les actions collectives de l`aed renovation
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A.E.D. Rénovation Actions Collectives A.E.D. Rénovation Actions Collectives LES ACTIONS COLLECTIVES DE L’A.E.D. RENOVATION Identité et modalités d’action Décembre 2006 SOMMAIRE INTRODUCTION ……………………………………………………………………..……3 1. La commande « actions collectives » faite au service d’Aide Educative à Domicile de l’association Rénovation ……………………………………………………………...…3 2. Les principes de l’A.E.D. Rénovation comme cadre des « actions collectives »…...................................................................................................................3 I- LES ACTIONS COLLECTIVES DE L’A.E.D. RENOVATION……………………5 A) Changement de logique ou logique de changement ? ................................................5 1. Nouvelle réponse sociale………..…………………………………………………5 2. Action individuelle et action collective : une continuité........................................6 a. Des compétences comparables…………………………………………………6 b. Un enrichissement mutuel……………………………………………………...6 3. Les actions « collectives »………………………...………………………………7 B) Les étapes des actions collectives………………..……………………………………8 1. La mise en place du projet………………………………………………………8 a. Les rencontres avec les différents partenaires et les habitants……………………8 b. Le diagnostic sociologique…...............................................................................9 2. Les « actions » en tant que telles : l’intervention………………………………9 3. L’évaluation………………………………………………………………………9 C) Les modalités d’action de l’équipe………………………….................……………10 1. Le personnel..........................................................................................................10 2. Les partenaires……………….….………………………………………………10 3. La validation institutionnelle……………….………………..………………….10 4. Le secteur géographique d’intervention …….…………………………………..11 5. Le public ciblé……………………………………………………………………11 II- LES EXPERIENCES DES ACTIONS COLLECTIVES………………………….12 A) Un « état des lieux » préalable…………………………………..…...……………12 B) La circonscription du Bouscat: « un soutien à la parentalité » ………………13 C) La circonscription d’Eysines : « accès à la culture : les inégalités entre le milieu rural et urbain » ………………………………….………………………………18 CONCLUSION……………………..................……………………………………………21 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES …………………………………………………….22 2 INTRODUCTION 1. La commande « actions collectives » faite au service d’Aide Educative à Domicile (A.E.D.) de l’association Rénovation En octobre 2003, dans le cadre de la réorganisation de la Direction Générale Adjointe de la Solidarité et du Logement (D.G.A.S.), la Direction Enfance Famille (D.E.F.) a élaboré en partenariat avec la Direction des Actions Territorialisées et du Développement Social (D.A.T.D.S.), un Guide des procédures Enfance-Famille portant sur les actions de préventions. Dans celui-ci, l’Aide Sociale à l’Enfance (A.S.E.) se donne pour mission de « mettre en place des actions collectives visant à prévenir la marginalisation et faciliter l’insertion ou la promotion sociale des jeunes et de leur famille ». L’objectif d’une telle démarche est d’ « affirmer et d’intensifier les actions de prévention visant à promouvoir le soutien à la fonction parentale sur le plan matériel, éducatif et psychologique », afin « de garantir une réponse de qualité globale autour des difficultés de la relation parents enfants [et] de développer des actions innovantes sur les territoires. »1 Pour concrétiser cette volonté, le Conseil Général a demandé aux Aides Educatives à Domicile publiques et privées de consacrer un temps équivalent à 3 mesures éducatives par éducateur pour développer les actions collectives. L’A.E.D Rénovation a fait le choix de mutualiser ce temps et a ainsi permis la mise en place d’une équipe à part entière se consacrant pleinement, depuis mai 2004, à la réalisation de ces actions collectives. 2. Les principes de l’A.E.D. Rénovation comme cadre des « actions collectives » Le service A.E.D Rénovation est habilité, depuis sa création, pour « apporter un soutien matériel, éducatif et psychologique aux mineurs, à leur famille, aux mineurs anticipés et aux majeurs de moins de vingt et un ans confrontés à des difficultés sociales susceptibles de compromettre gravement leur équilibre » et pour intervenir à domicile afin de mener des actions éducatives, « lorsque la santé, la sécurité, l’entretien ou l’éducation de l’enfant l’exige et ce avec l’accord des parents. » (Articles L 222-1 à L 222-4 du C.A.S.F.). 