L`Allemagne nazie de 1933 à 1939 : un régime totalitaire raciste

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L`Allemagne nazie de 1933 à 1939 : un régime totalitaire raciste
Cycle préparatoire au DAEU – Cned Toulouse - Cours d’Histoire N°20 – page 1/4
L’Allemagne nazie de 1933 à 1939 : un
régime totalitaire raciste
Introduction :
L’avènement du nazisme marque une rupture dans l’histoire politique de ce pays, avec des
conséquences tragiques pour l’Allemagne et l’Europe entière. Les conditions qui président à
l’arrivée au pouvoir d’Hitler ne peuvent occulter un fait avéré. Le futur dictateur est arrivé au
pouvoir en toute légalité. Comment les allemands ont-ils pu porter au sommet de l’état un homme
qui dès son entrée dans la vie politique, assume et affiche ses aspirations racistes et
dictatoriales ?
1 Hitler à la conquête du pouvoir
1.1 Hitler et l’idéologie raciste de Mein Kampf
Hitler est né en Autriche en 1889 dans une famille de petite bourgeoisie. Peintre raté, il mène une
existence misérab le à Vienne où il se forge ses idées antisémites, pangermanistes et antimarxistes. Engagé dans l’armée allemande en 1914, il devient caporal, est blessé et gazé en 1918.
Il reste dans l’armée allemande jusqu’en 1920 comme indicateur et entre alors en contact avec un
petit groupe d’extrême droite, une soixantaine de membres, dont il prend rapidement la direction.
Il le transforme en un véritable parti, le NSDAP, le parti national-socialiste des travailleurs
allemands, et lui donne un programme, un emblème, le drapeau rouge avec au centre un cercle
blanc entourant une svastika noire, et un journal. Ce parti dispose d’une milice armée, les SA
sections d’assaut, à laquelle Hitler ajoutera sa propre milice les SS, en 1926. Après l’échec d’un
putsch à Munich, en 1923, il est emprisonné et rédige un livre qui contient sa doctrine (Mein
Kampf : « Mon combat ») ouvertement raciale et ultra-nationaliste. Son parti, 78 000
membres à la fin des années vingt, végète jusqu’aux élections de 1930 où il profite alors de la
crise.
1.2 La République allemande dans la crise
La république parlementaire mise en place en 1919 en Allemagne est un régime fragile parce
qu’il est contesté par d’importants mouvements révolutionnaires tels les spartakistes réprimés à
Berlin en 1919 (vo ir leçon 12), par l’armée, la grande bourgeoisie et une partie des classes
moyennes attachées à l’ancien Empire allemand autoritaire et parce que la défaite de 1918 lui est
reprochée. C’est dans ce contexte que Hitler, qui propose un redressement national rapide avec
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rejet du traité de Versailles et un État dictatorial à base raciste, rencontre l’adhésion d’une
partie de l’opinion. En outre, les effets de la crise de 1929 sont catastrophiques : la production
baisse de 30 à 50 % et les chômeurs passent de 3,7 millions en 1930 à 6 millions en 1932 sans
compter les 8 millions de chômeurs partiels. La crise politique s’ajoute à la crise économique
compte tenu de l’incapacité des partis au pouvoir à proposer un projet crédible pour sortir de la
crise. Les électio ns de 1930 enregistrent le succès des nazis (6,5 millions de voix) et des
communistes (4,5 millions). Les chanceliers successifs n’arrivent pas à enrayer la montée des
nazis malgré la dissolution des SA et des SS en 1932. Par peur des communistes, la droite
conservatrice fait pression pour que le président de la République, le maréchal Hindenburg,
nomme Hitler chancelier le 30 janvier 1933. Hitler est donc parvenu légalement au pouvoir,
ce qui s’explique par la faiblesse de l’opposition de gauche divisée entre communistes et
socialistes et par la complaisance de la droite conservatrice qui pense pouvoir manipuler Hitler.
1.3 Une dictature mise en place en quelques mois
Hitler met hors-la-loi les communistes après l’incendie du Reichstag (le Parlement allemand)
dont ils sont accusés. Les élections de mars 1933 se déroulent dans un climat de terreur en raison
des exactions commises par les SA et les SS. Bien que les nazis n’aient obtenu que 44 % des voix
à ces élections, Hitler se fait voter les pleins pouvoirs par le Parlement. Les syndicats et les
partis politiques sont alors supprimés et le NSDAP est proclamé parti unique. Les opposants au
régime, en particulier les partis et les syndicats de gauche, sont internés dans des camps de
concentration (Dachau, Buchenwald) créés dès 1933. Ils comptent déjà plus de 30 000
prisonniers au printemps 1933. Hitler pratique des purges parmi ses partisans en faisant exécuter
plusieurs centaines de SA au cours de « la nuit des longs couteaux » (30 juin 1934). Après la
mort d’Hindenburg, Hitler cumule les fonctions de chancelier et de président du Reich. Avec
le titre de Reichsführer, il devient chef de l’armée. Un plébiscite montre que 90 % des électeurs
approuvent cette évolution. Maître de tous les pouvoirs, Hitler peut consolider l’État totalitaire
et raciste qu’il a commencé à mettre en place. La démocratie libérale n’existe plus.
