Bien produire des semenceaux d`igname en Côte d`Ivoire

CENTRE NATIONAL
DE RECHERCHE AGRONOMIQUE
Bien produire des semenceaux
d’igname en Côte d’Ivoire
Introduction
En Côte d’Ivoire, on utilise comme semences d’igname
des tubercules ou des fragments de tubercules. Une
grande partie de la production (un cinquième) est utilisée à cet effet, ce qui réduit la quantité disponible pour
la consommation. Pour limiter cette contrainte, une
technique plus économique a été mise au point.
Elle consiste à produire de petits tubercules entiers d’igname qui serviront de semences. Ces semenceaux
sont produits en grande quantité à partir de tubercules
mères fractionnés. Cette technique s’applique à toutes
les variétés cultivées d’igname.
Préparation des mini fragments de tubercules
Sélection des tubercules mères
Deux à trois mois après la récolte, choisir des tubercules sains, de
taille moyenne (500 à 2000 grammes). Ils doivent avoir été récoltés
à maturité physiologique et entreposés dans un endroit (grenier ou
magasin de stockage) frais et aéré, à l’abri des rongeurs et des insectes.
a
1/4
tête
1/2
milieu
1/4
queue
b
Pour produire des semenceaux pour 1 hectare d’igname, il faut prévoir 500 kg de tubercules.
Préparation des tubercules-mères
c
Morcellement
Juste avant la plantation en champ (avril-mai) :
a. Diviser chaque tubercule transversalement en trois parties : tête
du tubercule, milieu du tubercule et queue du tubercule (figure 1.a).
b. Fractionner (tête, milieu et queue) en disques d’environ 3 à 5 cm
d’épaisseur (figure 1.b).
c. Diviser ensuite les disques de façon à obtenir des fragments de
30 à 50 g. Chaque fragment doit avoir nécessairement un fragment
de peau (figure 1.c). Ne pas mélanger les fragments provenant de la
tête, du milieu et de la queue du tubercule.
Un tubercule-mère permet de produire entre 10 et 50 minifragments.
Figure 1. Morcellement des tubercules-mères
Traitement des mini-fragments
a. Mélanger, dans un seau, 150 g de cendre (4 à 5 poignées) et 50 g
d’un fongicide à base de benomyl (Flash 50 par exemple) ou de manèbe (Mancozèbe par exemple). Ajouter 8 l d'eau et bien mélanger
avec un bâton.
b. Tremper les fragments de tubercules dans le liquide ainsi obtenu
directement ou par l’intermédiaire d’un récipient percé de trous ou
d’un panier (figure 2). Se protéger les mains avec des gants ou des
sachets en plastique,
Laisser tremper pendant 10 minutes les mini fragments recouverts de
la solution
c. Sortir les mini fragments et les laisser sécher au moins une heure
à l’ombre sur des feuilles de bananier ou des rames de palmier
(figure 3),
Figure 2. Traitement des mini-fragments
Figure 3. Séchage des mini-fragments
Bien produire des semenceaux d’igname en Côte d’Ivoire
Mise en place de la parcelle de multiplication
Choix et préparation du terrain
Choisir un terrain bien dégagé ayant un sol léger (sabloargileux), profond (1 m), bien drainé et fertile.
Pour produire des semenceaux pour 1 hectare d’igname, il
faut prévoir une parcelle d’environ 1700 m 2.
Aménager des planches de 10 m de long, 1 m de large et
30 cm de haut. Les planches sont séparées par des allées de
0,5 m de large.
Figure 4. Parcelle de multiplication de D. alata,
trois mois après plantation
Mise en place et entretien de la parcelle
En avril-mai, planter les mini fragments sur les planches à une
profondeur de 5 à 7 cm, à raison de trois lignes par planche
avec une distance de 30 cm entre les plants sur la ligne.
Planter les mini fragments issus des trois parties (tête, milieu,
queue) du tubercule sur des planches différentes pour l’homogénéité de la levée.
Sarcler à la demande (dès que la parcelle est enherbée).
Figure 5. Parcelle de multiplication de D. rotundata,
trois mois après plantation
Apporter, deux mois après la plantation, du NPK (15-15-15 ou
10-18-18) à la dose de 200 kg/ha et de l’urée à la dose de 100
kg/ha.
Trois mois après plantation, le feuillage couvre le sol et empêche
le développement des mauvaises herbes (figues 4 et 5)
Récolte et utilisation des tubercules
La récolte est faite sept à huit mois après plantation (figure 6),
lorsque les feuilles se dessèchent. Les tubercules obtenus
pèsent entre 200 g et 1 kg.
Séparer (figure 7) :
- les petits tubercules (200 à 300 g) sains et sans blessures, qui serviront de semenceaux pour la prochaine plantation ;
Figure 6. Récolte des tubercules issus de mini-fragments
- les gros tubercules sains et sans blessures, qui serviront de
tubercules mères;
- les tubercules blessés ou malades qui seront consommés
rapidement.
Conserver les tubercules sains et sans blessures dans un endroit frais et aéré, à l’abri des rongeurs et des insectes jusqu’à
la mise en place d’une plantation d’igname ou d’une nouvelle
parcelle de multiplication.
Au lieu d’utiliser 3 000 kg, soit 1/5 de la récolte d’igname, comme
semenceaux, le producteur en utilisera 500 kg, soit 1/30 de la
récolte, pour couvrir un hectare un an plus tard. Et pendant
cette année, il aura obtenu des ignames destinés à la multiplication et à la consommation.
Figure 7. Tri des tubercules issus de mini-fragments
Auteurs : N’Goran Kouadio Emmanuel, Kouakou Amani Michel, Zohouri Goli Pierre, Dibi Konan Evrard Brice, Kassin Koffi Emmanuel
Comité de validation : O. Tahouo, J.Z. Kéli, M.B. Béninga
Réalisation : Direction de la recherche scientifique et de l’appui au développement - Direction des innovations et des systèmes d’information
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