Gestion moderne des cas et réadaptation globale
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Gestion moderne des cas et réadaptation globale
Gestion moderne des cas et réadaptation globale Mesures de la Suva visant à endiguer les coûts des accidents: faits et chiffres 2013 Avant-propos Felix Weber Chère lectrice, cher lecteur, La réadaptation représente depuis toujours l’une des préoccupations principales de la Suva, dont l’objectif prioritaire est d’aider au plus vite les personnes victimes d’un accident ou d’une maladie professionnelle à guérir et à retrouver le monde du travail. Elle doit toutefois atteindre cet objectif avec le maximum d’efficacité. Nous œuvrons sans relâche pour maintenir les coûts des accidents à un niveau minimal. Les économies ainsi réalisées bénéficient à l’ensemble des assurés sous la forme de primes moins élevées. Membre de la Direction Responsable du département prestations d’assurance et réadaptation La Suva se concentre donc sur les victimes d’accidents graves, car des analyses montrent qu’environ 5 % des accidents occasionnent à peu près 70 % des prestations d’assurance. Différents participants jouent un rôle déterminant dans le cadre de la réadaptation. Il s’agit d’une part des cliniques de la Suva à Bellikon et à Sion. D’autre part, l’initiative «Réintégration professionnelle» va par exemple dans le sens du bien-être des assurés. La Suva collabore également avec des partenaires externes. Vous trouverez davantage d’informations à ce sujet à la page 5. Pour tous les participants de notre branche, la maîtrise des coûts demeure un enjeu majeur. Ainsi, en 2013, le nombre de nouvelles rentes d’invalidité a par exemple connu pour la première fois depuis longtemps une nouvelle augmentation. Toutefois, grâce à sa gestion des cas professionnelle, la Suva parvient à inverser la tendance. Par rapport à il y a plus de dix ans, les nouvelles rentes ainsi que leurs coûts ont diminué de moitié environ. Pour en savoir plus, rendez-vous à la page 6. Enfin, la Suva lutte activement contre la fraude à l’assurance. Les mesures engagées, qui ont permis d’économiser l’an dernier quelque 90 millions de francs (cf. page 11), bénéficient ici encore aux assurés. Je vous souhaite une excellente lecture. Des informations sont également disponibles sur www.suva.ch. 2 1 Réinsertion La réinsertion des victimes d’accidents est un thème prioritaire pour la Suva. Sont principalement concernées les victimes d’accidents graves qui doivent affronter une situation professionnelle, financière ou sociale difficile.1 Ces personnes bénéficient d’un suivi global dispensé par des spécialistes cas et des médecins des assurances de la Suva. L’objectif est de les réinsérer rapidement dans le processus de travail, car la perspective d’un retour rapide dans la vie professionnelle accélère également le processus de guérison. Se concentrer sur les cas graves a des raisons financières. Des analyses montrent en effet que seuls environ 5 % des accidents occasionnent 70 % des prestations d’assurance (frais de traitement, indemnités journalières, rentes). Les statistiques présentées dans ce chapitre regroupent les accidentés graves (cas complexes) âgés de 60 ans au maximum au cours de l’année considérée et présentant donc un potentiel de réinsertion relativement élevé. De plus, seuls ont été pris en compte les cas dont le suivi s’est achevé dans l’année en question.2 Alors qu’on enregistrait encore 13 413 cas complexes en 2010, leur nombre est descendu à 9793 jusqu’en 2013. Ce recul substantiel s’explique par une optimisation du processus de gestion des cas de la Suva: depuis 2011, seuls les cas engendrant des problèmes de réinsertion sont considérés comme des cas complexes. Le nombre de cas complexes a donc nettement baissé, ce qui a permis en contrepartie d’intensifier le suivi apporté. Cette rupture est matérialisée dans les tableaux suivants par une ligne plus épaisse. 