1 Conseil Général de la Gironde, Guide des procédures Enfance-Famille, Tome 1 : la prévention, Novembre 2003, p.56. Ce document est « un référentiel », permettant entre autre de formaliser et de développer des « actions collectives de manière harmonisée sur le département » (p.56). 3 Les principes qui fondent son action se déclinent de la manière suivante : Remobiliser les parents dans leur rôle d’autorité et de responsabilité, Réinstaurer des liens familiaux afin de permettre la construction de l’enfant et son épanouissement. Permettre à la famille d’expérimenter sa capacité à résoudre ses difficultés en usant de ses propres ressources. Le secteur d’intervention de l’A.E.D. est « calé » sur le découpage administratif en circonscriptions d’action sociale ce qui marque profondément ses liens avec la D.G.A.S. et ses missions de prévention et d’action sociale2. Son intervention implique une connaissance de l’environnement social et éducatif dans lequel évoluent le mineur et sa famille. Ceci nécessite une collaboration non seulement avec les Maison De la Solidarité et de l’Insertion (M.D.S.I.) et la Protection Maternelle Infantile (P.M.I), mais aussi avec de nombreux acteurs issus du milieu associatif, scolaire, médical et médico-social. Les « actions collectives » répondent aux mêmes « principes » que les interventions familiales de l’A.E.D. Dès lors, les grandes lignes fondatrices de ce service constituent le cadre des actions collectives telles qu’elles sont pensées et appliquées par notre équipe. Notre réflexion se déclinera en deux temps. Dans une première partie nous développerons les principes et les modalités d’actions de notre équipe, puis, dans une seconde partie nous illustrerons nos propos en prenant pour exemple deux actions déjà menées. 2 Depuis la loi de décentralisation de 1982, les missions prévention de l’aide sociale à l’enfance sont confiées aux Conseils Généraux. En ce qui concerne le département de la Gironde, elles sont assurées par 4 directions de la D.G.A.S. : La D.E.F. (Direction Enfance Famille) La D.A.T.D.S. (Direction des Actions Territorialisées et du Développement Social) La D.P.L.E. (Direction des Politiques de Lutte contre l’Exclusion) La D.A.S. (Direction des Actions de Santé) 4 I- LES ACTIONS COLLECTIVES DE L’A.E.D. RENOVATION Une fois constitué, notre groupe de travail a jugé indispensable de s’interroger sur la définition même des actions collectives afin de leur donner un cadre clair et cohérent, et ce d’autant plus que le guide des procédures du Conseil Général restait peu explicite sur les principes et les valeurs de cette nouvelle pratique. Il nous appartenait donc, en restant fidèles aux fondements de l’A.E.D., de préciser nos modalités d’actions afin de répondre au mieux aux nouveaux enjeux sociaux. A) Changement de logique ou logique de changement ? 1. Nouvelle réponse sociale Les actions collectives s’inscrivent pleinement dans le développement social local défini comme une « nouvelle réponse publique visant à irriguer l’ensemble des politiques locales d’une aspiration volontariste à la reconstruction du lien social, mais aussi comme une nouvelle pratique sociale axée sur l’implication de tous les acteurs locaux dans le développement d’initiatives visant à renforcer les solidarités de proximité »3. Elles sont le résultat d’une volonté politique forte dont le but est d’harmoniser la politique de l’aide sociale à l’enfance sur le département et de favoriser l’émergence de solidarités locales. Les missions de prévention sont ainsi élargies à travers la mise en œuvre des actions collectives qui interviennent en complément des actions individuelles traditionnelles. 3 Sanchez J-L., Décentralisation : de l’action sociale au développement social, Editions L’Harmattan, juin 2001. 5 2. Action individuelle et action collective : une continuité c. Des compétences comparables Pour être pleinement efficaces, les actions collectives doivent bénéficier d’une volonté institutionnelle soutenue afin de favoriser le développement de pratiques éducatives innovantes de la part des travailleurs sociaux. Celles-ci, parce qu’elles sont vécues comme trop éloignées du travail individuel, peuvent susciter des résistances. Pourtant, à bien des égards, les compétences sollicitées sont du même ordre : être à l’écoute d’un territoire c’est comme être à l’écoute d’une famille, c’est savoir analyser les problématiques pour développer des stratégies et mobiliser les personnes4. D’autre part, en (re)créant du lien familial et social, en médiatisant des relations difficiles, en apportant éventuellement un étayage éducatif, voire en repérant les familles en