Mémoire, projet de construction de la centrale hydroélectrique
Transcription
Mémoire, projet de construction de la centrale hydroélectrique
LE PROJET DE CONSTRUCTION DE LA CENTRALE HYDROÉLECTRIQUE DE L’EASTMAIN-1-A ET DÉRIVATION RUPERT MÉMOIRE RÉALISÉ PAR LA CONFÉRENCE RÉGIONALE DES ÉLUS DE L’ABITIBI-TÉMISCAMINQUE PRÉSENTÉ À LA COMMISSION FÉDÉRALE D’EXAMEN ET AU COMITÉ PROVINCIAL D’EXAMEN (COMEX) AUDIENCES PUBLIQUES DE MONTRÉAL MAI 2006 ii TABLE DES MATIÈRES SOMMAIRE ..................................................................................................................3 Introduction........................................................................................................4 1. Présentation de la Conférence régionale des élus de l’Abitibi-Témiscamingue ........6 2. Justifications du projet de la centrale de l’Eastmain-1-A dérivation Rupert .............7 3. Impacts du projet de centrale de l’Eastmain-1-A et dérivation Rupert ....................8 Dans cette partie du mémoire, la Conférence régionale partage sa vision concernant les impacts sociaux, environnementaux et économiques du projet de l’Eastmain-1-A et dérivation Rupert. ..................................................................................8 3.1 Impacts sociaux du projet de l’Eastmain-1-A et dérivation Rupert ........................8 3.2 Impacts environnementaux du projet de l’Eastmain-1-A et dérivation Rupert ..11 3.3 Impacts économiques du projet de l’Eastmain-1 et de l’Eastmain-1-A et dérivation Rupert.................................................................................................................14 3.3.1 Retombées économiques en Abitibi-Témiscamingue ......................................14 3.3.2 Retombées économiques au Québec.................................................................16 4. Recommandations de la Conférence régionale des élus de l’Abitibi-Témiscamingue ..................................................................................................................................17 4.1 Sensibiliser les gens sur l’importance d‘économiser l’énergie et encourager les individus à utiliser des énergies «vertes» .......................................................................18 4.2 Faire plus de recherches sur les énergies vertes : Énergie-Québec ? .................19 4.3 Bonifier le portefeuille de mesures ............................................................................20 4.4 Procéder à l’intensification du morcellement des lots de travail...........................21 4.5 Prioriser les travailleurs de l’Abitibi-Témiscamingue...............................................21 4.6 Faire appel aux firmes professionnelles de l’Abitibi-Témiscamingue ...................22 4.7 Être attentif aux besoins des Cris et des Jamésiens et être partenaire du développement touristique ................................................................................................22 Conclusion .................................................................................................................23 ANNEXE 1 : Présentation de la centrale de l’Eastmain-1 et du projet de l’Eastmain-1A/dérivation Rupert ...................................................................................................24 3 SOMMAIRE Le projet de l’Eastmain-1-A et dérivation Rupert… 9 Contribue à combler les besoins énergétiques des québécois pour une période de 5 ans et permet de participer aux appels d’offre long terme. 9 Permet d’éviter d’acheter de l’énergie produite à partir de sources très polluantes et contribue à l’atteinte des objectifs de Kyoto. 9 Génère des bénéfices importants qui contribueront à rembourser la dette de l’État, tout en permettant aux québécois d’avoir accès à une énergie peu coûteuse. 9 Pourrait stimuler l’essor de l’industrie touristique et contribue à l’ouverture du Nord-du-Québec pour l’exploration et l’exploitation de ressources naturelles. 9 Favorise le développement de l’énergie éolienne, une énergie propre et renouvelable. 9 Engendre des retombées économiques importantes au Nord-du-Québec et en Abitibi-Témiscamingue. 9 Contribue aux travailleurs du Nord-du-Québec et de l’Abitibi-Témiscamingue de maintenir, de développer et d’exportation des expertises. La Conférence régionale des Élus de l’Abitibi-Témiscamingue recommande… 9 De sensibiliser davantage la population à l’importance d’économiser l’énergie. 9 D’accroître les recherches sur les filières d’énergie ayant peu d’incidences sociales et environnementales. 9 De bonifier le portefeuille de mesures à 5M$. 9 D’intensifier le morcellement des lors de travail. 9 De prioriser les travailleurs et les firmes professionnelles du Nord-du-Québec, puis de l’Abitibi-Témiscamingue. 4 9 Qu’Hydro-Québec soit attentif aux besoins des Cris et des Jamésiens. 