Semaine 2 : La gloire et la croix
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Semaine 2 : La gloire et la croix
Fraternités de Jérusalem | Route de Pâques 2009 Semaine 2 : La gloire et la croix A près la première marche, celle du repentir, vient la deuxième : celle d’une grande lumière, la lumière de la Transfiguration. Le repentir conduit là : en haut de la montagne. Si nous sommes vraiment descendus jusqu’en nous-mêmes, si nous y avons, sereinement mais véritablement, ouvert les yeux sur notre trop certaine implication avec le péché, alors nous nous découvrons non pas définitivement recourbés sur notre misère mais au contraire parvenus, tout au fond, à ce sommet où brille la lumière «thaborique», comme disent nos frères d’Orient. Pourquoi cela ? Parce que rien n’échappe à la victoire du Fils de l’homme. Le mal lui-même est saisi dans la lumière qui rayonne sur la face du Christ. C’est cela que signifie la «transfiguration» : la réalité peut sembler la même à celui dont les yeux ne se sont pas encore ouverts, mais en vérité toutes choses sont déjà nouvelles, la mort n’a pas le dernier mot, elle est déjà vaincue et comme inversée de l’intérieur. Le chrétien peut regarder la mort en face car sa mort a été comme anticipée par celle du Christ. Le chrétien peut cesser d’avoir peur, peur des autres ou de Dieu, peur de mourir de toutes ces morts quotidiennes qui nous diminuent le cœur, qui rognent en nous l’espérance et l’amour. En regardant vers la montagne, nous apprenons aujourd’hui que même la mort est absorbée dans la lumière. «En essayant sur soi la mort individuelle, en mourant saintement la mort du Monde, le Christ a opéré ce retournement de nos vues et de nos craintes. Il a vaincu la mort. Il lui a donné physiquement la valeur d’une métamorphose. Et avec lui, par elle, le Monde a pénétré en Dieu» (Pierre Teilhard de Chardin, Mon univers). La gloire ne succède pas à la croix, comme les deux phases nécessaires d’un processus qui devrait s’enchaîner, comme si la gloire divine devait payer un tribut à la mort, comme si la gloire était la récompense accordée par le Père à son Fils obéissant : non, la gloire précède la croix et rayonne à partir d’elle comme d’un centre où se donne à voir «en clair» jusqu’où Dieu nous aime. Celui qui s’avance librement vers sa Passion volontaire, c’est le Fils de Dieu plein de gloire, le roi de l’univers. C’est l’Adam nouveau qui prononce au nom de l’Adam pécheur que nous sommes chacun, le «oui» que nous se savions plus dire à notre Père. En cette semaine de Carême où nous le prions et le contemplons, laissons-le nous rejoindre et nous apprendre à le prononcer : «Abba !». ◗◗ Lundi 2 mars 1 Rois 18,20-40 : Élie fait descendre le feu du ciel au Mont Carmel Réponds-moi, Seigneur, réponds-moi, pour que ce peuple sache que c’est toi, Seigneur, qui es Dieu et qui convertis leur cœur ! La présence de Moïse et d’Élie autour du Fils de l’homme, au Thabor, n’a rien de fortuit. Elle atteste que toute l’attente de la première alliance trouve en lui son achèvement. Le prophète Élie est un personnage étonnant de l’Ancien Testament. Qui lit l’Écriture en y cherchant les préfigurations du Christ trouve en lui à la fois l’archétype et l’antitype de celui qui viendra comme le sauveur du monde. Le cycle qui raconte sa vie est l’un des ensembles les plus anciens du texte biblique. Choisi par le Seigneur pour porter sa Parole, il tient tête aux 450 prophètes de Baal, sûr de la puissance de son Nom. Le sacrifice qu’il offre sur la montagne du Carmel (une tradition situe l’épisode de la Transfiguration sur le Mont Carmel) est agréé par le Seigneur. Mais aussitôt, comme pour tirer le point final de la victoire du Dieu d’Israël, Élie égorge ses ennemis. À la plénitude des temps, le Fils unique offrira lui aussi un sacrifice, le sacrifice de sa propre vie, mais ce sera pour que «pas un de ces petits ne se perde» (Matthieu 18,14). ◗◗ Mardi 3 mars 1 Rois 19,8-13 : Élie rencontre le Seigneur dans le murmure d’une brise légère Sors et tiens-toi dans la montagne devant le Seigneur. Il aura suffit de quelques versets pour que le héros qui, d’un coup d’épée, égorgea 450 prophètes à la fois, se transforme en un pauvre homme terrorisé par la parole d’une femme, Jézabel, qui a promis de le faire mourir. «Il eut peur ; il se leva et partit pour sauver sa vie». En chemin, il perd même tout à fait courage et s’endort en souhaitant la mort. C’est là, au fond de ce abîme, que le Seigneur vient le rencontrer : pas de feu, pas de manifestation violente : Élie devra reconnaître Dieu tel qu’il vient à lui, dans le murmure d’un fin silence. Semaine 2 | 1 Fraternités de Jérusalem | Route de Pâques 2009 ◗◗ Mercredi 4 mars Exode 24,1-18 : Moïse contemple la gloire de Dieu sur la montagne du Sinaï Ils virent le Dieu d’Israël. Sous ses pieds il y avait comme un pavement de saphir, aussi pur que le ciel même. Avec le prophète Élie, Moïse est vraiment le père des contemplatifs, c’està-dire de tous ceux qui, même s’ils ne se sont pas retirés à l’abri d’un cloître, portent en leur cœur le désir de connaître Dieu, de le «voir». Deux notes nous sont données dans ce texte au sujet de la contemplation : d’abord qu’elle est une ascension – «Montez vers le Seigneur», dit Dieu – et ensuite qu’elle est