difficulté pour les orienter vers des structures adaptées, les travailleurs sociaux font, au travers des interventions collectives du travail éducatif individuel. d. Un enrichissement mutuel Le travail individuel (éducateurs, assistants sociaux …) permet de repérer les besoins du public visé, et ainsi facilite l’élaboration de perspective d’intervention pour les actions collectives. À l’inverse, le travail collectif peut apporter des « réponses » et « débloquer des situations » là où le travail individuel ne semble pas suffire. Par ailleurs, il peut amener les travailleurs sociaux à porter un regard différent sur les bénéficiaires de l’aide sociale et réciproquement permettre à ces derniers de modifier leur perception des travailleurs sociaux. 4 Cantal A., Développement social local. A l’écoute d’un territoire comme d’une famille, Lien Social, n°771, 27 octobre 2005 6 3. Les actions « collectives » Les actions que nous entendons mener sont « collectives » aussi bien dans la forme que dans le fond : Dans la forme, elles passent nécessairement par la collaboration avec les différents partenaires sociaux (M.D.S.I., associations locales…) et par la mise en lien des habitants, bénévoles et professionnels. Le partenariat, le travail en réseau et les projets partagés apparaissent alors comme des techniques essentielles à développer. L’objectif des actions collectives est, dans la mesure du possible, la prise en main par la population de son propre développement. Dans le fond, elles proposent donc la mise en place d’actions de prévention impliquant collectivement des individus et visant à : Susciter et/ou encourager les initiatives à vocation communautaire (mutualisation de la garde d’enfants, création d’association de quartier …) Mutualiser les expériences communes afin de diminuer le sentiment d’exclusion des familles et de valoriser la fonction parentale (espace de parole5, forum d’information …) Proposer des actions d’animation où le plaisir d’être et de faire ensemble atténue le repli sur soi (sorties culturelles et familiales6, insertion par le sport …) Nos actions ont pour spécificité de s’adresser en premier lieu aux familles, en cherchant à développer les liens intra et inter-familiaux. Même si elles ne sont pas exclusives, les questions relatives à la parentalité et au lien intergénérationnel sont donc prééminentes dans nos interventions. 5 Une expérience de mise en place d’espaces de parole par l’équipe des Actions Collectives est relatée dans le III. B) 6 Une expérience de sorties culturelles et familiales est relatée dans le III. C) 7 B) Les étapes des actions collectives On peut distinguer, de manière schématique, 3 étapes dans le développement d’une action collective. Dans un premier temps il s’agit d’élaborer, en fonction des besoins repérés, un projet commun avec les différents partenaires et les habitants. Le second temps est consacré à la réalisation des « actions » en tant que telles. Enfin, une évaluation permet de mesurer les « effets » de ces dernières et éventuellement de les réorienter. 1. La mise en place du projet « À partir de l’analyse des actions individuelles, d’une connaissance des dispositifs et des réseaux, d’une participation à des diagnostics partagés, il conviendra de dégager des thématiques afin d’élaborer des actions ou projets collectifs. »7 a. Les rencontres avec les partenaires : institutionnels et habitants L’équipe des Actions Collectives doit être capable d’analyser les enjeux politiques, de développer des partenariats et de proposer, en fonction des contextes locaux, des pistes de travail. Elle peut être à l’origine d’un projet ou répondre à une sollicitation d’un partenaire (institutionnel et/ou habitants) si celle-ci correspond à son cadre de compétence. Par ailleurs, l’équipe des Actions Collectives n’est pas nécessairement moteur de l’action mais contribue conjointement à élaborer une méthodologie d’intervention et, le cas échéant, à coordonner les ressources humaines et financières. Dans la pratique, seules des réunions régulières avec les différents acteurs locaux concernés (institutionnels et habitants) permettent de mutualiser les connaissances, de problématiser les difficultés rencontrées et ainsi de construire collectivement un projet. 