5 PROJET DE CENTRALE DE L’EASTMAIN-1-A ET DÉRIVATION RUPERT L’Abitibi-Témiscamingue est située à environ 400 km des travaux qui pourraient être réalisés sur la rivière Eastmain. Cette proximité des aménagements hydroélectriques provoquera des répercussions économiques, sociales et environnementales pour les 145 097 Témiscabitibiens. La Conférence régionale des élus de l’Abitibi- Témiscamingue (Conférence régionale) désire donc vous faire part de sa vision et de ses préoccupations, afin qu’il y ait un maximum de bénéfices sociaux et économiques pour les Cris, les Jamésiens, les Témiscabitibiens et l’ensemble des Québécois et ce, avec un minimum d’impacts environnementaux. À prime abord, ce projet nous apparaît comme une opportunité intéressante qui engendrera une occupation plus dynamique du territoire. Cette ouverture sur le Norddu-Québec pourrait notamment favoriser la réalisation d’activités récréo-touristiques l’exploration et l’exploitation des ressources naturelles de cette région. De surcroît, la Conférence régionale est fière que le Québec soit en mesure de produire et d’exporter davantage d’énergie non-polluante, ce qui favorisera l’atteinte des objectifs de Kyoto, en plus de contribuer au développement et à l’exportation de connaissances et de compétences partout dans le monde. Néanmoins, il est impératif que les Québécois et Québécoises diminuent de façon significative leur consommation d’énergie et que l’on développe des filières énergétiques ayant peu d’incidences environnementales. Dans ce mémoire, nous présentons tout d’abord la Conférence régionale des élus de l’Abitibi-Témiscamingue et nous exposons les raisons pour lesquelles nous considérons que ce projet est justifié. Par la suite, nous faisons part de nos impressions concernant les impacts sociaux, environnementaux et économiques 6 engendrés par les travaux hydroélectriques proposés. Enfin, avant de conclure, nous effectuons des recommandations qui sont de sensibiliser la population québécoise à l’importance d’économiser l’énergie et d’utiliser des sources d’énergies «vertes», et d’accroître les recherches portant sur l’utilisation d’énergies qui ont peu d’incidences sur notre environnement. Nous recommandons également de bonifier le portefeuille de mesures, d’intensifier le morcellement des lots de travail lors des appels d’offres et de prioriser, dans un premier temps, les travailleurs, les entreprises et les firmes professionnelles dans le Nord-du-Québec, puis ceux de l’Abitibi-Témiscamingue, lors de la réalisation des ouvrages hydroélectriques. 1. Présentation de la Conférence régionale des élus de l’AbitibiTémiscamingue La Conférence régionale des élus de l’Abitibi-Témiscamingue est l’instance régionale de concertation créée par le gouvernement du Québec. Elle est composée des préfets des municipalités régionales de comté, des maires des principales municipalités et des représentants des milieux de l’éducation, de la culture, de l’économie et de la recherche. De plus, aux membres de la Conférence régionale viennent se greffer une centaine de leaders de tous les milieux de la région. La Conférence régionale constitue donc un interlocuteur de choix quand il s’agit de se prononcer sur des sujets touchant l’ensemble de la population de l’Abitibi-Témiscamingue. Dans le respect des valeurs de la région de l'Abitibi-Témiscamingue et en concertation avec ses partenaires, la Conférence régionale a pour mission de promouvoir et de stimuler le développement économique, social, culturel, communautaire et s'engage à offrir un encadrement propice à l'épanouissement des personnes, de leurs milieux et de leurs collectivités. 7 En plus des mandats confiés par le gouvernement, les membres de la Conférence régionale entendent exercer un rôle de vigie, de défense et de promotion des intérêts de la région, appuyés sur des valeurs induites à sa mission. Ils comptent associer à leurs travaux les leaders des instances régionales et locales au plan économique, social, culturel et communautaire en vue de garantir la participation maximale de la population aux projets et enjeux liés au développement de la région. Ils vont aussi tendre la main aux voisins du Nord-du-Québec et du Nord-Est ontarien en vue de renforcer les institutions et les initiatives publiques et privées communes aux personnes qui font le choix d’occuper et de développer ces régions. 2. Justifications du projet de la centrale de l’Eastmain-1-A dérivation Rupert La croissance de la demande énergétique du Québec est évaluée à 1 % par année, et ce, jusqu’en 2018. Le projet de construction de la centrale de l’Eastmain-1-A et dérivation Rupert comblerait l’augmentation des besoins énergétiques du marché québécois pour une période de cinq ans. L’aménagement de ces installations aurait pour avantage d’accroître les exportations d’électricité, tout en permettant d’avoir une marge de manœuvre suffisante pour participer aux appels d’offres de long terme. De plus, cet ouvrage contribuerait à exporter davantage d’énergie aux États-Unis et en Ontario, ce qui procurerait des bénéfices indéniables au plan économique et environnemental. Nous aborderons d’ailleurs ces thèmes dans les sections portant sur les impacts reliés au projet de construction du projet de l’Eastmain-1-A dérivation Rupert. En fait, si le Québec n’accroît pas sa production d’électricité, il devra au cours des prochaines années importer de l’énergie des États-Unis ou d’ailleurs au Canada. L’électricité importée proviendrait alors de sources d’énergies ayant des impacts 8 importants sur l’environnement, tels les gaz à effets de serre ou la production de déchets nucléaires. De surcroît, en comparant l’énergie hydroélectrique à d’autres types d’énergies, on constate qu’elle présente de nombreux avantages ; il s’agit d’un choix judicieux adapté aux besoins des Québécois et qui s’inscrit dans une optique de développement durable. 