guns across the river: the battle of the windmill, 1838

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guns across the river: the battle of the windmill, 1838
CRITIQUES DE LIVRES
GUNS ACROSS THE RIVER:
THE BATTLE OF THE WINDMILL, 1838
par Donald Graves
Toronto, Robin Brass Studio for The Friends of W indmill Point,
263 pages. 24,95 $
Compte rendu par le capitaine de corvette
Michael Craven
D
ans l’imaginaire populaire canadien, les rébellions
du Haut et du Bas-Canada pendant la période qui
va de novembre 1837 à décembre 1838 sont
souvent perçues comme cruciales dans l’évolution
vers le gouvernement responsable dans les provinces de
l’Amérique du Nord britannique. Si les causes sous-jacentes au
mécontentement étaient foncièrement différentes dans les deux
régions, les objectifs des rebelles ou patriotes, qualificatif
employé par certains critiques plus bienveillants, étaient en
général similaires et incluaient les réformes gouvernementales
et un accroissement des pouvoirs démocratiques. Les activités
des Patriotes du Bas-Canada, sous la conduite de cet idéaliste
qu’était Louis-Joseph Papineau, furent sans aucun doute une
menace pour l’ordre et l’autorité civile dans cette colonie. En
comparaison, les frasques des rebelles du Haut-Canada,
menées par ce tumultueux original de William Lyon
Mackenzie, ont été d’un
amateurisme évident. Bien
que ces deux groupes aient
été sous-équipés et mal
organisés, la riposte des
autorités coloniales contre
ces forces de l’anarchie fit
appel à l’action militaire
directe de l’Armée de métier
britannique et de la Milice
du Canada.
L’ e f f e r v e s c e n c e
généralisée de cette période
troublée déborda clairement
les frontières des colonies.
Devant l’échec total de leurs
activités au pays et à cause
des mandats d’arrêt à vue
lancés contre eux, les chefs
instigateurs de la rébellion
canadienne se réfugièrent
aux États-Unis. En partie à
cause de l’agitation que ces Canadiens faisaient et des
encouragements qu’ils prodiguaient, plusieurs incidents de
frontières eurent lieu; dans chaque cas, il s’agissait d’attaques
menées en sol canadien par des citoyens américains. Ces
incursions furent à chaque fois efficacement repoussées, mais
curieusement on en fit par la suite l’œuvre de Canadiens en exil
profitant du lieu sûr qu’étaient les États-Unis pour attaquer les
colonies britanniques. Ce révisionnisme historique fantaisiste
persista jusqu’à tard dans le siècle suivant. C’est vers l’une de
ces distorsions particulièrement flagrantes de ces faits que
l’historien militaire canadien Donald Graves, bien connu pour
ses travaux sur la guerre de 1812 et sur la Seconde Guerre
mondiale, dirige son attention dans Guns Across the River.
Reconnaissant avec candeur dans sa préface qu’il n’a jamais
trouvé « les rébellions canadiennes de 1837 [...]
particulièrement captivantes », Graves donne par la suite une
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analyse détaillée et pénétrante des événements qui se
déroulèrent avant, pendant et après ce qu’il est convenu
d’appeler la bataille du Moulin.
C’est la mi-novembre 1838. La scène se passe dans « un
hameau clairsemé nommé Newport [...] qui compte une
douzaine de bâtiments en pierre et en bois blottis autour d’un
moulin à farine » situé sur la rive nord du Saint-Laurent dans
le comté d’Edwardsburgh tout près au nord-est du village de
Prescott. Le moulin à vent des frères McQueen, une
construction circulaire en pierre des champs de quelque
20 mètres de haut et de 11 mètres de diamètre, dominait les
lieux. Ses murs faisaient un mètre d’épaisseur et, comme les
événements ultérieurs allaient le prouver, étaient d’une facture
assez solide pour résister aisément aux effets de l’artillerie
légère et moyenne du début du XIXe siècle. Sur la rive opposée
se trouvait la ville américaine d’Ogdensburg qui, depuis la
ratification du traité de Gand 24 ans plus tôt, entretenait des
relations harmonieuses avec la communauté de Prescott et
faisait avec elle des échanges commerciaux fort profitables.
Après une préparation de plusieurs semaines, un groupe de
« Hunters » patriotes de New York, un regroupement
d’Américains déterminés à chasser les Britanniques
d’Amérique du Nord, décida, en grande partie de son propre
chef, d’attaquer le fort
Wellington à Prescott. Ce
groupe était persuadé à tort
que la capture du fort
entraînerait le ralliement de
milliers de Canadiens et leur
permettrait de briser le joug
de la tyrannie britannique.
C’est ainsi que, le dimanche
11 novembre 1838, une
force composée principalement d’Américains, avec
une poignée de membres
d’autres nationalités, cingla
vers la rive canadienne du
fleuve. Pratiquement dès le
départ les choses tournèrent
au vinaigre.
