24 Ore in Corsica è indè u mondu. 24 heures, le - Blogs

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[ENQUÊTE]
08/12/2011 24 Ore n°330
Par
Photo : Pierrot Murati
http://24ore.club-corsica.com/print.php?id=111428
Des politiques à bonne loge
Dans son édition de ce jeudi, L’Express révèle l’appartenance
maçonnique de plusieurs élus de l’île. Parmi les « outés »,
certains poids lourds. Contre-enquête sur les relations entre
pouvoir politique et loges maçonniques en Corse.
© Pierrot Murati « Ca va faire du bruit ». Depuis trois
semaines, dans les cercles du pouvoir insulaire, on ne
parle que de ça. En matière de teasing - procédé
marketing qui consiste à faire monter l'attente avant le
lancement d'un produit -, c'est une réussite. Ces derniers
jours, les coups de fil se sont multipliés à travers toute la
Corse. Dans l'espoir de picorer des éléments sur cette
enquête très attendue, annoncée comme tonitruante.
Précautions. Ca commence par un texte un brin faux cul.
Signé Christophe Barbier. « La franc-maçonnerie est l'un
des piliers de la République, écrit l'éditorialiste à l'écharpe
rouge. Par leurs travaux intellectuels, par le lien social
qu'ils cultivent, par leur assise de notables, frères et
soeurs contribuent à l'équilibre et à l'épanouissement de
la société française ». De quoi justifier pour le patron de
L'Express un numéro spécial consacré à la Corse, grande
terre de franc-maçonnerie.
Bon, on ne va pas se raconter d'histoires : la place de la
maçonnerie dans la République ou la société n'est pas
vraiment ce qui fait le sel de cette enquête. Et le directeur
de la rédaction de l'hebdo créé par JJSS aurait pu
s'économiser pareille mise en bouche. Parce que,
justement, l'essentiel est ailleurs.
Name-dropping. L'essentiel, ce sont ces noms de
responsables politiques corses de premier rang dont
l'appartenance aux loges est révélée publiquement.
Quelques patronymes, dans le lot, renvoient à un pouvoir
passé de date. Celui de l'ex-ministre et président de
l'assemblée de Corse José Rossi, par exemple. Ou d'Henri
Antona, maire UMP de Coti-Chiavari et ancien
vice-président de l'assemblée de Corse. Le premier est
membre de la Grande loge nationale de France (GLNF), le
second du Grand orient (GO). Autre maçon de longue date,
l'indéboulonnable premier fédéral du PS de Haute-Corse,
Laurent Croce, qui siège à la Grande loge de France
(GLDF).
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D'autres frangins incarnent plus le présent ou l'avenir de
la Corse. Ainsi, chez les jeunes pousses, du conseiller
général et adjoint ajaccien François Casasoprana (GO).
Conseiller général également, cette fois au nord, le diversdroite Luc-Antoine Marsily est membre de la GLNF. La
conseillère territoriale Femu a Corsica Nadine Nivaggioni,
elle, est référencée comme trésorière de la loge féminine U
Gregale.
Révélation. Un cran au dessus, la révélation de
l'appartenance maçonnique de Paul Giacobbi est un très
joli scoop - à la GLDF. Pour un secret (jusque-là) bien
gardé. « Giacobbi ? Non, je ne crois pas qu'il en soit »,
nous confiait ainsi un maçon régulier de Bastia, la semaine
dernière, en s'interrogeant sur l'identité des futurs
« outés ». Désormais, ses frères dans l'île sont informés.
Sa vie de maçon, Giacobbi explique la vivre à Paris. Dans
l'interview qu'il accorde à L'Express, il dit mal connaître
« ce qui se passe dans les loges de l'île ». « Je n'ai pas de
contact avec elles », assure-t-il, tenant à distinguer ce qui
relève de sa vie privée et de son activité politique. En
clair, son appartenance maçonnique n'aurait aucune
influence sur ses choix politiques. Crédible ? La frontière
peut difficilement être totalement étanche (voir par
ailleurs). Reste que, on la dit, en Corse, beaucoup de
frangins ignoraient jusqu'à présent partager cette
fraternité avec le patron politique de l'île. Désormais, les
poignées de main seront plus explicites.
Trahison. Contrairement à Paul Giacobbi, Jean-Christophe
Angelini a refusé l'interview. Membre de la loge Le frère et
la soeur, il est l'autre « outé » de poids de l'enquête de
l'hebdo. Un secret qui pourtant n'en était plus un. En août
dernier, 24 Ore avait ainsi sorti un petit confidentiel qui
soulignait sa présence lors de la fameuse réunion estivale
de Vergio, qui rassemble tous les ans de nombreux
dignitaires autour d'un repas. Angelini a tout de même
reçu la journaliste de L'Express, pour lui parler en off.
« J'ai été un des seuls à accepter de le faire, souffle-t-il,
s'estimant « trahi ». « Mais c'est ma vie privée ». Le Portovecchiais considère lui aussi qu'on peut séparer les
engagements d'un homme. Une frontière évidemment
sujette à caution, quand il s'agit d'un responsable
politique.
