Option Term - 8 - Cours

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Option Term - 8 - Cours
John Maynard KEYNES (1883-1946) : Sous-emploi et demande
John Maynard KEYNES (1883-1946) : économiste anglais
Traité sur la monnaie (1930)
Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie (1936)
Grandes problématiques :
comprendre le rôle de la monnaie dans l’économie
comprendre les raisons des défaillances des marchés à obtenir le plein-emploi
I.
L’auteur :
Comme d’habitude, commençons par chercher à comprendre qui est notre auteur et comment
il en est arrivé aux questions qu’il se pose.
Document 1 – Qui est John Maynard Keynes ?
John Maynard Keynes naît en 1883 à Cambridge d’un père chargé des cours de logique et d’économie politique à
l’Université de Cambridge et d’une mère qui multiplia les postes politiques (conseillère municipale puis maire de Cambridge à
partir de 1932). Ses parents sont des libéraux (Whigs) progressistes : ils défendent le progrès social et s’opposent au conservatisme
politique et moral de la société victorienne (le règne de la Reine Victoria dura de 1837 à 1901). C’est dans ce milieu fortement doté
en capital culturel que Keynes grandit. A 14 ans, il intègre le prestigieux collège d’Eton puis entre au « King’s College » à
Cambridge. Il étudiera ainsi l’économie sous l’enseignement de deux grands auteurs néoclassiques : Alfred Marshall (inventeur de
la modélisation néoclassique générale du marché) et Arthur Cecil Pigou (inventeur de l’analyse néoclassique du marché du travail).
A partir des années 1910, il sera également membre du « groupe de Bloomsbury », composé de divers artistes comme l’auteur
Virginia Woolf et divers essayistes politiques libéraux. Il fonda un Club d’économie politique dans les mêmes années et devint le
rédacteur en chef du prestigieux Economic Journal de 1911 à 1937.
Avant de devenir professeur assistant à l’Université de Cambridge en 1909, Keynes passe différents concours
administratifs et est nommé pendant les années 1906 et 1907 membre du Bureau des affaires indiennes. Il passe ces deux années à
étudier l’économie de l’Inde, ce qui le conduisit notamment à étudier le rapport entre la monnaie indienne, la monnaie britannique et
le cours de l’or (La monnaie indienne et la finance, 1913). Cette question de la monnaie le suivit pendant de nombreuses années.
Après la Première Guerre Mondiale, le gouvernement britannique envisage de rétablir le système de l’étalon-or, c'est-à-dire établir
un taux de change fixe entre le cours de la livre sterling et le cours de l’or. En 1923, Keynes publie le Tract on Monetary Reform
pour lutter contre cette politique. Il n’est pas écouté et l’étalon-or est rétabli en 1925. Mais la suite des événements lui donna raison
puisque l’étalon-or est abandonné en 1931 suite aux effets du « jeudi noir » de 1929 sur l’économie anglaise. C’est pourquoi une
problématique lancinante court dans son œuvre :
comprendre le rôle de la monnaie dans l’économie.
Il conclut partiellement ses travaux sur la question par un livre d’importance (qu’on n’étudiera pas directement) :
Traité sur la monnaie (1930).
Cette problématique de la monnaie se rattache alors chez Keynes à un autre problème. Toute la question de l’étalon-or et plus
généralement de la monnaie est en effet liée à la question de la croissance et de l’emploi. Dans son Tract on Monetary Reform
(1923), Keynes explique que le retour à l’étalon-or nécessiterait des politiques économiques d’augmentation des taux d’intérêt et de
diminution des salaires nominaux toutes deux néfastes à la croissance et au plein-emploi. En 1924, le nombre de chômeurs au
Royaume-Uni est de 1 million. En 1925, le retour à l’étalon-or a lieu. Les politiques prévues par Keynes eurent alors lieu. Tout au
long de la période, et avec la crise de 1929, le chômage continua à augmenter et la situation devint intenable pour le gouvernement
britannique. C’est l’expérience de ces problèmes économiques qui conduisit Keynes à sa deuxième grande problématique, la plus
importante pour la pensée économique moderne :
comprendre les raisons des défaillances des marchés à obtenir le plein-emploi
C’est à cette question qu’il répondra dans son ouvrage le plus cité et qui remet en cause toute l’analyse néoclassique de l’économie :
Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie (1936).