Des espions envoyés par
les autorités coloniales
s’étaient en effet infiltrés
dans l’organisation des
Hunters, et les autorités étaient plus ou moins au fait de leurs
desseins. À leur arrivée à Prescott, tôt dans la matinée du
12 novembre, les envahisseurs furent accueillis par des
sentinelles de la Milice sur le qui-vive qui patrouillaient la rive.
N’ayant pu accoster sur les lieux prévus, deux des trois navires
américains finirent par s’échouer sur un banc de vase dont ils
ne se dégagèrent qu’après le lever du jour. Entre-temps,
l’alarme avait été sonnée jusqu’à Kingston même,
désavantageant ainsi les envahisseurs. Le navire à vapeur de Sa
Majesté Experiment, armé de caronades, arriva sur les lieux et
se joignit à la mêlée. Après un combat expéditif qui vit la
décapitation du pilote du vapeur américain United States non
armé et la mise en panne d’un de ces moteurs, les Britanniques
imposèrent leur supériorité navale sur la rive canadienne du
fleuve. L’arrivée des vapeurs armés de Sa Majesté Cobourg et
Queen Victoria ne fit que confirmer cette suprématie.
Revue militaire canadienne
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CRITIQUES DE LIVRES
Tandis que se déroulait cette bataille navale, une escouade
d’éclaireurs américains, sous la conduite de Nils Gustaf von
Schoultz, parvint à accoster à Windmill Point, à environ un
kilomètre et demi en amont de Prescott. Von Schoultz, un
Suédois ayant tendance à se faire passer pour un aristocrate
polonais et un officier de cavalerie, est décrit par Graves
comme un « attachant gredin qui [..] fit une forte impression à
tous ceux et celles qui croisèrent son chemin, y compris
plusieurs jeunes filles de bonne famille et un futur premier
ministre du Canada ». Ayant participé à diverses expéditions à
l’étranger avant d’émigrer aux États-Unis, von Schoultz ne
tarda guère à percevoir les avantages tactiques de Windmill
Point, une position qui fut consolidée pendant la journée.
Cependant, de nombreux envahisseurs (y compris leur poltron
de commandant, John W. Birge) avaient déjà changé d’avis
quant à leur tentative et décidé de ne pas accoster ou, dans le
cas de ceux qui étaient déjà arrivés, de battre en retraite et de
regagner la rive opposée. Graves estime que, à la tombée de la
nuit le 12 novembre, von Schoultz, maintenant commandant
élu, n’avait probablement pas plus de 250 hommes sous ses
ordres sur la rive canadienne.
Le mardi matin, l’Armée britannique et la Milice
canadienne, appuyées par l’artillerie des navires, lancèrent une
attaque fougueuse. Du fait des petites armes plus modernes des
Américains et des avantages défensifs de la position occupée
par les Hunters (les boulets de trois et de six kilos n’avaient
presque aucun effet sur le moulin et les bâtiments de pierre qui
étaient attenants) l’attaque refoula les envahisseurs mais ne les
délogea pas, et il y eut des victimes dans les deux camps. Le
mercredi et le jeudi, les Britanniques et les Canadiens reçurent
des renforts et improvisèrent des attaques; ils agacèrent
l’ennemi sur terre et le bombardèrent sans succès depuis le
fleuve. On convint d’un bref cessez-le-feu pour permettre
l’évacuation des blessés du champ de bataille du mardi.
Toutefois, les deux parties paraissaient résolues à poursuivre
un dur combat. Malheureusement pour les envahisseurs, les
autorités américaines de l’autre côté du fleuve s’étaient alors
mises à arrêter systématiquement les Hunters et leurs acolytes,
et aidaient en fait les forces coloniales en coupant tout espoir
de renfort ou de retraite.
Après l’échec du premier assaut, les Britanniques et les
Canadiens firent un bilan et révisèrent leur plan. Les forces
navales furent augmentées de quatre barges aux équipages
composés de Mohawks de Tyendinaga, chacune porteuse d’un
canon de neuf kilos. Au même moment, le major Forbes
Macbean, l’officier commandant la Compagnie numéro 4 du
5e Bataillon du Royal Regiment of Artillery, réquisitionna les
meilleurs canons de neuf kilos des entrepôts navals de
Kingston et les fit monter sur des affûts de fortune afin de les
transporter jusqu’à Prescott. La scène était prête pour le coup
de grâce : une attaque conjointe de l’Armée britannique et de
la Milice canadienne soutenues par les pièces de six et de neuf
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Revue militaire canadienne
kilos de l’artillerie et le feu naval des quatre barges et trois
vapeurs sur le fleuve.
Le résultat était assez prévisible et, le vendredi 16
novembre avant le souper, la bataille finale, que Graves
décrit dans toute sa cruauté et sa brutalité, était terminée.
Une poignée de Hunters patriotes réussit à s’échapper, mais
la plupart furent faits prisonniers et amenés au Fort Henry où
ils attendirent de comparaître en cour martiale à Kingston.
