CR V2 stage taille 14 décembre 2012

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CR V2 stage taille 14 décembre 2012
ATOUT FRUIT
Taille douce des arbres fruitiers
à Chalabre le 14 décembre 2012 avec Joël BERGERON
CompteCompte-rendu
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Première leçon avant toute opération de taille : de bons outils bien affûtés !
Le sécateur doit être bien réglé, bien affûté et huilé.
La scie doit être une scie arboricole et non une scie à bûche ou une scie égoïne ! On peut choisir une
scie japonaise qui scie en tirant et ne s'affûte ni ne s’avoie pas... mais c'est plus cher !
Pour les branches à couper, de diamètre intermédiaire entre ce qui se coupe au sécateur et ce qui se
coupe à la scie, il y a le sécateur à deux manches,
Pour les branches à couper en hauteur inaccessibles par une échelle : l'échenilloir (sécateur au bout
d'un long manche) et/ou la scie au bout d'un long manche.
Côté échelle, éviter les escabeaux qui sont dangereux, mais préférer les échelles à poser contre une
branche (solide!) ou le tronc. L'échelle fruitière a un pied en arrière et les deux pieds de devant très
écartés, elle a une forme pointue pour pouvoir se faufiler entre les branches.
Comment tailler ?
Pour permettre à l'arbre de bien cicatriser, il est très important de couper la branche au bon endroit
et de la bonne façon :
− on coupe à l'endroit du pli à la base de la branche, légèrement en oblique pour que la pluie
s'écoule et ne reste pas sur la coupe, on ne laisse pas de « chicot » qui cicatrisera mal et
risque d'apporter la pourriture, on ne coupera pas non plus trop à l'intérieur pour que le
bourrelet de cicatrisation se fasse bien.
− Pour couper de la bonne façon, on applique la partie épaisse du sécateur (la « contre-lame »)
sur la partie de la branche qui partira (ce qu'on enlève) et la lame du sécateur sur la partie de
la branche qui reste.
Tout cela permet de se passer complètement de mastic !
Avant de tailler : d'abord observer !
La clé de la taille douce est de tailler le moins possible, pour éviter les traumatismes à l'arbre.
La clé réside aussi dans l'adéquation de ce qu'on a acheté avec ce qu'on veut obtenir : si on veut un
grand arbre, il faut acheter un arbre greffé sur un porte-greffe vigoureux (appelé « franc » en général,
c'est à dire issu de semis). Mais si on veut un petit arbre et qu'on a acheté un arbre greffé sur un
porte-greffe vigoureux, il est inutile de tailler à tout va, l'arbre poussera de façon vigoureuse et on ne
pourra jamais avoir un petit arbre !
L'année de la plantation : ne pas tailler, pour ne pas rajouter un stress de plus à l'arbre à celui d'avoir
été transplanté : on risque d'affaiblir l'arbre et qu'il ne produise pas de branches suffisamment fortes
pour devenir de vraies charpentières.
L'idéal est même de planter un « scion » d'un an, c'est à dire un tout jeune arbre, qui s'adaptera très
vite. Ne pas le tailler non plus la première année.
Taille de formation : la taille
taille des jeunes arbres
Nous nous déplaçons vers la première parcelle, qui a été plantée il y a un an, il s'agit donc de tout
jeunes arbres... qui dans l'idéal, n'auraient pas dû être taillés lors de la plantation. Nous observons
que ce n'est pas le cas.
Pour tailler un jeune arbre, il faut visualiser l'ouverture des branches pour y faire rentrer la lumière.
Et pour favoriser l'ouverture de l'arbre, il faut :
− tailler sur un bourgeon qui se dirige vers l'extérieur de l'arbre
− éviter de laisser les branches qui sont tournées vers l'intérieur
− équilibrer l'arbre en laissant 3 ou 4 branches qui seront les charpentières
Petites critiques de ce premier verger :
− la plupart des arbres ont été plantés trop profondément : il faut bien faire attention que le
« collet » de l'arbre (c'est à dire la limite entre la partie souterraine et la partie aérienne) soit
au même endroit, c'est à dire au niveau du sol. Ne pas confondre collet et point de greffe !
