CR séance du 2 février 2011 1/4 - Académie Nationale de Pharmacie
Transcription
CR séance du 2 février 2011 1/4 - Académie Nationale de Pharmacie
ACADÉMIE NATIONALE DE PHARMACIE SANTÉ PUBLIQUE - MÉDICAMENT - PRODUITS DE SANTÉ - BIOLOGIE - SANTÉ ET ENVIRONNEMENT Fondée le 3 août 1803 sous le nom de Société de Pharmacie de Paris Reconnue d’utilité publique le 5 octobre 1877 Séance académique Mercredi 2 mai 2012 Compte rendu 1. PRÉAMBULE Le Président Jean-Paul CHIRON demande à Henri-Philippe HUSSON, Président honoraire 2011 de remettre le diplôme de correspondante européenne à Madame le Professeur Maria-Teresa MIRAS PORTUGAL (Espagne) et invite cette dernière à co-présider la Séance académique en tant que Présidente de l’Académie royale d’Espagne. Jean-Paul CHIRON accueille Monsieur Fernando CARDERERA, représentant son Excellence l’Ambassadeur d’Espagne en France M. BASTARRECHE SAGÜES, et le remercie de sa présence. Il accueille également l’époux de Madame MariaTeresa MIRAS PORTUGAL et, le Secrétaire de l’Académie royale d’Espagne, le Professeur Bartolomé RIBAS OZONAS. 2. ACTIVITÉS ADMINISTRATIVES DE L’ACADÉMIE 2.1 APPROBATION À L’UNANIMITÉ DU PROCÈS VERBAL DE LA SÉANCE DU 4 AVRIL 2012 2.2 INFORMATIONS DU PRÉSIDENT Distinctions Charles ADVENIER : nommé Chevalier de la Légion d’Honneur (Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche) - pharmacien, professeur des universités-praticien hospitalier émérite. Patrick PELLERIN : - nommé Chevalier de la Légion d’Honneur (Ministère des solidarités et de la cohésion sociale) maire de Sommières-du-Clain (Vienne), président d'une association nationale pour personnes handicapées. - promu au grade d’Officier dans l’ordre du Mérite Agricole (Ministère de l’Agriculture) Yvon LE MAHO : promu au grade d’Officier de la Légion d’Honneur (Ministère de l'écologie, du développement durable, des transports et du logement) - directeur de recherche en écologie fonctionnelle au Centre National de la Recherche Scientifique, membre de l'Institut. Chevalier du 6 avril 2001 Jean OUSTRIN : promu au grade d’Officier de la Légion d’Honneur (Premier ministre) - membre de l'Académie nationale de pharmacie. Chevalier du 30 octobre 1998 Nomination Alain ASTIER : élu comme membre du comité directeur (Board of Directors) de l'ECCO (European Cancer Organization), organisation qui regroupe l'ensemble des sociétes européennes orientées vers la cancérologie: medicine, chirugie, radiothérapie, pharmacie et soins infirmiers (>50 000 membres), ceci au titre de l'ESOP (European Society of Oncology Pharmacy) dont il est le Vice-Président Décès Takashi TATSUNO : correspondant à titre étranger, président de la Société franco-japonaise de Pharmacie - Japon, décédé le 19.02.2012. André MOËS : correspondant européen - Belgique, décédé le 30.04.2012 Yves COHEN : membre titulaire honoraire, décédé le 27.04.2012. CR / séance 2 mai 2012 VF Page 1/12 Médicaments génériques et santé publique Une question d’actualité présentée par Marie-Christine BELLEVILLE est ajoutée à l’ordre du jour de la séance. Lors de cette question d’actualité, les recommandations préparées par un groupe de travail, issu des 4ème et 5ème Sections, en relation avec le Bureau, seront présentées. 2.3 LECTURE DE LA CORRESPONDANCE ET INFORMATIONS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL Remerciements Jean-Michel GUILLON, élu Membre titulaire de la 2ème section le 4 avril 2012 remercie l’Académie. Déclaration - vacances - 3ème Section Membre titulaire (non Francilien), élection prévue le 6 juin 2012 Membre titulaire (Francilien), élection prévue le 7 novembre 2012 Recommandations sur la création d’un diplôme d’herboriste Suite à la question d’actualité présentée par Michel KOCH, à la séance du 30 novembre 2011, sur la proposition de loi concernant le rétablissement du diplôme d’herboriste, le Conseil a adopté des recommandations. Création de groupes de travail Au cours du dernier Conseil a été décidée la mise en place de 2 Groupes de travail (GT) : GT sur les médicaments génériques GT sur l’adaptation des Bonnes Pratiques de Préparation (BPP) à l’exercice officinal Comité de suivi du dossier pharmaceutique (DP) au CNOP Désignation de Jean-Michel DESCOUTURES (membre de la 5ème Section) comme représentant de l’Académie nationale de Pharmacie au Comité de suivi du DP. Groupe technique DPC (Développement Professionnel Continu) pharmacien de la HAS Désignation de Dominique DURAND. Rapport du Comité d’évaluation du dossier pharmaceutique Jean CALOP a fait parvenir le rapport du Comité d’évaluation DP du groupe de travail de l’Ordre dont il était animateur. Ce document est à disposition au Secrétariat de l’Académie nationale de Pharmacie. Signature d’une convention avec Pratispharma Société privée, site d’information pour les pharmaciens d’officine. Phase pilote de 6 mois sur la base d’une interview mensuelle. Organisme gestionnaire du développement professionnel continu (OGDPC) Deux candidats se sont manifestés : Henri-Philippe HUSSON et Renée-Claire MANCRET. Les dossiers ont été transmis au Comité de déontologie qui a donné un avis favorable. Les deux candidatures ont été adressées ensuite à la direction de la Sécurité sociale du Ministère de la Santé. Nanomatériaux & santé » - mise en place d’un comité de dialogue à l’Anses Appel à manifestation d’intérêt des parties prenantes pour la mise en place d’un comité de dialogue «Nanomatériaux & santé»: du 16 avril jusqu’au 30 mai 2012. Décret n° 2012-597 du 27 avril 2012 relatif à l’Agence nationale de Sécurité du Médicament et des Produits de santé Journal Officiel du 29 avril 2012, entrée en vigueur le 1er mai 2012 Le décret précise l’organisation de l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé (ANSM) que le législateur