1 2 1.1 Réinsertions réussies On considère qu’une réinsertion est réussie lorsque la personne ayant été victime d’un accident peut retravailler chez son ancien employeur ou auprès d’un nouvel employeur et n’a pas besoin de rente d’invalidité (ou qu’elle en perçoit une inférieure à 20 %). Grâce au soutien des employeurs, plus de 80 % des 9793 personnes gravement accidentées en 2013 ont réussi leur réinsertion professionnelle. Année Nombre de cas complexes Réinsertions réussies chez l’ancien employeur Réinsertions réussies chez un nouvel employeur 2009 14 299 10 670 (74,6%) 2229 (15,6%) 2010 13 413 9239 (68,9%) 2295 (17,1%) 2011 10 738 7227 (67,3%) 1748 (16,3%) 2012 9408 6193 (65,8%) 1678 (17,8%) 2013 9793 6136 (62,7%) 1794 (18,3%) 1.2 Participation des cliniques de réadaptation à la réinsertion Les cliniques de réadaptation jouent souvent un rôle essentiel pour le traitement médical et la réinsertion des personnes gravement accidentées. Les cliniques de la Suva à Bellikon (AG) et à Sion (VS) sont des établissements de renom spécialisés dans la réadaptation et le suivi de victimes d’accidents graves. Outre les suites physiques et psychiques des accidents, elles traitent les aspects sociaux et professionnels de la réadaptation. Afin de faciliter la lecture du document, le masculin générique est utilisé pour désigner les deux sexes. Un cas est formellement clos lorsque l’état final est atteint du point de vue médical et que la personne accidentée est réinsérée ou se voit attribuer une rente définitive 3 En 2013, 515 accidentés graves sur 9793 au total ont pu bénéficier d’un séjour stationnaire dans l’une des cliniques de réadaptation de la Suva. La majorité d’entre eux ont ensuite réussi leur réinsertion et n’ont pas eu besoin d’une rente d’invalidité (ou en perçoivent une inférieure à 20 pour cent). Nombre de séjours stationnaires dans les cliniques Suva Réinsertions réussies 2009 571 507 (88,8%) 2010 651 585 (89,9%) 2011 492 429 (87,2%) 2012 434 374 (86,2%) 2013 515 444 (86,2%) Année Réinsertions avec le soutien d’agents de placement Si la personne ne peut pas retravailler chez son ancien employeur, la Suva s’engage pour qu’elle retrouve au plus tôt un poste adapté chez un nouvel employeur. Elle collabore à cet effet avec des agents de placement privés. Année 2009 4 Nombre de personnes accidentées suivies par un agent de placement Réinsertions réussies chez un nouvel employeur 111 86 (77,5%) 2010 110 91 (82,7%) 2011 100 79 (79,0%) 2012 80 65 (81,3%) 2013 86 65 (75,6%) 1.4 Initiative «Réintégration professionnelle» L’initiative «Réintégration professionnelle» fait partie de la gestion des cas, en particulier en ce qui concerne la réinsertion. Les victimes d’accidents qui ne peuvent pas être réemployées par leur ancien employeur ou qui ne peuvent prétendre à une reconversion de l’AI sont doublement frappées par le destin. Elles ne souffrent pas uniquement des conséquences directes de l’accident. L’expérience montre qu’elles ont également du mal à retrouver leur place dans le monde du travail. La Suva leur offre donc un soutien en la matière. Elle recherche des entreprises disposées à les initier à une nouvelle activité pendant trois à douze mois ou à les former pendant six à 24 mois afin de leur offrir par la suite un poste de travail approprié. En cas de succès, l’entreprise perçoit des honoraires. Ainsi, après la mise en place d’une prothèse totale du genou, un assuré approchant de la soixantaine ne pouvait plus exercer son activité, très contraignante physiquement. La prothèse était devenue nécessaire après un très ancien accident. En raison de l’âge de l’assuré, l’AI n’envisageait plus de mesures de reconversion. Grâce au soutien de la Suva ainsi que de celui d’un employeur ayant compris la situation, l’assuré a pu retrouver un poste de travail moins pénible physiquement, ce qui a constitué une réussite pour toutes les parties impliquées. La Suva a donné une prime au nouvel employeur pour son engagement. Jusqu’à présent, sur les quelque 1400 entreprises sollicitées, plus de deux tiers ont déclaré être prêtes à participer à l’initiative «Réintégration professionnelle». Depuis 2010, ce programme a ainsi permis à environ 155 personnes de retrouver un emploi adapté. Rien qu’en 2013, il a été appliqué à 35 personnes. Les rentes économisées ont été estimées à environ 2,8 millions de francs. Vous trouverez d’autres informations à ce sujet sur www.suva.ch/reintegration-f. 1.5 Collaboration avec des tiers La Suva participe à différents projets externes ayant pour thème la réinsertion professionnelle. En voici trois. Concerto Concerto est le résultat d’un projet commun entre employeurs et assurances (sociales). Il a pour objectif de suivre en toute simplicité les travailleurs accidentés et malades et de les maintenir si possible dans le processus de travail. Tous les partenaires bénéficient des avantages de processus uniformes et fiables. Le développement de Concerto est satisfaisant. Différents