Les poilus

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Les poilus
Les poilus
AMIET Pierre Paul Joseph, soldat au 1er Régiment d’Artillerie de Campagne, né le 18
octobre 1898 à Saint-Selve, décédé à l’ambulance E 16 à Sezanne (Marne) le 29 août 1918
des suites de ses blessures.
CALLEMARD René ?
CEDASSE Pierre René, soldat de 1ère classe au 3ème Régiment d’Infanterie Coloniale 11ème
Compagnie, n°15362, né le 25 décembre 1886 à Bordeaux, décédé au Château de Brave
Sainte Cohière (Marne) « des suites de blessures reçues en combattant l’ennemi » le 29
octobre 1915.
CHASSAIN François, soldat au 49ème Régiment d’Infanterie, né le 1er mars 1886 à SaintMédard d’Eyrans, porté disparu à Gozée, (Belgique) le 23 août 1914.
DEPIOT Jean Alexandre, soldat au 139ème Territorial d’Infanterie détache à la fonderie
nationale de Toulouse, n°3525, marié, né le 26 novembre 1870 à Saint-Selve, décédé à
l’Hôpital complémentaire n°35 de Toulouse (rue des Ricollets) le 13 mars 1916.
DESCOUBES Auguste ?
DUBERT Augustin ?
DUCAU Jean Roger, soldat de 2ème classe au 168ème Régiment d’Infanterie 6ème Compagnie,
n°1989, né le 28 avril 1897 à Saint-Selve, décédé au centre hospitalier de Glorieux à Verdun
« des suites de ses blessures » le 26 novembre 1917 à Verdun (Meuse).
EXPERT Jean-Louis, soldat de 2ème classe au 7ème Régiment d’Infanterie Coloniale,
n°013310, né le 21 avril 1890 à Saint Selve, « tué à l’ennemi » le 3 mars 1915 à Ville-surTourbe (Marne).
FAUCONNEAU Mathieu Marcel, soldat au 344ème Régiment d’Infanterie, né le 14 mai
1885 à Hostens, porté disparu à Faxe-Fonteny (Moselle) le 20 août 1914.
GOURGUES Georges Jean, soldat au 114ème Régiment d’Infanterie, né le 24 février 1885 à
Saucats, marié, décédé au lazaret des prisonniers de guerre à Meschede (Allemagne, ex
Prusse), de maladie contractée en captivité, le 23 décembre 1918 (traduction d’un acte de
décès établi en langue allemande, déposé aux Archives de la Guerre, transcrit le 8 juillet 1922
à Saint-Selve).
GOURGUES Jérôme, caporal au 24ème Régiment de Tirailleurs tunisiens, marié, né le 28
avril 1889 à Saucats, porté disparu à Breuil (Aisne) le 31 mai 1918.
HARRIBEY Guillaume, soldat au 123ème Régiment d’Infanterie, marié, né le 23 mai 1882 à
Louchats, porté disparu à Breuil (Aisne) le 3 juin 1918.
LABUZAN Antoine Joseph, canonnier au 231ème Régiment d’Artillerie, né le 21 octobre
1887 à Saint-Selve, décédé à Saint-Selve où il était en permission le 18 novembre 1918, d’une
grippe et broncho-pneumonie contractées en service.
LANTRES Pierre Gabriel, soldat de 2ème classe au 155ème Régiment d’Infanterie, né le 22
août 1898 à Saint-Médard d’Eyrans, décédé à l’hôpital du Mans (Sarthe) le 30 octobre 1918
par suite de blessures de guerre.
LAPIERRE Raymond Bertrand, caporal au 116ème Régiment d’Infanterie, né le 13 mai
1886 à Louchats, porté disparu à l’attaque de Bussiares (Aisne) le 9 juin 1918.
LILLET Alban Jacques, soldat au 34ème Régiment d’Infanterie, né le 14 mai 1893 à SaintSelve, porté disparu à Craonnelle (Aisne) le 17 septembre 1914.
MARQUETTE Ferdinand ?
MAURIN Jacques Gilbert, soldat au 175ème Régiment d’Infanterie 1ère Compagnie de
mitrailleurs, classe 1915, n°1214, décédé « sur le champ de bataille des suites de ses
blessures » à Petorak en Grèce (Macédoine) le 19 septembre 1916.
MONCADE Pierre, soldat de 2ème classe au 58ème Régiment d’Artillerie 69ème Batterie,
n°10863, né le 16 avril 1875 à Hagetmau (Landes), décédé à l’hôpital complémentaire n°40
(Grand Lebrun) de Caudéran le 11 juillet 1918.
MORISSEAU Jean Henri, soldat de 2ème classe au 200ème Régiment d’Infanterie 15ème
Compagnie 4ème Bataillon, n°717, né le 29 janvier 1896 à Sallertaine (Vendée), décédé à
Vaulx Chapitru (Meuse) le 6 septembre 1916 « par suite de mort pour la France ».
MORISSET Julien, soldat de 2ème classe à la 1ère Compagnie du 3ème Bataillon d’Infanterie
légère d’Afrique, né le 14 novembre 1893 à La Chapelle-Hermier (Vendée), décédé le 9
novembre 1914 à l’infirmerie ambulante de Tiflet (Maroc) « de cachexie palustre ».
PICHEVIN Jean Roger, caporal au 144ème Régiment d’Infanterie, né le 23 septembre 1887 à
Saint-Selve, porté disparu à Faxe-Fonteny (Moselle) le 20 août 1914.
VINEL Pierre Raoul, soldat au 236ème Régiment d’Infanterie, marié, né le 16 janvier 1878 à
Saint-Selve, décédé le 2 octobre 1915 à Tahure (Marne).
Soit un total de 24 morts. Le plus jeune avait 19 ans et le plus âgé 45 ans. La moyenne d’âge
au décès de 28,6 ans.
La commémoration du 11 novembre :
Le 11 novembre 1918 correspond au jour de la signature de l’armistice par
l’Allemagne, qui met fin à la Première Guerre mondiale qui avait commencé en 1914.
L’Allemagne restitue alors l’Alsace et la Lorraine à la France.
Si le premier anniversaire en 1919 fut discret, c’est sous l’impulsion des groupements
d’anciens combattants qu’une cérémonie annuelle est née, devenant rapidement une
tradition. Ce jour du souvenir a été institué pour commémorer les sacrifices humains de 9
millions de soldats, dont 1 million 700000 « Morts pour la France ».
