Et si c`était vrai

Transcription

Et si c`était vrai
Morale
Et si c’était vrai ?
Et si c’était vrai ? Explorer ses représentations mentales 1. Devinettes… 13
2. En images… http://www.youtube.com/watch?v=jHoizNQIWeA http://youtu.be/Q3oJ9LcwleI 3. Petit inventaire des superstitions célèbres Traiter et exploiter une information En Angleterre, avoir beaucoup de sel chez soi attire l'argent : pour se débarrasser de façon durable d'un visiteur indésirable on en verse sur le pas de la porte dès son départ. Pour les Américains, qui mange une cuillerée de sel neuf matins de suite avant le lever du jour pourra converser avec un fantôme. Selon les principes de l'alomancie (divination par le sel), renverser une salière ou du sel porte malheur. Qui commet cette maladresse versera autant de larmes que de grains de sel répandus. Il devra également après sa mort ramasser tous les grains avec une fourchette. Renverser une salière annonce en outre une querelle et place sous de mauvais auspices la personne face à laquelle cet acte a été commis. Selon un usage datant des anciens Grecs, jeter une pincée de sel par‐dessus l'épaule gauche conjure le sort et aveugle le diable et les mauvais esprits. On peut également ramasser le sel et le lancer par dessus l'épaule gauche, sur la cuisinière, ou cracher trois fois. S'il est recommandé de saler le plat de son voisin (saler son assiette porte malheur), on évitera de lui passer la salière sous peine de se brouiller avec lui. En Grèce, en Italie et en Russie, passer la salière à un invité signifie qu'il n'est pas le bienvenu. Pour connaître le sexe d'un enfant, on recommandait au Moyen Age de placer du sel sur la poitrine de la future mère : s'il fondait, elle attendait une fille. On pouvait aussi placer le sel sur la tête de la femme enceinte pendant son sommeil. Si après son sommeil, elle nommait d'abord un homme, elle donnerait naissance à un fils. Symbole d'ascension spirituelle et de valorisation, reliant le ciel à la terre, les barreaux en sont les degrés de perfection intérieure. Mais passer sous une échelle porte malheur. cette croyance date du XVIIIème siècle. En effet, en Angleterre et en France, la coutume était de faire passer les condamnés à la pendaison sous l'échelle adossée au gibet alors que le bourreau la contournait. Conclusion : tout qui passe sous une échelle sera pendu. Passer sous une échelle, c'est refuser l'élévation spirituelle. C'est aussi franchir le triangle sacré formé entre l'échelle et le mur et se jeter dans les bras du diable. Passer sous une échelle supprime ainsi toutes les chances de se marier dans l'année. Pour conjurer le sort, il faut faire le signe de la figue (poing fermé, le pouce entre l'index et le majeur) ou croiser les doigts jusqu'à apercevoir un chien. Le bois symbolise la sagesse et la science surhumaine ou divine. Toucher du bois , c'est conjurer le sort quand on anticipe d'une joie ou d'une satisfaction. C'est comme si on demandait la protection du christ mort sur la croix. A l'origine, on touchait des morceaux de la vraie croix que les églises étaient supposées posséder. Mais toutes les civilisations ont vénéré le bois, surtout le chêne. Ainsi, si votre petit ami est fâché contre vous, mettez un éclat de bois dans sa chaussure et sa colère tombera. Pour faire périr une personne, en Ecosse, on enterrait un morceau de bois criblé d'épingles. Pour arrêter le sort, il fallait déterrer ce morceau de bois et enlever les épingles. Porte‐bonheur très ancien, le trèfle à quatre feuilles rend chanceux en amour, au jeu et éloigne le diable et les fantômes. Il peut servir à un envoûtement d'amour. Il suffit de le tremper dans l'eau bénite et il vous rend irrésistible. Trouvé par hasard, il annonce une rencontre sentimentale importante et un mariage prochain. 6.1. Qu’est-ce que je tiens pour vrai ?
1
Evidences et préjugés
Morale
Et si c’était vrai ?
Chiffre porte‐malheur en raison du repas de la Cène. Repas qui précéda la trahison de Judas sa mort et surtout celle du Christ. Porte‐malheur aussi parce qu'il ne peut être divisé. De plus, il suit le 12, le chiffre de l'accomplissement. Ainsi, aux Etats‐Unis, pas de treizième étage, pas d'appartement n°13. De plus en plus cependant, pour certains, il porte bonheur. Le miroir est en relation magique avec son possesseur et peut emprisonner l'image ou l'âme de celui qui s'y regarde, d'où la croyance qu'un femme se regardant dans un miroir dont s'est servie une prostituée peut devenir "effrontée et sans honte". Symbole de vanité et d'orgueil. Quiconque se regarde dans un miroir peut y voir le diable et devenir laid. Il peut aussi symboliser la sagesse et la connaissance de soi‐même. Il permet également de connaître l'avenir. Les Américains disent que celle qui place un miroir près de son lit, pose devant un savon, un peigne, un rasoir et une serviette, puis se couche avec sa chemise à l'envers, verra l'homme qui lui est