2 Le slogan « ein Volk, ein Reich, ein Führer » est
systématiquement appliqué
2.1 « Ein volk » (un peuple) : le racisme d’État
Pour Hitler, l’unité de la nation allemande doit se faire sur une base raciale. Pour protéger la «
pureté » de la race allemande, prétendument supérieure aux autres, il faut en éliminer les «
éléments impurs » et d’abord les juifs, responsables de tous les malheurs de l’Allemagne. Les
nazis pratiquent immédiatement une politique antisémite qui se durcit jusqu’à leur
extermination systématique pendant la guerre. Après avoir confisqué leurs biens, on interdit
aux juifs l’accès à la fonction publique, aux professions libérales et aux médias. Les lois de
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Nuremberg (1935) leur enlèvent les droits de citoyen et interdisent les mariages avec des nonjuifs. Les persécutions s’intensifient. Les 9 et 10 novembre, lors de « la nuit de cristal », un
véritable pogrom est organisé : des dizaines de juifs assassinés, les synagogues incendiées, des
milliers de magasins saccagés, 20 000 Juifs arrêtés. Cette violence accélère l’émigration.
2.2 « Ein Reich » (un empire) : une volonté d’expansion territoriale
qui menace la paix
Hilter, héritier du pangermanisme, veut rassembler toutes les populations de langue et de «
race » allemande. Il s’agit non seulement d’effacer l’humiliation du traité de Versailles, mais
aussi d’agrandir le territoire et de dominer les peuples slaves d’Europe orientale considérés
comme inférieurs. Ainsi, la Rhénanie est remilitarisée en 1936, l’Autriche rattachée à
l’Allemagne, et le territoire des Sudètes - partie occidentale de la Tchécoslovaquie - annexé en
1938 (voir la conférence de Munich, leçon 17).
2.3 « Ein Führer » (un guide) : un chef charismatique qui séduit les
Allemands
Hitler est le chef suprême d’un État centralisé. Les gouverneurs des régions dépendent
directement de lui. Les fonctionnaires et les militaires doivent lui prêter un serment de fidélité.
Les SS exécutent ses décisions aveuglément. Servi par des talents d’orateur exceptionnels, Hitler
est un démagogue qui convainc les foules de la justesse de sa politique destinée à restaurer la
grandeur d’une l’Allemagne « racialement pure », à l’encontre de tout engagement
international et plus encore de toute valeur humaniste.
3 Une société mobilisée et politisée
3.1 La remise à niveau de l’économie au service du projet
expansionniste de l’État nazi
L’État nazi intervient fortement dans l’économie par une politique de grands travaux
(autoroutes, logements sociaux) et un réarmement entrepris en 1936. Le résultat est une baisse
spectaculaire du chômage (119 000 chômeurs en 1939) et un renforcement des grands groupes
industriels (Krupp, Siemens, IG Farben).
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3.2 Un État policier qui contrôle la vie publique et privée
La Gestapo, police politique, fiche et surveille la population. Les opposants sont envoyés dans
des camps de concentration où les conditions d’internement sont très éprouvantes. Les SS dirigés
par Himmler deviennent une police militarisée qui contrôle progressivement la police, la justice
et les camps de concentration. L’État de droit a disparu.
3.3 Une société mise en condition par la propagande
La propagande omniprésente, dirigée par Goebbels, utilise tous les moyens pour contrôler les
esprits. Il s’appuie sur le NSDAP, parti de masse de 4 millions de membres. La radio, le
cinéma, la presse sont soumis à la censure et martèlent l’idéologie nazie. Les livres des auteurs
condamnés sont brûlés (autodafés). De gigantesques rassemblements, comme les congrès
annuels du parti, fanatisent les foules et développent le culte du Führer. Un art officiel exalte la «
race supérieure ». Les jeunes sont particulièrement visés par l’enseigne ment dont les contenus
sont révisés et par l’embrigadement dans les jeunesses hitlériennes. Toute voix discordante est
étouffée dans une société rendue homogène par la propagande et la répression.
Conclusion :
L’État totalitaire le plus achevé qui utilise des moyens considérables pour faire un « homme
nouveau ». La société allemande est à la fois séduite par les réussites économiques et la fierté
nationale retrouvée, manipulée par la propagande et mise au pas par une police politique
omniprésente. La promotion de « l’homme nouveau » est inséparable d’un nationalisme exclusif
et agressif et d’une exaltation de la « race » allemande qui fait des juifs des ennemis, plus, un mal
absolu que les nazis vont éradiquer. La Deuxième Guerre mondiale rend possible le projet
monstrueux d’extermination de Juifs (shoah, génocide) qui fera l’objet d’une condamnation
universelle.
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