Les métiers d’autrefois à Saint-Selve
D’après des actes de mariage entre 1893 et 1903 :
- 29 cultivateurs : Jean Barrière (1903), Léonard Bernard (1903), Raymond Boyries (1898),
Rémy Castagnède (1902), Jean Courbin (1893-1896), Pierre Courbin (1896), Pierre
Dubouilh (1894), Etienne Duduc (1900), Jean Duduc (1893-1899), Henry Dulon (1893),
Jean Dulou (1896-1898), Jean Lucien Dulou (1898), Jean Dupart (1893), Jean Fargette
(1903), Jean Fauvet (1903), Marcel Fauvet (1903), Mathieu Fauvet (1902), Pierre Fortage
(1894-1895), Arnaud Giresse (1899), Albert Labat (1903), Arnaud Lamoulie (1903), Etienne
Lamoulie (1903), Pierre Méglise (1903), Raymond Lusseau (1898), Augustin Marambits
(1893), Louis Morin (1901), Elie Rouquere (1893), Abel Tabreau (1901), Gabriel Vidal
(1902)
- 16 propriétaires : Joseph Bedouret (1893-1902), Raymond Beziat (1899), Jean Marie
Catherine Henri baron de Carayon-Latour (1902), Alexis Courbin (1895), Jean Demons
(1893), Bernard Dillaire (1899-1901), Henri Dubrey (1903), Pierre Maurice Labuzan (18971899), Henri Lacassagne (1895), Martial Lalanne à Civrac (1902), Jean Mitressé (1902),
Joseph Marie Paul Montaubric au Domaine de Montalier (1901), Joseph Nanton (1903),
Guillaume Nonciet (1900), Daniel Rouqueys aux Gaillardins (1903), Chéri Vigouroux
(1902)
- 9 tonneliers : Georges Courbin (1902), Arnaud Demons (1903), Jean Ducos (1897),
Prosper Expert (1894), Gabriel Labat (1893), Jean Labatut (1896), Lucien Lapeyre (1901),
Martin Pouey (1895), Paul Tourzat (1895)
- 5 sabotiers : André Lucien Causine (1894), Jean Dépiot (1897), Jean Dubou (1896), André
Cauvin (1898), Julien Cauvin (1897)
- 4 boulangers : Félix Cavernes (1896), Bertrand Vigouroux (1900), Chéri Vigouroux
(1900), Oscar Vigouraux (1902)
- 4 menuisiers : Chéri Anglade (1902), Emile Lafargue (1895), Arnaud Peyri (1893-1903),
Firmin Peyri (1893-1898)
- 4 forgerons : Jean Andrieux (1897), Jean Carreyre (1898-1901), Georges Mary (1898),
Pierre Noncade (1903)
- 4 cochers : Pierre Castagnède (1900), Maurice Dupouy (1901), Simon Duprat (1898),
Auguste Pucheux (1903)
- 3 maréchaux-ferrants : Jules Mano (1903), Pierre Mano (1901-1902), Fernand Pascaud
(1896)
- 3 charrons : Marcel Bordessoules (1902-1903), Simon Bordessoules (1893-1898),
Bertrand Latournerie (1896-1902)
- 3 instituteurs : Jean Lafitte (1893-1897), Jean Lestrade (1900), Martial Sarraute (19011903)
- 3 bouchers : Jean Artigolles (1898), Mathieu Dartiailh (1893-1894), Honoré Dartiailh
(1894)
- 3 valets de chambre : Joseph Billot (1902), Jean Galan à Lachapelle (1903), Ferdinand
Prelaz (1902)
- 2 laitiers : Arnaud Dubearn (1902), Pierre Pouyet (1900)
- 2 bouviers : Pierre Barrière (1903), Jean Vidal (1902)
- 2 selliers, bourreliers : Pierre Normand (1893-1903), Arnaud Normand (1900)
- 2 entrepreneurs : Arthur Cartier (1897-1898), Sébastien Guyonnet (1893-1897)
- 2 marchands : Arnaud Cavernes (1893), Albert Cavernes (1901-1903)
- 1 négociant : Jules Henry Maurice Saintonges (1897)
- 1 épicier : Louis Cavernes (1893-1894)
- 1 maçon : Joseph Tabreau (1901)
- 1 desservant : Jean Edouard Saux (1894)
- 1 coiffeur : André Cauvin (1896)
- 1 géomètre : Paul Labuzan (1897)
- 1 cantonnier : Jean Héberau (1897)
- 1 garde-champêtre : Jean Goulard (1903)
- 1 aubergiste : Jean Ballion (1898)
- 1 meunier : Paul Panchy (1900)
- 1 charretier : Ferdinand Vidal (1902-1903)
111 personnes et 29 métiers différents.
La classe sociale aisée : 1 géomètre, 1 négociant, 2 entrepreneurs, 3 valets de chambre à leur
service, 16 propriétaires.
La classe la plus pauvre : 29 cultivateurs, 2 laitiers, 2 bouviers (personne gardant et
conduisant les bœufs), 1 maçon.
Les commerces : 1 aubergiste (ancêtre de l’hôtel-restaurant), 1 meunier, 1 coiffeur, 1 épicier,
2 marchands, 3 bouchers, 4 boulangers.
La fonction publique : 1 cantonnier (il s’occupait de l’état des chemins. Il était en effet
important qu’ils soient carrossables car ils n’étaient pas goudronnés), 1 garde-champêtre
(ancêtre de la police municipale), 1 desservant (le curé), 3 instituteurs.
Les métiers du transport : 1 charretier (il transportait des objets dans des chariots), 2 selliers
bourreliers (il fabriquait et/ou vendait des selles de cheval, ainsi que tout article de cuit pour
le harnachement), 3 charrons (il fabriquait les charrettes, chars, brouettes et autres moyens de
transport), 3 maréchaux-ferrants (il pratiquait le ferrage des animaux, chevaux, bœufs, mais
il leur donnait également les soins de base quand ils tombaient malades), 4 forgerons (artisan
travaillant les métaux et en particulier le fer à chaud avec une forge, une enclume et un
marteau), 4 cochers (ils conduisaient les carrosses).
Les métiers du bois : 4 menuisiers, 5 sabotiers, 9 tonneliers (ils fabriquaient les tonneaux
pour recevoir le vin). Saint-Selve possède de grandes forêts. La première mention de
l’ancienne paroisse Saint-Sévère de La Taugère, vers 1170, a d’ailleurs pour objet des
défrichements. La paroisse s’appelle ensuite Saint-Sève à partir XVIème siècle. Sa
dénomination actuelle date de la création de la Commune en 1790. Afin de ne pas confondre
avec Saint-Sève près de La Réole, on choisit Saint-Selve par rapprochement avec silva, la
forêt en latin.
Sitographie :
http://www.vieuxmetiers.org
Saint-Selve autrefois
SAINT SELVE s'étend sur 1774 hectares de superficie et à une altitude de 45m, sa
population est de 1632 habitants (en 1999).En se promenant dans le village aujourd’hui on
ne trouve pas beaucoup de traces d’un passé bien lointain. S’il est vrai que les villages
portant un nom de saint ont souvent une fondation moyenâgeuse on peut penser que les
hommes ont occupé son sol, soit de façon permanente soit dans des camps provisoires (il ne
faut pas oublier que la région était certainement couverte de bois giboyeux propices à la
chasse et de marais insalubres), depuis une haute antiquité car on a découvert des poteries
datant des tout premiers siècles de notre ère ainsi qu’un “ trésor ” monétaire de cette époque,
de plus la Voie Romaine connue sous le nom de Chemin Gallian et allant de Bordeaux à
Toulouse la traversait à hauteur de Sarransot. Nous n’avons pu découvrir aucun vestige de
cette voie.
C’est en 1774 qu’un vigneron découvrit dans un champ qu’il bêchait une jarre pleine de
pièces de monnaie qu’il remit aussitôt au propriétaire du champ, celui- ci les fit estimer, elles
furent datées du IVe siècle de notre ère par la suite il voulut garder pour lui la totalité du
produit de leur vente, le vigneron découvreur en réclama sa part et il y eut un procès, on
ignore comment il se termina mais personne aujourd’hui n’a pu nous dire où on pouvait voir
ces pièces.
La paroisse de Saint Selve est née à la fin du XIIe siècle, tout au moins on commence à la
voir mentionner dans de très rares documents sous le nom de Sanctus Severus de la
Fougère qui est traduit par Saint Sévère de la Forêt, il faut toutefois signaler que certains
érudits pensent qu’il fallait lire “ de Taugère ” et non " fougère". Saint Sévère devint
rapidement Saint Sève puis dès le début du XIXe siècle : Saint Selve, il ne faut pas oublier
que nous sommes dans une région très boisée et que l’assimilation entre la sylve c’est-à-dire
la forêt et Sève était facile. Si la paroisse existait elle devait être très peu peuplée puisque au
XIVe siècle encore elle n’est même pas mentionnée dans la liste de l’archiprêtré du Cernès à
laquelle elle appartenait pourtant. Les premiers documents la concernant officiellement
remontent au XVIe siècle, le premier registre d’état-civil date de 1589.La Voie romaine qui
passait à Saint Selve était empruntée par les pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle, très
tôt des moines de l’ordre de Saint Antoine établirent un hospice qui est attesté à partir de
1311. Cet hospice était dénommé Hospice de Saint Antoine de la Palomeyre, les moines
élevaient des porcs, cultivaient la vigne, l’hospice échut ensuite aux Feuillants qui
continuèrent leur œuvre jusqu’à la Révolution mais le souvenir de Saint Antoine perdure à
Saint Selve, sa statue figure sur le fronton de l’église actuelle. Les livres anciens conservent
le souvenir de plusieurs petites chapelles ou sanctuaires aujourd’hui disparus, par exemple
celle de Saint Antoine de Bauves située approximativement au lieu-dit “ La Chapelle ” où
s’élève aujourd’hui la maison de repos de Montalier. Cette chapelle Saint Antoine était très
importante et objet d’une dévotion spéciale le 17 janvier, fête de ce Saint à l’occasion de
laquelle se tenait une grande foire qui n’a était supprimée que pendant la dernière guerre. La
chapelle Sainte Quitterie mentionnée à LA BRÈDE, dont l’abbé Baurein dans ses “ Variétés
Bordelaises ” attribuait la fondation à Clément V et qui existait encore au XVIIIe siècle
entourée de son petit cimetière, et entièrement disparue aujourd’hui, s'élevait peut-être à
Saint Selve, lieu-dit le Vatican au dire de certains auteurs.