Graves indique, dans un bilan approximatif final des pertes
humaines, que jusqu’à 80 Britanniques et Canadiens furent
tués ou blessés, alors que 50 des envahisseurs furent tués et
160 capturés. Dans une excellente série d’appendices très
détaillés, Graves décrit le sort des infortunés Hunters, dont
l’un fut défendu (sans succès semble-t-il) par un jeune
avocat de Kingston nommé John A. Macdonald. Si l’on
considère le grand nombre de morts et de blessés, les
autorités coloniales se montrèrent plutôt clémentes. Graves
établit avec certitude que seuls 11 des envahisseurs furent
pendus, tandis que 60 autres furent déportés à la Terre de Van
Diemen, aujourd’hui la Tasmanie. On gracia les autres et on
leur permit de rentrer chez eux.
De lecture agréable, cette étude des événements fascinants
de la bataille du Moulin a pour but principal de détruire le
mythe qui veut que les patriotes canadiens exilés se soient
lancés à l’assaut de la colonie depuis l’autre côté de la frontière
sud dans un effort concerté visant à encourager la rébellion et
établir un gouvernement responsable. Graves montre de façon
convaincante que cette théorie s’accorde mieux aux expédients
politiques du siècle suivant qu’à la réalité historique de 18371838. Il conclut que moins de 20 hommes dans une force de
quelque 250 membres étaient en fait du Canada, et ces
20 combattants n’occupaient probablement pas de postes
importants dans l’organisation des Hunters ou dans la force
d’invasion. Graves fournit d’autres aperçus intéressants,
comme par exemple la solidité de la Milice du Canada sous les
tirs, les préparatifs poussés de l’artillerie avant la bataille
finale, les contributions navales importantes durant l’opération,
des portraits détaillés des personnages les plus fascinants qui
participèrent aux événements, et les résultats ainsi que les
retombées de l’affaire sur les combattants comme sur les non
combattants.
De prix fort abordable, assorti d’illustrations et de cartes
bien choisies, comportant toutes les notes nécessaires et
agrémenté d’éléments connexes fascinants, Guns Across the
River est un superbe ajout au corpus de travaux portant sur une
période agitée du développement d’institutions politiques et
militaires proprement canadiennes. L’ouvrage mérite d’être
chaleureusement recommandé.
Le capitaine de corvette Michael Craven est officier d’état-major au
Quartier général de la Défense nationale.
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CRITIQUES DE LIVRES
L’ARME BLINDÉE FRANÇAISE
TOME 2 : 1940-1945 : DANS LE
FRACAS DES BATAILLES
par Gérard Saint-Martin
Paris, Economica, Collection Campagnes et stratégies, 575 pages.
Compte rendu par le major Michael Boire
O
n a enfin un récit approfondi et remarquablement
équilibré de la restauration de la capacité de
combat des blindés français durant la Deuxième
Guerre mondiale. Cette étude de près de 500 pages
dépeint un corps blindé en voie de rétablir sa réputation en
confrontant les leçons de sa propre expérience. Cette histoire
recoupe tous les niveaux de la guerre, et l’auteur met beaucoup
de soin à décrire les défis stratégiques qu’affrontent ces blindés
à chaque étape du conflit. Le lecteur participe aussi presque en
personne au premier débat doctrinal
franco-américain quant à la
meilleure façon de réaliser le
potentiel des blindés dans les
manœuvres opérationnelles, une
question qui n’est toujours pas
réglée. Ceux qui ont commandé des
chars d’assaut apprécieront avec
quelle facilité l’auteur décrit la
manière dont les Français ont
amélioré l’emploi tactique de leurs
blindés à mesure qu’ils apprenaient
de dures leçons lors de chaque
engagement. Ce livre offre de quoi
intéresser quiconque étudie l’histoire des blindés.
Gérard Saint-Martin, qui fait
partie de ce groupe prolifique
d’officiers français à la retraite qui
continuent à améliorer la compréhension de l’histoire de leur armée et
de ses performances au combat,
donne là un habile récit. Il a les
connaissances qui assurent à son
travail une crédibilité hors pair. Ce
diplômé de Saint-Cyr a fait carrière
dans la cavalerie et est un ancien du
djebel algérien. Alors que le premier
tome de son étude décrivait la
défaite de l’armée française en 1940,
le second montre comment ses blindés ont retrouvé un niveau
d’excellence digne de la guerre moderne.
En donnant comme exemple l’héroïsme des élèves-officiers
de Saumur lors de leur habile défense des ponts de la Loire dans
les derniers jours de la campagne de 1940, Saint-Martin fait
comprendre que la bravoure de la cavalerie n’a pas été emportée
par la défaite. À partir du portrait sombre du rôle dévolu aux
blindés français dans l’armée française rendue virtuellement
impuissante après l’Armistice, il brosse l’histoire spectaculaire
de leur renaissance sous le commandement victorieux de Leclerc
dans les derniers jours de la campagne du Désert. Depuis leur
formation en Grande-Bretagne et en Afrique du Nord, on peut
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suivre les progrès des trois divisions blindées françaises dans
leurs combats pour la libération de l’Europe.