7 Conseil Général de la Gironde, Guide des procédures Enfance-Famille, op. cit., p.56 8 b. Le diagnostic sociologique L’émergence d’un diagnostic partagé permet de définir une problématique. Lors de cette phase, le sociologue peut enrichir et orienter la réflexion commune par le biais de théories sociologiques et psychosociologiques (analyse des phénomènes d’exclusion, de déviances, réflexions sur la question du lien social), mais il peut surtout, ci cela s’avère nécessaire, approfondir le diagnostic en proposant une étude sociologique (questionnaires, entretiens, analyses de données…). L’objectif d’une telle démarche est de repérer le plus précisément possible les besoins du public visé afin de répondre au mieux aux attentes de ce dernier. In fine, cela permettra d’affiner la problématique commune et de dégager les principaux axes permettant de fixer les grandes lignes d’action. 2. Les « actions » en tant que telles : l’intervention Une fois ces lignes définies8, un groupe de pilotage est mis en place. Composé d’institutionnels (et éventuellement d’habitants), il a pour mission d’organiser concrètement les interventions. Pour mener à bien ces dernières, il peut décider en fonction des besoins, de faire appel aux éducatrices du groupe Actions Collectives et/ou aux travailleurs sociaux de la M.D.S.I. et/ou à des intervenants extérieurs (professionnels de la santé, de l’animation …). Progressivement, les professionnels devront « passer le relais » aux acteurs locaux auxquels il revient de pérenniser ces interventions, notamment par le biais d’associations locales. 3. L’évaluation La phase d’évaluation permet de tirer les enseignements de l’intervention qui a été menée jusqu’alors, d’en mesurer la pertinence et si nécessaire, de la réorienter. Ceci passe par la consultation méthodique des bénéficiaires de l’action par le biais de grilles d’évaluations. 8 Ces lignes d’actions doivent s’inscrire dans le cadre défini dans le II.A) 3. 9 C) Les modalités d’action de l’équipe 1. Le personnel Depuis la création des Actions Collectives A.E.D. en mai 2004, de nombreux changements de personnel sont intervenus. Le dernier étant le passage de chacune des deux éducatrices du groupe d’un mi-temps à un temps plein, évolution qui répond au développement de l’activité. Par ailleurs, depuis mai 2005, un sociologue intervient à temps partiel au sein de l’équipe. Enfin, notons que ce groupe est encadré par le directeur du service A.E.D. et de la chef de service éducatif du secteur sud. 2. Les partenaires Les Actions Collectives interviennent en collaboration étroite avec les M.D.S.I. qui constituent des partenaires privilégiés. Elles peuvent être amenées à travailler aussi avec : - Les habitants - Les associations locales - Les centres sociaux - Les centres de loisirs - La Protection Maternelle Infantile - La Mutualité Sociale Agricole … 3. La validation institutionnelle Les actions collectives doivent être validées par l’Inspecteur Prévention D.E.F. Les premières interventions ont été entérinées par ce dernier lors de Comité d’Objectifs Locaux (C.O.L)9. Depuis le mois de novembre 2006 il a été décidé que l’équipe des Actions Collectives A.E.D Rénovation rencontrera l’inspecteur Prévention de manière trimestrielle (hors C.O.L), afin que celui-ci prenne connaissance des nouvelles actions qui lui seront présentées sous forme de « pré-projet ». 9 Les C.O.L. sont animés par les inspecteurs Prévention et Protection. Ils ont lieu dans chacun des 5 Territoires Enfance et rassemblent les acteurs de terrains. 10 4. Le secteur géographique d’intervention Ce dernier correspond au « Territoire I Enfance » du Conseil Général de la Gironde. Il regroupe 9 circonscriptions : - Arcachon - Audenge - Castelnau - Eysines - Le Bouscat - Lesparre - Mérignac - Pauillac - St Médard en Jalles Nos actions ne sauraient se limiter aux secteurs « politique de la ville » ; notre équipe insiste sur la nécessité d’intervenir aussi dans des zones géographiquement isolées afin de palier notamment les inégalités d’accès aux services. 5. Le public ciblé Nous pouvons distinguer 2 catégories de public susceptible d’être concerné par les actions collectives : Un public déjà connu dans le cadre d’accompagnements individuels de service social ou d’A.E.D. Un public plus large possédant un point commun (public fréquentant un centre social, habitants de quartier…). L’intervention se centre sur un territoire défini en fonction de sa cohérence géographique, économique ou sociale. Il s’agit de mobiliser des individus désireux d’agir collectivement pour mener à bien un projet. Notre intervention ne peut donc faire l’économie de la participation du « public visé ». Au-delà de sa participation à l’intervention en tant que telle, il convient donc de l’impliquer en amont (en sondant ses attentes et besoins et en le faisant participer aux réunions) et en aval (en l’invitant à dresser avec les professionnels une évaluation de l’action). 