destiné se raser devant le miroir. Casser un miroir, ce sont 7 années de malheur car le miroir est le double de l'âme. cette croyance semble prendre naissance au XVème siècle à Venise. les miroirs y étaient très beaux et très fragiles. On disait donc aux domestiques que les briser, c'étaient 7 ans de malheur. Pour conjurer le sort, vous devez suivre les recommandations suivantes : Allumez une bougie. Prenez un morceau de miroir dans la main droite. Passez‐le rapidement dans la flamme de la bougie, de gauche à droite et ensuite, de droite à gauche, puis de nouveau de gauche à droite. Faites ce geste avec chaque morceau. Avec un pinceau neuf, recouvrez soigneusement de peinture noire la face réfléchissante de chaque fragment. Quand la peinture est bien sèche, allez jeter le tout dans l'eau courante. Avant de passer devant l'autel, une jeune mariée ne doit pas se regarder dans un miroir. Le risque est de mourir dans les 2 ans ou de voir son mariage se transformer en divorce. Il suffit de supprimer un accessoire, un gant ou une chaussure et le mauvais sort est annulé. Ne vous regardez jamais à deux dans un miroir, vous risquez de vous disputer ou l'un de vous risque de mourir, souvent la plus jeune des 2 personnes. Baruch Spinoza, 1632 - 1677
4. Qu’est‐ce que la superstition ? Philosophe néerlandais
Conceptualiser Si les hommes avaient le pouvoir d'organiser les circonstances de leur vie au gré de leurs intentions, ou si le hasard leur était toujours favorable, ils ne seraient pas en proie à la superstition. Mais on les voit souvent acculés à une situation si difficile, qu'ils ne savent plus quelle résolution prendre. En outre, comme leur désir immodéré des faveurs capricieuses du sort les ballotte misérablement entre l'espoir et la crainte, ils sont en général très enclins à la crédulité [...). Si, par exemple, pendant que la frayeur les domine, un incident quelconque leur rappelle un bon ou mauvais souvenir, ils y voient le signe d'une issue heureuse ou malheureuse; pour cette raison et bien que l'expérience leur en ait donné cent fois le démenti, ils parlent d'un présage soit heureux, soit funeste. Enfin, si un spectacle insolite les frappe d'étonnement, ils croient être témoins d'un prodige manifestant la colère ou des Dieux, ou de la souveraine Déité ; dès lors, à leurs yeux d'hommes superstitieux et irréligieux, ils seraient perdus s'ils ne conjuraient le destin par des sacrifices et des vœux solennels. Ayant forgé ainsi d'innombrables fictions, ils interprètent la nature en termes extravagants, comme si elle délirait avec eux. Baruch Spinoza, « Traité des autorités théologiques et politiques, », Gallimard, La Pléiade, p.606. Selon Spinoza, la superstition, c’est…………………… 6.1. Qu’est-ce que je tiens pour vrai ?
2
Evidences et préjugés
Morale
Et si c’était vrai ?
5. Quelle est l’origine de la superstition ? L’ignorance, bien sûr. Mais, tous les ignorants ne sont pas superstitieux- ou bien nous le serions tous ! Il faut donc autre
chose. Quoi ? Hobbes, en une époque qui s’y connaissait, répondait : la crainte de l’avenir, l’anxiété. Peur sans objet,
souvent, et qui n’en est que plus redoutable : l’homme craignant là même « où il n’y a rien à voir », comme dit
profondément Hobbes, doit alors inventer, pour donner un objet à son angoisse, « quelque pouvoir ou argent
invisibles »… C’est à cela que servent nos croyances ou nos superstitions. Il faut donner un objet à l’angoisse (pour la
fixer), tout en lui trouvant une issue (pour l’apaiser). […]
De là ce troisième facteur que j’évoquais. L’avenir se faisant plus sombre ou plus incertain, l’anxiété s’accroît et, avec elle,
la religiosité.
Comme les idéologies ne sont plus là pour rassurer ou encourager, on cherche ailleurs quelque espérance point trop usée
pour contrebalancer l’inusable peur. « Semblables aux enfants qui tremblent et s’effraient de tout dans les ténèbres »,
disait déjà Lucrèce.. Nous sommes ces enfants, toujours, et l’espérance nous conduit par la main. « N’ayez pas peur », dit
Jean-Paul II. Ce fut son premier mot de pape, je crois bien, et il frappait juste.
Mais faut-il éviter la peur, ou l’accepter ? Dénier le danger, ou l’affronter ? De quoi avons-nous besoin ? De réconfort, ou
de volonté ? De religion, ou de courage ?
On dira que les deux peuvent aller ensemble. Certes. Mais si le courage ne manquait pas, aurions-nous tellement besoin
de religion ?
Le retour du religieux in l’Evénement du Jeudi, 27-12-1990, André Comte-Sponville
1.
Quelle est la thèse du texte ? 2.
Pourquoi les gens sont‐ils superstitieux selon l’auteur du texte? Donnez deux arguments. 3.
Que propose l’auteur du texte pour ne pas sombrer dans la superstition ? 4.
Quelles sont les valeurs qu’il met en avant ? Penser 5. Synthèse En quoi la peur de la fin du monde peut‐elle relever d’un comportement superstitieux ? 6.1. Qu’est-ce que je tiens pour vrai ?
3
Evidences et préjugés

Documents pareils