Il faut enfin savoir que Keynes est très vite entré directement en contact avec le monde politique, même s’il n’est pas
toujours écouté. En 1914, le directeur du Trésor britannique l’appelle pour devenir intendant de guerre. A la fin de la Première
Guerre Mondiale, il participe à la Conférence de la Paix chargée de la rédaction du Traité de Versailles (dans lequel on précise les
sanctions infligées à l’Allemagne pour avoir perdu la guerre). Isolé politiquement, il démissionne de son poste de représentant
britannique à la Conférence car il est le seul à désirer minimiser les sanctions économiques pesant sur l’Allemagne. De plus, partant
du constat que les Etats-Unis d'Amérique étaient devenus avec la Première Guerre Mondiale les plus grands créanciers (=prêteurs)
de l’économie mondiale, il préconisait de modifier le fonctionnement des relations internationales entre les pays pour favoriser la
reconstruction de l’ensemble de l’Europe. L’avenir lui donna raison puisque les réparations ne furent jamais payées par l’Allemagne
en raison de l’impossibilité pratique de le faire (les sommes représentaient 4 fois le PIB allemand d’avant-guerre) et car la
modification des relations internationales eu lieu en 1945 après la Seconde Guerre Mondiale pendant laquelle les Etats-Unis
d'Amérique renforcèrent leur rôle de créancier du monde avec le Plan Marshall… Le gouvernement britannique fit d’ailleurs à
nouveau appel à Keynes pendant la Seconde Guerre Mondiale pour développer le financement de la guerre. Son travail conduisit à
développer une méthode de comptabilité nationale qui posa les bases de la comptabilité nationale moderne (notamment utilisée en
France par l’INSEE). Il participa également à la conférence de Bretton Woods qui posa les bases du Système Monétaire
International. Son plan ne fut à nouveau pas choisi au profit du Plan White établissant un système de taux de change fixe reposant
sur la parité du dollar par rapport au cours de l’or. L’avenir lui donna à nouveau raison puisque les Etats-Unis d'Amérique abolirent
le système unilatéralement le 15 août 1971. Ce qui eu lieu bien après son décès en 1946 à Tilton.
1
Bref, un grand Monsieur. Mais regardons le détail de sa pensée maintenant.
II.
La rupture keynésienne vis-à-vis de l’analyse néoclassique :
On va voir dans ce grand II le cœur de ce que nous allons retenir de Keynes, c'est-à-dire juste
un petit bout finalement. Mais c’est le cœur de sa pensée. Qu’est-ce qui distingue Keynes
des théories « néoclassiques » dominantes à son époque ? On va d’abord rappeler la
théorie néoclassique puis la différence keynésienne.
A. La vision néoclassique du marché du travail et de l’ajustement économique :
1. Le fonctionnement néoclassique et microéconomique du marché du travail :
Rappels du TD sur le chômage qu’on a déjà fait. Dans ce bout de cours, on va juste reprendre
quelques notes sur ce qui a déjà été dit dans ce TD. En italiques, les ajouts capitaux pour le
cours de spécialité.
Pour les néoclassiques (Marshall, Walras, Pareto, Pigou), la force de travail est une
marchandise comme une autre qui s’échange sur un marché. Il y a d’un côté l’offre de
travail (les personnes qui recherchent un emploi) et de l’autre la demande de travail (les
employeurs) qui varient en fonction du salaire, c'est-à-dire le prix du travail.
NB : pour les néoclassiques, l’offre et la demande de travail dépendent du salaire réel. Il est
égal à : Salaire nominal (sur la fiche de paie) / Niveau général des prix. On considère donc
que les offreurs de travail savent exactement ce qu’ils pourront consommer s’ils obtiennent
un salaire. C’est une hypothèse capitale qui fait que les individus sont rationnels et
comprennent parfaitement tous les enjeux derrière la monnaie. La monnaie n’est donc
qu’un voile qui n’influence pas les échanges.
Comment se détermine l’offre de travail sur le marché ?
Les offreurs font un calcul rationnel pour avoir le plus d’utilité :
- ils peuvent travailler pour gagner un salaire et consommer.
- ils peuvent également utiliser leur temps pour prendre du loisir
Au niveau global, on a alors la relation : l’offre de travail est une fonction croissante du
salaire.
Les demandeurs de travail font également un calcul rationnel :
- d’un côté ils ont besoin d’employés pour produire et gagner du profit.