11 III- LES EXPERIENCES DES ACTIONS COLLECTIVES Dans un premier temps, nous reviendrons sur l’état des lieux effectué par l’équipe des Actions Collectives auprès des professionnels, puis nous illustrerons le déroulement d’une action collective en prenant pour exemple les interventions menées au Bouscat et à Eysines. A) Un « état des lieux » préalable Dans un premier temps, le groupe des Actions Collectives a réalisé un « état des lieux » des besoins, des attentes et des initiatives locales repérés par les professionnels du Service Social et de la P.M.I dans leurs secteurs d’intervention. Loin d’être un simple recueil de données, cette démarche a favorisé l’échange d’observations et de connaissances entre les différents partenaires. Nous avons pu faire les constats suivants : Une avancée inégale de la réflexion et de l’action des équipes de professionnels : certaines étaient déjà impliquées dans des actions de développement social, d’autres étaient sollicitées pour participer à des projets partagés sans les avoir encore menés à bien, d’autres enfin attendaient d’avoir davantage de moyens (personnel, temps) et de clarté pour commencer. Une volonté de mener des actions collectives pour répondre à des demandes transversales. Une importance accordée à la problématique du lien social et familial (palier les risques liés à des situations d’exclusion et d’isolement, soutenir la fonction parentale …). 12 B) La circonscription du Bouscat: « un soutien à la parentalité » Date de début de l’action Public visé Mars 2005 Les parents Secteur d’intervention Département : Gironde (33) Circonscription : Le Bouscat Commune : Le Bouscat Quartier « politique de la ville » : Résidences Lyautey et Champ de Bassin de vie Courses Le contexte En 2001, le bailleur social Gironde Habitat, la CAF, la Ville du Bouscat et la M.D.S.I. se réunissent afin d’établir un diagnostic sur les résidences Lyautey et Champ de Courses. Celui-ci fait état d’une dégradation du climat social au sein de ces lieux d’habitation. Parallèlement il met en avant l’existence de forces vives : le secours catholique et la jeune association d’habitants L’ABCDEFG10. Suite à ce diagnostic des actions sont menées telles que des « pauses café », des ateliers enfants/parents, des sorties loisirs et culturelles, des aides aux devoirs ... A partir de 2003, un partenariat entre L’ABCDEFG et l’association CERSAU11 permet la création d’un lieu de rencontres et d’échanges entre parents. Malgré l’interruption précoce de cette action pour cause de tensions inter-résidentielles, le désir des habitants de mettre en place des réunions-débats entre parents perdure. En 2005, dans le cadre du REAAP12, l’association L’ABCDEFG prend de nouveau l’initiative de réunir les différents acteurs locaux. Lors du C.O.L. du mois de mars, ces derniers sollicitent le service d’A.E.D., et plus précisément le groupe des Actions Collectives, pour l’élaboration d’un projet. Ce dernier accepte la proposition. 10 Il s’agit d’un sigle : le L correspondant à la première lettre de Lyautey et les lettres ABCDEFG font références aux différents bâtiments de la résidence Champ de Courses. 11 Centre d’Etude et de Recherche en Anthropologie Urbaine 12 Réseau d’Ecoute, d’Appui et d’Accompagnement aux Parents 13 Première étape La mise en place du projet La rencontre des partenaires En fonction des besoins repérés préalablement, les professionnels en présence décident de s’orienter vers 2 axes : - Faciliter le lien entre les parents et les établissements scolaires de leur(s) enfant(s) afin de palier le manque de communication entre ces deux acteurs. - Soutenir les parents dans leur fonction parentale par le biais d’espaces de parole et répondre ainsi à la demande d’un certain nombre d’habitants. Après présentation, le projet est validé au COL de novembre 2005. Un groupe opérationnel « parentalité » dont le but est de coordonner les deux axes du projet est mis en place. Il réunit les habitants, l’A.E.D., la M.D.S.I., L’ABCDEFG, l’A.R.P.E.13, le pôle jeunesse de la mairie du Bouscat et le secours catholique. Dans la perspective de favoriser l’expression des résidents du Le diagnostic : un quartier et d’associer ces derniers à la réflexion et à la construction du questionnaire à projet, le groupe opérationnel décide d’établir un nouveau diagnostic par l’intention des parents l’intermédiaire du sociologue des Actions Collectives. Ce dernier propose un questionnaire adressé aux habitants du quartier afin de : - Définir plus précisément les besoins et les attentes des parents en ce qui concerne la fonction parentale. - Estimer si la mise en place d’espaces de parole autour de la parentalité est un projet susceptible d’intéresser la plupart des habitants du quartier. - Evaluer au mieux les liens entre les parents et l’école Cette enquête est réalisée de septembre à novembre 2005 sur les 2 résidences. Une action mobilisatrice est organisée en septembre avec la participation d’un conteur africain. Celle-ci permet d’informer et de sensibiliser les parents au projet et, d’un point de vue pratique, facilite la passation des questionnaires. 