3. Impacts du projet de centrale de l’Eastmain-1-A et dérivation Rupert Dans cette partie du mémoire, la Conférence régionale partage sa vision concernant les impacts sociaux, environnementaux et économiques du projet de l’Eastmain-1-A et dérivation Rupert. 3.1 Impacts sociaux du projet de l’Eastmain-1-A et dérivation Rupert Le projet de construction de l’Eastmain-1-A et dérivation Rupert implique des répercussions pour les populations vivant à proximité des installations. Bien que le projet soit situé sur des terres de catégorie III, des terres publiques situées sur le territoire de la municipalité de la Baie James, les populations qui seront les plus touchées sont les Cris qui habitent aux abords de la rivière Rupert et des éventuelles zones d’ennoiement ainsi que les Jamésiens qui utilisent le territoire. Ainsi, la Conférence régionale souhaite qu’Hydro-Québec soit attentive aux besoins des populations du Nord-du-Québec touchées par les ouvrages hydroélectriques. Par ailleurs, les élus de l’Abitibi-Témiscamingue considèrent que les habitants du Norddu-Québec sont tout à fait légitimes de déterminer les développements qui devraient ou non, être réalisés dans la région qu’ils habitent. En effet, la réalisation de ces travaux engendrera plusieurs impacts sociaux bénéfiques pour la Jamésie. Il permettra notamment la construction de 170 km de 9 routes, dont 137 km qui donneront accès aux ouvrages et aux campements temporaires, principalement dans le secteur des biefs et une route permanente de 40 km qui reliera le poste de Muskeg à la centrale de l’Eastmain-1. Ces routes correspondent à près de 3 % des routes permanentes du réseau routier constitué par la route de la Baie-James, la route du Nord, la route Transtaïga, la route d’accès à la centrale de l’Eastmain-1 et les chemins qui mènent aux communautés cries. Elles auront pour avantage d’ouvrir le territoire et de permettre une éventuelle exploration des richesses naturelles du territoire, tels les gisements miniers, en plus de favoriser la pratique d’activités récréatives de chasse et de pêche. Par ailleurs, une pratique plus intensive de la pêche et de la chasse ne risquerait pas de compromettre la pérennité de la ressource étant donné que dans le Nord-duQuébec, la pression de la pêche est de 15 à 49 fois moins importante qu’en AbitibiTémiscamingue5. De plus, il est aussi possible de croire que les centrales de l’Eastmain-1 et de l’Eastmain-1-A pourraient contribuer à l’essor de l’industrie touristique dans le Norddu-Québec. À ce sujet, les dernières données indiquent que l’Abitibi-Témiscamingue se classe au quinzième rang des régions touristiques les plus visitées au Québec, ce qui implique des retombées économiques de 111 millions de dollars. Quant au Norddu-Québec, il bénéficierait de retombées économiques se chiffrant à huit millions de dollars 1 . Hydro-Québec estime que 8 000 touristes visitent annuellement les 1 Ministre du tourisme Québec. Statistiques touristiques : Le tourisme au Québec en bref 2004. * Les retombées économiques indiquées pour le Nord-du-Québec doivent être utilisées avec réserve, puisque la marge d’erreur associée à ces données est élevée. 10 installations de Robert-Bourassa 2 , ce qui engendrerait, selon Hydro-Québec, des retombées économiques de 1 000 000 de dollars dans la région Nord-du-Québec3. En somme, les aménagements d’Hydro-Québec constituent déjà un produit d’appel pour le Nord-du-Québec, et ce, même si les visiteurs doivent parcourir des centaines de kilomètres pour y accéder. À ce propos, une étude réalisée par la Chaire de Tourisme de l’École des sciences de la gestion de l’UQAM en 1998 et 1999, démontre que les activités touristiques les plus pratiquées au Nord-du-Québec sont les visites des installations hydroélectriques, puisque 77 % des visiteurs effectueraient la visite d’aménagements hydroélectriques5. Avec des installations plus accessibles, il serait peut-être possible d’inciter une partie des touristes de l’Abitibi-Témiscamingue à faire un séjour vers le Nord-du-Québec. Évidemment, pour que l’essor de ce tourisme industriel puisse émerger, il est essentiel qu’Hydro-Québec révise sa position et développe, en partenariat avec les Cris et les Jamésiens, des infrastructures et des visites guidées des installations hydroélectriques du projet de l’Eastmain-1-A et dérivation Rupert. Dans un autre ordre d’idées, la réalisation de ce projet hydroélectrique implique, qu’au cours des prochaines décennies, des sommes d’argent relativement importantes seraient investies par Hydro-Québec dans la région du Nord-du-Québec. De fait, les Cris bénéficieraient de 70 millions de dollars par année pour une durée de 50 ans. La municipalité de la Baie-James se verrait, quant à elle, octroyer 310 millions de dollars sur une période de 55 ans. Il est juste de croire que ces sommes influenceront positivement les Cris et les Jamésiens, en permettant de développer 2 Hydro-Québec Production. Centrale de l’Eastmain-1-A et dérivation Rupert : Étude d’impact sur l’environnement. Volume 4, Chapitre 18. Décembre 2004. 3 Ce montant inclus les dépenses estimées des visiteurs et la masse salariale des employés d'Hydro-Québec chargés de l'organisation et de la réalisation des visites. 