diplome national du brevet

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diplome national du brevet
Examen : Bac S
Epreuve : Philosophie
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PRESENTATION DU TEXTE
Ce texte de Pascal se rapporte principalement à la notion de vérité. Cependant l’enjeu n’est pas la
connaissance (comme le cours sur la vérité pris dans le chapitre « La raison et le réel » nous invite à le
faire), mais la morale. Ainsi les élèves y retrouveront la problématique à laquelle ils pensent souvent le
plus spontanément : « Toute vérité est-elle bonne à dire ? », ou « Faut-il toujours dire la vérité ? ». Mais
attention ! Il fallait pouvoir étudier le problème de ce texte qui ne se réduit pas à cette problématique, loin
de là. En effet, est en jeu dans ce texte l’intérêt et par là, une certaine problématique sociale qui a une
conséquence qui touche, ici, l’individu lui-même. Ainsi, la société, la justice, la morale et la conscience
étaient aussi des notions du programme de philosophie en jeu dans ce texte.
Ce texte était difficile à expliquer, d’une part, par le thème en apparence classique qu’il traite sans
que cela soit un problème central dans le programme de philosophie, d’autre part, par l’argumentation
sinueuse, voire retorse de Pascal.
L’IDEE PRINCIPALE DU TEXTE
La question à laquelle l’auteur répond est : est-il bon de toujours dire la vérité ?
La réponse de l’auteur, c’est-à-dire sa thèse, est : non, si on veut se faire aimer des autres, il vaut
mieux ne pas dire la vérité, car, personnellement, on n’a jamais intérêt à dire la vérité.
L’enjeu de ce texte est la conséquence induite par cette nécessaire hypocrisie sociale, et tel est le
problème de ce texte : parce que l’homme évite de dire la vérité aux autres, il ne veut pas qu’on lui dise
la vérité ! La conséquence du mensonge à l’autre est le nécessaire mensonge à soi !
Il ne fallait donc pas penser que la flatterie, le mensonge et l’hypocrisie qui masquent la vérité
apparemment consciemment, nous protègent du mensonge à soi sous prétexte que lorsqu’on ment on
sait qu’on ne dit pas la vérité. Ici, il y a un enjeu social et individuel : la vérité est perdue de vue et « la vie
n’est qu’une illusion ».
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LES NOTIONS ET CONCEPTS-CLES DU TEXTE
Le texte ne présente pas de notions ou concepts-clés forts autour desquels l’argumentation se
construirait. Ici, l’analyse conceptuelle doit se pencher sur les paradoxes humains, sociaux et
psychologiques.
Ainsi « dire la vérité », qui est le thème de ce texte de manière large, devient par intérêt « ce qu’il ne faut
pas faire » si on veut garder sa place auprès de ceux dont on veut se faire aimer, un prince, un ami, bien
que cela soit contraire à la justice et à la raison.
On peut voir, dans les dernières lignes, le style elliptique de l’argumentation de Pascal : « L’homme
n’est donc que déguisement, que mensonge et hypocrisie, et en soi-même et à l’égard des autres. Il ne
veut donc pas qu’on lui dise la vérité. » Autant le premier « donc » est bien une conséquence de ce qui
précède, autant le deuxième « donc » n’est en rien nécessité par ce qui précède. Pourquoi, en effet,
parce qu’on ment aux autres, voudrait-on qu’on nous mente ? Pourquoi parce qu’on ment aux
autres (ce que dit bien le texte) se ment-on à soi-même ? C’est bien la difficulté de ce texte qui ne se
cache derrière aucune notion ou concept-clé du texte, mais bien dans le cœur de l’homme. Il y a
comme un consensus (social) sur le fait qu’il vaut mieux ne pas dire la vérité, qu’il vaut mieux préférer le
mensonge à la vérité. Consensus admis par les élèves, pointé du doigt ici par Pascal, mais contraire à la
raison : l’intérêt m’y pousse, et cette disposition a sa racine « naturelle dans le cœur » de l’homme. Ce
n’est pas la raison qui veut le mensonge, mais le cœur : j’aime mieux cela, parce que je veux vivre en
société, et cela est bien naturel.
LA STRUCTURE DU TEXTE
La structure du texte peut s’appuyer sur les trois paragraphes. La difficulté ne réside pas dans le
découpage, mais dans l’enchaînement des idées relatives à chaque paragraphe.
Dans un premier temps, Pascal montre qu’il y a un désavantage à dire la vérité en prenant pour
exemple le prince. Le prince est un exemple particulier de personne de « bonne fortune » dont on
cherche à être aimé. Ainsi, l’attitude requise dans ce cas particulier confortera la vérité générale selon
laquelle « dire la vérité est désavantageux à ceux qui la disent parce qu’ils se font haïr ».
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Mais, dans un deuxième temps, Pascal, en prenant l’exemple de l’amitié, montre que ce n’est pas
vrai seulement dans le cas des personnes de « bonne fortune ». Ainsi c’est une conséquence
généralisable : du fait qu’il y a un désavantage à dire la vérité, « la vie entre les hommes est une
perpétuelle illusion ».
D’où une conséquence plus paradoxale, présentée dans un troisième et dernier temps : si la vie
entre les hommes est illusion, alors l’homme est mensonge, tant à l’égard des autres qu’à l’égard de luimême. Telle est la conséquence individuelle : chacun préfèrera qu’on ne lui dise pas la vérité.
QUELQUES PISTES DE DEVELOPPEMENT DE L’INTERET PHILOSOPHIQUE
Il apparaît donc très clairement que les deux conséquences présentées par Pascal sont contraires
à la morale et à l’exigence de vérité propre au philosophe ou au scientifique. Elles répondent à un
phénomène social qui s’explique par la nature humaine (la recherche de ce qui est le plus profitable pour
soi, la crainte de la haine de l’autre ou la peur de blesser, l’application à soi de ce qu’on estime être
préférable pour les autres). C’est presque de l’anthropologie, une étude de l’homme. On pourrait donc
développer cette piste anthropologique. Et la réflexion porterait plus sur l’aspect social et
anthropologique.
On pourrait aussi discuter l’ultime conséquence : le mensonge à soi, en le mettant en rapport avec
la mauvaise foi telle que Sartre l’analyse quant à une réflexion portant plus sur les paradoxes du sujet.
On ramènerait alors la discussion au cours sur la conscience.
Enfin, dans le sillage de Kant, on pourrait ramener la discussion à l’exigence de vérité, au devoir
moral de dire la vérité, pour rendre possible la vie entre les hommes. Nous pourrions alors opposer à
Pascal une autre conception de la société, moins anthropologique mais plus tournée vers ce qu’elle
devrait être.
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