Le Noyonnais bercé de jolis contes Ce n`est pas raisonnable d`aimer

Transcription

Le Noyonnais bercé de jolis contes Ce n`est pas raisonnable d`aimer
II TEMPS FORTS
COURRIER PICARD VENDREDI 30 JANVIER 2015
THÉÂTRE
Ce n’est pas raisonnable d’aimer
Dans « Petits crimes conjugaux », que présente la Comédie de Picardie à Albert
et Abbeville, Éric-Emmanuel Schmitt dissèque un couple. C’est cruel mais réjouissant.
U
n auteur de polars,
Gilles, revient de l’hôpital en compagnie de
sa femme Lisa. Après
une chute dans un escalier, il en est quitte pour une
grosse bosse et une amnésie complète. Cette femme aimante, ce loft
de bobo, ce couple qui s’est rencontré dans un mariage et a convolé en
Italie : tout lui est étranger. Ce
pourrait être le début d’une comédie pur sucre, avec maîtresse et
amants dans le placard. De fait, on
rit beaucoup au début de la pièce
mais c’est pour mieux s’étrangler
au bout de quelques minutes.
À SAVOIR
En tournée
▶ Albert (80). Théâtre du Jeu de
Paume. Samedi 31 janvier à
20 h 30. Tarifs de 10 à 2 €. Réservation au 03 22 74 37 04.
▶ Abbeville (80). Espace culturel
Saint-André, rue du MoulinQuignon. Mercredi 4 et jeudi
5 février à 20 h 30. Tarifs 13 et 9 €.
Réservation 03 22 20 26 86.
▶ www.comdepic.com.
« Un homme prend
une maîtresse pour
rester avec sa femme ;
une femme prend
un amant pour quitter
son mari »
Gilles ne peut-il ou ne veut-il pas
se souvenir ? Est-il bien tombé involontairement sur ces marches en
bois ? Lisa ne cache-t-elle que des
bouteilles de scotch sur les étagères, ou bien quelque gros secret
inavouable ? Pendant 80 minutes,
le duo de quinze ans d’âge va progressivement décoller ses étiquettes, se dévoiler, ôter le vernis
dont le temps patine tous les
Marianne Epin a adapté cette pièce de l’écrivain Eric-Emmanuel Schmitt et l’a créée à la Comédie de Picardie (Photo www.tri-angles.com).
couples pour en revenir à l’essentiel : restera-t-on ensemble ? Et si
oui, pourquoi ? Ou alors est-ce que
« c’est organique ? Un couple a une
fin, comme tous les êtres vivants… »
A quelques encablures de la SaintValentin, on gage que cette pièce
suscitera au mieux de belles discussions dans les voitures qui ramèneront les couples picards à la mai-
son, au pire une gêne tenace.
C’est du Schmitt, donc c’est écrit à
la perfection. À la volée, relevons
« Un homme prend une maîtresse
pour rester avec sa femme ; une
femme prend un amant pour quitter
son mari » ; « Nous pouvons peut-être
nous séparer mais pas nous quitter » ;
« Ce n’est pas raisonnable d’aimer
toujours, d’aimer longtemps, c’est de
la folie pure… Sitôt que nous sommes
face à quelqu’un de réel, non plus
quelqu’un de rêvé, séparons-nous… »
On n’est pas loin de Cendrars
(« Quand tu aimes il faut partir »).
Marianne Epin met en scène et
joue avec le convainquant Éric Savin cette production de la Comédie
de Picardie, créée et présentée six
fois à Amiens cette semaine. On
sort songeur mais réjoui d’une belle
soirée théâtrale avec un petit regret : le parti pris, légitime, d’imprimer un rythme soutenu aux dialogues maintient côté cour ou jardin ce troisième interlocuteur rugissant de tout dialogue conjugal :
le silence.
TONY POULAIN
FESTIVAL
Le Noyonnais bercé de jolis contes
Le premier festival de contes de Noyon rassemble cinq conteurs. L’occasion pour
le public d’aller à la rencontre d’artistes d’horizons divers. En voici le programme.
V
u. Michèle N’Guyen ouvre
grand le livre du passé et
interprète son enfance.
Seule en scène avec un
pupitre et une marionnette, elle raconte ses souvenirs avec
sa grand-mère acariâtre « qui n’aime
pas les enfants jeunes » et ses rêves
d’envol. A partir de 9 ans. Vendredi à
18 h 30 et samedi à 14 h 30. 10 et 5 €.
Fatema bien au-delà de l’horizon
ou la vie rêvée d’une femme algérienne. Cahina Bari égraine des épisodes plus ou moins heureux de Fatema : de la guerre à la paix, de l’indépendance à la douloureuse relation franco-algérienne, de l’inconfort
de la double identité à l’émergence
TWE02IIA
La conteuse Michèle N’Guyen interprète son enfance avec sa marionnette.
de la femme à la recherche de sa
propre vérité… A partir de 14 ans.
Vendredi à 20 h 30. 15 et 10 €.
Indiga et la forêt des sept peurs.
Cahina Bari raconte une légende du
Grand Nord asiatique. A la chasse, Indiga perd son frère. Pour le retrouver,
il devra affronter Sept Peurs, traverser autant de forêts, sauter autant de
rivières, gravir autant de montagnes… Samedi à 16 h 30, médiathèque. Gratuit sur réservation.
Ma vallée un truc de fou. Après un
parcours initiatique digne d’un héros
de conte, Ladji Diallo découvre les
Pyrénées et c’est le coup de foudre. Il
s’installe dans une petite vallée et
depuis, ne cesse de s’émerveiller de-
vant ses voisins, les fées, l’ours, les
vaches, les ânes, le blaireau… A partir de 10 ans. Samedi à 18 h. 10 et 5 €.
Conteur ? Conteur. Après presque
30 années d’exercice, Yannick Jaulin
s’interroge : comment raconter à
l’ère des écrans ? Pour répondre, il
déploie un arsenal d’histoires. A partir de 10 ans. Samedi à 20 h 30. 10 et
5 €.
Crieur[s]. « Le crieur, c’est la vie ! »
clame Olivier Hédin. Et il va le prouver. A partir de 10 ans. Cuts, salle
Poggioli. Dimanche à 15 h 30. 5 et 3 €.
▶ Noyon (60). Théâtre du Chevalet. Jusqu’au
dimanche 1er février. Tél. 03 44 93 28 20.
www.ville-noyon.fr.