excentric power!

TEST
Yeti SB66
EXCENTRIC POWER!
La marque américaine était fidèle depuis longtemps à une suspension de type Mc-Pherson. Mais un blason
mythique doit continuer à innover pour rester au top dans le cœur des passionnés. C’est ce que fait Yeti avec
le nouveau SB66, sa nouvelle bête d’enduro/all-mountain qui veut faire oublier le 575 grâce à sa suspension à
excentrique.
L
e mythe Yeti s’est construit dès les premières heures du VTT avec
ses fameux bikes aux couleurs jaune et turquoise. Mais la marque
du Colorado a su vivre avec son époque. La preuve: même si sa
présence en compétition est aujourd’hui assez réduite (si on
excepte le roi du 4X Jared Graves), Yeti garde toujours une grande aura.
Avec le SB66, elle explore un nouveau terrain et redéfinit complètement sa conception du vélo d’enduro/all-mountain. Doté de 150mm
de débattement arrière (6’’, d’où son nom), il reçoit une toute nouvelle
suspension baptisée «Switch». Son principe repose sur l’utilisation
d’un excentrique au niveau du pivot principal. Comme nous avons pu
l’entrevoir cette année à l’Eurobike, il est très probable que ce type de
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Texte: Olivier Béart – Photos: Pierre Hilgers et Olivier Béart
technologie se répande dans les années à venir car, pour un rapport
poids/rigidité imbattable, les excentriques permettent de créer de minibiellettes permettant d’accéder à plus de raffinement dans l’amortissement. Certes, il y a déjà eu des précédents (GT I-Drive 1e génération
et Décathlon NEUF), mais les moyens dont disposent aujourd’hui les
ingénieurs permettent d’aller encore plus loin.
Concrètement, l’habituel pivot placé près du pédalier est ici monté sur
un excentrique; une petite pièce rotative qui joue le rôle d’une «mini
biellette» de 12mm de long. Le pivot est continuellement repositionné
en fonction du débattement utilisé. Il se déplace dans le sens anti-horlogique sur les premiers 100mm de façon à donner à la suspension
L’amortisseur Fox est un modèle 2012 recouvert du
traitement Kashima. Il est honnêtement difficile, voire
impossible, de déterminer si ce traitement améliore en
quoi que ce soit cet amortisseur déjà excellent.
Cet excentrique est le cœur de la suspension du SB66. Le pivot principal est monté
sur l’excentrique, la pièce rotative bleue
qui joue le rôle d’une mini-biellette, qui fait
«flotter» le triangle arrière.
un grand dynamisme et à contrer le pompage, sans entraîner d’effet de
pedal-kickback. Ensuite, sur le dernier tiers du débattement, il tourne
dans le sens horlogique et n’est plus du tout influencé par la tension
de la chaîne, ce qui permet d’offrir une sensation de souplesse sur les
gros impacts. En haut, près de l’amortisseur, on retrouve une biellette
plus classique. Techniquement, cette suspension se rapproche donc
plus d’un VPP (avec deux biellettes agissant dans des directions différentes), que d’un mono-pivot comme la famille des Yeti AS-R. Mais la
suspension Switch se vante de ne pas avoir les défauts classiques de
l’une ou de l’autre. Quant à la partie amortissement proprement dite,
elle est confiée à l’inévitable Fox, qui n’a pas son pareil pour développer
des solutions personnalisées, comme ici avec ce RP23 au tuning spécifique (le SB66 accepte aussi un amortisseur à ressort pour un usage
plus hard).
L’art de la rupture
De par sa conception, cette nouvelle suspension impose un design
radicalement différent à ce nouveau Yeti. C’est toujours une question
de goût, mais on ne peut pas dire que le SB66 ait des lignes particulièrement gracieuses. On peut au moins dire qu’il en impose. Ses tubes
en alu 6000 hydroformé sont particulièrement généreux, y compris à
l’arrière avec un très massif bras en une pièce. Clairement, Yeti a tout
misé sur la rigidité, aussi au niveau de l’excentrique, intégré dans une
Le travail de soudure est tout simplement sublime, de
même que les tubes hydroformés qui, quand on y regarde de plus près, font clairement sortir ce cadre de
l’ordinaire.
superbe pièce forgée puis usinée. Ce choix se ressent clairement sur la
balance, avec un cadre qui affiche près de 3,6kg! Mais heureusement,
comme nous le verrons plus tard, il parvient à faire oublier son embonpoint. Pour les fans de grammes, un modèle carbone annoncé à 2750g
est également au catalogue. Et tant qu’à présenter la famille, sachez
qu’il y a également un 29 pouces, le SB95.
