Parlement wallon - Groupe PS
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Parlement wallon Groupe Socialiste SECRETARIAT 081/259.572 [email protected] Rue Notre-Dame 9 5000 Namur Fax : 081/ 230.945 Site: www.ps-pw.be Question orale du Député Daniel Senesael à Monsieur Benoît Lutgen, Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine sur « les travaux nécessaires à la mise au gabarit du Haut Escaut » Madame la Présidente, Monsieur le Ministre, chers collègues, ce n'est pas un sujet neuf que j'aborde, mais j'y reviens à cause de l'actualité tournaisienne. En effet, dans une question que je vous posais il y a peu, vous me répondiez : « les gabarits standardisés européens fixent des fourchettes en termes de dimensions, que ce soit au niveau longueur ou largeur, et pas des tonnages ». Et que « pour la mise à gabarit du Haut-Escaut, les infrastructures modifiées dans la traversée de Tournai seront conformes au gabarit européen ». Or, une pétition visant à protéger le Pont des Trous à Tournai a été mise en ligne au début de ce mois. Les signataires s’interrogent sur la concrétisation de la traversée de Tournai dans le cadre du rapport de l'étude ECOREM. Selon les membres de l’association « Les amis de la citadelle de Tournai » qui sont à l’origine de cette pétition, la modification du Pont des Trous ne serait pas nécessaire car ce dernier permettrait déjà le passage des bateaux de 2 500 tonnes et sa hauteur dépasse déjà les 5,25 mètres nécessaires au passage de ces bateaux. Je dois vous avouer que je m’étonne un peu de ces arguments. Il est évident que tous les travaux nécessaires pour la mise à gabarit du Haut-Escaut doivent être réalisés. L’enjeu pour le développement est, me semble-t-il, trop important. Mais l’on sait également l’attachement de nombreux tournaisiens au Pont des trous. L’on ne s’étonnera donc pas que ceux-ci tentent de le protéger. En l’occurrence, les arguments développés semblent pertinents mais contradictoires. Un éclairage, Monsieur le Ministre, ne serait donc pas superflu. Avez-vous connaissance de cette pétition ? Quelles réponses apportez-vous aux arguments et reproches énoncés ? Réponse On va essayer de répondre à M. Senesael en sachant par ailleurs que Mme Bertouille devait se joindre à cette question et qu'on m'a donc préparé une réponse groupée. Je vais essayer de faire le tri entre ce que Mme Bertouille aurait dû dire et que je laisserai de côté et la pertinence des propos de M. Senesael. Le projet de liaison fluviale Seine-Escaut-Est s'inscrit en cohérence avec le projet de création avec le nouveau canal à gabarit Seine-nord-Europe sur le territoire français. Souvenez vous de M. Sarkozy, Président, allant annoncer, sous l'oeil attentif, mais quelque peu en doute de M. Borloo, l'ensemble des travaux, entre Cambrai et Compiègne, et de manière plus large dans le contexte européen du réseau trans-européen du transport RTET. Loin d'être en retard, la Wallonie s'est positionnée depuis plusieurs années dans cette dynamique européenne des réseaux trans-européens de transports et bénéficie à ce titre d'importants subsides européens pour le projet de liaison Seine-Escaut-Est. Comme vous le savez, une étude d'environnementale stratégique sur la liaison fluviale SeineEscaut a été lancée il y a plus d'un an pour étudier l'ensemble des incidences environnementales du projet. Le résultat de cette étude a fait l'objet d'enquêtes publiques dans les 28 communes wallonnes concernées, et l'avis des instances concernées en France, mais aussi en Flandre, a été sollicitée. Les enquêtes publiques se sont terminées le 15 juin dernier, la direction des impacts économiques et environnementaux du SPW, direction générale mobilité voies hydrauliques, en charge de ce dossier, commence à recevoir les avis des communes et instances. Ceux-ci sont favorables pour l'instant, mais toutes n'ont pas encore répondu.Attendons donc, soyons prudents ! Par la suite en fonction des avis reçus, un projet de déclaration environnementale sera élaboré soumis à la probation du gouvernement. En ce qui concerne la mise à gabarit de la traversée de Tournai, je comprends fort bien la réaction, je l'entends, des amis de la Citadelle de Tournai qui craignent que le patrimoine qu'ils défendent ne soit sacrifié au profit des infrastructures de transports fluviales. Je l'ai déjà dit, et je le répète