a instituée en lieu et place de l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps). Le décret précise, en particulier, les compétences, la composition et les modalités de fonctionnement du conseil d’administration. Il définit les attributions du directeur général de l’agence, notamment en matière d’organisation interne. Les missions, la composition et les modalités de fonctionnement du conseil scientifique sont également précisées. Le décret fixe en outre le régime financier et comptable de la nouvelle agence ainsi que les règles applicables à son personnel. CR / séance 2 mai 2012 VF Page 2/12 Annonce d'ouvrage « La médecine personnalisée - Retrouver et garder la santé », par Dr Jean-Claude LAPRAZ et Marie-Laure DE CLERMONT-TONNERRE, éditions Odile Jacob, mars 2012, ISBN 978-2-7381-2748-8, 349 pages Annonce d’une Séance scientifique Claude DREUX a demandé de faire part de la Séance du 16 mai 2012 organisée par la Société de Biologie sur « Épigénétique, Dommage à l’ADN ; Organisation du génome » (Institut Curie). 2.4 ÉLECTION Membre Titulaire de la 1ère Section Le quorum n’étant pas atteint, l’élection est reportée à la Séance académique du 6 juin prochain. 2.5 CÉRÉMONIE INTERACADÉMIQUE Remise de médaille par Madame le Professeur Maria-Teresa MIRAS-PORTUGAL, Présidente de la Real Academia Nacional de Farmacia de Madrid aux Présidents Honoraires Monique ADOLPHE et François CHAST en présence de Fernando CARDERERA, représentant de M. BASTARRECHE SAGÜES, Ambassadeur d’Espagne à Paris. François CHAST, au nom de Monique ADOLPHE et, en son nom propre, remercie Madame la Présidente, Maria Teresa MIRAS PORTUGAL 3. TRAVAUX SCIENTIFIQUES & PROFESSIONNELS 3.1 LECTURE « Le système purinergique et le contrôle de la croissance axonale » Pr Maria-Teresa MIRAS-PORTUGAL, Département Biochimique et Biologie moléculaire IV, Faculté vétérinaire, Université Complutense de Madrid, Présidente de l’Académie royale de Pharmacie d’Espagne, Correspondante européenne de l’Académie nationale de Pharmacie Pendant la constitution des réseaux neuronaux au cours du développement cérébral, les cônes de croissance des axones des neurones sont guidés vers leurs cibles en répondant à des stimuli positifs et négatifs. Dans le cerveau adulte, les récepteurs purinergiques, P2X ionotropiques et P2Y métabotropiques, sont largement exprimés au niveau des neurones et cellules gliales. Ils jouent un rôle essentiel dans l'inflammation et la neurotransmission en réponse aux nucléotides sécrétés dans le milieu extracellulaire. Leur présence est très abondante au niveau de la zone présynaptique. Notre groupe a démontré que l’ATP, via le récepteur P2X7, joue un rôle prédominant en réglant l'élongation initiale de l'axone en phase de développement. Les techniques d’imagerie de fluorescence appliquées au niveau d’une seule cellule ont permis de démontrer que, dans les neurones hippocampiques embryonnaires, le récepteur P2X7 est localisé spécifiquement au niveau du cône de croissance, où il est fonctionnel et induit l’entrée du calcium. L’inhibition du récepteur avec l’antagoniste BBG, favorise la croissance et l’embranchement de l’axone. Le même résultat est obtenu par transfection avec l’ARN interférent (RNAi) contre le récepteur P2X7. Parmi les divers éléments présents au niveau du cône de croissance, il y a deux récepteurs d’ADP, qui sont le P2Y1 et le P2Y13. Pour étudier leurs rôles, les neurones ont été traités avec des agonistes et des antagonistes spécifiques ou en employant une technique de transfection nucléaire avec des plasmides exprimant des shRNA. L’élongation axonale est augmentée par l’expression du P2Y1-GFP, et réciproquement, est réduite par l’expression du récepteur P2Y13 et du P2X7. Les cascades de signalisation intracellulaires modifient le métabolisme, et les enzymes qui contrôlent finalement la plasticité du cytosquelette coordonnées par l’adenylate cyclase type 5. Un autre élément présent dans le cône de croissance axonale est la phosphatase alcaline tissu non-spécifique (TNAP) qui hydrolyse les nucléotides extracellulaires d'adénine en produisant phosphate et adénosine. L'inhibition sélective de l'activité de TNAP ou la transfection avec un RNAi spécifique, empêche la croissance de l’axone et de ses ramifications, tandis que l’addition de phosphatase alcaline (AP) favorise la croissance de l`axone. Ces résultats sont un exemple illustrant la complexité des événements physiologiques qui sont sous la commande du système purinergique. CR / séance 2 mai 2012 VF Page 3/12 Questions / Commentaires / Réponses Monique ADOLPHE (C) : je vous adresse davantage un petit commentaire qu’une question. En effet, Madame la Présidente, j’ai trouvé votre présentation très brillante et, j’apprécie beaucoup le fait que la première Présidente de l’Académie Royale de Pharmacie soit aussi une grande chercheuse. J’ai aussi noté avec un grand intérêt que vous avez effectué vos recherches dans divers pays, en Europe et, en collaboration avec des chercheurs de diverses nationalités. Je vous en félicite. Jean FÉGER (Q) : serait-il possible d’intervenir sur les facteurs de régulation de croissance axonale afin de favoriser la repousse d’axones, par exemple, à la suite de lésions au niveau de la moelle épinière ? R : Ce n’est pas une utopie mais, c’est pour demain. Nous avons travaillé sur deux modèles de lésions - épilepsie, maladie de Huntington - deux neuropathologies marquées par des lésions neuronales avec destruction des axones. Dans le modèle épilepsie, après lésion avec l’acide kainique, il peut y avoir une repousse des axones. Le problème est que cette repousse est excessive et anarchique. Sur ce modèle, en réduisant l’importance de cette repousse par action sur les récepteurs purinergiques, on