L’histoire opérationnelle de ces divisions forme vraiment le
cœur du travail de Saint-Martin. Équipées avec du matériel
américain et contraintes, au moins à leur début, d’opérer selon
la doctrine américaine des blindés, les 1e et 5e Divisions
blindées formaient l’avant-garde de la Première Armée
française de de Lattre de Tassigny. Depuis les plages de
Provence en août 1944 jusqu’aux Alpes autrichiennes au
printemps 1945, l’élan de leur mouvement reflète bien une des
devises les plus durables de la cavalerie française : De l’audace!
Toujours de l’audace! L’auteur raconte la saga de la 2e Division
blindée de Leclerc en s’attardant à tous les détails que mérite
l’histoire de cette unité la plus célèbre de la cavalerie française.
Se battre dans les rangs des armées américaines depuis la
Tunisie, en passant par la Normandie, la Lorraine, l’Alsace, la
Forêt Noire jusqu’à Berchtesgaden
constitue une prouesse d’endurance
et de détermination. L’auteur traite
avec compétence des nombreuses
actions, petites et grandes, de cette
division de manière à donner une
bonne compréhension de l’habileté
avec laquelle Leclerc l’a dirigée dans
l’attaque et la poursuite des blindés
allemands. Le lecteur qui aime avoir
des détails est servi à souhait par ce
livre qui comprend une chronologie
complète, des photos, des cartes et
des graphiques et, une fois n’est pas
coutume, un format facile à utiliser
dans les tableaux qui comparent les
caractéristiques des véhicules blindés français et américains et leur
résistance à la pénétration.
Ce livre fait connaître de l’intérieur
et de façon complète et équilibrée les
divisions blindées françaises de la
dernière guerre et il reconnaît les
efforts de rééquipement et d’entraînement qu’ont faits les alliés pour
donner aux troupes françaises les
moyens qui guarantiraient leurs
succès. Il fournit en outre un
excellent exemple de ce qu’est une
histoire militaire compétente et
attrayante. Saint-Martin évite les attitudes affectées et les
déclarations pontifiantes qui caractérisent certains auteurs
français lorsqu’ils se penchent sur l’histoire du passage des
forces françaises de la défaite à la pleine participation à la
victoire alliée. La lecture de son livre sera éclairante pour ceux
qui s’intéressent sérieusement à l’arme blindée et qui savent
apprécier une histoire opérationnelle dans laquelle on ne trouve
pas ces préjugés anti-français qui étaient à la mode et qui n’ont
pas entièrement disparu de certaines interprétations anglosaxonnes de l’évolution de la guerre des blindés.
Le major Michael Boire enseigne l’histoire au Collège militaire royal du
Canada et il prépare un doctorat.
Revue militaire canadienne
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Hiver 2001-2002
CRITIQUES DE LIVRES
THE LETTERS OF MAYO LIND:
NEWFOUNDLAND’S UNOFFICIAL
WAR CORRESPONDENT 1914-1916
campement ». « Rien ne saurait égaler le confort » des
casernes de Badajoz à Aldershot! Si la vie à Terre Neuve était
assurément rude, elle ne l’était certainement pas à ce point.
par Francis T. Lind
Le bataillon arriva à la Baie de Suvla en septembre 1915
et y resta comme élément de la 29e Division, jusqu’à
l’évacuation de cette péninsule en janvier 1916. Il ne livra
pas de combats importants (le journal de campagne du
bataillon n’indique que 87 morts au combat), mais le temps
était atroce et beaucoup de soldats durent se faire soigner à
l’hôpital pour des infections aux pieds et des engelures
tandis que d’autres attrapaient la grippe ou la dysenterie.
Pour sa part, Lind fut hospitalisé le 10 décembre, et « lorsque
je quittai les tranchées, mon régiment avait passé vingt-sept
jours sur la ligne de feu [...] sans avoir de repos ou se laver
[...] Nous aimions cela. Oui, vraiment cela. » Oui vraiment;
sauf que, à un certain moment, plus de la moitié de son unité
était hors de combat pour raison médicale. Lind a bien
maugréé un peu à l’occasion contre le pillage des colis
postaux et contre l’incapacité de l’intendance à leur fournir
des vêtements d’hiver. Il va sans dire que Lind ne pouvait
s’en prendre à des pillards de colis qu’on ne pouvait
identifier, mais il aurait peut-être dû reprocher aux généraux
le manque d’habillement inadéquat.
St. John’s, Newfoundland, Creative Book Publishing, 2001,
155 pages. 12,95 $ (édition brochée)
Compte-rendu par Brereton Greenhous
T
erre-neuvien de troisième génération, Francis
« Mayo » Lind, un célibataire de 35 ans, était commis
à Fogo lorsqu’il s’est enrôlé en septembre 1914
comme simple soldat pour 21 mois. Avant de tomber
(avec 309 de ses camarades) à Beaumont-Hamel en cette
terrible « première journée sur la Somme » le 1er juillet 1916.