indissociable de l’alliance, signifiée dans l’Ancien Testament par le sacrifice. Quand, sur la montagne où la gloire de Dieu se révèle en son Fils Jésus, le sang de l’alliance coule en signe du salut, c’est pour accomplir le sacrifice ultime qui nous ouvre les portes du Royaume. ◗◗ Jeudi 5 mars Exode 33,7-23-34,1-9 : Dieu se révèle à Moïse dans la nuée maine du nom de Gethsémani» (Marc 14,33), Jésus demande de «demeurer» et de «veiller» (14,34). Le Mont Thabor et le Mont des Oliviers : les deux sont indissociables. La montagne glorieuse et la montagne douloureuse, le Thabor d’où ruisselle la lumière du Royaume, et Gethsémani où sera pressé le vin nouveau de ce même Royaume. ◗◗ Samedi 7 mars 2 Co 3,1-18 : Transformés par la gloire Nous tous qui, le visage découvert, réfléchissons comme en un miroir la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en cette même image, allant de gloire en gloire, comme de par le Seigneur, qui est Esprit. Le propos de Paul peut paraître un peu incisif à l’égard du judaïsme. Il s’agit pour lui d’écarter toute possibilité d’attendre encore le salut de l’observance de la Loi. Le salut vient du Christ et seulement du Christ, c’est là ce que Paul veut absolument faire comprendre aux Corinthiens. Pour autant son développement sur la gloire manifestée au Sinaï nous permet de comprendre que cette gloire n’est réservée ni à Moïse, ni même uniquement à la personne du Fils – même s’il la possède à un titre suréminent – mais qu’elle est déjà à l’œuvre dans la vie des croyants. Fais-moi de grâce voir ta gloire Encore une fois le Dieu qui se révèle est un Dieu plein de paradoxes : il faut s’éloigner pour le rencontrer mais il est aussi celui qui «va au milieu de nous» ; on ne peut le voir et vivre mais il est aussi «tendresse et pitié». Dieu proche et Dieu très-haut. Dieu qui siège dans la gloire et Dieu qui s’abaisse jusqu’à la mort et la mort de la croix. ◗◗ Vendredi 6 mars Marc 14,32 : Jésus vit son agonie sur le Mont des Oliviers Il prend avec lui Pierre, Jacques et Jean, et il commença à ressentir effroi et angoisse. Les trois apôtres Pierre, Jacques et Jean sont les témoins des grands mystères : «à la maison du chef de synagogue» (Marc 5,37), ils assistent à la résurrection de la fille de Jaïre ; et c’est encore à eux que, «arrivés à un doSemaine 2 | 2 Fraternités de Jérusalem | Route de Pâques 2009 Dimanche 8 mars Marc 9,2-10 : Jésus est transfiguré sur la montagne Six jours après, Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean et les emmène seuls, à l’écart, sur une haute montagne. ◗◗ Méditer la Parole Rendez-vous sur le portail pour y trouver l’homélie proposée pour ce dimanche ◗◗ Un texte pour prier De saint Léon le Grand pape au V s. Jésus prit avec lui Pierre, Jacques, et Jean son frère à l’écart, et gravit avec eux une haute montagne où il leur manifesta l’éclat de sa gloire (Mt 17,1). Le Seigneur découvre donc sa gloire en présence de témoins choisis, et il éclaire d’une telle splendeur cette forme corporelle qui lui est commune avec tous, que son visage devient éblouissant comme le soleil et son vêtement aussi blanc que la neige. En se transfigurant de la sorte, il avait sans doute comme but principal d’ôter du cœur de ses disciples le scandale de la croix, et de faire que l’ignominie volontaire de sa mort ne pût déconcerter ceux devant qui se serait découverte l’excellence de sa dignité cachée. Mais il n’avait pas moins en vue de fonder l’espérance de la sainte Église, de telle manière que, le corps entier du Christ ayant connu quelle transformation lui était réservée, chacun de ses membres pût se promettre de partager un jour la gloire dont la tête aurait brillé par avance... Bien-aimés, ces choses ne furent pas dites seulement pour l’utilité de ceux qui les entendirent de leurs oreilles ; mais, en ces trois apôtres, c’est l’Église entière qui apprit tout ce que virent leurs yeux et perçurent leurs oreilles. Que s’affermisse donc la foi de tous selon la prédication du saint Évangile, et que nul ne rougisse de la croix du Christ, par laquelle le monde a été racheté. «Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je me suis complu : écoutezle.» Celui-là donc, en qui je prends toute ma complaisance, dont l’enseignement me manifeste, et dont l’humilité me glorifie, écoutez-le sans hésitation : car il est, lui, vérité et vie, il est ma puissance et ma sagesse. Écoutez-le, lui que les mystères de la Loi ont annoncé, lui que la voix des prophètes a chanté. Écoutez-le, lui qui rachète le monde de son sang, qui enchaîne le diable et lui prend ses armes, qui déchire la cédule de la dette. Écoutez-le, lui qui ouvre le chemin du ciel et, par le supplice de sa Croix, vous prépare des degrés pour monter au Royaume. Pourquoi redoutezvous d’être rachetés ? Pourquoi avez-vous peur, blessés, d’être guéris ? Advienne ce que veut le Christ comme moi-même je le veux. Rejetez la crainte charnelle et armez-vous de la confiance inspirée par la foi : car il est indigne de vous de redouter dans la Passion du Sauveur cela même qu’avec son secours, vous ne craindrez pas dans votre propre mort. Bienaimés, il a pris toute notre faiblesse, celui en qui nous triomphons de ce que lui-même a vaincu, en qui nous recevons ce que lui-même a promis. Sermon 51 Semaine 2 | 3