prévient la survenue de crises épileptiques. Ce résultat est d’autant plus intéressant qu’il s’agit de crises résistant aux anti-épileptiques. François TRIVIN (Q) : quelle est l’interaction des hormones thyroïdiennes nécessaires à la croissance des neurones et leur incidence sur les récepteurs purinergiques ? R : c’est une question difficile car on introduit un nouveau partenaire dans un système qui est déjà très complexe. Les hormones thyroïdiennes influencent l’expression des récepteurs cholinergiques. En ce qui concerne le système adénosine, s’il y a une carence en hormones thyroïdiennes, l’expression de tous les transporteurs d’adénosine est réduite et, cela retentit sur le développement neuronal. Ce rôle essentiel pourrait expliquer les divers troubles, tels que le retard mental lié à une hypothyroïdie. Henri-Philippe HUSSON (Q) : il y a une vingtaine d’années, un dérivé pyrimidinique (Nerf-Factor) a été commercialisé comme régénérateur axonal. Il a été retiré du marché en raison de son hépatotoxicité. Votre modèle a-t-il déjà servi pour cribler de nouvelles molécules utiles pour la régénération axonale ? R : parmi les molécules anciennes, il y a les colorants et, parmi ceux-ci, le rouge phénol qui est un inhibiteur d’un récepteur ionotrope. Il agit plus spécifiquement sur les dendrites. Les inosine polyphosphates que l’on a synthétisés il y a 20 ans environ, sont des inhibiteurs très puissants. Il y a des récepteurs spécifiques pour les pyrimidines qui sont dans les vaisseaux pouvant entraîner des vasodilatations ou des vasoconstrictions non voulues. 3.2 EXPOSÉS « L’accès à la Biodiversité pour la R&D, nouveaux cadres réglementaires. Impacts possibles sur l’industrie pharmaceutique » Bruno DAVID, Pôle Actifs Végétaux - Branche Sourcing R&D et Botanique, Institut de Recherche Pierre Fabre, Membre correspondant national de l’Académie nationale de Pharmacie La biodiversité représente pour l’industrie pharmaceutique un potentiel considérable comme source de nouveaux principes actifs. Une étude récente (Newman 2012, J Nat Prod) indique que les nouveaux principes actifs commercialisés aux USA entre 1981 et 2010 sont à plus de 50 % d’origine naturelle (extraction, hémisynthèse ou mimétique). Sous l’égide des Nations Unies, en juin 1992, la communauté internationale a accordé la souveraineté aux États sur leurs ressources génétiques lors de la convention dite de Rio, entrée en vigueur le 29 décembre 1993. Auparavant ces ressources étaient considérées comme patrimoine commun de l’humanité et disponibles à tous sans réglementation d’accès particulière. La Convention sur la Diversité Biologique (CDB) compte trois objectifs : (1) conserver la diversité biologique, (2) utiliser les ressources biologiques de manière durable et (3) partager les avantages découlant de l’utilisation des ressources génétiques de manière juste et équitable. Le partage des avantages a été peu mis en œuvre en raison notamment du manque de législation nationale dans les différents pays riches en biodiversité. Les ressources biologiques, c’est à dire le matériel ne contenant pas d’unités fonctionnelles de l’hérédité, n’étaient pas clairement dans le champ de la CBD. L’insatisfaction des pays fournisseurs et des utilisateurs a conduit à l’adoption du Protocole International de Nagoya en octobre 2010 pour mettre en place les dispositions pratiques sur l’Accès et le Partage des Avantages (APA). CR / séance 2 mai 2012 VF Page 4/12 Dans ce cadre, la Communauté Européenne prépare actuellement un dispositif législatif. La France poursuit une même démarche en parallèle. L’exposé présentera les modalités, les avantages, les difficultés qui résulteront de cette nouvelle réglementation nationale ou européenne pour la recherche pharmaceutique. Questions / Commentaires / Réponses François CHAST (Q) : n’est-il pas légitime d’envisager une solidarité entre pays du Nord et pays du Sud pour tirer partie, harmonieusement et, de manière équilibrée, de la biodiversité ? R : la Fondation Pierre Fabre mène des actions en retour, au Cambodge (reconstruction de la Faculté de Pharmacie de Phnom-Penh), au Laos et à Madagascar. Avec les budgets de l’Institut de recherche Pierre Fabre, des milliers d’euros ont été investis dans le fonctionnement du laboratoire de recherche académique au Cambodge. A Madagascar, nous faisons vivre, avec la pervenche tropicale, 15 000 familles. Les attentes des pays riches en biodiversité sont extravagantes par rapport aux possibilités. Il y a un problème d’arbitrage : il faut, à la fois, continuer à utiliser cette biodiversité, à créer de la valeur pour les patients et, ne pas négliger le retour sur le pays source. Claude MONNERET (Q) : qu’en est-il des matières premières récoltées dans les eaux internationales ? R : Pour les eaux internationales et l’Antarctique, n’importe qui peut faire n’importe quoi. Rien n’est prévu. Pierre DELAVEAU (Q) : Monsieur David a déjà répondu au problème de destruction des forêts primaires et de tous les paysages anciens, en général, avec la réduction des terres cultivables. Y-a-t-il encore de l’espoir pour les chercheurs de l’IRD (Institut de Recherche pour le Développement) (anciennement, l’ORSTOM : Office de la recherche scientifique et technique outre-mer), et y-a-t-il coopération entre les mouvements de recherche ? R :1) la disparition des espaces naturels est très importante (60 000 ha par an, en France = un département comme la Savoie tous les 7 à 8 ans). 