Il a écrit 32 lettres qui sont plutôt des dépêches et que publia le
Daily News de St-Jean. Elle furent regroupées pour la première
édition de ce livre qui a paru en 1919 en même temps qu’une
brève notice biographique. Le Royal Newfoundland Regiment
(RNR) vient de les rééditer avec une préface de l’historien
Peter Neary.
Ces lettres de l’auteur n’apprennent pas grand-chose à
l’historien; elles constituent plutôt une chronique sociale sur
ses camarades du Newfoundland Contingent (comme se
nommait alors le RNR) et elles ont manifestement été
rédigées pour distraire les gens à Terre Neuve et leur plaire.
Les noms abondent et chacun sans exception est qualifié de
chic type depuis le plus humble cuisinier jusqu’au
commandant. Leurs noms peuvent sans doute encore toucher
la fibre sensible de beaucoup d’habitants de ce cette
province; mais, pour la plupart des lecteurs, ces lettres
donnent surtout un exemple de la propagande simple et sans
raffinement de l’époque.
D’esprit encourageant et remplies de joyeuses
descriptions, ces lettres conduisent le lecteur de la période
d’entraînement du contingent en Écosse, à un bref séjour en
Angleterre, à un voyage en Égypte et ensuite jusqu’à Gallipoli
avant de le ramener en France et sur le front occidental. Le
camp de Stob, à quelque 80 km d’Édimbourg, est une réplique
de « Salisbury Plains » et un « superbe endroit pour établir un
KENNEDY’S WARS: BERLIN,
CUBA, LAOS AND VIETNAM
par Lawrence Freedman
Oxford University Press, 608 pages. 56,00 $
Compte rendu par Jay Hancock
À
cause de la fin des tensions est-ouest, la production
d’ouvrages portant sur l’histoire de la guerre froide a
presque cessé. Les maisons d’édition nord-américaines
ont contribué à cette drôle de perception selon laquelle
le lectorat pour ce genre d’ouvrages aurait disparu et elles se sont
tournées vers des conflits généralisés ou régionaux plus récents.
Lawrence Freedman, l’historien britannique officiel de la
campagne des Malouines et professeur en Études sur la conduite
de la guerre au King’s College de Londres, est allé à contrecourant de cette tendance et a signé plusieurs ouvrages qui
étudient la période de la guerre froide. Kennedy’s Wars: Berlin,
Cuba, Laos, and Vietnam est une tentative ambitieuse de rendre
compte des décisions politiques et militaires de John F. Kennedy.
Hiver 2001-2002
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Revue militaire canadienne
En avril 1916, après l’arrivée du bataillon sur le front
occidental (sous son nouveau nom de 1st Newfoundland
Regiment), Lind écrit : « Vous ai-je déjà parlé de la boue
ici? Eh bien, en deux mots, nous sommes dans la boue et la
gadoue des pieds à la tête. Nous en avons l’habitude
maintenant et, croyez-le ou non, nous aimons ça. ». On se
demande comment il aurait rapporté les événements de
Beaumont-Hamel s’il avait été l’un des quelques chanceux
à avoir survécu à cet holocauste. Trois-cent dix morts, 374
blessés, les trois quarts du bataillon sacrifié en moins d’une
heure! Peut-être aurait-il décrit cet épisode comme une
assez belle échauffourée. Ou bien se serait-il agi d’un
« glorieux sacrifice »?
Brereton Greenhous est un ancien membre de l’équipe du Directorat de
l’Histoire au Quartier général de la Défense. Le volume 3 de l’Histoire
officielle de l’ARC compte parmi ses nombreux ouvrages.
Ainsi que l’indique le titre du livre, Freedman a divisé son
travail en sections distinctes correspondant aux quatre conflits
principaux qu’a connus l’administration Kennedy. Cette
approche a été conçue pour donner au lecteur une nouvelle
perspective sur le sujet. Malheureusement, c’est sur cette
structure qu’achoppe le plus celui qui veut comprendre les
succès et les échecs des politiques de Kennedy. La façon dont
Freedman isole chacun des conflits permet de saisir l’évolution,
du début à la fin, de la réponse américaine à chaque conflit. Cette
technique se révèle utile pour éviter de confondre les politiques
distinctes appliquées à chaque conflit, mais elle limite la bonne
compréhension qu’on pourrait avoir de la façon dont les
décisions prises lors d’une crise ont influé sur la suivante. Cette
technique rend les liens politiques qui existent entre les divers
conflits moins faciles à saisir et elle empêche les observations de
Freedman d’avoir toujours la même perspicacité.
