Comportement électoral en France

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Comportement électoral en France
corrigé bac 2013
Examen : Bac ES
Epreuve : Sciences sociales et politiques
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RAPPEL DU SUJET
SUJET 1 : PEUT-ON ENCORE PARLER DE VARIABLES LOURDES EXPLICATIVES DU
COMPORTEMENT ELECTORAL AUJOURD’HUI EN FRANCE ?
Il est demandé au candidat de répondre à la question posée par le sujet :
en construisant une argumentation ;
en exploitant le ou les documents du dossier ;
● en faisant appel à ses connaissances personnelles.
●
●
Il sera tenu compte, dans la notation, de la clarté de l'expression et du soin apporté à la présentation.
Ce sujet comporte deux documents.
DOCUMENT 1 :
L'élection présidentielle française diverge des élections dans d'autres pays en ce qu'elle fait l’objet d'une indécision et
d'une perplexité de la part des électeurs beaucoup plus importantes lorsque s'ouvre la campagne électorale. En 2007,
près de la moitié des électeurs n'a pas arrêté leur choix à cette date, une proportion qui atteint presque les deux tiers
dans les jeunes générations. Et environ la moitié des électeurs n'a pas décidé de son vote avant le jour même de
l'élection ! [...]
Habituellement les campagnes permettent la cristallisation progressive d'orientations qui ne sont que partiellement
formées jusqu'à ce que. L'enjeu de l'élection se rapprochant, il contraigne les citoyens à arrêter un choix définitif. A cet
égard la France est différente : d'une part, nombre d'électeurs restent indécis, plus longtemps, et beaucoup jusqu'au
dernier moment, d'autre part la volatilité électorale (1) est importante, et tout particulièrement celle qui implique des
allégeances(2) plurielles mêlant gauche et droite.
Source : Comment les électeurs font-ils leur choix ?, FRANKLIN Mark, 2009.
(1) Volatilité électorale : électeurs changeant d'orientation de vote entre deux élections.
(2) Allégeance : soutien, soumission à un groupe.
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DOCUMENT 2 :
Champ : enquête réalisée par internet du 3 au 5 mai 2012 (entre des deux tours de l'élection présidentielle)
auprès d'un echantillon représentatif de 3 123 personnes inscrites sur les listes éléctorales (méthode des
quotas) .
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LE CORRIGÉ
"Peut-on encore parler de variables lourdes explicatives du comportement électoral
aujourd'hui en France ?"
I- ANALYSE DU SUJET
Le sujet porte sur le chapitre « Comment expliquer le comportement électoral » compris dans la partie du programme
consacrée à « La participation politique ».
Il renvoie à différentes notions figurant au programme : « les variables lourdes » (appartenance sociale et croyance
religieuse,), « le comportement électoral » (participation/abstention, vote de droite/vote de gauche), l’existence, le poids
et l’actualité des liens de causalité des variables lourdes sur le comportement.
Il pose une question claire qui appelle une réponse mesurée du type « Oui, mais ».
Les deux documents correspondent aux modèles travaillés durant l’année : un texte d’une douzaine de lignes et un
tableau assez long mais relativement simple à interpréter, ils doivent cependant être lus avec attention et utilisés avec
prudence.
Le texte n’aborde qu’indirectement la question posée : en montrant la montée des hésitations et de la volatilité des
électeurs, le document suggère une moindre stabilité du comportement électoral et donc un moindre impact des
variables lourdes.
De son côté, le tableau porte sur les intentions de vote lors du second tour de l’élection présidentielle de 2012, (peut
être un peu réducteur pour étudier le comportement d’une part parce que l’élection présidentielle est traditionnellement
celle où les électeurs français votent le plus et d’autre part parce qu’il n’y a par définition qu’un choix limité à ce second
tour)
Il faut donc éviter de construire son raisonnement à partir de ces seuls documents et bien entendu mobiliser les
connaissances acquises dans l’année.
