Les différents types de débat

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Les différents types de débat
Groupe départemental
Maîtrise de la langue et des langages
"Les différents types de débats"
Jean-Marc LAMARRE
par
,
Professeur de philosophie des Sciences de l'Education à l'IUFM des Pays de Loire
(Antenne du Mans)
"Les différents types de débats"
Monsieur Lamarre s’appuie sur les travaux du groupe de recherche « Education civique et modernité »
de l’IUFM des Pays de la Loire.
Préalable : le temps de débat ne doit pas rester un moment isolé dans la classe, limité à une demi-heure
hebdomadaire. Il est fondamental dans une pédagogie interactive.
Que permet le débat ?
Il permet :
Ø d’instaurer une dynamique,
Ø de créer et de partager une culture commune,
Ø d’instituer une communauté.
Cela va permettre aux enfants d’argumenter, de constituer la classe comme une véritable communauté.
Les élèves venant d’horizons différents ne se connaissent pas. Le débat est un moyen de créer une
meilleure cohérence dans le groupe.
Il convient de distinguer le débat interprétatif du débat philosophique.
Place du débat dans les programmes
Comparaison entre les textes de 1985, 1995 et 2002
Le mot « débat » n’apparaissait pratiquement pas dans les précédents textes alors qu’aujourd’hui, ils
figurent 35 fois.
Il en est de même pour les mots : confrontation, discussion, dialogue, échange.
Le débat à l’école primaire :
Débat réglé, argumenté
Essai de définition : usage réglé de la parole, écoute, prise de parole, apprentissage du vocabulaire,
argumentation
Les débats se situent :
dans le champ des savoirs (mathématiques, sciences, technologie, règles du jeu en EPS)
et dans le champ des valeurs (éducation civique, régulation, interprétation littéraire, EPS :
socialisation)
Choix au niveau des valeurs
Ø existentielles
Ø convictions religieuses
Débat dans le champ des savoirs
Quelques exemples :
Le débat Mathématiques :
Situations-problèmes
Elles appellent des solutions personnelles, elles amènent à une formulation spontanée
Il s’agit de passer ensuite à des idées partagées par les autres, à des idées communes, à des solutions
impersonnelles
On discute pour savoir si mes idées peuvent être reprises par tous, si elles sont valides, pertinentes, si
les solutions sont vraisemblables.
Travail d’institutionnalisation
On tranche pour savoir si la solution est exacte ou fausse, si les procédures sont plus ou moins
économiques
Le débat dans l’histoire
Analyse d’un document historique
Usage réglé de la parole
Rigueur du raisonnement
Le débat en sciences expérimentales
On part des questions suscitées par le document.
Le débat permet de passer d’une question à des problèmes
Mettre en place une démarche, une expérimentation pour pouvoir trancher, aller vers la preuve,
produire des connaissances.
Il n’y a pas de réponse immédiate
Le débat dans les sciences : exemple
Thème : la nutrition
Partir des représentations personnelles des élèves : conflit socio-cognitif
D’un côté, dégager les contraintes empiriques, de l’autre imaginer des explications possibles (cf. les
travaux de Christian et Denise Orange)
Exemple : comment expliquer que ce qu’on mange donne des forces ?
Lister les contraintes empiriques pour qu’une solution soit acceptable :
Ø Les aliments doivent être distribués à tout le corps
Ø Le tri
Ø La transformation
Plusieurs solutions/hypothèses sont possibles
Le débat génère des tensions entre contrainte et liberté de chacune des personnes
Le débat en EPS
Possibilité de trancher par les règles pour faire avancer un jeu
1ère phase de jeu : découverte des premières règles de jeu
2ème phase de jeu : expérimentation des propositions
Ø Le débat dans le champ des valeurs :
on peut avoir le sentiment qu’on ne peut pas trancher, dérive relativiste
Comment valider ?
Le débat en Education civique « Vie de classe et régulation »
Point de départ : contraintes imposées par la vie de la classe
Contrainte du « vivre ensemble»
Faire avec les autres tout en préservant la liberté individuelle : tension liberté - contrainte
Ø Critère de validité
Ce qui respecte la liberté individuelle et les contraintes collectives : la loi
Les élèves n’ont pas la même liberté qu’un peuple
Ø S’assurer de la conformité du règlement intérieur d’une école avec les lois républicaines :
respect et égalité de tous, pas de discrimination
Ø Respect du droit des individus
Ø Construire des règles de respect mutuel
Ø Certaines choses ne sont pas négociables
Débat à visée argumentative sur ce qui relève des valeurs sur lesquelles on ne transige pas.
Ne pas en rester au stade des cas singuliers mais aller vers un cas plus large (généralisation)
Passer d’un stade de décision (débat de régulation de la vie de la classe) à un stade de réflexion plus
large (débat réflexif ou à visée philosophique).
Appliquer aux situations concrètes et aux cas particuliers.
Problème : va-t-on appliquer la même règle pour tous ?
Ø Etre juste, est-ce traiter tout le monde de la même façon ?
Ø Question de la discrimination positive
Ø Doit-on appliquer la règle mécaniquement ?
Question des contrats passés avec certains élèves
Culture littéraire et débat interprétatif
Explication des textes littéraires : pas au niveau du détail mais il convient plutôt de discuter sur le sens
général des textes
Ø La compréhension : c’est un acte synthétique.
Certains textes peuvent ne pas être compris d’emblée, ils résistent, ils peuvent avoir plusieurs sens,
avoir des trous
Ø L’interprétation : espace de liberté pour le lecteur
Conflit/débat d’interprétations
Echapper à la dérive relativiste
Dualisme entre contrainte du texte et liberté du lecteur
Rechercher des indices pour réfuter une interprétation, aborder différents points de vue, étudier
plusieurs sens possibles
Exemple à propos de l’album Yakouba :
Passer de « Yakouba est-il courageux ? » (débat interprétatif) à « Qu’est-ce que le courage ? » (débat à
visée philosophique)
Certaines questions restent sans réponses : exemple « Y-a-t-il une vie après la mort ? » On est dans le
domaine des croyances.
En revanche, lorsqu’on conduit un débat sur la mort, on peut valider des distinctions conceptuelles
(différence entre le vivant et la matière, entre l’animal qui ne sait pas qu’il est mortel et l’homme qui le
sait) car on s’appuie sur des savoirs.
Mars 2004