On trouve un exemple de la manière dont cette
organisation nuit à l’analyse de la politique de Kennedy dans
l’examen de la crise de Berlin de 1961, intitulée « To Vienna
69
CRITIQUES DE LIVRES
and Back ». Freedman explique en détail les diverses
positions qui existaient dans l’administration Kennedy quant à
la façon de régler cette crise. Plusieurs
hauts fonctionnaires de Washington
croyaient fermement au pouvoir de la
diplomatie au sommet, tandis que le
président, sans que ses conseillers les plus
proches ne le sachent, jouait la carte de la
négociation hors des canaux officiels.
Freedman accorde aussi beaucoup
d’importance à l’approche du président et à
celle du secrétaire d’État Don Acheson
dans la façon de régler la crise et il ne
mentionne que brièvement le plan
d’urgence de l’OTAN nommé « Live Oak ».
À travers les soixante-quinze pages
consacrées à la question berlinoise,
l’impact des activités américaines à Cuba
est pratiquement passé sous silence. Une
courte phrase sur l’accueil hostile que
Khrouchtchev réserva à Kennedy lors du
sommet de Vienne en 1961 est la seule
indication de la façon dont l’opération
« Zapata » à la Baie des cochons a pu affecter les accords
éventuels entre les Soviétiques et les Américains au sujet de
Berlin. Ce n’est qu’après la section consacrée à Berlin et dans
la partie qui traite de la politique étrangère des États-Unis à
propos de Cuba que le rapport entre les deux événements est
clairement établi.
Les faiblesses des premiers chapitres de l’ouvrage de
Freedman sont presque complètement rachetées par son analyse
approfondie du développement des opérations
contre les insurrections en Extrême-Orient.
C’est dans cette partie que la structure
employée par l’analyse de Freedman porte ses
fruits. Les leçons tirées de l’expérience se
retrouvent dans les opérations américaines
clandestines au Laos, ce qui témoigne de la
maturation du jugement politique de
Kennedy. L’usage qu’il fait des options
militaires en ce qui a trait aux anciens
territoires d’Indochine le conduit à une
politique efficace à l’égard des activités du
Pathet Lao laotien d’obédience communiste.
L’analyse de Freedmam sur la politique de
Kennedy au Vietnam, au Laos et au
Cambodge compense amplement le lecteur
pour le manque de suivi qu’il y avait dans son
histoire des crises de Berlin et de Cuba.
EYES OF THE AR TILLERY:
THE ORIGINS OF MODERN U.S.
ARMY AVIATION IN WORLD WAR II
mise sur pieds d’une capacité d’observation aérienne à partir
d’avions pendant la Seconde Guerre mondiale. En effet, dans les
premières années de la Guerre, savoir qui (l’Artillerie, l’Aviation
ou une autre section) commanderait et exécuterait les opérations
d’observation aérienne cause beaucoup de friction. L’ouvrage
souligne d’autres problèmes qu’il fallut résoudre, par exemple :
savoir si le personnel avait la capacité d’utiliser efficacement la
nouvelle technologie, si on pouvait appuyer et entretenir cette
technologie une fois qu’on l’aurait mise en place et s’il existait
une doctrine quant à son utilisation.
par Edgar F. Raines Jr.
Washington, U.S. Army Center of Military History,
349 pages. 39,00 $ US
Compte rendu par le major J.C. Stone
E
yes of the Artillery est la première étude fondée sur
des archives portant sur les origines de l’aviation
moderne de l’Armée des États-Unis. Elle se penche
sur les circonstances et les débats qui ont donné
naissance au programme des postes d’observation aérienne et
retrace les luttes que le contrôle de l’observation aérienne a
suscitées au sein de l’Armée. Bien que cet ouvrage s’intéresse
avant tout à la période qui va de 1939 à 1945, l’auteur aborde
le sujet en passant en revue l’observation aérienne de ses
origines jusqu’à 1938 et en mettant un accent particulier sur
l’observation aérienne pendant la Première Guerre mondiale.
Ce survol de l’histoire de l’observation aérienne avant 1938
est important, car il permet de faire des liens avec les pratiques
antérieures et d’expliquer pourquoi certains défis se sont posés
aux aviateurs dans les premières phases de la Seconde Guerre
mondiale. Par exemple, Raines fait remarquer que la contribution
la plus importante apportée par l’observation aérienne (faite alors
par ballons) pendant la Grande Guerre fut la reconnaissance
photographique menée pour améliorer l’exactitude des barrages
massifs d’artillerie échappant aux observateurs. Cette
prépondérance qu’avaient acquises les opérations d’artillerie pour
l’observation aérienne pendant la Première Guerre mondiale
n’est pas sans lien avec certaines des difficultés que connut la
70
Les contributions soutenues de Freedman
à l’étude universitaire de la guerre froide
comble un vide qui s’est creusé au cours des dernières années.
On peut se réjouir à l’avance de la publication de son prochain
ouvrage qui s’intitulera Cold War.
Jay Hancock est sur le point de terminer une maîtrise en Études sur la
conduite de la guerre au Collège militaire royal du Canada.