offices AI se sont joints au projet depuis son lancement. Vous trouverez d’autres informations à ce sujet sur www.concerto-pro.ch. Compasso Le portail d’information «Compasso: réadaptation professionnelle» est une plate-forme nationale taillée sur mesure. Les employeurs y trouvent les informations répondant à leurs questions et des propositions pour assurer la réadaptation de salariés présentant une atteinte à la santé. Compasso peut compter sur un vaste réseau d’assureurs d’indemnités journalières maladie, d’assureurs-accidents, d’offices AI, de caisses de pension, d’institutions pour personnes handicapées et de spécialistes du case management, du placement ou du job coaching. Tous poursuivent un même objectif: venir en aide aux employeurs disposés à réinsérer des travailleurs handicapés. Le site de Compasso est visité environ 8000 fois par mois. Pour de plus amples informations: www.compasso.ch. DPR «Détection précoce et réinsertion professionnelle» est une plate-forme dirigée par l’Union patronale suisse pour coordonner la réinsertion. Six entreprises de taille moyenne, l’office cantonal AI du site, les assurances d’indemnités journalières en cas d’accident et de maladie ainsi que l’institution de prévoyance professionnelle des entreprises y participent. L’objectif est d’instaurer une coordination contraignante et de mettre en réseau les employeurs et les assurances (sociales) pour la détection précoce des problèmes de santé et la réadaptation. Entreprises et assureurs s’engagent à une participation commune et déterminent la responsabilité des cas. Ils participent à un pool de financement qui permet à la DPR de soutenir des mesures dans la phase précoce après un accident ou une maladie. En raison de la proximité thématique, un regroupement avec Concerto est prévu. Vous trouverez d’autres informations à ce sujet sur www.mind-step.ch. 5 2 Rentes d’invalidité L’évolution des coûts des rentes a une signification déterminante pour la Suva. Une augmentation ou une baisse a une influence décisive sur le capital nécessaire non seulement pour les années à venir, mais également pour plusieurs décennies. En 2013, le nombre des nouvelles rentes d’invalidité allouées par la Suva a connu une hausse par rapport à l’année précédente, augmentant de 12,1 %. Les coûts des nouveaux cas d’invalidité (provisions) se sont accrus de 12,3 %, s’établissant à 491,3 millions de francs. La progression vis-à-vis de l’exercice précédent a été de 53,7 millions de francs. En moyenne, chaque nouvelle rente d’invalidité a coûté 277 000 francs (année précédente: 276 000 francs), et ce, pour un taux d’invalidité moyen légèrement en recul avec 27,6 % (année précédente: 27,8 %). En 2012, les coûts des nouvelles rentes sont tombés à leur plus faible niveau depuis l’introduction de la loi sur l’assurance-accidents en 1984. Malgré la hausse de 2013, le nombre de nouvelles rentes d’invalidité est encore de 53 % et les coûts correspondants de 48 % par rapport au pic enregistré en 2003. Cette réduction massive est liée à plusieurs éléments. La gestion professionnelle des cas et son développement constant sont bien évidemment loin d’y être étrangers, mais l’évolution économique et les modifications de la jurisprudence ont eux aussi joué un rôle non négligeable en la matière. La hausse de 2013 ne marque pas de renversement de tendance. D’une part, il faut compter sur certaines variations, et d’autre part, les coûts devaient un jour connaître leur niveau à peu près minimal. De plus, le nombre de nouveaux cas annoncés s’est accru de 3 – 4 % dans les dernières années. Millions de CHF Nombre 1200 3600 800 2400 400 1200 0 0 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 Fig. 1: coûts des nouvelles rentes d’invalidité (millions de CHF). 6 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 Fig. 2: nombre de nouvelles rentes d’invalidité. 