- de l’autre côté ils paient aux employés un salaire.
Au niveau global, on a alors la relation : la demande de travail est une fonction
décroissante du salaire.
La rencontre entre l’offre et la demande sur le marché du travail détermine alors un
salaire réel d’équilibre et également le niveau d’emploi d’équilibre.
2. La conception néoclassique du chômage :
Que va-t-il alors se passer dans ce système ? On continue la prise de notes en insistant juste
bien sur l’idée du chômage frictionnel.
Comment conçoit-on le chômage dans le système néoclassique de base ?
Document 3 page 353.
2
-
le chômage néoclassique est un « chômage volontaire »
o du côté de l’offre de travail : les offreurs de travail refusent de travailler
pour tel ou tel niveau de salaire réel.
o du côté de la demande de travail : les employeurs refusent d’embaucher
car la productivité marginale du salarié est inférieure à son salaire réel (il
coûte plus que ce qu’il rapporte à l’entreprise)
3. La dynamique globale des marchés : la loi de Say (ou loi des débouchés) :
Bien, maintenant qu’on a dit cela, on va pouvoir conclure sur le bouclage global du système.
Dans la théorie classique puis néoclassique, les mécanismes de marché sur le marché des
biens et services et sur le marché du travail permettent d’obtenir un ajustement
constant source de plein-emploi.
Parmi ces mécanismes de marché, le plus important est la « loi des débouchés » de JeanBaptiste Say (Traité d’économie politique, 1803) et ses conséquences. Document 2 FD.
Document 2 – La loi des débouchés de Jean-Baptiste Say :
« La loi de Say ou « loi des débouchés » est généralement résumée ainsi: "les produits s'échangent contre des
produits", ou "l'offre crée sa propre demande". Une nouvelle entreprise, pour produire, achète des biens ou des services et
embauche des salariés : ce faisant, elle dépense de l'argent. Lequel est à son tour dépensé par les bénéficiaires de ces
paiements. Le surcroît d'offre, c'est-à-dire l’augmentation de la production, suscite donc un surcroît de demande. Certes, il
peut y avoir une discordance microéconomique : le surplus de demande ne va pas forcément se tourner vers l'offre de
l'entreprise concernée, et telle ou telle entreprise peut à tout moment se trouver dans une situation où elle vend moins qu'elle
ne dépense. Mais globalement – d’un point de vue macroéconomique –, le lien entre offre et demande est toujours vérifié,
selon Say.
« Cette loi s'accompagne de deux conséquences : d'une part, c'est l'offre qui est motrice (la demande ne fait que
suivre) et c'est donc elle qui détermine le dynamisme d'une économie ; d'autre part, il ne peut y avoir de crise de
surproduction, mais simplement des désajustements sectoriels transitoires, par exemple parce qu'on produit trop de ceci et pas
assez de cela. Classiques et néoclassiques y croyaient dur comme fer, ce qui les amenait à nier la possibilité de crises
durables suscitées par le système économique lui-même. Les crises ne pouvaient donc venir que de causes externes, comme
une raréfaction des découvertes d'or (qui jouait un rôle monétaire essentiel au XIX esiècle), un choc pétrolier... ou une
mauvaise politique économique de l'Etat (explication de la crise de 1929 par Milton Friedman).
« La loi de Say (ou loi des débouchés) », Alternatives Economiques Pratique, n°31, Novembre 2007
Que nous dit la loi de Say ?
Selon la loi des débouchés, « l’offre crée sa propre demande ».
Pourquoi cela ? Sur un marché, on échange différentes marchandises : une marchandise
est un produit qui permet d’acheter quelque chose d’autre. Quand on augmente la
production, on augmente le nombre de marchandises échangeables sur un marché, on
augmente l’offre. Dans le même temps, quand on augmente la production, on augmente
la capacité à acheter quelque chose d’autre, on augmente la demande. Par conséquent,
quand l’offre de marchandises augmente, la demande de marchandises augmente
également : l’offre crée sa propre demande.
Quelle est la conséquence de la LdB ?
Selon la loi des débouchés, un marché ne peut jamais être en déséquilibre prolongé
puisque toute offre correspond à une demande. Pourquoi ?