À la lecture de cet ouvrage, on ne peut s’empêcher de
reconnaître la similitude, ou peut-être la permanence, des
problèmes associés au programme des postes d’observation
aérienne et ceux auxquels la planification de la défense se
trouve aujourd’hui confrontée. Par exemple, l’ouvrage traite de
la difficulté de choisir un aéronef pour l’aviation légère, ainsi
qu’on l’appelait au début de la Seconde Guerre mondiale.
L’Artillerie et l’Aviation ne purent s’entendre à ce sujet non
plus que sur l’organisation et le contrôle des unités aériennes.
Devraient-elles faire directement partie des unités de l’Armée
ou en être simplement un support? Bien que l’Armée
américaine ait aujourd’hui son propre corps d’aviation, le débat
fait toujours rage entre l’Armée et l’Aviation quant au niveau
de l’appui aérien rapproché qui s’impose et quant au type
d’aéronef nécessaire pour fournir cet appui.
De même, l’ouvrage souligne l’importance qu’a le soutien
du commandement supérieur lorsqu’il s’agit d’introduire
l’usage d’une nouvelle capacité chez les militaires. Tout au
long de son ouvrage, Raines donne des exemples qui montrent
comment des dirigeants aussi connus que les généraux
Eisenhower et Patton utilisèrent l’observation aérienne et en
Revue militaire canadienne
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Hiver 2001-2002
CRITIQUES DE LIVRES
devinrent de chauds partisans. Une comparaison de l’usage
qu’on en fit dans le Pacifique et dans la Méditerranée indique
que les unités du Pacifique développèrent peu cette capacité
opérationnelle par rapport à celles qui étaient en Europe. Les
généraux Eisenhower, Patton, Clark et Lewis avaient participé
à la mise en place de l’observation aérienne aux États-Unis,
tandis que le général MacArthur, l’amiral Halsey et plus tard
Nimitz n’avaient manifesté aucun intérêt à son sujet.
La structure de ce livre est à la fois chronologique et
thématique. Dans la première moitié de l’ouvrage, les divisions
chronologiques correspondent aux diverses étapes du
développement et de la mise en place du programme d’observation
aérienne jusqu’en décembre 1943; l’auteur y met particulièrement
l’accent sur le territoire américain proprement dit et sur les question
qui touchent au Département de la défense et à l’Armée. L’ouvrage
se consacre ensuite à l’utilisation opérationnelle des capacités en
THE BATTLE OF BRITAIN
par Roy Conyers Nesbit
Stroud, R.-U., Sutton Publishing, 260 pages. 39,95 $ US
Compte rendu par le lieutenant-colonel
David L. Bashow
D
u début de juillet jusqu’à la mi-septembre 1940, le
Fighter Command de la Royal Air Force a livré
une bataille héroïque et
désespérée contre l’élite de la
Luftwaffe du Troisième Reich avec
comme enjeu la survie même de la
Grande-Bretagne. La victoire, comme
le rappelle Roy Conyers Nesbit, n’a
cependant pas été acquise par les seuls
pilotes de chasse de beaucoup de
nations enrôlés dans la RAF, mais
aussi par le courage de toute une
nation qui s’est serré les coudes.
Nesbit, un auteur respecté pour ses
nombreux ouvrages sur l’aviation et
qui a été bombardier et navigateur de
transport aérien durant la guerre, fait
revivre cet affrontement épique dans
The Battle of Britain, un très beau livre
qui rend hommage à tous ceux qui,
originaires de tant de milieux
différents, ont participé à cette bataille.
Le texte du livre est cependant
décevant. Il est détaillé mais manque
d’originalité et ne fait que répéter une
histoire maintenant très familière. La
bibliographie offre un mélange
acceptable de sources relativement neuves et de quelques
classiques qui n’ont pas vieilli, mais elle n’est ni
particulièrement vaste ni approfondie. Nesbit donne en outre
quantité de statistiques et de détails spécifiques sans en citer les
sources, ce qui n’en facilite pas la vérification. Les légendes
des photos sont certes détaillées mais ajoutent parfois trop de
Hiver 2001-2002
●
Revue militaire canadienne
observation aérienne, à commencer par le déploiement initial et les
combats en Afrique du Nord et en Méditerranée. Des chapitres
distincts traitent ensuite de l’Europe et du Pacifique. À la fin du
livre, l’accent est mis à nouveau sur le développement et la mise en
place de l’observation aérienne mais, cette fois, au cours des
dernières années de la guerre.
Eyes of Artillery est un ouvrage bien écrit et de lecture
facile; des photos, des schémas et des cartes complètent le texte
de façon équilibrée. À mesure que le lecteur progressera de
chapitre en chapitre, il se trouvera, comme on l’a déjà indiqué,
à réfléchir également à la pertinence des questions discutées
pour les défis d’aujourd’hui. À recommander à quiconque
s’intéresse à l’histoire militaire.
Le major J.C. Stone poursuit des études de doctorat au Collège militaire
royal du Canada.
renseignements qui ne sont pas pertinents. La principale
faiblesse réside, selon moi, en ce que l’auteur ne donne pas la
parole aux acteurs eux-mêmes, cachant ainsi le visage humain
de cet affrontement historique.