Il y avait également un autre édifice religieux, il en est question en 1784, une petite chapelle
dédiée à Saint Clair mais elle n’a pas laissé de traces dans le souvenir, peut-être s’agit-il de
l’oratoire construit sur la source à coté de l’église et abritant encore une statue de la Vierge,
Notre Dame de la Houn ? Saint-Clair avait la réputation de guérir les yeux malades et c’est
bien cette réputation que possède la source de Notre Dame de la Houn (Houn signifie
fontaine, source), ces dernières années encore un vieux monsieur du village venait
régulièrement y soigner sa conjonctivite, de toute façon cette eau est très pure. En arrivant
dans le bourg de Saint Selve sur la place Saint Antoine nous remarquons une fontaine de
pierre, décorée de grappes de raisins et de feuilles de vignes car nous sommes au cœur des
Graves, qui est alimentée par la source, le trop plein des eaux est évacué vers le Gat-Mort
qui coule non loin de là. Cette fontaine est toute récente, inaugurée en 1985 et construite par
les élèves de l’A.F.P.A. mais si on se dirige vers la gauche de la place on trouve un grand
bassin carré, le Lavoir rempli d’eau vive et claire, au fond coule le Gat-Mort et sur notre
droite un oratoire fermé par une petite porte de fer forgée, l’intérieur est trop sombre et il est
difficile de distinguer quoi que se soit hélas ! La porte est fermée à clef, par sécurité sans
doute car c’est là qu’est la source et un bruit de pompe indique qu’on y a installé l’appareil
qui permet d’alimenter la fontaine de la place mais un petit éclairage intérieur permettrait à
tout un chacun de découvrir une belle et ancienne statue de pierre de la Vierge, Notre
Dame de la Houn, un peu mousseuse et rongée par l’humidité. Le culte rendu à NOTRE DAME
DE LA HOUN semble ne plus exister depuis quelques décennies, autrefois nombreux étaient les
pèlerins... Une légende veut que lors d’invasions comme celle de la dernière guerre, la
fontaine ayant servi d’abreuvoir aux chevaux de l’occupant s’arrêta de couler, il fallut une
procession pour que les choses rentrent dans l’ordre et que l’eau coule de nouveau...
L’église Saint Sévère s’élève sur la place Saint Antoine, c’est un édifice récent puisqu’il date
de la première moitié du XVIIIe siècle, la date de 1736 figure sur le clocher mais une partie
au moins du chœur aurait un siècle ou deux d’existence de plus. Cette église en remplace une
plus ancienne et plus petite qui était située au même endroit entourée de son cimetière, lequel
fut transféré en dehors du village vers 1870. Il est vraisemblable que la vieille église n’a pas
été entièrement rasée et que la nouvelle a été construite sur ses fondations, en tous cas en
1898 la voûte menaçait ruine et dut subir une sérieuse restauration. La tradition veut qu’au
début du siècle le Père Charles de FOUCAULT y soit venu souvent prier, lors de séjours
chez des parents habitant le Château Le Tuquet à Beautiran.
Deux statues de saints ornent la façade, Saint Antoine reconnaissable à son pourceau, un des
protecteurs de Saint Selve depuis la création de l’hospice de la Palomeyre, le second est
Saint Laurent dont une relique était conservée à la Palomeyre, le reliquaire était un bras en
métal. L’église a l’air saine et en bon état, il n’y a pas de fissures apparentes, les murs ont été
blanchis vers 1960 lors de la rénovation-modernisation. Les vitraux du XIXe siècle sont
signés Dagrand, nous remarquons un autel de marbre, don de Mme d’EICHTHAL propriétaire
du château Razens au début de notre siècle.
Quand on pénètre dans l’église l'œil est tout de suite attiré par un très grand tableau
accroché sur le mur d’en face. ( remarque SIGM , ce tableau a été déplacé vers la chapelle
Saint Genès à Bordeaux en 2006) . Il s’agit d’une copie de la Cène de Léonard de Vinci qui
a été réalisé en juillet 1993 lors du Festival organisé par la commune de Saint Selve. Ce
tableau est bien mis en valeur, c’est une huile sur bois formée de quatre panneaux, œuvre
peinte par les participants d’un stage de peinture de « l’Atelier Art et Image », la personnalité
des divers peintres s’exprime par des styles différents ce qui provoque un effet curieux mais
très intéressant. Mme Tina DEGAS était le professeur de ce stage, nous avons relevé
quelques noms de peintres : D. GALLAND, M. QUINTARD, D. JAILLY etc, parmi ces noms nous
avons eu le plaisir de reconnaître celui d’une de nos concitoyennes, Mme Claude FICHET,
artiste Lilaise.
La place Saint Antoine a été aménagé dans les années 1980, création de la fontaine,
parking, installation de la mairie dans l’ancien presbytère. Voici une anecdote concernant ce
dernier : En 1743 le prêtre de la paroisse en fit don à ses sucesseurs, à charge pour eux de
fournir vingt litres d’huile d’olive pour entretenir la lampe du sanctuaire. L’atelier municipal
est situé dans un cloître, aujourd’hui démoli, qui avait été construit au siècle dernier autour
de la place. L’ensemble de la place est agréable et harmonieux.Saint-Selve a conservé peu de
traces de son passé, même les vestiges de la voie romaine signalés au carrefour de Sarransot
ne sont pas visibles et à ce propos connaissez-vous une légende ayant trait à ce « Camin
Galian » ? On raconte que dans les temps anciens la fille du Prince de Langon refusa tout
net, la veille de ses noces, que son fiancé le duc de Bordeaux vienne la chercher en passant
par la route ordinaire. Le pauvre jeune homme, désespérant de pouvoir construire une autre
route en une nuit en vint à invoquer le diable, qui ne se faisant pas plus prier fit surgir du
néant lou Camin Galian, ce fameux Chemin Gallien considéré longtemps comme une voie
maudite au bord de laquelle il ne fallait pas construire de maisons. Est-ce pour cela
qu’aujourd’hui on ne retrouve presque jamais ses vestiges dans les villages qu’elle
traversait ?Saint Selve possède un blason, mais il est de conception tout à fait récente. Vigne
et forêt ont toujours étaient les richesses du village, on les retrouve donc dans le blason
actuel, le cœur au centre rappelle que nous sommes ici au cœur de la région des Graves.La
commune de Saint Selve est née en 1790, ses limites ne sont pas celles de la paroisse mais
bien plutôt des limites seigneuriales.
Le château de SAINT SELVE est le château du PUCH appelé aujourd’hui Château RAZENS.
En 1655 Marie de GUÉRIN dame de SAINT SELVE, épouse Pierre de GASQ seigneur de RAZENS
(la terre de Razens est située à Aillas), leur fille Marie de GASQ de RAZENS hérita de Saint
Selve. Cette Marie de Gascq épousa Alphonse de SAINT-MARC qui devint seigneur de RAZENS
et de SAINT SELVE, ils firent construire au début du XVIIIe siècle le Château de Saint-Selve
qui fut désigné comme Château du PUCH et enfin Château de RAZENS, par confusion
avec le nom des propriétaires. C’était une belle demeure d’un étage dont le corps de logis
central était flanqué de deux tours carrés, qui fut rachetée en 1874 par le baron Emile
d’EICHTHAL qui le répara, acheta de nouvelles terres et fit prospérer le vignoble. Pendant la
Grande Guerre ce château servit d’hôpital puis des hommes célèbres y séjournèrent tel
que le roi d’Espagne ALPHONSE XIII, en 1921 il fut racheté par Mme WALLERSTEIN mais il fut
laissé peu à peu à l’abandon et il est en partie ruiné aujourd’hui, seules se dressent les deux
tours...
Le Château de GRENADE s’élève sur une terre qui appartenait autrefois aux seigneurs de
Saint-Selve et qui fut affranchie des droits seigneuriaux au XVIIIe siècle, lors du mariage du
possesseur de Grenade, Antoine de ROUSSANES, avec une demoiselle de GUÉRIN. Au XIXe
siècle Grenade est achetée par M. DE CARAYON LATOUR qui fit construire le château que l’on
peut voir en suivant la route départementale 115. C’est une très belle propriété qui abrite
aujourd’hui un centre équestre réputé.
Un autre château est signalé à Saint Selve, c’est le Domaine de MONTALIER qui se trouve
de l’autre côté de la commune près du Gat-Mort, c’est à cet endroit que s’élevait l’hospice
de la Palomeyre et MONTALIER est actuellement une Maison de repos. Comme pour le nom
de RAZENS, MONTALIER n’est pas un nom originaire de Saint Selve c’est à PREIGNAC qu’un
centre de soins pour convalescents fut fondé en 1947, en 1954 ce centre fut déplacé à SaintSelve dans la propriété qui avait appartenu aux Antonins puis aux Feuillants. La Maison
reçoit des adolescents en postcure mentale, il y a de 80 à 90 pensionnaires.