13 Lieu d’Aide à la Relation Parents Enfants 14 L’élaboration du projet autour de 2 axes 1. Méthode de conception de réponse au besoin d’Espace de parole En janvier 2006, le groupe opérationnel chargé de mener à bien cette action décide, pour des raisons pratiques, de se diviser en deux groupes techniques. Le premier est consacré à l’élaboration des espaces de parole, le second se centre sur le projet parents/institution scolaire. Chacun de ces deux groupes techniques est chargé de faire « remonter » les informations au groupe opérationnel qui assure ainsi cohérence et continuité entre les deux axes du projet. Les résultats de l’enquête confirment, entre autre, le besoin d’espace de parole et orientent le choix des thèmes, des supports et des outils à utiliser. Ils dessinent les modalités de fonctionnement des espaces de parole. Le groupe technique « espace de parole », composé d’habitants, de l’A.E.D., de L’A.R.P.E., de L’ABCDEFG et de la M.D.S.I., décide de restituer les résultats de l’enquête à l’ensemble des habitants sous forme d’exposition. Celle-ci constitue le support du premier espace de parole. Un petit groupe de parents se joint au sociologue afin de préparer cette exposition. Ils choisissent ensemble les données à afficher, d’après les critères suivants : pertinence et cohérence des informations mises en avant, attractivité, pédagogie, lien avec le 1er espace de parole… Suite aux premiers espaces de parole en avril 2006, les modalités de fonctionnement se précisent. Les parents choisissent de nommer cet espace de parole « La Causerie des Parents ». De plus ils élaborent une plaquette de communication avec la participation de L’A.R.P.E. et des Actions Collectives de l’A.E.D. Rénovation. 2. Méthode de conception de réponse à la restauration du lien parents/école: Le groupe technique « parents/institutions scolaires » est constitué de l’adulte relais de L’ABCDEFG, de la M.D.S.I., des parents et des Actions Collectives de l’A.E.D.. Suite aux résultats du questionnaire, il se donne comme objectif de créer des passerelles entre les écoles/collèges et les parents, de faire tomber les représentations négatives des uns et des autres afin d’aider au mieux les parents à investir la scolarité de leurs enfants. Le groupe technique décide de développer un partenariat avec 15 Info-Droits dans le but de répondre au mieux aux préoccupations des parents sur les questions d’incivilité, de violence, de règles et d’autorité à l’école (thèmes récurrents dans le discours des parents). Il est également envisagé de reprendre ces sujets pendant la Causerie des parents. En mars 2006, sous l’impulsion de l’adulte relais des résidences Lyautey et Champ de Course, le groupe technique rencontre une Conseillère d’éducation du collège Jean Moulin, et lui propose un projet visant à restaurer les liens parent/école grâce notamment à l’intervention d’Info-Droits Après plusieurs rencontres, il a été décidé d’une date ainsi que des modalités d’intervention d’Info droits dans ce collège. Deuxième étape : L’intervention L’espace de parole : L’intervention se déroule les 1er mardis du mois de 13h30 à « La causerie des 16h30 dans les locaux de L’ABCDEFG : ce jour et ce créneau horaire parents » ont été choisis par les habitants présents au 1er espace de parole. La première demi-heure est un temps consacré à l’accueil des participants autour d’un café pour plus de convivialité. A partir de 14h un support (vidéo, audio …) est utilisé pour démarrer l’espace de parole. Les thèmes et les supports pour les espaces suivants sont choisis par les parents à la fin de la rencontre. Les parents réagissent au sujet abordé de manière spontanée et interactive. Ils réalisent qu’ils ne sont pas seuls à se poser des questions et peuvent partager leur expérience. Cette intervention collective doit leur permettre d’aborder plus sereinement les situations, parfois difficiles, auxquelles ils sont confrontés. La présence de deux éducatrices14– animatrices de l’espace de parole pose clairement le « cadre » de l’intervention. Ces dernières sont garantes de la distribution de la parole mais ne sont en