Martin Lord et Christopher Varady-Szabo Communiqué

Transcription

Martin Lord et Christopher Varady-Szabo Communiqué
ROBER RACINE
KARINA PAWLIKOWSKI
exposition du 22 février au 25 mars
ouverture le 22 février à 18h30
LA GRAVITÉ
texte de Jonathan Demers
La gravité d’un corps dépend de la place qu’il occupe dans l’univers. Sur la Lune, la gravité est 1/81 celle de
la Terre. Il y a quelque chose de lourd à être ici. Ce lieu d’où on est, que nous redéfinissons et repositionnons
constamment, se déplace, parfois à la vitesse de la lumière; en orbite autour d’un axe; par la poussée d’une
explosion; ou par l’attrait d’un trou noir. Il se dépeint de manières éparses, dans des formes et des actions
diverses, parfois mondaines, parfois existentielles. Nous sommes tous préoccupés par cette position, qu’elle
soit cardinale ou humaine. Elle peut peser comme un poids, comme une question à laquelle il est impératif
de répondre, ou nous aligner sur des images formelles, sur lesquelles on s’attarde comme à une courtepointe.
Qu’est-ce qui nous obsède ? Une chose ou deux, sans plus. Nous ne sommes pas des êtres très complexes.
Nos obsessions reviennent et résonnent de mille et une manières dans les gestes que nous posons, parfois ne
laissant aucune trace, par moments étant «grosses comme le bras». On peut voir dans les dessins des pagesmiroirs de Rober Racine, dans Gustave Flaubert 1880-1980 Escalier Salammbô, et plus littéralement dans
Spica et Mare Serenitatis, des effluves des tracés photographiques que les astronautes des missions Apollo
laissèrent comme preuves et empreintes de leur voyage. Depuis plusieurs années Rober Racine collectionne les
mots, les prestations de Vexations de Satie, il collectionne les collectionneurs et les vautours. Il y a, quelque part
dans ces images, des ramifications avec la conquête spatiale, les missions Apollo, l’espace, le nom des étoiles
et cette position gravitationnelle que peu de personne ont pu, depuis le début des temps, éprouver : «the stars
are everywhere, even below me»1.
Pour sa part, Karina Pawlikowski traite de la gravité d’une autre manière. Cette lune noire qu’elle nous expose
semble être la cause grave de ce qui flotte dans l’espace, fixé dans le temps (ou la chute). À la fois mystique
et tragique, aux abords d’un rituel sacralisé, l’espace qu’elle érige interroge le lien lourd qui nous uni à la mort.
Il existe un oiseau qui se fixe dans le ciel dans une immobilité quasi parfaite. Ce petit rapace, suspendu dans
un espace aussi vaste qu’intangible, guette sa proie. Dans cette position, il renonce à toute progression, chute,
ou ascension. Réussir ce tour de force, défier toute gravité, n’est pas chose facile : ce rapace y arrive « parce
qu’il se place contre le vent - parce que le milieu, l’air, est lui-même en mouvement - que le corps de l’oiseau
peut ainsi jouer à suspendre l’ordre normal des choses et à déployer cette immobilité de funambule, cette
«immobilité virtuose». Voilà ce qui importe : faire de ses gestes2 une forme déduite, fût-elle immobile, de forces
multiples »3.
Michael Collins, astronaute, Apollo 11, 1969
Dans le texte original, lire : Voilà exactement, me suis-je dit alors, ce que c’est que danser : faire de son corps, […].
3
Georges Didi-Huberman, Le danseur des solitudes, Les éditions de minuit, 2006
1
2
AXENÉO7, 80, rue Hanson Gatineau (Québec) J8Y 3M5
819-771-2122
[email protected]
ROBER RACINE
KARINA PAWLIKOWSKI
Exhibition from February 22nd to March 25th
Openign February 22nd at 6:30pm
THE GRAVITY
text by Jonathan Demers
The gravity of a body depends on the place it occupies in the universe. On the Moon, gravity is only 1/81 of that
of the Earth’s. There is something heavy about being here. This place we call home, that we constantly redefine
and reposition, is in movement ; at the speed of light ; in orbit around an axis ; propelled by an explosion ; or
lured by a black hole. This place is depicted in dispersed ways, through various forms and actions that can be
mundane or existential. Whether it is cardinal or humane, we are all preoccupied by this position. It can press
upon us like a weight, like an imperative questions begging for an answer, or align us on more formal imagery,
on which we can linger like patchwork.
What obsesses us? One or two things at the very most. We aren’t very complex beings. In a million different
ways our obsessions return and resonate in the gestures we make, at times barely leaving a trace, at times
blatantly obvious. Thus, in Rober Racine’s pages-miroirs drawings and also in Gustave Flaubert 1880-1980
Escalier Salammbô but even more literally so in Spica et Mare Serentatis, we can observe emanations from the
photographs taken by the Apollo astronauts as proof and traces of their voyage. Over the years Rober Racine
has collected words, collected performances of Satie’s Vexations, he collected collectors, and even collected
vulchers. Somewhere in those images lie the ramifications of space exploration, of the Apollo missions, of
space, the name of the stars and a gravitational position that few have had the chance to experience since the
beginning of time: the stars are everywhere, even below me1.
As for Karina Pawlikowski, gravity is dealt with in another way. Her black moon seems to be the grievous cause
of everything that is floating in space, frozen in time (or in plunge). Both mystical and tragic, in the manner of a
sacred ritual, the space she is creating questions of the heavy bond that unites us all with death.
There exists a bird that hangs in the sky in near perfect stillness. This small predator, aloft in such a vast expanse
of space, watches his prey. In this position it waves all progression, descent or climb. To succeed this tour de
force, to defy all notions of gravity, is not an easy task: this predator manages to do so « because it positions itself
against the wind- because the environment, the air, is also in movement- the bird’s body can also suspend the
normal order if things and deploy the stillness of a tightrope walker, this virtuous stillness.What really matters is
this: to make of ones gestures2 an inferred form, be it still, of multiple forces»3.
Michael Collins, astronaute, Apollo 11, 1969
In the original texte read […to make of ones bodies…]
3
Georges Didi-Huberman, Le danseur des solitudes, Les éditions de minuit, 2006 ( open translation by autor J.Lefort)
1
2
AXENÉO7, 80, rue Hanson Gatineau (Québec) J8Y 3M5
819-771-2122
[email protected]

Documents pareils