Vendu en 1791 comme bien national au Sieur Boinard.
Tout près de Montalier, au bord du Gat-Mort, s’élevait le Moulin de FORTAGE, on nous a
dit qu’une roue de ce très vieux moulin à eau était encore visible, nous ne l’avons pas vue
mais il faut dire que les berges du Gat-Mort, par un mois de janvier pluvieux, ne sont pas très
praticables. Le souvenir de ce moulin perdure dans la toponymie puisque nous remarquons
les « rue du Moulin » et « rue de Fortage ». Nous n’avons pas pu apprendre grand-chose sur
l’histoire de ce moulin, tout au plus qu’il a été vendu aux seigneurs de Saint-Selve à la fin
du XVIe siècle à la suite de la ruine de son propriétaire Pierre de FORTAGE.
Le GAT-MORT traverse la commune à hauteur des lieux-dits La Chapelle et Le Vatican dont
les noms rappellent à l’évidence la chapelle Saint Antoine de Bauves et l’établissement
religieux des Antonins au Moyen-Age. Une station d’épuration est construite de l’autre côté
de l’autoroute A60, le ruisseau se rend coupable de quelques débordements mais le vallon du
Gat-Mort est un milieu écologique intéressant qu’il faut protéger, ses eaux ne sont pas très
polluées. Nous avons relevé l’anecdote suivante : Un arrêt du Parlement, en 1764, ordonna le
curage du lit du ruisseau car il « était tellement envasé que les eaux se répandaient sans
cesse à l’entour» et ce curage eut enfin lieu en.... 1897 !
Toujours à propos du Gat-Mort il convient de rappeler un projet qui ne fut jamais réalisé,
présenté par un fermier général de la région qui prévoyait de transformer le ruisseau en canal
allant de Belin à Castres, ce qui aurait eu un retentissement sur la vie économique du pays vu
l’importance des voies de communication par eau à cette époque.
Saint-Selve a une population de 1632 habitants, une forte augmentation en vingt ans. Le
bourg n’a pas toujours était le plus peuplé, jusqu’à il y a trois ou quatre ans c’était le
hameau de Jeansotte qui avait le plus grand nombre d’habitants, il y a un autre hameau, au
nord de la commune, c’est Civrac. Saint-Selve faisait partie autrefois de la baronnie de
Beautiran mais il semble que ce village a toujours vécu en paix, en dehors des grands
tourbillons de l’histoire.
Il y a une dizaine d’années la commune s’est dotée d’une grande et belle salle des fêtes dont
la scène est équipée de barres et miroirs destinés à l’école de danse, d’autres salles
adjacentes complètent cet ensemble. Une de ces salles a été inaugurée en 1988, elle est
baptisée la « SALLE ROLAND DUMAS » et elle est aménagée en petit musée où sont exposés des
objets venus des quatre coins du monde et que Roland Dumas (qui possède une maison à
Saint Selve et fut ministre des affaires extérieures) a donné à la commune, estimant que ces
objets reçus en cadeau « étaient un bien national ». Cette salle est ouverte au public et
mériterait de recevoir un plus grand nombre de visiteurs, on peut y découvrir de très jolis
objets, des porcelaines d’URSS cadeaux de M. GORBATCHEV, des sculptures de la Côte
d’Ivoire offertes par M. HOUPHOUET BOIGNY, une théière du roi HASSAN II, des objets
provenant de Chine, d’Israël, de Thaïlande, de la Tunisie, un cadeau du prince NORODOM
SIHANOUK représentant un oiseau sur une branche d’un travail très délicat. Il est impossible, et
il serait bien sur fastidieux, d’énumérer tous ces objets mais ils valent vraiment le coup d'œil
et de plus l’entrée est gratuite...
La fête du village est célébrée le 14 juillet, il y avait aussi depuis 1984 et jusqu’à ces
dernières années, en juillet, « LA FÊTE DES VINS DE GRAVES » qui se voulait héritière des deux
grandes fêtes anciennes, la Foire Saint Antoine du 17 janvier et la Foire de Saint Laurent du
10 août, qui furent abandonnées définitivement après la dernière guerre. Saint Selve a une
ressource économique particulière et très importante puisque son montant est égal à 80% de
la taxe professionnelle et à la moitié des impôts locaux, il s’agit tout bonnement du péage de
l’autoroute. L’ambition des habitants pour l’avenir est semblable à celle des autres villages à
mesure que l’on s’éloigne des axes routiers et que l’on rejoint les régions plus boisées :
simplement rester un village rural, paisible mais assez vivant tout de même pour éviter de
devenir un village-dortoir.
Le Rocher, route de Castres-Gironde, fut créé par Monsieur Dunkine : joli maison avec
pavillon.
Crus en 1869 : Labuzan (60 à 80 tonneaux), Razens (35 à 40 tonneaux) et Bedouret (30 à
40 tonneaux).
Pour ces articles nous avons été guidés par les ouvrages suivants :
« Flash Infos » municipal N° spécial,
- « Bordeaux Antique » de Robert ETIENNE
- « Revue Archéologique de Bordeaux » Tome LXXX, 1989, M. LACOSTE-LAGRANGE
- « La Gironde » JOANNE, 1881
- « Les Variétes Bordelaises » de l’Abbé BAUREIN
D’après le site Internet de la Mairie de Saint-Selve
Bibliographie :
Denis Lalande, in Bulletin de la société de Borda n°416, 1989.
« De Saint-Sévère de La Taugère à Saint-Selve, notes d’archives sur l’histoire d’une
paroisse du Cernès », par Guy Lacoste Lagrange in Revue archéologique de Bordeaux,
tome LXXX, 1989, pp.121-131.
Bois et marais comme à Saucats où régna le paludisme jusqu’à ce que le ministre de Louis
XVIII, Lainé, propriétaire à Saucats, organise un réseau de fossés. Nombreux sureaux car sa
tisane était le seul fébrifuge connu à l’époque.
1774 : découverte d’un trésor monétaire du IVème siècle.
On retrouve la mention de la paroisse Saint-Sévère de La Taugère vers 1170 pour des
défrichements.
21 mars 1274 : première nomination d’un habitant, Guillaume-Raymond des Bordes qui fait
hommage au roi d’Angleterre, duc d’Aquitaine.
XIIIème siècle : Helias Rey.
La paroisse s’appelle Saint-Sève depuis le XVIème siècle. Sa dénomination actuelle date de
la fin du XVIIIème siècle, par rapprochement avec silva, la forêt en latin, ou par
dissimilation de Saint-Sève près de La Réole (création de la Commune en 1790).
Le premier registre paroissial date de 1589.
18 juin 1730 : testament du curé Jean Duver. Le presbytère s’établira dans les bâtiments
légués qui deviendront la Mairie actuelle. Le cimetière était autour de l’église.
1736, visite épiscopale : une chapelle au Puch et à Grenade, 800 habitants environ dont 19
feux au bourg, 10 hameaux (Sarransot, Jeansotte, Guirautet, Brocas, Lacanau, Bigar, Civrac,
Foncroise, Pinchot, Larnavey), 30 métairies environ ou maisons séparées.
1311 : les religieux de l’ordre de Saint-Antoine établissent un hôpital avec l’appui du
seigneur d’Isle. En 1529, il y avait un seul responsable pour Saint-Antoine de la Palomière,
Saint-Antoine de Bordeaux et Saint-Antoine de Bigar à Pujols. En 1589, l’archevêque de
Bordeaux installe à leur place les Feuillants et leur attribue La Palomière et les quartiers de
Bigard, Mothelin et La Chapelle. Plan du domaine de 1651 : chapelle, pigeonnier, maison
des métayers, chai, étable, fournière avec son four et sa cheminée. On trouvait deux figures
dans la chapelle : Saint-Antoine et Saint-Laurent. On y disait la messe et administrait les
sacrements de pénitence et d’eucharistie. A la Révolution, le domaine fit partie des biens
nationaux et divisé entre plusieurs propriétaires. La chapelle sera entièrement démolie et
Joseph Lacoste, courtier en vin et maire de Saint-Selve, y construira à la place un domaine.
La paroisse était en zone franche : elle relevait directement du pouvoir royal.
