Parlement wallon - Groupe PS

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Parlement wallon
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Question orale du Député Daniel Senesael à Monsieur Benoît Lutgen, Ministre des
Travaux publics, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du
Patrimoine sur « les travaux nécessaires à la mise au gabarit du Haut Escaut »
Madame la Présidente, Monsieur le Ministre, chers collègues, ce n'est pas un sujet neuf que
j'aborde, mais j'y reviens à cause de l'actualité tournaisienne. En effet, dans une question que je
vous posais il y a peu, vous me répondiez : « les gabarits standardisés européens fixent des
fourchettes en termes de dimensions, que ce soit au niveau longueur ou largeur, et pas des
tonnages ». Et que « pour la mise à gabarit du Haut-Escaut, les infrastructures modifiées
dans la traversée de Tournai seront conformes au gabarit européen ».
Or, une pétition visant à protéger le Pont des Trous à Tournai a été mise en ligne au début de ce
mois. Les signataires s’interrogent sur la concrétisation de la traversée de Tournai dans le cadre
du rapport de l'étude ECOREM. Selon les membres de l’association « Les amis de la citadelle
de Tournai » qui sont à l’origine de cette pétition, la modification du Pont des Trous ne serait
pas nécessaire car ce dernier permettrait déjà le passage des bateaux de 2 500 tonnes et sa
hauteur dépasse déjà les 5,25 mètres nécessaires au passage de ces bateaux. Je dois vous
avouer que je m’étonne un peu de ces arguments.
Il est évident que tous les travaux nécessaires pour la mise à gabarit du Haut-Escaut doivent
être réalisés. L’enjeu pour le développement est, me semble-t-il, trop important. Mais l’on sait
également l’attachement de nombreux tournaisiens au Pont des trous. L’on ne s’étonnera donc
pas que ceux-ci tentent de le protéger. En l’occurrence, les arguments développés semblent
pertinents mais contradictoires. Un éclairage, Monsieur le Ministre, ne serait donc pas superflu.
Avez-vous connaissance de cette pétition ? Quelles réponses apportez-vous aux arguments et
reproches énoncés ?
Réponse
On va essayer de répondre à M. Senesael en sachant par ailleurs que Mme Bertouille devait se
joindre à cette question et qu'on m'a donc préparé une réponse groupée. Je vais essayer de faire
le tri entre ce que Mme Bertouille aurait dû dire et que je laisserai de côté et la pertinence des
propos de M. Senesael.
Le projet de liaison fluviale Seine-Escaut-Est s'inscrit en cohérence avec le projet de création
avec le nouveau canal à gabarit Seine-nord-Europe sur le territoire français. Souvenez vous de
M. Sarkozy, Président, allant annoncer, sous l'oeil attentif, mais quelque peu en doute de M.
Borloo, l'ensemble des travaux, entre Cambrai et Compiègne, et de manière plus large dans le
contexte européen du réseau trans-européen du transport RTET.
Loin d'être en retard, la Wallonie s'est positionnée depuis plusieurs années dans cette
dynamique européenne des réseaux trans-européens de transports et bénéficie à ce titre
d'importants subsides européens pour le projet de liaison Seine-Escaut-Est.
Comme vous le savez, une étude d'environnementale stratégique sur la liaison fluviale SeineEscaut a été lancée il y a plus d'un an pour étudier l'ensemble des incidences
environnementales du projet.
Le résultat de cette étude a fait l'objet d'enquêtes publiques dans les 28 communes wallonnes
concernées, et l'avis des instances concernées en France, mais aussi en Flandre, a été sollicitée.
Les enquêtes publiques se sont terminées le 15 juin dernier, la direction des impacts
économiques et environnementaux du SPW, direction générale mobilité voies hydrauliques, en
charge de ce dossier, commence à recevoir les avis des communes et instances. Ceux-ci sont
favorables pour l'instant, mais toutes n'ont pas encore répondu.Attendons donc, soyons
prudents !
Par la suite en fonction des avis reçus, un projet de déclaration environnementale sera élaboré
soumis à la probation du gouvernement.
En ce qui concerne la mise à gabarit de la traversée de Tournai, je comprends fort bien la
réaction, je l'entends, des amis de la Citadelle de Tournai qui craignent que le patrimoine qu'ils
défendent ne soit sacrifié au profit des infrastructures de transports fluviales.
Je l'ai déjà dit, et je le répète une fois de plus, le respect du patrimoine est impératif dans
chaque dossier. Je ne peux pas, par contre, laisser passer ces affirmations techniques qui ne
correspondent pas à la réalité.
