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23-Reperes-03-04-2011:Mise en page 1
24/02/11
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ou jamais aperçu, ou découvrir tardivement l’infinie diversité et présence
de la trace biblique dans la littérature,
y compris récente, y compris « secondaire », on peut penser qu’ils ont peutêtre tort de s’alarmer des ferments de
dissolution. Les œuvres produites par
la vision non religieuse du monde, y
compris du monde religieux, très
répandue désormais, ne sont pas toujours convaincantes, il est vrai, comme
s’il y manquait le drame existentiel que
signifie, en fin de compte, toute inquiétude religieuse. Mais le texte demeure,
offert à tous, sans préalable, débarrassé
peut-être de trop de lectures pieuses et
endormantes, capable à tout moment
de rallumer la flamme créatrice.
tuel et monde réel et définir autrement
la notion de transmission.
Jonathan Coe, né en 1961 à Lickey,
une banlieue de Birmingham, fait des
études au Trinity College de Cambridge, obtient un doctorat de l’université de Warwick avec une thèse sur
Tom Jones d’Henry Fielding et publie
parallèlement son premier roman, The
Accidental Woman1 en 1987.
Installé à Londres à la fin des
années 1980, il tente d’abord une carrière musicale au sein du Peer Group,
avant de se consacrer à l’écriture, rencontrant toutefois un succès modeste
avec A Touch of Love2 et The Dwarves
of Death3 parus successivement en
1989 et 1990. Deux courtes biographies alimentaires sur James Stewart
et Humphrey Bogart lui permettent de
finir What a Carve up4, roman qui lui
assure une notoriété nationale et internationale qui ne se démentira plus :
prix Médicis étranger pour The House
of Sleep5 en 1998, Bollinger Everyman
Wodehouse Prize pour The Rotters’
Club6 en 2001 ou Samuel Johnson
Prize pour Like a Fiery Elephant: The
Story of B. S. Johnson7 en 2005.
L’image de Jonathan Coe auprès du
public comme de la critique semble
Jean-Louis Schlegel
Jonathan Coe
LA VIE TRÈS PRIVÉE DE M. SIM
Paris, Gallimard, 2011,
448 p., 22 €
Dans ce neuvième roman traduit en
français, Jonathan Coe poursuit à la
fois son décryptage ironique de la
société anglaise et sa recherche de
formes inédites de narration. La Vie très
privée de M. Sim raconte à la première
personne l’histoire d’un homme sans
épaisseur, au vocabulaire étriqué,
pitoyablement poursuivi par l’échec, de
sa naissance non désirée au départ de
sa femme et de sa fille en passant par
la dépression et les difficultés professionnelles. Plus que la psychologie des
personnages ou le déroulement des
événements, c’est la structure rigoureuse du récit qui éclaire le véritable
enjeu du propos : la possibilité d’une
construction identitaire dans un
contexte, le XXIe siècle, où la prégnance
des technologies modernes semble
déplacer la frontière entre monde vir-
1. Jonathan Coe, The Accidental Woman,
Londres, Duckworth, 1987 ; trad. fr. la Femme
de hasard, Paris, Gallimard, 2007.
2. Id., A Touch of Love, Londres, Duckworth,
1989 ; trad. fr. Une touche d’amour, Monaco,
Éditions du Rocher, 2002.
3. Id., The Dwarves of Death, Londres,
Fourth Estate, 1990 ; trad. fr. les Nains de la
mort, Paris, Gallimard, 2001.
4. Id., What a Carve up, Londres, Viking,
1994 ; trad. fr. Testament à l’anglaise, Paris, Gallimard, 1995.
5. Id., The House of Sleep, Londres, Viking,
1997 ; trad. fr. la Maison du sommeil, Paris, Gallimard, 1998.
6. Id., The Rotters’ Club, Londres, Viking,
2001 ; trad. fr. Bienvenue au club, Paris, Gallimard, 2003.
7. Id., Like a Fiery Elephant: The Story of
B. S. Johnson, Londres, Picador, 2004 ; trad. fr.
B. S. Johnson : histoire d’un éléphant fougueux,
Meudon, Quidam, 2010.
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