Le château de Saint-Selve :
1580-1588 : Pierre Guérin, bourgeois et marchand drapier, achète de nombreuses terres. Son
fils en fait autant entre 1592 et 1632 (lieu-dit Gaillardas). Le 15 juillet 1609, il achète les
biens de Pierre de Fortage, seigneur de Moyentran, qui a fait faillite : le moulin de Fortage,
les trois quarts de Lacanau, la maison noble du Puch, etc. Jean Guérin, seigneur de la maison
noble du Puch, sera élu trois fois jurat de Bordeaux.
Par édit de 1639, le roi abandonne la juridiction de Barsac. Le 16 août 1641, elle est cédée à
Henri de Sourdis, archevêque de Bordeaux. Le 10 mai 1643, Henri de Sourdis cède à Jean
Guérin, seigneur du Puch, tous les droits et justices de Saint-Selve, Saint-Morillon et
Villagrains.
Le 27 janvier 1655, Marie de Guérin, veuve en première noce de Guy de Luxe, épouse Pierre
de Gascq, seigneur de Rozens (à Aillas en Bazadais) et ils deviennent possesseur de la
maison noble du Puch. Une fille de Marie de Guérin épouse à Saint-Selve, le 25 juillet 1684,
Jean Alphonse de Saint-Marc, seigneur de la Tour Blanche (à Bommes). Vers 1729, ils font
édifier le nouveau château du Puch, parfois désigné de Razens.
Le 24 avril 1739, Jean Alphonse de Saint-Marc cède la justice et les droits sur SaintMorillon à Monsieur de Secondat, baron de Montesquieu qui, par lettres patentes du 14 juin
1747, sera autorisé à transférer à La Brède la justice de Saint-Morillon. Le 24 avril 1739, la
justice de Villagrains est cédée à Monsieur de Ségur Cabanac.
En 1930, le nouveau propriétaire enlève les plombs et le zinc des toitures. Puis, pendant
l’Occupation allemande, la ruine du château est achevée.
Château de Grenade :
A côté de la terre du Puch s’est développé la terre de Grenade (67 ha).
En 1686, Antoine de Roussanes épouse une fille du premier mariage de Marie de Guérin. Le
domaine est cédé le 16 septembre 1858 à Carayon-Latour. La directe a représenté jusqu’à
400 ha dans la paroisse.
La région de Foncroise-Bellefond dépendait du Chapitre Saint-André.
Le 3 juillet 1750, Pierre de Saint-Marc obtient le transfert de la foire sur la place de l’église.
Auparavant, elle avait lieu devant la chapelle des Feuillants.
En 1716, le seigneur de Pomarède, lieu qui appartient à Castres-Gironde mais se situe à la
limite de Saint-Selve, demande le curage et le redressement du Gât-Mort « qui était
tellement envasé que les eaux répandaient sans cesse à l’entour et la réfection d’une fuite au
pas de Laspeyres qui empêchait les eaux de passer par le canal du moulin ». Après de
multiples efforts, il obtint en 1764 un arrêt du Parlement ordonnant la réfection et le
remboursement des frais d’urgence qu’il avait engagé. Mais le curage et le redressement
ordonnés par le Parlement ne seront en fait réalisés qu’en 1897 !
Un projet faillit bouleverser tout le pays : Desbiey, fermier général, voulait remplacer le GâtMort par un canal de Belin à castres. Ce projet sera repris pour le transport du bois des
Landes avec le train de Beautiran à Saint-Symphorien.
Instruction : furent maître d’école Bernard Micouleau en 1691, Vital Faget en 1747, Jean
Paillassa en 1761, Jean Lataste en 1772.
La justice était rendue par le seigneur du Puch.
Il y avait deux foires très connues à la Saint-Antoine le 17 janvier et à la Saint-Laurent le 10
août.
Demandes de défrichements : Antoine Massot le 2 décembre 1769, Jean Seguin le 7 juin
1770, Arhout le 3 mars 1767, Arnaud et Jean Tandonnet en 1763 et 1764.
Comme partout, la cloche de l’église fut envoyée à la fonte à la Révolution. Le 11 juin 1894,
deux nouvelles cloches sont établies.
Nouveau cimetière en dehors du bourg vers 1870, l’ancien laissant l’espace pour former une
place publique devant l’église.
Dans les années 1890, Madame d’Eichtal fit don de l’autel principal et d’une chaire en bois
de citronnier.
Vers 1960, les lustres et les statues furent vendus.
Vers 1980, la partie Nord du jardin du presbytère est transformée en parking et la partie Sud
en place avec fontaine, la Mairie étant transférée dans l’ancien presbytère rénové.
Alain d’Anglade, « Le château de Saint-Selve. Naissance et déclin d’un domaine de la
lande » in Bulletin de la société de Borda n°323, 1966, pp.287-308.
Après leur reprise aux Allemands qui les avaient prises chez Mme Wallerstein, cohéritière de
Mme d’Eichtal, le service de la récupération artistique a remis les archives du château le 26
décembre 1950 à la Direction des Archives de France. Cette dernière les a ensuite versées
aux Archives Départementales de la Gironde le 22 mars 1951 (IV J 137 à 145).
La prévôté royale de Barsac comprenait Saint-Selve.
1674 : procès entre Jean de Guérin, écuyer, seigneur de la maison noble du Puch, et Jacques
Fronton de Métivier, conseiller au Parlement de Bordeaux.
Marie-Christine de Bronno-Bronska est née le 6 octobre 1851 à Paris. le 8 avril 1872, elle
épouse Emile d’Eichtal à Bordeaux. Homme d’affaires venu de Londres puis de Paris, il
restaura le château qui leur est échu par adjudication au tribunal civil le 14 avril 1875 (205
ha). Il racheta également un total de 700 ha sur les communes de Saint-selve, Saint-Michelde-Rieuffret, Landiras et Saint-Morillon. Il meurt le 18 septembre 1900. Sa veuve vend le
domaine le 1er août 1921. Elle en conservera l’usufruit puis cède finalement son droit le 27
février 1922. Il était déjà quelque peu délabré au lendemain de la guerre 1914-1918, durant
laquelle un hôpital auxiliaire y a fonctionné.
Sites archéologiques d’après le site Internet du S.I.G.M. :
1- Au lieu-dit « Le Raton, Château Bel Air » (Carte I.G.N. : La Brède 1537 Est) fut trouvé
en prospection un éclat de silex.
2- Au lieu-dit « Lagarde » (Carte I.G.N. : La Brède 1537 Est) est mentionnée l’existence de
quatre tumuli espacés de quelques dizaines de mètres. Aujourd’hui il n’existe plus qu’une
levée de terre.
3- Il est attesté le passage de la voie romaine le « chemin gallien » sur le territoire de cette
commune. Les indices d’une occupation humaine sont donc rares avant la période
médiévale, sur cette commune.
4- L’église Saint-Sévère fut érigée au XIIe siècle. Cependant, elle fut quasiment reconstruite
lors de travaux de restauration au XVIIIe siècle.
5- Au lieu-dit actuel « Mathelin » ou « Mathalin », en 1311, l’ordre religieux hospitalier des
Antonins fonde un hôpital du nom de Saint-Antoine-de-Palomeyre. Leur but était
d’accueillir les pèlerins sur la route de Saint-Jacques-de-Compostelle, ainsi que les malades.
Sur ce lieu, est encore attestée une sépulture du Bas Moyen-Age.
Texte ci dessous préparé par Catherine Grand
d’après une étude de M. JP MERIC « L'école et les instituteurs de Saint Selve sous la
Restauration et le Second Empire »
Eléments d'histoire du village
Traversée par la voie romaine Bazas-Bordeaux, le territoire de la commune est
fréquenté dès l’Antiquité.
En 1170 il est fait mention d’une première église, romane, dédiée à Saint-Sévère,
patron des tisserands. En effet des tisserands s’étaient installés au lieu-dit Mathelin ou
Mathalin, proche du village, sur la route de Saint-Jacques de Compostelle.
En 1311, en ce même lieu, les Antonins fondent l’hôpital-commanderie SaintAntoine de la Palomeyre, pour accueillir, outre les malades de la peste, les pèlerins allant à
Saint-Jacques.
Bertrand de Got, futur pape en Avignon sous le nom de Clément V (1305-1314), dans
ses déplacements de Bordeaux vers Villandraut dont il est originaire, aurait célébré la messe
dans une chapelle dédiée à Sainte Quitterie, d'où le nom du lieu-dit actuel « le Vatican ».