− La concurrence de l'herbe est trop forte : les 3 premières années, il faut bien dégager l'herbe
au pied des arbres. Un très bon produit qui marche très bien pour les arbres (et petits fruits,
tout ce qui fait du bois), c'est le BRF ou « bois raméal fragmenté » : on le dispose en couche
épaisse autour du pied de l'arbre, ça protège à la fois des mauvaises herbes et des intempéries
et ça apporte de l'humus. Le travail du sol apporte l'oxygène pour que les racines puissent
respirer.
« Lecture » de l'arbre :
Pour « lire » un arbre, son état, son fonctionnement, il faut l'observer.
Tout d'abord on regarde la pousse de l'année,
l'année c'est à dire la longueur des rameaux de l'année
précédente : s'ils sont longs, l'arbre a bien poussé (pour un arbre jeune c'est normal), s'ils sont courts
c'est que l'arbre a souffert (ou qu'il est vieux).
On regarde aussi l'équilibre de l'arbre,
l'arbre c'est à dire le rapport entre la vigueur (la quantité de bois, de
rameaux à bois) et le stress (les yeux à fleurs) : s'il y a trop de l'un ou de l'autre, l'arbre n'est pas
équilibré. Il faudra alors corriger, … par la taille :
− en taillant beaucoup, on va favoriser le bois (les yeux à bois)
− en taillant peu, on va favoriser le fruit (les yeux à fruits)
Le tuteur :
Il est recommandé de tuteurer un jeune arbre qu'on plante pour lui éviter trop de mouvements de ses
racines mais il est déconseillé de tuteurer trop haut pour que les racines ne bougent pas (seul le
houppier bouge) et ainsi favoriser son enracinement.
L'idéal est de tuteurer à environ 2/3 de la hauteur du tronc.
Pour protéger le tronc du tuteur et du lien, on utilisera un lien en caoutchouc de préférence, qu'on
aura soin de desserrer chaque année pour permettre à l'arbre de pousser !
La position du tuteur sera déterminée par les vents dominants : on l'interpose entre les vents et
l'arbre. À noter que si on plante un scion, on n'est pas obligé de tuteurer.
Principe de la taille et hormones :
La pousse terminale d'une branche est appelé « apex ». Elle produit une hormone appelée « auxine »
qui inhibe les bourgeons inférieurs, c'est à dire qui empêche la formation de branches secondaires.
Quand on taille la branche supérieure, on enlève l'apex et donc on provoque la formation de branches
secondaires qui pourront devenir les charpentières. La taille détermine la qualité des bourgeons.
Commentaires et conseils de taille sur les arbres du premier verger (jeunes arbres) :
− Le cerisier planté dans ce bas-fond risque de dépérir, il préférera une situation plus ensoleillée
et sans eau stagnante en hiver. De plus il a été mal taillé, il a trop de branches vers l'intérieur
et il est mal proportionné (deux charpentières seulement), il a été planté trop profond, le
bourrelet de greffe est trop proéminent.
− Le prunier : il faut couper tout ce qui va vers l'intérieur et toutes les petites brindilles trop
fines ou non « poussantes » (c'est à dire quand les bourgeons sont très rapprochés). Ne pas
trop tailler non plus pour garder une protection solaire.
− Le pommier : les branches sont dressées, il a été taillé à la plantation ce qui n'a pas favorisé la
formation des charpentières.
− L'autre
L'autre pommier : celui-ci a été très bien formé. Il faut juste couper les branches basses. Pour
avoir de bons fruits sucrés, il faut qu'ils prennent le soleil, donc qu'ils soient plutôt en haut,
c'est pourquoi on supprime tout ce qui est en bas et loin du soleil.
− L'autre prunier : il faut enlever les brindilles ainsi que les chicots qui restent après une
mauvaise taille.
− Le noyer : il n'est pas tout à fait mort car il repart du pied. Mais il faudrait le tailler plus
joliment pour éviter la pourriture et éventuellement ne garder qu'un seul tronc.