aucun cas celles qui « donnent des réponses » ; seule la réflexion commune peut faire émerger des ébauches de solutions. Dans la mesure du possible il s’agit d’effacer la frontière entre celui qui sait et celui qui ne sait pas, entre celui qui forme et celui qui se forme afin de diminuer le sentiment d’exclusion des familles. Un temps avec une des éducatrices est prévu en fin de rencontre pour aborder de manière individuelle, les sujets 14 Une éducatrice de L’A.R.P.E. et une éducatrice de l’A.E.D. 16 « personnels » que les participants ne souhaitent pas ou ne peuvent pas évoquer lors des espaces de parole. Des réunions du groupe technique sont réalisées après chaque espace de parole afin de faire le point sur ce dernier et d’organiser le prochain. La rencontre avec les écoles/collèges Intervention en cours Troisième étape : Une évaluation sera réalisée en décembre 2006. Cependant, nous pouvons d’ores et déjà noter que ce projet s’est construit dans le cadre du développement social local avec comme principal souci la participation démocratique des habitants. Ces derniers ont eu une place importante dans la construction et la mise en place du projet. L’objectif à terme est de pérenniser cette action en passant entièrement « le relais » aux acteurs locaux. Evaluation et perspectives Partenaires opérationnels Partenaires financiers - L’ABCDEFG : 1 animatrice et l’adulte relais de l’association et les parents adhérents - La M.D.S.I. : la responsable - Les Actions Collectives de l’A.E.D Rénovation : 2 éducatrices et 1 sociologue - L’A.R.P.E. : 1 éducatrice La Caisse d’Allocations Familiales, le Fonds d’Intervention pour la Ville (Politique de la Ville), le Conseil Général 17 C) La circonscription d’Eysines : « accès à la culture : les inégalités entre le milieu rural et urbain » Date du début de l’action Public visé Mai 2005 Secteur d’intervention Département : Gironde (33) Circonscription : Eysines Communes : Eysines, Blanquefort, Le Pian Médoc, Ludon Médoc, Macau et Parempuyre. Contexte Les résultats de l’état des lieux effectué par l’équipe des Actions Collectives en février 2005, ont mis en exergue une inégalité d’accès à la culture entre le milieu rural et urbain. Par ailleurs, les services sociaux ont noté la nécessité d’un soutien à la parentalité pour ces mêmes familles et une absence de lien entre les familles d’un même quartier. Familles en lien avec les services sociaux et/ou bénéficiant de mesures d’Aide éducative à domicile (résidant sur le secteur). Première étape La mise en place du projet L’élaboration des axes de réflexion par les partenaires En mai 2005, un partenariat entre la M.D.S.I. et les Actions Collectives de l’A.E.D. Rénovation se met en place sous la forme d’un groupe de pilotage. Ce dernier propose de développer des sorties culturelles et familiales dans le but de : - favoriser l’accès à la culture du public visé et, en premier lieu, des familles isolées géographiquement. - permettre à ces familles de développer du lien social. - renforcer les liens intra-familiaux Afin de saisir le plus précisément possible la demande de la population concernée, un questionnaire à destination du public M.D.S.I. et A.E.D. est élaboré en septembre 2005 par le sociologue des Actions Collectives. Il est distribué au début du mois de novembre par les assistantes sociales et les éducateurs. A ce jour, il n’y a pas eu suffisamment de questionnaires remplis pour utiliser cet outil. Après présentation le projet est validé lors du COL de novembre 18 2005. L’inspecteur Prévention se porte garant d’une partie du financement. Pour pallier une certaine démobilisation des professionnels liée notamment aux changements répétés de responsables M.D.S.I., le groupe de pilotage décide de ne pas attendre les réponses du questionnaire pour passer à l’action. Pour se faire, il souhaite échanger au plus vite avec les acteurs locaux possédant une expérience dans l’organisation de sorties culturelles. C’est ainsi qu’en avril 2006, il rencontre la délégation de la Croix Rouge d’Eysines15. Par ailleurs, l’équipe des Actions Collectives envisage de développer un partenariat avec l’association OXYGENE16, l’ASPE17, et la Mission Locale Technowest. Un planning de sorties a été élaboré jusqu’en décembre 2006 et Deuxième étape un calendrier est à venir pour l’année 2007. Elles peuvent s’effectuer lors L’intervention des vacances scolaires, les mercredis et les samedis. Elles peuvent être organisées sur une journée entière ou sur un après-midi –les familles prévoient alors leur repas et leur goûter-. Les sorties sont principalement organisées par les éducatrices