Le premier registre paroissial de Saint-Selve date de 1589. Les comptes rendus des
visites de l’évêque ou du cardinal de Bordeaux renseignent sur l’évolution de l’église et
sur la vie de la paroisse.
Initialement, l’église, petite et obscure, possédait une nef lambrissée. La minuscule
sacristie, aujourd’hui disparue, se trouvait derrière l’autel.
Au XVIIème siècle, une sacristie est construite sur la gauche du bâtiment principal,
pour le consolider.
Au XVIIIème siècle, l’église est entièrement reconstruite avec son architecture
actuelle. Les travaux durent longtemps et sont financés par une imposition des habitants
« chacun, selon ses facultés... ».
Le cimetière entoure l’église.
A la Révolution, église et presbytère deviennent biens nationaux. La cloche est
envoyée à la fonte.
Vers 1870, le cimetière est déplacé, laissant l’endroit disponible pour la création
d’une place publique.
De part et d’autre de l’église, un mur sépare la place des jardins du presbytère.
En 1894, deux cloches sont installées.
A cette époque, la baronne Marie Christine d’Eichtal, propriétaire du château de
Saint-Selve, fait don du maître autel, d’une chaire en bois de citronnier et d’un vitrail.
En 1900, le curé J.E. Saux fait construire la galerie avec arcades, le long de la façade
sud, donnant ainsi à son jardin d’agrément un petit air de cloître.
Dans les années 1960, les murs intérieurs sont blanchis; les peintures, lustres, et
ornementations diverses, la chaire et les statues sont retirés. Un nouvel autel, plutôt rustique,
est installé en avant du chœur.
Fin XXème et début XXIème siècle, des travaux de réfection générales sont
entrepris: tribune au fond de la nef, toiture, chauffage, peintures intérieures, modification de
l’autel et… installation de toilettes.
Saint-Sévère... Saint-Antoine... Saint-Laurent…
Bien que dédiée à Saint-Sévère, ce sont les statues de Saint-Antoine et Saint-Laurent
qui ornent la façade.
Au XIVème siècle les Antonins possédaient 3 hôpitaux, celui de Saint-Selve, un autre
à Bordeaux sur l’emplacement de l’actuel Musée d’Aquitaine et un troisième à Pujols sur
Ciron.
Pour l’entretien de ces établissements les Antonins élevaient des porcs, et ils avaient
l’autorisation de laisser leurs animaux circuler à travers la ville. Le son de la clochette
avertissait les habitants qui mettaient sur le seuil de leur maison les restes de nourriture
destinés à engraisser les bêtes. C’est pourquoi Saint-Antoine est représenté accompagné
d’un pourceau muni d’une clochette.
Dans l’hôpital de Saint-Selve, on accueillait aussi les malades atteints de gangrène,
maladie dûe à l’ergot de seigle, qui est un parasite du blé que l’on ne triait pas lors du
passage au moulin. Le malade sentait comme un feu dévorant dans le membre atteint, qui
devenait sec, noir comme brûlé, et finissait par tomber. C’était « le mal des ardents » ou « le
feu de Saint-Antoine », maladie épidémique qui fît des ravages au Moyen-Age.
Par ailleurs les Antonins portaient une grande dévotion à Saint-Laurent, martyr du
IIIème siècle, qui mourut à Rome, torturé sur un gril de fer rougi au feu. Il est le patron des
rôtisseurs et des charbonniers, et il est réputé guérisseur des brûlures.
Une chapelle, qui abritait leur statue était dédiée à ces deux saints, sur l’emplacement
de l’actuelle demeure de « Montalier ». Cette chapelle devenue bien public à la Révolution,
fût vendue avec l’ensemble de la propriété puis rasée. Les statues des deux saints furent
installées sur la façade de l’église
L' ECOLE à SAINT SELVE
Dès le 16e siècle l'Eglise met l'accent sur l'importance de l'instruction pour faire de bons
chrétiens, en appelant à la création d’une école dans chaque paroisse. Le maître, choisi par
l'évêque, y enseignera la lecture, l'écriture, le chant et le calcul – et ce, gratuitement pour les
pauvres.
La crainte de faire des paysans des « demi-savants »... « qui ne profitent de l'instruction
que pour abandonner les champs ou faire procès à leur seigneur », freine cette initiative, et
les curés n'ouvrent que très peu d'école, d'autant que la pauvreté de leurs revenus ne les
incite pas à prendre sur leur nécessaire au profit d'un précepteur.
Dès 1691 à St Selve, Bernard MICOULEAU est un maître d’école, réputé « de bonnes
moeurs, faisant son devoir, assidu aux offices et chantre de la paroisse, et élevant la jeunesse
à la crainte de Dieu ».
Ces maîtres d'école exerçaient aussi un autre métier, ne serait-ce que pour survivre,
sacristain, fossoyeur, chantre...
De 1828 à 1830, Joseph BURQUET, instituteur, avait réuni dans sa classe 15 garçons et 9
filles.
Monsieur Bontems de Memigniac, « propriétaire des plus imposés de St Selve », y vit un
objet de scandale. Si la fin de l'histoire n'est pas connue, il est à noter que l’école des filles
n’intéressera le conseil municipal qu’à partir de 1881. Entre temps c’est aux seules soeurs de
Saint Joseph que reviendra de leur faire la classe.
En 1833 GUIZOT, Ministre de l'Instruction Publique, fait voter la loi qui fait obligation à
toutes les communes de France de pourvoir au fonctionnement d'une école primaire.
Dès août 1833 le conseil municipal estime « qu'il importe à la commune de s'imposer un
petit sacrifice pour fournir à l'instituteur communal un local convenable tant pour recevoir
les élèves que pour son habitation, et un traitement fixe... ».
En 1834 un crédit extraordinaire est voté « pour faire jouir Monsieur LAFEYCHINE des
bienfaits de la loi », traitement fixe et indemnité de logement, et on s'engage « à fournir un
local bien disposé pour servir de maison d'école ».
(Son salaire est composé d'un traitement fixe versé par la commune, le reste est à la charge
des familles ayant des enfants à l'école).
Jean Baptiste LAFEYCHINE a 25 ans. Plutôt que d'établir sa classe dans la mairie,
bâtiment face à l'église qui servit longtemps de bibliothèque, l’instituteur préfère installer
son école dans sa propre maison. Très apprécié, il assurera également les fonctions de
secrétaire de mairie et de régisseur des travaux d'aménagement des abords du pont du Gat
Mort, aussi le conseil municipal fera-t-il le geste de doubler son traitement fixe.
En 1883, pour la première fois, une dépense proprement pédagogique est faite par la
municipalité pour l'achat d'un système de poids et mesures.
En 1866 “la maison Lafeychine” est acquise après 9 années de débats par le Conseil
municipal.
En 1876, Monsieur VIGNOLLES, citoyen de St Selve, “voulant faire une bonne oeuvre,
fit construire, à ses frais le préau nécessaire à l'école des garçons pour les abriter contre les
intempéries des saisons...” et offre à la commune en location gratuite pour une durée de 15
ans, “une maison et ses dépendances propres à y recevoir les religieuses de St Joseph et y
admettre les jeunes filles appelées à recevoir l'instruction”.
à St Selve, la consultation des registres de mariage montre qu’entre 1810 et 1820, 38 %
des garçons et 21% des filles signent le registre d'état civil. En 1900, ce sont 100 % des deux
époux : ainsi est avérée l'importance de l'instruction pour faire, sinon « des bons chrétiens »,
du moins des bons citoyens.
(d’après une étude de M. JP MERIC « L'école et les instituteurs de Saint Selve sous la
Restauration et le Second Empire »)
Le chêne de la Liberté
Planté par la municipalité au lendemain de la guerre 1914-1918
Le monument aux morts est érigé en même temps.
La plantation d'un Arbre de la Liberté est le symbole de la liesse populaire et de la liberté.
C’est une tradition post-révolutionnaire.
le lieu dit "MATHALIN" à Saint Selve
c’est là, sur le domaine de la « Palomeyre », que les religieux de l’ordre de Saint Antoine
fondent en 1311, un hôpital: « l’hôpital Saint Antoine de la Palomeyre ».