On va essayer de dérouler le mécanisme de Say assez simplement. Ecrire dans une couleur
différente le mécanisme d’ajustement (c’est lui qui prend du temps). Faire une couleur pour
les situations d’équilibre, une couleur pour les mécanismes d’ajustement.
3
Attention, dans la pensée néoclassique, le taux d’intérêt dépend de l’offre d’épargne des
ménages et de la demande d’investissement des entreprises. Grâce à la variation des prix et
grâce à la variation du taux d’intérêt, on constate ainsi que les marchés ne sont jamais en
déséquilibre prolongé avec la Loi de Say.
B. La remise en cause radicale de Keynes : le chômage peut être involontaire :
Keynes va alors s’élever contre cette idée d’impossibilité des déséquilibres prolongés. Il va
essayer de trouver un mécanisme pour comprendre les phénomènes qu’il observe dans
l’Angleterre des années 1920 et 1930.
1. Un préalable : les débuts de l’analyse macroéconomique :
Avant de commencer dans la critique elle-même, où il va falloir s’accrocher sacrément, on va
juste reprendre le point de départ de Keynes.
Keynes pense que la théorie néoclassique se trompe quand elle accepte la loi des
débouchés de Say. Pourquoi pense-t-il cela ?
Document 1 page 353.
Que critique Keynes ? Est-ce que d’abord les conclusions des néoclassiques ou la
méthode des néoclassiques ?
La critique de Keynes est d’abord une critique de méthode. Avec la Théorie Générale,
Keynes veut étudier l’économie d’une nouvelle manière par rapport à la théorie
néoclassique, en prenant en compte le comportement de tous les individus en même
temps (macroéconomie) et non le comportement d’un seul généralisé à tous
(microéconomie).
Pourquoi cela ?
Document 2 page 353.
Quel est le problème qu’il nous présente ici ? Problème de chômage.
Quelle est la solution qui est envisagée dans une perspective microéconomique.
Pour ne plus être au chômage, un individu doit diminuer le salaire auquel il prétend ;
cette baisse de salaire est acceptée par l’entreprise qui l’embauche.
Pourquoi cette solution ne résout pas le problème dès que l’on généralise ce
comportement à tous les individus de l’économie ? Si tous les individus diminuent leur
salaire proposé, les entreprises vont peut-être embaucher, mais comme chacun
consomme moins avec ce salaire plus bas, les entreprises n’ont plus intérêt à
embaucher.
Simplement parce que les conclusions théoriques obtenues pour un individu sont
différentes des conclusions théoriques obtenues pour une société globale.
2. La critique de la loi de Say : l’introduction de la monnaie :
En appliquant sa nouvelle manière d’analyser l’économie, Keynes va alors être conduit à
remettre en cause la loi de Say dont on a déjà beaucoup parlé. Pourquoi ?
Leur projeter le schéma classique ou bien leur refaire au tableau. Leur montrer que l’objectif
de Keynes est de comprendre pourquoi des déséquilibres de marché lourds peuvent arriver,
comme en 1929. Il va donc chercher un point dans la théorie qui ne fonctionne pas.
Pour ce qui est de la Loi de Say, on peut être d’accord, mais c’est l’ajustement automatique
qui pose problème. Alors, regardons les deux mécanismes d’ajustement. On peut partir du
côté du marché des biens et services. Dire que les prix ne remplissent pas leur fonction. Sur ce
point, on est plutôt gêné car cela semble plutôt fonctionner dans la réalité. Alors, il ne reste
plus que le marché du crédit et la question du taux d’intérêt. C’est là que Keynes va gratter.
En observant la situation économique de l’Angleterre suite au crash de 1929, Keynes se
rend compte que l’idée néoclassique d’un équilibre automatique des marchés ne
fonctionne pas. Il va donc reprendre la théorie néoclassique pour la critiquer en
s’attaquant à la théorie du taux d’intérêt.
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Regardons à nouveau la théorie néoclassique. Reprenons la logique : hausse de l’offre de
crédit hausse de la demande de crédit, ce qui crée de l’investissement et permet la
production.
Qu’est-ce que cela suppose sur les banques ? Quand prêteraient-elles ? Uniquement
quand elles ont des réserves.
Est-ce vrai ? Rappel de Première. Non. Les banques produisent des crédits même
sans réserve car elles ont un pouvoir : celui de créer de la monnaie.