11 divers projets économique, sociaux et environnementaux structurants, qui participeront à l’essor de cette région, en plus de donner l’opportunité aux résidents de la municipalité de la Baie James de réaliser des travaux au sein de cette immense municipalité de 350 000 km2. Enfin un chantier de construction d’une telle ampleur permet à des travailleurs des régions administratives de l’Abitibi-Témiscamingue et du Nord-du-Québec de mettre à contribution et de développer des expertises et des compétences, qui pourraient être transférables à des projets hydroélectriques à l’extérieur des frontières québécoises. 3.2 Impacts environnementaux du projet de l’Eastmain-1-A et dérivation Rupert Bien que la Conférence régionale reconnaisse qu’Hydro-Québec prend d’immenses précautions afin de minimiser les répercussions environnementales reliées à ce projet, il n’en demeure pas moins que les Québécois sacrifient une partie importante de leur patrimoine naturel en modifiant le cours d’une rivière d’une beauté exceptionnelle. Toutefois, mentionnons que grâce au débit minimal réservé, la rivière Rupert ne perdra pas tous ses attraits. En effet, il sera toujours possible de pratiquer des activités récréatives sur ce cours d’eau, qui conservera tout de même un débit moyen de 185 m3/s, comparativement à 637 m3/s, et ce, au point kilométrique (PK) 314, lieu où sera effectué la dérivation de la rivière. À titre comparatif, notez qu’au PK 314, la rivière Rupert aurait un débit comparable à celui de la rivière Harricana au printemps. Ajoutons que lors de son entrée dans la Baie-James, la rivière Rupert aura récupéré environ 48 % de son débit actuel moyen, grâce aux affluents. De plus, l’hydroélectricité permet l’essor d’une énergie renouvelable, soit l’énergie éolienne. En 2003, Hydro-Québec a 12 procédé à un premier appel d’offre de 1000 MV de puissance produite à partir d’éoliennes et 2000 MV supplémentaires seront ajoutés au réseau d’ici 20134, ce qui fait en sorte qu’au Canada, le Québec se classe au premier rang, dans la production d’énergie éolienne5. Source : MRN, 2002. De plus, le Nord-du-Québec a été identifié comme ayant un énorme potentiel éolien. Comme une partie de ce secteur est déjà desservie par des lignes de transport d’électricité, l’aménagement de parcs éoliens pourrait être facilité, bien que l’intégration de l’énergie éolienne au réseaux d’Hydro-Québec comporte de nombreux défis. De surcroît il faut considérer l’énergie éolienne comme étant une source d’énergie complémentaire à une source soutenue d’énergie, telle l’hydroélectricité, l’énergie nucléaire ou fossile. En effet, le facteur d’utilisation de l’énergie éolienne se situe entre 25 et 35%, ce qui fait en sorte qu’il est nécessaire d’avoir une puissance installée6 très importante pour produire une quantité d’énergie7 comparable à celle de l’hydroélectricité. En fait, il faudrait une puissance installée de près de 2775 MV d’énergie éolienne, comparativement à 893 MV d’énergie hydroélectrique, pour produire la même quantité d’énergie, soit 8,5 TWh. Ainsi, il faudrait un parc éolien d’une superficie d’environ 600 km2 (deux fois la superficie des biefs de Em-1A/Rupert) et plus de 2500 éoliennes pour produire 8,5 TWh. De surcroît, les éoliennes ne fonctionnent pas lorsque les vents soufflent à moins de 12 km/h et doivent être arrêtées si la vitesse des vents excède 90 km/h, en plus de 4 5 Hydro-Québec et l’énergie éolienne. 2006. Ministère des Ressources naturelles du Québec. L’éolien, une énergie redécouverte. 2002. La puissance installée correspond à la capacité de production nominale de l’ensemble des génératrices (watts). 7 L’énergie est la puissance produite pendant une période de temps (wattheures). 6 13 fonctionner difficilement si la température est inférieure à -25°C. De plus leur durée de vie se situe de 20 à 25 ans, alors que celle des ouvrages de l’Em-1-A/ Rupert excède les 50 ans. Mais l’énergie éolienne a pour avantage de permettre d’emmagasiner de l’eau dans les immenses réservoirs d’Hydro-Québec, lorsque les vents sont suffisants pour actionner les éoliennes. En effet, l’ensemble des réservoirs du Québec est géré à partir d’une centrale située à Montréal. Si un parc éolien produit de l’énergie, il est possible de turbiner une moins grande quantité d’eau dans les centrales hydroélectriques du Québec où les niveaux d’eau sont moins importants, donc d’emmagasiner de l’énergie. De plus, la Conférence régionale considère que l’énergie hydroélectrique permettrait d’éviter la production d’énergies qui ont de lourds impacts environnementaux, telles l’énergie nucléaire ou celle produite par la combustion d’énergies fossiles. Par exemple, la combustion du charbon produira 941 tonnes de CO2 par TWh, alors qu’une centrale au fil de l’eau en générera 3 tonnes8 . Les Québécois devraient se réjouir d’avoir l’opportunité de vendre de l’énergie propre aux États voisins, étant donné que les vents dominants de l’ensemble des États-Unis et du Canada se dirigent vers le Québec, en transportant bons nombres de polluants atmosphériques. En effet, cela contribuerait à l’atteinte des objectifs du protocole de Kyoto, en plus de faire en sorte qu’une moins grande quantité de CO2, de SO2 et de NOX polluent notre atmosphère, nos lacs et nos rivières. Notons que grâce à ses exportations d’énergie, Hydro-Québec affirme avoir contribué à la réduction de 16 % des gaz à effets de serre (GES), ce qui correspond à Hydro-Québec, direction - Environnement. Brochure sur la comparaison des options de production d'électricité – Émissions de gaz à effet de serre. Janvier 2003. 