2) les chercheurs de l’IRD en Nouvelle Calédonie, et Guyane française ont des difficultés à travailler car ils sont mal perçus par les communautés locales. C’est mieux en Nouvelle Calédonie. En Guyane, il y a une mise en place d’une réglementation mais, les attentes des politiques sont démesurées. L’industriel est prêt à partager mais, si les exigences ne sont pas raisonnables, les industriels se désinvestissent. C’est le cas de Merck (Indonésie), Pfizer, Glaxo (Brésil). Monique ADOLPHE remercie Bruno DAVID pour avoir exposé un problème complexe. René CÉOLIN (C) partage l’avis de François CHAST, concernant le fait que nous ne sommes pas propriétaires des découvertes, mais pense que nous sommes quand même propriétaires des processus intellectuels, philosophiques, scientifique qui ont fait notre civilisation. Pourquoi le choix fait dans le progrès scientifique devrait-il être bradé ? La déforestation en Europe et, notamment en Angleterre, a conduit à la révolution industrielle : d’un mal est né le progrès. (R) : le Brésil et l’Inde sont en train de revenir sur leurs dispositions trop strictes. « Acides biliaires, Séquestrants des Acides Biliaires et Contrôle Métabolique » Pr Bart STAELS, Faculté de Pharmacie, Université de Lille 2, Directeur de l’Unité INSERM 1011, Institut Pasteur de Lille, précédent Président de la Nouvelle Société Française d’Athérosclérose (NSFA), Correspondant européen de l’Académie nationale de Pharmacie Les acides biliaires ne sont pas de simples détergents responsables de l’absorption intestinale des molécules lipophiles, mais ils agissent comme des agents de signalisation cellulaire régulateurs de l’homéostasie métabolique. En se fixant sur le récepteur nucléaire FXR et sur le récepteur membranaire TGR5, les acides biliaires régulent le métabolisme du glucose, des lipides et leur propre homéostasie. Les séquestrants sont des résines non absorbées qui complexent les acides biliaires dans la lumière intestinale favorisant leur élimination du cycle entérohépatique. L’administration par voie orale de séquestrants conduit à une réduction des concentrations circulantes de cholestérol chez des patients dyslipidémiques. En outre, chez des patients diabétiques, les séquestrants sont efficaces dans le contrôle de la glycémie. Dans cet exposé, nous présenterons les voies de signalisation impliquées dans la régulation de l’homéostasie glucidique par les acides biliaires ainsi que les mécanismes sous tendant les effets bénéfiques des séquestrants sur la glycémie. CR / séance 2 mai 2012 VF Page 5/12 Questions, Commentaires, Réponses Henri-Philippe HUSSON (Q) : Parmi les molécules qui peuvent séquestrer le cholestérol au niveau intestinal, il y a la cholestyramine qui est une vieille molécule et le colesevelam dont vous avez parlé. Il aurait été intéressant d’avoir la formule chimique de cette dernière molécule. R : le colesevelam est une résine nouvelle qui n’est pas commercialisée en France pour le traitement du diabète de type 2. François TRIVIN (Q) : Quels sont les autre ligands qui peuvent se fixer sur FXR et sur TGR5 ? Y-a-t-il compétition entre ces différents récepteurs ? R : c’est une question complexe. Il y a un grand nombre d’acides biliaires et il y a une différence d’activité des acides biliaires selon le type de récepteur. Par exemple, l’acide lithocholique a une activité plus importante sur TGR5 et n’agit pas du tout sur FXR. In vivo, on ne sait pas lequel de ces acides biliaires va avoir une activité. Alain ASTIER (Q) : Il y aurait une relation entre le métabolisme du fer et le diabète de type 2 (syndrome métabolique). Y-aurait-il une relation entre le métabolisme du fer et les acides biliaires ? R : il y a une relation évidente entre l’hepcidine et le métabolisme du fer mais, je ne suis pas au courant d’études qui auraient fait la relation entre le métabolisme des acides biliaires et le métabolisme du fer. Jean-Loup PARIER (Q) : Est-ce que des ingestats non digestibles (lignine, cellulose…) modifient l’excrétion des sels biliaires ? R : Il peuvent influencer le métabolisme des acides biliaires mais, je doute qu’ils influencent directement leur excrétion. Ces produits agissent sans doute sur la flore intestinale et, le changement de composition de cette flore va influencer la production des acides biliaires secondaires. 3.3. COMMUNICATION « La démarche Qualité à l’officine » Christian Éric MAUFFRÉ, Docteur en pharmacie, Président directeur général du groupe CEIDO (Centre Européen d’Intérêt et de Développement de l’Officine) à Chambéry La démarche qualité mise en place à l’officine peut être un formidable levier pour atteindre les objectifs de santé publique confiés à la pharmacie dans le cadre de la dispensation et des nouvelles missions prévues par la loi HPST. Avec plus de 3,5 millions de français visitant chaque jour une des officines du réseau, la pharmacie est le premier recours pour gérer les questions et les interrogations sur le médicament. Consciente de rôle clé dans la dispensation (responsabilité et bon usage), la pharmacie s’engage aujourd’hui dans la démonstration de sa place dans la chaine de valeur. La mise en place de la qualité va s’intéresser en effet non seulement au circuit de prise en charge, c’est à dire à l’échange avec le patient au sein de la pharmacie, à travers un ensemble de procédures, mais va également intégrer ce qui serait possible pour éviter l’échappement thérapeutique. Le Pharmacien, entouré de son équipe est conscient des enjeux : savoir prendre la bonne décision, maitriser le risque inhérent à la dispensation, améliorer le geste pharmaceutique jusqu’à la bonne administration. La qualité à l’officine, qui est par définition une démarche d’amélioration continue, en identifiant précisément les dysfonctionnements ou les risques, en fixant les indicateurs de la relation va permettre au pharmacien une intégration complète dans le parcours de soins. Les enjeux de matério- et pharmacovigilance, mais également le suivi de la relation patient afin de détecter l’évolution des facteurs de risque