Le cadre du SB66 se veut polyvalent et peut donc accueillir des options
de montage variées: la géométrie est prévue pour des fourches de 150
ou 160mm (qui donnent respectivement 67 et 65,9 d’angle de direction); le pédalier peut accueillir un insert ISCG3 ou 5 pour anti-déraillement, et les pattes arrière sont, au choix, en 135 QR, ou en 142x12.
Quatre tailles et quatre couleurs (noir, jaune, turquoise et blanc) sont
aussi au programme. Les tarifs ne sont pas accessibles à toutes les
bourses, loin de là, puisque le ticket d’entrée en XT (mais avec les
mêmes roues et suspensions que notre modèle de test) est à 4895€,
alors que notre exemplaire s’affiche à 5999€. Le carbone va de 5595€ à
6695€. Les prix des cadres sont de 2299€ en alu et 3199€ en carbone.
Ce n’est évidemment pas pour rien mais les fans du mythe vous diront
que ça les vaut. Une option enduro est au programme, avec des jantes
Notubes Flow et une Fox 36 en 160mm. Par rapport à notre montage, le
groupe XTR Race cède la place, en série, au groupe Trail, plus adapté à
la vocation du vélo, notamment au niveau des freins ou des développements.
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TEST
YETI
SB66
5.999 €
CADRE
Taille du test L
Entrejambe
60 cm
Autres tailles S/M/XL
Tubes
Aluminium
Type
VPP Switch
Amortisseur
Fox RP23 Kashima
Débattement
152 mm
Réglages
Rebond/Propedal
Poids
3596 g
Prix cadre 2299 €
12,320 kg
FOURCHE
Modèle
Fox 32 Talas 150 RLC
FonctionnementAir/huile
Débattement
150mm
Réglages
Rebond/compression/lockout
Poids
1769g
ROULEMENTS
Direction
Cane Creek Tapered
Pédalier
BSA Shimano
ROUES
Jantes
Notubes ZTR Arch
Moyeux
Notubes ZTR 3.30
Pneus
Schwalbe Nobby Nic 26x2.25
Poids
Roue av.: 1570g
Roue arr.: 1995g
TRANSMISSION
Dérailleurs
Av.: Shimano XTR
Arr.: Shimano XTR
Manettes
Shimano XTR
Manivelles
Shimano XTR
Plateaux
40/28
Roue-libre
Shimano XTR 11-34
Chaîne
Shimano XTR
46
68,5
63
14,5
60
58
105
74
43
33,5
72°
67°
118
Confort
Rendement
Maniabilité
Stabilité
Rando
Rando Sport
Enduro
Pour qui?
Le biker au portefeuille bien garni qui
recherche un VTT all mountain/enduro
d’exception.
Suspensions, polyvalence, stabilité,
confort
Prix, largeur triangle arrière (frottements),
poids du cadre
Distribution
Belgique: EasyLux 0496/20 14 54
France: Tribe Sport Group 04 94 54 19 50
www.yeticycles.com
excellent
Evaluation
très bon -
On l’a vu, notre brave Yeti sait faire semblant d’être
un randonneur paisible si on le lui demande, mais il
aime surtout montrer les crocs en gros enduro! Le hic,
c’est que ses suspensions de haut vol et les capacités
de l’engin à prendre de la vitesse font vite percevoir
les limites de l’équipement de notre modèle de test
en usage engagé. Ce sont surtout les roues, parfaites
sur le papier, mais rayonnées de façon un peu légère,
qui font la tête dans les appuis, ainsi que les pneus
qui se montrent trop fragiles pour envoyer la sauce. A
prendre en compte lors d’un éventuel achat ou montage à la carte. Et, tant qu’à faire, il faudra aussi penser à monter un anti-déraillement adapté. On perdra
alors un peu de la polyvalence du vélo, mais on se
consolera en se disant que, sur une même base, on
peut se monter plusieurs vélos en changeant seulement quelques équipements. Reste à avoir un portefeuille assez garni pour accéder au mythe...