3 Frais de traitement Les frais de traitement englobent les coûts liés au traitement médical dispensé par des médecins ou des hôpitaux, aux prestations paramédicales (physiothérapie, ergothérapie, logopédie) ainsi qu’aux médicaments et aux moyens auxiliaires médicaux (bandages, prothèses, fauteuils roulants, etc.). En font également partie les frais afférents au sauvetage et au transport des blessés, aux mesures de réinsertion (conseillers professionnels, agents de placement) et aux prestations pour soins dans les foyers. Dans l’assurance-accidents, c’est le principe des prestations en nature («tiers payant») qui s’applique: le fournisseur de prestations ne facture pas les frais au patient, mais directement à l’assurance. Ce principe facilite considérablement les démarches administratives du patient, qui ne doit s’occuper ni du paiement des factures ni de leur remboursement par l’assurance. Systèmes d’indemnisation des frais de séjours hospitaliers stationnaires En 2013, la Suva a dépensé en tout 1,15 milliard de francs en frais de traitement. Près d’un tiers de cette somme est constituée par les frais de séjours stationnaires dans les hôpitaux de soins aigus, qui correspondent à tous les hôpitaux en dehors des cliniques de réadaptation et des établissements de soins. Jusqu’à présent, ces prestations étaient généralement indemnisées sur la base de forfaits journaliers, c’està-dire que l’hôpital recevait un forfait convenu par contrat pour chaque jour que le patient passait à l’hôpital. Ces forfaits journaliers, indépendants du traitement entrepris ou de la gravité du cas, donnaient souvent lieu à de mauvaises incitations. A partir du 1er janvier 2012, le législateur a remplacé le système des forfaits journaliers par un système de forfaits s’orientant sur le diagnostic d’un cas. Ce système est appelé SwissDRG (DRG = Diagnosis Related Groups) et s’applique dans tous les hôpitaux de soins Indice Frais de traitement Jours d’hôpital 160 150 140 130 120 110 100 90 80 70 60 50 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 Fig. 3: frais de traitement remboursés par la Suva et nombre de jours d’hôpital (durée des séjours hospitaliers) dans les cliniques de soins somatiques aigus de Suisse (tous les hôpitaux en dehors des cliniques de réadaptation et des établissements de soins). Les chiffres sont indexés sur la base de janvier 2012, donc sur le moment de l’introduction de SwissDRG. Les points des courbes représentent à chaque fois la valeur moyenne sur douze mois. 7 somatiques aigus en Suisse. A l’origine, il a été développé aux Etats-Unis et est aujourd’hui utilisé dans la plupart des pays industrialisés comme standard de décompte pour les hôpitaux. Chaque patient est rattaché à un DRG, c’est-à-dire à un groupe de cas reposant sur le diagnostic et rassemblant tous les cas comparables. L’attribution à un groupe de cas s’appuie essentiellement sur les diagnostics principaux et secondaires ainsi que sur les procédures médicales réalisées (mesures diagnostiques et thérapeutiques), mais elle prend également en compte l’âge, le sexe, le degré de gravité et d’autres facteurs d’influence. Le système tarifaire DRG comprend près de 1200 groupes de cas différents, mais seuls environ 200 s’appliquent aux victimes d’accidents. Le forfait par cas sur la base duquel est indemnisée la prestation de l’hôpital ne s’oriente pas sur la durée du séjour, mais sur les coûts calculés selon des principes économiques pour chaque groupe de cas. Le remboursement des prestations hospitalières est donc plus équitable, et les hôpitaux n’ont plus tendance à prolonger la durée de séjour plus que nécessaire. Comme SwissDRG s’applique à l’ensemble de la Suisse, les prestations des hôpitaux sont également plus transparentes et mieux comparables; les établissements sont donc obligés de structurer leurs processus avec davantage d’efficacité pour demeurer concurrentiels avec la même qualité de traitement. Evolution de la durée d’hospitalisation et des frais des traitements stationnaires L’introduction de SwissDRG a laissé penser que les patients sortiraient plus vite de l’hôpital et seraient dirigés plus rapidement vers un suivi ambulatoire ou dans des institutions de soins ou de réadaptation. Les derniers chiffres-indices viennent confirmer cette tendance: le nombre de jours d’hôpital remboursés par la Suva (durée des séjours hospitaliers) a fortement reculé dans les cliniques de soins somatiques aigus depuis l’application du nouveau système en 2012. Dans le même temps, les frais des traitements stationnaires dans ces cliniques ont augmenté bien plus fortement que les années précédentes (fig. 3). Cette hausse extrêmement forte des frais de traitement n’est toutefois qu’en partie imputable au changement de système tarifaire, car le système de financement a également changé dans le même temps. • Financement cantonal des hôpitaux: alors que les assureurs-accidents devaient supporter 80 % des traitements hospitaliers stationnaires (le reste étant réglé par des subventions cantonales), cette