face au traitement trouvent naturellement leur place au cœur du système de management de la Qualité de l’Officine. Le déploiement sur plus de 1 300 officines de la démarche Qualité ISO-QMS et leur certification début 2012 marque une étape importante pour la profession. Les indicateurs clés mis en place semblent pertinents à travers les évaluations tant de la démarche par les titulaires que par les patients dans la poursuite d’une amélioration du service et de la relation et la poursuite des objectifs de santé publique sur l’observance. Questions, Commentaires, Réponses Jean-Paul CHIRON fait remarquer qu’il n’aime pas le terme "client". Il préfèrerait que le terme "patient" lui soit substitué. R : En fait, dans une pharmacie on gère à la fois des "clients" et des "patients". CR / séance 2 mai 2012 VF Page 6/12 Jean-Loup PARIER (C) : Est-ce que vous mettez en place des SOP (Standard Operating Procedure) ? R : oui, on met en place des procédures qualitatives et itératives. La démarche qualité s’appuie sur le guide des BPP ainsi que sur l’établissement de logiques de bonne délivrance. La qualité passe par la formation des collaborateurs. Raphaël MOREAU (Q) : Pouvez-vous nous préciser comment la mise en place d’une certification ISO/ISAs a suivi l’exemple Suisse ? Dans quelle mesure le pharmacien peut-il faire connaître dans son entourage qu’il a introduit une démarche qualité ou qu’il est certifié ? R : ma pharmacie à Chambéry a été la première pharmacie en France certifiée ISAs qui est une norme Suisse. Les Suisses ont établi leur démarche qualité dans le cadre d’une négociation avec les pouvoirs publics. La norme ISAs a été adaptée à la problématique française au début des années 2005. Aujourd’hui, 45 pharmacies ont ce label Suisse. Cette nouvelle norme est ouverte à la totalité des pharmacies (95 % des pharmacies du groupement CEIDO sont certifiés). L’objectif de la plupart des groupements est d’avoir 20 à 25 % de leurs adhérents dans la démarche (soit environ 5 000 pharmacies). Jean-Paul CHIRON (Q) : quel est le coût ? R : une pharmacie ISO gérée en multi-sites revient à 1 800 € / 3ans. Il n’y a pas de frein économique à l’entrée dans la démarche qualité. Bruno BONNEMAIN (Q) : quels indicateurs avez-vous choisi pour votre démarche qualité ? R : sur la partie gestion de la pharmacie en elle-même, on est sur un paramètre en 200 critères. Les grilles patients sont plus limitées. Marie-Christine BELLEVILLE (Q) : y-a-t-il une formation qualité au niveau universitaire et, comment votre approche est-elle connue des étudiants ? R : il y a des formations au niveau universitaire notamment dans les sections officinales. Yvette POURCELOT (Q) : quelle est la relation entre votre système mis en place dans les officines et la formation universitaire ? R : Il nous est demandé d’intervenir dans les facultés. Il y a d’autres démarches au niveau officinal. Yvette POURCELOT (Q) : quelle est la relation avec les ARS / la HAS sur cette démarche ? R : c’est la deuxième étape. On remontera vers les ARS avec des acquis. 3.4 PRÉSENTATION D’OUVRAGE « Les usages du principe de précaution » une publication de l’Académie des technologies, Édition Manuscrit, Paris, novembre 2011, ISBN 978-2-304-03864-4, 80 pages, présenté par Jean-Loup KEENE, Président du Comité de Déontologie de l’Académie nationale de Pharmacie Cette communication (livret de 55 pages) est le fruit des réflexions d’un groupe de travail composé d’Académiciens des technologies ; ce groupe a tenu de nombreuses réunions au cours des années 2009 et 2010, débattu deux fois en assemblée plénière et adopté en novembre 2010. Plan La communication rappelle d’abord l’origine du principe de précaution En 2002, à la demande du Président de la République, le Premier ministre a mis en place une Commission présidée par Yves Coppens pour faire des propositions sur une « Charte de l'environnement » qui inclurait le principe de précaution. Après une large consultation et de nombreux débats, le Président a tranché en faveur d'un texte constitutionnel qui a été adopté en 2004: «Lorsque la réalisation d'un dommage, bien qu'incertain en l'état des connaissances scientifiques, pourrait affecter de manière grave et irréversible l'environnement, les autorités publiques veillent à l'application du principe de précaution et, dans leur domaine d'attribution, à la mise en œuvre de procédures d'évaluation des risques et à l'adoption de mesures provisoires et proportionnées afin de parer à la réalisation du dommage ». Le livret présente ensuite des exemples : 1. Trois exemples du bon usage du principe de précaution a. La procédure REACH (Registration, Evaluation, Autorisation and Restriction of Chemicals) « …Cette initiative du règlement européen de 2006 devenait justifiée par la prolifération de nouvelles substances CR / séance 2 mai 2012 VF Page 7/12 chimiques - on en dénombre plus de 100 000 dont les effets toxiques éventuels de la très grande majorité sont mal connus -. » b. les nanotechnologies Le président Husson a traité ce sujet il y a quelques mois dans un article. La communication de l’Académie des technologies indique à ce sujet : « Une bonne application du principe de précaution consiste : - à poursuivre les études toxicologiques - à préconiser, dans l'attente et à titre de prévention, la protection maximale des travailleurs » c. l’évolution du climat Je cite la communication : « Le GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) constitue un exemple très intéressant et néanmoins fortement discuté de la démarche scientifique qui doit accompagner le principe de précaution. » 2. Après ces exemples estimés positifs, la communication présente deux cas de mauvais usage du principe de précaution : a. Le maïs Mon 810, maïs qui possède un gène produisant une protéine toxique pour les principaux insectes ravageurs de cette culture. Le moratoire décidé par le gouvernement français est contestable selon la communication. b. « C’est sans doute un très mauvais service rendu à la cause du principe de précaution. » l’affaire des relais de téléphonie mobile Tout a débouché sur des procédures contentieuses à l’origine d’innovations juridiques contestables. 