Faute. A cette liste, on pourrait encore ajouter quelques
noms. Celui de André Santini, par exemple, à Paris, ou
d'un François Mosconi. Sans oublier, évidemment, l'ancien
grand maître du GO, Philippe Guglielmi, patron de la
fédération PS de Seine-Saint-Denis, maire-adjoint de
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Romainville et vice-président du conseil régional d'Ilede-France. Quand il était encore en odeur de sainteté au
sein du PS insulaire, Vincent Carlotti se demandait parfois
s'il n'était pas dans une loge maçonnique. « Sur les 11
membres du bureau, on n'était que deux à ne pas être
frangins », sourit-il rétrospectivement. Carlotti, lui, n'a
jamais été initié. « J'avais été sollicité il y a une trentaine
d'années par un maçon fondateur de l'ARC, confie-t-il, et
j'avais refusé. J'ai su, bien après, que ça ne se faisait
pas ».
Making of d’un « outing »
« Ca a été une enquête difficile, relève après coup Hélène
Constanty. Notre défi, c’était de donner un maximum de
noms, de ceux qui ne veulent pas que ça se sache ». Pour
y parvenir, la journaliste a réalisé un « travail de fourmi
» de près d’un mois. Si elle a rencontré plusieurs « fils
de la lumière », elle du trouver par ses propres moyens
ce qu’elle cherchait. « Personne ne m’a donné le nom de
personne, il a fallu que je me débrouille toute seule ».
Beau joueur. Concernant Paul Giacobbi, son principal
scoop, elle est tombée sur son nom après s’être procuré
une liste des principaux dignitaires des obédiences
françaises, passée au peigne fin. « Du coup, je l’ai
appelé directement. Il m’a tout de suite confirmé ».
Constanty l’affirme : Giacobbi « a joué franc jeu ». «
J’avais la preuve de son appartenance. Il ne pouvait le
nier. Après, comme je ne savais pas à quelle loge il
appartenait, j’ai prêché le faux pour savoir le vrai ». « Ma
vie publique est transparente, je n’ai pas de part cachée
», lui a répondu Giacobbi. Pour qui la franc-maçonnerie «
ne doit pas être utilisée à des fins d’intérêt personnel. »
D’autres, en revanche, se sont montrés moins beaux
joueurs. « Tout le monde était surpris, reprend
Constanty. « Comment l’avez-vous su ? » Tout y passé...
« Vous ne pouvez pas me faire ça ! Ma pauvre mère, si
elle l’apprend ! Si les gens le savent, ils vont croire que
j’ai embauché untel parce que c’est un frangin... » Un
des « outés » a ainsi tenté d’empêcher la publication de
son nom, en faisant intervenir son avocat auprès de
L’Express. Sans succès. « C’est même passé au registre
de la menace, assure la journaliste. « Vous allez voir, ça
va mal se passer ! » ».
Les noms en préfecture
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Evidemment, il n’y a pas que des politiques. Dans les
listes publiées par L’Express, on retrouve ainsi, au
hasard de la lecture, les noms de personnalités comme
Philippe Dandrieux, le président du directoire d’Air
Corsica, Paul Pasqualetti, le patron du Sdis de HauteCorse, Paul Scaglia, président du tribunal de commerce
d’Ajaccio, Marie-Christine Coppolani, directrice générale
des services de la CAB ou de Paul Celeri, directeuradjoint de la CAF de Corse du sud. Ceux de Raymond
Ceccaldi, l’ancien patron de la chambre de commerce et
d’industrie d’Ajaccio, ou du recteur Michel Barat, ancien
grand maître de la GLDF. Dans le lot, également, de
simples fonctionnaires et employés, des chômeurs, des
commerçants, des retraités, des professions libérales
(avocats, médecins, architecte…) et des chefs
d’entreprise.
Pour les établir, L’Express s’est notamment procuré les
éléments déposés en préfecture par certaines loges.
Constituées en associations, celles-ci doivent déclarer
aux services de l’Etat la composition de leurs bureaux.
Donc, citer des noms. Des informations publiques,
accessibles à tous… Il suffisait d’y penser.
Dans le cadre de l’enquête de la journaliste de L’Express,
il semble que ses demandes de consultation en
préfecture aient été remarquées. Sans doute par des...
frangins fonctionnaires, qui ont tôt fait de sonner
l’alerte générale dans les loges. Provoquant ainsi un
mouvement de panique générale. CQFD.
En travers de la gorge
Déjà, certains des « outés » menacent de saisir la justice.
Pas pour une action en diffamation – elle n’est pas
fondée, ici. Mais au nom de l’atteinte au secret de la vie
privée, auquel chacun a droit. Reste qu’un éventuel
rendez-vous devant la justice ne semble pas susciter
beaucoup d’inquiétude du côté de L’Express. Hélène
Constanty se dit ainsi sereine. « On est tranquille, il y a
une jurisprudence, rappelle-t-elle, à ce sujet. On peut
donner les noms de gens qui ne le souhaitent pas, à
deux conditions : soit il s’agit d’un personnage public,
et même s’il n’est qu’un membre ordinaire (sans
responsabilités particulières au sein de sa loge, ndlr), on
peut révéler son appartenance, car on estime qu’elle fait
partie de la vie publique. Par ailleurs, si cette personne
n’est pas connue dans la société mais est un des
responsables de sa loge, on peut également publier son
nom ».
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