des Actions Collectives : réservation du site et du bus, élaboration des plaquettes d’informations, fiches d’inscription, demande de financement auprès de la D.G.A.S. et inscription auprès des assureurs. Les inscriptions se font auprès des assistantes sociales M.D.S.I. et des éducateurs de l’A.E.D Rénovation. Il est demandé une participation financière aux familles à titre symbolique. L’encadrement des sorties est assuré par les assistantes sociales de la M.D.S.I. et les éducatrices des Actions Collectives. Les éducateurs de l’A.E.D. Rénovation peuvent être amenés à y participer. De façon générale le trajet se fait en bus. Ce dernier vient chercher et ramène à proximité de leur domicile les personnes inscrites (le circuit est ajusté en fonction du nombre de participants et de leur lieu d’habitation). Ceci permet de pallier les difficultés de mobilité liées à l’isolement géographique des familles. 15 Organisateur d’une sortie familiale par an Il s’agit d’une association bordelaise d’insertion sociale, qui propose entre autre, des sorties culturelles pour un public à faible ressource. 17 Association Sociale Pour l’Emploi 16 19 Troisième étape Evaluation et perspectives Les familles ayant participé aux premières sorties se sont montrées très satisfaites et souhaitent, pour la majorité d’entre elles, renouveler l’expérience (elles ont émis à cet égard de nombreuses propositions pour les sorties à venir). Des premières sorties nous tirons deux enseignements majeurs : - Elles favorisent le lien intra-familial en amenant parents et enfants à partager un moment ensemble. Elles développent le lien social des familles bénéficiaires et réduit ainsi les formes d’exclusion et d’isolement dont certaines d’entre-elles peuvent souffrir. - les éducateurs A.E.D. peuvent se saisir de cette action dans leur accompagnement – préparation de la sortie, socialisation…- et bénéficier d’un regard extérieur amené par les éducatrices des Actions Collectives. A court ou moyen terme, il sera nécessaire de mettre en place une dynamique participative en impliquant les habitants dans l’élaboration des sorties. Pour se faire les résultats du questionnaire seront indispensables. Partenaires opérationnels Financeur - Les Actions Collectives de l’A.E.D. RENOVATION : 2 éducatrices, 1 sociologue et une stagiaire - La M.D.S.I. : Assistantes sociales - L’ASPE et la Mission locale Technowest Conseil Général 20 CONCLUSION - Nos actions collectives sont complémentaires des interventions individuelles et familiales du service A.E.D Rénovation. Elles ont pour thématique principale la question du lien intra-familial et inter-familial. Nos interventions s’inscrivent à l’évidence dans les problématiques propres à la politique de la ville, mais ne s’y limitent pas. La question de l’isolement géographique et de l’inégalité d’accès aux services est considérée comme centrale. - Nos actions collectives se développent en trois phases. Dans un premier temps il s’agit de mettre en place le projet avec les partenaires en définissant une problématique d’action claire (grâce notamment aux outils sociologiques). Dans un second temps se met en place l’intervention en tant que telle (qui requiert entre autre les compétences d’éducatrices spécialisées). Enfin une évaluation permet de mesurer la pertinence de l’action et de la réorienter si nécessaire. - Nos actions collectives s’inscrivent résolument dans une dynamique de développement social local. Elles se donnent donc pour objectif de travailler pour les « habitants » mais aussi avec eux. Ceci nécessite de les impliquer dans chacune des étapes de l’action. Ainsi non seulement ces derniers bénéficient de l’action menée mais ils sont aussi sollicités en amont (en recueillant leurs attentes et besoins -questionnaires, entretiens, réunions-) et en aval (en évaluant avec et grâce à eux la pertinence de l’action menée). Nous avons défini le cadre général de notre intervention. Soulignons cependant que la capacité d’adaptation aux contextes locaux fait partie intégrante de notre activité. De cette manière ce texte constitue une base de réflexion et de travail, et non une définition figée des Actions Collectives du service A.E.D. Rénovation. 21 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES - Cantal A., Développement social local. A l’écoute d’un territoire comme d’une famille, Lien Social, n°771, 27 octobre 2005 - Conseil Général de la Gironde, Guide des procédures Enfance-Famille, Tome 1 : la prévention, Novembre 2003 - Sanchez J-L., Décentralisation : de l’action sociale au développement social, Editions L’Harmattan, juin 2001. 22