3. Deux exemples de confusion entre précaution et prévention a. l'épidémie de grippe A « La grippe A constitue un exemple intéressant puisqu'il s'agissait clairement d'une question de prévention …en invoquant le principe de précaution, ce qui n'était pas justifié, les pouvoirs publics ont apporté une réponse disproportionnée et très coûteuse. » b. l’éruption du volcan islandais « À nouveau, il ne s’agissait pas de l’application du principe de précaution, mais bien d’une tactique de couverture des autorités concernées des différents pays ». 4. Des cas dommageables de non application du principe de précaution c. Qu’aurait donné le principe de précaution sur l’amiante ? Réponse de la communication, je résume : ce n’est pas évident ! d. les produits financiers complexes : là, la réponse est très nette : « il ne faut pas élargir le champ d’application légal du principe de précaution » Les points autour desquels on rencontre des difficultés 1. le champ du principe de précaution « En premier lieu, le groupe de travail tient à rappeler que le principe de précaution ne peut et ne doit s'appliquer qu'aux développements technologiques d'objets nouveaux pouvant avoir, en dépit de leur finalité positive, un impact collectif négatif. Juridiquement, le principe de précaution ne s'applique qu'à des objets matériels (technologies ou objets physiques) appartenant au champ de l'environnement et de la santé. Il serait sans aucun doute prématuré de l'élargir à des objets virtuels comme la finance ou des processus sociaux. » « On observe un élargissement « incontrôlé » de l'invocation ou de l'utilisation du principe de précaution qui va conduire, de fait, si on n'y met fin, à sa dilution et à son évanescence, dans le meilleur des cas, à un blocage de l'innovation et à un repli frileux de la société sur elle-même dans le pire. Il semble échapper progressivement à la rigueur juridique et constitutionnelle des rédacteurs du texte. 2. les problèmes juridiques La communication souligne qu’un important travail jurisprudentiel est en cours en Europe et en France depuis 10 ans. Les grandes tendances de la jurisprudence européenne et française sont: - pas d‘application du principe de précaution sans une démarche scientifique rigoureuse - le principe de précaution est un principe d’action et pas forcément à s’abstenir de prendre le moindre risque - principe de proportionnalité « pas nécessaire d’utiliser un marteau pour écraser une mouche ». La communication souligne les « jugements surprenants de certaines cours d'appel qui inversent la charge de la preuve, pilier du droit français et européen, et introduisent, en plus, pour l'une d'elle, la notion de préjudice d'angoisse, notion des plus vagues qui n'existe pas non plus dans notre droit. Ces décisions créent une insécurité juridique accompagnée, dans les cas cités, d'une remise en cause a priori du rôle des experts CR / séance 2 mai 2012 VF Page 8/12 et des décideurs politiques…cette insécurité juridique croissante constitue une dérive par rapport au texte constitutionnel et à la charte de l'environnement qui l'accompagne. » 3. l’articulation avec la recherche : deux questions à ce sujet : a. une chance ou un frein pour l'innovation ? « Chance, certainement si l’on met en pratique des procédures de précaution. Frein si l’on en fait un mauvais usage, en particulier lorsqu'il est utilisé pour protéger les décideurs. De ce point de vue, la compétitivité future de l'industrie chimique européenne pourrait être mise à mal par une interprétation rigoriste et excessive de la procédure REACH ; Ce commentaire nuance ce qui avait été présenté comme positif précédemment…ceci souligne que ce qui compte pour la bonne marche du principe de précaution, c’est une bonne mise en œuvre ou peut être pourrait-on dire –avec ou sans malice-une mise en œuvre avec précaution. La communication note que « la corrélation entre le frein à l'innovation d'une part et les mauvais usages du principe de précaution d'autre part conduit la commission éthique à soutenir le développement de l'Observatoire du principe de précaution en insistant sur la mise en valeur de ses bons usages. » b. la question de l’expertise L’expertise joue un rôle majeur dans la mise en œuvre du principe de précaution. La communication note un aspect qui nous intéresse tous : « Notre société voudrait des experts complètement indépendants, or cette indépendance totale est impossible. Pour créer sa compétence, l'expert aura naturellement rencontré de nombreuses personnes impliquées dans le débat. Un expert complètement indépendant serait, de ce fait, totalement incompétent ! Il est donc plus réaliste de prendre des experts les plus indépendants possibles, dont les biais comme les liens d'intérêt potentiels soient connus, pour être en mesure de répondre à toute critique ultérieure ». Les recommandations elles sont simples et pratiques et reprennent des constatations faites dans le corps du texte. - Affirmer clairement que le principe de précaution est un principe d'action - Encadrer l'expertise - Résoudre les difficultés d'ordre juridique pour réduire l’insécurité juridique - Renforcer le rôle de l'Observatoire du principe de précaution mis en place au CNAM - N'envisager qu'avec prudence l'application du principe de précaution hors du champ environnemental et sanitaire Le principe