8 14 20 000 000 tonnes de CO2.9 De plus, en 2001, grâce à l’utilisation de l’hydroélectricité, le Québec était responsable de seulement 11 % des émissions de GES canadiennes, alors que l’Ontario en produisait 30 % et l’Alberta 31 %10. Quant aux impacts environnementaux des travaux sur le site, nous souhaitons qu’Hydro-Québec prenne des mesures nécessaires et suffisantes, afin de diminuer au maximum la pression sur le milieu. Cependant, la Conférence régionale n’a pas étudié en profondeur ces questions. Elle laisse donc aux organismes plus compétents le soin d’exprimer leurs avis en ce qui a trait au degré de protection qui doit être atteint. 3.3 Impacts économiques du projet de l’Eastmain-1 et de l’Eastmain-1-A et dérivation Rupert La réalisation et l’opération du projet de l’Eastmain-1-A et dérivation Rupert générera des retombées économiques dans le Nord-du-Québec, en Abitibi-Témiscamingue et pour l’ensemble des Québécois, tel que brièvement expliqué aux points 3.3.1 et 3.1.2. 3.3.1 Retombées économiques en Abitibi-Témiscamingue L’Abitibi-Témiscamingue est la région administrative du Québec où l’on retrouve le plus grand nombre d’emplois reliés à l’industrie primaire. Ces derniers sont répartis entre l’industrie minière (9,1 %), l’exploitation forestière (3,6 %) et l’agriculture (1,5 %). De 1994 à 2004, la proportion des emplois offerts en région s’est accrue de 0,5% par année, ce qui est nettement inférieur à la moyenne provinciale qui est de 9 L’Encyclopédie de l’Agora : http://agora.qc.ca/reftext.nsf/Documents/Energie_eolienne-Le_Quebec_doit-il_prendre_le_virage_eolien_par_Bernard_Lebleu. 10 Ministère des Ressources naturelles et faune du Québec : http://www.mrn.gouv.qc.ca/energie/energie/energie-portrait-consommation.jsp. 15 1,9%11. Un des défis qui s’offre à la région est donc de diversifier son économie et de créer de nouveaux emplois. Les projets majeurs d’Hydro-Québec effectués dans le Nord-du-Québec et en AbitibiTémiscamingue (Barrage de Rapide-2, de Rapide-7 et de Rapide-des-Quinze) contribuent à cette diversification. En effet, c’est 10,91% des travailleurs du chantier de l’Eastmain-1 qui proviennent de l’Abitibi-Témiscamingue. Les retombées économiques liées à l’embauche de ces ressources excédent les 69 millions de dollars12. De plus, les retombées économiques du projet de l’Eastmain-1 en AbitibiTémiscamingue sont relativement importantes. D’ailleurs, le suivi de l’efficacité des mesures incitatives de maximisation des dépenses régionales publié le 25 février dernier indique que, depuis le début du projet de l’Eastmain-1, le montant total des contrats octroyés et des dépenses réalisées en Abitibi-Témiscamingue s’élèvent à 130 911 140$. Soit 28 contrats réservés à la région, pour un montant de 21 277 360$, trois contrats octroyés par des appels d’offres publics pour une somme de 64 531 997$, 3 627 743$ en achats directs régionaux et 41 347 937$ en achats effectués par les entrepreneurs et les sous-traitants. En ce qui a trait aux retombées reliées au projet de l’Eastmain-1-A et dérivation Rupert, elle excèderaient les deux milliards de dollars pour les entreprises québécoises. Bien qu’il soit difficile d’évaluer les impacts de ce projet majeur d’Hydro-Québec en Abitibi-Témiscamingue, la Conférence régionale souhaite qu’elles soient proportionnellement supérieures à celles des travaux de l’Eastmain-1. 11 Observatoire de l’Abitibi-Témsicamingue. L’économie [version abrégée]. Marielle Collini, Lili Germain et Julie Thibault. Mars 2005. 12 Société de la Baie-James. Le suivi de l’efficacité des mesures incitatives de maximisation des dépenses régionales. 25 février 2006. 16 3.3.2 Retombées économiques au Québec La production hydroélectrique assure aux Québécois d’avoir accès une énergie qui se classe parmi les moins coûteuse en Amérique du Nord. D’ailleurs le projet de centrale à l’étude permet de produire de l’énergie à faible coût, soit 4,4 cents du KW. Ce coût est relativement faible si on le compare à d’autres types d’énergies. À titre d’exemple, les coût d’exploitation de l’énergie éolienne sont évalués de 7 à 9 cent du KWh. Ainsi, ce projet participerait à ce que les Québécois aient accès à une énergie peu coûteuse. Cette production d’énergie permettrait aussi de soumissionner sur des appels d’offres de longue durée à l’extérieur du Québec. Le tableau 2.9 du volume 1 de l’étude d’impacts environnemental d’Hydro-Québec démontre qu’en 2003, Hydro-Québec Distribution a exporté 9,9 TWh pour un total de 849 M$, alors qu’ils ont importé 5,6 KWh à un coût de 253 M$. Les années 2001 et 2002 ont été beaucoup plus fastes et ont respectivement permis de récolter les sommes de 1893 M$ et 2310 M$. De fait, tous les Québécois bénéficient des profits générés par cette entreprise d’État. Dans un autre ordre d’idées, la dette des Québécois se chiffre à près de 120 milliards de dollars. M. Michel Audet, Ministre des Finances du gouvernement québécois, indiquait récemment son désir de diminuer la dette de l’État de 30 milliards de dollars d’ici 2025 et ce, principalement à l’aide des redevances sur l’eau qui est notamment imposées à Hydro-Québec Production. L’accroissement de l’exportation d’énergie favoriserait donc le remboursement de la dette du Québec. 