Donc le taux d’intérêt ne dépend pas de l’offre de crédit lié à l’épargne, mais
d’autre chose. Et ce sera la monnaie qui va déterminer le taux d’intérêt dans
l’économie (on ne va pas chercher à comprendre pourquoi ni comment).
Comme les banques créent de la monnaie en faisant des crédits, Keynes va rejetter
l’analyse néoclassique. Selon lui, la quantité de monnaie dans l’économie détermine le
taux d’intérêt.
Dans ce cadre, la loi des débouchés ne fonctionne plus : l’ajustement ne peut plus avoir
automatiquement lieu entre épargne et investissement puisque le taux d’intérêt ne
s’équilibre pas en fonction de l’offre d’épargne et de la demande d’investissement. On
peut alors avoir des situations de surproduction ou de sous-production dans l’économie.
Le marché peut créer des situations de sous-emploi de façon naturelle.
3. L’existence d’un équilibre de sous-emploi :
On va maintenant bien montrer pourquoi il peut y avoir des situations de chômage durable
chez Keynes à partir de ce qu’on a déjà dit dans le détail. Cela devrait se faire vite. Comment
se détermine alors l’emploi dans l’économie puisque ce n’est pas l’offre qui peut
naturellement équilibrer les marchés ?
a. Le déterminant de l’emploi : la demande effective :
Reprenons le raisonnement depuis le début de Keynes, en partant cette fois-ci de l’emploi
plutôt que de la monnaie. On va refaire le schéma à l’envers. Document 7 page 354.
Selon Keynes, le niveau de l’emploi d’une économie dépend du niveau de la demande
effective : elle désigne la demande, anticipée par les entrepreneurs, qui guide leur
décision de production.
La demande effective est reliée aux revenus et prend deux formes :
- la consommation
- l’investissement
Comment passe-t-on des revenus à la consommation et à l’investissement ?
Lire les documents 8, 11, 12 pages 354 et 355. Faire un schéma reliant les mots suivants :
épargne placée (investissement), consommation, demande effective, épargne thésaurisée
(monnaie), épargne, revenus. Ajoutez au schéma sur 2 des flèches les mots suivants :
propension marginale à consommer, taux d’intérêt.
Chez Keynes, les revenus se partagent entre consommation, épargne thésaurisée et
épargne investie en fonction de la propension marginale à consommer (part des revenus
consacrée à la consommation) et du taux d’intérêt :
Contrairement à Say, une partie des revenus n’alimente pas la demande effective
(consommation et investissement) mais sert d’épargne thésaurisée sous forme de
monnaie.
b. La nature du chômage keynésien :
Lire le document 10 page 354.
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Comme une partie des revenus se transforme en épargne thésaurisée, la loi de Say ne
fonctionne plus. Il peut donc y avoir des situations dans lesquelles la demande effective
ne correspond pas au niveau de production nécessaire pour avoir le plein-emploi. Par
conséquent, le chômage peut être « involontaire » par manque de demande effective.
NB : Est-ce que le montant du salaire est intervenu dans la détermination du chômage ?
Non, pas du tout. Ce n’est pas le salaire qui détermine l’emploi chez Keynes.
Document 4 page 354. Questions I) C) 10 à 13 page 357.
Ceci se comprend quand on voit le changement que fait Keynes dans l’analyse du
salaire. Selon lui, les salariés ne font pas varier l’offre de travail à partir du salaire réel
(ce qu’on peut consommer avec son salaire) mais à partir du salaire nominal (noté sur la
fiche de paie sans prise en compte des prix) : les salariés n’arrêtent pas de travailler
quand il y a de l’inflation (baisse du salaire réel), mais quand le salaire nominal baisse.
Les salariés sont victimes de l’illusion monétaire.
C. Comment lutter contre le chômage involontaire ?
Que peuvent maintenant faire les pouvoirs publics pour lutter contre le chômage. A partir du
moment où les marchés ne s’équilibrent pas seul, les pouvoirs publics ont un rôle à jouer
dans l’économie.
1. L’interventionnisme des pouvoirs publics :
Que peuvent faire les pouvoirs publics pour favoriser le fonctionnement de l’économie ?
Rappelons-nous le problème.
On a une hausse des revenus. Et on constate que la demande effective n’augmente
pas d’autant. Pourquoi n’augmente-t-elle pas d’autant ? Car il y a une partie qui part
en sucette avec l’épargne thésaurisée.