de précaution est encore très jeune et il faut, aujourd’hui, le garder limité, comme prévu dans la Constitution, aux technologies matérielles liées à l'environnement et à la santé et ne pas essayer de l'élargir à d'autres domaines ou aux produits immatériels, avant de s'être soigneusement assuré que ce serait pertinent. Conclusion Pour ma part j’ai trouvé intéressant dans cette communication que l’on cherche à analyser des cas concrets ; les propos généraux développés ensuite sont intéressants mais, si je puis dire, laissent un peu sur sa faim, quand on a envie de savoir si au total le principe de précaution a été un apport positif ou négatif, voire un coup d’épée dans l’eau. Mais en fait, si l’on veut être honnête, je pense que la réponse à mon interrogation figure en filigrane dans la communication ; cette réponse c’est, il est encore trop tôt pour pouvoir répondre à la question, on perçoit bien des difficultés, mais pour le moment on ne peut pas conclure. D’où l’importance de l’action menée par l’observatoire du principe de précaution, dirigé par F. EWALD. 4. QUESTION D’ACTUALITÉ « Médicaments génériques : communiqué de presse » Marie-Christine BELLEVILLE, Membre titulaire de l’Académie nationale de Pharmacie Certaines inquiétudes se sont récemment manifestées à l’égard des médicaments génériques : qualité, efficacité, et droit de substitution par le pharmacien en particulier. L’Académie nationale de Pharmacie, souhaite replacer les médicaments génériques dans une perspective d’évolution positive de la conception des médicaments, de leur production et de leur dispensation. Qu’est-ce qu’un médicament générique ? C’est un médicament équivalent sur le plan thérapeutique à un médicament princeps. Sa mise à disposition des prescripteurs et donc, des patients, répond à un impératif économique significatif pour l’assurance maladie en CR / séance 2 mai 2012 VF Page 9/12 permettant de dégager des économies pour financer le système de soin et son accès au plus grand nombre. En quoi un médicament générique est-il équivalent au médicament princeps ? Sa composition qualitative et quantitative en principe actif est identique à celle du médicament princeps. Toutefois, sa composition peut légèrement varier, en particulier en ce qui concerne les excipients contribuant à la mise en forme et à l’enrobage (aspect, couleur…) ou parfois le sel du principe actif. Son comportement dans l’organisme fait l’objet d’une évaluation précise dans un cadre règlementaire. Il est équivalent au médicament princeps : son absorption, sa concentration plasmatique et son élimination ne sont pas différentes. Cette bioéquivalence, définie, par des normes internationales est démontrée par des études effectuées chez des volontaires sains. Le médicament générique répond à tous les critères de qualité Le médicament générique n’est commercialisé que s’il obtient une Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) de la part des autorités de santé : Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM, ex AFSSAPS) en France, European Medicines Agency (EMA) pour les AMM Européennes. L’AMM est fondée sur : 1. l’examen d’un dossier pharmaceutique aussi complet que celui du médicament princeps. Ce dossier démontre la qualité du médicament par rapport aux normes en vigueur tant dans sa composition qualitative et quantitative que pour sa fabrication et son contrôle de qualité. - Les preuves de la qualité des matières premières sont fournies comme pour tout autre médicament. Toute modification de fournisseur ne peut intervenir qu’après autorisation des autorités de santé. - L’ensemble du processus de fabrication suit les règles (européennes) de Bonnes Pratiques de Fabrication (BPF) avec garantie dans le temps du maintien de cette qualité. Les fabricants doivent, à cet effet, mettre en place un système d’assurance qualité et des contrôles permanents qui font l’objet d’inspections par les autorités de santé. 2. l’étude du résultat des essais de bioéquivalence par rapport au médicament princeps ; ces résultats font également l’objet d’une évaluation par les Autorités et de vérifications dans le cadre d’inspections spécialisées. 3. les études toxicologiques et cliniques du médicament princeps, dont les résultats sont considérés comme transposables aux médicaments génériques dans la mesure où la bioéquivalence est démontrée ; en effet la répétition de telles études dans ces conditions serait dès lors inutile et surtout non éthique. , La substitution doit être encouragée Lorsque le brevet du médicament princeps est tombé dans le domaine publique et lorsqu’un générique a obtenu une AMM, le médecin prescripteur se doit de ne pas s’opposer à la substitution du médicament princeps même si des cas particuliers sont possibles (voir plus loin). Pour faciliter la délivrance, le médecin prescripteur se doit de le prescrire sous la Dénomination Commune Internationale (DCI) : nom international du principe actif commun au médicament princeps et au générique. La « substitution » consiste donc, pour le pharmacien, à délivrer un médicament générique au lieu du médicament princeps. Les pays où la "pénétration" des médicaments génériques est la plus élevée sont en même temps les pays les plus innovants. Ainsi, aux États-Unis, alors que les génériques représentent 80 % des médicaments dispensés n’étant plus sous brevet, on observe une innovation pharmaceutique considérable puisqu'elle représente plus de la moitié des brevets pharmaceutiques internationaux. Mais la substitution est parfois délicate dans certaines situations, le médecin peut être conduit, par exemple pour des raisons de intolérance à certains excipients du médicament princeps ou du médicament générique défini, à demander la non substitution du traitement