17 4. Recommandations de la Conférence régionale des élus de l’AbitibiTémiscamingue La Conférence régionale des élus de l’Abitibi-Témiscamingue désire apporter des recommandations à la Commission d’examen, afin que le projet implique un maximum de retombées économiques et sociales pour le Nord-du-Québec et l’AbitibiTémiscamingue. À ce sujet, la Conférence régionale est satisfaite qu’«Hydro-Québec s’engage à reconduire et à améliorer, en concertation avec le milieu, l’ensemble des mesures favorisant les retombées économiques qui ont été prises dans le cadre de l’aménagement de la centrale de l’Eastmain-1»13 (p. 5-4). Cependant, il est important de spécifier que la Conférence régionale reconnaît que les travailleurs et les entreprises cris et jamésiens du Nord-du-Québec doivent bénéficier dans un premier temps des retombées des projets majeurs d’Hydro-Québec qui ont lieu sur leur territoire. La Conférence régionale croit que les Témiscabitibiens doivent, dans un deuxième temps, bénéficier des retombées économiques et sociales du projet de l’Eastmain-1-A et dérivation Rupert. Il est donc important de bonifier le portefeuille de mesures, de procéder à l’intensification du morcellement des lots de travail et de prioriser les travailleurs du Nord-du-Québec, puis de l’Abitibi-Témiscamingue. Aussi, pour le bénéfice de l’ensemble des Québécois, il est primordial d’accroître la recherche portant sur les énergies vertes et de sensibiliser la population en ce qui a trait à l’importance d’économiser l’énergie et d’utiliser des énergies non polluantes. 13 Hydro-Québec Production. Centrale de l’Eastmain-1-A et dérivation Rupert : Étude d’impact sur l’environnement : Rapport de synthèse. Décembre 2004. 18 4.1 Sensibiliser les gens sur l’importance d‘économiser l’énergie et encourager les individus à utiliser des énergies «vertes» Les Québécois parmi les se classent plus grands consommateurs d’énergie de la planète. En consommons fait, presque nous deux fois plus d’énergie que les Figure 1. : La consommation énergétique par habitant, Québec et principaux pays industrialisés, excluant la biomasse (2001). habitants des pays de l’Union Européenne. Seules d’autres provinces canadiennes et les États-Unis nous devancent dans la surconsommation d’énergie (voir figure 1)14. Il est donc très important de sensibiliser la population à l’importance de réduire notre consommation d’énergie. De plus, malgré ce qu’on peut en dire, l’énergie l’éolienne ne représente pas que des avantages. Plusieurs de ceux qui préconisent ce type d’aménagement ne vivent et ne fréquentent sûrement pas les territoires ciblés par d’éventuelles installations. Aimeriez-vous retrouver un champ contenant des centaines d’éoliennes qui émettent chacune 50 décibels dans un des endroits que vous aimez fréquenter ? Le 29 avril 2006, le Téléjournal présentait d’ailleurs un reportage où les représentants de Tourisme Québec exprimaient leurs inquiétudes en indiquant que les éoliennes pourraient nuire au développement de l’industrie touristique en Gaspésie. 14 Ministère des Ressources naturelles et de la faune du Québec. L’énergie au Québec, édition 2004. Section II - La consommation d’énergie en perspective. 19 En somme, il n’existe pas présentement de moyen de produire, à faible prix, de grandes quantités environnementaux. d’énergie Ainsi, il qui faut engendrent rechercher peu d’autres d’impacts filières de sociaux et production énergétiques qui s’inscrivent dans une optique de développement durable et surtout, il est nécessaire de diminuer notre consommation d’énergie. 4.2 Faire plus de recherches sur les énergies vertes : Énergie-Québec ? Au Québec, l’électricité est la forme d’énergie la plus utilisée (38%). Son utilisation est répartie comme suit : 51,3% au secteur industriel, 30,0% au secteur résidentiel, 18,5% au secteur commercial et 0,2% au secteur des transports. En plus, 35% de la consommation totale d’électricité du Québec est effectuée par les grosses entreprises, telles les alumineries15. Or, pour réduire de façon significative notre consommation d’énergie, il est impératif que le Québec se dote de stratégies permettant de diminuer la consommation d’électricité dans les secteurs industriel, résidentiel et commercial. Cependant, Hydro-Québec, qui a pour mandat de produire et de distribuer de l’énergie, a une drôle de position pour inciter la population à moins consommer et pour effectuer des recherches sur des alternatives énergétiques. Nous suggérons donc que l’État se dote d’une entreprise, Énergie-Québec, qui aurait pour mission de promouvoir la recherche sur des énergies ayant peu d’incidences sur l’environnement en plus de trouver des solutions et des mesures qui encourageraient les consommateurs à prendre des dispositions efficaces permettant de réduire de façon significative leur consommation d’énergie. Énergie-Québec, pourrait être financée par toutes les entreprises oeuvrant à la production d’énergie, qui paieraient des redevances à cette société d’État. 15 Ministère des Ressources naturelles et faune du http://www.mrn.gouv.qc.ca/energie/energie/energie-portrait-consommation.jsp. Québec : 20 La Conférence régionale n’est pas seule à considérer qu’il serait pertinent d’instaurer une entreprise d’État chargée de développer l’expertise du Québec en matière de développement durable, car 85% de répondants à un sondage Crop-Express