98% O OH OH O OH R Ph Ph Ph Me Me Me Enolate Z H Li O OH R OH O Ph Ph Ph Me O H O Me N O R R OLi O Me Me Enolate E La reaction d’aldolisation est diastereoselective, mais pas enantioselective ! O O O O OH R Ph Me 1. LDA 2. PhCHO O DIASTEREOISOMERES Ph R Me N OH Me Enantiomeres O OH R O Ph OH R Me Ph Me Anti Syn Chaque diastreoisomeres est en fait un melange 50/50 de deux enantiomeres. Pour rendre cette réaction énantioselective, il faut utiliser un auxiliaire chiral. O O Remede : les auxiliaires chiraux comme les oxazolidinones chirales d’Evans. Me O 13 N Bn La réaction d’aldolisation est maintenant énantiosélective Bu Bu B O O Me O N Bu2BOTf Et3N O O O O R'CHO Me N O OH R OH R R' R' Me Me R = nBu 99.3 0.7 R = iPr 99.8 0.2 R = Ph >99.8 <0.2 L’acide de Lewis, ici Bu2BOTf, se complexe sur les deux carbonyles. L’hydrogène en α du carbonyle devient alors très acide et est facilement déprotone par Et3N. On forme un énolate dont l’oxygène est maintenant lié au bore par déplacement du triflate (excellent groupe partant). O O O N H BH O O O O Bu Bu O Seule l’une des deux faces est accessible car l’autre face est bloquée par l’isopropyle. Bu O R' Me Me O O O O N N H O OH O R' OH R' Me Me O Les produits anti ne sont pas observés ! B O Bu O Ph Me Bu H B O R' N Bu N O OH R R' Me Minor OH R R' Me Major 14 Chapitre 4 : reaction d’addition sur un carbonyle. OH H O LiAlH4 OH t-Bu H Major H OH OH Li s-Bu3BH H t-Bu Major H H Li s-Bu3BH Li B Al H H L-selectride® H Li Addition sur des carbonyles asymétriques : le modèle de Cram nonchélaté. MeO MeO H H MeMgBr O MeO OH OH Bu Bu H Bu R R Me Me R Ce modèle est toutefois peu fiable et n’explique pas de nombreuses sélectivités. M S M S Nu O L M OH OH L L R R Nu Nu M Nu RL R OH O S S M S S = petit M = moyen L = Gros Nu L R 15 Un modéle plus précis : le Cram chélaté. Met X O M OMet Nu S Me R L Nu Me H OMgBr MeO O H MgBr O Bu L R S H H O Bu OMgBr Me Me Bu Me R H X = -OR, -NR2, -SR Met = Zn2+, Mg2+, Ca2+, Ti4+, Ce3+, Mn2+, Cu2+ Cations peu chelatants: Li+, Na+, K+ Me Me H OMgBr MeO O H MgBr O Bu H H O Bu OMgBr Me Bu Me Me H R En se coordinant au carbonyle et a l’hétéroatome, le métal impose une conformation particulière au composé. L’approche du nucléophile se fait alors par la face la moins encombrées. 16 O S M L O Nu R M S L Nu L M OH S R R Le groupement le plus large est perpendiculaire : au carbonyle. Cela s’explique par l’interaction entre la σ de la liaison C-L et la π* de la double liaison C=O. Si L’un des groupements possède un hétéroatome électroattracteur, c’est celui-ci qui sera pris comme Large. O sBu sBu NBu2 NBu2 O Nu Bu H H OH NBu2 Nu H H Les oxazolidinones d’Evans sont des outils importants dans la synthèse des polypropionates, un motif abondant dans de nombreux composés naturels biologiquement actifs. 17