prescrit. Les cas réellement justifiés de non substitution sont rares. dans les traitements chroniques, en particulier chez les sujets âgés, en raison du changement d’habitude (inquiétude, incompréhension, difficulté de lecture), lors des traitements aigus, ces difficultés sont pratiquement inexistantes. c’est le rôle du médecin prescripteur et du pharmacien dispensateur, d’expliquer l’intérêt de la prescription et de la dispensation du médicament générique. CR / séance 2 mai 2012 VF Page 10/12 En résumé : Les médicaments génériques sont des médicaments aux qualités identiques à celles des médicaments princeps. Les médicaments génériques ont fait la preuve de leur bioéquivalence, ce qui garantit la même qualité de traitement et donc d'efficacité thérapeutique. Les médicaments génériques ne présentent ni plus ni moins d’effets indésirables ou de réactions « allergiques » que les médicaments princeps. Les autorités de santé garantissent la qualité des médicaments génériques dans le cadre d'un vrai dossier d'Autorisation de Mise sur le Marché. Les médicaments génériques permettent de réaliser des économies substantielles en matière de dépenses de santé ce qui est un facteur favorisant l'accès aux soins du plus grand nombre à un moment de grande difficulté pour le financement des dépenses de santé. Les médicaments génériques ne sont, en rien, un obstacle à la recherche pharmaceutique et à l'innovation Toutefois, l’Académie nationale de Pharmacie consciente de l’inquiétude et la méfiance de principe de certains patients à l’occasion d’une substitution, la difficulté de la substitution par des médicaments génériques différents lors d’approvisionnement itératif de certains patients dans plusieurs pharmacies, Considérant les enjeux de santé publique, les difficultés de compréhension en particulier chez le sujet âgé et les personnes ayant des difficultés de lecture des instructions écrites, la difficulté d’identification de la DCI sur le conditionnement du médicament princeps dans certains cas, que l’effet indésirable d’un médicament princeps ou générique puisse être rapporté soit à la molécule ellemême, soit directement à la formulation, soit à l’inquiétude générée par la substitution, que pour une optimisation du bon usage du médicament princeps et générique, une meilleure coordination en particulier entre le médecin prescripteur et le pharmacien dispensateur est indispensable, que l’évolution du rôle du pharmacien d’officine est maintenant bien individualisée dans la loi HPST dans son activité de pharmacien correspondant et confortée dans la récente convention pharmaceutique, que l’implantation du Dossier Pharmaceutique est en cours aussi bien au niveau officinal qu’hospitalier, Recommande aux malades - de se fournir autant que possible chez le pharmacien qui les suit et connait leurs habitudes ; - de signaler à leur médecin ou à leur pharmacien tout effet indésirable pouvant être relié à la prise d’un médicament quel qu’il soit (automédication ou médicament de prescription, princeps ou générique) ; aux pouvoirs publics - de rendre obligatoire pour le prescripteur, la mention de la DCI sur l’ordonnance, associée (ou non) au nom de la spécialité prescrite; - de développer des actions d’information auprès des patients et du grand public ; aux fabricants - de limiter, conformément aux nouvelles dispositions de la Loi du 29 décembre 2011, les différences d’aspect du médicament générique par rapport au médicament princeps ; - d’indiquer très lisiblement le nom de la DCI du ou des principes actifs sur le conditionnement extérieur. aux professionnels de santé (médecins prescripteurs et pharmaciens dispensateurs) - d’initier, lors du renouvellement de l’ordonnance, un dialogue adapté et prospectif permettant de favoriser une information spécifique, de limiter les erreurs et d’optimiser la prise du médicament. Cet instant particulier est à privilégier surtout chez les sujets âgés et les personnes ayant des difficultés de lecture des instructions écrites ; - de procéder, en cas d’effet indésirable (intolérance ou problème d’efficacité du médicament) signalé par le patient, à l’analyse de la relation éventuelle entre les faits rapportés et la prise du médicament et de déclarer tous les effets indésirables qu’ils auraient été à même de constater (médicaments génériques ou princeps) ; CR / séance 2 mai 2012 VF Page 11/12 aux pharmaciens, de façon plus spécifique : - de fournir les explications indispensables, précises et adaptées à chaque patient et à chaque situation, lors de la dispensation, notamment lors d’une substitution, afin de limiter les risques de confusion ou de non observance ; - d’apporter des explications adaptées au patient et de mentionner sur l’ordonnance le nom du médicament effectivement délivré en cas de substitution ou de changement de générique ; - de « fidélis er » leurs sources d’approvisionnement, en particulier pour les traitements chroniques chez les sujets âgés. Dans ce contexte, l’Académie nationale de Pharmacie souligne le rôle essentiel du Dossier Pharmaceutique car : il offre la possibilité de suivre en temps réel l’ensemble des médicaments qui ont pu être délivrés à un patient donné lors de ses passages successifs dans des pharmacies différentes. il est un outil de première importance pour assurer un lien entre les prescriptions hospitalières et le médecin généraliste prescripteur, permettant de détecter redondances et/ou incohérences. son utilisation élargie permettra de contrôler les médicaments effectivement délivrés, dans le but d’éviter la duplication des prises (délivrance concomitante par plusieurs pharmacies de médicaments princeps et de médicaments génériques) Fin de la séance 17 h 40 * * * CR / séance 2 mai 2012 VF Page 12/12