sois belle et bats-toi

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SOIS
BELLE
ET BATS-TOI
Depuis deux ans, L’Oréal Maroc
et la Fondation Lalla Salma
développent un programme de
soins socio-esthétiques
entièrement gratuits pour aider
les femmes atteintes d’un
cancer à surmonter dignement
leur maladie. Par Yasmine Belmahi
Photos Marwane Sobai
D
ans la petite salle de l’Institut
national d’oncologie de Rabat
(Ino), elles sont quatre, assises
dans leur fauteuil, à attendre de
recevoir leur traitement. Quatre
femmes fatiguées qui discutent
doucement de leur maladie et de la vie qui
continue malgré les séances de
chimiothérapie. Malgré le cancer. Avoir un
cancer est déjà une épreuve douloureuse,
tant physiquement que
psychologiquement : la maladie et les
traitements souvent agressifs utilisés en
cancérologie fragilisent le corps et l’esprit,
avec des conséquences cutanées associées
à une dégradation de l’état général. Ces
transformations corporelles consécutives
aux traitements lourds sont souvent mal
vécues par les malades car elles entraînent
une diminution de la qualité de vie,
accompagnée souvent d’une dépréciation
de l’image et de l’estime de soi. « Quand
j’ai vu mes cheveux tomber par poignées et les
trous laissés sur mon cuir chevelu, j’ai pleuré. Je
ne me reconnaissais plus », confie, la gorge
nouée, une patiente.
Pour aider ces personnes fragilisées,
atteintes dans leur intégrité physique et
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psychique à mieux vivre et supporter ces
changements, L’Oréal Maroc, avec le
concours de la Fondation Lalla Salma –
Prévention et traitements des cancers, a
lancé il y a deux ans un programme de
soins esthétiques proposés à titre gracieux
dans trois centres de l’association Lalla
Salma à Rabat et Casablanca.
un moment d'écoute
Le temps d’un massage, une manucure,
une pédicure, une mise en beauté, cette
prise en charge accompagnée par une
équipe médicale et paramédicale au sein
de chaque établissement, et de manière
conjointe avec une psychologue, est
prodiguée par des esthéticiennes
expérimentées formées par le biais du
Codes (Cours d’esthétique à option
humanitaire et sociale) à Tours, en France,
et à l’École internationale d’esthéticiennes
cosméticiennes de Casablanca.
Fortes de leurs connaissances en
cancérologie, dermatologie et
cosmétologie, elles sont aujourd’hui six
socio-esthéticiennes à consacrer une
journée de leur semaine à ces patientes
pour leur prodiguer des soins spécifiques
en fonction de leur pathologie et des
effets de la médication. « Chaque séance
débute par un temps de présentation et d’écoute
indispensable. En fonction des besoins de la
patiente, de ses douleurs, je propose un soin
adapté : modelage du visage ou massage pour la
détente, manucure si la personne cherche avant
La clé des
praticiennes :
restaurer
l’image de soi.
tout un échange… », explique l’une de ces
bonnes fées qui offrent également aux
patientes des conseils personnalisés à
travers des ateliers aménagés dans les
locaux de l’Ino de Rabat, du C.H.U. Ibn
Rochd et à la Maison de Vie de
Casablanca.
Loin de la simple coquetterie, ces soins du
visage et du corps qui relaxent, ces astuces
en maquillage qui colorent une mine un
peu trop terne ou permettent de
dissimuler une importante chute de
cheveux sont en effet autant de réconforts
et d’échanges, voire de confidences avec
les bénéficiaires. Un moment d’écoute
non médicalisée complémentaire à celle
de l’équipe soignante, autorisant les
patientes à sortir du contexte de la
maladie et du traitement. « Elles sont
importantes, elles nous redonnent notre féminité »,
dit une patiente. Bientôt un appel à
candidature sera lancé pour former de
nouvelles socio-esthéticiennes qui
opéreront sur de nouveaux sites à Fès et
Marrakech, pour mieux redonner la
dignité nécessaire à toute vie sociale et la
force de rebondir face à la maladie. ■
Armée de son ours en peluche, une
toute jeune patiente trouve réconfort
sous les douces mains d’Intissar, socioesthéticiennes à Casablanca. Comme
elle, Kaoutar se rend une fois par
semaine à Rabat pour prodiguer soins
esthétiques aux patientes et apporter
son indispensable écoute.
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