effectué en février 2005, ont déclaré qu’il souhaiteraient que le Québec développe des énergies vertes, telles que l’éolien, la géothermie et l’énergie solaire. En plus, si nous n’investissons pas pour développer d’autres filières énergétiques, nous connaîtrons de nouvelles incertitudes concernant notre approvisionnement en énergie. Hydro-Québec prévoit présentement une augmentation des besoins énergétiques du Québec jusqu’en 2018. Mais ensuite que se passera-t-il ? Auronsnous besoin de décider de façon précipitée de dériver une autre rivière, de construire des centrales thermiques ? Il est essentiel que le Québec se dote d’une politique énergétique, d’une vision à long terme en matière de besoins énergétique et d’une stratégie permettant de répondre aux besoins des Québécois ; Énergie-Québec ne serait-elle pas la meilleure instance pour réaliser cette politique ? 4.3 Bonifier le portefeuille de mesures Le portefeuille de mesures est primordial, puisqu’il permet aux entrepreneurs de la région de conserver et de développer des expertises. Il s’agit d’un outil qui contribue à ce que l’Abitibi-Témiscamingue bénéficie au maximum des retombées économiques, liées à la réalisation des projets majeurs d’Hydro-Québec. En ce sens, la Conférence régionale de l’Abitibi-Témiscamingue appuie le Nord-du-Québec qui négocie la bonification du portefeuille de mesures avec la SEBJ et qui recommande de bonifier à 5 millions de dollars le montant maximal des appels d’offres réservés pour les régions du Nord-du-Québec et de l’Abitibi-Témiscamingue. 21 4.4 Procéder à l’intensification du morcellement des lots de travail Afin de rendre les contrats plus accessibles aux entrepreneurs du Nord-du-Québec et de l’Abitibi-Témiscamingue, il est impératif de morceler au maximum les lots. En effet, dans le projet de la centrale de l’Eastmain-1, plusieurs contrats excédaient les cinquante millions de dollars. Dans ces conditions, il est extrêmement difficile pour plusieurs contracteurs des régions du Nord-du-Québec et de l’Abitibi-Témiscamingue de soumissionner aux différents appels d’offres. Une analyse plus spécifique avec le donneur d’ordres qu’est la SEBJ permettrait d’ajouter des lots de taille accessible aux entreprises de nos deux régions. 4.5 Prioriser les travailleurs de l’Abitibi-Témiscamingue Tel que mentionné précédemment, 10,91 % des travailleurs du chantier de construction de l’Eastmain-1 proviennent de l’Abitibi-Témiscamingue. Si le projet de l’Eastmain-1-A et dérivation Rupert se concrétise, la Conférence régionale souhaite accroître cette proportion de travailleurs. Étant donné que le taux de chômage moyen de la région a été de 9,3% en 200516, nous considérons que 15 % des employés de l’éventuel chantier de l’Eastmain-1-A et dérivation Rupert pourraient être des résidents de l’Abitibi-Témiscamingue. En effet, en 2005, c’est 6 600 Témiscabitibiens qui ont reçu des prestations d’assurance-emploi pour une durée moyenne qui excédait cinq mois. Comme le projet de l’Eastmain-1-A et dérivation Rupert engendrerait environ 5000 emplois, nous souhaitons que 750 travailleurs (15 %) proviennent de notre région. 16 Institut de la statistique du Québec : http://www.stat.gouv.qc.ca/regions/profils/profil08/societe/marche_trav/indicat/tra_sexe08.htm. 22 De plus, la Conférence régionale désire qu’une partie des emplois créés soient des emplois de longue durée. Ainsi, les travailleurs du Nord-du-Québec, puis de l’AbitibiTémiscamingue devraient être priorisés lors de la mise en oeuvre des infrastructures de la centrale de l’Eastmain-1-A et dérivation Rupert. 4.6 Faire appel aux firmes professionnelles de l’Abitibi-Témiscamingue La Conférence régionale des élus de l’Abitibi-Témiscamingue désire souligner sa déception relativement à la proportion des firmes professionnelles provenant de la région de l’Abitibi-Témiscamnigue qui ont participé à la réalisation de l’Eastmain-1. Malgré de nombreuses représentations, d’importants contrats continuent à être octroyés à l’extérieur de nos régions, même si l’expertise est disponible à des prix compétitifs, sans même que des entreprises accréditées par Hydro-Québec aient été informées de ces contrats et donc sans qu’elles aient pu faire valoir leurs compétences. À cet effet, nous vous informons que l’Abitibi-Témiscamingue possède plusieurs firmes professionnelles oeuvrant dans des champs de compétences variés tels que : génie civil, archéologie, foresterie, géologie, architecture, aménagement du territoire, etc. qui, nous le souhaitons, seront invitées à prendre part au projet de l’Eastmain-1-A et dérivation Rupert. 