Discours DirCab départ Alain MIossec

Transcription

Discours DirCab départ Alain MIossec
Monsieur le préfet, Monsieur le président du conseil régional, Monsieur le président du
conseil général,
Monsieur le recteur,
Monsieur le secrétaire général recteur "pro tempore" de l’académie de la Guadeloupe,
Mesdames et Messieurs en vos qualités ou fonctions
Bonsoir à tous et bienvenue !
Pour la troisième fois, en ma qualité de chef du protocole, je dois organiser les adieux d’un
recteur et le remercier, au nom de toute l’académie, pour son action parmi nous.
Nous savions, le secrétaire général et moi-même, la date de son départ depuis plus de 10
jours : le secret fut lourd à garder et la peine difficile à masquer!
Mais nul n’est irremplaçable !
Alain Miossec s’en va, nommé dès mercredi recteur de l’académie de Rennes, et un autre
lui succédera, c’est la loi du genre et nous le savions tous. Mais aucun d’entre nous
n’oubliera ce recteur particulier ou plutôt « singulier ».
Il s’en va au bout de 3ans ! 3 ans me direz vous, ce n’est rien dans ce pays qui s’est forgé
sur l’absence, dans ce pays dont l’histoire, plus qu’ailleurs, est marquée par des arrivées et
par des départs, certains plus douloureux que d’autres.
3 ans me direz vous, ce n’est rien dans cette académie qui se construit depuis 10 ans et qui
poursuivra son chemin sereinement même dans les tumultes, mais toujours avec les
hommes et les femmes qui y travaillent et qui continueront d’y travailler.
Alain Miossec aura cependant marqué cette académie par son engagement et sa conviction,
par cette attitude, au début inattendue, imprévisible, parfois abrupte et dérangeante, mais
toujours franche et directe, qui nous a au départ fait sourire, parfois un peu bousculés au
passage, mais jamais profondément choqués dans notre humanité.
Sa carrière en Guadeloupe, le temps passé avec lui laissera un souvenir exceptionnel.
Il s’est impliqué dans notre pays d’abord et surtout en tant qu’individu et en tant que citoyen.
Certes, en sa qualité de recteur, il l’a maintes fois répété, l’essentiel a toujours été la
qualification et la professionnalisation de tous pour la réussite de chaque élève. Ces choses
dites, un peu maladroitement au début je vous l’accorde, le furent toujours de manière ferme,
et nous avons tous entendu que pour lui, au centre, il y avait la relation à l’autre. Nous aussi,
nous avons du faire le même effort que lui, et pour le comprendre, il nous a fallu nous aussi:
« Kouté pou tann et tann pou le komprenn ! »
En le regardant circuler dans nos rues ou pousser son caddie avec détermination lors de ses
sacro saintes courses du vendredi soir dans les supermarchés, on s’aperçoit après coup que
son épouse a peut être eu raison de l’obliger à garder les pieds sur terre parce que Mr
Caddie, comme on l’a appelé, prend le temps de s’arrêter quand on lui parle, discute et
s’explique sans familiarité mais aussi sans aucune agressivité. Simplicité et conviction,
engagement et ténacité (têtu comme un breton peut l’être !), voila ce qui le caractérise et qui
explique qu’il ait choisi les mots Confiance et Dialogue comme clés de son action en cette
rentrée scolaire 2008.
Pourtant un 7/03/08, une organisation professionnelle avait posé par écrit à ses adhérents
cette question le concernant, je la cite « depuis sa prise de fonctions, sommes nous en mesure
de citer une action ou une décision positive pour l’académie à son initiative ? »
Je vais donc tenter de répondre à la question et de brosser, avec l’aide de Jean Claude
Onézime que je remercie encore, sur une idée de Fabienne Condo, toujours très
professionnelle, un rapide portrait en images de quelques unes des actions ou décisions
positives qu’il faut mettre sans conteste à son actif.
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La réunion solennelle de rentrée avec les chefs d’établissements en 2005 : J’ai voulu
commencer par cette première rencontre avec les cadres de l’académie fin août 2005
pour mieux mesurer le chemin parcouru car nous y avions découvert avec étonnement
un universitaire pétri de certitudes dans la fonction de recteur
Le lancement du projet d’académie : cette fois l’universitaire s’approprie
magistralement, en quelques semaines, un projet dont il n’est pas à l’origine et le
transforme, avec l’aide des corps d’inspection, en objectifs plus clairs et en actions
concrètes :il fait une entrée superbement réussie dans la fonction !
Les visites régulières d’établissements, on y était habitué, mais le géographe choisit
de commencer en 2007 par le primaire et la commune d’Anse Bertrand dans ce nord
grande terre qu’il sait maintenant trop souvent oublié !
L’accueil des personnels nouvellement nommés dans l’académie qu’il maintient
comme son prédécesseur pour expliquer la culture locale, mais qu’il personnalise en
distribuant gratuitement à chacun d’entre eux un exemplaire des Mille mots du créole
guadeloupéen de tous les jours écrit par Hector Poullet et en expliquant que c’est
bien parce que l’on accepte l’autre en soi, que l’on peut en retour, se faire
accepter de l’autre !