- Les pouvoirs publics peuvent agir directement pour favoriser le plein-emploi.
Document 15 page 356. Questions III)B) 7 et 8 page 357.
Comment faire pour éviter qu’il y ait de la thésaurisation ? Il faut faire varier le
taux d’intérêt pour que la majeure partie de l’épargne rentre dans le système
économique au lieu d’en sortir sous forme de monnaie. Une politique monétaire est
donc nécessaire.
o Par la politique monétaire : le contrôle du taux d’intérêt permet d’éviter
que la part de l’épargne thésaurisée dans l’épargne totale soit trop
importante.
Est-ce que cela suffirait ? Pas toujours. C’est pour cela qu’il faut mutualiser
l’investissement, c'est-à-dire faire en sorte que les pouvoirs publics influent sur les
décisions d’investissement du pays.
o Par la politique budgétaire : l’investissement public est un moyen d’être
sûr d’obtenir le niveau d’investissement nécessaire pour obtenir le pleinemploi.
Peuvent-ils faire autre chose ?
Lire le document 17 page 356.
- Les pouvoirs publics peuvent également agir pour favoriser l’égalité des revenus.
Cette intervention est justifiée pour des raisons de justice sociale et par le fait que
les rentiers détiennent une part importante de l’épargne thésaurisée qui empêche
l’obtention du plein-emploi. La redistribution permet d’augmenter la demande
effective.
2. L’effet multiplicateur de la relance :
Comment la politique budgétaire permet-elle de favoriser le plein-emploi par
l’investissement public ? Grâce au mécanisme du multiplicateur d’investissement.
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Principe du multiplicateur : une augmentation des dépenses publiques en investissement
entraîne, suite à l’augmentation des investissements privés, une augmentation plus
importante du PIB.
Demandez à un élève d’expliquer à nouveau le mécanisme oralement.
Hausse I public (G) Hausse des Y Hausse de C Hausse I privé Hausse Y etc.
D. Conclusion sur la pensée keynésienne de l’emploi :
On va faire un schéma conclusif pour résumer le mécanisme keynésien au niveau global.
Attention à bien s’accrocher pour résumer l’ensemble.
Comment résumer le circuit keynésien de l’économie ?
Faisons maintenant un petit tableau pour bien retenir les points importants.
Méthode
Raisonnement
Déterminants de
l’emploi
Actions des
pouvoirs publics
Analyse néoclassique
Microéconomique généralisée à tous
les individus
Primat de l’offre (Loi de Say)
Salaire réel
Non nécessaire
Analyse keynésienne
Macroéconomique
Primat de la demande
Demande effective, donc consommation (selon propension
marginale à consommer) et investissement (selon taux d’intérêt)
Politique monétaire pour le contrôle du taux d’intérêt
Politique budgétaire pour le contrôle de l’investissement
Politique budgétaire de redistribution pour le contrôle de la
consommation
III.
Les prolongements de l’analyse keynésienne :
L’analyse keynésienne pose alors deux gros problèmes aux économistes qui lui
succèdent :
- est-ce que le salaire a malgré tout une influence sur le chômage ? (A)
- peut-on faire une théorie du chômage involontaire où le salaire a un rôle ? (B)
A. Le débat sur la relation salaire-emploi :
1. Les positions libérale et keynésienne dans le débat contemporain :
Cf. cours sur le chômage.
Synthèse : comment peut-on expliquer le chômage conjoncturel ?
Quel est le point
Quel est le problème ?
Comment le résorber ?
de départ ?
Logique de
Le salaire est un coût. Lorsqu’il est
Baisser le coût du travail :
Point de vue
l’offre
trop élevé, et notamment pour les
libéral
• Baisse du salaire
emplois faiblement qualifiés, les
(d’inspiration
• Baisse des cotisations sociales et patronales
entrepreneurs ne sont pas incités à
néoclassique)
Supprimer le salaire minimum : rémunérer les salariés à
embaucher.
leur productivité marginale.
Plus de flexibilité, c'est-à-dire favoriser l’ajustement des
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salaires.
Point de vue
keynésien
Logique de la
demande
effective
Le salaire est un revenu. Lorsqu’il est Politiques publiques :
trop bas, il n’y a pas assez de
• Indemnités (ex. prime à l’emploi, RMI…)
demande, donc d’incitation à produire
• Restaurer un climat de confiance
et ainsi à embaucher.