Potence
Race Face Turbine 60mm
Cintre
Easton haven Carbon Mow Riser
Poignées
Crank Brothers Lock-On
Selle
WTB Rocket Silverado SLT
Tige de selle Rock Shox Reverb 30.9
bon -
Il est évident que le SB66 est surtout fait pour s’éclater en descente. Ici aussi, sa suspension impressionne. Elle est tellement onctueuse sur les petits
et moyens impacts, qu’on croît qu’elle va talonner
au premier gros choc. Eh bien non! Si elle est très
linéaire et qu’elle rentre vite dans le débattement
sur un bon 80% de sa course, elle gère superbement les derniers centimètres et ne talonne jamais.
Bilan: le Yeti est d’une stabilité démoniaque, proche
de celle d’un petit freeride. On peut donc envoyer
du gros à son guidon, et s’attaquer à des pistes très
défoncées. Puis, oh bonheur, cette stabilité va de
pair avec une très bonne maniabilité. Ce n’est pas le
plus joueur, mais sans doute un de ceux qui réalise
le meilleur équilibre entre ces deux qualités.
PERIPHERIQUES
moyen -
C’est parti mon Yeti!
Modèle
Shimano XTR 180/180
43,5
Comme souvent chez les marques US, et chez Yeti
en particulier, la géométrie est impeccable. Tous nos
testeurs, qu’ils soient plutôt habitués à des vélos de
XC ou à des bêtes d’enduro, se sont directement
sentis bien posés. Seule la potence de 50mm est un
peu courte, malgré un cadre assez long en taille M.
Côté réglages, si la fourche ne nécessite pas beaucoup d’air, l’amortisseur demande à être gonflé à
haute pression pour ne pas dépasser les 25% de
sag préconisés par Yeti: 185psi pour un pilote de
75kg tout habillé.
Malgré cette pression assez élevée, la suspension
étonne par sa sensibilité sur les petits chocs, tout
en se montrant clairement dure et très réactive aux
coups de pédales. Ici, pas de compromis: le SB66
parvient à jouer sur les deux tableaux. On s’aperçoit ainsi très vite de l’intérêt du Switch Link, dont
le comportement rappelle celui des premiers GT IDrive, avec cependant encore plus de finesse. Dans
les relances, on sent la chaine qui tire sur la suspension pour la durcir, de sorte que ce Yeti donne une
belle impression de dynamisme. Bien plus que le
575 qu’il remplace en tout cas. Mais il faut avoir les
mollets pour emmener ses presque 13kg avec pédales. On serait curieux d’essayer la version carbone
pour voir ce qu’un SB66 de 11kg pourrait donner…
En côte, son grip est phénoménal. Le pédalage n’est
troublé par aucun kickback et on profite de l’activité assez dure mais bien réelle de la suspension
pour se jouer des pires montées impossibles. On
est juste parfois gêné par les talons qui viennent
toucher le bras arrière, vraiment très large. Sur le
plat, mieux vaut activer le Propedal, car il ne fait
rien perdre en confort tout en éliminant un léger vaet-vient de l’amortisseur qui peut être lassant à la
longue. Et dès qu’un gros obstacle survient, c’est le
miracle: il est englouti, avalé, éliminé! Pour absorber l’impact, la suspension donne l’impression de
flotter d’avant en arrière, plus que de haut en bas.
A la manière d’une Citroën de la grande époque, le
FREINS
vélo garde une assiette parfaite quelles que soient
les circonstances et on n’a jamais l’impression que
l’arrière s’affaisse. En cela, il rappelle le comportement des Trek à suspension ABP, qui donnent aussi
l’impression de survoler le sentier.
médiocre -
Tapis volant