Ces religieux hospitaliers étaient spécialisés dans la lutte contre la « maladie des ardents »,
sorte de gangrène, due à l’ergot de seigle. Au XIV° siècle les Antonins possédaient trois
hôpitaux dans la région. Outre « la Palomeyre », l’un à l’emplacement de l’actuel Musée
d’Aquitaine de Bordeaux, et un autre « Saint Antoine de Bigart » à Pujols sur Ciron. Saint
Antoine est généralement représenté accompagné d’un pourceau muni d’une clochette. Les
Antonins élevaient des porcs pour l’entretien de leurs établissements, et ils avaient
l’autorisation de laisser circuler leurs animaux dans la cité; le son de la clochette invitait les
habitants à mettre sur le seuil de leur maison les restes de nourriture destinés à engraisser le
troupeau. Il est probable que les Antonins de « la Palomeyre » à Saint Selve devaient jouir de
ce même privilège...
En 1311, les religieux de l'ordre de Saint Antoine s'établissent à la Palomeyre, notre actuel
lieu-dit Mathalin et y fondent un hôpital : l'hôpital Saint Antoine de la Palomeyre.
Au 14ème siècle, les Antonins possédaient 3 hôpitaux : celui de Saint Selve, un deuxième
sur l'emplacement de l'actuel musée d'Aquitaine à Bordeaux, et le troisième, l'hôpital Saint
Antoine de Bigard, sur les paroisses de Pujols-sur-Ciron et de Bommes ; par suite de
différentes associations dans les actes notariés, une parcelle du domaine des Antonins de St
Selve a reçu le nom de Bigard. Saint Antoine est généralement représenté accompagné d'un
pourceau muni d'une clochette. Pour l'entretien de leurs établissements, les Antonins
élevaient des porcs, et ils avaient l'autorisation de laisser circuler leurs animaux à travers la
ville ; le son de la clochette avertissait les habitants de mettre sur le seuil de leur maison les
restes de nourriture devant les engraisser. Les Antonins de la Palomeyre à Saint Selve
devaient jouir du même privilège.
Ces religieux hospitaliers étaient spécialisés dans la lutte de la gangrène, maladie due à
l'ergot de seigle, champignon appelé aussi charbon (parasite du blé qui n'était pas trié lors du
passage au moulin). Le malade sentait comme un feu dévorant dans le membre atteint, qui
devenait sec, noir, comme brûlé et qui finissait par tomber. C'était "le mal des ardents", ou
"le feu de Saint Antoine", maladie épidémique qui fit des ravages au Moyen-âge.
Ce qui explique la présence à côté de Saint Antoine, de Saint Laurent : Saint Laurent est un
martyr du 3ème siècle qui mourut torturé sur un gril de fer rougi au feu.
Les deux statues de Saint Antoine et de Saint Laurent se trouvaient dans une chapelle située
à l'emplacement de la maison de Montalier. Elles ont été placées sur la façade de l'église lors
de sa restauration au cours du 19ème siècle.
Le bâtiment actuel de cette église date du 18ème siècle.
Les premières mentions de cette paroisse de St Sévère de la Taugère datent de 1170.
Cependant, bien avant cette date, une voie romaine dont on retrouve la trace au carrefour de
Sarransot, et la découverte en 1744 d'un pot contenant des pièces du 4ème siècle non loin de
là attestent du moins d'une certaine fréquentation de cette région.
Les rares documents sur la paroisse, dont on dispose jusqu'au 16ème siècle, nous apprennent
que Bertrand de GOT, devenu pape sous le nom de CLEMENT V de 1305 à 1314, dans ses
déplacements de Bordeaux à Villandraut, dont il est originaire, célébrait la messe dans une
chapelle dédiée à Ste Quitterie, pouvant être située au lieu dit "le Vatican" ou bien au lieu dit
"Maignan" (La Brède, près de Rambaud).
La paroisse comptait également sur son territoire l'hôpital de la Palomeyre, fondé par les
religieux de l'ordre de St Antoine au 14ème siècle dans le quartier actuellement appelé
Mathalin.
Saint Antoine et Saint Laurent sont deux saints que les habitants de St Selve vénèrent depuis
cette époque, et cette dévotion a marqué profondément la vie de cette paroisse : Jusqu'au
moins la fin du 19ème siècle, deux foires importantes se tenaient autour de la chapelle dédiée
à Saint Antoine et à Saint Laurent, chapelle qui se situait dans l'actuel parc de Montalier. Ces
foires avaient lieu le jour de la Saint Antoine, le 17 janvier, et de la Saint Laurent, le 10 août.
♦ La place de l'église, son cloître et sa fontaine
Jusqu'à la fin du 19ème siècle, le cimetière entourait l'église (comme encore aujourd'hui à
Saint Médard d'Eyrans, ou à Saucats par exemple). La création d'un nouveau cimetière hors
du bourg, vers 1870, entraîna la transformation de l'ancien en place publique devant l'église,
et en jardin pour le presbytère, clos par un mur, de part et d'autre de l'église. (Une loi vers
1840 oblige les communes à déplacer les cimetières hors du bourg.)
La Mairie était le bâtiment face à l'église, aménagé depuis quelques années en bibliothèque
municipale. Ce presbytère était la propriété privée du curé Jean Duver en 1730, qui a légué à
ses successeurs cette maison avec grange et jardin, moyennant un loyer qui consistait en la
fourniture des 20 litres d'huile nécessaires pour faire brûler la lampe du Saint Sacrement !
En 1900, le curé J-E Saux fit construire le cloître dans son jardin d'agrément (le deuxième
jardin de l'autre côté de l'église étant le potager).
Le presbytère devient Bien Municipal en 1904.
Ce n'est qu'en 1980, sous la précédente municipalité, que les murs fermant les jardins furent
abattus : la partie nord du jardin (à gauche) est transformée en parking, la partie sud (à
droite) devient la place que nous connaissons, avec sa fontaine. La Mairie est alors transférée
dans l'ancien presbytère, et demeure en ces lieux aujourd'hui encore.
C'est à cette époque également, en 1985, que fut construite la fontaine par les compagnons
du bâtiment. Son eau provient de la fontaine de la Houne, où est érigée une petite chapelle
dédiée à Saint Clair (en contrebas à gauche du parking). Cette eau a la propriété de guérir les
maladies des yeux. Plusieurs personnes de Saint Selve peuvent attester de ces vertus.
Saint Sévère est le patron de cette église.
Les deux statues, de part et d'autre du porche d'entrée, sont celles de Saint Laurent et de
Saint Antoine, Saint Laurent avec un gril dans la main, Saint Antoine accompagné d'un
pourceau.
♦ L'Église Saint Sévère
L'église avait une nef lambrissée. Elle était petite et obscure. La sacristie, minuscule, se
trouvait derrière l'autel principal. Elle n'existe plus. Au cours du 17ème siècle, pour
consolider le bâtiment, cette sacristie fut installée à gauche.
Puis, au cours du 18ème siècle, l'église bénéficie d'une reconstruction générale. Les travaux
durèrent apparemment longtemps, financés par une imposition sur chacun des habitants
"chacun selon ses facultés" et son architecture date de cette époque. Puis ce fut la
Révolution. L'église devient Bien National.
Le 19ème siècle apporta sa contribution, notamment pour le mobilier et la décoration
générale du bâtiment. Passons rapidement sur le mobilier dont il ne reste que peu de choses :
l'autel principal (au fond du choeur) est un don de Madame d'Eichtal (château de Razens) à
la fin du 19ème siècle. Les statues, les lustres et la chaire en bois de citronnier furent vendus
à une époque récente ; le blanchiment des murs vers 1960 supprima les peintures et diverses
ornementations. Les aménagements et travaux de restauration successifs au gré des
nécessités et du goût esthétique de chaque époque continuent : la consolidation de la tribune
au fond de la nef et la réfection de l'escalier y conduisant date de décembre 1997 ; la toiture a
été refaite en 2001.
Arrêtez vous un moment devant le grand tableau de La cène.
En 1994, l'association de la Fête des Vins de Graves de Saint Selve organisa un festival
Leonard de Vinci. Ce fut l'occasion pour l'atelier d'arts plastiques de Saint Selve de travailler
sur une oeuvre de Léonard de Vinci et ce tableau fut choisi. Il a donc été réalisé par une
douzaine d'élèves et de stagiaires, sous la direction de Tina Degas, responsable de l'atelier.
Le tableau original mesure 8,8m x 4,60m (Monastère Sancta Maria delle Gracie à Milan) ;
cette reproduction : 6m x 3m.
La cène est le dernier repas que Jésus partagea avec ses disciples ; le thème étant
d'inspiration essentiellement religieuse, cette reproduction a pris place dans cette église.
♦ Quelques mots sur les cloches
Le 11 juin 1894, deux cloches sont installées et bénites par le délégué de l'archevêque de
Bordeaux. La plus petite, 1,5 tonne, s'appelle Marie-Joseph, son parrain est PierreAlexandre-Joseph LABUZAN, sa marraine est Marie-Cécile-Odette LACOSTE. Paul
LABUZAN était alors maire.