Augmenter les salaires : (ex. H. Ford et le « five dollars
day », relance Mauroy de 1981)
Excès d’offre
O>D
Excès de
demande
D>O
Marché du travail
2. La théorie du déséquilibre : une tentative de synthèse du débat :
Pour dépasser l’opposition entre les positions libérale et keynésienne,
Edmond Malinvaud (Réexamen de la théorie du chômage, 1980) tente de montrer avec sa
théorie du déséquilibre que les deux types de chômage coexistent dans une économie.
Document 3 page 360. Remplir le tableau en bas de page et faire la question 2.
Excès d’offre : O>D
Chômage Keynésien :
On retrouve l’équilibre de sous-emploi :
les entreprises ne produisent pas autant
qu’elles le voudraient par insuffisance de
la demande effective.
Il faut donc pratiquer une politique
expansionniste keynésienne.
Marché des B/S
Excès de demande : D>O
Chômage classique :
Le salaire réel est trop élevé pour que les entreprises aient
intérêt à embaucher malgré la forte demande de biens et
services. Il y a un problème de rentabilité.
Il faut donc encourager le taux de marge des entreprises.
Théorème de Schmidt : « les profits d’aujourd'hui font les
investissements de demain et les emplois d’après-demain »
Pression inflationniste :
Les offreurs de travail étant trop rares, ils demanderont un
salaire plus élevé. Dans le même temps, l’excès de demande
de biens et services incite à l’augmentation des prix.
Le chômage actuel est-il surtout keynésien ou surtout classique ?
L’évolution croissante des taux de marge depuis le début des années 1980 indique que le
chômage français est surtout keynésien.
Mais il faut aujourd’hui séparer les branches et les qualifications et appliquer le schéma
de Malinvaud à tous les marchés par branche pour avoir une véritable image du
chômage français.
B. Les prolongements théoriques du chômage involontaire :
Peut-on faire une théorie du chômage involontaire dans la continuité de Keynes où le
salaire a un rôle (contrairement à Keynes) ? Deux théories y ont réussi.
Document 1 page 359. Questions 1 à 6.
1. La théorie du salaire d’efficience :
Les théories du salaire d’efficience montrent que l’entreprise peut avoir intérêt à
proposer des salaires plus élevés que ceux du marché afin :
De diminuer la rotation des postes et d’assurer la stabilité du personnel
(Mortensen).
De motiver les salariés qui, par reconnaissance, sont plus productifs (Akerlof) ; et
ce d’autant plus que le taux de chômage est déjà élevé (Shapiro & Stiglitz).
D’attirer les salariés les plus qualifiés (Weiss).
Quelle conséquence sur l’emploi dans l’économie ? On a un niveau de salaire plus
élevé que celui d’une économie de marché où on ne prend pas ce critère en compte. Donc
on a un niveau de chômage plus important que sans ce salaire d’efficience.
Avec la théorie du salaire d’efficience, il peut alors y avoir un chômage involontaire.
Comme il est dans l’intérêt des entreprises de payer les salariés un peu plus pour être
sûr de la productivité de leurs salariés, les entreprises embauchent un peu moins même
si les chômeurs proposent un niveau de salaire inférieur. C’est bien un chômage
involontaire.
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2. La théorie des insiders/outsiders :
Selon Lindbeck & Snower (1988), le chômage est vu comme un rapport de force entre
deux catégories de salariés :
- Les insiders (ceux qui ont un poste) : leur objectif est d’asseoir leur position dans
l’entreprise. Ils peuvent le faire car ils sont déjà dans l’entreprise et sont donc
déjà productifs. Ils vont alors négocier avec l’employeur leur salaire et vont
obtenir un salaire supérieur à celui du marché.
- Les outsiders (chômeurs candidats à l’embauche) : leur objectif est d’être
embauché. Ils peuvent prétendre à des salaires inférieurs que les insiders (et donc
proposent le salaire du marché) mais sont moins productifs. Cela coûtera alors à
l’entreprise de les former pour qu’ils soient plus productifs.
Avec la théorie des insiders/outsiders, il peut alors y avoir un chômage involontaire.
Comme il y a une productivité meilleure des insiders par rapport aux outsiders, les
entreprises embauchent un peu moins même si les outsiders proposent un niveau de
salaire inférieur. C’est bien un chômage involontaire.
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