une fois de plus, le respect du patrimoine est impératif dans chaque dossier. Je ne peux pas, par contre, laisser passer ces affirmations techniques qui ne correspondent pas à la réalité. Je m'explique : sur le tonnage, des bateaux de 2 500 tonnes qui traversent Tournai, c'est exact mais faux également. En effet, se sont des bateaux de capacité maximale de 2 500 tonnes qui passent mais chargés uniquement à 1 500 tonnes. Leurs dimensions, 100 à 110 mètres de long et surtout de 9,5 à 10,5 mètres de large, sont rares dans la flotte européenne et ne rentrent pas dans les standards de classement européen, ils sont trop longs pour être dans la classe 4 et trop étroits par rapport à la classe 5 A. La mise au gabarit de classe 5 A de la traversée de Tournai permettra le passage de bateaux de 110 mètres de long et 11,40 mètres de large. Le tonnage dépendra évidemment de la forme de la coque et de son enfoncement. Ce sont des bateaux qu'il faut évidement pouvoir faire passer à Tournai car ils deviennent le standard européen. Leur flotte ne fait qu'augmenter. Au sujet de la hauteur libre sous les ponts, la hauteur libre de 5,5 mètres citée n'est pas à mettre en rapport avec le tonnage des bateaux, il s'agit d'une caractéristique déterminante pour le transport de conteneurs qui nécessite une grande hauteur au-dessus du plan d'eau. Avec 5,25 mètres, les bateaux peuvent transporter des conteneurs sur deux couches, tandis qu'avec sept mètres, ils peuvent en transporter 3 couches. 2/3 Si le Pont des Trous est modifié, pour porter sa hauteur libre à sept mètres, la modification n'en sera que mineure puisque la hauteur libre est déjà de 6,5 mètres aujourd'hui. Pour ce qui est de l'étude technique sur le Pont des Trous, qui va débuter dans les mois qui viennent, elle teindra évidemment compte des remarques émises lors de l'enquête publique à Tournai, tout comme elle teindra compte de l'aspect patrimonial du site. Je l'ai dit à plusieurs reprises, cette étude sera suivie par un comité d'accompagnement. Celui-ci sera notamment composé de représentants de la direction générale de la mobilité de voies hydrauliques de la Ville de Tournai, de la CCATM de Tournai, et de la direction générale de l'urbanisme des sites de l'IPW, de la commission royale des monuments, des sites et des fouilles. Beaucoup de personnes compétentes et intelligentes. Ce comité sera le garant d'un aménagement respectueux du site et de ces environs. Ce qui est bien, c'est que grâce à tout cela, on reparle du Pont des Trous et on va le valoriser. J'en suis intiment convaincu. Je l'ai dit à plusieurs reprises ici. Refait en 1948, il a déjà subi des modifications. Il va en subir sans doute à l'avenir. Je trouve qu'il y a moyen, à la fois, de réussir le pari majeur de pouvoir se mettre au normes standardisées au niveau européen et donc d'avoir ce beau projet Seine-Escaut qui est un projet de mobilité durable, en même temps de réussir le pari du patrimoine en termes de restauration, d'amélioration du Pont des Trous et de sa valorisation d'ailleurs sur le plan touristique, puisqu'on pourrait aussi investir en la matière, me semble-t-il. Il y avait un restaurant là dans le temps, si mes souvenirs sont bons, il n'y a plus rien ! Et bien profitons de ces aménagements pour y reconstruire quelque chose d'important, d'intéressant pour toute la région. M. Senesael Merci Mme la Présidente. Je remercie M. le Ministre d'abord pour la confirmation de ce qui avait déjà été dit précédemment. Je remercie M. le Ministre aussi pour sa volonté, sa détermination de veiller à pouvoir réussir le pari, voire le défi à relever de maintenir un patrimoine de qualité, fierté des tournaisiens, mais en même temps favoriser la mobilité des marchandises par la voie d'eau qui est, au niveau environnemental, en ce qui me concerne plus particulièrement, vraiment une nécessité impérieuse. On parlait tout à l'heure des routes abimées, des tonnages qu'elles doivent supporter et la voie d'eau est vraiment une opportunité à saisir dans ce cadre européen. Le ministre la souligné, si l'oeil du président était attentif, l'autre était dubitatif, en tout cas, nous on ne va pas loucher et on va regarder dans une même direction, celle qui allie performances techniques et maintien de notre patrimoine. Je m'inscris totalement dans les propos qui ont été tenus par M. le Ministre. 3/3