La plus grosse pèse 2,5 tonnes. Elle s'appelle Marie-Christine -Henry ; Son parrain est le
baron de CARAYON LATOUR (Commandant des mobiles de la Gironde, qui fit construire
le château de Grenade), sa marraine est la baronne Marie Christine D'ECHTAL.
Il existe aussi une troisième cloche : la plus haute. Elle daterait du 16ème siècle mais nous ne
disposons d'aucun autre renseignement sinon qu'elle proviendrait d'une famille de fondeur
lorrain.
Le château de Grenade
A côté de la terre du Puch s’est développé la terre de Grenade (67 ha). La directe a
représenté jusqu’à 400 ha dans la paroisse. La vaste demeure appartenait à une famille noble
protestante depuis le 17ème siècle : les Ferrons. En 1686, Antoine de Roussanes épouse une
fille du premier mariage de Marie de Guérin. La famille s’allia en 1737 à la famille de SaintMarc. Le domaine est cédé le 16 septembre 1858 à Edmond Carayon-Latour.
« Le Château de Grenade fut inspiré par 3 des plus nobles sentiments : L’amour
conjugal, l’amour fraternel, et l’amour de l’art ». C’est ce que prononça James de Lacaussade,
maire de Portets, à l’occasion de la bénédiction solennelle du château par son Eminence le
Cardinal Donnet, archevêque de Bordeaux, le 26 octobre 1864. L’étude de l’histoire du
Domaine confirme la pertinence de cette déclaration.
Grenade, une histoire d’amour fraternel
(1)
Edmond de Carayon Latour (1811-1887)
(2)
Son frère Joseph (1824-1886)
« Fayre pla, layssa dire », Faire bien, laisser dire, telle était la devise de la famille de
Carayon Latour, qui créa le Château de Grenade en 1859. Héros de la guerre franco allemande
de 1870, Joseph de Carayon Latour commanda le 3ème bataillon des mobiles de la Gironde,
détaché dans l’Est. Le château a consacré une salle d’honneur à cet illustre bataillon. Elu
représentant de la Gironde sur une liste conservatrice, il fut reconnu comme un des chefs du
parti légitimiste sur le plan national et la personnalité la plus marquante du légitimisme
girondin avec le marquis Amédée de Lur Saluces. En 1878, il est nommé sénateur. Sa vie
sociale fut importante aussi bien à Paris qu’à Bordeaux. Elève de l’Ecole Polytechnique, il
géra tout d’abord les nombreux intérêts de sa famille, dont le domaine de Virelade à 5 km de
Grenade, acquis en 1851. Pionnier de l’agronomie, il fut lauréat de la prime d’honneur pour
ce domaine en 1867. Membre du Comité des Courses du Jockey Club, du Comité de la
Société Hippique de France et du Conseil Supérieur des Haras, il était reconnu comme un
veneur distingué. Il a créé la race dite du « chien de Virelade », un des chiens de meute les
plus appréciés. La meute de Grenade obtient le prix d’honneur au concours international de
Paris en 1863 ; le célèbre peintre Jardin l’a reproduite sur un tableau. Mécène très investi dans
les questions religieuses et philanthropiques, il cumulait les présidences et les responsabilités :
le conseil d’administration du quotidien royaliste « La Guienne », la société civile de Saint
Joseph de Tivoli, la grande école catholique de Bordeaux, le Comité des Ecoles libres de la
Gironde. Le buste du baron, œuvre du sculpteur Chapus et résultat d’une souscription
publique, fut installé après sa mort dans la mairie de Bordeaux.
Grenade, une histoire d’amour conjugal
(3)
Edmond de Carayon Latour épousa Henriette de Chateaubriand (1824-1903), la
petite nièce du célèbre auteur et ministre. Ensemble ils fondèrent le Domaine de Grenade, où
cinq générations se succédèrent jusqu’à nos jours.
Conseiller général et député du Tarn de 1840 à 1861, il a défendu avec beaucoup
d’énergie et d’indépendance les principes conservateurs et les intérêts religieux. Henriette de
Chateaubriand quant à elle était une femme de cœur et de culture, comme son célèbre grand
oncle. On peut lire sur la façade arrière du château de Grenade la devise de la famille
Chateaubriand, dont la noblesse remonte aux croisades : « Mon sang a teint la bannière de
France ».
Le Baron et la Baronne de Carayon Latour eurent un fils : Henri de Carayon Latour
(1850-1916). Entré à Saint Cyr en 1869, il fit une brillante carrière militaire : guerre de 1870,
campagnes en Algérie de 1873 à 1875, en Tunisie de 1881 à 1882. Chef d’escadron de
réserve, officier de la Légion d’Honneur, il est mobilisé en août 1914. Il participe activement
aux combats de Belgique et à la bataille de la Marne. Il sera décoré de la croix de guerre.
Dernier du nom, il épousa Marguerite d’Alsace d’Hénin dont il eut 5 filles.
Henri hérita des biens de ses parents mais aussi des propriétés de son oncle Joseph, disparu
sans descendance.
Le marquis de Villeneuve épouse Henriette Laure Marie Simone, l’une des 5 filles de
Henri de Carayon Latour. Lui-même était officier de cavalerie et chevalier de la Légion
d’Honneur. Ils eurent un fils : Ludovic comte de Villeneuve (1922-2000), lequel céda le
domaine à la famille Bonnaval-Chauffourier en 1999.
Grenade, une histoire d’amour de l’art
Edmond et Henriette de Carayon Latour ont voulu et conçu ce domaine comme une
œuvre, globale et harmonieuse, tant pour son architecture, que pour son parc et pour tous ses
éléments ornementaux. « La vérité est que pendant 10 ans j’avais préparé les fonds pour une
œuvre de ce genre », déclare Edmond. Le Baron exprimait clairement sa volonté d’innovation
et de progrès par rapport à son projet. Il a contacté Henri Duphot, architecte bordelais, et
réalisé un voyage avec lui en Angleterre, afin dit-il « de chercher un style étranger, une
construction d’un genre inconnu de nos compatriotes et qui pourrait devenir sur notre sol une
date de progrès ».
Henri Duphot (1810-1889) était un célèbre architecte bordelais qui contribua à secouer la
tradition par ses œuvres multiples : édifices publics comme l’Hôtel de la Caisse d’Epargne
de Bordeaux, aujourd’hui Musée de la Résistance place Jean Moulin ; des dizaines d’églises
neuves dont Saint-Amand de Caudéran, Saint-Vincent de Portets, Notre Dame de Virelade ;
restauration des églises de Langon, Verdelais, Loupiac ; Châteaux de Cestas et des grands
crus du Médoc : Pichon-Longueville-comtesse-de-Lalande, Latour, Beaumont,
agrandissement de Beychevelle et ferme Suzanne de Giscours, et bien sûr Lanessan,
directement inspiré de Grenade.
Le Château et les écuries furent donc construits dans le pur style néo-élizabéthain,
caractérisé par : de longues fenêtres à meneaux, vocabulaire caractéristique du style
« perpendiculaire » ; de nombreux pignons, bow windows (avancées des fenêtres en arc vers
le parc), hautes cheminées, balustrades ajourées, loggias.
Les écuries sont un modèle d’architecture, elles se caractérisent par leur esthétisme :
chacun des 10 corps de bâtiment est traité pour lui-même, en totale asymétrie, bichromie des
briques rouges et pierres blanches, variété de l’architecture des murs et des toitures, boxes
d’une élégance rare. En outre leur fonctionnalisme facilite le travail des hommes et le confort
des animaux : chevaux à harnais et voitures à gauche, on y accède par un passage couvert
contrôlé par la maison du cocher ; chevaux de selle à droite, avec 8 boxes aérés, très spacieux
convenant à ces animaux fougueux, disposés en arc de cercle. Entre les deux : avancée du
pavillon de la sellerie, greniers ventilés au 1er étage, chambres à coucher des garçons
d’écuries. Endommagées par la tempête de 1999, elles sont en cours de restauration pour
ouvrir au public prochainement.
Archives municipales de Bordeaux :
(1) - 42 S 2123 : portrait d’Edmond de Carayon Latour
(2) - 42 S 2122 : portrait de Joseph de Carayon Latour
(3) - 42 S 2124 : portrait de la Baronne de Carayon Latour (née Henriette de Chateaubriand)
D’après le site Internet du domaine