Qu’importe cependant puisque les mots ne servent que de
liens à la superbe iconographie de ce livre qui illustre cette
bataille de multiples façons et plonge le lecteur au cœur même
du conflit. Il y verra non seulement des rois, des reines, des
tyrans et des hommes de bonne
volonté; mais il y rencontrera aussi des
héros : des militaires courageux,
particulièrement ces pilotes de chasse
qui affrontaient tous les jours de si
terribles dangers; des jeunes femmes
du Service territorial auxiliaire dont on
n’a pas assez vanté les mérites; des
braves chefs d’îlots antiaériens; des
pompiers; des membres de la
Protection civile et toutes ces figures
de nombreux citoyens ordinaires pris
dans des événements extraordinaires.
Il verra également le visage des
ennemis qui, étonnamment, n’ont rien
de particulièrement remarquable. C’est
de cette abondance iconographique
que le livre tire toute sa magie : plus de
200 photos superbes, dont beaucoup
tirées de la collection personnelle de
l’auteur, dix reproductions en couleurs
de toiles pleines d’énergie, des cartes
nombreuses et excellentes, des documents d’époque et des affiches du
temps de la guerre. Les photographies
méritent une mention toute spéciale
pour leur originalité, leur diversité et leur qualité exceptionnelle. Ce livre, ne serait-ce que pour sa partie visuelle, mérite
une solide recommandation.
Le lieutenant-colonel David L. Bashow, pilote de chasse, est également
professeur adjoint d’histoire au Collège militaire royal du Canada.
71
CRITIQUES DE LIVRES
World War II: An Air Man
Remembers
par John Patterson
Burnstown, General Store Publishing House, 157 pages. 19,95 $
Compte rendu par le sous-lieutenant
Marie-Noël Duhaime
L’
auteur précise dès le début qu’il n’y a rien de
spectaculaire à son histoire et que le lecteur ne dévorera
pas son livre d’un trait. Il
ajoute qu’il ne fait que
raconter l’histoire de « son » service
militaire dans l’Aviation royale
canadienne durant la Deuxième Guerre
mondiale. Cet avertissement est typique
de la modestie qu’on retrouve si
fréquemment dans les mémoires, oraux
ou écrits, des anciens combattants.
John Patterson a servi du
7 décembre 1940 au 20 septembre 1945
et il a été tour à tour navigateur,
bombardier et instructeur. Il a fondé son
récit sur son journal personnel, sur les
lettres qu’il a envoyées à ses parents, sur
son journal de vol et sur plusieurs
articles qu’il avait rédigés espérant en
vain les voir publier. Des photographies
viennent illustrer son propos.
rapportent directement à la vie militaire, mais il ne le fait que
brièvement. Par exemple, il donne des détails sur la nourriture
du mess, mais il ne précise pas le nombre de missions qu’il a
effectuées durant son premier tour opérationnel ni durant le
second. L’auteur a plutôt choisi de se pencher sur la vie sociale
qu’il a menée lors de ses affectations, sur ses multiples
permissions, sur ses innombrables randonnées à bicyclette, sur
les civils et les militaires qu’il a rencontrés et sur d’autres
activités auxquelles il semble s’être adonné afin d’oublier la
dure réalité de la guerre et d’échapper aux fortes tensions
créées par les missions opérationnelles
dans l’espace aérien ennemi.
Cette approche humaine, sinon
humaniste, rappelle que les soldats, tout
comme le reste de la population de
n’importe quel pays alors en guerre,
devaient continuer à vivre tout en
endurant les effets d’une guerre
mondiale. La vie des soldats ne se
limitait pas aux heures passées dans les
salles de classe, à bord des avions ou
dans les hangars à entretenir les
instruments de guerre; il leur fallait aussi
garder un sens à la vie.
Certes, le texte du livre est quelque
peu redondant; il est parsemé de fautes
d’orthographe; la structure des phrases y
est parfois difficile à comprendre et
souvent les idées ne s’y enchaînent pas
logiquement. Voilà autant d’éléments qui
peuvent ralentir la lecture mais qui
n’empêcheront pas ceux que le sujet
intéresse de lire ce livre, et peut-être
même de le faire d’un seul trait.
Normalement un tel livre raconte les
diverses phases de l’entraînement qu’a
dû suivre l’auteur en tant que membre
d’équipage navigant; il y décrit les
missions auxquelles il a participé; il traite de ses multiples
affectations et il parle des avions avec lesquels il a travaillé;
somme toute, le lecteur s’attend à un récit portant
essentiellement sur des aspects militaires. Or ce n’est pas le cas
ici. Bien sûr Patterson mentionne plusieurs éléments qui se
Le sous-lieutenant Marie-Noël Duhaime est inscrite au programme de
maîtrise en Études sur la conduite de la guerre au Collège militaire royal
du Canada.
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Revue militaire canadienne
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Hiver 2001-2002