prise en charge a été de 90 % à partir de 2012 et même de 100 % à partir de 2013. • Financement des coûts d’utilisation des bâtiments: depuis 2012, les forfaits par cas SwissDRG doivent explicitement couvrir également les coûts d’exploitation et les coûts d’utilisation des bâtiments (coûts d’investissement), c’est-à-dire que ces derniers sont décomptés comme des éléments de la structure tarifaire (jusqu’à fin 2011, ces coûts étaient en partie pris en charge par les cantons, en tant que propriétaires des hôpitaux). Un supplément de 10 % pour 2012 et de 11 % pour 2013 a donc été appliqué aux forfaits par cas. Une grande partie de la hausse observée est donc imputable aux nouvelles parts de financement des cantons et des assurances ainsi qu’à la prise en compte des coûts d’utilisation des bâtiments. L’influence du changement de système tarifaire se montrera dans les prochaines années. 8 4 Incapacité de travail Après un accident, plus d’un tiers des victimes sont totalement ou partiellement incapables de travailler durant une certaine période. Selon la loi sur l’assurance-accidents, la personne accidentée a droit durant cette période à une indemnité journalière, le montant de cette dernière étant fondé sur le gain assuré et le taux d’incapacité de travail (IT). Rôle du médecin, du patient, de l’employeur et de la Suva C’est lorsque toutes les parties impliquées, c’est-à-dire médecin, patient, employeur et Suva, apportent leur contribution et collaborent de façon optimale que la reprise la plus rapide possible d’une activité lucrative a le plus de chances de réussir. La capacité d’une personne accidentée à exercer son ancienne profession est appréciée par le médecin traitant et consignée sur la feuille-accident. Le degré d’IT (en pour cent) est réévalué régulièrement et adapté en fonction des progrès de la guérison. De façon idéale, l’IT peut ainsi être réduite par étapes, et le patient redirigé en douceur vers une pleine activité professionnelle. Dans les cas graves s’accompagnant d’une longue IT, il est également possible qu’une première tentative de reprendre entièrement le travail échoue et que l’IT doive être prolongée. La figure 4 montre un exemple d’évolution de l’IT d’une personne gravement accidentée. • Médecin: le médecin qui suit la personne apprécie l’IT avec un certificat médical et a dans de nombreux cas une certaine marge en ce qui concerne le degré et la durée de l’IT. Comme une reprise progressive du travail favorise également la guérison, le médecin devrait envisager dès que possible le passage d’une IT complète à une IT partielle. Toutefois, pour que cette dernière puisse réellement être mise en œuvre, elle doit être approuvée par la personne accidentée et avant tout par son employeur. • Patient: le retour aussi rapide que possible au travail minimalise les effets négatifs de l’accident sur la vie professionnelle et entre donc dans le propre intérêt du patient. Une capacité de travail partielle permet entre outre d’atténuer la brutalité du passage à une capacité de travail complète et d’éviter le risque d’un surmenage. Degré IT (%) 100 80 60 40 20 0 0 50 100 150 200 250 300 350 400 450 Durée IT depuis l’accident (jours) Fig. 4: évolution hypothétique de l’IT d’une personne gravement accidentée. IT de 100 % les 250 premiers jours après l’accident suivie de trois phases avec une IT de 50 ou de 80 %. Une tentative de reprise complète a ensuite échoué au bout de quelques jours. Après deux nouvelles phases avec IT réduite, la personne accidentée a pu enfin retrouver entièrement son activité. 9 • Employeur: comme l’employeur paie en fin de compte les absences liées à un accident par ses primes, il a tout intérêt à ce que ses collaborateurs victimes d’un accident recouvrent au plus vite une pleine capacité de travail. Il peut grandement faciliter ce processus en étant prêt à les occuper à temps partiel un certain temps ou en mettant à leur disposition des places de travail de remplacement adaptées (postes aménagés), qui impliquent moins de sollicitations physiques. Pour des raisons aisément compréhensibles, il est plus facile de mettre en œuvre ces solutions de transition dans les grandes entreprises que dans les petites. De nombreuses grandes entreprises ont même un contingent d’emplois de substitution pour les collaborateurs accidentés ou malades. Les chiffres-indices montrent la réussite de telles mesures. Le nombre de jours d’absences liées à un ac- 60 Nombre