II- PROPOSITION DE REPONSE
La science politique et la sociologie électorale ont montré l’existence de différentes variables socio-démographiques
pouvant expliquer en large part le comportement électoral des Français depuis le début du XXe siècle. On a ainsi repéré
deux variables dites « lourdes » car ayant une forte influence sur la façon dont les individus, donc les citoyens et les
électeurs, construisent leurs représentations du monde politique, leurs opinions et leurs préférences, il s’agit de la
religion et de l’appartenance sociale.
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Après avoir décrit le poids traditionnel de ces variables, on verra que leur impact a progressivement diminué laissant en
partie la place à d’autres variables telles que l’âge et le genre.
Traditionnellement en France, les catholiques (religion encore la plus répandue même si elle est moins pratiquée) votent
plus fortement à droite que les autres, et les catholiques pratiquants réguliers plus que les autres. De même, il a
longtemps existé un (ou des) votes de classe : la classe ouvrière a longtemps privilégié le vote à gauche (et notamment
le vote communiste des années 1930 aux années 1980), à l’inverse, les travailleurs indépendants (agriculteurs, artisans,
commerçants, chefs d’entreprise) et les plus fortunés (la grande bourgeoisie) votent plus souvent à droite que le reste
de la population.
Si ces variables continuent à jouer un certain rôle comme on le voit dans le document 2 (57% des catholiques et 76%
des catholiques pratiquants réguliers disaient vouloir voter pour Nicolas Sarkozy ; 58% des ouvriers et 56% des
employés indiquaient avoir l’intention de voter pour François Hollande), ils exercent une influence moins forte et moins
persistante que par le passé. Cela tient d’une part à la perte d’influence du catholicisme et plus généralement de la
religion ainsi qu’au brouillage des identités de classe, notamment dans le cas de la classe ouvrière. Cela s’explique
aussi par une plus grande indécision (part d’hésitants croissants) et une forte volatilité (moins d’allégeance) (document
1) ainsi que par une opposition moins nette ou moins perceptible entre droite et gauche.
Ces variables sont donc « moins lourdes » qu’auparavant et sont complétées par d’autres. On peut ainsi noter des
écarts significatifs en fonction de l’âge (les jeunes votent plutôt moins que les autres et votent plus à gauche que la
moyenne alors que les personnes âgées votent plus et plus souvent à droite) et du genre (les femmes votent moins
pour les partis et candidats situés aux extrémités de l’échiquier politique que les hommes).
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III- QUELQUES PLUS POSSIBLES
●
L’influence de la sociologie américaine et notamment du Modèle de Michigan sur la présentation des variables
●
lourdes que l‘on doit en France au CEVIPOF.
L’indice d’Alford qui sert à mesurer approximativement le vote de classe en distinguant ouvrier/non ouvrier et
●
droite/gauche.
L’influence des « variables lourdes » aide à interpréter par exemple les différences de vote très notables entre
l’Ouest et l’Est de Paris
● Sur le vote jeune : en abaissant l’âge de la majorité de 21 à 18 ans après son élection en 1974, Valéry Giscard
d’Estaing a favorisé l’élection de son adversaire François Mitterrand en 1981, les 18-21 ans ayant très
●
majoritairement voté pour le candidat socialiste.
Sur le vote vieux : le vote des plus de 50 ans a été décisif en 2007 pour permettre l’élection de Nicolas Sarkozy
face à son adversaire de gauche Ségolène Royal.
● Sur le vote des femmes : aux élections présidentielles de 2002, Jean-Marie Le Pen est arrivé en 3e position dans le
vote féminin alors qu’en arrivant à la 2 e place de l’ensemble des électeurs ayant voté, il a été qualifié pour le
●
second tour.
Sur l’affaiblissement du vote catholique à droite : les régions de l’Ouest de la France (Bretagne, Pays de la Loire)
où le catholicisme reste très présent votent désormais à gauche (aux diverses élections qui se sont succédé :
Présidentielles, Législatives, Municipales ou Régionales).
● Sur l’affaiblissement du vote ouvrier à gauche : le Front national arrive en tête des votes ouvriers depuis plusieurs
scrutins.
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