La conférence sur la mondialisation devant les classes de CPGE où le professeur de
géographie a pu démontrer sa capacité encore vive à tenir captif pendant plus de
deux heures un auditoire de jeunes étudiants !
Le séminaire sur l’enseignement de la traite et de l’ esclavage, qu’il décide dans un
contexte peu favorable ( le débat autour de l’abrogation de l’article 4 de la loi du
23/02/2005), sujet qu’il aborde de front et qu’il transforme en nécessaire objet
d’étude et de production sereine
Le séminaire sur l’enseignement de la langue et de la culture régionale créoles, parce
que pour lui, dit il, la question linguistique est cardinale et reste intellectuellement
pour un recteur une question forte !
Les 10 ans de l’académie qu’il choisit d’organiser sur le site même du rectorat en
réunissant les personnels et les élèves en présence des trois recteurs précédents !
La conviction, qu’à compétences égales, la promotion de cadres locaux visibles et
performants est essentielle ; Notre secrétaire général peut en témoigner, la
nomination de Firmin Pierre Marie à la tête de cette académie est le résultat de son
opiniâtreté !
La
reconnaissance du rôle des entreprises locales par des rencontres
institutionnalisées mais aussi très franches où la place des élèves et le sens de leur
formation ont toujours été présentées comme le centre de ses préoccupations !
Des rencontres régulières et constructives, avec les collectivités, où les intérêts
communs, ceux des élèves de la Guadeloupe, ont toujours été nettement et clairement
affichés, mais des rencontres qui furent aussi cordiales parfois entre deux hommes,
puisque le président l’aura même fait danser !
Sa participation effective et sans langue de bois à toutes les manifestations : de la
dictée créole au prix Carbet des lycéens !
Son article « Recteurs d’Outremer : une expérience en Guadeloupe » dans
l’ouvrage diffusé à l’occasion du bicentenaire des recteurs où il dit sans ambiguïté la
difficulté du métier, les incohérences du système, la nécessité de renouveler certaines
approches traditionnelles de la centralisation à la française !
Le pilotage des rencontres avec les organisations professionnelles et les fédérations de
parents d’élèves ou la présidence d’ âpres discussions lors des grèves, avec toujours
ce sourire qu’on lui a si souvent reproché mais qui était la marque de la distanciation
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nécessaire pour mener les débats avec objectivité et sérénité, et tenter d’éviter toute
radicalisation !
Ses relations de proximité avec les medias où en véritable homme de communication
il a toujours accepté toutes les rencontres, pour expliquer et s’expliquer, quelque soit
le sujet, et les caricatures fleurirent……..
Beaucoup de ces actions auront donc eu une forte valeur symbolique. En prenant des risques
parfois, en utilisant toujours cette marge de manœuvre qui fait qu’un recteur est bien sûr le
représentant de l’état dans son académie mais toujours le représentant de son académie
auprès du ministère, Alain Miossec a défendu au plus haut lieu les intérêts de cette
académie !
Portons alors simplement et sincèrement à son crédit l’image positive dont jouit
aujourd’hui l’académie de la Guadeloupe que l’ on respecte maintenant pour ce qu’elle est
mais aussi, et il en était plus que temps, pour ce qu’elle fait bien et de mieux en mieux !
Tous ici, monsieur le recteur, vous le savez, tous si attachés à notre terre natale, malgré
notre tristesse, nous vous souhaitons sincèrement un bon retour dans votre Bretagne natale et
une belle fin de carrière. Merci à vous qui êtes resté ce que vous êtes : un homme sensible et
un recteur vrai !
Je voudrais à ce moment de mon propos vous lire ces quelques mots , écrits à cette
occasion et directement pour vous, par un écrivain guadeloupéen, qui tenait , même à
distance, à vous porter témoignage de sa considération, un écrivain que vous appréciez tout
particulièrement : Daniel Maximin, qui dites vous, « a su vous ouvrir à la langue et à la
culture de la Caraibe » :
« Alain Miossec, vous avez su observer et comprendre la Guadeloupe avec l’œil du
géographe. Vous qui savez par votre formation à quel point la géographie est humaine, vous
avez pu lire au-delà des apparences trompeuses d’aliénation et de ressentiment, la nature
profonde de l’identité antillaise, au miroir de l’identité de sa nature, personnage central et
non pas simple décor de notre histoire.
Vous avez su percevoir notre humilité identifiée à milles lieux de l’enfer accepté ou du
paradis décoratif. Vous avez su déchiffrer la complexité d’une île forgée par quatre
continents dans une étroitesse de temps et d’espace, ce qui nécessite en effet la profondeur de
la géologie et tout l’espace de la géographie pour agir sur l’histoire d’aujourd’hui, tout
particulièrement auprès de la jeunesse à rendre responsable de son avenir. »
Merci à tous, je passe maintenant la parole
A Monsieur le préfet de Région,
A Monsieur le recteur d’académie
Monsieur le recteur, il est temps maintenant de vous dire, au nom de l’académie de la
Guadeloupe, merci et au revoir, et, du fond du cœur, que les vents vous soient favorables !
Josy-Anne AREKIAN
Directeur de cabinet
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