4.7 Être attentif aux besoins des Cris et des Jamésiens et être partenaire du développement touristique Ce sont les Cris et les Jamésiens qui auront le plus de répercussions sociales et environnementales occasionnées par la centrale de l’Eastmain-1-A et dérivation Rupert. La Conférence régionale souhaite donc qu’Hydro-Québec porte une attention particulière aux recommandations et préoccupations des habitants de la Jamésie. Nous désirons également que le promoteur du projet devienne partenaire des Jamésiens en contribuant à l’aménagement d’infrastructures et à la mise sur pied des 23 services nécessaires pour que les centrales de l’Eastmain-1 et de l’Eastmain-1-A et dérivation Rupert deviennent des produits d’appels pour la région du Nord-du-Québec. Conclusion La Conférence régionale des élus de l’Abitibi-Témiscamingue est favorable à la construction de la centrale de l’Eastmain-1-A et dérivation Rupert. Ainsi, nous reconnaissons que la dérivation de la rivière Rupert représente un sacrifice pour notre patrimoine naturel, mais nous considérons que la somme des bénéfices sociaux et économiques reliés à ce projet, justifient entièrement de procéder à la réalisation des ouvrages hydroélectriques. Cependant, la Conférence régionale souhaite que la Commission d’examen apporte une attention particulière à ses recommandations. De fait, en raison de sa proximité du site de l’Eastmain, l’Abitibi-Témiscamingue considère qu’elle devrait bénéficier d’un maximum de retombées économiques et sociales et ce, avec un minimum d’impacts environnementaux. Pour ce faire, il est nécessaire de bonifier le portefeuille de mesures, de morceler les lots de travail au maximum, de prioriser les travailleurs du Nord-du-Québec, puis de l’Abitibi-Témiscamingue, pour la réalisation des travaux de construction et d’opération des ouvrages et de faire appel aux firmes professionnelles de la région. Il est aussi important de sensibiliser les gens à l’importance de réduire leur consommation d’énergie et d’utiliser une énergie qui a le moins d’impacts possibles sur l’environnement. Puis, afin d’éviter la dérivation d’autres rivières exceptionnelles ou l’érection de centrales actionnées à l’aide de combustibles fossiles, il est primordial d’intensifier les recherches pour utiliser des énergies qui s’inscrivent dans une vision de développement durable. 24 ANNEXE Présentation de la centrale de l’Eastmain-1 et du projet de l’Eastmain-1-A/dérivation Rupert Présentation de la centrale de l’Eastmain-1 et du projet de l’Eastmain-1-A et dérivation Rupert Voici un bref portrait historique et une description des centrales de l’Eastmain-1 et de l’Eastmain-1-A et dérivation Rupert. La comparaison de ces projets permet de mieux comprendre les impacts économiques et sociaux que peut engendrer le projet de centrale de l’Eastmain-1-A et dérivation Rupert. Les ouvrages de la centrale de l’Eastmain-1 étaient prévus dans la Convention de la Baie-James et du Nord québécois en 1975 17 . Cependant, c’est en 1993 qu’HydroQuébec donne suite au projet et qu’il obtient les autorisations du gouvernement du Québec en ce qui a trait à la construction du projet de l’Eastmain-1. Les travaux, évalués à deux milliards de dollars, ont débuté au printemps 2002, suite à la signature de la Paix des Braves et de la Convention Nadoshtin, où les Cris, la Société d’énergie de la Baie-James et Hydro-Québec, précisent les règles concernant la construction et l’aménagement de la centrale, ainsi que les avantages et les mesures compensatrices dont les Cris bénéficient. Les travaux seront complétés en 2007 et consistent en la construction d’une centrale (480 MV) et d’un barrage sur la rivière Eastmain, d’un évacuateur de crues, de trente-trois digues, du poste de la Nemiscau et d’une route permanente entre le poste et le chantier de construction. Par ailleurs, de 1997 à 2002, Hydro-Québec étudie et réalise une étude d’impacts concernant la possibilité de dériver une partie des eaux de la rivière Rupert vers le réservoir Eastmain-1 et d’ajouter les centrales de l’Eastmain-1-A et de la Sarcelle au réseau hydroélectrique déjà existant. Le projet est officiellement accepté par les Cris 17 En 1975, les Cris consentent à la construction de la centrale de l’Eastmain-1, suite à la signature de la Convention de la Baie James et du Nord québécois. Dans cette dernière, ils renoncent à leurs droits sur certaines terres du Nord-du-Québec, moyennant une compensation financière. 26 en 2002 lors de la signature de la Paix des Braves et de la Convention de Boumhounan. Rappelons que le projet de centrale de l’Eastmain-1-A et dérivation Rupert a pour avantage d’acheminer un volume d’eau important au réservoir Robert-Bourassa. Ainsi, chaque goutte d’eau est turbinée par quatre centrales soit : l’Eastmain-1 ou 1-A, la Sarcelle, Robert-Bourassa, La Grande-2-A et La Grande-1. La réalisation du projet de l’Eastmain-1-A et dérivation Rupert nécessiterait un investissement de quatre milliards de dollars et pourrait être opérationnel en 2010-2011. Le projet consiste en : • La dérivation partielle de la rivière Rupert, dans le bassin versant de la rivière Eastmain (4 barrages, 8 canaux, 1 évacuateur de crues, 75 digues, création de deux biefs (superficie inondée : 346 km2), 1 tunnel de transfert qui relie les 2 biefs (2,9 km)) • Le déplacement de 19 pylônes et de 8300 m de lignes • La construction de la centrale Eastmain-1-A (768 MV) • La construction de la centrale de la Sarcelle (120 MV) • L’érection d’un canal dans lequel est implanté un seuil de béton (ouvrage Sakami) • La mise en place d’une ligne de 315 kv entre les postes de départ d’Eastmain1-A, Eastmain-1 et la Sarcelle • Le remplacement de l’usine d’eau potable de Waskaganish (usine présentement non-conforme) En terme énergétique, le projet de l’Eastmain-1-A bonifierait le réseau hydroélectrique actuel de 8,5 TWh annuellement, soit 5% de la production hydroélectrique actuelle. Plus précisément, ce projet ajouterait 2,3 TWh/a aux 27 centrales de l’Eastmain-1 et 1-A, 0,9 TWh/a à la centrale la Sarcelle, et 5,3 TWh/a aux centrales Robert-Bourassa, La Grande-2-A et La Grande-1.