− Le néflier : c'est un arbre qui souffre car il n'a presque pas de pousse de l'année : a-t-il été
planté trop profondément ? Ou n'a-t-il pas été assez arrosé et souffre-t-il de sécheresse ? At-il un problème racinaire ?
− Le figuier : contrairement à tous les autres arbres, l'année de la plantation il faut « butter » le
pied, c'est à dire ramener de la terre contre le tronc, pour le protéger contre le gel. Celui-ci
n'a pas été protégé et il est mort... Il vaut mieux attendre le mois de mars pour planter les
figuiers.
Taille d'entretien : la taille des arbres d'âge moyen
Nous arrivons dans le deuxième verger, les arbres ont une quinzaine d'année environ.
Mais certains arbres sont très petits : ont-ils été greffés sur porte-greffe « nanifiant » ? Ou bien sinon
est-ce dû à un problème de sol ou autre ?
Beaucoup d'arbres ont été taillés de la mauvaise façon, c'est à dire avec des « chicots » (morceau de
branche restant au lieu d'avoir été taillé à l'intersection), ce qui empêche la cicatrisation et risque
d'apporter la pourriture. Il faut donc couper ces chicots, première intervention.
Le prunier a été taillé en « gobelet » (et non en « axe central ») mais les charpentières ont été trop
éclaircies, elles laissent un trou béant au milieu de l'arbre, ce qui favorise la pousse de bois : on peut
le constater par une « lecture » de l'arbre, les pousses de l'année font 1,50 m à 2 m, c'est énorme !
Et bien sûr, c'est au détriment des fruits.
Le dernier pommier a été taillé beaucoup trop fort, il est plein de « gourmands » ! C'est la réaction
normale de l'arbre à une taille excessive. Les jeunes tiges dressées ne donneront pas de fruits, il faut
impérativement attendre au moins deux ans, que la pousse se calme et que l'arcure se fasse
naturellement, sinon il faudra la provoquer artificiellement à l'aide de ficelles et de poids.
Comment faut-il « éclaircir » les fruits ? Pour que les fruits se développent bien, ils ne doivent pas
être trop nombreux au même endroit, il faut donc les éclaircir, soit par la taille, soit manuellement au
moment où les fruits ont la grosseur d'une noix.
− Pommiers : sur chaque bouquet de pommes, on en gardera deux, situées à l’extérieur.
− Poiriers : sur chaque bouquet de poires, on n'en gardera qu'une, située à l'intérieur.
Quelques conseils d'entretien des arbres :
− un fongicide naturel, alternatif à la bouillie bordelaise : décoction de prêle des champs
− praliner le tronc des vieux arbres avec un mélange d'argile et de bouse de vache.
Taille de rénovation des vieux
vieux arbres
Nous arrivons dans le 3ème verger, composé exclusivement de vieux arbres, tous de + de 30 ans.
Le poulailler a été installé dans ce verger, qui est donc trop « fumé » (d'où excès d'azote) par les
poules et trop piétiné, ce qui n'est pas favorable.
Certains arbres sont trop vieux pour produire encore et doivent être renouvelés. Il ne faudra alors pas
remettre un arbre identique au même endroit : s'il s'agit d'un arbre à pépin (pommier, poirier...) on le
remplacera par un arbre à noyau (prunier, cerisier,...) et vice-versa.
Vieux cerisier : il faut élaguer, couper les branches mortes, éclaircir la partie trop touffue pour éviter
le risque de moniliose et pour apporter de la lumière dans l'arbre et sur les fruits.
Quand les branches se croisent, ce n'est pas très bon. Il faut supprimer les branches mortes, basses et
vieillissantes.
Mais comme cet arbre n'a pas été taillé depuis longtemps, il faut y aller progressivement sur plusieurs
années, pour conserver son équilibre.
Vieux pommier au fond du verger : il faut nettoyer la couronne basse. La longue branche jeune qui
monte va bientôt faire sa mise à fruit, il faut la laisser, c'est le renouvellement.
Les branches sont un peu enchevêtrées avec une succession d'arcures. On supprimera de préférence
tout ce qui est au-dessous et ne voit pas le soleil.

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