Je m'explique : sur le tonnage, des bateaux de 2 500 tonnes qui traversent Tournai, c'est exact
mais faux également. En effet, se sont des bateaux de capacité maximale de 2 500 tonnes qui
passent mais chargés uniquement à 1 500 tonnes. Leurs dimensions, 100 à 110 mètres de long
et surtout de 9,5 à 10,5 mètres de large, sont rares dans la flotte européenne et ne rentrent pas
dans les standards de classement européen, ils sont trop longs pour être dans la classe 4 et trop
étroits par rapport à la classe 5 A.
La mise au gabarit de classe 5 A de la traversée de Tournai permettra le passage de bateaux de
110 mètres de long et 11,40 mètres de large.
Le tonnage dépendra évidemment de la forme de la coque et de son enfoncement.
Ce sont des bateaux qu'il faut évidement pouvoir faire passer à Tournai car ils deviennent le
standard européen. Leur flotte ne fait qu'augmenter.
Au sujet de la hauteur libre sous les ponts, la hauteur libre de 5,5 mètres citée n'est pas à mettre
en rapport avec le tonnage des bateaux, il s'agit d'une caractéristique déterminante pour le
transport de conteneurs qui nécessite une grande hauteur au-dessus du plan d'eau.
Avec 5,25 mètres, les bateaux peuvent transporter des conteneurs sur deux couches, tandis
qu'avec sept mètres, ils peuvent en transporter 3 couches.
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Si le Pont des Trous est modifié, pour porter sa hauteur libre à sept mètres, la modification n'en
sera que mineure puisque la hauteur libre est déjà de 6,5 mètres aujourd'hui.
Pour ce qui est de l'étude technique sur le Pont des Trous, qui va débuter dans les mois qui
viennent, elle teindra évidemment compte des remarques émises lors de l'enquête publique à
Tournai, tout comme elle teindra compte de l'aspect patrimonial du site. Je l'ai dit à plusieurs
reprises, cette étude sera suivie par un comité d'accompagnement. Celui-ci sera notamment
composé de représentants de la direction générale de la mobilité de voies hydrauliques de la
Ville de Tournai, de la CCATM de Tournai, et de la direction générale de l'urbanisme des sites
de l'IPW, de la commission royale des monuments, des sites et des fouilles. Beaucoup de
personnes compétentes et intelligentes. Ce comité sera le garant d'un aménagement
respectueux du site et de ces environs.
Ce qui est bien, c'est que grâce à tout cela, on reparle du Pont des Trous et on va le valoriser.
J'en suis intiment convaincu. Je l'ai dit à plusieurs reprises ici.
Refait en 1948, il a déjà subi des modifications. Il va en subir sans doute à l'avenir. Je trouve
qu'il y a moyen, à la fois, de réussir le pari majeur de pouvoir se mettre au normes
standardisées au niveau européen et donc d'avoir ce beau projet Seine-Escaut qui est un projet
de mobilité durable, en même temps de réussir le pari du patrimoine en termes de restauration,
d'amélioration du Pont des Trous et de sa valorisation d'ailleurs sur le plan touristique,
puisqu'on pourrait aussi investir en la matière, me semble-t-il.
Il y avait un restaurant là dans le temps, si mes souvenirs sont bons, il n'y a plus rien ! Et bien
profitons de ces aménagements pour y reconstruire quelque chose d'important, d'intéressant
pour toute la région.
M. Senesael
Merci Mme la Présidente. Je remercie M. le Ministre d'abord pour la confirmation de ce qui
avait déjà été dit précédemment. Je remercie M. le Ministre aussi pour sa volonté, sa
détermination de veiller à pouvoir réussir le pari, voire le défi à relever de maintenir un
patrimoine de qualité, fierté des tournaisiens, mais en même temps favoriser la mobilité des
marchandises par la voie d'eau qui est, au niveau environnemental, en ce qui me concerne plus
particulièrement, vraiment une nécessité impérieuse.
On parlait tout à l'heure des routes abimées, des tonnages qu'elles doivent supporter et la voie
d'eau est vraiment une opportunité à saisir dans ce cadre européen. Le ministre la souligné, si
l'oeil du président était attentif, l'autre était dubitatif, en tout cas, nous on ne va pas loucher et
on va regarder dans une même direction, celle qui allie performances techniques et maintien de
notre patrimoine. Je m'inscris totalement dans les propos qui ont été tenus par M. le Ministre.
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