de jours 50 40 30 20 10 0 K M M+ G Fig. 5: nombre moyen de jours d’absences en raison d’une IT pour accident, ventilé selon la taille de l’entreprise. La taille de l’entreprise est définie par le volume de primes: P (petites entreprises): < 5000 francs par an, M (moyennes entreprises): ≥ 5000 Franken par an, M+ (grandes moyennes entreprises): ≥30 000 francs par an, G (grandes entreprises): ≥ 300 000 francs par an. Pour cette analyse, tous les accidents de 2010 avec IT (environ 195 000 accidents) ont été sélectionnés, et l’IT correspondante a été évaluée jusqu’à juin 2013 inclus. Les incapacités de travail partielles (degré IT < 100 %) ont été converties en jours entiers. 10 cident s’accroît en effet très fortement en fonction de la taille de l’entreprise (fig. 5). Les évaluations montrent en outre que davantage de reprises de travail sont tentées dans les grandes entreprises. • Suva: la Suva doit servir d’intermédiaire entre le patient et l’employeur et apporter son aide dans le cadre de la recherche de solutions optimales pour toutes les parties impliquées. Pour ce faire, elle peut s’appuyer sur les compétences des spécialistes cas ou demander des expertises de la médecine des assurances. 5 Lutte contre la fraude à l’assurance Le service de coordination de la lutte contre la fraude à l’assurance de la Suva examine les informations qu’il reçoit et prend des mesures au cas par cas. Il y a fraude à l’assurance lorsqu’une personne donne consciemment de fausses informations, simule un certain état ou touche plus de prestations que celles auxquelles elle a droit. Exemples: • Remise de documents faux ou falsifiés (certificats médicaux, factures, contrats de travail, décomptes de salaire, etc.) • Simulation ou exagération de troubles • Simulation ou provocation intentionnelle d’accidents ou de suites d’accidents • Simulation de rapports de travail aux fins d’obtenir une couverture d’assurance • Fausse déclaration des conditions salariales par l’employeur • Exercice d’une activité lucrative avec une incapacité de travail ou une invalidité, si l’exercice de l’activité n’est pas compatible avec l’état de santé invoqué • Exercice d’activités sportives ou d’autres activités avec une incapacité de travail ou une invalidité, si l’exercice de ces activités n’est pas compatible avec les atteintes à la santé invoquées • Absence d’annonce d’amélioration de la santé pour continuer de percevoir des prestations plus élevées Environ la moitié des fraudeurs perçoivent dans le même temps des prestations d’assurance et un salaire ou des prestations de plusieurs assurances (par ex. prestations de l’assurance-accidents, de l’assurance-maladie et de l’assurance-chômage), l’autre partie perçoit des prestations indues. En 2013, 315 cas suspects ont été enregistrés, soit encore 10 % de plus que les années précédentes (2012: 292, 2011: 264). En fin d’exercice, environ 400 cas étaient en cours d’examen ou en suspens du fait de recours ou de procédures judiciaires. Depuis le début de son activité en 2007, le service de coordination a clos 533 cas passés en force de chose jugée, Les économies réalisées grâce à ce travail s’élèvent actuellement à quelque 90 millions de francs, ce qui représente en moyenne 12 millions par an. 11 Suva Prestations d’assurance Case postale, 6002 Lucerne Renseignements Tél. 041 419 51 11 Commandes www.suva.ch/waswo-f Fax 041 419 59 17 Tél. 041 419 58 51 Gestion moderne des cas et réadaptation globale Auteurs Felix Weber Dieter Spinnler, prestations d’assurance Peter Diermann, prestations d’assurance Lisa Estermann, prestations d’assurance Christoph Schneider, prestations d’assurance Markus Hitz, prestations d’assurance Reproduction autorisée, sauf à des fins commerciales, avec mention de la source. 1re édition: avril 2012 2e édition revue et corrigée: mars 2013 3 e édition revue et corrigée: mars 2014 Référence 2934.f 12 Le modèle Suva Les quatre piliers de la Suva • La Suva est mieux qu’une assurance: elle regroupe la prévention, l’assurance et la réadaptation. • La Suva est gérée par les partenaires sociaux. La composition équilibrée de son Conseil d’administration, constitué de représentants des employeurs, des travailleurs et de la Confédération, permet des solutions consensuelles et pragmatiques. • Les excédents de recettes de la Suva sont restitués aux assurés sous la forme de primes plus basses. • La Suva est financièrement autonome et ne perçoit aucune subvention de l’Etat.